Dictionnaire de la Bible/Tome I.2.a ARNALD-AZZONI - Wikisource (2024)

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Dictionnaire de la Bible

Letouzey et Ané, (Volume I,p.1018a-1018b-1313-1314).

Tome I.1.c APOCALYPSE-ARMONI

Tome I.2.b BAAL-BERZELLAI

DICTIONNAIRE

DE LA BIBLE

A

(suite)

ARNALD Richard, théologien anglican, né à Londres en 1700, mort le 4 septembre 1756. Il fit ses études à Cambridge, et obtint dans la suite une prébende à Lincoln. Il est surtout connu par son commentaire sur les livres deutérocanoniques, le premier qui ait été publié sur ce sujet en Angleterre, A critical commentary on the books of the Apocrypha, in-f°», Londres, 1748. Ce travail fut imprimé comme une suite des commentaires de l’Écriture par Patricket Lowth. Voir Patrick. Le commentaire du livre de la Sagesse avait paru en 1744; celui de l’Ecclésiastique en 1748; ceux de Tobie, de Judith, de Baruch, de l’histoire de Susanne, de Bel et du dragon,avec des dissertations sur les livres des Machabées, parurent en 1752. J. R. Pitman a publié une nouvelle édition du Critical commentary upon the apocryphal Books, in-4°,Londres, 1822. Voir History of Corpus Christi College,Cambridge, 1831, p. 456; W. Orme, Bibliotheca biblica,1824, p. 13-14.


ARNAN (hébreu: ’Arnân, «agile»; Septante: Ὀρνά), père d’Obdia, de la postérité de Zorobabel. I Par., III, 21.


ARNAULD Antoine, surnommé le Grand, théologien janséniste français, né à Paris le 6 février 1612, mort à Bruxelles le 8 août 1694, était le vingtième enfant d’Antoine Arnauld, avocat général de Catherine de Médicis. Il fit ses études au collège de Calvi-Sorbonne, et sa philosophie au collège de Lisieux. Sur les conseils de l’abbé de Saint-Cyran, il se destina à l’état ecclésiastique, et suivit les cours du Dr Lescot, confesseur de Richelieu,et depuis évêque de Chartres. En 1636, il présentait une thèse sur la grâce, et ne craignait pas de se mettre en contradiction avec les doctrines de son maître. En 1641. il était ordonné prêtre, mais ne put être admis parmi les docteurs de la maison de Sorbonne qu’après la mort de Richelieu. En 1642 paraissait son trop célèbre ouvrage De la fréquente communion. A partir de ce moment,Arnauld devint un des chefs du parti janséniste. Il prit ouvertement la défense de l’évêque d’Ypres et de l'Augustinus, et en 1656 il fut exclut de la Société de Sorbonne. Il se retira alors à Port-Royal, où il resta douze ans. De retour à Paris en 1668, lors delà paix de Clément IX, son ardeur lui suscita bientôt de nouveaux embarras. Il se cacha pendant quelque temps dans cette ville, puis se réfugia dans les Pays-Bas. Il mourut à Bruxelles, le 8 août 1694, entre les bras du P. Quesnel,son fidèle disciple, et sans avoir voulu se soumettre aux décisions de l’Église.

Arnauld a composé un très grand nombre d’ouvrages et on compte jusqu’à cent trente-cinq volumes sortis de sa plume. Ses œuvres ont été publiées en quarante-huit volumes in-4°, Lausanne, 1775 et suiv. Les tomes v-ix contiennent ses travaux exégétiques, qui sont:
Réflexions sur le psaume cxxxvi: Super flumina Babylonis.
Historia et concordia evangelica, Paris, 1653. Le Dr Arnauld publia lui-même une traduction de cet ouvrage, qui parut pour la première fois en 1669.
Remarques sur les principales erreurs d’un livre intitulé: L’ancienne nouveauté de l’Écriture Sainte, ou l’Eglise triomphante en terre, Paris, 1665. Cet ouvrage est dirigé contre Nicolas Charpy, dit Sainte-Croix, visionnaire qui annonçait une transformation de l’Église et la venue prochaine de l’Antéchrist.
Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec les différences du grec et de la Vulgate. La première édition de cette traduction, à laquelle travaillèrent Antoine Lemaitre, Isaac Lemaître, Antoine Arnauld, Pierre Nicole et plusieurs autres jansénistes, parut en 1667, avec l’approbation de l’archevêque de Cambrai. Cet ouvrage est célèbre sous le nom de Nouveau Testament de Mons. Les traducteurs abandonnent souvent la Vulgate pour le texte grec, s’attachent à des traductions calvinistes, et sollicitent les textes en faveur des erreurs jansénistes. Cette traduction fut condamnée par Clément IX en 1668, et par Innocent XI en 1679.
Défense de la traduction du Nouveau Testament imprimée à Mons contre les sermons du P. Maimbourg, Paris, 1667.
Abus et nullité de l’ordonnance de Monseigneur l’Archevêque de Paris, par laquelle il a défendu de lire et de débiter la traduction française du Nouveau Testament imprimée à Mons, 1668,
Remarques sur la requête présentée au Roi par Monseigneur l’Archevêque d’Ambrun contre la traduction du Nouveau Testament imprimée à Mons, 1668.
Requête au Roi pour demander permission de répondre au livre de M. Mallet contre la traduction du Nouveau Testament de Mons, 1678.
Nouvelle défense de la traduction du Nouveau Testament imprimée à Mons contre le livre de M. Mallet, docteur de Sorbonne, chanoine et archidiacre de Rouen, 2 in-8°, Cologne, 1680.
De la lecture de l’Écriture Sainte contre les paradoxes extravagants et impies de M. Mallet, dans son livre intitulé: De la lecture de l’Écriture Sainte en langue vulgaire, in-8°, Anvers, 1680.
Défense des versions de l’Écriture Sainte, des Offices de l’Église…, contre la sentence de l’Official de Paris du 10 avril 1688, Cologne, 1688.
Règles pour discerner les bonnes et les mauvaises critiques des traductions de l’Écriture Sainte en français pour ce qui regarde la langue, avec des réflexions sur cette maxime que l’usage est le tyran des langues vivantes, Paris,1707.
Difficultés proposées à M. Steyaert, docteur et professeur en théologie de la faculté de Louvain, Cologne,1691,
Dissertation critique touchant les exemplaires grecs sur lesquels M. Simon prétend que l’ancienne Vulgate a été faite, et sur le jugement que l’on doit faire du fameux manuscrit de Bèze.
Réponse aux remarques du P. Annat sur l’impression et la publication du Nouveau Testament imprimé à Mons.
Mémoire sur le Bref de Clément IX contre la traduction du Nouveau Testament imprimée à Mons.
Réponse à la lettre d’un docteur en théologie à un de ses amis, sur la traduction du Nouveau Testament imprimée à Mons.
Réponse à la seconde lettre d’un docteur, en théologie sur la même traduction.
Voir Dacier, Éloge de M. l’abbé Arnauld, dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions, t. xlviii, 1808.

B. Heurtebize.

ARNDT Josué, En cours théologien luthérien, né à Gustrow (Mecklembourg), le 9 septembre 1626, mort le 5 avril 1687. 11 fut successivement professeur de logique à Rostock,ministre luthérien et bibliothécaire à Gustrow, prédicateur du duc de Mecklembourg, qui l’éleva, en 1662, à la dignité de conseiller ecclésiastique. — Voici le catalogue de ses ouvrages relatifs à la science biblique: Miscellaneorum sacrorum liber unus: in quibus przeter Scriptural Veteris et Novi Testamenti loca illustriora ex antiquitatibus perspicue explicata, usus verus et plus profanas doctrinal ad gloriam Del et Verbi ejusdem intellectum ostenditur, in —8°, Copenhague, 1648; Lexicon antiquitatum ecclesiasticarum, in-4°, Greifswald,1669; Antiquitatum judaicarurn clavis, Rostock, 1710;Manuale tegum mosaicarum, in-8», Gustrow, 1666. Ce dernier ouvrage renferme un exposé méthodique des lois de Moïse, divisé en trois parties. La première donne ces lois suivant l’ordre et la division adoptés par les rabbins;la deuxième contient le même exposé d’après l’ordre et la division adoptés chez les chrétiens; dans la dernière partie, l’auteur expose, en parallèle avec ces lois, le droit romain et le droit des gens. Dans le cours de son exposé,Josué Arndt explique les divers sens du texte des lois mosaïques. Cet ouvrage, malgré quelques erreurs, ne manque ni de science ni de mérite. — Charles Arndt,fils de Josué et professeur de langues orientales à Rostock,a écrit la vie de son père, qui a été imprimée en 1697,à Gustrow, sous ce titre: Fama Arndtiana reflorescens. Voir Nicéron, Mémoires, t. xlih, in-12, Paris, 1745, p. 243.

O. Rey.


ARNHEIM Chayim Halévi, commentateur juif, mort à Glogau (Prusse), le 22 septembre 1870. On a de lui:Das Buch Job ûbersetzt und commentirt, in — 8», Glogau,1836. Il a de plus collaboré à la version juive —allemande de la Bible publiée par Zunz, in —8°, Berlin, 1838. Voir Allemandes (versions), col. 379. Voici les livres qu’il a traduits: le Pentateuque, les deux livres des Rois, Ézéchiel, Osée, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Zacharie,Proverbes de Salomon, Job, Ruth, l’Ecclésiaste, Esther et Néhémie. Voir Steinschneider, Hebràische Bibliographie, 1874, p. 28.

E. Levesque.


ARNOBE, surnommé le Jeune, pour le distinguer de l’apologiste africain du même nom, vécut probablement dans la Gaule méridionale, et fut évêque ou prêtre. Il nous reste de lui: 1° Commentarii in Psalmos, écrits vers 460,à la demande des évêques Léonce et Rustique. L’auteur transcrit d’abord le psaume entier, donne ensuite du texte sacré une interprétation allégorique et typique,et finit par une doxologie. L’idée mère de ce travail paraît être de démontrer que le Psautier n’est que l’histoire anticipée de l’œuvre de la Rédemption. Arnobe est favorable aux théories semi-pélagiennes." Il combat spécialement la doctrine de saint Augustin sur la grâce. Il cite souvent Origène et plusieurs autres commentateurs. — 2° Annotation.es in quœdam Evangeliorum loca. — Voir Migne, t. Lin, col. 327-580; Ceillier, Histoire des auteurs sacrés, 2e édit., t. x, p. 330-335; Histoire littéraire de la France, 1745, t. ii, p. 342-551.

L. Gondal.


1. ARNOLD Gottfried, théologien piétiste, né à Annaberg, en Saxe, le 5 septembre 1666, mort à Perleberg, le 30 mai 1714. Après avoir fait ses études à Wittemberg, il devint, en 1689, professeur à Dresde, et y embrassa les idées de Spener, dont il fut le plus ardent disciple. Après la mort de son maître, il fut considéré comme le chef des piétistes. En 1707, il obtint la charge pastorale à Perleberg, et la garda jusqu’à sa mort. Mécontent des tendances des docteurs de l’Église luthérienne, il les attaqua dans ses écrits sans aucun ménagement. Persécuté par ses coreligionnaires, il fut bientôt animé d’une haine implacable contre les ecclésiastiques de sa confession, et il en vint à avoir cette idée fixe que le clergé était la source unique de tous les maux qui avaient affligé l’Église depuis ses origines. C’est dans cet état d’esprit qu’il écrivit son Unpartheiische Kirche— und Ketzergeschichte, qui s’étend depuis le commencement du Nouveau Testament jusqu’en l’an 1680 de Jésus— Christ. La première édition parut à Francfort —sur— le —Mein, de 1699 à 1700, 2 in-f°; nouvelle édition en 3in-f», Schafïouse, 1740-1743. Cette histoire,la première qui ait été écrite en langue allemande, et non en latin, contient l’apologie de toutes les hérésies, et le clergé y est toujours représenté comme la personnification du mauvais principe. Parmi ses autres ouvrages, nous mentionnerons comme se rapportant à l’Écriture Sainte:De lotione manuum ad factura Pilati (in Matth., xxvii, 24),in-4°, Wittemberg, 1689; Kurzgefaste Kirchen— Historié des alten und neuen Testaments, Leipzig, 1697; Wahres Christenthum des altes Testaments, in-4°, Francfort,1707; Der Historié von der Lehre, Leben und Thaten der beyden Apostel und Junger Christi Pétri und Pauli, in-8°,Rostock, 1708; Geheime Belrachtungen uber die Psalmen David, in-8°, Cassel, 1713. Voir G. Arnold, Gedoppelter Lebenslauf, Leipzig, 1816, ouvrage qui est en partie une autobiographie; Coler, Summarische Nachricht von G. Arnold’s Leben und Schriften, Wittemberg, 1718;Knapp, Biographie G. Arnold’s, Stuttgart, 1845; Gôbel,Geschichte des christlichen Lebens in der rheinischwestphâlischen evangelischen Kirche, t. ii, p. 698-753;Fr. Dibelius, Gottfried Arnold, sein Leben und seine Bedeutung fur Kirche und Théologie, Berlin, 1873.

B. Heurtebize.


2. ARNOLD Nicolaus, théologien calviniste, né à Lesna,en Pologne, le 17 décembre 1618, mort le 15 octobre 1680. En 1639, il devint recteur de l’école de Jablono-w; en 1641;il se rendit à Franeker, et, en 1654, il succéda dans cette ville à Cocceius comme professeur de théologie. On a de lui, entre autres ouvrages:Lux in tenebris, seu brevis et succincta vindicatio et conciliatio locorum Veteris et Novi Testamenti, quibus omnium sectarum adversarii ad stabiliendos suos errores abutuntur, in-4°, Franeker,1662; 1665; édition augmentée, 1680; Leipzig, 1698; ouvrage dirigé principalement contre les Sociniens; Exercitationes theologicm ad Epistolam ad Hebrseos, Franeker, 1679.

B. Heurtebize.


ARNON(hébreu:’Arnôn, «rapide» ou «bruyant»,selon Gesenius, Thésaurus lingux hebrsea}, p. 153; Septante:’Apvwv), rivière ou torrent (nahal) qui se jette dans la mer Morte vers le milieu de son rivage oriental;c’est aujourd’hui Vouadi él-Modjib. Limite septentrionale du pays de Moab, cf. Is., xvi, 2, il le séparait du royaume des Amorrhéens, Num., xxi, 13, 24, 26; Jud., xi, 18, 22,comme il sépare actuellement le Belqâ’a du pays de Kérak. Plus tard il marqua la frontière méridionale du territoire conquis de ce côté par les Israélites (tribu de Ruben). Deut., u, 24, 36; iii, 8, 12, 16; iv, 48; Jos., xi, «M

ARNON

1022

1, 2; xiii, 9, 16; Jud., xi, 13; IV Reg., x, 33. Voir lacarte du pays d’Ammon, col. 490. Dans plusieurs des passages que nous venons d'énumérer, il sert à déterminer lesite d’Aroër, «qui est sur la rive de l’Arnon.» Mésa, danssa fameuse stèle, ligne 26, se vante d’avoir «fait la routede l’Arnon». Cf. A. de Villefosse, Notice des monumentsprovenant de la Palestine et conservés au musée duLouvre, Paris, 1879, p. 2, 4; F. Vigoureux, La Bible etles découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 62.Josèphe le décrit comme «prenant sa source dans lesmontagnes de l’Arabie, et, après avoir traversé tout ledésert (êpriiioç), se jetant dans le lac Asphaltite». Ant.jud., IV, v, 1. Eusèbe et saint Jérôme parlent d’un endroitde la vallée de l’Arnon, situé au nord d’Aréopolis, «pleind’horreur et de périls,» gardé par des postes militaires, détails qui correspondent exactement à la description desvoyageurs modernes. Cf. Onomasticon, Gœttingue, 1870,

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Sud-Est

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274. — Coupe transversale de la vallée de l’Ouadi-ModJib.

a. Calcaire à silex rouge à la surface. — o. Marnes à Pholadomya Luynesi. — c. Calcaires gris compacts. — d. Alternances de marnes crayeuses, jaunes et rouges, avec des calcaires tabulaires jaune nankin à Ammonites Luynesi. —e. Calcaire tendre à Ostrea Mermeti, var., minor, 0. vesteularis, var., Jitdaïca. — I. Marnes grises à Eemiaster Foumeli, Ostrea Oliftiponensis, Mermeti, var., carimata, Plicatula Reynesi, Pholadomya, Venus. — g. Calcaire marneux avec bivalveset gastéropodes. — h. Marnes blanchâtres à exogyres. —i. Calcaires jaunes à Ptérodontes et autres gastéropodes. —j. Calcaires à 0. Flabellata, A/ricana, var., Gonyopigus Brossardi, Solectypus Lartetl, Èeterodiadema Libycum, Pterodonta elongata et nodules de spath calcaire. — k. Marne vertesalifère. — l. Grès blanc. — m. Grès rouge. — T. Tufs d’inoruetation. — De l’autre coté de l’Ouadl-Modjib, c’est la mêmesuccession.

p. 212; S. Jérôme, Liber de situ et nominibus locorumheb., t. xxiii, col. 861. La version arabe du Pentateuque, œuvre du Samaritain Abou-Saïd (xi «ou xii B siècle), traduit toujours Arnon par w^=» -; - «, Mûdjeb. Aboulféda, Tabulée Syrisc, édit. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 91, avait également ce nom, changé à tort par l'éditeur. Cf.W. Gesenius, Der Prophet Jesaia, Leipzig, 1821, t. ii, p. 541.

L’ouadi el-Modjib se forme de deux torrents, qui, secreusant un lit dans l'épaisseur du plateau oriental, prennent naissance à une assez grande distance. L’un estle Séil (ruisseau) es-Saidéh, dont la source se trouve aunord-est de Qoutranéh, sur le Derb el-Hadj ou «routedes Pèlerins», et qui se dirige vers le nord-ouest entrele Djebel et-Tarfouiyéh et le Djebel el-Ghoûouéitéh.L’autre est l’Enkeiléh, formé lui-même du Ledjoum etdu Baloûa, le premier venant du nord-est, le second del’est. Avant de se jeter dans la mer Morte, il reçoit le SéilHeidân, qui descend également du nord-est.

La vallée de l’Arnon ressemble à une faille énorme, creusée par quelque tremblement de terre dans des assisessuperposées de basalte, de calcaire, de marne et de grès.(Voir, pour la coupe géologique, fig. 274, d’après Lartet, dans de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, Paris, s. d., pi. v, fig. 6; cf. t. iii, p. 70). Sa largeur, âl’endroit où on la traverse ordinairement, au-dessousd’Ara’ir (Aroër), est de quatre à cinq kilomètres d’unecrête à l’autre, et sa profondeur, du côté sud, un peu plusélevé que le côté nord, est d’environ 650 mètres. La penteseptentrionale, à laquelle une végétation assez rare donneune faible teinte de verdure, est si escarpée, qu’il est

-7°

y n bouchure de l’Arnon.

prudent de descendre de cheval. Un sentier mal tracéserpente à travers des terrains où brille le gypse laminairemêlé à des blocs de basalte, où les bancs calcaires affectenttantôt l’apparence de murs cyclopéens, tantôt celle decolonnes égyptiennes gigantesques, imitant les restes d’untemple antique creusé dans la montagne. C’est une passedangereuse, où les voleurs, cachés derrière les rochers, attendent et attaquent facilement le voyageur. L’escarpement méridional, encombré par les fragments de rochesqui se sont défachés des strates supérieurs, est moins raide.Le point de départ de la descente, sur la route de Rabbahou Ar-Moab à Dhibân (Dibon), est marqué par un térébinthe, parfaitement visible sur le plateau privé d’arbres, et point de repère précieux pour indiquer le sentier.Celui-ci, suivant une ancienne voie romaine dont onreconnaît çà et là les traces, descend en zigzag sur lesflancs abrupts du précipice, au milieu des rocs éboulés.

Au fond de ce gigantesque ravin coule un petit ruisseau, dont le cours est marqué par une bordure d’arbres

et d’arbrisseaux. L’eau limpide murmure sur un lit decailloux, et nourrit une très grande quantité de poissonsqui se laissent facilement prendre; elle a tracé en plusieurs endroits des marques évidentes de son impétuosité dans la saison des pluies. Après avoir traversé commeun corridor sinueux, creusé dans la montagne, elle vients'épancher dans la mer Morte (flg. 275) à travers unejungle de saules, de roseaux, de tamaris, d’arbustesdivers, d’arbres secs, submergés jusqu’aux branches inférieures, comme on en voit, sur l’autre bord, entre AinFeschkah et Redjom Louth. On ne compte que quelquespassages coriduisant d’un côté à l’autre de cette profondefissure au fond de laquelle coule l’Arnon. On en signaleun près de son embouchure, et un autre, le plus important, dans la partie supérieure de son cours, sur la voieromaine qui allait de Rabbath Moab à Rabbath Ammanet franchissait la rivière sur un pont d’une seule arche, aujourd’hui renversée. Deux anciens forts ruinés, avecdes débris de colonnes et de constructions diverses, sontles seuls souvenirs du passé.

L’Arnon a été assez bien appelé le Rubicon des Israélites: c’est en le passant qu’ils prirent possession de laTerre Promise. Mais où le passèrent-ils? Probablementvers ses deux branches du Baloûa et du Ledjoum, là oùil coule encore «dans le désert». Num., xxi, 13. Unedouble raison, en effet, empêche de croire qu’ils aientsuivi la voie débouchant par Aroêr au pays amorrhéen.Comment une si grande multitude se serait-elle, sans nécessité, exposée corps et biens aux dangers d’une routeextrêmement difficile, et où le peuple qu’elle voulaitvaincre avait tout avantage contre elle? Ensuite les Israélites, ayant reçu de la part de Dieu défense de combattreles Moabites, Deut., ii, 9, contournèrent leur pays par lafrontière orientale, Num., xxi, 11, et arrivèrent à-la partiesupérieure de l’Arnon.

Voir J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the HolyLand, Londres, 1822, p. 371-375; U. J. Seetzen, Reisendurch Syrien, Palâstina, Berlin, 1854, t. ii, p. 364-367; E. Robinson, Physical Geography of the Holy Land, , Londres, 1865, p. 16$1-$266; duc de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. i, p. 115-116, 166-167; H. B. Tristram, The Land of Moab, Londres, 1874,

p. 124-131.

A. Legendre.

1. AROD (hébreu: 'Arôd; Septante: 'ApaoSf), sixièmefils de Gad. Num., xxvi, 17. Appelé aussi Arodi, Gen., xl vi, 16, d’où la famille des Arodites. Num., xxvi, 17.

2. AROD (hébreu: 'Arâd, «onagre;» Septante: 'QpîjB), benjamite, cinquième fils de Baria. I Par., viii, 15.

    1. ARODI##

ARODI, forme du nom d’Arod, Gen., xlvi, 16. VoirArod 1.

    1. ARODITE##

ARODITE, de la famille d’Arod. Num., xxvi, 17.Voir Arod 1.

    1. AROËR##

AROËR (hébreu: 'Ârô'êr; une fois, Jud., xi, 26, avectransposition du cholem, 'Ar'ôr; Septante: 'Apoïjp), nomde plusieurs villes situées à l’est et à l’ouest du Jourdain.Gesenius, Thésaurus linguse heb., p. 1073, donne à cemot le sens de «ruines» ou «édifices dont les fondements sont mis à nu». D’autres se demandent si l’on nepourrait pas avec autant de vraisemblance le rapprocher

de l’arabe j££, 'ar’ar, «genévrier;» dérivation qui

serait semblable à celle de Luz ou Luza, hébreu: Lûz, «amandier,» de Rimmon, «grenadier,» etc.

1. AROËR, ville située «sur le bord du torrent d’Arnon», 'al iefat-nahal 'Arnôn, Deut., ii, 36; iv, 48; Jos., XII, 2; xiii, 9, 16; ou «sur le torrent d’Arnon», 'al nafral'Arnôn, Deut., iii, 12; IV Reg., x, 33. Placée sur la rive

droite du fleuve, elle était à l’extrême limite méridionaledu royaume de Séhon, roi des Amorrhéens. Jos., XII, 2.Conquise par les Israélites, dont elle marquait également, de ce côté, la frontière sud, Deut., ii, 36; iii, 12; iv, 48; restaurée par la tribu de Gad, Num., xxxii, 34, elle fut, au moment du partage, assignée à la tribu de Ruben.Jos, , xiii, 9, 16; IV Reg., x, 33; I Par., v, 8. Elle tombaplus tard au pouvoir des Moabites. Jer., xlviii, 19. Plusieurs auteurs prétendent que c’est elle, et non pas cellede Gad, qui est mentionnée II Reg., xxiv, 5; elle auraitainsi servi de quartier général à Joab dès le début de sesopérations pour le dénombrement d’Israël. Voir Aroer 2.Mésa, dans sa stèle, ligne 26, dit qu’il «bâtit», c’està-dire reconstruisit ou releva «Aroër», nyfny]. Cf. A. deVillefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine et conservés au musée du Louvre, Paris, 1879, p. 2, 4; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 62.

Aroër est ainsi décrite dans VOnomasticon, Gœttirigue, 1870, p. 212: «Aroër, qui est sur la rive du torrent d’Arnon, ville de Moab, autrefois possédée par l’antique nationdes Ommim… On la montre encore aujourd’hui sur lesommet de la montagne; le torrent, descendant par unepente abrupte, coule dans la mer Morte.» Cf. S. Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum Iieb., t. xxiii, col. 865.Les voyageurs modernes n’ont fait que confirmer ces détails. En suivant la voie romaine qui conduisait autrefoisde Rabbath Moab ou Aréopolis à Hésébon (Hesbàn), uneheure après avoir franchi le lit de VOuadi el-Modjib(Arnon), et après avoir gravi les flancs escarpés de sa riveseptentrionale, on arrive à un site ruiné, appelé 'Ar'âîrpar Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 372. Le nom et l’emplacement conviennent parfaitement à la cité biblique.

Le sommet sur lequel sont les ruines à." Ar'âîr nes'élève que faiblement au-dessus du plateau qui l’environne vers le nord, mais du côté du sud il domine laprofonde échancrure au fond de laquelle coule l’Arnon.Dans cette dernière direction un magnifique coup d’oeil, tombant sur un paysage qui contraste singulièrement aveccelui de la plaine supérieure, embrasse, outre la valléeprincipale, une seconde vallée, qui vient de l’est, etplusieurs petit* vallons. L’ancienne ville d' Aroër était demoyenne grandeur, mais bâtie très régulièrement. On voitencore les restes d’une muraille carrée, composée degrosses pierres brutes, et renfermant un second murintérieur, plus élevé. Le point central, le plus haut, estmarqué par les ruines d’un édifice. On trouve en outre, à l’est et au nord, les traces de faubourgs assez étendus; celui du nord renferme une pierre dressée sur le point leplus élevé. Cf. C. Schick, Bericht ùber eine Reise nachMoab, im April 1877, dans la Zeitschrift des deutschenPalàstina-Vereins, t. ii, Leipzig, 1879, p. 9; traductiondans Palestine Exploration Fund, Londres, 1879, p. 190. «Ces ruines, dit H. B. Tristram, sont sans relief; je n’yai pas trouvé trace de temples romains, quoique plusieursarceaux soient encore debout.» The Land of Moab,

Londres, 1874, p. 130.

A. Legendre.

2. AROËR, «qui est en face de Rabbah,» 'al penêRabbdh, Jos., xiii, 25, ville de la tribu de Gad, distinctede la précédente. En effet, Josué, déterminant les limitesde la tribu de Ruben, dit qu’au sud elles partaient «d' Aroër, qui est sur le bord du torrent d’Arnon», Jos., xm, 16; mais, plus loin, fixant les frontières de Gad, illes étend vers l’est «jusqu'à Aroër, qui est en face deRabbah». Jos., xiii, 25. En précisant leur situation respective, il prend donc soin de les distinguer l’une de l’autre.Ensuite la Rabbah dont il est question ici ne peut êtreque celle des Ammonites, Rabbathvmmon, aujourd’huiAmman, puisque, dans le même verset, l’auteur sacrévient de parler de & la moitié de la terre des fils d’Ammon». Il est clair enfin que V Aroër de l’Arnon, située

à l’extrémité méridionale des possessions israélites, nepouvait servir de limite commune à deux tribus dontl’une était au nord de l’autre. Cette distinction ressortd’un autre passage, Jud., xi, 33, où il est dit que Jephté, combattant les Ammonites, «frappa d’uu désastre immensevingt villes, depuis Aroër jusqu’aux abords de Mennith etjusqu'à Abel-Keramim.» «Il s’agit certainement ici, demême qu’au ꝟ. 26, d' Aroër de Gad, qui, d’après Jos., xin, 25, n'était pas éloignée de Rabbath-Ammon. Si onvoulait y voir Aroër sur l’Arnon, Jephté aurait bien alorspoursuivi les ennemis du midi au nord; mais on n’indiquerait pas comment il eût pu, de l’extrémité méridionale, séparée du pays de Galaad par une longue étenduede terrain, commencer une pareille expédition. Les Ammonites, Jud., x, 17, avaient fixé en Galaad, c’est-à-direà l’extrême sud de ce pays, leurs tentes, peu éloignéespeut-être d' Aroër de Gad.» F. de Hummelauer, Commentarius in libros Judicum et Ruth, Paris, 1888, p. 227.

S’agit-il également de cette ville dans Il Reg., xxiv, 5?La question n’est pas si claire: il importe cependant dela traiter avant de parler d’un emplacement plus ou moinsprobable. Il est dit, dans ce texte, que Joab et sa suite, partant, d’après l’ordre de David, pour procéder au dénombrement d’Israël, «passèrent le Jourdain et vinrentà Aroër, à droite de la ville, qui est dans la vallée deGad.» Leur trajet, décrit sommairement, nous les montreremontant de l’est au nord, puis descendant par les côtesde la Méditerranée jusqu'à la ville la plus méridionalede la Terre Sainte, c’est-à-dire Bersabée, pour rentrer delà à Jérusalem. Le commentaire suivant résume l’opinionde ceux qui appliquent notre passage à Aroër sur l’Arnon: «Cette ville célèbre est toujours décrite en cestermes: Aroër, qui est située sur la rive du torrentd’Arnon. Or, qu’elle soit maintenant décrite par cesmots: à droite de la ville, qui est dans la vallée de Gad, cela est tout à fait improbable; ce serait, en effet, unedescription du connu par l’inconnu, puisque la vallée deGad et la ville qui s’y trouvait ne sont mentionnées qu’ence seul endroit. Donc avec Wellhausen nous unissonsGad au mot suivant: Ils vinrent… en Gad et jusqu'à Jazer.Jazer était presque au milieu de la tribu de Gad, tandisqu' Aroër était dans la tribu de Ruben. L’existence d’uneAroër de Gad, distincte d’Aroër sur l’Arnon, n’est passuffisamment prouvée d’après Jos., xiii, 25, et Jud., xi, 26, 33 (voir plus haut cependant le commentaire du mêmeauteur sur le dernier texte); cette ville existâtelle, il nes’agit pas d’elle ici, car il est évidemment question d’uncircuit commençant par l’extrême limite méridionale audelà du Jourdain, et se terminant à l’extrême limiteméridionale en deçà; enfin, si le trajet commençait à latribu de Gad, la tribu de Ruben n’eût pas été recensée, quoique, d’après I Par., xxi, 6, les seules tribus de Léviet de Benjamin soient exceptées. D faut donc traduireainsi avec Calmet: Et ils campèrent (hébreu, Septante, chaldéen) à Aroër, à droite de cette ville, qui est aumilieu de la vallée. Joab, avec sa suite nombreuse, sembles'être successivement arrêté dans les différents endroitsoù les habitants les plus éloignés pouvaient se rendre…Les mots suivants: en Gad et jusqu'à Jazer, indiquent ladirection du voyage à partir d’Aroër, l’auteur ayant toujours devant les yeux le mot suivant: yâbô'û, «ils vinrent.» Il faut avouer cependant que toute la construction devienttrès simple au moyen d’une légère correction, proposéepar Wellhausen, 17H7D, mê'Àrô'êr, au lieu de lyiTn, ba'Àrô'êr: et ils vinrent (Vulgate, syriaque) d’Aroër, de la partie orientale de la ville, qui est au milieu dela vallée, en Gad et jusqu'à Jazer. s, beth, et d, mem, sont très souvent mis l’un pour l’autre; si le beth se litmaintenant dans tous les textes, ir peut se faire aussi quele changement soit antérieur à toutes les versions.» F. de Hummelauer, Commentarius in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 447-448. On trouvera peut-être l’explication un peu compliquée.

BICT. DE LA BIBLE

Ceux qui, sans changer le texte, l’appliquent à Aroërde Gad, cherchent cette ville dans une vallée quelconqueau-dessus ou aux environs d’Amman. Pour Gesenius, Thésaurus, p. 1074, la «rivière de Gad» est un bras duJaboc (Nahr Zerka); pour d’autres, le Jaboc lui-même.Pour Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 109, c’est YouadiAmman, et la ville serait Qala’at Zerka Gadda, au nordest d’Amman, sur la route des Pèlerins. Mais peut-on dired’une localité située à cette distance qu’elle est «en face deRabbah s? Et puis n’estelle pas trop dans le territoireammonite? Inutile aussi de chercher notre Aroër àAyra ou Airéh, village situé au sud-ouest d’Es-Salt, surune colline qui s’avance dans la plaine entre deux coursd’eau: ni le nom ni la distance ne conviennent. Ensomme, tout en maintenant la distinction entre les deuxAroër, nous restons jusqu’ici dans l’impossibilité de trouver à celle de Gad une identification plausible.

Les deux villes d’Aroër dont nous venons de parlersont vraisemblablement mentionnées dans Isaïe, xvii, 2.Le prophèfe, annonçant la ruine de Damas et celle d’Israël, débute par ces mots:

1. Voici que Damas va cesser d'être une ville, Et elle deviendra un monceau de ruines._2. Les villes d’Aroër seront abandonnées, Livrées aux troupeaux qui s’y reposerontSans que personne les en cbasse.

Quelques interprètes ont pensé qu’il s’agit ici d’uneville distincte d’Aroër sur l’Arnon et d’Aroër de Gad.Nous ne le croyons pas. Voici du reste les renseignementsque nous fournit l’exégèse. Les manuscrits hébreuxn’offrent pour 'Arô'êr aucune variante. Cependant lesversions anciennes présentent des divergences. Les Septante, lisant 17 nr, 'âdê 'ad, au lieu de iy"ny, 'Ârô'êr,

ont traduit par eîç tov atwva, «abandonnée pour toujours.» La paraphrase chaldaïque a vu ici un verbe: «leurs villes abandonnées seront dévastées.» La versionsyriaque porte 'Adô'îr; mais c’est une faute facile à comprendre, le dolath et le risch ne différant que par unpoint placé au-dessous ou au-dessus du signe. — Lesprincipales opinions émises par les commentateurs sontles suivantes. J. F. Schelling, qui, dans ses Animadversiones philologico-crit. in difficiliora Jesaix loca, p. 29et suiv., expose et réfute les conjectures des interprètesmodernes, pense qu’il faut lire: ny _ ny, 'âdê-'Ar, «les

villes seront abandonnées jusqu'à Ar,» c’est-à-direAr-Moab. D’autres, admettant la leçon du texte hébreu, disent que 'ârê 'Arô'êr est mis pour «villes auprès ouautour d’Aroër», comme, Jos., xiii, 17, 'ârê Ifésbônsignifie «villes autour d’Hésébon», expression correspondant à celle que l’on retrouve si souvent: une ville etses filles. Dans ce cas, quelques-uns, comme Adrichomius, Iheatrum Terrse Sanctæ, Cologne, 1590, p. 78, font «des villes d’Aroër» une contrée de la Syrie Damascène; mais on n’en trouve mention nulle part. Gesenius, Der Prophet Jesaia, Leipzig, 1821, 1. 1, p. 556, appliquele passage à l' Aroër du nord, celle de la tribu de Gad, et rapporte la dévastation de ce pays à l’invasion deThéglathphalasar. IV Reg., xv, 29. Enfin la plupart desauteurs pensent qu’il s’agit simplement ici des deuxAroër, celle de Ruben et celle de Gad, comme représentant tout le territoire transjordanique, menacé des mêmeschâtiments que Damas. Cf. J. Knabenbauer, Commentarius in Isaiam, Paris, 1887, p. 358; Trochon, Isaïe, Paris, 1878, p. 105; Fr. Delitzsch, Commentar ùberdos Buch Jesaia, Leipzig, 1889, p. 233; Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamentum, Jesaias, Leipzig, 1829, t. i, p. 588-589. À. Legendre.

3. AROËR, ville de Juda, mentionnée une seule fois, I Reg., xxx, 28, à propos des dons que David, revenuà Siceleg, après sa victoire sur les Amalécites, envoya à

I. — 35

différentes villes. Le contexte ne permet pas de la confondreavec celles dont nous venons de parler; les localitéscitées avec elle appartiennent au midi de la Palestine.Aroër est nommée en égyptien sous la forme Harhorar.Voir Mariette, Listes géographiques des pylônesdeKarnak, 1875, p. 36. Robinson croit l’avoir retrouvéeà’Ar’ârah, près de l’ouadi du même nom, à l’est-sudestde Bersabée (Bires-Séba). Biblical Researches inPalestine, Londres, 1856, t. ii, p. 199. La ville ancienneest marquée par quelques restes d’habitations, des fragmentsde poterie et plusieurs puits. Vers le nord, dessolitudes formées de collines crayeuses et de valléessablonneuses présentent çà et là quelques champs cultivés, et forment les limites entre la Judée et le désert.

A. Legendre.

    1. AROLA François##

AROLA François, frère mineur, docteur en théologie, a publié: Concordantise majores Bibliorum, Lyon, 1551.Possevin, Wadding, Jean de Saint -Antoine et les autresbibliographes citent cet auteur et son œuvre, sans fourniraucun autre détail, P. Apollinaire.

    1. AROMATES##

AROMATES, substances végétales qui ont une odeuragréable et pénétrante. Voir Parfums.

1. ARORITE (hébreu: hâ’ârârî). II Reg., xxiii, 33.Dans le passage parallèle, I Par., si, 34, on trouve hahârârî, orthographe légèrement différente ( hé pour aleph)du même mot. Il indique le surnom ou la patrie d’Ahiam, baillant guerrier de l’armée de David. Voir Arari.

2. ARORITE (hébreu: hahârôrî. I Par., xi, 27). —Dans II Reg., xxiii, 25, on lit hahârôdi; Vulgate: deHarodi. Désignation de la patrie, Harod, d’un autreguerrier renommé de l’armée de David, appelé Semma.

3. ARORITE (hébreu: hâ’ârô’êrî, «l’Aroérite,» c’est-à-direoriginaire d’Aroër, patrie de Hotam, père de deuxvaillants guerriers de l’armée de David. I Par., xi, 44.

    1. ARPHAD##

ARPHAD (hébreu: ’Arpâd; Septante: ’ApçiS), villede Syrie mentionnée dans l’Écriture, et toujours à côtéd’Émath: IV Reg., xviii, 34; xix, 13; Is., x, 9; xxxvi, 19; xxxvil, 13; Jer., xlix, 23. Sennachérib ou ses envoyésinsistent sur la prise d’Arphad et d’Émath pour effrayerles habitants de Jérusalem et les engager à se rendre. Eneffet, les textes cunéiformes assyriens mentionnent fréquemmentune ville de ce nom, Arpaddu, comme ayantpris une grande part à la lutte engagée contre l’Assyrie partous les États coalisés de l’Asie occidentale, qui tentèrentvainement de sauvegarder leur indépendance. Ramman-Niraril’avait attaquée dès 806; Théglathphalasar, l’alliéd’Achaz contre Phacée et Razin, la prit après un siègede trois ans, 743-740; elle se révolta, ainsi que les villesd’Émath, de Damas et de Samarie, contre Sargon, pèrede Sennachérib, et fut de nouveau reconquise par l’Assyrie.The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. ii, pi. 52, rev., 1. 12-26; obv., 1. 30, 32, 34; Botta, Le monumentde Ninive, t. iii, pi. 145, II, 9; Menant, Annalesdes rois d’Assyrie, p. 129, 148, 182; Eb, Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 121 et 122, 235, 310, 449. Si Sargon ou Sennachérib la détruisirent, elle ne tarda pas à se relever de ses ruines, à ce qu’ilsemble, d’après Jérémie, xlix, 23; mais les inscriptionscunéiformes n’en disent rien depuis cette époque. Au tempsdu géographe arabe Iakout, elle était encore habitée; maintenant il n’en reste plus que des ruines, qui ontconservé leur nom ancien, Tell-Erfâd ou Arfâd. Celtelocalité est à vingt kilomètres environ au nord de la villed’Alep. — Une opinion assez commune, suivie par Winer, D. Calmet, Comment, litt. in IV Reg., xviii, 34, édit.lat., Wurzbourg, 1791, p. 435; Dictionnaire de la Bible, Genève, 1730, t. i, p. 299, etc., avait confondu Arphadavec Arad; c’est à tort, car les inscriptions cunéiformes

distinguent soigneusem*nt ces deux villes, absolumentcomme la Bible: tandis qu’elles mettent Arphad en relationétroite avec Émath et Damas, elles nous disentd’Arad, Aruadu ou Armadu, qu’elle était située ina qabaltihamti, «au milieu de la mer,» ce qui est bien la situationexacte de l’Arad ou Arvad de Phénicie. Michælis laconfondait avec la Raphanée de Josèphe et des géographesgrecs, à l’ouest d’Émath; la situation conviendrait assezbien, mais les noms sont trop différents: VArphas deJosèphe, Bell, jud., III, iii, 5, placée à la frontièrenord-est de la tétrarchie d’Hérode Agrippa, n’est pasassez au nord pour répondre aux exigences des textesassyriens, tandis que le nom et la situation des ruinesA’Erfâd satisfont toutes les exigences. Aussi cette identificationest-elle acceptée par les assyriologues: Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the OldTestament, t. ii, p. 8; Riehm, Handwôrterbuch derbibl. Alterthums, t. i, p. 87; Delitzsch, Wo lag dos Paradies, p. 275; Kiepert, Zeitschrift des deutschen morgenlàndkchenGesellschaft, t. xxv, p. 655, et Ndldeke,

ibid., p. 258.

E. Pannier.

ARPHASACHÉENS. Le nom de peuple ainsi écrit, I Esdr., v, 6, doit se lire Apharsachéens, comme le portele texte original et la Vulgate elle-même, I Esdr., VI, 6.Voir Apharsachéens.

1. ARPHAXAD (hébreu: ’Arpaksad; Septante: ’Aptpa^aS), mentionné dans la table ethnographique dela Genèse, x, 22, comme fils de Sem, né deux ans aprèsle déluge, et mort à l’âge de 438 ans selon l’hébreu, lesTargums et le Syriaque, de 338 suivant la Vulgate, 465, 365 et 335 ans suivant les différentes éditions grecques.Gen., xi, 10-13. Il fut père de Salé et aïeul d’Héber suivantl’hébreu, la Vulgate, etc.; et au contraire père deCaïnan et aïeul de Salé suivant les Septante reproduitsdans la généalogie de Jésus-Christ selon saint Luc, iii, 36.

Comme les noms qui précèdent et qui suivent dans ladescendance de Sem sont ethnographiques, Élain désignantla souche des Élamites, Assur celle des Assyriens, Arain celle des Araméens, on s’est demandé si le nomd’Arphaxad n’avait pas également une signification ethnographique.Josèphe, Ant. jud., i, vi, 4, suivi par Eusèbeet saint Jérôme, y avait déjà reconnu l’ancêtre ou le fondateurde l’empire des Chaldéens, qu’il prétend avoir étéappelés autrefois Arphaxadiens, ’Apça£a8° iou; . Suivantl’opinion de Bochart, Phaleg, p. i, 1. ii, c. iv, col. 74, Arphaxad serait la souche ou la personnification des raceshabitant l’Arrapachitis des géographes anciens (Plolémée, As, , vi, 1, 2), actuellement nommée YAlbak, vers le norddu Zab supérieur, dans la région montagneuse et nord-estde la Mésopotamie; c’est YArrapha ou Arbafya des textescunéiformes assyriens. VoirEb. Schrader, Keilinschriftenund Geschichtsforschung, p. 164 et 167, note. Cette opiniona été embrassée par D. Calmet, Tuch, Delitzsch, Dillmann, Kautzsch dans Riehm, Handwôrterbuch derbiblischen Alterthums, et Gesenius, Thésaurus lingusehebrxx, p. 153. Mais d’abord rien ne prouve que les descendantsd’Héber et les Joctanides soient originaires dunord-est de la Mésopotamie; de plus il est philologiquementimpossible d’identifier de quelque façon que ce soitArphaxad et Arrapha, la syllabe assyrienne ha ne pouvantcorrespondre à la fois au caf, au schin et au daleth dela forme hébraïque’Arpaksad.

D’autres auteurs, s’attachant à l’indication fournie parJosèphe, voient dans ce nom la souche des Chaldéens, population méridionale de la Mésopotamie de laquelleétaient sortis les Hébreux; le nom hébreu des ChaldéensKeséd, pluriel Kaèdîm, se retrouve sans trop d’invraisemblancedans la désinence du nom d’Arpa-ksad; mais lepremier élément de ce nom s’explique moins facilement: on y a vu Our ou Irou, «ville» en assyrien, ou même UrCasdim, la patrie d’Abraham; Knobel lit Arma-Ksad, le

pays élevé des Chaldéens; d’autres y voient la racine arpou arpou, conservée en arabe et en éthiopien, mais disparue des autres dialectes sémitiques, avec le sens deforteresse, mur ou frontière des Chaldéens. Cette dernière conjecture est regardée comme la meilleure parWestcott, dans Smith, Dict. ofthe Bible., 1. 1, p. 115; elleest suivie également par Ewald, Geschichte Isræls, Gœttingue, 1864, t. i, p. 405; Eb. Schrader-Whitehouse, The cuneifonn Inscriptions and the Old Testament, 1. 1, p. 97. Michælis, Spicilegium geographise tieb. exter., 1780, t. ii, p. 75, avait aussi proposé cette étymologietout en rejetant pour ce nom d’Arphaxad la significationethnique. Cependant elle repose sur une coupure toutarbitraire; de plus le composé ainsi formé n’a pas unseul analogue dans tous les noms de la table ethnographique, qui sont ou des noms d’individus, comme Noé, Sem, ou de simples noms ethniques comme Ha-Iebousi(le Jébuséen); enfin les inscriptions cunéiformes quinous ont conservé un grand nombre d’appellations géographiques mésopotamiennes en renferment qui commencent par Bit, comme Bit-lakin, maison de lakin; Bit-Houmri, maison d’Omri, c’est-à-dire le royaumed’Israël; par Dour, comme Dour - ili, forteresse de Dieu, en Bubylonie; par Kar, etc.; mais aucun élément initialne rappelle dans la Mésopotamie méridionale l’Arp d’Arphaxad.

Frd. Delitzsch, Wo lag dus Paradies, p. 255-256, croitpouvoir le rapprocher de l’expression arba kisadi, quel’on retrouve pour désigner le royaume des monarquessoitd' Assyrie, soit de Babylonie: sar arba kisadi, «roi desquatre régions»; mais ce terme n’est pas une localité géographique définie, il désigne uniquement les quatre pointscardinaux, et s’emploie aussi bien à Ninive qu'à Babylone; en outre la formule consacrée n’est jamais celleque propose M. Delitzsch, c’est généralement kiprat irbitti, qui n’offre plus aucune ressemblance avec le nom d’Arphaxad. À cette raison décisive s’ajoutent encore, contrecette opinion, celles que nous avons opposées à l’identification précédente.

L’analogie nous incline donc à penser qu’il se cachequelque désignation ethnographique sous le nom d’Arphaxad, comme cela est certain pour Élam, Assur, Aramet Lud; suivant l’indication fournie par Josèphe, ce nomdoit s’appliquer à quelques populations sémitiques de laMésopotamie, comme les Chaldéens ou les Babyloniens, dont la Bible ne donnerait pas sans cela les origines; cette hypothèse est donc vraisemblable: mais la science, à l’heure présente, ne nous donne encore aucun moyende la vérifier. E. Panmer.

2. ARPHAXAD (Septante: 'AppaÇcfô), roi mède mentionné dans Judith, I, 1-12, comme adversaire de Nabuchodonosor, roi d’Assyrie. Celui-ci le défit à Ragau. LesSeptante ajoutent que les États d’Arphaxad furent envahispar le roi d’Assyrie, qui le fit prisonnier et le mit à mort.1, 12-15.

On remarque dans le livre dé Judith des altérationsconsidérables, particulièrement dans les noms propres.Celui d’Arphaxad est altéré, comme aussi très probablement celui de son adversaire Nabuchodonosor. II est certain d’ailleurs qu’on trouve, dans le livre de Judith, untableau fidèle de l'état général de l’empire assyrien et desnations tributaires durant le règne d’Assurbanipal, versl'époque de la révolte de Samas - soum - oukin, roi deBabylone. Robiou, Deux questions de chronologie etd’histoire éclaircies par les annales d’Assurbanipal, dansla Revue archéologique, 1875, et Comptes rendus del’Académie des inscriptions et belles-lettres, 4e série, t. iii, p. 231; Vigouroux, La Bible et les' découvertesmodernes, 5e édit., t. iv, p. 281-286. C’est, en effet, verscette époque que les Mèdes, jusque-là divisés en tribusindépendantes, arrivent à constituer un royaume unique, capable bientôt d’entrer «n lutte avec l’Assyrie et de subjuguer les Perses: G. Rawlinson, The five great Monarchies, t. ii, p. 378-383; les inscriptions cunéiformesnous représentent aussi les Mèdes comme vaincus parAssurbanipal, roi de Ninive; malheureusem*nt, les annales d’Assurbanipal faisant défaut pour la dernière moitiéde son règne, il ne nous est pas donné d'établir le parfaitaccord entre les textes assyriens et le texte biblique, etla personnalité d’Arphaxad reste toujours obscure. Commel’attribution à l'époque de Manassé et d’Assurbanipal desévénements rapportés au livre de Judith a seule en safaveur de très hautes probabilités, nous laisserons decôté sans les discuter les identifications proposées qui nesatisfont pas à cette condition chronologique, par exemplecelle de Kitto, Biblical Cyclopœdia, t. i, p. 233, qui voitdans Arphaxad Assuérus ou l’Astyage d’Hérodote; cellede Kaulen, Einleitung in die heilige Schrift, p. 223, quile confond avec Arbace.

Hérodote, i, 98, attribue à Déjocès la fondation d’Ecbatane: aussi plusieurs commentateurs ou chronologistes, comme Ussher, Bellarmin, Huet, et récemment Gillet, dans la Bible de Lethielleux, Judith, p. 74, le confondentavec TArphaxad biblique; mais la Vulgate ne dit pas quece prince fut le premier fondateur d’Ecbatane; le termeledificavit qu’elle emploie, comme l’wxo8<5|Aii<7E des Septante, peut signifier simplement qu’il fortifia, agrandit sacapitale. C’est bien le sens du mot «bâtir» chez lesécrivains anciens, sacrés et profanes. Cf. III Reg., XII, 25; Strabon, xi, 13, édit. Didot, p. 450, etc. H faut bienreconnaître ainsi que la forme Déjocès, ou sa transcription assyrienne Daiakku, ne se rapprochent guère de laforme biblique. Quant à dire que ce Déjocès s’appelaitaussi Phraazad, du nom d’un Phraorte, souche de cettelignée royale, c’est pour le moins très hypothétique.

Houbigant, Montfaucon, dom Calmet, et plus récemment O. Wolf, Bas Buch Judith als geschichlliche Urkunde vertheidigt, 1861; Smith, Dictionary of the Bible, t. i, p. 116, et F. Vigouroux, Les Livres Saints et la crirtique rationaliste, ¥ édit., t. iv, p. 568-571, ont rapprochéArphaxad d’un autre Phraorte, fils de ce même Déjocès, entranscription mède et perse Parruvartis ou Pirruvartis, qui régna de 657 à 635. L’bistoire de ce dernier, rapportéepar Hérodote, i, 102, s’accorde assez facilement avec le récitbiblique: il s’asservit d’abord les Perses, puis d’autresnations circon voisines, et attaqua enfin les Assyriens deNinive; mais il fut vaincu et périt avec la plus grandepartie de son armée, après un règne de plus de vingt et unans. Tandis que Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient, 1886, p. 496 et 508, et G. Rawlinson, The fivegreat Monarchies, t. ii, p. 383, n. 10, contestent l’existence même de Déjocès et de Phraorte, sans raison biendécisive d’ailleurs, Fr. Lenormant, Lettres assyriologiques, 1™ série, t. i, p. 55-72; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. v, p. 420-421, 424-428, etDelattre, Le peuple et l’empire des Mèdes, p. 129-175, démontrent l’authenticité des récits d’Hérodote relatifs àces deux règnes, au moins dans les grandes lignes. Nonseulement cette conclusion est aussi admise par M. J. Oppert, mais ce savant n’hésite même pas à attribuer ladéfaite de Phraorte à Assurbanipal, roi de Ninive (668626), qui est très vraisemblablement le Nabuchodonosorde Judith, Ije peuple et la langue des Mèdes, p. 21. Ilest possible que cet événement ait pris place dans laseconde moitié du règne d’Assurbanipal, dont nous n’avonspas les annales; mais on peut aussi en retrouver quelquetrace dans la première partie des annales, qui relatent, avant un soulèvement général des tributaires de l’empireninivite, à l’instigation de Samas-soum-oukin de Babylone, une campagne contre la Médie et les régions voisinesdans laquelle le roi d’Assyrie combattit «Birizljatri, chefdes Mèdes, le prit vivant, et l’emmena à Ninive», aprèss'être emparé aussi «de soixante - quinze places fortes».The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, p. 31, col. iii, J. 111, col. iv, 1. 15; J. Menant, Anna les des rois

d’Assyrie, p. 281; Eb. Schrader, Keilinschriftiche Bibliothek, t. ii, p. 178-181, n. 16. La transcription assyrienneBirizhatri recouvre-t-elle les éléments de la forme médique Pirruvartis, grécisée en Phraortès, et à laquelle unscribe hébreu aura cherché un équivalent dans l’onomastique de lui déjà connue? C’est ce qui ne paraît pas impossible à M. Robiou, Deux questions de chronologie etd’histoire, p. 28-29. Du reste, les noms propres du livrede Judith paraissent tellement altérés, et les différencesentre notre Vulgate et les autres versions sont si considérables, qu’il est permis, en l’absence du texte originalqui est perdu, de ne pas se montrer trop exigeant pourles questions de détail, une fois qu’on a trouvé dans l’histoire un cadre qui convienne â l’ensemble. Voir Judith.

E. Pannier.

ARRHES. On entend par «arrhes» une somme d’argent ou quelque autre objet, que l’une des parties contractantes remet à l’autre, au moment du contrat, pouren mieux assurer l’exécution. Dans la vente, le plus souvent c’est l’acheteur qui donne les arrhes; elles consistentordinairement alors en argent monnayé, et s’imputentsur le prix total, dont elles sont comme un acompte. Leseffets juridiques des arrhes ont varié dans les différenteslégislations et même dans les phases successives d’unemême législation. Néanmoins, on peut dire, d’une manière générale, qu’elles produisent deux effets: 1° ellessont un signe du consentement donné; 2° elles garantissent l’exécution du contrat, au moins dans ce sens quela partie qui a donné les arrhes se voit obligée d’exécuterses promesses, sous peine de perdre ses arrhes, n’ayantpas de moyen légal de les retirer avant l’exécution ducontrat. Quand les arrhes consistent en une somme d’argent donnée par l’acheteur, et forment ainsi une partiedu prix payée d’avance, ce sont les arrhes proprement etstrictement dites, très distinctes du «gage»; mais quandles arrhes consistent en un objet quelconque qui pourraêtre retiré, lors de l’exécution du contrat, par celui quil’a donné, elles se rapprochent du «gage».

I. Dans l’Ancien Testament. — Nous trouvons l’usagedes arrhes chez les Hébreux, et même dès la plus hauteantiquité. Thamar fait avec Juda, son beau-père, uneconvention qui engage celui-ci à envoyer à sa bru unchevreau. Thamar, avant de rien exécuter, demandedes «arrhes» à Juda. Celui-ci lui remet, à ce titre, sonanneau à cachet, le cordon qui le supporte, et son bâton.Gen., xxxviii, 17-18. Nous trouvons dans ce texte, nonseulement la chose, mais le mot, répété trois fois, ꝟ. 17, 18, 20; hébreu: 'êrâbôn; Septante: àp’paëwv, d’où sontvenus les mots latins arrhabo, arrhes. D’après Gesenius, Thésaurus linguse hebrseie, p. 1064, le mot 'êrâbôn estun terme commercial, signifiant «arrhes» ou «gage», emprunté par les Hébreux aux Phéniciens.

Chez les Hébreux, nous trouvons encore les «arrhes» dans le contrat de mariage, ou plutôt dans les fiançailles, Gen., xxiv, 53; toutefois elles sont confondues avec les «présents de noces», d’avec lesquels il serait très difficile de les distinguer. Quelques auteurs ont donné le nomd' «arrhes» à la pièce de monnaie que, chez les Hébreux, dans la cérémonie des fiançailles, le fiancé remettait à safiancée; nous croyons plutôt que la remise de cette piècede monnaie, d’une valeur ordinairement insignifiante, était une simple cérémonie liturgique, mais symbolisantun fait beaucoup plus important, c’est-à-dire l’achat oul’acquisition que le fiancé faisait de la jeune fille, enpayant à ses parents une certaine somme convenue. VoirFiançailles. Ce n’est que beaucoup plus tard qu’on voulutajouter des arrhes proprement dites aux premières stipulations matrimoniales; chacune des deux parties déposaitune certaine somme, et si l’une des deux rompait l’engagement contracté, l’autre acquérait, en dédommagement, la somme déposée par la partie infidèle. Buxtorf, DeSponsalibus et divortiis, i, 51, dans Ugolini, Thésaurus antirçuitatum sacrarum, Venise, 1765, t. xxx, p. 69.

II. Dans le Nouveau Testament. — Le mot àp’jS aêiiv, «arrhes,» est employé trois fois dans le sens figuré, dansles Épitres de saint Paul. II Cor., i, 22; v, 5; Eph., i, 14.Dans le premier texte, II Cor., i, 22, l’Apôtre veut prouverque sa prédication et celle de ses collègues dans l’apostolat, Silvain et Timothée, sont conformes à la doctrineinfaillible de Jésus-Christ lui-même. «Car, dit-il, celuiqui nous confirme en Jésus-Christ, qui nous a oints, c’estDieu lui - même, lequel nous a marqués de son sceau et.nous a donné les arrhes du Saint-Esprit dans nos cœurs.» D’après l’interprétation la plus probable, 1' «Esprit» dontil s’agit ici désigne les dons du Saint-Esprit, que lesthéologiens appellent «gratuitement donnés», gratisegratis datée, c’est-à-dire ces dons de prophétie, de miracles, de glossolalie, etc., qui n'étaient pas rares auxpremiers siècles de l’Eglise, et qui prouvaient, aux yeuxdes fidèles, que celui qui les possédait était vraimentl’envoyé de Dieu; ces dons étaient par conséquent les «arrhes» ou le «gage» de la mission divine et de lavéracité doctrinale. Cf.Cornely, Commentarius in S. Pauliepistolam ad Corinthios alteram, Paris, 1892, p. 46-50.— Dans les deux autres passages, le mot àppaëaiv se rapproche encore des «arrhes» proprement dites. Saint Paul, II Cor., v, 5, dit que nous désirons la gloire éternelle, de l'âme et du corps, «et que celui qui nous a préparésà cela, c’est Dieu lui-même, qui nous a donné les arrhesdu Saint-Esprit;» il veut dire que le Saint-Esprit nousest donné comme «des arrhes de notre héritage éternel»; c’est ce qu’il dit expressément, Eph., i, 14: âppaëùvtîji; xXv)povo[ «ac tjh<5v. De même que les arrhes sontune partie du prix, donnée d’avance, pour garantir lepayement complet, ainsi Dieu nous donne le Saint-Espritcomme une partie, un avant-goût, et, si nous osions ledire, comme un acompte de notre héritage éternel, afin de nous garantir ainsi la complète exécution de sespromesses.

Aussi, en nous donnant le Saint-Esprit, ce n’est passimplement un «gage» que Dieu nous a donné; ce sontdes «arrhes» strictement dites, comme portent le textegrec, àp’pa6wv, et la Peschito, rahbuno', mot araméenqui correspond à l’hébreu 'êrâbôn. La Vulgate actuelle, dans les trois endroits cités du Nouveau Testament, atraduit le grec àp’paëiiv par le mot pignus, «gage.» Quantà l’ancienne Italique, ses manuscrits portaient tantôt laleçon arrhee pu arrhabo, tantôt la leçon pignus, ainsique nous l’apprenons par saint Augustin, Sermo xxiii, 8, t. xxxviii, col. 158-159. Le saint docteur préfère la leçonarrhee ou arrhabo. «Le mot arrhee, dit-il, convientmieux que le mot pignus au don du Saint-Esprit, accordéau juste; le gage est retiré, quand le contrat s’exécute; les arrhes ne sont pas retirées, mais complétées; quandDieu accomplit sa promesse en donnant au juste la viaéternelle, le Saint-Esprit ne lui est pas ôté, mais il estconnu plus pleinement; le don du Saint-Esprit n’estdonc pas un simple gage, ce sont des arrhes proprementdites.» S. Augustin, loc. cit., et aussi Sermo clvi, 15, t. xxxviii, col. 858; Sermo ccclxxviii, t. xxxix, col.1673-1674. C’est aussi le sentiment de saint Jérôme; quoique ce saint docteur ait conservé dans la Vulgate laleçon pignus, «gage,» qui probablement était la pluscommune, Divina Bibliotheca, II Cor., i, 22; v, 5; Eph., i, 14, t. xxix, col. 762, 765, 779, cependant ilavoue que la leçon arrhee est préférable à l’autre, etque l’ancien traducteur de l’Italique a substitué le mot «gage» au mot «arrhes» du texte grec. S. Jérôme, In Epistolam ad Eph., i, 14, t. xxvi, col. 457.

S. Many.

    1. ARROCHE HALIME ou pourpier de mer##

ARROCHE HALIME ou pourpier de mer, plantevivace du genre Atriplex ( arroche), de la famille deschénopodées. C’est un arbrisseau habitant les bords dela Méditerranée, de la mer Morte et des lacs salés. Lesfleurs, de couleur pourpre, sont petites et disposées enépis. Les feuilles sont alternes et riches en suc aqueux

et de saveur amère à cause des sels marins renfermésdans leurs cellules (fig. 276).

D’après un grand nombre d’auteurs modernes, l’arrochehalime est mentionnée par Job, xxx, 4, sous le nom demallûah, dans la description qu’il fait des aliments misérables dont se nourrit une tribu qui habite dans descavernes. C’est le seul endroit de l'Écriture où cette plantesoit nommée. Le mot mallûah doit dériver de mêla)}, «sel,» et signifier par conséquent une plante à saveursalée. Cette interprétation est confirmée par la version desSeptante, qui ont traduit mallûah par £Xt[ia, de _âX; ouâXaç, «sel». (Les éditions des Septante portent ordinairement aXijjLa, avec l’esprit doux, au lieu de l’esprit rude, mais probablement par erreur. La Vulgate a traduit par

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276. — Arroche halime. — 6. Fleur. — a. Graine,

un mot vague et général, «herbes» ). De toutes les explications qu’on a données du mot mallûah, celle qui enlait une espèce d’arroche est la plus vraisemblable. Elleest préférable à l’opinion qui voit dans cette plante lamauve ou bien la corréte potagère. Voir Mauve, Corrète.Les feuilles de l’arroche halime, petites et charnues, peuvent être mangées au besoin, et le sont, en effet, parles pauvres en Orient, comme elles l'étaient par les pythagoriciens indigents, d’après Athénée (âXtjjLa Tpwyovreç, Deipnos., iv, 16); mais rien ne peut mieux donner l’idéequ’une pareille nourriture de la vie misérable que mènentles troglodytes dont parle Job. «L’arroche halime, ditM. Tristram, croît abondamment sur les cotes de laMéditerranée, dans les marais salés et aussi plus encoresur les côtes de la mer Morte. Nous en trouvâmes desfourrés d’une étendue considérable sur la rive occidentale de la mer Morte et elle nous servit exclusivement àfaire du feu pendant plusieurs jours. Elle atteint là unehauteur de dix pieds (trois mètres), plus du double quesur les bords de la Méditerranée… Les feuilles sont petites, épaisses et d’un goût amer; on peut les manger commecelles de l’A triplex hortensis ou arroche des jardins, mais c’est une bien mauvaise nourriture.» Natural History of the Bible, 8e édit., 1889, p. 466. A. Orban.

ARROSAGE. Voir Irrigation.

    1. ARROWSMITH John##

ARROWSMITH John, célèbre prédicant anglais dela secte des puritains, né à Newcasfle, le 29 mars 1602, mort en février 1659. Il professa la théologie à Cambridge, où il avait été élevé; il devint ensuite ministre à Lynn, puis à Londres, et enfin maître de Saint-John’s Collège etde Trinity Collège à Cambridge. De ses nombreux ouvrages, nous ne citerons que le suivant: In priores18 versus capitis i Evangelii Joannis, in-4°, Londres, 1660. Voir Brook, Lives of the Puritans, t. iii, p. 315-418; Neal, History of the Puritans, t. iir, p. 115.

B. Heurtebize.

ARSA (hébreu: 'Arsâ,» terre;» Septante: 'Q<t3; Codex Alexandrinus: 'Aptrâ), maître de la maison duroi, à Thersa. Pendant qu’il donnait un festin au roid’Israël Éla, Zarnbri entra dans sa maison, tua le prince, i|ui s'était enivré, et lui succéda sur le trône. III Reg., xvi, 9.

ARSACE VI Mithridate I" (' kpaixic), 174-136 avantT.-C, fils d’Arsace IV et frère d’Arsace V, roi des Parthes(fig. 277). Ce prince conquérant s’empara de la Bactrianesur le roi Eucratides; il ajouta également à son empire

, 277. — Monnaie d’Arsace YI.

Tdte dladémée d’Arsaoe TI, à ganche. — ^. BA2IAEQ2MErAAOV APSAKOT Eni*ANOTS. Arsace I «assis, à droite, sur l’omphalos, et bandant tm arc; à droite, unepalme.

la Médie, et le pays des Élyméens, qui appartenaient auxrois de Syrie, et s’avança jusqu'à l’Inde. Il réunit sous sadomination tout le pays compris entre l’Euphrate et l’Indus. L'Écriture l’appelle roi de Perse et de Médie, parceque c'étaient là les deux provinces les plus importantesdu royaume des Parthes. I Mach., xiv, 2. Démétrius IINicator, roi de Syrie, marcha contre lui pour reconquérirses États (140 avant J.-C.); mais après quelques succès ilfut battu. Un des généraux d’Arsace, qui avait reçu l’ordrede le faire prisonnier, accomplit sa mission et l’amenavivant au roi des Parthes ( 138). I Mach., xiv, 2-3; Josèphe, Ant.jud., XIII, v, 11; Justin, xxxvi, 1; xxxviii, 9. Arsacetraita son prisonnier avec respect et lui donna sa filleRodogune en mariage, mais il ne lui rendit pas la liberté.Appien, Syr., 67, 68; Diodore, dans Mûller, Hist. Grsec.Fragm., t. ii, 19; Josèphe, Ant.jud., XIII, viii, 4. Arsaceétait un prince sage, qui donna d’utiles lois à son peuple.Pour s’assurer sa protection, Jonathas et Simon lui firentécrire en leur faveur par les Romains. Voir Lucius.I Mach., xv, 22. E. Beuruer.

    1. ARSENAL##

ARSENAL (Vulgate: amiamentarium). Jusqu'à l'établissem*nt de la royauté en Israël, comme il n’existaitencore ni pouvoir central ni armée organisée, il n’y eutnulle part de dépôt d’armes. David, qui fut l’organisateurmilitaire des douze tribus, commença à rassembler desarmes; il ne les mit point dans un arsenal, mais il lesconsacra «Dieu dans le tabernacle, II Reg., viii, 7, 10-12; I Par., xxvi, 26-27, où l’on pouvait les reprendre pendant la guerre, en cas de besoin. Salomon, son fils, créade véritables arsenaux, comme en avaient les Égyptiens(fig. 278 et 279). Il en établit un à Jérusalem, dans son palaisde la forêt du Liban. La Vulgate porte: In armamen

tario quod erai consitum nernore. II Par., ix, 16. Cf. Is., xxil, 8. Le texte hébreu ne contient pas le mot «arsenal», mais il dit très clairement que le roi se servit de son palaisde la forêt du Liban pour y faire un dépôt d’armes. Sestributaires lui en fournissaient, avec les autres produitsde leurs royaumes. III Reg., x, 25. Il avait fait faire desboucliers d’or qui devinrent le butin de Sésac, roi d’Egypte, sous Roboam. III Reg., xiv, 26; II Par., xii, 9. Le Cantique des cantiques, iv, 4, semble faire allusion à cesboucliers, et quelques orientalistes pensent que le mothébreu talpîyyôf (Vulgate: cum propugnaculis) désigne

omis ce mot). Du temps des Machabées, les Juifs prirentbeaucoup d’armes sur leurs ennemis. II Mach., viii, 27.Jonathas, I Mach., x, 21, en fit fabriquer en grand nombre.Simon Machabée eut des officiers chargés de s’occuperdes arsenaux. I Mach., xiv, 42. Il avait fait, lui aussi, degrandes provisions d’armes. I Mach., xv, 7. Nulle part, du reste, le texte sacré ne nous apprend ce qu'étaientces arsenaux où l’on déposait les armes, et aucun indicene nous est donné pour en faire la description. La seulechose qu’on puisse dire, c’est qu’ils étaient vraisemblablement de simples dépôts, et que ce n'était pas là, mais

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278. — Collection d’armes égyptiennes. Thèbes. Abd el-Qourna. xviii<> dynastie. D’après Lepsras, Dmkmdler, Abth. iii, pi. et.

l’arsenal où ils étaient conservés. Le fils de Salomon, Roboam, marchant sur les traces de son père, établit desarsenaux dans les principales villes de son royaume: «Ilmit dans chaque ville, dit le texte original, des bouclierset des javelots.» II Par., xi, 12. (La Vulgate, pour rendreplus clairement la pensée de l’historien sacré, traduit: ira singulis urbibus fecit armamentarium scutorumet hastarum.)

La suite de l’histoire sainte nous montre que, à l’exemplede David, qui avait offert des armes au tabernacle, sessuccesseurs en offrirent aussi au temple. Le grand prêtre

probablement chez les ouvriers mêmes, que les armesétaient fabriquées. F. VigouROUx.

    1. ARSÈNE DE SAINTROBERT##

ARSÈNE DE SAINTROBERT, carme, de la province wallo-belge, professeur de théologie, mort en 1759.Il a édité un livre intitulé: Antilogise sive contradictionesapparentes S. Scripturse a sanctis Patribus et diversisinterpretibus eœpositse in breviorem et faciliorem methodum collectée, in-8°, 1744; 2= édit., 1751.

J. Olivier.

ART HÉBRAÏQUE. Les beaux-arts ne furent cultivés

Arsenal égyptien. Distribution des armes. Thèbes, Médlnet-Abou. Palais de Eamsès IV.D’après Champolllon, Monuments d’Egypte, t. iii, pi. 218.

Joïada s’en servit pour rendre à Joas le trône de son père.II Par., xxiii, 9. Indépendamment de ces armes conservéesdans les dépendances de la maison du Seigneur, les rois deJuda continuèrent à établir des dépôts dans divers arsenaux. Ozias fit fabriquer en grand nombre des boucliers, des cuirasses, des casques, des lanees, des arcs, desfrondes et des machines de siège. II Par., xxvi, 14-15.Sous Ézéchias, d’après un passage d’Isaïe, xxil, 8, le palaisde la forêt du Liban paraît avoir servi encore d’arsenal.(Le mot hébreu nêséq est traduit par beaucoup d’interprètes, dans ce passage, comme l’a fait la -Vulgate, par «arsenal».)Ceroi avait fait de grands approvisionnementsd’armes, II Par., xxxii, 5, 27, et il montra avec orgueilses arsenaux (hébreu: bê( kêlâv; Vulgate: domwmvasorum suorum) aux envoyés de Mérodach-Baladan, roide Babylone. IV Reg., XX, 13. Depuis Ézéchias jusqu’aprèsla captivité, nous ne lisons rien dans les Écritures quisoit relatif aux dépôts d’armes. Après le retour des Juifsdans leur patrie, un arsenal est mentionné accidentellement par Néhémie, Il Esdr., iii, 19, dans la descriptionqu’il fait des murs de Jérusalem (nêséq; la Vulgate a

qu’assez tard chez les Hébreux, et ils ne prirent jamaisparmi eux un grand développement, à l’exception de lamusique. Voir Musique.

Ce peuple fut pendant de longs siècles exclusivementvoué à l’agriculture. En Egypte, la masse des descendants de Jacob s’occupa d'élevage et de travaux agricoles.Il en fut de même dans la terre de Chanaan, jusqu'àl'époque des premiers rois. Quelques artistes s'étaientformés en Egypte, tels que Bézélêel et Ooliab. Exod., xxxi, 1-6. Mais dans la terre de Chanaan, l’organisationpolitique et religieuse de la nation, qui ne réclamait, avant l'établissem*nt de la royauté, ni capitale ni monuments civils ou religieux, n'était point favorable à laculture des arts plastiques; aussi, quand on en eut besoinpour la construction du temple et des palais royaux, onfut obligé d’emprunter à l'étranger des artistes et desouvriers. Même sous les rois, l’art fit peu de progrès. Ilne pouvait se développer, à cause de la défense formellede la loi: «Tu ne feras aucune figure de ce qui est enhaut dans le ciel, ni de ce qui est en bas sur la terre, ni de ce qui est au-dessous de la terre dans les eaux. 1037

art hébraïque — artaxerxès

1038

Tu ne les adoreras pas et tu ne les serviras pas.» Exod., xx, 4, 5. Toutes les représentations d'êtres vivantsétaient donc prohibées. Cette loi fut une des mieux observées. Les violations, telles que Jud., xvii, 5, sont rares.Les Hébreux obéirent à la lettre du précepte divin. Aussi, dans la Bible, n’est-il jamais question de peinture exécutée par les Hébreux, ou par d’autres à leur intention.Les ouvrages de sculpture qui décoraient le temple, lesmonuments, les tombeaux, ne comportaient guère que desmotifs empruntés au règne végétal. C’est tout au plus si, le long des murs du sanctuaire, les bas-reliefs représentaient des chérubins au milieu des coloquintes, des palmiers et des fleurs épanouies. III Reg., vi, 23-35; Ezech., xli, 18. De Vogué, Le temple de Jérusalem, p. 32. Cetteexception semblait autorisée par la présenee des deuxchérubins d’or qui se dressaient sur l’arche d’alliance, etdes deux autres qui se tenaient debout dans le Saint des'saints. Quelques figures d’animaux, comme par exempleles bœufs qui soutenaient la mer d’airain, furent aussiintroduites dans le mobilier du temple. II Par., iv, 4.Ces figures apparaissaient d’ailleurs avec l’attitude respectueuse et subalterne qui convient à de simples créatures. Quant à la loi prohibant toute représentation d'êtresvivants, elle s’explique d’elle-même. La peinture et lasculpture ont été chez les anciens les auxiliaires etcomme les véhicules de l’idolâtrie. Pour empêcher l’abusdes arts, chez un petit peuple isolé au milieu d’un mondetout entier idolâtre, le Seigneur jugea à propos d’enrestreindre l’usage, et laissa à d’autres le soin de cultiver la sculpture, la peinture et tous les autres artsreprésentatifs.

Dans ces conditions, il ne pouvait donc y avoir, à proprement parler, d’art hébraïque. Ce n’est pas à dire queles Hébreux aient vécu étrangers à tout sentiment artistique; mais toutes les fois qu’ils ont dû faire appel auxressources de l’art, ils n’ont point su être originaux, etsont restés tributaires des étrangers. Ainsi au désert, après la sortie d’Egypte, leur art est tout égyptien deconception et d’exécution. Voir Arche d’alliance. QuandSalomon veut construire le temple et ses palais royaux, il s’adresse aux Phéniciens, qui fournissaient alors architectes, artistes et ouvriers aux nations avec lesquellesleur commerce les mettait eh rapport, et se faisaientles entrepreneurs de toutes sortes de grands travauxpublics. Ces étrangers étaient en même temps fabricantset exportateurs de céramique, de mobilier artistique, de bijouterie, etc. Du reste, ils ne visaient pas à l’originalité; leur art s’inspirait presque exclusivement de l’artdes Égyptiens et des Assyriens, et s’accommodait aisémentaux fantaisies ou aux exigences de ceux qui réclamaientleurs services. En un mot, les Phéniciens étaient beaucoupmoins artistes qu’habiles entrepreneurs; le profit leurimportait plus que la gloire. En les invitant à travaillerpour leur compte, les Hébreux, si peu artistes eux-mêmes, n’appelaient donc à leur aide qu’un art composite et deseconde main. Voir Architecture hébraïque. Les chosesne se passèrent guère autrement à l'époque de Zorobabelet à celle d’Hérode. Après la captivité, quelques Israélitess’adonnèrent à la culture des arts; mais ce fut toujoursun art étranger qui fut mis à contribution par les Juifs; ils se contentèrent de lui imposer les modifications réclamées par la loi divine ou par les nécessités du servicedu temple.

Les monuments qui permettraient de se faire quelqueidée de l’art hébraïque sont extrêmement rares. Il n’y apas lieu de s’en plaindre outre mesure. Les monumentségyptiens, assyriens, phéniciens, perses, grecs et romainsfournissent lés éléments de ce qu’ont été, suivant lesépoques, les œuvres d’art exécutées ou commandées parles Hébreux. Voir Architecture, Peinture, Sculpture, Glyptique, Temple, Tombeaux. Pour les arts mécaniques, voir Artisans. Cf. Gugler, Kunst der Hehrâer, Landshut, 1614; Cleghorn, History of ancient and modem

Art, Edimbourg, 1848; de Saulcy, Histoire de l’art judaïque, Paris, 1858; Perrot et Chipiez, Histoire de l’art

dans l’antiquité, t. IV.

H. Lesêtre.

    1. ARTABAN##

ARTABAN, historien juif. Voir Artapan.

    1. ARTABE##

ARTABE (àpTâ6ï|), mesure de capacité employée parles Perses, et aussi par les Égyptiens et les Arabes. Elleest mentionnée seulement dans le chapitre xiv, 2, deDaniel, que nous n’avons plus qu’en grec. Nous y lisonsque les Babyloniens offraient tous les jours à l’idole deBel «douze artabes de farine». Hérodote, I, 192, édit.Teubner, p. 102, nous apprend que l’artabe des Persesvalait un médimne attique, plus trois chénices, c’est-à-direenviron 55 litres. D’après Polyen, iv, 3, 32, édit. Teubner, p. 141, l’artabe équivalait au médimne, c’est-à-dire à51 litres 79. Comme à l'époque où se passe l'événementraconté par le livre de Daniel, les Perses étaient maîtresde Babylone, c’est certainement de l’artabe dont ce peuplefaisait usage qu’il est question ici. — Les Septante ontaussi, employé le mot «artabe», dans leur traductiond’Isaïe, v, 10. Le texte original porte «un hômér t> (Vulgate: triginta rnodii); le grec met: «six artabes,» quiéquivalent, en effet, à peu près à un hômér. Cf. Revueégyptologique, t. ii, 1881, p. 197. Voir Hômér.

    1. ARTAPAN##

ARTAPAN, historien juif, de date incertaine, quivivait en Egypte avant notre ère, et qui écrivit un livreen grec sur les Juifs, LUpl 'Iou6cua>v. Il n’en restequ’un très petit nombre de fragments qui nous ont étéconservés par Clément d’Alexandrie, Strom., i, 23, t. viii, col. 900; la Chronique pascale (an 2 de Moïse), t. xcii, col. 201; Eusèbe, Prsep. Ev., ix, 18, 23, 27, t. xxi, col. 709, 719, 728, etc., et une Chronique anonyme, dans J. A. Cramer, Anecdola grsscae codicibus manuscriplis Bibliothecse regise Parisiensis, 4 in-8°, Oxford, 1839-1841, t. ii, p. 176. Josèphe avait l’ouvrage d' Artapan entre les mains, et il s’en est servi dans la compositionde ses Antiquités judaïques. Voir J. Freudenthal, Alexander Polyhistor, in-8°, Breslau, 1875, p. 169-171. Parce qui nous reste du Tlept 'IouScu’oiv, on voit que l’auteurs'était proposé la glorification des Juifs: c’est à eux, d’après lui, que les Égyptiens devaient leur science: Abraham, lors de son voyage en Egypte, apprit l’astronomie au roi de ce pays, Pharéthotès; Joseph et Moïseenseignèrent l’agriculture aux habitants des bords duNil, etc., Moïse (Eusèbe, Prsep. Ev., ix, 27, t. xxi, col. 728) leur apprit même à honorer les dieux, il divisal’Egypte en trente-six nomes, et donna aux prêtres lessignes de l'écriture. Cette défiguration de l’histoire profane en faveur des Juifs est le trait commun de plusieursdes écrivains de cette nation, qui vécurent à Alexandrie.Voir Alexandrie (École exéoétique d'), col. 359. Cf.C. Mûller, Fragmenta histor. grœc., t. iii, p. 207-208; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, t. u(1886), p. 735-736; Vaillant, De historicis qui ante Josephum Judaicos res scripsere, in-8°, Paris, 1851, p. 74-83.

ARTAXERXÈS. Hébreu: 'ArtahSaStâ', 'Artahsastâ'et 'ArfahSaSte'; Septante: 'ApTaÇépÇï|ç; dans Hérodoteet dans Plutarque: . 'ApToÇépÇïji; . En susien ou médique:

A - r - tak - sas - sa.En assyrien:

Artaaksaatsu,

Artaksatsu. 1039

ARTAXERXÉS I»

1040

Voir Oppert, Expédition en Mésopotamie, t. ii, p. 14et 194. En perse, le nom se lisait Artakhsatra,

ttt ^T^TtK^T^^ ttt

Artkhstr~ a,

corrompu ensuite en Artakhcasda, d’où proviennent lesformes hébraïques, et en Artakhchaarcha, qui a donnélieu à la transcription grecque. La forme pehlvie Artashatra est un retour à l’ancienne prononciation perse. VoirOppert, Le peuple et la langue des Mèdes, Paris, 1879, p. 232. Artakhsatra signifie «le grand guerrier», ou «celui qui a un grand pouvoir».Le nom d’Artaxerxès revient plusieurs fois dans la Bible.

— 1° Il se trouve d’abord dans la partie grecque du livred’Esther, mais uniquement par suite d’une faute de transcription, les Septante ayant cru à tort que l’Assuérus d’Esther, c’est-à-dire Xerxès I er, était Artaxerxès.Voir Assuérus.

— 2° Il se lit ensuite dans les livres d’Esdras. Les ancienscommentateurs, écrivant antérieurement à la découvertedes inscriptions perses, ont cru que l’Artaxerxès nomméI Esdr., iv, 7, après un Assuérus qu’ils n’avaient pas lesmoyens d’identifier sûrement, était Cambyse ou le fauxSmerdis (Bardiya). Mais aujourd’hui l’identification d' Assuérus et de Xerxès I er est établie avec toute la certitudedésirable; l’Artaxerxès du livre d’Esdras est donc nécessairement un prince postérieur à Xerxès I er. D’ailleurs lenom perse d’Artaxerxès est absolument irréductible à ceuxde Cambyse ou du faux Smerdis ou Bardiya. Ce derniermême, dont le règne usurpé n’a duré que sept mois, n’apu avoir ni le temps de s’occuper des affaires juives, nisurtout l’idée de s’aliéner les Israélites qui vivaient aucœur même de l’empire, en mettant obstacle à la reconstruction de Jérusalem. L’Artaxerxès du livre d’Esdrasdoit en conséquence être cherché parmi les trois rois dece nom que l’on compte dans la dynastie des Achéménides. Le dernier, Artaxerxès III OchUs (358-337), estbeaucoup plus récent que les événements qui font le sujetdes livres d’Esdras; nous n’avons donc pas à nous occuperde lui. Seuls, Artaxerxès I er et, selon quelques-uns, Artaxerxès II, ont été mêlés à ces événements et doiventêtre mentionnés ici.

1. ARTAXERXÈS I" (464-424 avant J.-C), surnomméLongue -Main, parce qu’il avait une main plus longueque l’autre, était fils de Xerxès I er (fig. 280). La date deson accession au trône est importante à préciser, parceque d’elle dépend celle des décrets qui ont permis la re580. — Darique d’Artaxerxès Longue -Main.Artaxerxès I «', agenouillé, portant la couronne sur la tête, ettenant dans la main droite unejaveline, dans la gauche unarc. — ç. Un carré creux irrégulier.

construction des murs de Jérusalem, et, dans une certainemesure, celle qui sert de point de départ aux soixante etdix semaines de Daniel. Xerxès fut assassiné par Artaban, la quatrième année de la lxxviii 8 olympiade (465 avantJ.-C.). Diodore de Sicile, xi, 69, et le Canon de Ptolémée.Mais l’usurpateur garda sept mois le pouvoir. Ces septmois sont comptés tantôt au régne de Xerxès, tantôt àcelui de son successeur. En réalité, Artaxerxès ne putmonter sur le trône qu’en 464. C’est en cette année-làque Thémistocle, arrivant à Suse, le trouva inaugurant

  • ûn règne. Thucydide, i, 137; Charon deLampsaque, dans

Plutarque, Themistocl., 27. Le nouveau roi eut d’abordà lutter contre son frère Hystaspe, qui avait soulevé contrelui la Bactriane. Il remporta deux victoires et soumit le

pays (462). Mais le roi d’Egypte, Inaros, avait profité deces troubles pour tâcher de secouer le joug des Perses.Les Athéniens, qui ne pouvaient se passer de la bienveillance de l’Egypte, parce que c'était de ce pays qu’ils tiraientla plus grande partie du blé nécessaire à leur subsistance, se hâtèrent de venir au secours d’Inaros. Grâce à leur intervention, le général Achéménès put anéantir, près de Memphis, une armée perse de trois cent mille hommes. Artaxerxès ne voulut pas rester sous le coup de ce désastre; il leva une nouvelle armée, rassembla une nouvelle flotte, et, cette fois, le général perse, Mégabyze, battit les Égyptiens et les Grecs à Prosopitis et mit fin à la guerre (455).Thucydide, i, 109 et suiv. Cette lutte occupa Artaxerxèsde la quatrième à la neuvième année de son règne. Cependant la septième année (457), aors probablement que sesaffaires prenaient meilleure tournure en Egypte, le princeautorisa le scribe Esdras à revenir de Babylone à Jérusalem avec une nombreuse caravane d’exilés. Il fournitlui-même et permit à ses sujets d’offrir une quantité considérable d’or et d’argent pour le temple, et donna à Esdrasle pouvoir de puiser dans le trésor royal jusqu'à centtalents d’argent (environ 850000 fr.), sans compter les réquisitions en nature. I Esdr., vii, 23. Peut-être voulait-il, par ces largesses et ces mesures bienveillantes, s’assurerle dévouement et la reconnaissance des Juifs, et faire decette petite nation comme une sentinelle avancée sur lechemin de l’Egypte.

Après la victoire de Prosopitis, Mégabyze avait promisla vie sauve au roi Inaros. Cédant aux instances de samère, Amestris, et de sa sœur, Amytis, qui exerçaient surlui la plus grande influence, Artaxerxès respecta d’abord; la parole donnée, mais ensuite fit périr le malheureuxvaincu (450). Mégabyze, indigné, souleva la Syrie. Lesennemis des Juifs mirent cette circonstance à profit pourfaire obstacle à la reconstruction de Jérusalem, commencée par Zorobabel. Ils écrivirent à Artaxerxès que laville de Jérusalem sortie de ses ruines était une cité «rebelleet perverse», qu’elle refuserait de payer le tribut, qued’ailleurs elle avait toujours été «nuisible aux rois et auxprovinces», et que, si on la laissait rebâtir, le roi ne posséderait bientôt plus rien au delà de l’Euphrate. I Esdr., iv, 11-16. Artaxerxès prit au sérieux la dénonciation. Craignant que les Juifs ne devinssent un appui pour les Syriensrévoltés, et plus tard pour les Égyptiens, si ces dernierstentaient de relever la tête, il ordonna à ses satrapes d’empêcher la reconstruction de la ville. I Esdr., iv, 17-22. Bientôt après, sur l’intervention des deux princesses, Mégabyzerentra en grâce; plus tard, il leur dut encore de n'êtrequ’exilé, quand le roi voulut le faire périr, pour avoir tuéà la chasse un lion que le prince eût désiré frapper luimême. D’un autre côté, les Athéniens n’avaient pas pris leurparti de la défaite essuyée en Egypte. Ils ne tardèrent pasà recommencer les hostilités. Mais, en 449, le roi renonçaà toute entreprise contre les pays de la confédérationattique, et la paix fut rétablie. Thucydide, i, 112; Plutarque, Cimon, 19; Pericl., 11; Curtius, Histoiregrecque, trad. Bouché -Leclerq, in-8°, Paris, 1882, t. ii, p. 394 et suiv.

Artaxerxès n’avait plus rien à craindre d’aucun côté, quand, la vingtième année de son règne (445), le juifNéhémie, qui remplissait à la cour la fonction d'échanson, .osa lui demander l’autorisation d’aller rebâtir Jérusalem.Néhémie n’avait probablement pas manqué d’intéresserla reine à sa cause, et c’est pourquoi il note si soigneusem*nt sa présence auprès du roi, au moment où il lu» adressa sa requête. II Esdr., ii, 6. Il fut autorisé à reveniren Judée, avec pleins pouvoirs pour reconstruire Jérusalem. II Esdr., ii, 1-8. U y resta jusqu'à la trente-deuxièmeannée du règne (433). Cette année-là, il alla visiter le roià Suse, II Esdr., v, 14; xiii, 6, puis revint pour continuerson œuvre en Judée. L'Écriture ne fait plus ensuite mention d’Artaxerxès, qui mourut neuf ans après.

Les faits que racontent les livres d’Esdras trouvent, . 4041

ARTAXERXËS I" — ARTAXERXÈS II

1042

comme on le voit, leur place naturelle et très suffisamment justifiée dans la trame de l’histoire d’Artaxerxès I er.On a pensé pourtant que le récit qui termine le premierlivre, vii-x, n'était peut-être pas à sa vraie place; il a parupeu naturel qu’Esdras ait été autorisé à recueillir dessommes considérables et à réquisitionner des provisionsdans le pays même que les troupes royales allaient avoirà traverser. Frappé de ces raisons, M. Van Hoonacker, professeur à l’université de Louvain, a cherché à démontrer que le retour d’Esdras n’avait pas eu lieu treize ansavant Néhémie, sous Artaxerxès I er, mais cinquante-neufans plus tard, sous Artaxerxès II. Voici les principalesraisons sur lesquelles il appuie sa thèse: 1° Néhémie estenvoyé à Jérusalem pour rebâtir la ville sainte et sesmurs, II Esdr., ïi, 5; Esdras, au contraire, trouve la villerebâtie, et s’y occupe surtout de l’organisation du culteet de la réforme des mœurs. I Esdr., vii-x. — 2° QuandNéhémie revient, c’est le grand prêtre Éliasib qui est enfonction, II Esdr., iii, 1; sous Esdras, c’est Johanan, filsd'Éliasib. I Esdr., x, 6. Ce Johanan ne serait autre que Jonathan, nommé dans la liste des grands prêtres, II Esdr., XII, 10-11, comme fils de Joïada et petit-fils d'Éliasib.Josèphe, Ant.jud., XI, vii, 1, 2, l’appelle aussi 'Iioâwïi; .Bien que petit-fils d'Éliasib, il est présenté comme sonfils, parce que le pontificat de Joïada ne paraît avoir éténi long ni important. — 3° Esdras fait rompre les mariagescontractés avec les femmes étrangères, et cette mesure estsi bien acceptée, que l’on fait le dénombrement de ceuxqui avaient contracté ces unions, et que l’on garde la listedes prêtres qui eurent à répudier les étrangères. IEsdr., x, 11-44. Sous Néhémie, ces sortes de mariages sontfortement blâmés, mais non rompus; on ne fait aucuneallusion à la réforme radicale qui aurait été exécutéevingt-cinq ans auparavant, et on voit même un petit-filsdu grand-prêtre Éliasib marié à une étrangère. II Esdr., xin, 23-28. — 4° Si, la septième année d’Artaxerxès I «r, Esdras arrive à Jérusalem muni de pleins pouvoirs etexerce parmi ses compatriotes une autorité incontestée, comment peut-il, treize ans plus tard, n’apparaître quecomme simple scribe, lecteur de la loi, aux côtés deNéhémie, sans qu’il soit fait allusion au grand rôle rempli par lui précédemment? — 5°> Si, en l’an 457, Artaxerxès I er, malgré les grandes difficultés qui le préoccupaient, s’est montré si franchement sympathique auxJuifs et si généreux envers leur temple; si, au momentoù ses armées allaient et venaient à travers la Palestine, il a constaté que Jérusalem méritait toutes ses faveurs, comment, six ou sept ans plus tard, a-t-on osé lui écrireune lettre de dénonciation si calomnieuse contre ses protégés, I Esdr., iv, 11, et comment a-t-il pu l’accueillir sifacilement? Voir Van Hoonacker, Néhémie et Esdras, in-8°, Louvain, 1890, et Le Muséon, janvier 1892, t. xi, p. 83. Les conclusions qui ressortent de ces remarquessont que les chapitres vu-x du premier livre d’Esdrastraitent de faits postérieurs et non antérieurs à ceux queraconte le second livre, et qu’Esdras, venu une premièrefois à Jérusalem avec Néhémie, comme simple scribe, âgé d’une trentaine d’années, retourna ensuite en Perse, et revint en Judée, à la tête d’une nouvelle caravane, avec l’autorisation et la faveur d’un autre Artaxerxès.A. Kuenen a combattu ces conclusions dans un mémoireprésenté à l’Académie royale des sciences d’Amsterdam, et intitulé De chronologie van hel perzische lijdvak derjoodsche geschiedenis, 1890. La principale raison invoquéeest la supposition que la réforme des mariages mixtesentreprise par Esdras aurait avorté. Le célèbre rationalisteajoute d’ailleurs que l’ancienne hypothèse maintenait mieux «le terrain sur lequel la critique moderne élevait l'édificede sa théorie sur la formation de l’Hexateuque». M. VanHoonacker a répondu en réfutant les objections de Kuenen, et en démontrant que la réforme d’Esdras a pleinement réussi, ce dont le texte sacré ne permet pas dedouter. Néhémie en Van 20 d’Artaxerxès I", Esdras

en Van 7 d’Artaxerxès II, Gand, 1892. Voir Le Muséon, janvier 1892, p. 86. Voici comment les faits rapportésI Esdr., vu-x, prendraient place, d’après lui, dans l’histoired’Artaxerxès II. L’exposé de son système. sera suivi de ladiscussion critique des raisons sur lesquelles il s’appuie.

H. Lesêtre.

2. artaxerxès II (fig. 281) (405-358 avant J.-C.)fut surnommé Mnémon à cause de sa mémoire extraordinaire. Second fils de Darius II Nothus, il fut investi dela royauté au détriment de Cyrus, son frère aîné. Sa douceur et sa générosité le portèrent à laisser à ce dernier lestitres de vice-roi et de généralissime des troupes royales.

Î81. — Darlque d’Artaxerxès Mnémon.

Artaxerxès II, tenant une javeline de la main droite et un arc dô

la main gauche. — Sf. Carré creux irréguller.

Mais Cyrus mit les Grecs dans ses intérêts, se révoltacontre son frère, fut défait et périt à la bataille de Cunaxa, près de Babylone (401). Xénophon, Anabas., i, 8, 24 etsuiv.; Plutarque, Artaxerx., 10. Les treize mille Grecsqui l’avaient soutenu entreprirent alors cette fameuse retraite dont l’Athénien Xénophon fut le chef et plus tardl’historien. Anabas., ii, 5, 24 et suiv. La lutte séculaireentre les Perses et les Grecs se concentra alors en AsieMineure. Les Spartiates y guerroyèrent, avec des péripéties diverses, contre Tissapherne, satrape des provincesmaritimes, et Pharnabaze, satrape des provinces septentrionales de l’Asie Mineure (Xénophon, Hellenic., iii, 1, 3; Diodore de Sicile, xiv, 35). En 399, ce dernier conclut unarmistice, Diodore, xiv, 39, qui ne fut rompu qu’en 396, par Tissapherne. Xénophon, Hellenic., iii, 4, 11-15. Lalutte se poursuivit jusqu’en 387, où le traité d’Antalcidasconsacra la souveraineté d’Artaxerxès II sur les villes etplusieurs lies d’Asie. Xénophon, Hellenic., v, 1, 31; Diodore, xiv, 110; Plutarque, Artaxerx., 21. Voir Curtius, Histoire grecque, t. iv, p. 161 et suiv. Artaxerxès II n’eutdonc point à subir de grands revers, comme Artaxerxès I"; après la bataille de Cunaxa, la paix régna sur le continentasiatique, et le théâtre de la lutte avec les Grecs resta trèséloigné de la Chaldée, de la Judée et des provinces intermédiaires. Une caravane de Juifs pouvait donc se rendreen toute sécurité de Babylone à Jérusalem. Bien plus, laseptième année de son règne, en 398, Artaxerxès II, dontle caractère était bienveillant, n’avait rien à démêler avecles Grecs. Les ressources du trésor royal étaient alors enpartie disponibles. Esdras aurait profité de ces heureusesconjonctures et des dispositions favorables du prince, pourobtenir l’autorisation de conduire à Jérusalem une nouvelle caravane. Agé d’une trentaine d’années quand ilaccompagna Néhémie à Jérusalem, en 445, il en auraiteu alors environ soixante-quinze. C'était un âge assezavancé, mais qui permettait fort bien à Esdras de remplirle rôle qu’on lui suppose.

Les arguments invoqués en faveur de la thèse qui placele retour d’Esdras sous le règne d’Artaxerxès II sont spécieux, parfois même paraissent assez plausibles. Toutefois, jusqu'à présent du moins, ils ne semblent pas suffisants pour autoriser une modification si considérable dansl’histoire traditionnelle d’Esdras et dans la disposition deslivres qui la racontent. Voici ce qu’on pourrait opposeraux principaux arguments de M. Van Hoonacker, résumésplus haut: — 1° Il est bien vrai que Néhémie arriva à Jérusalem avec le projet de rebâtir la ville, II Esdr., ii, 5, etsa qualité de gouverneur le mettait à même d’exécuter cedessein. Quant à Esdras, qui n'était qu’un simple prêtre, ,

sans autorité civile, son rôle devait se borner, d’après lateneur même du décret d’Artaxerxès I", à la réorganisation du culte dans le temple de Jérusalem, rétabli avantla ville elle-même. Rien, dans les chapitres vn-x du premier livre, ne suppose la ville déjà relevée de ses ruines.Il n’y est question que d’institutions religieuses et deréformes morales. Les événements racontés dans ces chapitres peuvent donc parfaitement être antérieurs à l’arrivée de Néhémie. — 2° Néhémie accomplit sa missionsous le pontificat d'Éliasib, II Esdr., iii, 1, et, de son côté, Esdras se retira au temple dans la chambre de Johanan, fils d'Éliasib, I Esdr., x, 6. Mais il est loin d'être démontré que l'Éliasib, père de Johanan, soit le mêmepersonnage que le grand prêtre. Johanan et Jonathan peuvent sans doute être deux formes différentes d’un mêmenom; mais deux versets consécutifs du second livre, xii, 22, 23, autorisent à admettre une distinction entre le grandprêtre Éliasib, qui a pour fils et successeurs Joïada, Johanan et Jeddoa, et Éliasib, chef des familles lévitiques, etqualifié de père de Jonathan. Quoi qu’il en soit d’ailleursde ces deux versets, nous trouvons dans le premier livreun Éliasib père de Johanan, un Éliasib chantre, un Éliasib fils de Zéthua, et un Éliasib fils de Bani. I Esdr., x, 6, 24, 27, 36. Le Johanan fils d'Éliasib, dans la chambreduquel se rendit Esdras, peut donc fort bien être contemporain du grand prêtre Eliasib. — 3° La conduite différente d’Esdras et de Néhémie au sujet des mariages mixtesn’implique point la nécessité de faire agir Néhémie antérieurement à Esdras. Ce dernier, en sa qualité de prêtre, a imposé des mesures plus radicales que Néhémie, dontl’autorité était purement civile. La réforme d’Esdras aréussi, sans nul doute; mais il n’est pas extraordinaireque l’abus ait reparu par la suite, et que vingt-cinq ansplus tard Néhémie se soit contenté de jeter la défaveursur ces unions étrangères, sans cependant les prohiber.La loi d’ailleurs ne défendait formellement que les mariages avec les Chananéens, Deut., vii, 3, 4, et ceux desfemmes d’Israël avec des Moabites et des Ammonites, Deut., xxiii, 3. Les autres unions étrangères pouvaientêtre tolérées, et la descendance qui en provenait faisaitpartie de la nation après quelques générations. La conduite de Néhémie s’explique donc; pour autoriser la mesure relativement indulgente qu’il prenait, il n’avait pasà s’appuyer sur la prohibition beaucoup plus sévère portéeantérieurement par le célèbre scribe. — 4° La septièmeannée d’Artaxerxès I er, Esdras exerce à Jérusalem uneincontestable autorité, mais cette autorité est surtout religieuse. Treize ans plus tard arrive Néhémie, qui est tirSâtd'(voir Athersatha), c’est-à-dire personnage officiel muni depleins pouvoirs pour gouverner la province de Judée aunom du roi. Pour la postérité, Esdras, le savant scribe t lepieux et énergique réformateur, le restaurateur du culte, fut un homme bien supérieur au firSatâ'; mais, aux yeuxdes contemporains, le gouverneur, revêtu de l’autorité officielle, occupait incontestablement le premier rang. Il estdone tout naturel qu’Esdras apparaisse seulement à sescôtés pour remplir les fonctions de son ordre, c’est-à-direfaire la lecture de la loi dans une circonstance solennelle.— 5° Enfin le changement d’attitude d’Artaxerxès I ervis-à-vis des Juifs peut être aisément expliqué par lescirconstances. En sept années, bien des idées se modifient dans l’esprit d’un prince circonvenu par une multitude de courtisans ou d’intrigants, qui lui présententles faits conformément à leurs passions ou à leurs intérêts. Les arguments apportés par le critique belge ne sontdonc pas suffisants pour rejeter la thèse traditionnelle.

H. Lesêtre.

ARTÉMAS ('ApTe|xîç, contraction d"Apte(iî8wpoc, «dond’rvtémis ou Diane» ), disciple que saint Paul, au cours duvoyage qu’il fit en Orient, après sa première captivité, seproposait d’envoyer à Tite, en Crète. Tit., iii, 12. On nesait rien de ce personnage. Il avait du moins l’estime desaint Paul, qui le jugeait capable de suppléer Tite dans le

gouvernement de l'Église de Crète. On croit qu’il futensuite évêque de Lystres. Voir Acta Sanctorum, xxi juin.

H. Lesêtre.

ARTÉMIS ("ApT5|xi<), nom grec de la déesse desÉphésiens, appelée Diane dans la Vulgate. Act., xix, 24, 27, 28, 34, 35. Voir Diane….

    1. ARTIGNY##

ARTIGNY (Antoine Gachat d'), né à Vienne, en Dauphiné, le 8 novembre 1706, mort le 6 mai 1778. Il étaitchanoine et passa sa vie dans les recherches littéraires etbibliographiques. Connu principalement par ses travauxlittéraires, il est néanmoins rangé parmi les auteurs duxviiie siècle qui ont écrit sur la Bible, à cause de sonouvrage intitulé: Nouveaux mémoires d’histoire, de critique et de littérature, 4 in-12, Paris, 1749-1751 (Bibliothèque nationale. Z 28794). Dans le tome I er de cet ouvrage, il traite plusieurs questions se rapportant à la sciencebiblique. Son œuvre a vieilli; néanmoins il y a encored’excellentes choses à glaner parmi ces travaux remplisd’observations judicieuses. — Voici les titres des articlesdu tome I er que visent nos réflexions: De l'étude de lachronologie; Observations sur les antiquités des Égyptiens et des Chaldéens; Particularités romanesques dela vie de Moïse, inventées par les anciens rabbins; Remarques sur l’origine des fables du paganisme "; Recherches sur l'époque du règne de Sésostris; Del’origine de l’idolâtrie; Des prétendus restes de l’archede Noé; De l’existence des géants; Remarques surl’origine et sur les dieux des Philistins; Des richessesimmenses que David laissa à Salomon pour la construction du temple; Description du temple de Salomon; De la situation du pays d’Ophir; Remarques surla destruction de l’armée de Sennachérib; Réflexionssur l’histoire de Cyrus; Histoire de la version des Septante; Remarques historiques et critiques sur les sectesdes Juifs; De l’origine du grand Hérode; Remarquesur le Scilo. 0. Rey.

    1. ARTINGER Johann Petrus##

ARTINGER Johann Petrus, théologien catholique, néen! 668 àlngolstadt, en Bavière, mort le 2 octobre 1729.On a de lui le Plectrum Davidicum, sive Psalmodiapractica et explanata, Ingolstadt, 1726; Of/iciumdivinum, sive methodus recitandi horas canonicas, 1727. J. Oliviéri.

1. ARTISANS (VALLÉE DES) (hébreu: Gèharasim; Septante, 'AysaSSouç), I Par., iv, 14; II Esd., XI, 35.Voir Joab 2 et Vallée des Artisans.

2. ARTISANS CHEZ LES HÉBJtEUX (hébreu: fyârâS, «celui qui entame» avec un outil le fer, la pierreou le bois, et bôsêb, «celui qui combine» pour exécuterun travail; Septante: èp^â-nr)?, téxtov, cr/vi’O); ; Vulgate: artifex, faber, operarius, opifex). Les artisans sont leshommes qui exercent un art mécanique, et, en général, ceux qui s’occupent d’un travail manuel. L’artisan travaillesoit en son propre nom, soit pour le compte d’un maître.Dans ce second cas, il est iâkir, (j.i<t8° t41; , mercenarncs, (l mercenaire.»

I. Différentes sortes d’artisans. — La Bible faitallusion assez souvent aux différents métiers des artisans; mais elle est loin de les mentionner tous, et ordinairement elle suppose connus les détails qui nous intéresseraient et les passe sous silence. Les Hébreux, avant lacaptivité et surtout avant l'époque des rois, ne s’adonnaientpas d’ailleurs à l’industrie, et les artisans proprement ditsétaient chez eux fort rares. Voici les indications généralesfournies sur ce sujet par les Livres Saints. (Pour les détails, voir les articles spéciaux.)

A) ouvriers de la terre, — ï. Cultivateur, 'ôbêd'âdâmâh, «serviteur de la terre,» comme Caïn, Gen., iv, 2; 'ÎS 'âdâmâh, «homme de la terre,» comme Noé, Gen., K, 20, ou 'îs éâdéh, «homme des champs,» comme

Ésaû. Gen., xxv, 27. Le laboureur proprement dit s’appelle 'ikkâr, «celui qui creuse» la terre. Is., lxi, 5; Jer., Ll, 23. Cf. Jacob., v, 7; Eccli., xxxviii, 26-27.

2. Pasteur, rô'êh. Ce métier se rattache au précédent.Il était commun en Palestine. Gen., xxxi, 38-40; Am., vu, 14; Luc, xv, 4, 5; Joa., x, 11, 12.

3. Vignerofl, kôrêm, du nom de la vigne, kérém, «laplante excellente.» Is., lxi, 5; Jer., iii, 16; Joël, I, 11; IV Reg., xxv, 12; II Par., xxvi, 10; Matth., xx, 1; xxi, 34-41.

B) ouvriers sur métaux.— 1. Forgeron, fyârâS barzél, a ouvrier du fer.» Tubalcaïn fut le premier qui travaillale bronze et le fer. Gen., iv, 22. «Le forgeron a le ma'âsâd( petite hache); il façonne le fer au brasier avec lesmaqqâbôt ( marteaux), il travaille d’un bras robuste, souffre la faim jusqu'à épuisem*nt; il ne boit pas et sefatigue.» Is., xuv, 12. Cf. Eccli., xxxviii, 29-31; I Reg., xin, 20, 21.

2. Ouvrier du bronze, fyârâs nehosét. On trouve déjàmention, dès le temps du séjour dans le désert du Sinaï, de ceux qui travaillent ce métal. Exod., xxvii, 2, 3, etc.Leur industrie était importante, parce que le bronze futlongtemps le plus commun des métaux employés pourfabriquer les outils et les ustensiles de ménage. Pratiquement, ils ne se distinguaient pas des forgerons. III Reg., vu, 14; II Par., xxiv, 12. Us exerçaient en même tempsl'état d’armurier, parce que chez les Hébreux, commechez les Philistins et les autres peuples de l'époque, laplupart des armes offensives et défensives étaient en bronze, sauf parfois les pointes de lances. I Reg., xvii, 5-7; II Reg., xxii, 35. Quand Nabuchodonosor se fut emparé de Jérusalem, il eut soin d’emmener en captivité les ouvriers quiauraient pu fabriquer des armes à l’usage de la populationlaissée en Palestine, particulièrement le forgeron et lernasgêr, sorte de serrurier ou d’autre ouvrier travaillantle fer et le bronze. II (IV) Reg., xxiv, 14, 16; Jer., xxiv, 1.

3. Orfèvre, sorêf, «celui qui liquéfie» le métal. Jud., xvii, 4; Is., XL, 19; Prov., xxv, 4, etc. Ses principaux instruments sont nommés dans la Bible: le creuset, mâferêf, Prov., xvii, 3; xxvii, 21; le soufflet, màpuah, Jer. vi, 29; l’enclume, pâ'as, et le marteau, pattîs, Is., xli, 7; lespinces, mélqâfjiaîm, Is., vi, 6; le ciseau ou burin, fyérét.Exod., xxxii, 4; Is., viii, 1. L’art de l’orfèvre fut d’ungrand emploi dans la fabrication des vases sacrés et dansla décoration du tabernacle, de l’arche et du temple. Béséléel eut grâce d'état pour exécuter les pièces d’orfèvreriequi ornèrent le tabernacle. Exod., xxxvii, 1. Les orfèvresfurent aussi les grands fabricants d’idoles, depuis l’argentier qui façonna un dieu à l’usage de Micha, Jud., xvii, 4, jusqu'à ceux dont les prophètes stigmatisèrentl'œuvre impie. Is., xl, 19; xliv, 11; Sap., xiii, 11, etc.Enfin ils étaient fort occupés pour suffire aux exigencesde la parure féminine, qui comportait une grande variétéde bijoux. Is., iii, 18-23.

C) ouvriers sur sois. — 1. Charpentier, foc «'êfîm, «ouvrier des bois,» travaillant les bois pour la charpente, la menuiserie, la charronnerie, l'ébénisterie, etc. Le charpentier a en main le crayon à tracer, èéréd; la corde àmesurer, qâv; le compas, mefyûgâh; le ciseau, màqsû'âh, Is., xliv, 13; la hache, garzén, Is., x, 15, ou qârdom,

I Reg., xiii, 20; la scie, massôr, Is., x, 15, et le marteau, maqqâbâh, III Reg., vi, 7, ou halmûf, Jud., v, 26.

2. Sculpteurs sur bois. Ils apparaissent surtout à titrede fabricants d’idoles. Is, xl, 20; xliv, 13; Sap., xiii, 11-16.

D) ouvriers de coustruction.— 1. Maçons, godrîm,

II (IV) Reg., xii, 13 (12). — Ils sont aussi appelés giblim, «gens deGébal,» ville delà côte phénicienne, parce queles hommes de cette localité étaient habiles maçons enmême temps qu’excellents marins. I (III Reg.), v, 18; Ezech., xxvii, 9. Les maçons se servaient de la scie àcouper les pierres, megêrâh, Il Sam. (II Reg.), xii, 31; 1 (III Reg.), vii, 9; et de la perche à mesurer, qànéh,

Ezech., xl, 3, 5. Dans Amos, vii, 7, la Vulgate parlede truelle; mais le texte hébreu porte 'ânâk, «plomb.» Ces artisans employaient la chaux, sid, Is., xxxiii, 12; Am., ii, 1, et un enduit, fâfèl, pour crépir ou blanchir lesmurailles. Ezech., xiii, 10; Matth., xxiii, 27. Les maçonsphéniciens furent associés aux maçons hébreux pour laconstruction du temple de Salomon; les uns et les autresétaient en même temps tailleurs de pierre. III Reg., xvii, 18.

E) ouvriers de L’alimentation. — Il est question dansOsée d’un 'ôfèh, «celui qui fait cuire,» soit boulanger, soit cuisinier. Ose., vii, 4. Les gens de ce métier ne pouvaient se trouver que dans les villes, parce qu’ailleurschaque famille cuisait pour son usage. Jérémie mentionne à Jérusalem une place ou rue des Boulangers, hûshâ'ôfîm, Jei xxxvii, 21 (hébr.). Josèphe appelle «valléedes Fromagers», xupowoiwv, la vallée qui traversait Jérusalem du nord au sud. Bell, jud., V, iv, 1. C’est là sansdoute qu’on travaillait le laitage à l'époque des Jébuséens.

F) OUVRIERS DU VÊTEMENT, DES USTENSILES, DE LA TOILETTE, etc. — 1. Tisserand, 'ôrêg. Ce métier, plus ordinairement exercé par les femmes, l'était aussi quelquefoispar les hommes. On y employait le fuseau, kîsôr ou pélék, Prov., xxxi, 19; l’ensouple ou rouleau, mentir 'orgîrn, I Reg., xvii, 7; II Reg., xxi, 19; la broche, yâtêd, Jud., xvi, 14; la navette, 'érég. Job, vii, 6. Les Hébreux avaientappris en Egypte les arts du tissage, de la broderie et de

4a teinture, et ils s’en servirent pour travailler à l’ornementation du tabernacle et à la confection des vêtementssacrés. Exod., xxv, 4, 5; xxxv, 25, 26, 35, etc. Il y avaitdu resle des familles au sein desquelles se transmettaientles procédés propres au métier. I Par., iv, 21.- Dans chaqueménage on filait et on tissait, Prov., xxxi, 13, et parfoisle luxe réclamait un grand raffinement dans les étoffes.IV Reg., xxiii, 7; Ezech., xvi, 16.

2. Foulon, kôbês, pour l’apprêtage des étoffes neuveset le nettoyage des anciennes. Mal., iii, 2; Marc, ix, 2. Ily avait un champ du Foulon près de Jérusalem. Is., vii, 3; xxxvi, 2; IV Reg., xviii, 17.

3. Tanneurs. Il est question de leur travail dans laconstruction du tabernacle. Exod., xxv, 5; xxvi, 14, etc.Les Actes, IX, 43, parlent d’un corroyeur de Joppé, nomméSimon, chez lequel saint Pierre logea assez longtemps.

4. Potier, yôsêr. Cette industrie était très ancienne chezles Hébreux, I Par., iv, 23, et elle se perpétua jusqu’auxtemps évangéliques. Jer., xviii, 4; xix, 1; Eccli., xxxviii, 32-34; Matth., xxvii, 7, 10.

5. Faiseurs de tentes, <sx» ]vo7roioi. C'était le métierexercé par saint Paul. Act., xviii, 3.

6. Parfumeur, rôqêafy. Les Hébreux avaient appris cetteindustrie en Egypte, car il est déjà questionne parfumeursau désert. Exod., xxx, 25, 35. Les femmes s’occupaientaussi de la préparation des parfums. IReg., viii, 13. Lesparfumeurs composaient leurs produits pour l’usage desvivants, Eccle., vii, 2; x, 1; Matth., xxvi, 7, et pour l’ensevelissem*nt des morts. II Par., xvi, 14; Joa., xix, 40. Ilsétaient en même temps pharmaciens. Eccli., xxxviii, 7.

7. Barbier, gallâb. Ézéchiel, v, 1, en fait seul mention.

8. Graveurs. «Ceux qui exécutent la gravure des cachetss’occupent à varier leurs figures; ils mettent tout leur cœurà reproduire la peinture et ne songent qu'à parfaire leurouvrage.» Eccli., xxxviii, 28; xlv, 13.

IL Condition des artisans. — 1° Le travail manuel. —Imposé à l’homme innocent comme agréable occupation, Gen., ii, 15, il devint pénible à la suite du péché. Gen, , m, 17. Aussi «l’ouvrier mercenaire soupire après la finde sa journée», et il est heureux quand elle est terminée. Job, vii, 2; xiv, 6. Dans les anciens temps, letravail manuel paraît avoir été le lot exclusif des esclaveset des artisans. Pendant la captivité, chacun dut pourvoirà sa subsistance, à l'étranger, par le travail de ses mains.Aussi, au retour, devint-il de règle de faire apprendre unmétier manuel à chaque enfant. On lit dans le Talmud: «Au père incombe la tâche de circoncire son fils, de lui 1047

ARTISANS CHEZ LES HÉBREUX — ARTOP^US

4043

apprendre la loi et de lui enseigner un état.» Tosaphot inKidduschin, c. 1. «Quiconque n’enseigne pas un état àson fils, c’est comme s’il lui enseignait le brigandage.» Talm. de Babyl. Kidduschin, 29 a, 30 b. Voir Stapfer, La Palestine au temps de Notre-Seigneur, p. 142. «C’estune belle chose que l'étude de la loi, avec une industrieterrestre par laquelle on se procure son entretien.» PirkeAboth, 2, 2. Le livre ajoute que cette étude et cette industrie font éviter le péché. C’est pour se conformer à cetusage national, si humblement suivi par Notre-Seigneurlui - même, que les Apôtres, et particulièrement saintPaul, travaillèrent de leurs mains. Act., xviii, 3; xx, 34; I Cor., iv, 12; I Thess., ii, 9; II Thess., iii, 8. Il y avaitcependant certains métiers moins honorés ou plus rudes, comme ceux d'ànier, de chamelier, de batelier, etc., qu’ilétait recommandé d'éviter. Kidduschin, 30a, 82a.

2° Groupements d’artisans. — La «vallée des Artisans», I Par., iv, 14; II Esdr., xi, 35, au nord et à proximité de Jérusalem, suppose un groupement analogue àcelui de la «vallée des Fromagers». Il est aussi parlédes «familles de la maison où se travaille le byssus», ce qui permet de croire à l’existence d’une sorte de filature célèbre dans les anciens temps, I Par., IV, 21; il estjencore question de potiers habitant à Neta'ïm (Vulgate: Plantations) et à Gédéra (Vulgate: les Haies), I Par., IV, 23, où ils trouvaient l’argile nécessaire, à leur industrie. Sousles rois apparaissent des groupements plus ou moins considérables d’ouvriers aux ordres du prince. Samuel, quisait ce qui se passe dans les monarchies, avertit ses compatriotes que le roi prendra leurs serviteurs, leurs servanteset leurs meilleurs jeunes gens, et les fera travailler pourlui; que de leurs fils il fera ses soldats, ses laboureurs, ses moissonneurs, ses armuriers et ses charrons; de leursfilles ses parfumeuses, ses cuisinières et ses boulangères.

I Reg., viii, 12-16. David avait ses cultivateurs, ses vignerons, ses pasteurs, ses employés de toutes sortes, avecdes intendants à leur tête. I PaK, xxvii, 25-31. Les grandstravaux entrepris par Salomon nécessitèrent une organisation ouvrière habilement combinée. David avait réuniun très grand nombre d’artisans, tailleurs de pierres, maçons, charpentiers, orfèvres, forgerons, etc., I Par., xxii, 15, 16, en vue de la construction du temple. Salomon employa 70000 porteurs de fardeaux et 80000 tailleurs de pierres, à la tête desquels il plaça 3600 contremaîtres. HPar., ii, 2, 18. Il enrôla aussi 30000 charpentiers pour travailler dans le Liban, conjointement avec lesouvriers d’Hiram; il les envoyait au Liban tour à tour, 10000 chaque mois, de sorte qu’ils étaient deux moisdans leurs maisons. III Reg., v, 13, 14. Un système analogue de service alternatif est en usage aujourd’hui pourla garde des phares situés en mer. Ces immenses travauxdurèrent sept ans. Pendant treize autres années, Salomonemploya de nombreux ouvriers à la construction de sonpalais. -III Reg., vii, 1. Il fit aussi exécuter de grands travaux d’utilité publique. III Reg., ix, 15, 17-19; II Par., vin, 2, 4-6. Du temps de Joas, on retrouve des charpentiers et des maçons travaillant dans la maison duSeigneur, sous la direction de leurs chefs. IV Reg., xii, 11;

II Par., xxiv, 12. Ils sont encore là du temps de Josias.IV Reg., xxii, 5-6; II Par., xxxiv, 11, 17. Les grandstravaux recommencèrent sous Zorobabel et sous Hérode, mais l’Ecriture ne fournit pas d’indications sur l’enrôlement des ouvriers à ces deux époques.

3° Le salaire des artisans. — À l’origine, le salaire sepayait en nature. Gen., xxx, 32. La loi mosaïque exigeaitque le salaire fût justement payé à celui qui avait travaillé. Aussi quand, au début de l’année sabbatique, onrendait la liberté à l’Hébreu qui s'était engagé commeesclave, on était obligé de lui compter un salaire pour toutle travail qu’il avait fourni. Lev., xxv, 40; Deut., xv, 13, 18.Même l'étranger réduit en esclavage devait être rémunéré, et pouvait se racheter avec le prix de son travail. Lev., xxv, 50. Ceux qui se louaient à l’année étaient sans doute

nourris chez le maître qui les employait, et payés à la finde leur service. Cf. Is., xvi, 14; xxi, 16. Les artisans libresrecevaient leur salaire à des époques très rapprochées.Quand l’ouvrier était pauvre, la loi ordonnait même dele payer le soir de la journée, avant le coucher du soleil.Lev., xix, 13; Deut., xxiv, 14, 15; Tob., iv, 15; Matth., xx, 2, 8. Il était expressément défendu de frauder l’ouvrier. Lev., xix, 13; Eccli., vii, 22. L’injustice à son égardpouvait être assimilée à l’homicide, Eccli-, xxxiv, 27, puisque la vie de l’artisan dépendait de son sahire. Prov., xvi, 26. Aussi Dieu devait-il prendre en main la cause del’artisan lésé dans ses droits. Job, xxxi, 39; Mal., iii, 5; Matth., x, 10; Luc, x, 7; I Tim., v, 18; Jacob., v, 4. LaBible ne fournit aucun renseignement sur la quotité dusalaire. Nous voyons seulement, dans le Nouveau Testament, qu’un vigneron recevait un denier pour une journée de travail. Matth., xx, 2. À l'époque impériale, ledenier valait 1 fr. 07. Si l’on tient compte de la facilitéde la vie en Palestine au I er siècle, un denier équivalaitlargement au salaire que reçoit un ouvrier ordinaire denos jours, surtout à la campagne. Voir Salaire.

'4° Remarques morales sur les artisans. — Chaqueouvrier doit s’appliquer à son métier. Eccli., xxxvii, 13, 14.S’il travaille et est économe, il sera heureux, Eccli., XL, 18; il ne s’enrichira pas, s’il est ivrogne. Eccli., xix, 1. Malheureusem*nt les mauvais ouvriers n’ont jamais manqué.Phil., iii, 2. Voici en quels termes Jésus, fils de Sirach, détermine le rôle social et la dignité morale de l’artisan.Après avoir montré comment le laboureur, le charpentier, le constructeur, le graveur, le forgeron, le potier, en un mot tous les "artisans, sont trop occupés de leurstravaux pour avoir le loisir d’acquérir la science du lettré, il ajoute: «Tous ceux-là attendent leur vie du travail deleurs mains, et chacun d’eux a l’habileté propre à sonmétier. Sans eux tous, on ne bâtirait aucune ville, on n’yhabiterait pas, on n’y voyagerait pas. Toutefois ils ne sefont pas remarquer dans l’assemblée, ils ne prennent pointplace sur le siège du juge, ils ne comprennent pas la loiqui préside au jugement, ils n’enseignent pas la doctrineni la justice, et on ne les trouve pas là où sont les paraboles(c’est-à-dire là où se débitent les propos subtils et savants). Mais ils sont les soutiens des choses du temps, etleur prière se rapporte aux travaux de leur métier. C’està quoi ils appliquent leur âme, en s’efforçant de vivreselon la loi du Très -Haut.» Eccli., xxxviii, 35-39. D’aprèscette théorie sociale, qui est l’expression même de la penséede l’Esprit -Saint, le rôle de l’artisan se réduit donc à deuxchoses: s’appliquer aux devoirs de son état, aussi indispensable à la société que la sagesse des esprits supérieurs, et vivre conformément à la loi divine. Ainsi se préparepour l’artisan la possession de cette vie meilleure, où il n’ya d’autre distinction que celle des mérites acquis ici-bas.

H. Lesêtre.

1. ARTOP./EUS Johannes Christopher, nom gréciséde Becker ('aptroirotdç, «boulanger» ), historien protestant, né à Strasbourg, en 1626, mort dans cette ville le21 juin 1702. Il se voua à l’enseignement avec succès, lumen académies patries, dit Fabricius, et fut chanoinedu chapitre de Saint-Thomas. Il prit part à la publicationdu Compendium historiée ecclesiasticee, in usum gymnasii gothani, in-8°, 1666. — Parmi ses thèses et dissertations, dont Audifreddi donne la liste dans sa Bibliotheca Cassinatensis, on remarque le Meletema historicum, quod narratio de Judith et Holoferne non historia sil?sed epopseia, in-4°, Strasbourg, 1694, qui fut réfuté parBernard de Monfaucon dans La vérité de l’histoire deJudith, in-12, Paris, 1696. Voir Io. Alb. Fabricius, Bibliotheca grseca, édit. de 1752, 1. iii, c. xxix, p. 742.

J. Oliviéri.

2. ARTOP^SUS Petrus, en allemand Becker, commentateur^ luthérien, né eii 1491, à Côslin, en Poméranie, mort en 1563. Il étudia les langues et la théologie à l’université de Wittemberg, et devint ministre protestant de la 1049

ARTOPEUS — ARVADIEN

1050

principale église de Stettin. C'était un ami d’Osiander.Parmi ses ouvrages on remarque une Biblia Veteris etJVodï Teslamenti, et historié, arliflciosis picturis effigiata, cum explicatione latine et germanice, in- 8°, Francfort, 1557; Evangelicx conçûmes Dominicarumtotius anni, in-8°, Francfort, 1537, ouvrage mis à l’Index par Pie IV. Voir Pantaleon, Prosopographia heroumet illustrium virorum totius Germanise, Bâle, 1565; Gesner, Bibliotheca Gesneri in epitomen redàcta, Zurich, 1863, qui mentionne du même auteur quelques autresouvrages d'érudition biblique. J. Oliviéri.

    1. ARUBOTH##

ARUBOTH (hébreu: 'Ârubbôt; Septante: 'Apa6<16), la troisième des circonscriptions territoriales qui, sousSalomon; devaient tour à tour, pendant l’année, subvenirà l’entretien de la table royale. III Reg., IV, 10. L’officierqui était chargé d’y lever les impôts s’appelait Benhésed, ayant dans son ressort «; Socho et toute la terre d'Épher».De la mention de Socho nous pouvons conclure que cedistrict appartenait à la tribu de Juda. Mais il existait deuxvilles de ce nom: l’une dans la plaine, citée entre Adullam et Azéca, Jos., xv, 35, et généralement identifiée avecKhirbet Schoueikéh, localité située au nord-est de BeitDjibrin; l’autre dans la montagne, Jos., xv, 48, et dontl’emplacement est également connu sous l’appellation deSchoueikéh, au sud-ouest d"Hébron. De laquelle des deuxs’agitil ici? On ne sait au juste. Nous serions plus tentéd’y voir la première. En effet, «la terre d'Épher» ne serapporte évidemment pas à la Geth-Hépher de Zabulon, Jos., xix, 13, mais bien plutôt à la ville chananéenne(hébreu: Ifêfér; Vulgate: Opher) citée, Jos., xii, 17, entre Taphua et Aphec. Or ces deux dernières appartenaient à la région nord-ouest de la tribu de Juda. VoirAphec 1. Aruboth aurait ainsi fait partie de la grande etfertile plaine de la Séphéla, dont les richesses devaient

être mises â contribution par Salomon.

A. Legendre.

    1. ARUCH##

ARUCH (hébreu: 'Arûk, «arrangé» par ordre alphabétique), titre d’un célèbre dictionnaire talmudique composé au XIIe siècle par rabbi Nathan ben Jéchiel, surnommé pour cette raison par les auteurs juifs Ba’al'Arûk, «l’auteur d’Aruch.» Voir Nathan ben Jéchiel.

ARUM (hébreu: Hârum, «haut;» Septante: 'Iapt’v), père d’Aharéhel et fils de Gos, descendant de Juda. I Par., iv, 8.

    1. ARUMAH##

ARUMAH ( 'Â rûmâh), forme hébraïque du nomd’une localité de la tribu d'Éphraïm appelée dans la Vulgate Ruma. Jud., rx, 41. Voir Ruma 2.

ARUSPICES. Chez les Romains, on appelait aruspices les prêtres chargés d’examiner à l’autel les entraillesdes victimes, pour en tirer des présages et prédire les événements futurs (fig. 282). Ce nom étant familier aux Latins, saint Jérôme s’en est servi pour traduire dans Daniel lemot chaldaïque gdzerin, qui désigne une classe de devinsbabyloniens, Dan., ii, 27; iv, 4; v, 7, 11. Comme gâzerînvient de la racine gezar, «couper, mettre en morceaux,» cette expression a dû rappeler naturellement au traducteur de la Vulgate les aruspices qui examinaient les victimes immolées. Voir Gazerîn. Saint Jérôme a employéencore le mot d' «aruspices», IV Reg., XXI, 6, pour rendrel’hébreu ide'ônîm, dont la signification est «ceux quisavent [l’avenir]», devins en général; et IV Reg., xxiii, 5, pour rendre l’hébreu kemârim, dont la signification est «prêtres [des faux dieux]». L’expression d' «aruspices» ne doit donc pas être prise dans sa signification propre etrigoureuse dans la traduction de la Vulgate. Voir Foie, 1°.


282. — Aruspice examinant les entrailles d’une victime. Bas-relief romain du Musée du Louvre

    1. ARVAD##

ARVAD, forme hébraïque du nom de l’ile phénicienneconnue sous le nom d’Arad. Voir Arad 2.

    1. ARVADIEN##

ARVADIEN (hébreu: hâ-'Arvàdî, avec l’article),

forme hébraïque du nom «thnique: Aradien, dans Gen., x, 18; I Par., i, 16. Voir Aradien.

ARVADITE. Voir Aradien.

    1. ARVIVO Isaac ben Mosêh##

ARVIVO Isaac ben Mosêh, rabbin de Salonique auxvi» siècle, a laissé un commentaire philosophique sur lePentateuque, fanffumôt 'El, «Consolations de Dieu,» Job, xv, 11, in-f°, Salonique, 1583, et un autre sur l’Ecclésiaste, in-4°, Salonique, 1597. E. Levesque.

1. AS (appelé aussi assis, assarius; en grec, io-dâpiov), nom de l’unité monétaire de bronze chez lès Romains.Le Nouveau Testament parle deux fois de l’iatràpcov, Matth., x, 29; Luc, xii, 6. Dans le premier passage, laVulgate rend àcraiptov par as; elle traduit les deux assorti de saint Luc par dipondium, nom de l’as double en

- As de Cnéus Pompée, Tête lanrée de Janus. — $. CN. MAG IMP ( Gneus Magma tmperator, fils du grand Pompée). Proue de navire. Devant I, marque de Tas.

Italie. Le poids, la valeur et la forme de l’as ont beaucoupvarié, suivant les époques, chez les Latins. L’as primitifdevait peser régulièrement une livre romaine (environ327 grammes). Au commencement de l’empire, du tempsde Notre-Seigneur, l’as pesait un tiers d’once, c’est-à-dire9 grammes, et valait par conséquent de 6 à 7 centimes.Il portait de face une figure de Janus, et au revers uneproue de navire (fig. 283). Notre-Seigneur dit en saintMatthieu, x, 29, que de son temps, en Palestine, deuxpassereaux se vendaient un as; et en saint Luc, XII, 6, que pour deux as on pouvait avoir cinq passereaux.

2. AS… Voir à Az… les noms propres commençant parAs qui ne se trouvent pas ici à leurs places respectives, les noms en As étant écrits par Az dans diverses éditionsde la Vulgate.

A

ASA, hébreu: 'Asâ', «médecin.» Nom d’un roi deJuda et d’un lévite.

1. ASA (Septante: 'A<r<x), troisième roi de Juda depuisla séparation des dix tribus, fils et successeur d’Abia., monta sur le trône la vingtième année du règne de Jéroboam, roi d’Israël, III Reg., xv, 9-10; II Par., xiv, 1; cf. Matth., i, 7-8, et régna pendant quarante et un ans(955-914), pendant lesquels il vit se succéder sur le trôned’Israël Jéroboam I er, Nadab, Baasa, Éla, Zambri, Amriet Achab. Pieux autant que son père avait été irréligieux, il avait été donné par Dieu au peuple de Juda, malgré lesimpiétés des règnes précédents, III Reg., xiv, 22-24; xv, 3; II Par., xii, 14, «à cause de David,» pour resplendir «comme un flambeau», III Reg., xv, 4, c’està-dire pour relever la gloire de Jérusalem et du royaume.Les trois années du règne d’Abia avaient été agitées parune guerre presque sans trêve contre Israël, II Par., xiii, 2; Asa, par sa prudence, sut maintenir pendant dix ans unepaix dont il profita pour fortifier le pays, en reconstruisant les places fortes que Sésac avait ruinées, II Par., xii, 4, et se constituer une armée considérable, composée

de 580000 guerriers, dont 300000, pris en Juda, portaientle grand bouclier (sinnâh) et la lance, et 280000, prisen Benjamin, étaient armés du petit bouclier (màgèn).III Reg., xv, 23; II Par., xiv, 1-8. Cette paix fut interrompue par l’invasion du roi d’Egypte et d’Ethiopie Zara, conduisant une formidable armée d'Éthiopiens (un milliond’hommes et trois cents chars de guerre, d’après le texteactuel). II Par., xiv, 9-10; xvi, 8. Asa, mettant toute saconfiance en Jéhovah, s’avança résolument à sa rencontre, et, après l’avoir défait dans la vallée de Séphata, près dela place forte de Marésa, dans la plaine de Juda, Jos., xv, 44, il le poursuivit jusqu'à Gérare, et avec tant de succès, quel’armée de Zara fut anéantie, laissant aux mains du vainqueur un immense butin. II Par., xiv, 13.

Asa, soit avant, soit après cette expédition, s’occupaavec zèle de la réforme religieuse et de la restaurationdu culte divin. L’idolâtrie, introduite en Juda par sesancêtres, avait trouvé une ardente propagatrice dans lareine mère Maacha, fille ou bien petite - fille, II Reg., xiv, 27, d’Absalom, probablement grand’mère d’Asa etnon sa mère. III Reg., xv, 2. Cette femme, qui avaitconservé à la cour d’Asa le rang et les attributions dontelle jouissait sous le règne précédent, usait de toute soninfluence pour propager le culte d’Astarté. II Par., xv, 16.En l’honneur de cette déesse, elle avait institué toutessortes d’usages et de symboles détestables, dont la naturen’est pas bien précisée (hébreu: elle avait fait un mifléséf, — c’est-à-dire un symbole idolâtrique, et, selon quelquesuns, un symbole honteux, — pour V'àsêrâh ou statue debois d’Astarté); toutes choses qu’Asa fit disparaître, aussibien que les autres statues et autels de divinités étrangères, les stèles (massêbôf) et colonnes (liammânim) enl’honneur de Baal, le dieu-soleil, III Reg., xiv, 23;

II Par., xiv, 4; cf. Exod, xxxiv, 13; Lev., xxvi, 30, etla plupart des bois sacrés et hauts lieux, excepté quelquesuns, appelés bâmôf, qui étaient consacrés à Jéhovah.

III Reg., xv, 14; II Par., xv, 17. Car cet usage, non autorisé par la loi, s'était introduit de multiplier les autelsen l’honneur de Dieu, comme on l’avait fait avant laconstruction du temple, 1Il Reg., iii, 2; xxii, 44, et d’yoffrir des sacrifices ou d’y brûler de l’encens. Asa, soitpar faiblesse, soit pour éviter un plus grand mal, les laissadonc subsister; et s’il se montra impitoyable à l'égard dela statue d’Astarté, qu’il mit en pièces et dont il brûla lesfragments dans le torrent du Cédron, III Reg., xv, 13; II Par., xv, 16; s’il fut sévère à l'égard de Maacha, qu’ildestitua de sa dignité, III Reg., xv, 13, il semble avoir étéindulgent pour "quelques hauts lieux même idolâtriques, puisque Josias, plus énergique que lui, est loué pour enavoir détruit plusieurs, que Salomon avait consacrés àAstàroth, à Chamos et à Melchom, sur le mont des Oliviers. IV Reg., xxiii, 13.

Dans ses réformes, Asa était guidé par un profond sentiment de sa royauté théocratique et des droits souverains deJéhovah. Et non content d’avoir écarté ces profanationssacrilèges, il restaura avec un «cœur parfait», III Reg., xv, 14, le culte divin, d’abord en enrichissant le trésor dutemple, vide depuis l’invasion de Sésac, III Reg., xiv, 26, de tout le butin fait par son père sur Jéroboam, II Par., xiii, 16-19; xv, 18, et de celui qu’il avait fait lui-mêmesur les Éthiopiens. III Reg., xv, 15; cf. II Par., xiv, 13-15.Puis il voulut que Jérusalem redevînt le centre religieuxde Juda, et pour favoriser ce mouvement il rétablit ourestaura, devant le portique du temple, l’autel des holocaustes, détérioré et peut-être profané par le culte desidoles. II Par., xv, 8. Les Juifs répondirent à cet appel, et même beaucoup d’Israélites, malheureux dans leur payset frappés de voir combien le Seigneur était avec Asa, II Par., xv, 9, vinrent s'établir en Juda.

Tout était préparé pour une rénovation solennelle etpopulaire de l’antique alliance du peuple avec Jéhovah.îos., xxiv, 14-25. Dieu la provoqua lui-même en envoyant àAsa un prophète, uniquement connu par ce passage, II Par.,

XV, 1-8, Azarias, fils d’Oded, qui, abordant le roi, lui rappela que l’alliance théocratique était un élément constitutif du royaume: «Jéhovah a été avec vous parce quevous avez été avec lui,» II Par., XV, 2, et dans un tableauprophétique lui découvrit les malheurs réservés à sonpeuple le jour où il romprait ce pacte. Asa écouta avecrespect, et, encouragé par ce message, il s’appliqua plusque jamais à la destruction de l’idolâtrie. Bientôt il convoqua le peuple à la rénovation de l’alliance théocratique.C'était le troisième mois de la quinzième année du règned’Asa. II Par., xv, 10. Après un sacrifice solennel desept cents bœufs et sept mille moutons, réservés sansdoute de l’immense bétail pris sur Zara, II Par., xiv, 15, le peuple, à la suite d’Asa, prit l’engagement «de chercher le Seigneur Dieu de ses pères de tout son cœur et detoute son âme», II Par., xv, 12-15, tandis que la fanfaredes cors et des trompettes portait au loin l'écho de cettegrande manifestation.

Peu de temps après, peut-être l’année suivante, leRoyaume d’Israël, qui jusque-là avait vécu en paix avecJnda, entra en hostilités. Il y a manifestement une altération de chiffres dans le passage du second livre desParalipomènes qui fixe cette guerre à la trente-sixièmeannée du règne d’Asa, II Par., xv, 19; xvi, 1, puisqued’après III Reg., xvi, 8, Baasa, le roi d’Israël qui fit cetteguerre, mourut la vingt - sixième année du règne d’Asa.C’est donc «la quinzième» et «la seizième année» qu’ilfaut lire, au lieu de «la trente-cinquième» et de «la trentesixième». Cette guerre fut poussée avec vigueur parBaasa, qui, franchissant la frontière, s’avança jusqu'àdeux lieues de Jérusalem, s’empara de Rama, clef dupassage de Juda en Israël, la fortifia et coupa ainsi toutecommunication par le nord avec la capitale de Juda.III Reg., xv, 27; II Par., xvi, 1. Asa n’osa pas, en facede l’armée d’Israël, compter sur Dieu, comme il l’avaitfait en face de l’innombrable multitude des Éthiopiens: ses vues étaient devenues plus humaines, sa foi moinsferme. Il préféra au secours de Jéhovah celui des Syriens, dont le royaume, depuis Razon, III Reg., xi, 23-24, avait prospéré, tant au point de vue militaire que commercial. Bénadad, lié jusque-là à Israël par un traité, serendit facilement à la demande d’Asa et à ses présents, pour lesquels on avait épuisé le trésor du temple et celuidu roi. III Reg., xv, 18. Il voyait là d’ailleurs une occasion très favorable de tirer parti de son travail d’organisation militaire et d'étendre sa domination. C’est pourquoi, sans tarder, il entra en campagne en faveur d’Asa, et, se jetant sur Israël, il força Baasa à lâcher Rama, qu’Asa occupa aussitôt. Il fit plus que l’occuper: à l’aided’une réquisition universelle de tous les hommes validesde Juda, il la démantela, et avec les matériaux de construction fortifia Gabaa de Benjamin et Maspha, deuxplaces qui dès lors devenaient pour Jérusalem un rempartassuré contre l'éventualité d’une nouvelle invasion du côtédu nord. III Reg., xv, 18-22; II Par., xvi, 2-6. Jérémienous apprend qu’Asa avait fait construire à Maspha unegrande piscine, afin de l’approvisionner d’eau. Jer., xli, 9.

Le recours d’Asa aux Syriens n'était pas seulement unacte de défiance à l'égard de Dieu, mais encore une violation sacrilège de la constitution théocratique de Juda, que Dieu reprocha sévèrement au roi, par la bouche duprophète Hanani, II Par., xvi, 7-9, lui annonçant en mêmetemps des guerres sanglantes, en punition de son infidélité. Malheureusem*nt le cœur d’Asa s’endurcit, et, rebelleà l’avertissem*nt de Dieu, il entra en fureur, fit saisir le-prophète, qu’il condamna au cruel supplice des entraves, II Par., xvi, 10; cf. Jer., xx, 2; xxix, 26, tandis qu’il faisaitmourir à cette occasion plusieurs de ses sujets. Cet actede brutale tyrannie fut une tache sur le règne d’Asa, jusque-là si glorieux. Ceu fut d’ailleurs le dernier trait.Les guerres prédites par le prophète, II Par., xvi, 9, n’eurent pas lieu pendant les dernières années d’Asa, bienque la paix ne semble pas avoir été désormais solide du

côté d’Israël. III Reg., xv, 16. La trente-neuvième annéede son règne, il fut pris de douleurs de pieds très violentes, probablement de la goutte, III Reg., xv, 23; II Par, , xvi, 12, et il mit trop sa confiance dans l’art desmédecins, pas assez dans le secours de Dieu. Les parolesdu texte sacré, II Par., xvi, 12, donnent à entendre quel’affaiblissem*nt du sentiment religieux déjà signalé persistait dans le cœur du roi, bien qu’il demeurât fidèleau culte divin et fut toujours très éloigné de l’idolâtrie.Asa mourut après deux ans de cette maladie, et futenseveli avec magnificence, II Par., xvi, 14, dans le tombeau que, selon la coutume, il s'était fait préparer dansJérusalem, auprès de ses pères. III Reg., xv, 24; II Par., xvi, 14. Son fils Josaphat lui succéda. P. Renard.

2. ASA (Septante: 'Ouo-â; Codex Alexandrinus: 'A<ra), père ou ancêtre de Barachie, lévite qui, après la captivité, habitait un des hameaux dépendant de Nétophah, aux environs de Bethléhem. I Par., ix, 16.

ASAA. Officier du roi Josias, II Par., xxxiv, 20, nommé ailleurs Asaia. Yoir Asau 1.

    1. ASAËL##

ASAËL, hébreu: 'Aèah'êl, «Dieu a fait, créé;» Septante: 'AsarjX. Nom de cinq Israélites.

1. ASAËL, le plus jeune des trois fils de Sarvia, sœur deDavid. Le seul fait que la Bible raconte de lui est un traitde bravoure qui lui coûta la vie. Avant d’en faire le récit, l’historien sacré a soin de dire qu’Asaël «était extrêmement agile à la course, pareil aux gazelles qui vivent dansles bois». II Reg., ii, 18. L’agilité à la course était, eneffet, une des qualités physiques les plus prisées desanciens, à cause surtout des services qu’elle rendait à laguerre: le principal héros de l’Iliade est Achille «auxpieds légers»; le dictateur Papirius fut honoré du surnomde Cursor, parce que, au rapport de Tite Live, Hist.rom., IX, 16, «aucun homme de son temps ne pouvait levaincre à la course.» Cette agilité d’Asaël lui fut funestele jour où, commandée par ses deux frères aînés, Joabet Abisaï, l’armée de David battit à Gabaon les troupesd’Abner, général d’Isboseth. Au moment de la déroute, il s’attacha aux pas d’Abner, et le serra de si près quecelui-ci, malgré son désir de ne pas encourir la haine deJoab en tuant son frère, dut prendre l’offensive et frapperAsaël. Le jeune guerrier tomba mort sur le coup. II Reg., n, 19-23. Voir Abner.

C’est avec une visible sympathie que l’auteur du secondlivre des Rois parle de la bravoure d’Asaël, qu’il rapported’abord le trait de courage qu’elle lui fit accomplir, puis samort, la compassion de ses compagnons, s’arrêtant devantson cadavre à mesure qu’ils passaient, et enfin la sépulturequ’ils lui donnèrent dans le tombeau de son père, à Bethléhem; il a même soin de le comptera part en faisant lerecensem*nt des soldats de David tués à Gabaon. II Reg., Il, 30. On sent qu’il était aimé et admiré., ce guerrierqui, malgré sa jeunesse, avait déjà pris place pafrni lesofficiers désignés dans l'Écriture sous le nom de sâlîsîm, (la Vulgate traduit ce mot par «trente», II Reg., xxiir, 24), et se faisait distinguer même entre les vaillants de l’arméede David. I Par., xi, 26. Le soin de venger Asaël servit deprétexte à Joab pour se débarrasser d’Abner, qui portaitombrage à son ambition; il le tua par trahison à Hébron, avec la complicité d' Abisaï, «pour venger le sang de sonfrère Asaël.» II Reg., iii, 27, 30. E. Palis.

2. ASAËL, un des lévites que le roi de Juda, Josaphat, associa aux prêtres qui devaient parcourir le pays pourinstruire le peuple de la loi du Seigneur. II Par., xvii, 8.

3. ASAËL, un des lévites préposés à la garde des dîmeset des offrandes faites au temple, sous les ordres de Chonénias et de Séméï, au temps d'Ézéchias. II Par., xxxi, 13.

4. ASAËL (Vulgate: Azahél), père de Jonathan, unde ceux qui avec Esdras recherchèrent les Israélites quiavaient épousé des femmes étrangères pendant la captivité. I Esdr., x, 15. Voir Azahel.

5. ASAËL (Septante: 'A<71ri>.; omis dans la Vulgate), de la tribu de Nephthali et ancêtre de Tobie. Tob., i, 1.

    1. ASAIA##

ASAIA, hébreu: 'Âsâyâh, «Jéhovah a fait, créé;» Septante: 'Aaatoe. Nom de quatre Israélites.

. ASAIÂ, officier du roi Josias, un de ceux qui furentenvoyés vers la prophétesse Holda, pour la consulter surle livre de la Loi trouvé dans le temple. IV Reg., xxii, 12, 14. La Vulgate, II Par., xxxiv, 20, le nomme Asaa.

2. ASAIA, chef d’une des familles de la tribu de Siméon, qui sous le règne d'Ézéchias chassèrent de Gador les pasteurs chananéens. I Par., iv, 36,

3. ASAIA, lévite, sous le règne de David, chef de lafamille de Mérari. Il prit part à la translation de l’archede la maison d’Obédédom à Jérusalem. I Par., VI, 30, " xv, 6, 11.

4. ASAIA, de la postérité de Juda et de la branche deSéla. Il fut des premiers à habiter Jérusalem avec safamille au retour de la captivité. I Par., îx, 5.

    1. ASALELPHUNI##

ASALELPHUNI (hébreu: Hasselélpônî, «l’ombre quime regarde, fixe [?];» Septante: 'E<r/)), e6êa>v), sœur desfils d’Etham, de la postérité de Juda. I Par., iv, 3.

ASAN (hébreu: 'Aëân; Septante: 'Acrctv, Jos., Xix, 7; I Par., vi, 59 (hébr.: 44); 'Aî<rap, I Par., iv, 32), villede la tribu de Juda, mentionnée après Labana et Èther, Jos., 15, 42; assignée plus tard à la tribu de Siméon.Jos., xix, 7; I Par., iv, 32. Elle est donnée comme villesacerdotale, I Par., vi, 59; mais il est bon de remarquerque, dans ce passage, elle occupe la même place que 'Aindans la liste de Josué, xxi, 16. On la reconnaît généralement aussi dans une des villes auxquelles David, revenuà Siceleg après sa victoire sur les Amalécites, envoya desprésents. I Reg., xxx, 30. Citée entre Arama et Athach, elle est appelée Kôr-'Asân ( «fournaise fumante,» d’aprèsGesenius, Thésaurus, p. 672); mais la Vulgate, avec lesanciennes versions et plusieurs manuscrits hébreux, a luBar 'Âsân, «la citerne d’Asan.»

Son emplacement n’est pas facile à déterminer. D’aprèsJos., xv, 42, elle se trouvait dans la troisième région dela plaine ou de la Séphéla. Or, parmi les villes du mêmegroupe, plusieurs sont bien connues, comme Nésib (BeitNasib), Geila (Khirbet Kila), Achzib (Ain el-Kezbéh), Warésa (Kkirbet Mérach), qui toutes semblent tournerautour de Beit-Djibrin (Éleuthéropolis). D’un autre côté, Asan est citée, Jos., xix, 7, et I Par., iv, 32, après Ain etRemmon, dont la dernière est bien identifiée avec Khirb’etOumm er-Roumâmin, à trois heures au nord de Bersabée. Voir Aïn 2. Cette proximité la rapproche du sud, etpar là même des localités mentionnées I Reg., xxx, 27-31, Jéther (Khirbet 'Attir), Aroêr ('Ar'ârah), Esthamo (EsSemou’a). Aussi Conder propose de la placer à 'Aséiléh, site peu distant d’Oumm er-Roumâmin, à l’est. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1876, p. 150. Mais, outre le nom, dont le rapport avec 'Asânest assez éloigné, la position elle-même offre une certainedifficulté. Aséiléh, en effet, se trouve tout près d’Anab(Khirbet Anab el-Kebir ou Anab es-Serhir) qui faisaitpartie du premier groupe de «la montagne». Jos., xv, 50.Asan, comptée parmi les villes de «la plaine», devraitdonc être cherchée plus à l’ouest, et peut - être un peuplus au nord, entre Rimmon et Beit-Djibrin. Eusèbe etsaint Jérôme, parlant d' «Asan, dans la tribu de Juda»,

qu’ils distinguent d' «Asan, dans la tribu de Siméon», mentionnent un village appelé encore de leur tempsBethasan, situé à quinze milles à l’ouest de Jérusalem.Cf. Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 221, 222; S. Jérôme, Liber de situ et norninibus locorum hebr., t. xxiii, col. 871, 872. Il est probable que ce village marquaitplutôt l’emplacement d’Aséna. Voir AsÉNA- 2.

A. Legendre.

ASANA (hébreu: Has-senû'âh, «le hérissé [?],» nom avec l’article; Septante: 'Amvou), de la tribu deBenjamin, ancêtre de Salo, un des premiers habitants deJérusalem après le retour de la captivité. I Par., rx, 7.

    1. ASAPH##

ASAPH, hébreu: Âsâf, «collecteur;» Septante: 'Aaâç. Nom de quatre personnages.

1. ASAPH, un des lévites établi par David chef deschantres et des musiciens sacrés, à l'époque où l’arched’alliance fut définitivement fixée à Sion. I Par., vi, 31, 39; xvi, 4, 5, 7 et 37; xxv, 1 et 6; II Esdr., xii, 45.Fils de Barachie, Asaph descendait de Lévi par Gersom.I Par., vi, 39-43; xv, 17. D’abord préfet du second chœur, il se tenait à la droite d’Héman, président primitif de toutle collège des musiciens. I Par., vi, 39. Bientôt après, Asaph est distingué par le titre de <s chef», I Par., xvi, 5 et 7, et mentionné avant Héman et Éthan. I Par., xvi, 37, 41; xxv, 1-4, 6; II Par., v, 12; xxix, 13 et 14; xxxv, 15.Patrizi, Cent psaumes, trad. franc., p. 24, en conclut queDavid substitua Asaph à Héman, et il conjecture que cechangement eut pour cause la supériorité d' Asaph dansla poésie. Il se tenait tout proche du roi et avait ses quatrefils sous ses ordres. I Par., xxv, 2. Dès l’institution deschœurs, il sonnait des cymbales, I Par., xvi, 5, et safamille reprit cet office après le retour de la captivité,

I Esdr., iii, 10. À la dédicace du temple de Salomon, Asaph était placé à l’orient de l’autel. II Par., v, 12. Iln'était pas simple exécutant des psaumes composés parDavid, I Par., xvi, 7, etc.; il était lui-même psalmisteet poète; aussi est-il appelé «voyant», inspiré, II Par., xxix, 30, «prophète,» I Par., xxv, 2; II Par., xxxv, 15, et mentionné avec David comme auteur de cantiques.

II Esdr., xii, 45. Les légendes arabes rapportées parSchegg, Die Psalmen, Munich, 1857, t. i, p. 24, en fontle grand vizir de Salomon, le premier sa^e et le plusgrand musicien de l'époque, gouvernant les peuples avecautant d’habileté qu’il dirigeait les chœurs sacrés, l’idéalde tous les vizirs. Cf. d’Herbelot, Bibliothèque orientale, Paris, 1697, au mot Assaf, p. 132.

Les titres du psautier hébraïque lui attribuent la composition de douze psaumes, le XLixe et les Lxxiie -Lxxxii «; la version syriaque y ajoute le c. Ce sont des maskîl oupoèmes didactiques, supérieurs à ceux de David du mêmegenre; ils en diffèrent pour les pensées et les expressions, la régularité du plan et la beauté de l’exécution. Asapha moins de naturel et de charme que David, mais plusd'énergie et de doctrine; son langage est grave, sévère, quelquefois hardi et obscur. Voir Herder, Histoirede la poésie des Hébreux, trad. Garlowitz, 1845, IIe partie, chap. x, p. 502; Schegg, Die Psalmen, t. i, p. 25. Toutefois, si l’on en juge d’après le contenu, la plupart despsaumes attribués à Asaph appartiennent à une époquepostérieure à David et à Salomon. Le lxxxi» et le lxxxii 6semblent avoir été composés sous le règne de Josaphat, le lxxix 8 du temps d’Achaz, les lxxiv «, lxxv «et Lxxxedu temps d'Ézéchias; le Lxxme et le Lxxviiie se rapporteraient à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. Onne peut guère attribuer avec certitude au premier Asaphque les psaumes xlix et lxxvii. Les autres, inscrits à sonnom, sont vraisemblablement l'œuvre de quelques-uns deses descendants, héritiers de sa charge et de son inspiration.Ses fils, en effet, se distinguèrent sous Josaphat, II Par., XX, 14, sous Ézéchias, II Par., xxix, 13, et sous Josias, II Par., xxxv, 15. Au retour de la captivité, ils reprirent

an nombre de cent vingt-huit (ou de cent quarante-huit, II Esdr., vii, 45), dans le nouveau temple, les anciennesfonctions de leur famille. I Esdr., ii, 41; iii, 10; II Esdr., xi 17 et 22. Voir F. Dubois, Essai sur les auteurs desPsaumes, Strasbourg, 1834, p. 25-29; H. Lesêtre, Le livredes Psaumes, Paris, 1883, p. lvi-lvii et 340-341.

E. Mangenot.

2. ASAPH, père ou ancêtre de Johahé, qui fut l’annaliste officiel du royaume de Juda sous le règne d'Ézéchias.IV Reg, , xviii, 18, 37; Is., xxxvi, 3, 22..

3. ASAPH, lévite, ancêtre de Mathania, qui fut un despremiers à se fixer à Jérusalem après la captivité, I Par, ix, 15, et devint chef des chanteurs sous Néhémie. II Esdr., xi, 17. Asaph fut père de Zechri (hébreu: Zikrî), I Par., ix, 15, appelé par erreur de copiste «Zébédée» ( hébreu: Zabdi) dans II Esdr., xi, 17.

4. ASAPH, grand maître des forêts royales d’Artaxerxès.Néhémie obtint du roi une lettre pour se faire donner parcet officier le bois nécessaire aux constructions du templeet de la ville. II Esdr., ii, 8.

    1. ASARAMEL##

ASARAMEL (Sapaçié'A; dans plusieurs manuscrits: 'A<7<xpa[jiX), place où se tint l’assemblée dans laquelleles Juifs conférèrent pour toujours à Simon Machabée età sa postérité le titre et les fonctions de grand prêtre etde prince de la nation. I Mach., xiv, 27. Précédé de la préposition èv, iii, ce nom semble bien être un nom proprede lieu; cependant, comme il n’est mentionné qu’en ceseul endroit de l'Écriture, il a reçu diverses interprétations, dont il suffit d’indiquer les principales.

1° Quelques auteurs croient y voir une corruption dumot Jérusalem. «En effet, la deuxième et la troisièmelettre nous donnent la syllabe SA; les trois dernièreslettres, lues de droite à gauche, nous donnent LEM; etil nous reste À — RA, qui se rapproche assez de IERV.» F. de Saulcy, Histoire des Machabées, Paris, 1880, p. 276, note. Castalion traduit de même par «Jérusalem». Maisn’est-il pas inconcevable qu’un nom si connu ait étépareillement estropié?

2 J Un plus grand nombre d’interprètes y reconnaissentun nom de lieu, tout en le rapprochant de l’hébreu detrois manières différentes: — a) ni"?d nsn, hâsar Millô", «la cour ou le parvis de Mello,» dont il est parlé II Reg., v, 9; III Reg., ix, 15, 24. Telle est l’opinion de Grotius, Opéra theologica, Londres, 1679, t. i, p. 758, et de Calmet, Les livres des Machabées, Paris, 1722, p. 225. —6) Sn ny nsn, hàfar 'am 'El, «la cour du peuple de Dieu,»

c’est-à-dire le grand parvis du temple. Ewald, Geschiehtedes Volkes Israël, Gœttingue, 3e édit, t. iv, p. 438. —c) in ny nytfrt, hassa’ar 'am 'El, «la porte du peuple

de Dieu.» Cf. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1848, t. ii, p. 382.

3° D’autres commentateurs font dériver ce mot de"m ay (ou nwn) Ytf, èar (ou hassar avec l’article) 'am 'El, «prince du peuple de Dieu,» et appliquent ce titre àSimon, reconnu en même temps grand prêtre et souverain temporel. Cette explication, proposée pour la premièrefois par Wernsdorf, Convmentatio historico - critica defide historica librorum Machabœorum, Breslau, 1747, p. 176, a été adoptée par Trendelenburg, Gaab, Scholz, C. L. W. Grimm, Dos erste Buch der Makkabâer, in-8°, Leipzig, 1853. p. 214; J. Derenbourg, Essai sur l’histoireet la géographie de la Palestine, in-8°, Paris, 1867, p. 451; cf. Frd. Keil, Commentar ûber die Bûcher der Makkabàer, Leipzig, 1875, p. 230. Il est naturel, d’après cetteopinion, de trouver dès le début du décret officiel lesdeux litres. du héros machabéen, mentionnés plus loin, t- 42, 47. La version syriaque porte du reste Rabbad’Israël, «prince ou chef d’Israël,» et la préposition èvOICI. DE LA BIBLE.

n’a été ajoutée que par un copiste embarrassé. À ce sentiment, Keil, loc. cit., oppose une double objection. Pourquoi d’abord ce second titre de Simon serait-il donné enhébreu et non pas en grec comme àp-/cepé&>ç, lorsqu’onle rencontre traduit dans les autres passages, xiii, 42; xiv, 35, 41; xv, 2? Ensuite, si l’on considère la préposition Iv comme une addition maladroite, il ne faut cependant pas oublier qu’elle se trouve dans tous les manuscritsgrecs et latins. Comme on le voit, l’explication de ce mot

est encore à l'état de problème.

A. Legendre.

    1. ASARÉLA##

ASARÉLA (hébreu: 'ÂSar'êldh, «droit devant Dieu;» Septante: 'EpairçX), quatrième fils d’Asaph 1, chef de laseptième classe des chantres du temple sous David. I Par., xxv, 2. Il est appelé Isréela (hébreu: YeSar'êlâh [mêmesens]) au ꝟ. 14.

    1. ASARHADDON##

ASARHADDON (hébreu: 'Êsar-haddôn; Septante: 'AtropSàv; Canon de Ptolémée: 'AtrapfSivoç; textescunéiformes: T ►» — TJX >A^- —, Asur-ah-iddin(a), c’est-à-dire «[le dieu] Assur a donné un frère»; d’où

284. — Asarhaddon.Bas-relief près de l’embouchure du Nahr el-Kelb en Syrie.

les transcriptions corrompues: Axerdis, dans les fragments d’Abydène; Ea-/spSov6; , dans le livre de Tobie desSeptante, I, 21 et 22, et, selon plusieurs commentateursVA sénaphar de I Esdr., iv, 10, roi d’Assyrie de 681 à 668, d’après le Canon assyrien, fils et successeur de Sennachérib (fig. 284). La Vulgate l’appelle Asarhaddon, IV Reg., xix, 37; Is., xxxvii, 38, et Asor-Haddan, I Esdr., iv, 2.

Après le meurtre de Sennachérib, Asarhaddon expulsapar les armes ses frères parricides, et monta lui-même

I. — 36

sur. le trône de son père. IV Reg., xix, 37. Il habita tourà tourNinive, Calach-Nimroud et Babylone. L'événementprincipal de son règne fut la conquête de l’Egypte, qui avaitosé menacer Sennachérib, et qui disputait l’Asie occidentale aux monarques assyriens, en excitant en Palestine, en Phénicie et en Syrie, des révoltes continuelles. Dans lebut d’assurer sa sécurité durant son absence, Asarhaddoncommença par saccager la Chaldée et la Phénicie, où semontraient des velléités d’indépendance; puis il transplantaen Assyrie les Hatti (ou Phéniciens, Palestiniens etSyriens), et mit à leur place les Chaldéens prisonnierset leurs alliés, Élamites, etc., dont ses victoires et cellesde Sennachérib son père lui laissaient l’entière disposition. L'Écriture fait allusion à ces événements, I Esdr., IV, 2, 9, 10: les Babyloniens et les Erchuéens ou habitantsd'Ërech, l’Arach de la Genèse, représentent la Chaldée; les Élamites et les Dinéens appartiennent au pays d'Élam; enfin les Diévéens, les Apharséens, les Apharsatachéens, — Duua, Parsua et Partakka, dans les textes cunéiformes, — paraissent être des tribus mèdes. Quelquesauteurs, H. Gelzer, E. Schrader, Fr. Delitzsch, etc., attribuent exclusivement la transportation de tous ces peuples à Assurbanipal, fils d' Asarhaddon; mais c’est peuprobable, ces dernières populations n'étant pas mentionnées dans les inscriptions de cette époque, tandis qu’onles retrouve dans celles d’Asarhaddon ou de Sennachéribson père.

Pour s’assurer aussi de la fidélité de ceux qui échappaient à la déportation, non moins que pour donner uneautre démonstration préalable de sa puissance, Asarhaddon convoqua, probablement à l’entrée ou à l’issue d’unede ses campagnes en Egypte, ses vingt-deux tributaires, rois du pays des Hatti ( Syrie, Judée, Philistie, Phénicie, y compris les colonies phéniciennes de la Méditerranée, Chypre, etc.). Parmi ces tributaires, Asarhaddon mentionne M inasie Sar ir laudi, «Manassé, roi de la villejuive:» nous savons, en effet, par la Bible, qu'à cetteépoque ce prince avait déjà remplacé sur le trône son pèreÉzéchias. Quant à la captivité de Manassé, elle trouve saplace marquée par l’assyriologie sous Assurbanipal.

C’est alors que le roi d’Assyrie envahit l’Egypte, détenue par le conquérant éthiopien Tharaca, celui-là mêmequi avait menacé Sennachérib pendant son expédition deJudée. IV Reg., xix, 9. Après trois ou quatre campagnes(675-671) dirigées contre lui par les Assyriens, Tharacadut lâcher prise et se réfugier dans sa capitale éthiopienne, nommée Napata, tandis qu' Asarhaddon, maîtrede la vallée du Nil jusqu’au delà de Thèbes, y plaçait desgarnisons, y rétablissait une sorte de féodalité, comprenant une vingtaine de petit* États, sous l’hégémonie deNéchao I" de Sais (fondateur de la xxvi c dynastie), etprenait pour lui-même les titres de Sar Musur Sar SarraniMusur Paturisi Kûsi, «roi d’Egypte, roi des rois d’Egypte, de Thébaïde et d’Ethiopie.» — En 668, Asarhaddon remitle pouvoir à son fils Assurbanipal, et se retira à Babylone, où il ne tarda pas à mourir (667); à la mêmeépoque, l’Egypte, travaillée et reconquise par Tharaca, se soulevait de nouveau.

Voir Cuneiform inscriptions of Western Asia, t. i, pi. XLvm, 5; pi. xlv-xlvii; t. iii, pi. xv-xvi; pi. xxix, 2; 1. 6-18; Layard, Inscriptions in the cuneiform character, pi. xx-xxix; liv-lvih; Oppert, Les inscriptions des Sargonides, p. 59 et suiv.; Fox Talbot, Records of the past, t. iii, p. 109 et suiv.; Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 239 et suiv.; Budge, History of Esarhaddon, in-8%Londres, 1880; Fr. Harper, Cylinder À of EsarhaddonInscriptions, in-8°, New-Haven, 1888; Eb. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 120-152, p. 282-285; Babylonian Chronicle, dans les Records of the past, newséries, 1. 1, p. 26-29; édit. Pinches, p. 9 et 17; SchraderWhitehouse, The cuneiform inscriptions and Old Testament, t. ii, p. 17 et suiv.; Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 251-261; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. IV, p. 521et suiv.; t. ii, p. 268-275; Maspero, Histoire ancienne despeuples de l’Orient, b* édit., p. 449-457; G. Rawlinson, The five great Monarchies, t. ii, p. 185-200.

E. Pannier.

    1. ASARMOTH##

ASARMOTH (hébreu: Hâsarmâvét; Septante: 2ap(iciO). C’est le nom du troisième des treize fils de Jectan, descendant de Sem par Arphaxad, Salé et Héber. Gen., x, 26; I Par., i, 20. Les descendants de Jectan, jectanidesou qahtanides, peuplèrent la péninsule arabique. Lesfils d’Asarmoth descendirent jusqu'à la partie méridionalequi est en bordure sur l’océan Indien. Ils y trouvèrentdéjà établies des peuplades d’origine chamitique, les tribusde Sabatha, Gen., x, 7, avec lesquelles elles se disputèrentla possession du pays. Les Chamites finirent par passeren Afrique, de l’autre côté du détroit, ne laissant quequelques représentants de leur race dans la région primitivement occupée. L’antique territoire des fils de Râsarmâvêt a conservé son nom jusqu'à nos jours; il s’appelleen arabe ….'1 <ÂC T Hadramaut. Pline, H. N., vi, 28, . ennomme les habitants les «Chatramotites». L’Hadramautest borné à l’ouest par l’Yémen, au nord par le désertel-Akhaf, à l’est par le pays d’Oman, au sud par la merd’Oman et le golfe d’Aden. C’est une région torride et assezinsalubre, qui justifie jusqu'à un certain point son nom de «vestibule de la mort»; car tel est le sens du mot hébreuet du mot arabe correspondant. Le pays est en partie montagneux, et fertile en produits recherchés, la gomme, lamyrrhe et surtout l’encens. Les habitants faisaient le commerce de ces divers produits, et servaient d’intermédiairesentre l’Egypte, la Syrie, la Mésopotamie, l’Inde et l’Afrique.Leurs ports sur l’océan Indien étaient des entrepôts ouvertsaux navigateurs étrangers; car eux-mêmes ne s’aventuraient pas loin sur la mer. On ne sait rien de bien précissur l’histoire de ce peuple avant la conquête musulmane.

H. Lesêthe.

    1. ASASONTHAMAR##

ASASONTHAMAR (hébreu: Hasàsôn et Hasesôntâmâr; Septante: 'A<ro «70v6aii.ap et 'Adajav ©a[i<£p), nomprimitif, Gen., xiv, 7, et II Par., xx, 2, de la ville appeléeplus tard Engaddi, sur la rive occidentale de la merMorte. Voir Engaddi.

    1. ASBAÏ##

ASBAÏ (hébreu: 'Ezbâï; Septante: 'AÇoêaOi pèrede Naaraï, un des vaillants guerriers de l’armée de David, d’après I Par., xi, 37; mais ce nom paraît altéré. D’après, le passage parallèle, II Reg., xxiii, 35, Asbaï est poui*Arbi ou plutôt Arab, ville de Juda d’où ce guerrier étaitoriginaire (voir Arab et Arbi), et il faut lire Pharaïau lieu de Naaraï. J ^

ASBÊA'. Voir Aschbéa.

    1. ASBEL##

ASBEL (hébreu: 'ASbêl; Septante: 'Aaë-f[l, 'A<ru6rip), deuxième fils de Benjamin. Gen., xlvi, 21; Num., xxvi, 38; I Par., viii, 1.

    1. ASBÉLITES##

ASBÉLITES (hébreu: Hâ'asbêli (avec l’article); Septante: 6 'Aavtirp(), les descendants d’Asbel, fils deBenjamin. Num., xxvi, 38.

    1. ASCALON##

ASCALON ( hébreu: 'ÂSqelôn; Septante: 'AdxâXuv), une des cinq principales villes des Philistins, Jos., xiii, 3; I Reg., vi, 17, sur la Méditerranée, dansla plaine de la Séphéla, entre Gaza et Azot (fig.285).C'était la seule des citésphilistines située sur le rivage de la mer. Elle était à520 stades (Josèphe, Bell, jud., III, ii, 1, édit. Didot, t. ii, p. 145) ou 53 milles(Table de Peutinger) de Jérusalem (97 kilomètres envi285. — Monnaie dMscalon.

Tête de femme tourelée.

fy AS. Une galère.

ron); à 16 milles (Itinéraire d’Antonin) de Gaza (23 kilomètres; cf. Ptolémée, v, 16, édit. d’Amsterdam, 1605, p. 140); à 200 stades (Strabon, xvi, 29, édit. Didot, p. 646) de Jamnia (environ 37 kilomètres). Son nomantique s’est conservé sous la forme arabe moderned’Askulan. L’origine en est inconnue; elle ne semble pasêtre sémitique. D’après une vieille tradition (Xanthus etNicolas de Damas, dans Mûller, Histor. Grsec. Fragm., 11, «la ville misérable, que prit Sa Majesté, quand elle serévolta.» Les soldats égyptiens montent à l’assaut desmurs sur dès échelles; les défenseurs de la place paraissent être des Chananéens (flg. 286). Cf. Brugsch, Geographische Inschriften altâgypt. Denkmaler, t. i, 1857, p. 61; t. ii, 1858, p. 74; Id., Reiseberichten nusAegypten, 1855, p. 117; Id., Geschichte Aegyptens, 1877, p. 516. Les Philistins n’occupaient pas encore la

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286. — Prise d’Aecaton par Eamsès II. Thèbes. Grand temple de Earnak. D’après Lepsius, Denkmaler, Abth. iii, pi. 145.

t. i, p. 38; 26, t. iii, p. 372), d’ailleurs sans vraisemblance (Mignot, Sixième Mémoire sur les Phéniciens, dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions, 1770, t. xxxiv, p. 339; Bochart, Phaleg, ii, 12, Opéra, Leyde, 1692, t. i, col. 87-88), elle aurait été fondée par les Lydiens. Elle est déjà nommée dans les lettres cunéiformes trouvées à Tell el-Amarna. Zeitschrift fur Assyriologie, t. vi, 1891, p. 252. Ramsès II la prit, l’an xide son règne, et il a fait représenter sa conquête surles murs d’un temple de Karnak (Lepsius, Denkmaler,

Abth. iii, pi. 145 C). On y voit p ^ <Ç J^ > Asgalna,

ville du temps de Ramsès II, mais ils ne tardèrent pasà en devenir les maîtres. Voir Philistins.

Les Egyptiens rencontraient Ascalon sur leur chemin, quand ils se rendaient de la vallée du Nil en Syrie, en longeant la mer Méditerranée; mais comme elle n'était pointsur la route qui conduisait de Palestine en Egypte, et qu’ellese trouvait assez loin et à l'écart du pays qu’habitèrentles Hébreux, c’est parmi les cités philistines celle quiest le moins souvent mentionnée dans les Écritures. Elleest nommée pour la première fois comme nom ethniquedans Josué, xiii, 3, dans rénumération des frontièresoccidentales du territoire Occupé par les Israélites; et quoique la tribu de Juda s’en emparât, Jwl., i, 18, ellene resta pas en sa possession. L’exploit de Samson est àpeu près le seulWénement, relatif à cette ville, rapporté.par l'Écriture avant la captivité de Babylone; ce héros s’yrendit de Thamnatha (distant à vol d’oiseau de près de39 kilomètres) et y tua trente hommes, dont il donna lesdépouilles aux Philistins qui avaient deviné son énigme, grâce à la perfidie de sa femme. Jud., xiv, 19. Le premierlivre des Rois, vi, 17, mentionne seulement Ascalon avecles quatre autres capitales philistines qui offrirent chacune un tehôr (Vulgate: anus) d’or à Jéhovah, lorsqueles Philistins, frappés par la vengeance divine, renvoyèrenten Israël l’arche d’alliance dont ils s'étaient emparés dansun combat. David, dans son élégie suiMa mort de Saùlet de Jonathas, tués à la bataille de Gelboé, recommandede ne point annoncer à Geth et à Ascalon la nouvelle dudésastre d’Israël, de peur que les filles des Philistins n’ensoient remplies de joie. II Reg., i, 20. Les prophètesnomment quelquefois Ascalon: Amos, i, 8; Sophonie, ii, 4, 7; Jérémie, xxv, 20; xlvii, 5, 7; Zacharie, ix, 5, prédisent sa désolation et sa ruine.

Quelques autres traits de son histoire nous sontconnus par des sources profanes. D’après Justin, xviii, 3, la ruine de Sidon aurait été l'œuvre d’un roi d' Ascalonqui, par sa victoire, força leshabitants de cette villeà chercher un refuge à Tyr un an avant la guerre deTroie. Les inscriptions cunéiformes nous ont révélé unépisode plus certain et encore plus intéressant de l’histoire de cette ville: il date de l'époque de l’invasion dela Palestine par Sennachérib (701 avant J. -C). «Sidka, roi d' Ascalon, , is-qa-al-lu-na, dit Sennachérib dans le cylindre deTaylor, ne s'était pas courbé sous mon joug; je pris lesdieux de la maison de son père, sa propre personne, safemme, ses fils, ses filles, la famille de la maison de sonpère, et je les emmenai en Assyrie. J'établis roi des Ascalonites Sarludari, fils de Rukibti, leur ancien roi, et jelui imposai un tribut.» Cuneiform Inscriptions of westernAsia, t. i, pl. 37, col. ii, lignes 58-63. Voir aussi, ibid., l’inscription des taureaux de Koyoundjik, t. iii, pi. 12, lignes 20-21. Le roi d’Assyrie y raconte de plus, ligne 29, qu’il donna au roi d' Ascalon une partie des places qu’il prità Ézéchias, roi de Juda. On peut déduire de ce récit queles habitants d’Ascalon avaient pris parti avec les Juifscontre les Assyriens, dont, ils avaient été déjà tributairesdu temps de Théglathphalasar ( Cuneiform Inscriptions, t. ii, pl. 67, ligne 61), sous leur roi Mitinti. Rukibti étaitprobablement resté fidèle au roi de Ninive, et c’est pource motif que Sennachérib donna le trône à son fils Sarludari. Les Ascalonites cpntinuérent à payer tribut auxdeux successeurs de Sennachérib, Asarhaddon et Àssurbanipal: ces deux princes nomment «Mitinti, , roi de laville d’Ascalon», parmi les vingt-deux rois de «la terred’Occident» qui leur étaient soumis. Cuneiform Inscriptions, t. iii, pl. 16, ligne 5; G. Smith, History ofAssurbanipal, Cylindre C, ligne 7, in-8°, Londres, 1871, p. 30. Plus tard, du temps de la suprématie des Perses, Ascalon passa sous la domination des Tyriens (Scylax, Peripl., 104, dans les Geographi grxci minores, édit.Millier, t. i, p. 79), puis sous celle d’Alexandre, commel’attestent ses monnaies (L. Müller, Numismatiqued’Alexandre le Grand, 1885, p. 308, pi. n» 1472 et suiv.), et, après lui, sous celle de ses successeurs-, les Ptoléméesd’Egypte d’abord (Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 5, t. i, p. 451), et ensuite les Séleucides de Syrie, d’après letémoignage du premier livre des Machabées, x, 86, et desmonnaies frappées à Ascalon au nom d’Antiochus III, d’Antiochus IV, etc. (Voir Mionnet, Description des médailles, t. v, p. 25, 38, 72, 525, etc.; Gardner, Catalogueof the Greek coins, Seleucid Kings, 1878, p. 68, 81, etc.; E. Schürer, Geschichte des jüdischen Volkes, t. ii, Leipzig, 1886, p. 65-67.)

Du temps des Machabées, Jonathas ayant battu lestroupes d’Apollonius, envoyé contre lui par le roi deSyrie, Démétrius II Nicator (147 avant J.-C), Ascalonouvrit ses portes au vainqueur et le reçut à deux reprisesavec dé grands honneurs. IMach., x, 86; xi, 60. Elle restafidèle aux Machabées, sous son gouvernement. I Mach., xii, 33. Dans la suite, elle devint ville libre [oppidumliberum, Pline, H. N., v, 14), sous le protectorat de Rome.De l'établissem*nt de son indépendance date une ère quicommence à l’an 104 avant J.-G.Voir Chron., pasc. ad ann.'U. C. 655, et la note ibid., Patr. gr., t. xcii, col. 448. Lesannées sont marquées d’après cette ère sur un certain nombre de monnaies frappées à Ascalon (fig. 287).


287. — Monnaie d’Ascalon.
ΣΕΒΑ[Σ]ΤΟΣ. Tête laurée de Néron, à droite; devant, l’extrémité supérieure d’un candélabre. — ꝶ. ΑΣΚΑΛΩ[Ν]. Le géniede la ville, tourelé, debout sur une barque tenant nn tridentet Facrostolium; à droite une colombe et la date AOP (171, c’est-à-dire an 67 de notre ère); à gauche, un candélabre.

L’ancienne cité philistine y est quelquefois représentée par ungénie dont la tête est couronnée de tours; il est deboutsur une barque qui indique la situation de la ville sur lebord de la mer; à droite est une colombe qui rappellele culte de la déesse Atergatis ou Dercéto, en grandefaveur auprès des Ascalonites. Cf., sur les monnaies d’Ascalon, de Saulcy, Numismatique de le Terre Sainte, p. 178208. C’est là, disait-on, que Dercéto avait donné le jour à lafabuleuse Sémiramis. Diodore de Sicile, ii, 4, 2, édit. Didot, t. i, p. 83. Cf. Eusèbe, Prasp. Ev., viii, 14, t. xxi, col.672-673. Voir Atargatis. Le temple qu’on avait érigé à Dercéto dans cette ville était, d’après Hérodote, i, 105, le plusancien qui eût été construit en son honneur. Lorsque lesScythes, après la défaite de Cyaxare I er, roi des Mèdes, envahirent l’Asie occidentale, ils poussèrent jusqu’enEgypte, d’où Psammétique ne les chassa qu'à force deprésents; à leur retour, un de leurs détachements pillaà Ascalon le temple d' Atergatis (625 avant J.-C.). Hérodote, i, 105.

Josèphe nous fait connaître l’histoire de cette villeà son époque. Hérode le Grand y était né. (Eusèbe, H. E., i, 6, t. xx, col. 85; S. Justin, Dial. cum Tryph., 52, t. vi, col. 589-592; cf. E. Schürer, Geschichte des jûdischenVolkes, t. i, 1'= part., 1889, p. 233-234.) Quoiqu’elle n’appartînt pas à son royaume, il y fit bâtir de magnifiquesportiques, des thermes, des fontaines. (Josèphe, Bell, jud., I, xxi, 11, p. 53.) Après sa mort, sa sœur Salomé reçuten don de l’empereur Auguste le château royal d’Ascalon.(Josèphe, Ant. jud., XVII, xi, 5, p. 688; Bell, jud., II, vi, 3, p. 94.) Pendant la guerre des Romains contre lesJuifs, cette ville eut beaucoup à souffrir et se montra trèshostile à l'égard des sectateurs de la loi mosaïque (Josèphe, Bell, jud., II, xym, l, 5; III, ii, l-3, p. 126, 128, 145-147; Philo, Légat, ad Caium, 30, édit. Mangey, t. ii, p. 576), de même que, dans la suite, à l'égard des chrétiens. Elle se signala dans les premiers siècles par sonattachement au paganisme; le culte qu’elle rendait auxdieux, les jeux qu’elle célébrait en leur honneur, ont étévantés par les anciens et sont mentionnés dans les monuments épigraphiques. Une antique Descriptio orbis nousapprend que ses athlètes et ses lutteurs étaient les plusrenommés de la Syrie. (Geographi grxci minores, édit.Müller, t. ii, p. 519. Pour les inscriptions, voir Corpusinscr. greec, n" 4472, t. iii, p. 237; Le Bas et Waddington,

Inscriptions grecques et latines, t. iii, n° 1839.) Son zèlepolythéiste éclata contre les chrétiens, qui y furent cruellement persécutés. Chron. pasc, ad ann. 361, t. xcil, col. 741- Elle eut néanmoins un siège épiscopal Voir LeQuien, Oriens christiamts, t. iii, p. 598 et suiv.; Gams, Séries Episcoporum, 1873, p. 453. Le christianisme endisparut sans doute avec l’invasion musulmane. Elle jouaun grand rôle pendant les guerres des croisés, mais ellefut enfin complètement détruite en 1270 par Bibars Bondokdar, et depuis elle n’a jamais été relevée. Celle queles auteurs arabes appelaient, à cause de sa beauté, «laFiancée de la Syrie» (Ritter, Erdkunde, t. xvi, p. 73)^n’est plus qu’un monceau de ruines, en partie enseveliessous les sables. Tous ceux qui les ont visitées s’accordentà dire qu’elles sont comme l’image de la désolation. Ed.Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, 1. ii, p. 369. Le site est magnifique, mais c’est une solitude, sans un seul habitant. V. Guérin, La Judée, t. ii, p. 149. Si, après avoir marché au milieu des décombres etdes nombreux débris de colonnes de marbre et de granit, l’on monte au haut de ce qui reste des murs de l’antique citadelle, on a sous les yeux Ascalon, ou plutôt laplace où elle fut jadis. «De cette élévation, dit Porter, M peine peuton voir quelque ruine isolée, à part les murailles de la ville. Comme j'étais assis là un matin, jecomptai cinq paires de bœufs qui labouraient (dans l’enceinte d’Askulan), deux autres qui tiraient l’eau pourarroser, et vingt-huit hommes ou femmes occupés aux-travaux des champs. Telle est une partie de la ville, l’autre partie est encore plus tristement désolée. Le sableilanc a franchi le mur du côté du midi, le recouvrantpresque en entier, même dans ses parties les plus hautes, et il s'étend en larges bandes sur le sol à l’intérieur. Lascène présente un tel aspect de désolation, qu’il est pénible de la contempler: d’antiques fondations de maisons, de palais peut-être, et les jeunes vignes qui ont été plantées par des hommes encore vivants, sont également submergées sous des flots de sable. Et le sable avance toujours, de sorte que probablement avant un demi-siècle le sitemême d' Ascalon aura disparu. Que les paroles de Sophonie, ii, 4, prononcées il y a vingt-cinq siècles sont exactes: Ascalon sera désolée, ainsi que celles de Zacharie, ix, 5: Ascalon ne sera plus habitée… Un petit village est à côtéd’Askulan, mais il n’existe pas une seule habitation humainedans l’intérieur de ses murs.» Porter, 'Handbook forSyria, p. 276.

L’aspect imposant de ses ruines atteste cependantencore aujourd’hui son ancienne splendeur. Voir Rosenmûller, Handbuch der biblischen Alterthùmer, t. ii, part, ii, p. 383. Elles sont, avec celles de Césarée de Palestine, les plus importantes qu’on rencontre sur la côte deJa Méditerranée entre Gaza et Beyrouth, et elles permettentde reconstituer encore aujourd’hui fidèlement le plan del’antique cité (fig. 288). Quoique Ascalon fût de grandeurmédiocre (Strabon, xvi, 29, p. 646), sa position en faisaitune place très forte. Josèphe, Bell, jud., III, II, 1, t. ii, p. 145. Un des historiens contemporains des croisades, Guillaume, archevêque de Tyr, Hist. rerum transmarinarum, xvii, 22, Patr. làt., t. CCI, col. 696-697, a décritAscalon avec justesse de la manière suivante: «Ascalon, dit-il, est située sur le rivage de la mer. Elle a la formed’un demi-cercle dont la corde ou le diamètre court parallèlement à la mer, tandis que la circonférence ou arcde cercle est tourné à l’orient du côté de la terre ferme.Xa cité est comme enterrée dans une fosse, et s’abaisse"vers la mer, entourée de remblais faits de mains d’homme, sur lesquels s'élèvent les remparts, flanqués de nombreusesiours et construits avec beaucoup de solidité.» Pour êtretout à fait exact, Guillaume de Tyr aurait dû ajouter qu’une.grande partie des fortifications n'était pas artificielle, mais formée du côté ouest et nord-est par des rochers quiont de neuf à vingt mètres de haut, et qui dessinaient enfros le plan de la ville. La nature avait préparé elle-même

cet amphithéâtre, au milieu de ce magnifique paysage, pourservir de siège à une ville florissante. Le pourtour de l’arcavait approximativement 1600 mètres. La muraille, quiétait comme le diamètre du demi-cercle, mesurait environ1 200 mètres de longueur. Vers le milieu était la porteappelée de la Mer, parce qu’elle y conduisait. C’est à l’anglesud-ouest que le niveau du terrain est le plus bas. Il y

l.TtaiHiër.diF

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288. — Plan d' Ascalon.

avait là un petit port, dans l’intérieur même de la ville.Des deux côtés de l’entrée de ce port, les fortificationsétaient particulièrement considérables. Ascalon avait d’ailleurs une rade plutôt qu’un véritable port, et cette raden'était guère bonne. Dans le côté sud des murailles s’ouvrait une porte sur la route de Gaza; elle est aujourd’huipresque, ' complètement ensablée. À l’est sont les pointsles plus élevés et les plus forts de l’enceinte. On peutsupposer que là se trouvait la citadelle, au nord delaquelle était la porte, flanquée de deux tours, qui conduisait en Judée. Au nord était une quatrième porte quimenait à Jaffa. Les murailles devaient avoir environ dixmètres de hauteur, et en moyenne deux-mètres de largeur. Il faut une heure pour faire le tour de l’enceinte.Les restes actuels sont ceuK de la ville des croisés^ mais, à cause de sa configuration naturelle, elle a dû être à peuprès la même à toutes les époques.

A l’intérieur des murs, on est frappé d’un spectacleinattendu. Ce ne sont point seulement des débris et desmonceaux de décombres qu’on y rencontre, mais presquepartout une végétation luxuriante. Les chemins sont marqués par de petit* murs formés de pierres superposées, et semblent correspondre aux rues anciennes. M. V. Guérin, La Judée, t. ii, p. 144-148, y a remarqué les ruinesde trois églises, les restes d’un théâtre et un grand nombrede citernes et de puits. Celui qui est marqué sur le plan, au nord-ouest, est taillé dans le roc; il est rond et profond, et l’eau qu’il renferme est au niveau de la mer.Comme l’avait très bien observé Guillaume de Tyr, Hist., t. CCI, col. 697: «On ne trouve aucune source ni à l’intérieur de la ville ni dans le voisinage, mais les puitsabondent au dehors et au dedans, et l’eau en est bonneet agréable à boire. On avait aussi construit, pour plusde sûreté, dans l’enceinte des murs, quelques citernesdestinées à recevoir l’eau de pluie.» D’après une tradition mentionnée dans Origène, Cont. Cels., iv, 44, t. xi, col. 1100 (cf. S. Jérôme et Eusèbe, Onomasticon, édit.de Lagarde, Gcettingue, 1887, p. 176, 288), quelques-unsdes puits d’Ascalon auraient été creusés par Abraham.Cette tradition se retrouve dans la version samaritaine

du Pentateuque, qui a substitué le nom d’Ascalon à celuide Gérare, dans la Genèse, xx, 1, 2, et xxvi, 1. Die Samaritanische Pentateuch -Version, die Genesis, éditée parM. Heidenheim, in-8°, Leipzig, 1884, p. 23 et 31.

Les vallées qui entourent Askulan ont «té envahies parles sables au sud et au sud-est, et sont par conséquentstériles; mais au nord et au nord-est la fertilité est merveilleuse. À côté des ruines de la citadelle, de magnifiques caroubiers et d'énormes sycomores marquent lalimite entre le sable et la terre cultivée (flg. 289). De là, desjardins et des vergers, séparés les uns des autres par de

arabe: el-henna), qui a servi de tout temps aux Orientaux pour teindre en jaune rougeâtre les ongles et diversesparties du corps; Dioscoride, De re mediea, i, 124, édit.Sprengel, 1. 1, p. 118, et Pline, H.N., xii, 24, édit. Teubner, t. ii, p. 306, disent que le cypre d’Ascalon était, avec celuide Canope, le meilleur et le plus estimé de leur temps.Quelques essais de fouilles faits à Ascalon ont donnépeu de résultats. En 1815, lady Stanhope y employa pendant quinze jouis cent cinquante ouvriers indigènes, pourretrouver le temple de Dercéto, où elle croyait qu’un trésor était enfoui; mais elle n’y trouva guère qu’un beau

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289. — Ruines d’Ascalon, vues du cété de l’est.

petit* murs et par des haies de cactus et d’autres arbustesépineux, s'étendent au nord jusqu’au village d’el-Djora, et, comme ceux de l’intérieur d’Ascalon, sont remplisd’oliviers, de figuiers, d’orangers, de citronniers, de grenadiers, d’amandiers, d’abricotiers, de palmiers. Parmiles légumes que produit ce riche sol, soigneusem*ntarrosé, pousse spontanément l'échalotte, allium ascalonicum (voir Ail, col. 310-311), qui a tiré son nom decette ville. Pline, H. N., xix, 6. Cf. Théophraste, De historia plant., vii, 4; Columelle, De re rustica, xii, 2. Ony voit aussi, à l'état sauvage, la vigne et le henné ( Lawsonia alba ou inermis), qui rappellent le vin d’Ascalon, célèbre dans l’antiquité (Alexandre de Tralles, viii, 3; Orbis descriptio, 29, dans Mûller, Geographi minores, édit. Didot, t. ii, p. 519; Oribase, Œuvres, traduct.Bussemaker et Daremberg, 6 in-8°, Paris, t. i, 1851, p. 423, 649), et le cypre (hébreu; kôfér, Gant., i, 13;

torse de marbre qui fut mis en pièces. Travels of LadyHester Stanhope, narrated by her physician, 3 in-8°, Londres, 1846, p. 87-94, 152-169. Cf. J. Kinnear, Cairo, Petra and Damascus in 1839, in-8°, Londres, 1841, p. 211-214. Ibrahim -Pacha, en 1832, voulut faire revivreAscalon en créant une ville nouvelle avec les débris de l’antique, et ses travaux mirent au jour quelques restes. VoirDav. Roberts, Vues et monuments de la Terre Sainte, in-f°, Bruxelles, 1845, livr. 8, n" 46, Ascalon. En 1866, M. Schicken a relevé le plan, qui a été publié en 1879 dans la Zeitschrift des deutschen Palàstina-Vereins, t. ii, Tafel v.Le Survey of the Palestine Exploration Fund a donnédepuis un autre plan plus détaillé et plus complet dansses M emoirs, t. m (1883), vis-à-vis la p. 237. Au moisde septembre 1887, on y a trouvé deux statues mutiléesde la Victoire. Th. Reinach, Les sculptures d’Ascalon, dans la Revue des études juives, janviermars 1888,

t. xvi, p. 24-27. On n’y a jamais fait jusqu’ici de fouillesméthodiques.

VoirV. Guérin, Description des ruines d’Ascalon, dansle Bulletin de la Société de géographie, 4e série, t. xiii, février 1857, p. 81-95; Id., Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 135-149, 153-171; T. Tobler, DritteWanderung nach Palâstina im Jahre 1851, in-8°, Gotha, 1859, p. 32-44; Ritter, Erdkunde, t. xvi, 1852, p. 69-89; H. Guthe, Die Ruinen Ascalon’s, dans la Zeitschrift desdeutschen Palâstina -Vereins, t. ii, 1879, p. 164-171; Ebers et Guthe, Palâstina in Bild und Wort, 2 in-4°, Stuttgart, 1884, t. ii, p. 180-182, 454-455; Stark, Gazaund die philistâische Kûste, in-8°, léna, 1852, p. 23, 455, 561; Warren, The Plain of Philistia, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, avril 1871, p. 87-89; Gonder et Kitchener, The Survey of WesternPalestine (avec plan et vues), Memoirs, t. ru, 1883, p. 237-247; W. Thomson, The Land and the Book, Southern Palestine, in-8°, Londres, 1881, p. 170-178; Conder, Tentwork in Palestine, 1878, t. ii, p. 164-166.

F. Vigouroux.

    1. ASCALONITE##

ASCALONITE (hébreu: hâ-'Esqelônî; Septante; 'AuxaWvtTYjc), nom ethnique, habitant d’Ascalon. Jos., XIII, 3. Voir Ascalon.

    1. ASCENEZ##

ASCENEZ (hébreu: 'ASkenaz; Septante: 'Acr/oevaÇ, Gen., x, 3; I Par., i, 6; mît 'AxavaÇéoiç, Jer., xxviii(li), 27), le premier des trois fils de Gomer, fils deJapheth, c’est-à-dire un des peuples de la grande racejaphétique. Gen., x, 3; I Par., i, 6. Pour savoir quel rameauethnographique il représente, il nous faut consulter lestraditions anciennes, étudiées à la lumière de la critiqueet des découvertes modernes. «Aschanaz, dit Josèphe, fut le père des Aschanaziens, qui maintenant sont appelés 'P^iveç par les Grecs.» Ant.jud., i, vi, 1. L’historien juif est reproduit par différentsauteurs, entre autres par saint Jérôme, Hebr. Qusest. inGènes., t. xxiii, col. 951. Que signifie ce nom de Rhégines, absolument inconnu d’ailleurs? Désigne-t-il laRhagiane, 'Payiavii, une des provinces de la Médie, donla capitale était Rhagse, 'Payotî, ou le canton delà Babylonie qui renfermait la ville de Rhagsea, 'Potyata? On nesait. Faut-il le rapporter aux Rugii du nord de la Germanie? Tacite, German., 43; Ptolémée, II, 11, 27. Quelquessavants l’ont cru. Mais cette double hypothèse sembleinadmissible, car Josèphe suit ordinairement avec exactitude le système d’assimilation des anciens docteurs juifs, et tous ces noms nous transportent bien en dehors deslimites assignées à Ascenez par leurs plus vieilles traditions.

En effet, dans les deux Talmuds, celui de Jérusalem, Mégillah, i, 1, et celui de Babylone, Yoma, 10 a, de mêmeque dans les Targums, 'Askenaz est expliqué par Asia.Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 309-310, 423. Et il ne s’agit pas ici, comme l’a pensé-4£nobel, Die Vôlkertafel der Genesis, Giessen, 1850, p. 40, du petit canton de l’Asie propre en Lydie, Strabon, xiii, p. 627; mais bien de la province romaine de l’Asie proconsulaire, toujours désignée dans les Talmuds par cenom d’Asta. La tradition des écoles juives, à l'époque laplus reculée où nous puissions la saisir, plaçait donc dansl’Asie Mineure occidentale la patrie du fils aîné de Gomer.Et c’est précisément dans cette contrée, comme nous leverrons, que se rencontre tout un groupe de noms géographiques dont les meilleurs critiques n’hésitent pas àreconnaître la parenté incontestable avec celui d' 'Askenaz. Cf. F. Lenormant, Les origines de l’histoire, Paris, 1880-1884, t. ii, p. 389.

Cependant les commentateurs juifs du moyen âgecroient que les Germains sont les descendants d' Ascenez.(Les Juifs allemands s’appellent encore aujourd’hui Askenàzi.) Knobel, ouvr. cit., adopte cette opinion. Il regardele mot Askenaz comme un nom composé, As-kenaz,

dont le dernier élément serait l'équivalent du grec titoç, latin gens, genus, et dont la signification serait alors: «race ou nation d’As.» C’est «la tribu qui de très bonneheure vint s'établir dans les pays Scandinaves et germains, les Ases, opinion que favorise la légende allemande deMannus et de ses trois fils, Iscus (Ash, 'A<rxdmoç), Inguset Hermino. On trouve encore de nos jours, dans le Caucase, une peuplade que Knobel rapporte à la même origine. Elle se nomme elle-même Ir, Iron; mais elle estappelée par les autres peuples caucasiens Osi, Oss; parles Russes Iases, et par les anciens voyageurs As ou Aas.C’est une tribu primitive qui se distingue de toutes lesautres du Caucase, et dans laquelle la physionomie européenne, en particulier les yeux bleus et les cheveux blondsou rouges, mérite d'être remarquée. Sa langue est indogermanique, et a beaucoup de mots communs avec l’allemand; elle a même quelque chose de germanique dansle son et le débit.» Crelier, La Genèse, Paris, 1889, p. 126.Nous croyons avec M. A. Maury, Journal des savants, 1869, p. 224, que Knobel se laisse trop influencer par lesidentifications arbitraires des Juifs modernes, enclins à fairerentrer dans le chap. x de la Genèse les populations lesplus éloignées. Outre son peu de fondement, cette opinionest de date trop récente pour être acceptée. Malgré uneracine plus ancienne dans la Chronique d’Eusèbe (version latine de saint Jérôme, t. xxvii, col. 71), où le nomest interprété par gentes Gothicæ, elle ne se rencontrepas avant le ixe siècle de notre ère.

Un grand nombre de critiques modernes, après Bochart, Phaleg, libf iii, cap. IX, se rattachent à la tradition talmudique, et cherchent Ascenez dans l’Asie Mineure, oùla géographie et l’histoire fournissent des données importantes. Elles signalent dans la Bithynie un district i’Ascania, habité par des Phrygiens et des Mysiens, Homère, Ilia., Il, 862 et suiv.; Strabon, xii, p. 564; Pline, H. N., v, 40; un lac Ascanien près de Nicée, Strabon, xii, p. 565; Pline, xxxi, 10; et un fleuve Ascanios, Pline, v, 40, 43; enfin les îles Ascaniennes et le golfe Ascanien sur lelittoral de la Troade. Pline, v, 32, 38. C’est ce nom d’Ascanie et d’Ascaniens qui suggéra la création du personnage mythique d’Ascanios ou Ascagne, donné pour fils àÉnée. Quelques savants établissent aussi un rapprochement, plus ingénieux peut-être que fondé, entre les nomsd’Askenaz, Ascanios, et celui de la mer Noire, appeléed’abord IIôvtoç "AÇevoc, Strabon, vii, p. 300; Pline, iv, 24, ou "Agsivoc, e ' P ws * ar rï seulement IIovtoç EtfÇeivo; , dénomination qui, à l’origine, aurait été empruntée à l’undes principaux peuples qui habitaient les bords du PontEuxin. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, la géographie ancienne de l’Asie Mineure nous montre assez nettement l’existence et l’extension d’une province d’Ascanie, qui fut, d’après certaines traditions, le premier siège desPhrygiens, et à laquelle se rattache assez naturellementle nom d’Ascenez.

Mais ces données s’accordent-elles bien avec le passagede Jérémie, li, 27, où Dieu, ordonnant aux nations de seréunir pour combattre Babylone, convoque contre elle «lesrois d’Ararat, de Menni et d’Ascenez»? Ararat et Menni, d’après l’opinion généralement reçue, représentent l’Arménie. Ascenez doit donc désigner une province voisinede ce pays. Cette conclusion ressort également de la tableethnographique, Gen., x, 3, dans laquelle Ascenez a pourfrère Thogorma, qu’on place de même en Arménie. EnfinM. P. de Lagarde, Gesammelle Abhandlungen, Leipzig, 1866, p. 255, observe que la désinence az sert à tonnerles patronymiques en arménien, et que Asken s’y estconservé dans l’usage comme nom propre; c’est là unvestige de la descendance askenazienue des Arméniens.

Il est vrai, 'répondrons-nous avec F. Lenormant, Origines de l’histoire, t. ii, p. 393-394, que l’Ascenez deJérémie ne saurait être le canton de l’Ascanie bithynienne, ni même l’ancienne province d’Ascanie; elle est beaucouptrop reculée dans l’ouest, et elle ne dépendait pas de la Médie, mais, à ce moment, du royaume de Lydie. C’est un pays vassal de la monarchie médique, c’est-à-dire situé à l’est du fleuve Halys, qui forma la frontière entre les Mèdes et les Lydiens, à la suite de la grande guerre entre Alyatte d’une part, Cyaxare, puis Astyage de l’autre; c’est en même temps un pays contigu à ceux d’Ararat et de Menni, dont la réunion forme l’Arménie majeure ou orientale. Il n’y a donc pas moyen de douter qu’Ascenez ne désigne ici l’Arménie propre ou occidentale,l’Arménie au sens primitif du nom.

Mais il faut remarquer que Ἀσ-κάνιος semble, par sa composition même, avoir un caractère plutôt ethnique que géographique, désigner une tribu ou une nation plutôt qu’un pays. Le nom d’’Aškenaz, expliqué de la façon la plus vraisemblable par celui d’Ascaniens, indique, dans l’ethnographie biblique, non pas la province spéciale d’Ascanie, mais l’ensemble de la nation phrygienne, auquel il appartient en dehors même de son premier séjour, plus spécialement qualifié d’Ascanie, car elle l’a transporté avec elle dans la Phrygie. Le passage de Jérémie nous fournit donc une date de la plus haute valeur pour déterminer l’époque où les Arméniens d’origine phrygienne étaient déjà limitrophes des pays d’Ararat et de Menni,où ils allaient bientôt pénétrer Les éléments linguistiques que nous avons signalés tout à l’heure avec P. de Lagarde font croire que le pays ou le peuple arménien avait été nommé d’après Ascenez avant de l’être d’après Thogorma.

On a rapproché l’hébreu ’Aškenaz de l’assyrien (mât) Aš-gu-za, nom d’un pays mentionné dans un cylindre d’Asarhaddon. Ce prince fit deux expéditions contre les gens de Manna et d’Askhouz. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1886, p. 450. Nous retrouvons ici deux des noms cités dans Jérémie, li, 27,et M. Sayce, Journal of the Royal Asiatic Society, t. xix,2e part., p. 397, propose même de corriger en Askhouz l’Askenaz du prophète. Il est plus simple d’admettre que le mot primitif Ašgunza, Aškunza = אשכנז, est devenu peu à peu, par l’assimilation du nun, Ašguzza, et finalement Ašguza. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und dos Alte Testament, Giessen, 1883, Nachträge von Dr Paul Haupt, p. 610.

A. Legendre.

ASCENSION. Ce mot signifie l’élévation miraculeuse de Notre-Seigneur au ciel, quand il y monta en corps et en âme, par sa propre puissance, en présence de ses disciples, le quarantième jour après sa résurrection. Act., i, 3.

Circonstances de cet événement.

Quand fut venu pour Jésus le moment de retourner à son Père, il apparut une dernière fois à ses disciples à Jérusalem, et il les conduisit sur le mont des Oliviers. Après leur avoir renouvelé la promesse de l’Esprit-Saint, et leur avoir déclaré qu’ils seraient ses témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre, il leva les mains au ciel et il les bénit. Act., i, 8; Luc, xxiv, 51. Ainsi le dernier acte de Jésus sur la terre fut une bénédiction. Au moment où il les bénissait, il s’éleva au ciel. Lus., xxiv, 51. Le texte sacré semble indiquer qu’il ne disparut pas subitement, comme il l’avait fait pour les disciples d’Emmaüs; mais qu’il s’éleva vers le ciel graduellement et avec une majestueuse lenteur. Comme les témoins de cette scène tenaient leurs yeux fixés sur leur divin Maître, une nuée resplendissante le déroba à leurs regards, Act, i, 9, et voici que deux anges sous une forme humaine, vêtus de blanc, se présentèrent devant eut et leur dirent:«Hommes de Galilée, pourquoi vous tenez-vous là, regardant au ciel? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été enlevé au ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel.» Act., i, 11. A ces mots,les disciples se prosternent et adorent Jésus comme le vrai Fils de Dieu, Luc, xxiv, 52; puis ils quittent le mont des Oliviers et reviennent à Jérusalem avec une grande joie. Luc, xxiv, 52. Ainsi Jésus monta au ciel, où il est assis à la droite de Dieu. Marc., xvi, 19.

Quand nous disons qu’il monta au ciel, nous entendons qu’il y est monté comme homme. Comme Dieu, étant présent partout par son immensité, il était déjà au ciel et n’avait pas besoin d’y monter. Ce fut l’humanité de Jésus, toujours unie à la divinité, qui monta au ciel, c’est-à-dire son corps et son âme, qui n’y étaient pas encore.

Quand nous disons que Jésus est assis à la droite de Dieu, nous prenons ces mots dans un sens métaphorique. Parmi les hommes, être placé à la droite d’un personnage est regardé comme un honneur. C’est par allusion à cet usage et en appliquant aux choses du ciel le langage de la terre, que l’on dit de Jésus qu’il est à la droite de Dieu. On veut faire entendre qu’il participe à la puissance de son Père. Les mots «est assis» ne doivent pas non plus se prendre dans le sens d’une attitude corporelle, mais dans le sens de la perpétuelle possession du souverain pouvoir qu’il a reçu de son Père.

Nous ne croyons pas que les Apôtres furent les seuls témoins de l’Ascension. Les évangélistes ont gardé le silence sur ce point. Il paraît cependant très probable que cette faveur fut accordée au moins à tous ceux qui, étant entrés au cénacle avec les Apôtres, priaient avec eux. C’est le sentiment de Benoît XIV, De festis D. N. J. C,vi, 46 et 47. Il est certain qu’au livre des Actes, saint Luc,après avoir raconté l’ascension, le retour du mont des Oliviers à Jérusalem et l’entrée des Apôtres au cénacle,ajoute:«Tous ceux-ci persévéraient unanimement dans la prière, avec les femmes, et avec Marie, mère de Jésus,et avec ses frères. En ces jours-là, Pierre, se levant au milieu des frères (or le nombre des hommes réunis était d’environ cent vingt), leur parla.» Act., i, 14-15.

Lieu de l’Ascension.

L’endroit précis d’où Notre-Seigneur s’éleva au ciel est le sommet central du mont des Oliviers. Voir Oliviers (Mont des). Saint Matthieu,saint Marc et saint Jean ne nous renseignent pas sur le lieu de l’Ascension; mais saint Luc nous aide à le fixer d’une manière certaine. Dans son Évangile, xxiv, 50, il nous montre Jésus conduisant ses Apôtres à Béthanie, et,après les avoir bénis, s’élevant vers le ciel, xxiv, 51. Il ne faut pas en conclure que Béthanie fut le théâtre de l’Ascension. En effet, saint Luc, dans les Actes, i, 12, nous apprend que les Apôtres, après avoir été témoins de cette merveille, retournèrent à Jérusalem de la montagne des Oliviers, et n’eurent à parcourir que le chemin que l’on peut faire le jour du sabbat. On sait que le chemin d’un jour de sabbat était la distance qu’un Juif pouvait franchir sans violer le repos sabbatique; cette distance est évaluée, d’après les rabbins, à 1 392 mètres environ. Bacuez et Vigouroux, Manuel biblique, 8e édit., t. i, n° 187,p. 311. Or Béthanie est à trois ou quatre kilomètres de Jérusalem, c’est-à-dire à la distance de deux mesures sabbatiques. Les Apôtres n’étaient donc pas à Béthanie même quand ils furent témoins de l’Ascension, mais sur le sommet du mont des Oliviers, qui est à la distance d’une mesure sabbatique de Jérusalem. Le passage dé l’Évangile de saint Luc, xxiv, 51, qui donne Béthanie comme le théâtre de ce mystère, s’accorde avec le passage des Actes, i, 12, du même saint Luc, soit en supposant,comme le fait Benoit XIV, De festis D. N. J. C, vi, 46-47,que Jésus conduisit d’abord ses Apôtres à Béthanie, et les ramena ensuite au sommet du mont des Oliviers, d’où il s’éleva au ciel; soit en supposant, comme le fait M. V. Guérin, Jérusalem, p. 343, que le territoire de Béthanie commençait au sommet même de la montagne des Oliviers,et que le lieu où Jésus s’éleva au ciel faisait partie de ce territoire. Voir aussi Lamy, Comm. in harm., 1. v,c. xlvi, 19. Ajoutons que la leçon dés manuscrits B, C,D, L, Sinaiticus, Bedæ, porte ἕος πρὸς Βηθανίαν au lieu de ἕως εἰς Βηθανίαν. D’après cette leçon, le ꝟ. 50 du chapitre xxiv de saint Luc signifie: Jésus mena les Apôtres vers Béthanie, du côté de Béthanie, et non à Béthanie.

Aussi bien toutes les traditions des premiers siècles placent sur le sommet central du mont des Oliviers le théâtre de l’Ascension. Sainte Hélène, en y élevant une basilique, ne fit que consacrer par un monument la croyance de tous les chrétiens. Cette basilique, détruite en 614 par les Persans, et relevée de ses ruines au viiesiècle, fut renversée par l’ordre de Hallem, et plus tard reconstruite par les croisés. La troisième basilique fut démolie par les musulmans redevenus maîtres de la Terre Sainte. Ils laissèrent cependant subsister Pédicule octogonal qui renfermait, selon la tradition, les vestiges des pieds de Notre-Seigneur. Cet édicule fut muré par eux et transformé en un petit oratoire musulman y au milieu duquel ils ont respecté la pierre qui garde encore les vestiges, aujourd’hui très dégradés, d’un pied qui passe pour être le pied gauche de Notre-Seigneur. Voir V. Cuérin, Jérusalem, p. 345-346; Mislin, Les Saints Lieux, t. ii, p. 468. Cf. Eusèbe, Vita Constantini, iii, 43,t. xx, col. 1104; Dem. evang., vi, 18, t. xxii, col. 460;Pseudo-Jérôme, Liber nom. loc. ex Actis, au mot Mons Oliveti, t. xxiii, col. 1301-1302.

Le mot «Ascension» signifie aussi la fête qui est célébrée, le quarantième jour après la résurrection et dix jours avant la Pentecôte, en mémoire de l’ascension du Sauveur. Elle est d’origine très ancienne. Voir S. Augustin, Epist. cxviii, 1, t. xxxiii, col. 200; Serm. cxxxrv de tempore, t. xxxviii, col. 1209; Constit. Apost., viii,t. i, col. 1136; Suarez, De præceptis affirmativis ad Dei cultum, l. ii, De Sacrorum seu festorum dierum observatione et præcepto, c. vii, 1; duch*esne, Origine du culte chrétien, in-8°, Paris, 1889. G. Martin.

2. ASCENSION D’ISAÏE, livre apocryphe. Voir Apocalypses apocryphes, 9°, col. 764.

ASCHBÉA (hébreu:’Ašbêa‘; Septante:Ἐσοβά), nom propre que la Vulgate a traduit, d’après sa signification, I Par., iv, 21, par «Jurement». Il n’est pas possible de savoir s’il désigne dans ce passage une personne ou une localité. Certains commentateurs croient que c’est le nom d’un chef de famille descendant de Juda, fils de Jacob, par Séla, lequel s’appelait Aschbéa, et faisait travailler le lin dans sa maison. D’autres pensent que le mot aschbéa doit se joindre au mot Bêṭ («maison»), qui précède dans le texte original, et se lire par conséquent Beth-Aschbéa, nom. d’une localité inconnue, où auraient habité les descendants de Juda qui travaillaient le lin. Le laconisme du récit sacré ne permet pas de décider laquelle de ces deux opinions est la plus vraisemblable.


ASCHDOTH HAP-PISGAH (’Ašdôṭ hap-Pisgâh;Septante: Ἀσηδὼθ τὴν Φασγά, Deut., iii, 17; Ἀσηδὼθ τὴν λαξευτήν, Deut., iv, 49; , Jos., x, 40; xii, 8; Ἀσηδὼθ Φαργά, Jos., xii, 3; Vulgate: ad radices montis Phasga, Deut., iii, 17; iv, 49; Asedoth, Jos., x, 40; xii, 8; Asedoth Phasga (il ne faut point, entre Asédoth et Phasga, la virgule que portent les éditions de la Vulgate; car ces deux mots ne forment qu’un seul et même nom), Jos., xii, 3. Voir Asédoth.


ASCHER ben Josef, rabbin de Cracovie, qui vécut dans la première moitié du xvie siècle. Il laissa un commentaire sur les Lamentations de Jérémie, in-4°, Cracovie, 1585.

E. Levesque.


ASCHÉRA est un nom hébreu, ’Ăšêrâh, qui se lit dans le texte original dix-huit fois au singulier, Deut.,xvi, 21; Jud., vi, 25, 26, 28, 30; I (III) Reg., xv, 13;xvi, 33; xviii, 19; II (IV) Reg., xiii, 6; xvii, 16;xviii, 4; xxi, 3, 7; xxiii, 4, 6, 7, 15; II Par., xv, 16;trois fois au féminin pluriel, ’ăšêrôṭ: Jud., iii, 7; II Par.,xix, 3; xxxiii, 3, et dix-neuf fois au masculin pluriel,’ăšêrim: Exod., xxxiv, 13; Deut, vii, 5; xii, 3; I (III) Reg.,xiv, 15, 23; II (IV) Reg., xvii, 10; xxiii, 14; II Par.,xiv, 2 (3); xvii, 6; xxiv, 18; xxxi, 1; xxxiii, 19; xxxiv,3, 4, 7; Is., xvii, 8; xxvii, 9; Jer., xvii, 2; Mich., v, 13. Il désigne tantôt une déesse, qui n’est autre sans doute qu’Astarthé, tantôt la stèle ou pieu de bois symbolique qui la représentait ou lui était consacré. D’après son sens étymologique, «être droit, être heureux,» ce nom peut convenir aussi bien à la déesse du plaisir qu’à la colonne dressée en son honneur. Les anciens traducteurs ont méconnu le sens propre de ce mot, que les Septante rendent presque partout par ἄλθος, et la Vulgate, d’après eux, par lucus ou nemus, «bois, bosquet» Dans plusieurs passages, cette traduction est insoutenable: par exemple,là où il est question de ’Ăšêrâh placé sur un autel, Jud.,vi, 25, ou élevé sous tout arbre vert. III Reg., xiv, 23;IV Reg., xvii, 10. Dans Deut., xvi, 21, le verbe planter a pu donner lieu à cette traduction; mais le passage ne la justifie nullement, si on l’examine sur l’hébreu: «Tu ne planteras en ’ăšêrâh aucun arbre près de l’autel de Jéhovah ton Dieu.» On remarquera en outre la suite de la prescription au ꝟ.22; Dieu ne veut près de son autel ni ’ăšêrâh ni maṣṣêbâh (pierre levée, stèle). Enfin partout où se rencontre ailleurs le nom ’ăšêrâh, l’une des deux significations proposées cadre parfaitement avec le contexte.

1° Nous citerons d’abord les passages où ’Ăšêrâh figure comme une divinité étrangère, à laquelle on rend un culte à côté de Baal et de toute l’armée du ciel. IV Reg.,xxiii, 4; cf. xxi, 3; II Par., xxxiii, 3. Elle a une image taillée, pésél, IV Reg., xxi, 7; une idole. III Reg. xv, 13;II Par., xv, 16. Il y a des prophètes de ’Ăšêrâh comme des prophètes de Baal. III Reg., xviii, 19. Elle est le plus souvent associée à Baal, ce qui nous autorise à voir en elle l’inséparable compagne de ce dieu, qui est ailleurs nommée Astarthé. La manière même dont les deux noms sont échangés dans Jud., ii, 13, et iii, 7, confirme cette identification. (La Vulgate a traduit dans les deux endroits Astaroth, tandis que, si nous avons dans l’hébreu pour le premier ’Ašṭârôṭ, nous avons pour le deuxième ’Ăšêrôṭ.) Nous pouvons donc, pour la nature de cette déesse et l’histoire de son culte chez les Hébreux, renvoyer à l’article Astarthé.

Une inscription phénicienne place dans un rapport étroit les noms ’ăšêrâh et ’aṭoreṭ, en qualifiant ainsi une déesse: «’Ašṭôrét en ’ăšêraṭ de ’El Hamman.»עשתרת באשרת אל חמן. Corpus inscriptionum semiticarum, t. i, p. 331. Mais en dehors de la Bible, on n’avait, jusqu’à ces derniers temps, aucune indication permettant de considérer Aschéra comme le nom propre d'une déesse. On pouvait penser que les Hébreux avaient appliqué à Astarté un vocable commun, «la bonne, l’heureuse,»ou qu’ils l’avaient désignée par le nom de sa représentation symbolique. Sur une des tablettes cunéiformes trouvées en Egypte, à Tell-Amarna, un officier chananéen porte un nom dans lequel Aschéra figure comme celui d’une divinité: Abdaširti ou Abdašrati, c’est-à-dire «serviteur d’Ašerat», de même qu’Astarthé dans le nom phénicien Abdastérét, «serviteur d’Astarthé.» Cf. Halévy,Revue des études juives, 1890, t. xxi, p. 57.

2° Là où ’ăšêrâh désigne l’emblème de la déesse, il s’agit toujours, dans la Bible, d’un pieu de bois que les Israélites fidèles coupent et brûlent. Exod., xxxiv, 13; Jud.,vi, 25, 26, 28, 30; IV Reg., xxiii, 6, etc. De même que les Chananéens joignaient ce pieu à l’autel de Baal, la divinité mâle, de même les Hébreux auraient pu être tentés d’en élever près de l’autel de Jéhovah. Le Deutéronome, xvi, 21, interdit cette profanation. Cf. Mich.,v, 13; Is., xvii, 8; xxvii, 9. Dans ces deux derniers passages, les ’ăšêrîm figurent à côté des ḥammânim,représentations solaires de Baal. On leur rendait un culte comme aux autres idoles: «Ils servirent les ’ăšêrîm et les idoles». II Par., xxiv, 8. La colonne symbolique se trouve associée au culte d’Astarté là où, honorée comme déesse du plaisir, on l’assimile, à l’époque gréco-romaine,

à Aphrodite ou Vénus. Une représentation du temple dePaphos, sur une monnaie chypriote du temps de SeptimeSévère, nous permet de voir le cippe qui était l’emblème dela déesse (flg. 290). Cf. F. Lajard, Recherches sur le cultede Vénus, 1837, pi. I, n os 10-12. À l’occasion de la visitede Titus au temple de Paphos, Tacite décrit ainsi la singulière image: «L’idole de la déesse n’a pas la formehumaine; c’est une colonne ronde dont la base est pluslarge que le sommet, à la façon d’une borne; on en ignore

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290. — Temple de Paphos.

ATTOK. KA18. A. 2EIIT. 2EOTHPOS. Tête lanréedel’empereur SeptimeSévère. —% KOINON KYIIPIQN.Temple d’Aphrodite -Astarthé à Paphos. Au fond, au milieu, le cippe de la déesse et, à droite et & gauche, une étoile. Dechaque côté, un candélabre. Au haut, le croissant et une étoile.Sur le toit plat du temple, à droite et à gauche, une colombe, l’oisean consacré a Astarthé.

la raison.» Hist., ii, 3. Les colonnes qu’Hérodote, ii, 106, avait vues dans la Palestine de Syrie, et qu’il altribue auconquérant légendaire Sésostris, n'étaient peut-être quedes 'Àsêrîm chananéens. — Voir G. W. Collins, 'Asthoreth and the 'Ashera, dans les Proceedings of theSociety of Biblical Archxology, juin 1889, p. 291-303.L’auteur a réuni un grand nombre de documents, mais, contrairement à l’opinion commune, il n’identifie pointAschéra et Astarthé; il soutient même qu’Aschéra étaitexclusivement un symbole impur. J. Thomas.

    1. ASCHI ben Simaï##

ASCHI ben Simaï, appelé aussi Asché et Asser, un desderniers et des plus célèbres Amoraïm, né en 352, devintchef de l’importante école de Sora, en Babylonie, où ilmourut (427), après l’avoir dirigée cinquante - deux ans.Son autorité fut très considérable parmi ses contemporains, et il reçut le titre de Rabbana, «notre maître.» L'élaboration du Talmud de Babylone fut commencéegrâce à son initiative. Il consacra sa longue carrière à cetteœuvre colossale, rassemblant, coordonnant l'énorme quantité d’explications, de déductions, de développementsajoutés à la Mischna, accumulés pendant trois générations d' Amoraïm, et confiés à la seule mémoire. Il nese borna pas à une simple compilation, car il ajouta delui-même de nombreuses et importantes rectifications, décisions, solutions de questions obscures, etc. Son travailfut complété par son fils Mar, par son successeur immédiat Marémar, et surtout par R. Abina. E. Levesque.

    1. ASCHKÉNASI Éliézer ben Elias##

ASCHKÉNASI Éliézer ben Elias, d’abord rabbin àCrémone, alla s'établir à Gonstantinople, puis à Posen, enfin à Gracovie, où il mourut en 1586. Il a donné uncommentaire sur le livre d’Esther, Yôsif léqah, ( «Il croîtraen science», Prov., i, 5), in-4', Crémone, 1576. Il en a étédonné plusieurs éditions, la dernière, in-4°, Varsovie, 1838. On a aussi de lui une explication de la partie historique du Pentateuque, in-f°, Venise, 1583; in f», Cracovio, 1584; in-4°, la Haye, 1777, et in-4°, Zolkiew, 1802.

E. Levesque.

    1. ASDOD##

ASDOD, forme hébraïque {'Asdôd) du nom de laville philistine appelée Azot dans la Vulgate. Voir Azoï.

. ASEBAÏM (hébreu: hassebâîm, nom avec l’article, «les gazelles;» Septante: 'Atnêweîp, SoSatp.. La Vulgate porte Asebaïm, comme les Septante, I Esdr., ii, 57, .et Sabaïm, II Esdr., vii, 59. Pour les traducteurs grecs, 'A<re6uiet'[i ou Siëaiji est un nom de personne: viol «fa^epâO, utot 'A<Teë<oet'[<., ou vîoi *axapâ8, uiol Saêaiji.Le traducteur latin en fait un nom de lieu; peut-êtreparce qu’il a rapproché ce nom du nom à peu près sembable de deux autres localités: Sebo Hm, ville de la valléede Siddim, Gen., x, 19; Deut., xxix, 23, ou Sebo'îm, citéd’ailleurs inconnue, située sur le territoire de Benjamin.I Reg., xiii, 18. La Vulgate a été suivie par un certainnombre de commentateurs. Cependant il paraît difficilede voir dans hassebâîm un nom de lieu. D’abord on neconnaît aucune localité de ce nom. De plus, dans la longueliste de Nathinéens et de descendants dés esclaves de Salomon, donnée dans les deux passages cités, il n’est pasfait mention du lieu d’origine pour les autres personnes.Enfin le texte original, conservé sans variante, Pokéréthassebâîm, ne peut se traduire régulièrement Phoché-.reth de Sabaïm; il faudrait avant hassebâîm une préposition, jn, min, indiquant le lieu d’origine. Nous avons là

simplement, avec l’article, le nom sebdîm, qui veut dire «gazelles». Ce mot dépend du précédent, pokérét, dela racine pâkar, «prendre, capturer.» Ces deux motsforment ainsi un nom composé, «le preneur de gazelles:» c’est un surnom qui vraisemblablement supplanta dansl’usage le vrai nom de cet individu. Il faut néanmoinsremarquer que la version des Septante suppose que letexte hébreu qu’ils ont traduit portait, non pas benêPokérét hassebâîm, comme notre texte actuel, mais benêPokérét, benê hassebâîm, «les fils de Pokérét, les fils deSébaïm,» et cette leçon pourrait bien être la leçon primitive. E. Levesque.

    1. ASÉDOTH##

ASÉDOTH (hébreu: 'Aëdôp; Septante: 'A<r» )8tt>6), nomd’une localité voisine du mont Phasga, d’après la Vulgateet les Septante; mais peut-être aussi nom commun signifiant, d’une façon générale, «le pied d’une montagne,» radiées montis, comme la version latine a traduit elle-mêmedeux fois, Deut., iii, 17; iv, 49, ou bien «sources». Ce doitêtre un mot très ancien, puisqu’on ne le trouve que dansle Deutéronome, iii, 17; iv, 49, et dans le livre de Josué, x, 40; xii, 3, 8; xiii, 20. Il se rattache à la racine inusitée'â'sàd, «répandre,» et à l’expression 'éséd hannehaiîm( Vulgate: scopuli torrentium, «rochers des torrents» ), Num., xxi, 15, que Gesenius, Thésaurus, p. 158, expliqueainsi: «lieux bas où se déversent les torrents descendantdes montagnes.» On peut diviser en deux catégories lespassages dans lesquels il se rencontre. Dans la première, il est employé seul avec l’article, hâ'âsêdôf, Jos., x, 40; bâ'âsêdôt, Jos., xii, 8; il fait partie d’une énumérationcomprenant les divisions naturelles d’un pays: hâhâr, «la montagne;» hannégéb, «le midi;» hassefêlâh, «la plaine;» hâ'ârdbâh, «le désert.» Il semble doncconforme au contexte de lui laisser sa signification commune de féminin pluriel, désignant les vallées arroséespar les torrents. Dans la seconde, il est uni au mot Phasga, Deut., iii, 17; iv, 49; Jos., xii, 3; xiii, 20. Il s’agit, dansces divers endroits, des régions situées au delà du Jourdain et conquises par les Israélites. L’expression 'aMôfhap-Pisgâh paraît destinée à déterminer le massif montagneux qui enferme la mer Morte à l’est, et dans lequelse trouve le mont Phasga. On peut donc encore ici y voirle sens général que nous avons indiqué, «le pied dumont Phasga.» Cependant les explorateurs anglais duPalestine Exploration Fund, prenant le mot 'asdôt dansson sens étymologique, «écoulement,» le traduisent par «sources», et l’identifient avec 'Ayûn Musa, les remarquables «t sources de Moïse» (fig. 291) qui se trouventau bas du mont Nébo. Cf. G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 17; Old and New TestamentMap of Palestine, Londres, 1890, feuille 15. Cette opf

nion ne manque pas de vraisemblance. En effet, la raretéet l’importance des eaux en Orient expliquent assez comment une source considérable a puétre l’objet d’une mention particulière. Ensuite le sens étymologique de 'asddfs’applique mieux à des sources, quand elles sont surtoutcomme celles de Moïse. Enûn les Septante ont toujoursrendu le mot par un nom propre, et la Vulgate elle-mêmea été obligée de l’employer comme tel, Jos., x, 40; xii, 3, 8; xiii, 20.

Situées au pied du pic fameux qui fut témoin de lamort mystérieuse de Moïse, et au-dessous d’un sommetvoisin, identifié avec le Phasga, les sources de Moïse

petites chutes. Cf. de Luynes, Voyage d’exploration à lamer Morte, 3 in-i», Paris, t. i, p. 153; H. B. Tristram, The Land of Moab, Londres, 1871, p. 335-336; Conder, Heth and Moab, Londres, 1889, p. 131-132. — Eusèbeet saint Jérôme font d’Asédoth «une ville des Amorrhéens, qui échut à la tribu de Ruben»; ils expliquent 'AuyiSwôia<r(â. comme l’ont fait une fois les Septante, Deut., iv, 49, traduisant le dernier terme par Xa£.£VTirj, «taillée.» Ils distinguent une autre ville de même nom, assiégée et prisepar Josué, xii, 8. Cf. Onomasticon, Gœttingue, 1870,

p. 216, 217; S. Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 867, 868.

A. Legendre.

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291. — Sources et cascades. d’Ayoun-Mouça, au pied do mont Phasga,

offrent une oasis de fraîcheur et de verdure au milieu decette contrée aride. Elles forment deux groupes principaux. Le premier se compose de plusieurs petites sourcescontiguës, qui sortent de la base d’un rocher très pittoresque où sont creusées des grottes naturelles ou artificielles. Leurs eaux, se réunissent bientôt sur une largechaussée, éboulement d’un banc de calcaire, pour seprécipiter de là en une belle cascade, haute de sept àhuit mètres. Cette plate-forme est comme le toit d’unegrotte humide et sombre qui s'étend assez loin en arrièresous ce plafond de roches. Les eaux s'épanchent sur de.longues guirlandes vertes formées de mousses et deplantes à feuillage fin et chevelu. En baignant continuellement ces végétaux, elles ont produit des incrustationsdont l'épaississem*nt continuel a fini par créer une gigantesque stalactite qui semble une colonne conique, inclinée suivant la pente de la chute. Un peu plus loin, lesecond groupe sort des profondeurs de la montagne: lecourant, clair comme le cristal, fuit sur un lit composéde pierres et de cailloux, couverts par des coquillagesd un noir luisant; il rejoint le premier par une série de

ASEL (héb.: 'Açel, (. noble»; Sept.: 'EtvJX), Benjamite, fils d'Élasa, de la postérité de Cis, père de Saûl. I Par., vin, 37-38; ix, 43-44. Pour Asel, ville, voir Beth-Ésely

ASEM (hébreu: 'A}ém [à la pause], Jos., xv, 29; xix, 3; 'Ésém, l Par., iv, 29; Septante: 'Auott; Jos., xv, 21); 'laffôv, Jos., xix, 3; 'Atcrépi., IPar., iv, 29; Vulgate: Asem, Jos., xix, 3; Eseni, Jos., xv, 29; Asom, I Par., iv, 29), ville de la tribu de Juda, appartenant à l’extrémité méridionale de la Palestine, Jos., xv, 29, et attribuée plustard à la tribu de Siméon. Jos., xix, 3; I Par., iv, 29. Sonemplacement est inconnu jusqu'à présent, la plupart desvilles qui composent ce premier groupe, Jos., xv, 21-32, n’ayant pas été identifiées. Dans les trois passages quenous venons de citer, elle occupe une place régulièreentre Baala ouBala, et Eltholad ou Tholad. Cette dernièreest rebelle à toute assimilation, et Baala est, pour certainsauteurs, placée d’une manière très problématique à Deirel-Belah, au sud-ouest de Gaza, non loin de la mer.Parmi les noms qui précèdent, les plus connus sont Bersabée [Bir es-Sébâ) et Molada (Khirbet Tell el-Melah)^

parmi ceux qui suivent, Bemmon, qui termine la liste, correspond bien à Khirbel Oumm er-Èoumamîn. Cf. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 277-284, 352-354; t. iii, p. 184-188. C’est donc dans ces paragesqu’il faudrait chercher Asem, d’autant plus que, en comparant les trois énumérations, Jos., xv, 21-32; xix, 2-7; I Par., iv, 28-32, elle ne paraît éloignée ni de Bersabéeni de Molada. On a voulu l’identifier avec Eboda, aujourd’hui Abdéh, localité située à huit heures au sud d'Élusa{Kkalasak). Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 126. Laraison étymologique sur laquelle on s’appuie n’a pas defondement, et la situation d’Asem serait beaucoup trop

au sud.

A. Legendre.

    1. ASÉMONA##

ASÉMONA (hébreu: 'Asmônâh [avec /» élocal], Num., xxxiy, 4; Jos., xv, 4; 'Asmôn, Num., xxxiv, 5; Septante: 'A<rs|itDvâ, Num., xxxiv, 4, 5; SeXjtwvdt, Jos., xv, 4), ville frontière, située à l’extrémité méridionale de la TerreSainte, Num., xxxiv, 4, 5, et appartenant à la tribu deJuda. Jos., xv, 4. Dans la ligne tracée par les auteurssacrés, formant l’arc de cercle depuis la pointe sud de lamer Morte jusqu'à la Méditerranée, en passant par Cadèsbarné, elle se trouve la plus éloignée vers l’ouest: c’esttout ce que nous savons de certain. On a cependant proposé quelques identifications. Wetzstein, s’appuyant sur laracine du mot 'âsam, «être fort,» 'ésém, «ossem*nts,» pense qu’il s’agit de la longue chaîne du Djebel Yélék, dont le pied occidental est baigné par «le Torrentd’Egypte», Ouadi el-Arisch, ou des deux chaînes parallèles du Djebel RèlâX et du Djebel Yélék, Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 118. Sur la position respective des deuxmontagnes, voir Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, 1. 1, p. 185, et là carte. Le fondementde cette opinion semble bien fragile. Trumbull, KadeshBarnea, New-York, 1884, p. 117, 289-291, propose dereconnaître Asémona dans Qaséiméh, groupe de sourcesou de bassins, situé à l’est du Djebel Muweiléh, près dela grande route des caravanes entre l’Egypte et la Syrie.Son sentiment s’appuie sur ce fait que le Targum dupseudo -Jonathan, Num., xxxiv, 4, a rendu 'Asmon parDDp, Qesâm, et celui de Jérusalem par D0>p, Qêsam, cequi répond exactement à l’arabe JU* «.ï, Qaséiméh. Ladifférence entre les lettres initiales, 'aîn et qof, vient desdiverses manières d'écrire, Q, K, G, ou les aspirées A, 'A, représentant les variations d’un son guttural. C’est ainsiqu’il identifie une des villes précédentes, Adar, avec Qadeirah, ou Ain Qoudeirah, un peu plus à l’est. En plaçantCadèsbarné à Aïn-Qadis, comme le veulent bon nombred’auteurs, il est certain que YOuadi et VAïn Qaséiméhrentrent parfaitement dans la ligne de la frontière méridionale, telle qu’elle est décrite par les Livres Saints.

Voir Cadès. °

A. Legendre.

1. ASÉNA (hébreu: 'Asnâh, «épine,» ou, selond’autres, «grenier [?];» Septante: 'A<tev «), chef de famille nathinéenne, dont les descendants revinrent de l’exilavec Zorobabel. I Esdr., ii, 50.

2. ASÉNA (hébreu: 'ASnâh; Septante: "As-ua), villede la tribu de Juda. Citée après Estaol et Saréa, Jos^; xv, 33, elle appartenait' au premier groupe des villes, de «la plaine», et se trouvait sur la frontière des deuxtribusde Juda et de Dan. Jos., xix, 41. Si son emplacementcertain nous est inconnu, les noms qui précèdent nouspermettent de le fixer d’une manière approximative.Estaol est bien identifiée avec Achou’a, et Saréa avecSara’a, toutes deux voisines l’une de l’autre, et situées 1en droite ligne à l’ouest de Jérusalem. De même Zanoé, qui suit, est bien Kkirbet Zànou’a. Plusieurs localitésont été proposées pour l’identification de cette premièreAséna: — 1° 'Aslin, village formant triangle, vers lenord, avec Achou’a et Sara’a. La position convient parfaitement; mais le nom laisse un peu à désirer à cause

de l’aï» initial, quoique la permutation entre le schïnhébreu et le sin arabe, entre le nun et le lâm, soit facile àcomprendre. — 2° Kefr ffasan, situé un peu plus au nordouest. CI. G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names andplaces in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 18. Cet endroit ne s'écarte pas non plus de la lignedéterminée par le contexte. — 3° Beit Schenna, bien audessus, au nord d’Amouas, Cf. Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1876, p. 151; 1877, p. 22.Cette localité, au contraire, s'éloigne beaucoup trop deslimites voulues, et se trouve plutôt renfermée dans latribu de Dan. Eùsèbe et saint Jérôme mentionnent une «Asna, de la tribu de Juda», mais sans en indiquer laposition. Cf. Onornaslicon, Gœttingue, 1870, p. 220; S. Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxill, col. 871. Le village de Bethasan dont parlent cesPères quelques lignes plus loin, à propos d' «Asan, de latribu de Juda», semble, à raison de sa distance de Jérusalem, convenir plutôt à notre Aséna. Voir Asan.

A. Legendre.

3. ASÉNA ( nom omis par les Septante; Vulgate: Esna). Jos. T xv, 43. Voir Esna.

    1. ASÉNAPHAR##

ASÉNAPHAR (chaldéen: 'Osnappar; dans quelquesmanuscrits: 'Asnappar; Septante: 'A(j<jevaq>âp), nomd’un personnage qualifié de grand et de glorieux, mentionné dans la lettre que les ennemis des Juifs écrivirent contre eux au roi de Perse Artaxerxès, I Esdr., rv, 10. Il est dit dans cette lettre, dont le texte est reproduit en chaldéen bu araméen, que divers peuples, aunom desquels la lettre est rédigée, Dinéens, Apharsathachéens, Babyloniens, Susiens, etc., ont été déportés enSamarie par Asénaphar. Cet acte d’autorité, de mêmeque les titres de grand et de glorieux qui lui sont donnés, indiquent que cet Asénaphar est un roi. Or, commela Samarie fut repeuplée par les rofe d’Assyrie, ce roi estcertainement un roi de Ninive. Mais son nom a dû être défiguré par les copistes, comme tant d’autres noms propres, car aucun des monarques qui ont.régné à Ninive "n’estainsi appelé. Plusieurs commentateurs ont cru à tortqu’Asénaphar était une altération du nom de Salmanasarou de Sennachérib, les inscriptions assyriennes prouventqu’il ne peut être question de ces deux rois dans la lettredes ennemis des Juifs. Asarhaddon et Assurbanipal, lefils et le petit-fils de Sennachérib, sont les seuls princesqui aient pu déporter en Samarie les peuples mentionnésI Esdr., iv, 9. Plusieurs exégètes pensent qu’Asarhaddondoit être préféré à Assurbanipal, parce que c’est lui quiest nommé expressément I Esdr., iv, 2 (Asor Haddan)comme l’auteur d’une transportation en Samarie, et queles annales de ce roi nous apprennent qu’il fit déporterdans la terre de Hatti, qui comprenait la Palestine, diverspeuples de l’est de son empire qu’il ne nomme pas.Cùneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. 45, col. i, lig. 24-34. Néanmoins, comme les Susiens sontnommés parmi les déportés, I Esdr., iv, 9, et qu’Assurbanipéï est le premier roi d’Assyrie qui, d’après ce qu’onsait maintenant, ait pénétré au cœur de l’Elam et se soitemparé de Suse (Annales, col. v, lig. 128-129; AldenSmith, Die Keilschrif texte Assurbanipals, in-8°, Leipzig, 1887-1889, Heft i, p. 46-47), il est plus probable qu’Asénaphar est Assurbanipal. Asarhaddon n’a fait aucunecampagne contre l'Élam. Assurbanipal, au contraire, lui fitune guerre acharnée, dont il a reproduit une foule d'épisodes dans son palais (fig. 292); non seulement il s’emparade Suse, la capitale de ce pays, mais.il nous apprend, dansses inscriptions, qu’il en déporta les habitants et «les dispersa dans toute l'étendue de son royaume». (Voir lestextes dans G. Smith, History of Assurbanipal, p. 224-233, 247, et dans H. Gelzer, Die Colonie des Osnappar, dansla Zeitschrift fur àgyptische Sprache, 1875, t. xiii, p. 81.)Assurbanipal fit aussi la guerre aux Babyloniens, quifigurent dans la liste I Esdr., iv, 9; ils s'étaient révoltés

contre lui, et il les en punit durement. L’altération du nomd’Assurbanipal en Asénaphar s’explique d’ailleurs plusfecilement que celle d’Asarhaddon: hsjdn venant parcontraction de Sa: [an] DN = bs-M-nDN. Le changementde la syllabe finale phal ou pal en phar ou par n’a rienqui puisse surprendre: Phul est devenu Por, dans leCanon de Ptolémée. Aussi cette identification est-elleacceptée par Frd. Delitzsch, Wo lag dos Parodies, in-12, Leipzig, 1881, p. 329; ainsi que par Eb. Schrader, qui, après avoir admis l’identification d’Asarhaddon dans lapremière édition de ses KeiUnschriften und dos Alte

ou au fils leur translation â Samarie, soit à Asarhaddon, parce que c’est lui sans doute qui en avait fait transporterun plus grand nombre, soit à Assurbanipal, son fils, parceque son règne avait été plus glorieux et qu’il était demeuréplus célèbre que celui de son prédécesseur.

F. VlGOUROUX.ASENETH (hébreu: 'Âsenat; Septante: 'AuevfO, 'Ao-svvéO), fille de Putiphar (hébreu: Pôtîféra'), prêtred’Héliopolis (hébreu: 'On). Le Pharaon la donna pourépouse à Joseph, qui en eut deux fils, Manassé et Éphraïm.Gen., xli, 45-50; xlvi, 20. C’est pour relever l’autorité de

292. — Bataille livrée par Assurbanipal dans le paya dTÉlam.Bas-reliet de Koyoundjik. D’après Layârd, Monuments of Nineveh, t. ii, pi.

Testament, 1872, p. 246, se prononce pour celle d’Assurbanipal dans la seconde, 1883, p. 376. Les textescunéiformes leur semblent décisifs en faveur d’Assurbanipal.

Il faut observer cependant que, si Assurbanipal seul apu déporter les Susiens en Samarie, c’est Asarhaddon quia dû y transporter les Apharsatachéens et les Aphârséens, car c’est Asarhaddon qui s’est emparé des villes médiquesde Partakka, Partukka. Guneiform Inscriptions of westernA$ia, t. i, pi. 46, col. iv, lignes 19-20; Budge, History ofEsarhaddon, in-8°, Londres, 1880, p. 68; cf. Frd. Delitzsch, dans Bær et Frz. Delitzsch, Libri Danielis, Ezrse et Nehemise, in-8°, Leipzig, p. IX. D’où il faut conclure que les peuples énumérés, LEsdr., IV, 10, ont été déportés, les uns, etc’est probablement le plus grand nombre, par Asarhaddon, et les autres, tels que les Susiens, par Assurbanipal. Leschoses étant ainsi, il est difficile de dire avec certitude, en s’en tenant aux renseignements fournis par les inscriptions cunéiformes, quel est le nom de roi caché sous laforme Asénaphar: les déportés ont pu attribuer au père

son premier ministre que ce roi l’unit à la fille du grandprêtre d’un des sacerdoces les plus renommés de l’Egypte.Aseneth, d’après quelques commentateurs, ne serait pasle nom que portait la fille de Putiphar avant son mariage, mais le nom hébraïque que Joseph lui aurait donné. Danscette hypothèse, on le compare au nom d’homme 'Asnâh, I Esdr., ii, 50, signifiant «grenier»; on y voit une allusionà l’histoire de Joseph et au nom d'Éphraïm. Cette étymologie n’est guère satisfaisante. Du reste, tout dans ce récitnous porte à voir dans Aseneth le nom égyptien de la fillede Putiphar. Il est cependant difficile de déterminer d’unefaçon certaine son étymologie. C’est un mot composé proas, «demeure, siège,» et du nom

bablement de

de

en

la déesse! W ^.î, NU ou Net: ce qui donne J a *"* J,

Asneth, «demeure (ou siège) de Neith.» Sans doute cenom n’a pas encore été trouvé sur les monuments, maisil en existe de tout à fait semblables: ainsi AsPtah, «demeure de Ptah;» As-Menti, «demeure de Menti»

(cf. Lieblein, Dictionnaire des noms hiéroglyphiques, n 08 193, 241); As-Hathor, «la demeure d’Hathor,» qui estle nom de deux femmes de la XIIIe dynastie. Lieblein, ibid., n° 508. De plus cette expression est employée dans lePapyrus magique du British Muséum, pi. 16, 3. Cf. Birch, Revue archéologique, novembre 1863, t. vnr, p. 435: «la

chapelle du siège (ou demeure) de Neith.» D’autresexplications ont été proposées, moins heureusespeut-être. Aseneth pourrait venir de '-—< fc J,

Nésnet, «qui appartientàNeith.» On sait que cettepréposition nés, qui entredans la composition debeaucoup de noms propres, a été rendue en grecpar un Ç, à l'époque ptolémaïque. Ainsi Nes-bæn-dad a donné Z6ev8eTr)ç.Nesnet aurait fait alorssnet dans la transcriptionhébraïque, et 'asnet avecun aleph prosthétique. Onpourrait encore proposer

I V H *» i J, Ausennet, «elle est à Neith,» quise rapproche de la formegrecque 'AævvéO. Ontrouve des noms composés de la même manière, par exemple: Ausenmutés, Ausna. Cf. Lieblein, Dictionnaire des nomshiéroglyphiques, n° s 343, 201, 361, etc. Neith, quientre certainement dansla composition du nomd' Aseneth, était une desdéesses du premier ordredans le Panthéon égyptien( fig. 293). Émanationd’Ammon, elle était associée à ce dieu comme principe femelle dans la production de l’univers; elle présidait à la sagesse et à l’art de la guerre, comme Minerve.Vénérée spécialement à Sais, on l’honorait dans toutel’Egypte comme la mère du soleil. Aussi il était naturelqu’un prêtre d’Héliopolis donnât à sa fille un nom oùentrait celui de la mère de ce dieu. Des légendes se sontformées sur Aseneth: Prière d' Aseneth, voir Apocryphes, col. 771, et Légende d’Asnath, dans la Bévue desétudes juives, 1891, t. xxii, p. 87. E. Lëvesque.

ASER (hébreu: 'Asêr; Septante: 'Aorjp), nom d’unfils de Jacob (et d’un fils de Coré, dans laVulgate), d’unedes douze tribus d’Israël, d’une ville de Manassé (et enfind’une ville de Nephthali dans le texte grec de Tobie).

1. ASER, huitième fils de Jacob, le second qu’il eut deZelpha, servante de Lia. Gen., xxx, 13. Ce nom veut dire «heureux», et, à la naissance de l’enfant, il se trouvepar trois fois sur les lèvres de Lia, qui, dans l’excès desa joie, s'écrie: be’osrî, «dans mon bonheur,» c’est-à-direheureuse que je suis; 'isserûnî, «bienheureuse me proclament les femmes; c’est pourquoi elle l’appela 'ASêr.» Aser, comme son frère aîné Gad, naquit en Mésopotamie, hébreu: Paddan Aram. Gen., xxxv, 26. Il eut quatre filset une fille, nommée Sara, Gen., xlvi, 17; ses descendantssont énumérés I Par., vii, 30-40. La bénédiction que Jacob

293.

La déesse Neith.

Thèbes. xixe dynastie. — D’aprèsLepsins. Denltmaler, Abth. iii, pi. 123.

mourant lui donna tïen., xlix, 20, s’accomplit à la lettredans la tribu dont il fut le père. Voir Aser 3.

A. Legendre.

2. ASER (hébreu: 'Assîr; Septante: 'Aotip), fils ainede Coré et arrière-petit-fils de Caath, de la tribu de Lévi.Exod., vi, 24. Il est appelé Asir dans laVulgate (Septante: 'Aa-fip), I Par., vi, 22. Voir Asm 2.

3. ASER, une des douze tribus d’Israël. — I. Géographie. — La tribu d’Aser occupait la partie nord-ouest delà Palestine, depuis le Carmél jusqu’aux confins de la Phénicie, c’est-à-dire le versant occidental des montagnes quis'étendent, comme un prolongement affaibli, du pied duLiban à la plaine d’Esdrelon. Les principales villes son! énumérées dans le livre de Josué, xix, 24-31, et dans celuides Juges, i, 31-32; mais la délimitation exacte du territoire présente de très grandes difficultés. Nous ne savons, en effet, sur quelles bases eut lieu le partage de la TerrePromise, et l’identification de certains noms est encore àl'état de problème. Cependant les travaux modernes, enparticulier ceux de E. Robinson, de V. Guérin et des explorateurs anglais de l’Exploration Fund, ont jeté une lumière nouvelle sur beaucoup de points obscurs, et permettent de tracer d’une manière satisfaisante les limitesde chaque tribu, ou au moins de réformer les indicationsfantaisistes de certains auteurs. La carte que nous avonsdressée pour cet article présente le résultat actuel de nosconnaissances: les identifications ou certaines, ou probables, ou douteuses que nous adoptons sont baséesd’abord sur les données de la Bible, ensuite sur les règlesde l’onomastique, enfin sur les traditions anciennes.

1° villes principales. — Voici, dans l’ordre mêmesuivi par Josué, xix, 24-31, les principales villes d’Aser.Nous renvoyons, pour les développements, aux articlesqui concernent chacune d’elles en particulier:

1. Halcatb (hébreu: ffélqaf; Septante: 'E5eXexé6, Jos., Xix, 25; Xikuid, Jos., xxi, 31), appelée Hucac, Ifûqôq, 'Axàx, dans la liste des villes lévitiques, I Par., vi, 75(hébreu, 59). C’est très probablement aujourd’hui levillage de Yerka, au nord-est d’Accho (Saint-Jean-d’Acre).V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 16-17. '*?

2. Chali( hébreu: IJâli; Septante: 'AXécp; Codex Alexàndrinus.-'Oo’kzi), probablement Khirbet 'Alla, au nord dela précédente. V. Guérin, Galilée, p. 62.

3. Béten (hébreu: Bétén; Septante: BaiSôx; CodexAlexandrinus: Bocrvé), probablement El Banéh, au sudest de Yerka. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Namesand places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 27.

4. Axaph, Achsapb (hébreu: 'AkSâf; Septante: Ke<£ç, Jos., xix, 25; 'AÇîç, Jos., xi, 1; xii, 20; Vulgate: Achsaph, Jos., xi, 1; xii, 20); c’est Khirbet Ksâf ou Iksâf, ruinessituées au sud de l’angle formé par le Léontès, suivantRobinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 55, et V. Guérin, Galilée, p. 269; mais, plusprobablement, pour nous, c’est Kefr Yasif, village situéà quelque distance au nord-est de Saint-Jean-d’Acre.Palestine Exploration Fund, Quart. St., 1876, p. 76.C’est l’Aksaphou des Listes de Thotmès III, n° 40.

5. Elmélech (hébreu: 'Allammélék; Septante: 'E/.tliiXéx)> inconnue; peut-être cependant VOuadi el-Malek, qui se jette dans le Cison (Nahr el-Mouqatta), en conserve-t-il le nom. Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, 1858, p. 283.

6. Amaad (hébreu: 'Am'âd; Septante: 'Apn^X), Khirbet el-'Amoud, au sud-est d’Ez-Zib, suivant G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places, p. 9; Oummel-'Amed, village situé entre Beit-Lahm (Bethléhem deZabulon) et Khirbet el-Beidha (Abès d’Issachar), ausud de VOuadi el-Malek, selon Van de Velde, Memoir, p. 284.

7. Messal (hébreu: Mis'âl, Jos., xix, 26; xxi, 30; Mâsâl, I Par., iii, 74; Septante: Maao-â, Jos., xix, 26, Dictionnaire âelaBible

LetOUzeyetvllf, Éditeurs

Imp. Itu/réruryPa7>is:

Trjv' BxoeUiv, Jos., xxi, 30, MacuriX, I Par., VI, 74; Vulgate: Masal, Jos., xxi, 30; I Par., vi, 74) doit se retrouver dans certaines ruines de VOuadi Maisléh, au nordest de Saint -Jean-d’Acre, suivant Armstrong, Wilson etConder, Names and places, p. 129; mais probablementplutôt à celles de Misalli, au-dessous de la pointe duCarmel, non loin de la mer et au nord d’Athlit; Van deVelde, Memoir, p. 335, d’après VOnomasticon, au motMasan. C’est la MâSal des Listes de Thotmès III, n° 39.

8. Sihor et Labanath ( hébreu, sans conjonction: êîhôr Libnât; Septante: tù Siwv xaî AaëavàB), inconnu.Les explorateurs anglais, Names and places, p. 164, etgrande carte, feuille 6, proposent le Nahr Na’mein, ancien Bélus, au-dessous de Saint -Jean-d’Acre; Conder, Palestine Exploration Fund, Quart. St., 1877, p. 50, propose VOuadi Schaghûr, à l’est de la même ville; d’autres descendent jusqu’au Nahr Zerka, l’ancien Crocodilon flumen, au nord de Césarée.

9. Bethdagon (hébreu: Bêt Dâgôn; Septante: BaiOs-fevé6), peut-être Tell Dâ'ûk, au sud-est et non loin deSaint-Jean-d’Acre. Palestine Exploration Fund, Quart.St., 1877, p. 22.

10. Zabulon (hébreu: Zebûlun; Septante: tù ZaêouXc6v), Neby Sabelân, à l’est de Khirbet 'Alia, suivantArmstrong, Wilson et Conder, Names and places, p. 183; plus probablement Abilin, au sud-est de Tell Dâ'ûk, suivant bon nombre d’auteurs, entre autres V, Guérin, Galilée, t. i, p. 420-421.

11. Vallée de Jephtahel (hébreu: Gê Yffab-'Êl; Septante: 'Ex-fat xat "ÊOairiX), peut-être VOuadi Abilin, quiprend naissance près de Djéfat, la Jotapata de Josèphe, la Yodaphath du Talmud. Robinson, Biblical Researclies, t. iii, p. 107.

12. Bethémec ( hébreu: Bêt Hâ'êméq; Septante: B3n9(il), probablement 'Amka, un peu au-dessus de KefrYasif. Guérin, Galilée, t. ii, p. 23.

13. Néhiel (hébreu: Ne'î'êl; Septante: 'IvariX; CodexAlexandrinus: 'AvtviX), peut-être Khirbet Yânin, à l’estde Saint-Jean-d’Acre, suivant Armstrong, Wilson etConder, Names and places, p. 136; ou le village deMî'ar, peu éloigné de Khirbet Yanîn, suivant d’autresauteurs.

14. Cabul (hébreu: Kâbûl; Septante: X(aêxp.xa’oyA, union de Kâbûl. et du mot suivant: Mièiem'ôl; CodexAlexandrinus: XaëwX), certainement Kaboul, un peu ausud de Khirbet Yanîn. V. Guérin, Galilée, t. j, p. 422.

15. Abran (hébreu: 'Ébrôn; Septante: 'EXëtàv), inconnue; V. Guérin, Galilée, t. i, p. 432, propose Berouéh, à l’est de Saint-Jean-d’Acre. Ailleurs, Jos., xxi, 30, et I Par., VI, 74, on lit Abdon (hébreu: 'Abdôn; Septante: 'A68(4v, Aaëêtiv), qui correspond certainement àKhirbet 'Abdéh, village situé à quelque distance au nordest d’Ez-Zib. V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 36.

16. Rohob (hébreu: Rehôb; Septante: 'Paa6), inconnue; nous proposons Tell er-Rahib, au nord-est deKhirbet 'Abdéh; il y a convenance au point de vue dunom, de la signification et de la position.

17. Hamon (hébreu: Biammôn; Septante: 'Enepiauv), rappelée par VOuadi et VAïn Hamoul, au nord-est deBas en-Naqoura, suivant Robinson, Van de Velde etd’autres; placée à Khirbet Oumm él-A’amid, tout prèsdes mêmes endroits, par V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 147.

18. Cana (hébreu: Qânâh; Septante: Kavfjâv; CodexAlexandrinus: Kavâ), certainement le grand village deKânah, au sud-est de Tyr. V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 391.Ce n’est pas la Caiia évangélique; c’est peut-être laQaïnaou des Listes de Thotmès III, n° 26.

19. Horma ( hébreu: Hârâmâh, avec l’article; Septante: 'Pana), selon toute apparence, le village de Raméh, à l’est de Ras en-Naqoura; V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 125, après Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 64.

20. Hosa (hébreu: Hiôsâh; Septante: 'Iaoîç), peut-être

les ruines d’Ezzîyât el-Fôfta ou et-Tahta, au sud de Tyr.Armstrong, Wilson et Conder, Names and places, p. 90.

21. Achziba (hébreu: 'Akzîbâh; Septante: 'E-^àê), généralement identifiée avec le village actuel d’Ez-Zib, sur le bord de la mer, au nord de Saint-Jean-d’Acre. C’estl’ancienne Ecdippe, VAk-zi-bi des tablettes cunéiformes.V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 164.

22. Amman (hébreu: 'Ummâh; Septante: v Ay.y.ii), Khirbet 'Amméh, au nord-ouest d’El-Djich (Giscala), suivant V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 114; mais plus probablement 'Aima ou 'Aima ech-Chaoub, à une faible distancede Ras en-Naqoura. Armstrong, Wilson et Conder, Namesand places, p. 178.

23. Aphec (hébreu: 'Âfêq; Septante: 'Açix), inconnue; nous ne croyons pas que ce soit VAfka du Liban.

24. Çohob (hébreu: Rehôb; Septante: 'Paaû), inconnue.

La Bible ne compte que «vingtdeux villes avec leursvillages s. Jos., xix, 30. Il est probable qu’elle ne comprend pas dans la somme totale les deux dernières quirestèrent habitées par les Chananéens. Jud., i, 31. À cescités épargnées et qui rentrent néanmoins dans le territoire de la tribu, il faut ajouter les trois suivantes, Jud., i, 31:

25. Accho (hébreu: 'Akkô; Septante: 'Ax^w, Jud., I, 31; riroXeiiaiç, I Mach., v, 15, 22, 55, etc.), aujourd’hui'Akka ou Saint-Jean-d’Acre, ville maritime, située àdouze kilomètres au nord-est du Carmel.

26. Ahalab (hébreu: 'Ahlâb; Septante: AaXiip), probablement El-Djich, au nord-ouest de Safed et non loindu Djebel Djermakk. Jud., i, 31.

27. Helba (hébreu: Jlélbâh; Septante: Xe68ci), inconnue. Jud., i, 31.

Sidon et Tyr ne sont vraisemblablement nommées, Jos., xix, 28 et 29, que comme les frontières de la tribu d’Aser, qui ne devait pas les englober dans son territoire.

2° limites. — Nous pouvons maintenant déterminerles limites de la tribu d’Aser. Une remarque préliminaire, mais très importante, doit nous éclairer: c’est que l’auteur sacré, loin de marcher au hasard dans ses énumérations, procède toujours avec méthode, par groupes réguliers ou suivant une certaine direction. C’est là un faitévident, en particulier, pour les tribus de Juda et de Benjamin, Jos., xv, 20-63; xviii, 11-28, et facile à saisir ici; c’est un élément qu’on a trop négligé dans le problème*des identifications. En effet, pour un assez grand nombrede localités, citées une ou deux fois seulement, les données de la Bible font défaut; d’un autre côté l’onomastique a parfois quelque chose de spécieux; enfin les traditions anciennes sont plus ou moins vagues. Dans cescas, l’ordre suivi par l'écrivain inspiré et la place qu’occupe le nom dans ses listes sont pour nous d’un trèsgrand poids. C’est en vertu de cette règle, applicable surtout au livre de Josué, que nous sommes disposé à placer, par exemple, Amaad à Oumm el-'Amed plutôt qu'àKhirbet el-'Amoud, et Messal à Misalli plutôt qu'àMaisléh.

Voici, en effet, la marche de l’historien sacré. Il commence par le centre de la tribu avec Halcath, Chali, B^tenet Axaph; puis il descend vers le sud avec Elmélech, Amaad, Messal, le Carmel, Sihor-Labanath. De là il sedirige «vers l’orient» par Bethdagon, Zabulon et la vallée.de Jephtahel. Remontant «vers le nord» avec Bethémec, il reprend plus bas quelques villes du centre, Néhiel, Cabul et Abran, pour aller, par Rohob, Hamon et Cana, «jusqu'à la grande Sidon.» Enfin il revient vers Hormapour finir par l’ouest avec Tyr, Hosa, Achzib et Amma.La frontière orientale peut donc se traduire par la lignesuivante: partant des bords de la mer, au sud du Carmel, elle se dirige vers le nord-est par l’Ouadi el-Malek et lavallée de Jephtahel; passant ensuite entre le Djebel Djermak et le Djebel Adathir, elle englobe El-Djich; enfin, après une inclinaison vers le nord-ouest, elle remonte au

nord pour couper le Nahr el-Qasmiyéh un peu au delàdu milieu vers l’est. Plusieurs villes de Nephthali nous «servent de jalons pour ces limites: Arama (Er-Raméh), Jéron (Yàrûn), Enhasor (Khirbet Haziréh), Iléleph(Beil-Lif) et Magdalel (Mudjeidel). Jos., xix, 36, 37, 38.D’un autre côté, nous savons que la frontière occidentalede Zabulon descendait par la vallée de Jephtahel jusqu'àBethléhem (Beit-Lahm). Jos., xix, 14, 15. Nous arrêtonsla pointe méridionale au sud de Misalli, puisque Dor[Tantoura) fut enlevée à Aser pour être donnée à Manassé. Jos., xvii, 11. Jusqu’où s'étendait la tribu au nord?Nous ne savons au juste; tout ce que nous pouvons constater, c’est qu’il n’y a pas actuellement au delà du Nahrel-Qasmiyéh, ou «fleuve de la séparation», d’identifications certaines. À l’exception de plusieurs villes importantes, telles qu’Accho et Achzib, elle occupai^ versl’ouest, toute la côte méditerranéenne, comme on le voitd’après le cantique de Débora, Jud., v, 17:

Aser habitait sur le rivage de la mer, Et se reposait dans ses ports.

Elle était ainsi, bornée à l’est par la tribu de Nephthali, au sud-est par celle de Zabulon, au sud par celles d’Issachar et de Manassé.

3° description. — La tribu d’Aser comprenait donctout le versant méditerranéen du massif septentrional dela Palestine, massif dont l’arête principale est formée detrois sommets avec leurs prolongements vers le nord etle sud, le Djebel Adâthir (i 025 mètres), le Djebel Djermak (1199 mètres), le Djebel Zaboûd (1114 mètres).A l’ouest de cet axe se profilent transversalement ou obliquement des chaînons tourmentés, rattachés entre euxpar des contreforts latéraux, surtout près de la mer, oùces contreforts semblent les restes d’une chaîne bordièreparallèle ou littorale. Le Râs Oumm Qabr, au nord deYa’ter, y atteint 715 mètres; le Tell Bêlât, plus bas, s'élèveà 616 mètres; enfin, plus au sud encore, le rebord deTerchiha est à 632 mètres d’altilude. Les rivières de ceversant, arrêtées jadis dans les cavités des entrecroisem*nts, ont rompu cette barrière, et quelques marais seulementindiquent aujourd’hui pendant les pluies la placedes anciens lacs. Les nombreuses vallées qui formenttout ce dédale occidental réunissent leurs eaux en plusieurs courants principaux, les ouadis El-Houbeichiyéh, El-Ezziyéh, Ez-Zerka, Kerkera, El-Qourn, les NahrMefchoukh, Semiriyéh et Na’mein. La plaine côtiére, depuis le Léontès jusqu’au Râs eh-Abiad ou «cap Blanc», en passant par Tyr, est large en moyenne de deux kilomètres. Barrée par le Bas en-Naqoura ou «Échelle desTyriens», promontoire qui tombe à pic sur le rivage, elles'élargit à six ou huit kilomètres en passant par Êz-Zîbet Accho. La baie de Khaïfa et le Carmel terminent cetensemble.

Dans ces vallées, sur les flancs ou sur le plateau supérieur des montagnes, s'élevaient autrefois une multitudede villes et de bourgades, aujourd’hui renversées ou encore en partie debout et habitées, jouissant sur ces hauteurs d’une vue plus étendue, d’un air plus salubre etd’un.e sécurité plus grande. Au milieu de fourrés presqueinextricables de lentisques, d’arbousiers, de chênes verts, de térébinthes et de caroubiers, le voyageur rencontre desruines d’un haut intérêt: arasem*nts de murs d’enceinte, de tours, d'édifices et de maisons avec les pieds-droits etles linteaux de leurs portes encore en place. Ces ruinesappartenant quelquefois à toutes les époques et à toutesles civilisations, ruines chananéennes, judaïques, byzantines, ou datant des croisades, sont comme autant decouches superposées et successives des nombreuses populations, conquérantes ou conquises, qui ont tour à tourhabité le pays. Des excavations de toutes sortes pratiquéesdans le roc, telles que tombeaux, magasins souterrains, réservoirs, citernes, puits, pressoirs, attestent que cettecontrée était autrefois très peuplée et merveilleusem*nt

cultivée, dans les endroits même les plus désertés aujourd’hui par l’homme, et les plus rebelles en apparenceà toute culture. Cf. V. Guérin, Galilée, t. i, p. 79-80.

Dans les plaines, comme celles de Saint-Jean-d’Acreet de Tyr, et sur les collines cultivées jusqu'à leur sommet, croissaient en abondance, comme maintenant encore, du blé, de l’orge et d’autres céréales. Sur les pentes desmontagnes s'étageaient de belles plantations d’oliviers, defiguiers, de vignes et d’autres arbres fruitiers, que desbroussailles ont en partie remplacées depuis longtemps; malgré cela ce territoire, boisé et fertile, passe encorepour un des plus beaux cantons de la Palestine. C’est ainsique s’accomplit à la lettre la prophétie de Jacob, Gen., xlix, 20:

D’Aser vient un pain excellent, Il fait les délices des rois.

Ainsi se réalisa également la bénédiction de Moïse, Deut., xxxin, 24, 25, promettant à la tribu l’accomplissem*nt duprésage contenu dans son nom, Aser, «bienheureux:»

ꝟ. 24. Béni soit Aser en enfants;

Qu’il soit agréable à ses frères,

Et qu’il baigne ses pieds dans l’huile, y. 25. Que le fer et l’airain soient tes verroux,

Et que ta force dure autant que tes jours!

Comblé des biens terrestres et toujours en paix dans depuissantes forteresses, Aser trouvait de l’huile en abondance dans le pays qui lui échut en partage. On dit dansles Talmuds, à propos du verset biblique, que «dans lespossessions d’Aser l’huile coule comme un ruisseau», Siphré, Deutéronome, 355 (édit. Friedmann, p. 148 a), et qu' «il est plus facile d'élever une légion (forêt) d’oliviers en Galilée que d'élever un enfant en Palestine».Bereschith rabba, ch. 20. On fabriquait en Galilée ungenre de vases tout particuliers pour conserver l’huile.Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 180. La ville la plus renommée pour l’abondance deses huiles était précisément Gouch Halab, l’ancienneAhalab, aujourd’hui El-Djich. Voir Ahalab. Le fer etl’airain, dont il est question au J. 25, marquent, suivantcertains auteurs, l’esprit guerrier de la tribu. I Par., vu, 40. Ils font allusion, selon d’autres, aux métaux qu’ontrouvait dans cette tribu ou dans son voisinage au Liban.D’autres appliquent ces mots aux habitations d’Aser, fermées avec des verroux solides, fortes et imprenablescomme «des forteresses de fer et d’airain». Cf. Trochon, Les Nombres et le Deutéronome, Paris, 1887, p. 212-213.

II. Histoire. — Dans le premier dénombrement quifut fait du peuple hébreu, au Sinaï, la tribu d’Aser comptait 41500 hommes en état de porter les armes. Num.„i, 40, 41. Le chef qui fut chargé de procéder au recensem*nt était Phégiel, fils d’Ochran. Num., i, 13. Dans lecampement et la marche à travers le désert, elle se trouvait placée entre Dan et Nephthali, au nord du tabernacle.Num., ii, 27. Les dons qu’elle offrit à Dieu pour la dédicace de l’autel, par les mains de Phégiel, sont ainsi énumérés: «Un plat d’argent pesant cent trente sicles, unecoupe d’argent pesant soixante-dix sicles, au poids dusanctuaire, pleins l’un et l’autre de farine pétrie d’huilepour le sacrifice; un petit vase d’or pesant dix sicles, plein d’encens; un bœuf du troupeau et un bélier, et unagneau d’un an pour l’holocauste, et un bouc pour lepéché; et pour hosties pacifiques, deux bœufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d’un an.» Num., vii, 72-77.Parmi les explorateurs du pays de Chanaan, celui qui lareprésentait était Sthur, fils de Michaël. Num., xiii, 14.

Au second dénombrement qui fut fait dans les plainesde Moab, elle comptait 53400 hommes. Num., sxvi, 47.Après l’entrée dans la Terre Promise, elle se tint, «pourprononcer la malédiction, sur le mont Hébal, avec Ruben, Gad, Zabulon, Dan et Nephthali.» Deut., xxvii, 13. Aprèsle partage du territoire, elle fournit quatre villes aux Lé

vites, fils de Gerson: Masal, Abdon, Helcath et Rohob, avec leurs faubourgs. Jos., xxi, 30, 31; I Par., vi, 62, 74, 75. Pendant que «Zabulon et Nephthali exposaientleur vie à la mort», pour combattre sous Débora et Baracles ennemis d’Israël, les enfants d’Aser se reposaient tranquillement dans leurs ports. Jud., v, 17, 18. Ils aidèrentcependant Gédéon à poursuivre les Madianites. Jud., vii, 23.Les guerriers de cette tribu qui contribuèrent à conférerà David la royauté étaient au nombre de 40000. I Par., xii, 36. Du temps de Salomon, la tribu d’Aser forma, sous le gouvernement de Baana, fils d’Husi, l’une desdouze divisions territoriales qui devaient subvenir chacune pendant un mois à l’entretien de la cour. III Reg., iv, 16. Lorsque Ézéchias convoqua Israël et Juda à Jérusalem pour la cérémonie de la Pàque, «quelques hommesd’Aser répondirent à son appel.» II Par., xxx, 11. Dans le- partage symbolique de la Terre Sainte qui termine la prophétie d’Ezéchiel, Aser garde sa position naturelle aunord, Ezech., xlviii, 2, 3, et donne son nom à l’unedes trois portes occidentales de la nouvelle Jérusalem.Ezech., xlviii, 34. Dans le Nouveau Testament, Annela prophétesse, fille de Phanuel, la pieuse veuve qui, aujour de la Présentation du Sauveur, «chantait les louangesdu Seigneur, et parlait de lui à tous ceux qui attendaientla rédemption d’Israël,» est de la tribu d’Aser. Luc, ii, 36-38. Cette tribu est enfin nommée pour la dernièrefois dans l’Apocalypse, vii, 6: S. Jean voit parmi les élusqui sont marqués du signe du Dieu vivant «douzemille hommes de la tribu d’Aser», comme des autrestribus d’Israël. A. Legehdre.

4. ASER, ville frontière de la demi-tribu cisjordanienne de Manassé. Jos., xvii, 7. On reconnaît généralement qu’il s’agit ici d’une localité, et non de latribu de ce nom. L’Onomaslicon, Gœttingue, 1870, p. 222, la mentionne en ces termes: «Aser, ville de latribu de Manassé; il existe encore maintenant un villagede ce nom, que l’on rencontre près de la grande route, quand on descend de Néapolis à Scythopolis, au quinzième mille de la première de ces villes.» Cf. S. Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 871. Or précisément à cette même distance (environ 22 kilomètres) de Naplouse (autrefois Néapolis), surla route qui conduit à Beïçân, l’ancienne Scythopolis, setrouve un village appelé Teiasir, dont les deux dernièressyllabes reproduisent fidèlement l’antique dénomination'Aorip. Quelques voyageurs même écrivent Yasir. Cf. Vande Velde, Memoir to accompany the Map of the HolyLand, 1859, p. 289.

M. V. Guérin, pour qui cette identification est incontestable, décrit Teiasir comme un pauvre «villagedont plusieurs maisons sont renversées; d’autres sonttrès dégradées; un certain nombre de pierres de taille, engagées comme matériaux de construction dans la bâtissede quelques-unes d’entre elles, indiquent que ce villagea succédé à une ville antique, dont l’existence en cetendroit est en outre attestée par beaucoup de citernescreusées dans le roc, éparses çà et là; par les tombeaux dela vallée voisine, et par un très beau mausolée qui se trouveà 250 mètres au sud de la colline. Ce monument, de formeCarrée, mesure extérieurement neuf mètres sur chaqueface. Il a été construit avec de magnifiques blocs trèsbien appareillés et agencés entre eux, et reposant sansciment les uns sur les autres… Quatre pilastres ornaientles trois faces est, ouest et sud. Quant à la face nord, ellen’en avait que deux. Là, en effet, s’ouvre la baie, encoreassez bien conservée, qui donne accès dans la chambreintérieure. Cette baie consiste en deux pieds-droits formésde beaux blocs superposés horizontalement et couronnésd’un superbe linteau monolithe, décoré de moulures àcrossettes, moulures qui descendent également le longdes pieds-droits… Après l’avoir franchie, on pénètre, parune sorte de petit vestibule, dans une chambre qui, sous

trois niches, devait contenir probablement trois sarcophages, aujourd’hui disparus.» Description de la Palestine, Samarie, t. i, p. 355-357.

5. ASER. Le texte grec de Tobie, i, 2, mentionneaussi une ville d’Aser, 'A<rijp, de la tribu de Nephthali, dans la Galilée. Aucun autre texte ne parle d’une villede ce nom dans cette contrée. Il faut peut-être lire Asor

('Aaûp), la ville de Jabin. VoirvsoR 1.

A. Legendre.

ASÊRÂH. Voir Aschérah.

    1. ASERGADDA##

ASERGADDA (hébreu: Hâsar Gaddâh; Septante, Codex Alexandrinus: 'AfrspyaSSâ), ville de la tribu deJuda, située à l’extrémité méridionale de la Palestine.Jos., xv, 27. Son emplacement est inconnu. La premièrepartie du nom, Hâsar, est l'état construit de hâsêr, «lieuentouré de clôtures,» expression correspondant, chez lestribus pastorales de la Bible, au douar des Arabes d’Afrique, Voir Haséroth. On a remarqué que presque toutes leslocalités dont la dénomination comprend cet élément, comme Hasersual ( HâsarSu' âl), Jos., xv, 28; Hasersusa(HâsarSûsâh), Jos., xix, 5, se trouvent dans le désertou sur les confins du désert. Tel est le cas d’Asergadda.Elle fait partie d’un groupe dont malheureusem*nt peude noms sont connus, et elle est citée entre Molada etHassémon. Cette dernière ville n’a pas été retrouvée, maisl’autre est généralement identifiée avec Khirbet el-Milhou Melah, à l’est de Bersabée (Bir es-Séba). Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 184. Troisnoms seulement, dans l'énumératîon de Josué, xv, 27-28, la séparent de Bersabée, ce qui nous permet de regardersa situation comme circonscrite dans ces parages. Eusèbeet saint Jérôme mentionnent Aser et Gadda comme deuxvilles distinctes de la iribu de Juda. Cf. Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 220, 245; S. Jérôme, Liber de situ etnortiinibus locorum hebr., t. xxiii, col. 870, 901. L’absence du vav empêche de diviser ainsi les deux motsHâsar Gaddâh, et les indications données par Eusèbeet S. Jérôme ne répondent pas au contexte biblique.Cf. Reland, Paleestina ex rnonumentis veteribus illustrata,

Utrecht, 1714, t. ii, p. 707.

A. Legendre.

    1. ASFELD##

ASFELD (Jacques Vincent Bidal d'), théologien français, abbé de Vieu ville, né le 23 janvier 1664, mortà Paris, âgé de quatre-vingt-deux ans, le 21 mai 1745.Tout dévoué à la secte janséniste, il fut un des plusardents appelants de la bulle Unigenitus, et mêlé à toutesles controverses de cette époque. Exclu de la Sorbonne, exilé en 1721 à Villeneuve-le -Roi, au diocèse de Sens, ilpersista jusqu'à la fin dans son opiniâtreté. Très lié avecDuguet, attaché comme lui à l’hérésie janséniste, il collabora aux ouvrages que ce dernier publia sur l'ÉcritureSainte, sans qu’il soit possible de déterminer d’une manière absolument précise quelle fut sa part de collaboration. Les rédacteurs des Nouvelles ecclésiastiques de1745, dans la notice élogieuse qu’ils ont consacrée à cepersonnage, disent en parlant de ses écrits: «Nous neconnaissons d’ouvrage qui soit constamment de M. l’abbéd’Asfeld, que la préface du livre des Règles pour l’intelligence des Saintes Écritures; quelque morceau particulierdans les lettres du Prieur pour la défense de ce mêmeouvrage, qui est de M. Duguet; l’analyse (du moins toutle monde assure qu’elle est de lui) qui fait les IVe, v"et VIe tomes de l’Explication de la prophétie d’Isaïe, par M. Duguet; enfin V Explication des livres des Roiset des Paralipomènes, 3 vol. in - 12.» Outre ces ouvrages, divers auteurs attribuent encore à l’abbé d’Asfeld les écritssuivants: 1° Explication littérale de l’ouvrage des sixjours, mêlée de réflexions morales (sans nom d’auteur), Bruxelles, 1731, in-12; Paris, 1736; 2° La Genèse en latinet en français, avec une explication du sens littéral etdu sens spirituel, 2 in-12, Paris, 1732; 3° Explication

1.-3, 1

du livre de la Genèse, selon la méthode des saints Pères, 3 in-12, Paris, 1732. G. Legeay.

    1. ASH Edward##

ASH Edward, commentateur protestant, né à Bristol(Angleterre) en 1797, mort dans cette ville en 1873. Il futreçu docteur en médecine en 1825, et exerça sa profession à Norwich, où il s'établit en 1826. Il appartenaità, la secte des Amis (Friends), et en devint ministre en1832. Il continua néanmoins à pratiquer la médecine jusqu’en 1837, époque à laquelle il se retira à Bristol, pourne plus s’occuper que de religion. Il avait étudié avecsoin le texte grec du Nouveau Testament, et l’on a de luiExplanatory Notes and Camments on the New Testament, 3 in-8°, Londres, 1849.

    1. ASHDOWNE William##

ASHDOWNE William, unitarien anglais, né à Turnbridge Wells, en 1723, mort le 2 avril 1810. Son père étaitcommerçant et remplissait les fonctions de pasteur de laGeneral JBaptist Society (société unitarienne). Il devintlui-même prédicateur et pasteur de la secte. On a de lui: On the true Character of John the Baptist (anonyme), 1757; À Dissertation on St John, iii, 5, publiée avec sonnom, en 1768; À Scripture Key to the Evangelists, 1777.Il composa aussi quelques écrits théologiques. La plupart de ses œuvres avaient été imprimées à Cantorbéry.— Voir Monthly Beview, juin 1757, p. 285; Monthly Repository, t. v, p. 480; Kippis’s Doddrige’s Lectures, t. ii, p. 175, 390.

    1. ASHUR##

ASHUR (hébreu: 'Ashûr, «noirceur;» Septante: 'A<rx<i, 'Auoùp), fils posthume d’Hesron, de la tribu deJuda, et père de Thécuâ. I Par., ii, 24. Au chap. IV, 5, il est appelé Assur. Voir Assur 1.

    1. ASIARQUE##

ASIARQUE (grec: 'Autâpxiî; Vulgate: Asise princeps), prêtre de l’empereur et président de l’assembléeprovinciale d’Asie. Les Actes racontent que, lors de l'émeuteexcitée à Éphèse contre saint Paul par les orfèvres de la

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295. — Monnaie portant le nom d’un asiarque.

Ar[ToxpaTw P ] KAI[<rap] M. ANT[wvtoç] TOPAIANOS.Tête laurée de l’empereur Gordien III, à droite. —% SMYP.NA1ÛN T NEQ[xopH EU[i] TEPTIOT ASIAPXOT.Homme couché sons on arbre; à côté de loi, deuxNémésis debout.

ville, quelques asiarques, qui étaient des amis de l’Apôtre, l’avertirent du danger qu’il courait, et l’invitèrent à ne pasaller au théâtre haranguer la foule. Act., xix, 31. Pourcomprendre l’importance de ces personnages, il est nécessaire de dire quelques mots de l’assemblée provincialed’Asie, dont ils étaient les présidents.

C’est en Asie que les provinciaux commencèrent à rendreun culte à l’empereur. En l’an 29 avant J.-C, un temple, consacré à Rome et à Auguste (cf. fig. 298, col. 1096), fut Mtià Pergame avec l’autorisation impériale, tandis qu'à Éphèses'élevait un temple en l’honneur de César divinisé. DionCassius, Ll, 20; Tacite, Ann., IV, 37. Plus tard, d’autrestemples semblables furent bâtis à Smyrne, à Sardes, àLaodicée, à Philadelphie, etc. Une assemblée composée dedélégués nommés par les villes de la province se réunissait

chaque année pour célébrer les fêtes du culte impérial, tantôt dans l’une de ces villes, tantôt dans l’autre. Cesdélégués élisaient un prêtre qui était en même temps leprésident de l’assemblée et des jeux institués en l’honneurdes princes. Il portait le titre d"Aatdîpxr|ç ou d"Ap^ispeùç'Aaixç. Plusieurs savants ont cru que ces titres se rapportaient à deux personnages distincts, d’autres queî'asiarque était le grand prêtre nommé tous les cinq ans, parce que cette année-là les fêtes étaient plus solennelles; il est aujourd’hui démontré que le titre d’asiarqueet celui de grand prêtre d’Asie étaient identiques, et appartenaient tous deux au président de l’assemblée annuelle.L’asiarque avait donc pour fonctions de présider l’assemblée ou xoivov 'Acrt’etç, d’accomplir les sacrifices offertsà l’empereur et à la déesse Rome, de présider les jeux, enfin de surveiller les temples bâtis par la province dansles villes où se tenait tour à tour l’assemblée. Les asiarquesétaient de très grands personnages; leur nom servait àdésigner l’année pour la province entière et était parfoisgravé sur les monnaies (fig. 295). Avant de parvenirà ces hautes fonctions, ils avaient exercé les magistratures les plus importantes dans leur cité. L’illustrationde leurs ancêtres et leur fortune les désignaient le plussouvent aux suffrages de leurs compatriotes. Ds avaient, en effet, de grandes dépenses à faire, car une partie desfrais des fêtes était à leur charge. Nous savons notamment qu’ils entretenaient des troupes de gladiateurs et desbêtes féroces pour les jeux du cirque.

Le passage des Actes que nous avons cité a paru à uncertain nombre de commentateurs contenir la preuvequ’il y avait à la fois plusieurs asiarques, formant commeune sorte de collège dont le grand prêtre d’Asie était leprésident. Quelques-uns ont même poussé la précisionjusqu'à dire qu’ils étaient au nombre de dix. À l’appuide leur opinion, ils citent un passage d’Aristide, Orat. 26, édit. Dindorf, t. i, p. 516, et un passage de Strabon, xiv, p. 649. Ces textes, comme celui des Actes, s’expliquentnaturellement, sans avoir recours à une théorie démentiepar tous les textes. En effet, les asiarques n'étaient nommés que pour un an, et après l’expiration de leur chargeils conservaient comme un titre honorifique le nom qu’ilsavaient porté. Il devait donc y avoir à Éphèse un certainnombre de ces asiarques honoraires, puisque, depuis lafondation du culte impérial jusqu’au moment où éclatal'émeute des orfèvres, il y avait eu plus de quatre-vingtstitulaires. De plus, les prêtres chargés de desservir lestemples provinciaux bâtis dans les villes où se tenaitl’assemblée portaient aussi le titre d’asiarques. Celuid'Éphèse, par exemple, s’appelait: 'Asiip^ïjç vaoO toùh 'Eçéo™. Corpus inscript, grsec, 2464, 2987 b; Waddington, Inscriptions d’Asie Mineure, 146, 755, 1821, etc. etc.

Bibliographie. — RynReynen, Dissertatio deasiarchis, in-4°, Utrecht, 1753; Th. Mommeen et J. Marquardt, Manueld’antiquités romaines, trad. franc., t. ix; Organisationde l’empire romain, par J. Marquardt, t. ii, p. 508 etsuiv.; G. Perrot, dans le Dictionnaire des antiquitésgrecques et romaines de Saglio, art. Asiarcha; P. Monceaux, De Communi Asise provincæ; P. Guiraud, Lesassemblées provinciales dans V empire romain, p. 97 etsuiv.; cf. Bulletin critique, 1888, p. 101; Otto Ilirschfeld, Zur Geschichte des rômischen Kaisercultus, dans lesSitzungsberichte der kôniglich. Preussisch. Akademieder Wissenschaften vu Berlin, phil. - histor. Classe, t. xxxv, p. 833 et suiv.; Bûchner, De Neocoria, p. 116 etsuiv.; Mommsen, Histoire romaine, trad. franc., t. x, p. 124; E. Beurlier, Le culte impérial d’Auguste à Justinien, p. 17, 110, 122 et suiv. E. Beurlier.

    1. ASIATIQUE##

ASIATIQUE (Vulgate: Asianus). II Mach., x, 24.D’Asie, nom donné au royaume des Séleucides. Voir Asie, i, col. 1093. — La Vulgate appelle aussi Asiani ('Airtavoî), Act., xx, 4, c’est-à-dire originaires de la province ro

maine d’Asie (voir Asie, ii, col. 1094), deux compagnonsde saint Paul, Tychique et Trophime.

ASIE (i[ 'A<rîa). Le mot «Asie» désignait, pour lesanciens, les régions occidentales de la partie du mondeque nous appelons de ce nom. La racine As, qui entredans la composition de ce mot, lui donne la significationde «pays du soleil», ou «pays de l’Est», par oppositionà l’Europe (Éreb ou Érob), «pays de l’Ouest,» Pott, Etymolog. Forschungen, t. ii, p. 190. L'Écriture emploiele mot «Asie» dans deux sens différents. Dans les livresdes Machabées, il désigne l’empire des Séleucides; dansle Nouveau Testament, la province romaine d’Asie, maisjamais la partie du monde que nous appelons maintenantAsie.

I. Asie, empire des Séleucides. — Les rois de la dynastie

En 283, Séleucus fit la conquête de l’Asie Mineure. Appien, Syr., 62, 63. Séleucus possédait ainsi à peu près toute lapartie asiatique de l’empire d’Alexandre. De là le nom derois d’Asie donné aux Séleucides. Voir la carte, fig. 296.Mais cet empire ne conserva pas longtemps son étendue.Déjà, sous Antiochus II Théos, le roi de Médie Atrôpatène agrandit son territoire en s’emparant des régionscomprises entre les Portes Caspiennes et Ecbatane. Polybe, v, 44, 7; Strabon, xi, 9, 2. Vers 250, la Bactriane et laParthie se proclamèrent indépendantes. Strabon, ibid.Cf. Droysen, Histoire de l’hellénisme, trad. franc., t. iii, p. 342-350. Antiochus III le Grand tenta de reconquérirles provinces perdues par ses prédécesseurs. À l’aided’Achæos, il reprit les provinces d’Asie Mineure situéesà l’ouest du Taurus, et dont Attale I er, roi dé Pergame, avait dépouillé Antiochus II. Polybe, v, 40, 7; Tite Live,

L.TIrai]]ier.ael?

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296. — Carte de l’Asie, empire des Séleucides.

des Séleucides sont appelés rois d’Asie. C’est le nom parlequel est désigné Antiochus III le Grand. I Mach., viii, 6.De même quand Ptolémée VI Philométor s’empara d’Antioche, après sa victoire sur Alexandre Balas (voir AlexandreBalas), et quand Tryphon, après avoir assassiné le jeuneroi Antiochus VI (voir Tryphon et Antiochcs VI), voulutrégner à sa place, l'Écriture dit qu’ils mirent sur leurtête le diadème d’Asie. I Mach., xi, 13; xii, 39; xiii, 32.Enfin Séleucus VI (voir Séleucus VI) est encore appeléroi d’Asie. II Mach., iii, 3.

Dans le partage que les généraux d’Alexandre firententre eux de son héritage, Séleucus, après la batailled’Ipsus, «reçut, nous dit Appien, la souveraineté de laSyrie en deçà de l’Euphrate jusqu'à la mer, et celle de laPhrygie jusqu’au milieu du pays; … il obtint aussi la souveraineté de la Mésopotamie, de l’Arménie et de toutes lesparties de la Cappadoce qui portent le nom de Séleucide, celle des Perses, des Parthes, des Bactriens, des Arabes, des Tapuriens, de la Sogdiane, de l’Arachosie et de l’Hyrcanie, ainsi que de tous les peuples qu’Alexandre avaitsoumis jusqu'à l’Indus.» Appien, Syr., 55. Mais tous cespays n'étaient pas soumis immédiatement au roi de Syrie.Un certain nombre d’entre eux étaient gouvernés par desprinces vassaux. Tels étaient l’Arménie et la Cappadoce.

xxxiii, 38. Il conquit également la Cœlésyrie, la Phénicieet la Palestine, dont s'était emparé Ptolémée III Évergète; mais, en 217, il céda ces provinces à Ptolémée IV Philopator, après la défaite qu’il essuya à Raphia. Polybe, v, 51-87; Justin, xxx, 1. (Voir Antiochus III, Ptolémée IIIet Ptolémée IV.) Il essaya également de reprendre laBactriane et la Parthie; mais il ne réussit qu'à reculerun peu les frontières de la Parthie, agrandie par les conquêtes d’Arsace I 9r. Polybe, x, 27-31; Justin, xli, 5. Enfinil fut obligé de céder à Eumène II, roi de Pergame, l’Ionie, la Mysie, la Lydie et la Phrygie. I Mach., viii, 8. (Voir, pour la correction du texte, Antiochus III, col. 691.)Tite Live, xxxvii, 55; xxxviii, 39; Justin, xxxi, 6; Polybe, xxi, 13. Au temps d’Alexandre Balas et de Ptolémée VI Philométor, et, plus tard, au temps de Tryphon, le royaumedes Séleucides resta ce qu’il était à la mort d' Antiochus III.Le titre de roi d’Asie n’indique donc pas que les Séleucidesaient jamais régné sur l’Asie entière.

II. Asie, province romaine. — Dans le Nouveau Testament, le mot «Asie» désigne la province romaine de cenom, c’est-à-dire l’ancien royaume de Pergame, ou l’AsieMineure, conquise et organisée en province. Appien, Mithr., LXI, lxii; Tacite, Ann., III, 62. Voir la carte, fig. 297. Parmi les étrangers qui étaient présente à Jéru^

salem, le jour de la Pentecôte, figurent des habitants del’Asie. Act., ii, 9. Les Juifs d’Asie habitant Jérusalem sontégalement nommés parmi ceux qui entrent en discussionavec le diacre saint Etienne, Act., vi, 9, et ce sont eusqui reconnaissent saint Paul dans le temple et le fontarrêter comme perturbateur par le tribun qui commandait à la tour Antonia. Act., xxi, 27-30. Dans son premiervoyage apostolique (45-50); saint Paul, accompagné desaint Barnabe, passa par l’Asie Mineure; mais il ne putque faire un court séjour à Antioche de Pisidie. Act., xiii, 14, 50. Il y passa de nouveau à son retour. Act., xiv, 18.A son second voyage, l’Apôtre voulait encore évangéliser

1. T hlriTH.r. doit297. —

Carte de la province romaine d’Asie.

l’Asie; mais le Saint-Esprit l’en empêcha et lui fit connaître que Dieu voulait que la foi fût prêchée d’abord enMacédoine. Act., xvi, 6. Pendant son troisième voyagei'54-57), saint Paul prêcha à Éphèse et à Milet. Act., xix, 10, 22, 26; xx, 16-38. À partir du jour où il quitta cettedernière ville, l’Apôtro ne remit plus les pieds sur laterre d’Asie; mais le navire qui l’emmenait prisonnier àRome longea les côtes de cette province. Act., xxvii, 2.C’est pendant son séjour en Asie que saint Paul écrivitsa première Épître aux Corinthiens, qu’il salue au nomdes Églises asiatiques, I Cor., xvi, 19, et dans la secondeÉpître, adressée à la même Église, il fait allusion aux tribulations qu’il vient d'éprouver en Asie. II Cor., i, 8. SaintPierre énumère les Églises d’Asie parmi celles à qui iladresse sa première Épître. I Petr., i, 1. Deux disciplesde saint Paul, Tychique et Trophime, étaient d’Asie.Act., xx, 4.

La création de la province d’Asie remonte à l’an 133avant J.-C. Attale III, roi de Pergame, avait, en mourant, légué son empire aux Romains. Tite Live, Epit., lviii, lix. Plutarque, Ti. Gracch., xiv; Justin, xxxvi, 4; Strabon, xiii, p. 624. Mais la province ne fut réellement constituée qu’en 129, par" M. Aquilius. Strabon ~ xiv, p. 646; Justin, xxxyi, 4. Elle comprenait la Mysie jusqu’au montOlympos, l'Éolide, la Lydie, l’Ionie et la Carie. Sylla, en 84,

organisa la nouvelle province. En 82, Cibyra, et, en 62, Apaméé et Synnada, qui toutes trois appartiennent à laPhrygie, furent réunies à l’Asie. Strabon, xiii, p. 631; Cicéron, Pro Flacco, 27. Sur ce point, voir Bergmann, Phïlologus, t. ii, p. 644, 670-678. Réunis à la Cilicie, de56 à 50, ces trois districts firent de nouveau partie de laprovince d’Asie à partir de 49. Cicéron, Ad famil., xiii, 67.Voir Bergmann, Philologus, t. ii, p. 681, 684. L’attributiondes diverses parties de la Phrygie à des provinces différentes explique pourquoi saint Luc la nomme séparémentdé l’Asie. Act., Il, 9; xvi, 6. Dans ce dernier passage desActes, saint Luc mentionne également la Mysie et la Troade, qui faisaient partie de la province d’Asie: c’est pour marquer plus nettement les endroits par où passa saint Paul.Act., xvi, 6.

Lors du partage des provinces entre le sénat et l’empereur, en l’an 27 avant J.-C, l’Asie fut laissée au sénat et

298. — Monnaie de la province romaine d’Asie.TI CLAVD OAB8 AUG. Tête de l’empereur Claude, tournée àgauche. — Hj. COMimune] ASUse]. Temple à deux colonnesdans lequel on voit Claude debout en habit militaire, tenantune haste de la main droite et couronné par la Fortune oula Paix, qui tient une corne d’abondance. Sur la frise on lit: ROM ET ATS. Frappée & Pergame.

fut gouvernée par un proconsul, qui était toujours l’un-desplus anciens consulaires. Elle était divisée en grandes circonscriptions, appelées conventus juridici, dans les capitales desquelles le proconsul, dont la résidence officielleétait à Éphèse, se transportait pour rendre la justice.Parmi les villes nommées dans l'Écriture figurent plusieurs de ces chefs-lieux de conventus, ce sont: Éphèse, Laodicée, Pergame, Philadelphie, Sardes et Smyrne. Cesvilles figuraient aussi parmi les métropoles, c’est-à-diredans la catégorie des villes les plus importantes. Éphèse, la première d’entre elles et le véritable cheflieu de laprovince, prenait le titre de itptÔTj] nao-ûv xocï y.i*((<m, irptin) xaî lAE-j-t’o-rn, [t^tpéiroXiç 'Ao-faç. Les noms des septÉglises d’Asie aux évêques desquelles saint Jean adresseles lettres qui sont placées en tête de l’Apocalypse, Apoc, 1, 11, nous montrent que les villes les plus importantesde la province avaient été évangélisées au moment où futécrit ce livre. Ils nous donnent en même temps la preuveque le mot «Asie» désigne bien la province romaine avecses limites officielles. Ces Églises sont celles d'Éphèse, deSmyrne, de Thyatire, de Sardes et de Philadelphie enLydie, de Pergame en Mysie et de Laodicée en Phrygie.Apoc, i, 11; ii, 1, 8, 12, 18, 24; iii, 1, 7, 14.

La province d’Asie était l’une des plus riches de l’empire. Le charme de son site, l’excellence de son climat, lavariété de ses productions, lui assuraient une prospéritéhors pair. Sans doute elle avait beaucoup souffert destremblements de terre qui, sous Tibère, détruisirent douzevilles florissantes, entre autres Sardes; mais la générositéprivée et surtout les largesses impériales avaient relevéces villes de leurs ruines. L’industrie et le commerce dupays avaient très vite fait disparaître les traces des désastres. Parmi les richesses du pays, il faut citer les lainesde Milet, les draps de Laodicée, l’orfèvrerie d'Éphèse, leslaines tissées de Philadelphie et d'Éphèse. L’activité littéraire n'était pas moins grande que l’activité industrielle.Les professeurs, les médecins, les sophistes, les rhéteurs

d’Asie étaient célèbres dans tout l’empire. Les villes d’Asieétaient réunies en confédération (fig. 298) pour la célébration du culte impérial. (Voir Asiarque.)

Bibliographie. — Bergmann, De Asia Rornanorum provincia, 1846; Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel desantiquités romaines, trad. franc., t. ix; J. Marquardt, Organisation de l’empire romain, t. ii, p. 234-262; Th. Mommsen, Histoire romaine, trad. franc., t. x, p. 90et suiv. E. Beurlier.

    1. ASIEL##

ASIEL (hébreu: 'Asyêl, «créé de Dieu;» Septante: 'A<ny)X), père de Saraïa, de la tribu de Siméon. Un de sesdescendants, Jéhu, vivait sous le règne d'Ézéchias. I Par., iv, 35.

    1. ASILE##

ASILE (DROIT D'). Voir Refuge (villes de).

    1. ASIMAH##

ASIMAH (hébreu -.'Âsimâ'; Septante: 'A<ri(j, â8), idoledont les Hamathites, captifs originaires de la ville d'Émath, introduisirent le culte dans la Samarie, où les avait transplantés Sargon, roi d’Assyrie, après la destruction duroyaume d’Israël et la prise de sa capitale. IV Reg., xvii, 30.Les anciens commentateurs juifs, cités par Selden, Dediis Syris, 1668, t. i, p. 326-328; t. ii, p. 305 et suiv., lui attribuaient la forme d’un singe, d’un âne ou d’unbouc à poil ras. Mais on ne voit pas sur quelle traditionils s’appuyaient, outre que leur désaccord n’engage guèreà les suivre. L’identification proposée avec le dieu phénicien Esmoun, — le huitième des Cabires, enfants de Sadyk,

— serait géographiquement acceptable, le culte de cettedivinité étant assez répandu, comme le montrent les nomspropres dont il est un élément: Esmounazar, Esmounsalah, etc.; mais les différences orthographiques sont siconsidérables, qu’elles paraissent s’opposer à cette identification: la chute d’un nun qui appartient cependantà la racine même du nom Esmoun, l’insertion d’un î longnon pas entre le mem et le nun, mais entre le lin etle mem, etc. Cf. Schrader, Die phônizische Sprache, 1869, p. 89 et 136, où est donnée, d’après Sanchoniatonet Damascius, l'étymologie du nom d’Esmun, «le huitième.» Les incriptions cunéiformes ne nous ont nonplus donné aucune lumière à ce sujet. Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 174; Eb. Schrader -Whitehouse, The cuneiforni Inscriptionsand the Old Testament, 1885, t. î, p. 276, et aussi lemême Eb. Schrader, dans Riehm, Handwbrterbuck desBiblischen Altertums, 1884, t. î, p. 95. E. Paknier.

    1. ASIONGABER##

ASIONGABER (hébreu: 'Ésyôn Gébér; à la pause: 'Ésyôn Gâbér, le cholem avec vav ou sans vav; Septante: TernÙM Tàêep, Num., xxxiii, 35, 36; Deut., Il, 8; VaaitùvTaëép, III Reg., ix, 26; II Par., viii, 17; xx, 36; 'A<tewmTa$ip [Codex Alexandrinus], III Reg., xxii, 49), villed’Idumée, à la pointe septentrionale du golfe Elanitique.Elle est mentionnée dans l'Écriture en trois circonstances.

— 1° Les Hébreux, pendant leur séjour dans le désert, campèrent à Asiongaber, venant d’Hébrona, et se rendirent de là dans le désert de Sin, à Cadès. Num., xxxiii, 35-36. Cf. Deut., ii, 8, où le campement à Asiongaber estsommairement rappelé. Quelques commentateurs supposent que les Israélites passèrent deux fois à Asiongaber: une première fois, quand ils retournèrent de cette villeà Cadès, et une seconde, celle dont il est parlé Deut., ii, 8, quand ils se dirigèrent d' Asiongaber vers les plaines deMoab. Mais il est plus probable que Moïse, dans le Deu"téronome, rappelle seulement quelques-unes des stationsprincipales de son peuple, et passe les autres sous silence, en particulier le retour au désert de Sin. — 2° Salomon fitpartir sa flotte, montée par les marins phéniciens, desports d' Asiongaber et d’Elath, pour aller trafiquer dansle pays d’Ophir. Ces villes, conquises par David sur lesIduméens, III Reg., xi, 15-16, étaient les ports de la merRouge les plus proches de Jérusalem. Salomon s’y rendit

en personne pour surveiller l'équipement de ses vaisseaux.III Reg., ix, 26; II Par., viii, 17. C’est là que ses matelotsdébarquèrent, à leur retour, les richesses qu’ils apportaientd’Ophir. Ils renouvelèrent ce voyage tous les trois ans, pendant le règne du fils de David. III Reg., x, 22; II Par., ix, 21, — 3° Roboam ne put songer à continuer l'œuvre de sonpère, ayant été réduit au petit royaume de Juda; mais, plustard, l’un de ses successeurs, qui vivait en paix avec Israël, Josaphat, tenta sans succès d’imiter Salomon: il réussit bien, d’accord avec Ochozias, roi d’Israël, à construire une flotteà Asiongaber, pendant que l’Idumée n’avait point de roi, III Reg., xxii, 48; mais Dieu désapprouva par son prophète Éliézer l’alliance du roi de Juda avec le roi d’Israël, et il l’en punit en suscitant une violente tempête: elle brisa ses navires contre les rochers et les récifs decorail qui abondent à l’extrémité septentrionale du golfed’Akaba. III Reg., xxii, 49; II Par., xx, 36-37. Les eauxdu golfe sont généralement très claires. La hauteur de lamarée au printemps est d’environ deux mètres. Les tempêtes y sont terribles, et les rochers, presque à fleur d’eauen beaucoup d’endroits, sont très dangereux, de sorteque les marins de Josaphat, sans doute peu expérimentés, furent impuissants à sauver ses vaisseaux. Ochozias, aprèsce désastre, proposa à Josaphat de construire une nouvelleflotte, mais le roi de Juda s’y refusa. III Reg., xxii, 50.

La situation d' Asiongaber est indiquée par l'Écritured’une manière générale: c'était une ville iduméenne, prèsd'Élath, sur la mer Rouge, III Reg., IX, 26; II Par., vm, 17, par conséquent à l’extrémité septentrionale dugolfe Elanitique; mais parce que cette ville a complètement disparu et qu’on n’en a retrouvé jusqu’ici aucunetrace, le site précis en est incertain. — On croit généralement que les deux mots dont se compose Asion-gabersont hébreux et signifient «l'échiné de l’homme» ou dugéant, par allusion à une croupe de montagne au piedde laquelle la ville était bâtie. «Son nom, dit M. Hull, Mount Seir, in-8°, Londres, 1885, p. 71, 78, lui fut donnépeut-être à cause de la grande chaîne de porphyre qui, courant du nord au sud, atteint la côte à Ras el-Musry…La chaîne de granit rougeâtre à l’est de la faille est rayéepar des bandes de porphyre couleur rouge foncé et debasalte, qui s’entrecroisent à un angle d’environ 60 degrés, et forment dans le roc des sections en forme delosange, de façon à avoir une certaine ressemblance avecles vertèbres de l'épine dorsale.»

D’après Chabas, Voyage d’un Égyptien au xiv siècleavant notre ère, in-4°, Paris, 1866, p. 284, Asiongaberest nommé dans le papyrus hiératique qui contient le

récit de ce voyage sous la forme ^~" j^ Il i 1,

'uzaïna, laquelle correspond au premier élément du nomhébreu 'âsyôn; il y avait là un fort qui est mentionnédans ce passage à cause de son importance, et qui avaitsans doute pour but de défendre cet endroit fréquenté parles caravanes. Voir J. Wilson, The Lands of the Bible, 2 in-8°, Edimbourg, 1847, t. î, p. 284. Il est curieux deremarquer qu’il y a encore aujourd’hui une forteresse àÉlath pour protéger le golfe et la route des pèlerins dela Mecque. Le Targum de Jonathan suppose aussi que lenom d’Asiongaber signifie «fort du coq», et les géographes arabes appellent simplement la ville, commele texte hiératique, Asioun ou Azioum. Seetzen a signalé, dans la Géographie de Mourad Machmed, le passage suivant: «Près d'Élath était une ville du nom d’Azioum, où se trouvaient beaucoup de palmiers, de fruits et dechamps cultivés.» U. J. Seetzen, Beytràge zur Kenntnissvon Arabien, dans F. von Zach, Monatliche Correspondenz, zur Befôrderung der Erdund Himmels-Kunde, t. xx, octobre 1809, p. 306. Makrizi dit également: «Prèsd’Aila était autrefois située une grande et belle ville appelée 'Asyûn i AJ^s.)» Voir J. L. Burckhardt, Travels in Syria, in-4°, Londres, 1822, p. 511.

Le nom de^j^juafi, 'Asyûn, que les géographes arabesdonnent à Asiongaber, est le même que celui du papyrushiératique, le même que l’hébreu 'Ésyôn. Celui quenous ont conservé Eusèbe et saint Jérôme, De loc. heb., t. xxiii, col. 876, c’est-à-dire Aisia ou Essia, rappelle également 'Ésyôn. On croit même le reconnaîtredans Ad Dianam, forme altérée d’une localité ainsi désignée dans la Table de Peutinger, sur la route romaineentre Élath et Rasa, à dix ou seize milles romains d'Élath.

L.THaiKer.aeif

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299. — Carte du golfe Élanitique.

D’après plusieurs savants, les traces de cette dénominationantique ne sont même pas complètement perdues surplace. «Le souvenir du nom subsiste encore aujourd’hui, disent Ebers et Guthe, Palâstina, t. ii, p. 251, dans celuid’une source d’eau saumâtre appelée 'Aïn el-Ghudyân, à seize kilomètres et demi au nord du rivage actuel de lamer; mais de la ville même on n’a retrouvé aucune trace. y>Voir aussi E. Robinson, Biblical Researches, Boston, 1841, t. i, p. 250-251. Le nom de Ghudyân, en arabe, correspond par les consonnes à celui de 'Ésiôn. La petite valléeoù se trouve cette source porte aussi le nom d’ouadi Ghudyân et vient de l’Arabah à l’est; " mais, quoique la merse soit retirée à l’extrémité nord du golfe d’Akabah, etqu’il y ait là aujourd’hui des marais, on ne peut guèresupposer que la ville d' Asiongaber et son port étaientaussi loin de la côte actuelle. On ne sait pas même si laville était sur la rive orientale ou sur la rive occidentaledu golfe. M. Hull, Mount Seir, p. 78, suppose qu' Asiongaber et Élath, l’Akabah actuelle, n'étaient pas du mêmecôté, mais vis-à-vis l’une de l’autre, sur les deux rivesopposées, à peu près comme Messine et Reggio. H n'émetd’ailleurs aucune opinion sur la position d’Asiongaber.Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 14, paraît la placer sur larive orientale; il dit que, de son temps, Asiongaber ('A<roioYÔëapoç) s’appelait Bérénice et était tout près d'Élath.

On croit généralement que l’historien juif s’est trompé, et qu’il a confondu avec l’ancien port iduméenune villequi se trouvait bien sur la côte de Nubie, mais qui n'étaitpas voisine d'Élath. Voir sur Bérénice et ses ruines, Wellsted, Travels in Arabia, 2 in-8°, Londres, 1838, t. ii, p. 332-346.

Parmi les savants modernes, Poco*cke, Montaigu, Shaw, A. Fr. Bûsching, Erdbeschreibung, Th. xi, part, i, in-8°, Hambourg, 1792, p. 619-621, placent Asiongaber à l’ouest,

au port de Scherm (^yw), ou, comme l’appelle Bûsching, Sbarme. Scherm est entouré de hantes falaiseset situé sur la côte occidentale du golfe, prés de sonextrémité méridionale. Cette position est certainementbeaucoup trop au sud. J. B. Wellsted, Travels in Arabia, t. ii, p. 153-155, la place un peu moins bas, àDahab (Mersa Dahab, «le port d’or» ), aussi sur la riveoccidentale du golfe, à peu près en face du mont Sinaïqui est à gauche, et de la ville de Magnah qui est à droite, de l’autre côté du golfe; c’est là que se trouve, d’aprèslui, le seul bon port de cette mer, et comme il est entouréd’une ceinture demi-circulaire de bancs de coraux, ilsuppose que c’est contre ces récifsque se brisa la flottede Josaphat. III Reg., xxii, 49. Mais la situation de Dahabest trop éloignée d’Akabah, l’antique Élath, près de laquellese trouvait Asiongaber, d’après III Reg., ix, 26; II Par., vin, 17; les vaisseaux de Salomon ne pouvaient s’arrêterainsi à mi-chemin sur la côte, et débarquer leurs marchandises loin d'Élath, lorsqu’il leur était possible de lesamener à un point plus rapproché de la Palestine. Aussiplace-t-on communément Asiongaber plus au nord et prèsde la pointe du golfe. Voir la carte, fig. 299.

Une des opinions qui ont rallié le plus de partisansest celle de Schubert et de Léon de Laborde. Schubert, Reise in das Morgenland, 3 in - 8°, Erlangen, 1839, t. ir, p. 377-379, ainsi que L. de Laborde, Commentaire géographique sur l’Exode, in-f°, Paris, 1841, p. 124, croient qu' Asiongaber était située ou dans l’Ile ou vis-à-visde l'île de Djézirat Pharaoun ou Kureiyéh, rocher de270 mètres de long, appelé Abu Sanira Unda el-Galgapar les Bédouins qui accompagnaient Schubert, Graie parL. de Laborde, Gouriah par Elisée Beclus, Èmrag pard’autres voyageurs. Voir E. Riippell, JReisen in Nubien, in-8°, Francfort-sur-le-Mein, 1829, p. 253. Voici les raisonsqu’apporte L. de Laborde en faveur de son sentiment: «Élath, Asiongaber et le mont Séir, paraissent comme troispoints voisins, qui tiennent les uns aux autres, dans le plusancien document où ces trois noms se trouvent mentionnés. Deut., ii, 8. Le mont Séir doit s’entendre de toutela montagne des Édomites. Gen., xxxvi, 9. C’est le DjebelScherra, qui s'étend depuis l’ouadi Gétoun jusqu’aux anciennes possessions des Moabites. À coté de cette montagne s'élevaient donc deux villes qui ne pouvaient êtreque très voisines, puisque le chemin de la mer Rouge, que nous avons reconnu être l’ouadi Araba, est en mêmetemps appelé le chemin d'Élath et d’Asiongaber. Deut., il, 8. Nous savons… qu'Élath, dont le nom s’est conservédans Ailah, se retrouve aujourd’hui dans Akabah, et quecette ville est située sur le bord de la mer, à l’extrémitéseptentrionale du golfe de l’Akabah. Nous avons donc uneposition qui nous est connue et une autre position qu’ilfaut chercher, sans qu’il nous soit permis de nous éloignerd’un voisinage très rapproché. Il n’y a pas assez d’espacedans l’extrémité du golfe pour placer deux villes, deuxports de mer, deux industries rivales. Ailah y a conservéses ruines; cherchons plus loin Asiongaber… Au nord de"l'île de Graie et du golfe où les vaisseaux trouvent un abricontre les vents, on rencontre des ruines qui s'étendenten forme d’enceinte et de buttes de décombres. Il y a del’eau, des palmiers, des acacias et une plaine qu’uneindustrie persévérante peut avoir cultivée (fig. 300). Jevois là cet Azioum [dés géographes arabes] qui répondà la partie d’Asiongaber située sur la côte, un faubourg

d’approvisionnement de l'île [qui était Asiongaber] et dûport. Ce port est bien protégé contre les vents d’ouest etdu nord. L’Ile le défend contre ceux de l’est… Dans lesexpéditions maritimes [de Salomon], Asiongaber ressortcomme le point important, tandis qu’Ailah ne semble pasavoir été utilisée dans cette entreprise. Plus tard, cettedernière ville n’est même plus citée; Asiongaber est seuleindiquée comme l’endroit où se construisent les vaisseauxqui doivent naviguer sur la mer. [Le récit de la destruction de la flotte de Josaphat] peut nous servir à mieuxdéterminer la nature du lieu. D laisse supposer un abri

cependant d’une certaine probabilité. Elle est, en tout cas, plus acceptable que celle de Kneucker (SchenkeVs BibelLexicon, t. ii, p. 256; voir aussi G. Bénédite, La péninsule sinaïtique, in-12, Paris, 1891, p. 736 ter). Kneuckersuppose qu' Asiongaber avait un seul et même port avecÉlath et était située au sud de cette dernière ville, sur larive orientale, près de l’emplacement du fort actueld’Akabah (Qala’at el-Akaba). Pourquoi l'écrivain sacréaurait-il dit que les marins de Salomon partaient d’Asiongaber, si Élath était plus rapprochée de la Palestine? L’opinion de M. Elisée Reclus n’est pas mieux établie: il con300. — Vue de l'île de Graie pu Djézlrat Pharaoun.

pour les vaisseaux qui n’offre pas toute sûreté, qui devientmême dangereux sous l’influence de certaine direction du"vent, puisque les vaisseaux se brisent sur sa côte hérisséede rochers. Tout ici convient encore à l'île de Graie et àla position de l’Azioum des Arabes, où des caravanes nombreuses et armées déposaient les matériaux de construction et les marchandises précieuses, qui, une fois transportés dans l’Ile, étaient, les uns transformés en vaisseaux, les autres mises en magasin ou à l’abri des peupladesenvironnantes, dont il eût été difficile autrement que parl’isolement de contenir longtemps l’avidité. Les vaisseaux, une fois construits, étaient amarrés à l'île et tenus au largepar des ancres. Ils étaient à l’abri, par l'élévation du rocher, du vent de nord-est et de nord-nord-est, qui règnepresque toute l’année et souffle avec violence dans cegolfe. Mais un changement subit au sud-ouest ou au nordouest portait les vaisseaux sur l'île et les brisait contreles rochers.» L. de Laborde, Comment, géograph. surl’Exode, p. 126-127.

Cette opinion, sans être certaine, surtout dans le rôleattribué à l'île de Djézirat Pharaoun, et parce qu’elleplace Asiongaber un peu bas au sud, ne manque pas

sidère Asiongaber simplement comme le port d'Élath.Nouvelle géographie universelle, t. ix, 1884, p. 823.H. Ewald l’avait déjà fait avant lui, Geschichte des VolkesIsraël, 2e édit., t. m (1853), p. 77; mais cette explicationparaît peu d’accord avec le texte biblique, qui semblebien faire d' Asiongaber une ville comme Élath. — Quantau sentiment de d’Anville, qui avait résolu la difficulté, Mémoire sur le pays d’Ophir, dans les Mémoires del’Académie des inscriptions, t. xxx, 1764, p. 91 (carte, vis-à-vis la p. 87), en supposant que le golfe d’Akabahavait deux pointes, à l’extrémité desquelles se trouvaient, d’un côté Élath, et de l’autre Asiongaber, elle n’a plus unseul partisan, parce que ces deux pointes n’ont jamaisexisté. — Voir Ritter, Erdkunde, t. xiv, p. 227-230.

F. Vigouroux.ASIR, hébreu: 'Assîr, i> captif;» Septante: 'Aoetp, 'A<Tri p.

1. ASIR, fils de Jéchonias, dernier roi de Juda. I Par., m, 17. L’existence de cet Asir est problématique, car onpeut traduire ainsi le texte hébreu: «Les fils de Jéchonias captif [à Babylone] furent Salathiel, etc.»; au lieude: «Les fils de Jéchonias furent Asir, Salathiel, etc.»

.2. ASIR, fils de Coré, de la tribu de Lévi. I Par., vi, 22(dans l’hébreu, vi, 7). Il est nommé Aser, Exod., vi, 24.Voir Aser 2.

3. ASIR, fils d’Abiasaph, des fils de Caath, arrièrepetit-fils d’Asir 2. I Par., vi, 23, 37.

    1. ASLAC Conrad##

ASLAC Conrad, théologien luthérien, né le 28 juin 1564, à Bergen, en Norvège, mort le 7 février 1624, professeur à l’université de Copenhague. Parmi les écrits qu’ila laissés, on peut citer comme se rapportant à l'ÉcritureSainte: 1° Physica et Ethica Mosaïca ex tribus capitibusprioribus Geneseos, in-S", Copenhague, 1602; 2° DeCreatione disputationes très, in-4°, 1607rl612; 3° Grwmmaticsehebraicse libri duo, in-8°, Copenhague, 1606; 4° Thèsesthéologien de Sacrx Scripturse perfectione, traditionibusnon scriptis, in-4°, Copenhague, 1607; 5° Disputationesde Sacra Scriplura et Dei cognitione, in-i°, Copenhague, 1607. On mentionne encore de lui un commentaire surl’Exode, resté manuscrit. G. Legeay.

    1. ASLIÂ##

ASLIÂ (hébreu: 'Âsalyâhu, a Jéhovah réserve;» Septante: 'EÇeiîaç, 'EdeMa; ), père de Saphan, le scribe, sous le règne de Josias. IV Reg., xxii, 3. Dans la Vulgate, II Par., xxxiv, 8, il est appelé Ésélias.

'. ASMODÉE ('A(j(ioSaîoç; rabbinique: Esmadaï, del’hébreu sâmad, a. celui qui perd» ) est le nom du démonqui, d’après le livre de Tobie, iii, 8; cf. vi, 14, avait misà mort les sept époux donnés successivement à Sara, fillede Raguel. Ses maléfices ayant été déjoués en faveur dujeune Tobie, par l’intervention de l’archange Raphaël, Tob., vi, 5, 8, 19, Asmodée fut relégué dans le désert del’Egypte supérieure, Tob., viii, 3. Cette relégation, d’aprèsl’interprétation de la plupart des commentateurs, veutdire simplement qu' Asmodée fut éloigné et mis dans l’impossibilité de nuire à Tobie.

; Voilà ce que la Bible nous apprend de ce démon. Les

traditions juives ont singulièrement amplifié et altéré cesdonnées. Les kabbalistes en particulier ont inventé lagénéalogie suivante. D’après Rabbi Bechaya, dans sonexplication du Pentateuque (traité Bereschith), le démonSammæl eut quatre femmes: Lilith, Naamah, Agrath etMachlat. Or, s’il faut en croire Menachem Ziuni ( édit. deCrémone, 1559, p. 14 b), Naamah fut la mère d’Eschmadai. La même tradition est rapportée par MenachemRecanat dans. son interprétation du Pentateuque (édit. deVenise, 1560, p. 33 c). Toutefois Kohut a justement remarqué ( Ueber die jûdische Angelologie und Dàmonologie in ihrer Abhàngigkeit vom Parsismus, p. 95) queces fantaisies généalogiques sur Eschmadai ne se trouventpas dans les anciens hagadas; il pense pourtant qu’ellesproviennent de traditions populaires.

Quant au caractère d' Asmodée, les détails suivants, fournis par le Talmud, en esquissent les principaux traits.1° Il est un roi de démons (Talmud, tr. Gîtin, p. 68 b; Pesakhim, p. 110; Targum Koheleth, i, 13). — 2° Ilconnaît l’avenir. À preuve les anecdotes rapportées parle Talmud. Asmodée, ayant rencontré un aveugle et univrogne, les remet tous deux sur le droit chemin. Il semet à pleurer à la vue d’une noce qui passe; mais, enentendant demander par quelqu’un une paire de souliersqui doit durer sept ans, et en voyant un magicien faireses tours de prestidigitation, il éclate de rire. Interrogésur ces diverses actions, il répond que l’aveugle est unhomme pieux, l’ivrogne un scélérat; que la mariée doitmourir dans trente jours, que celui qui demandait dessouliers pour sept ans avait encore sept jours à vivre, etque le magicien ignorait qu’il foulait aux pieds un trésorroyal. — 3° Asmodée est lui-même un grand magicien, comme le montre l’histoire rapportée par Lightfoot, Horsehebraicse et talmudicæ, p. 703. — 4° Il est le démon dela colère. Le Talmud, loc. cit., raconte que dans sa rage

il déracine un arbre et renverse une maison, et quandil s’empara de Salomon, il le traîna avec fureur pendantl’espace de quatre cents parasanges. — 5° Il est le démonde la luxure, des unions coupables (cf. Pesakhim, 110 a).

La principale question relative à Asmodée est celle deson origine. Bon nombre d’auteurs n’hésitent point à admettre ici un emprunt fait par la Bible à la doctrine de Zoroastre. Voir Benfey, Monatsnamen, p. 201; Windischmann, Zoroastrische Studien, p. 138-147; Michel Bréal, Mélanges de linguistique et de mythologie comparée, p. 123; Kohut, Jûdische Angelologie, p. 72-80. Il suffira deciter M. Bréal pour voir dans quel esprit on fait ces rapprochements. «Le livre de Tobie, dit-il, contient des tracesévidentes de la démonologie iranienne. Asmodée, cemauvais esprit qui aime Sara, fille de Raguel, et tue successivement sept hommes qui lui sont donnés en mariage, appartient à la Perse par son rôle comme par son nom.C’est Aêshma daêva (en parsi: Eshemdev), c’est-à-direle démon de la concupiscence, une sorte de Cupidon, plusieurs fois nommé dans l’Avesta comme le plus dangereux de tous les devs (démons).»

Sans doute, au premier abord, l’identité philologiquede Aêshma daêva avec Eëmadai, 'A<j[to8aïoç, paraît bienséduisante. Pourtant, rien de moins certain. Il faut d’abordobserver que Aêshma daêva, sous cette forme complète, estune création de fantaisie. Dans tout l’Avesta, on ne rencontre que Aêshma. Si, dans le Bùndehesh, xxviii, 15, le pehlvi fournit Aêshmshêdâ, qui suppose une formaavestique Aêshmadaêva, et qui, d’après la théorie des.idéogrammes pehlvis, pourrait se prononcer Aéshmdêv, il faut observer que l’histoire de Tobie est de plusieurssiècles antérieure à tous les livres pehlvis. Du reste, Ms p de Harlez, dans La Controverse, 16 décembre 1881, p. 722, fait justement observer que l’iranien daêva n’aurait pu devenir dai en hébreu. Kohut lui-même, favorable pourtant à l’identité, admet cette impossibilité, ouvr. cit., p. 75, 76.

Mais il y a bien davantage qu’une difficulté philologique pour nier le rapprochement d"A<T[to8aîoç, Esmadai, avec VAêshma avestique: il y a la complète divergence du rôle des deux personnages dans la Bible et dansl’Avesta. Asmodée est le démon de la concupiscence, mais «Aêshma, dit Msf r de Harlez, ouvr. cit., n’est nullementle démon de la concupiscence, encore moins une sortede Cupidon; nous pourrions dire qu’il en est l’opposé.Aêshma, dans toute la littérature mazdéenne, tant ancienneque moderne, est partout et toujours le déva de la violence, de la colère. Son nom, comme substantif commun, signifie violence, attaque injuste et cruelle. Neriosenghle traduit kopa déva, «le déva de la colère.» Son attribut principal est une lance sanglante, khrvidru. JamaisAêshma, jamais déva même n’eût aimé une femme.» L’Asmodée du livre de Tobie n’est donc pas empruntéà la mythologie iranienne. D’ailleurs, même en supposantque le nom d’Asmodée fût identique dans la Bible et dansl’Avesta, on n’aurait pas le droit de conclure que la démonologie juive est d’origine iranienne. Ce ne serait pasla seule fois qu’on aurait appliqué des noms étrangersà des concepts déjà connus. — Sur les moyens qu’emploiele jeune Tobie, d’après le conseil de l’ange, pour chasserAsmodée, voir Raphaël. J. Van den Gheyn.

    1. ASMONÉENS##

ASMONÉENS, nom donné à la famille des Machabées, qui affranchit la Judée de la domination des rois de SyrieVoir Machabées 1.

    1. ASNAA##

ASNAA (hébreu: Hassenâ'âh, «l'épineuse;» Septante: 'A<jav «). Les fils d’Asnaa, après la captivité, construisirent la porte des Poissons, au nord de la ville.II Esdr., iii, 3. La terminaison semble indiquer un nomde ville plutôt qu’un nom d’homme, la ville de Sénaa, dont le nom est précédé de l’article ha. Cf. I Esdr., ii, 35; II Esdr., vii, 38. Voir Sénaa.

ASOM, hébreu: 'Osém, «valide [?];» Septante: 'Aaôy., 'Ao-iv. Nom d’homme.

1. ASOM, sixième fils d’Isaï, le père du roi David.I Par., ii, 15.

2. ASOM, fils de Jéraméel, de la postérité de Juda.I Par., Il, 25.

3. ASOM (hébreu: 'Asém), nom, dans la Vulgate, I Par., iv, 29, de la ville appelée Asem, Jos., xix, 3. Voir Asem.

ASOR, hébreu: Hâsôr; Septante: 'Ao-wp, nom deplusieurs villes de Palestine. Il se rattache à la racineinusitée Hdsar, «entourer,» d’où Hâsêr, état construitHàsar, «lieu entouré de clôtures,» qui se retrouve dansAsergadda, Hasersual, etc. Voir ces mots et Haséroth. Ils’est conservé, sous les formes Hazîréh, Hazûr, Hûzzûr, dans plusieurs localités actuelles, qui ne répondent pastoujours pour cela à l’une des cités bibliques. Il entre aussidans la composition de certains noms comme Baal-Hazor, Enhasor.

1. ASOR (hébreu: Hàsôr; Septante: 'Acwp, partout, excepté III Reg., ix, 15, où on lit 'Eoip; c’est probablement aussi T’Ao-Yip du texte grec de Tobie, i, 2; Na<rwpde I Machabées, xi, 67, est une faute due à la répétition dela dernière lettre du mot précédent, iteSfov; Vulgate: Asor, Jud., iv, 2, 17; Hasor, I Reg., xii, 9; Héser, III Reg., ix, 15), ville royale chananéenne, Jos., xi, 1; xii, 19, quitenait le premier rang parmi les cités du nord et fut enlevée à Jabin par Josué, XI, îO. Elle fut assignée à la tribude Nephthali. Jos., xix, 36. Comme les autres places fortesde ce pays, elle était bâtie sur une hauteur (hébreu: tel; arabe: tell), et était défendue par de puissantes murailles. Jos., XI, 13. Elle devait dominer une plaine propreaux manœuvres des nombreux chariots qui constituaientla principale force du roi et de ses alliés. Jos., xi, 4, 6, 9; Jud., iv, 3. Mentionnée avec Madon (Khirbet Madîn [?]), Sémeron et Achsaph (Kefr Yasif) dans deux passages, Jos., xi, 1; xii, 19, 20, elle est placée entre Arama (ErRaméh) et Cédés (Qadès).dans l'énumération des villesde Nephthali. Jos., xix, 36, 37. D’après le récit de I Mach., xi, 63-74, elle devait certainement se trouver entre le lacde Génésareth et Cadès. Enfin Josèphe, Ant. jud., V, v, 1, ajoute un détail important en nous apprenant qu’elle étaitsituée au-dessus du lac Séméchonitis ou de Mérom, aOtr, 8'ÛTOpy.siTat xri Ss(jle^(i)vit150; Xi[ivr|ç. Voir la carte de latribu de Nephthali. Elle fait partie des Listes de Thoutmès III, n° 32, sous la forme Huzar, __ k..,

dont les consonnes répondent bien à l’hébreu l’an.

Cf. A. Mariette, Les listes géographiques des pylônes deKarnak, Leipzig, 1875, p. 23; E. de Rougé, Etude surdivers monuments du règne de Thoutmès III, dans laRevue archéologique, Paris, 1861, p. 361; G. Maspéro, Sur les noms géographiques de la Liste de Thoutmès IIIqu’onpeut rapporter à la Galilée, extrait des Transactionsof the Victoria Inslitute, or philosophical Society of GreatBritain, 1886, p. 5.

I. Identification. — Tels sont les renseignements quidoivent nous guider dans la recherche de l’emplacementd’Asor. Plusieurs auteurs se sont égarés pour avoir négligé les détails les plus importants de cet ensemble, oupour s'être trop appuyés sur l’onomastique seule. C. Ritter, The comparative geography of Palestine and the SinaiticPeninsula, 4 in-8°, Edimbourg, 1866, t. ii, p. 221-225, s’applique à prouver par de nombreux arguments que lacité chananéenne est représentée par les ruines actuellesi’Hazuri, à l’est du lac Mérom et du Jourdain, au nordest de Banias, l’ancienne Césarée de Philippe. Tel estaussi le sentiment de Stanley, Sinai and Palestine, in-8°,

Londres, 1866, p. 391, 397. La similitude des noms les âtrompés. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, 3 in-8°, t. iii, p. 402, combat justementcette opinion, en faisant remarquer qu’il y n’a là que desruines insignifiantes. Nous ajouterons qu’elle est en opposition formelle avec les textes de Josué, xix, 36, 37, de I Machabées, XI, 63 -74, et de Josèphe, comme nousle verrons plus loin.

M. de Saulcy crut avoir retrouvé Asor au nord deVArdh el-Houléh, dans un site qu’il appelle ElKhan( «caravansérail» ou espèce d’hôtellerie), près du village "d’Ez-Zouk ou Es-Souq. Là d'énormes murailles cyclopéennes seraient, d’après lui, les vestiges de la vieille citéde Jabin. Cf. Voyage autour de la mer Morte, 2 in-8°, Paris, 1853, t. ii, p. 533-542; Dictionnaire des antiquitésbibliques, in-4°, Paris, 1859, col. 347-353. Le savant voyageur s’est ici, comme en plusieurs circonstances, laisséséduire par son imagination. H veut parler sans doutedes ruines des deux villages de Khân ez-Zouk el-Fôkaniet Khân ez-Zouk et-Tahtani, et surtout de la longuechaîne de monticules volcaniques qui s'étend un peu plusloin vers le sud v l’espace de deux kilomètres au moins.Or M. V. Guérin, qui à deux reprises différentes a visitécet endroit, résume ainsi son impression: «Un peu plusau sud [du premier village], d'énormes blocs basaltiquesoffrent de loin l’apparence d’assises gigantesques placéespar la main de l’homme le long de l’Oued Derdara, commepour en fortifier la rive orientale; mais, en m’approchantde plus près, je m’aperçois que ces roches ont été disposées ainsi par la nature, et qu’elles simulent seulementdes assises factices.» Description de la Palestine, Galilée, t. ii, p. 351. Après un nouvel examen de la chaînevolcanique, le même auteur ajoute: * Je me convaincs, en la.parcourant tout entière et en suivant avec attentionle plateau étroit et mamelonné qui la couronne, que lesénormes blocs basaltiques qui la couvrent confusémentd’un bout à l’autre ont été déposés là par la nature, et nesont pas les restes désagrégés et entassés pèle - mêle deconstructions antiques.». Galilée, t. ii, p. 534. En dehorsde cela même, le site proposé par M. de Saulcy, tout en serapprochant de l’emplacement le plus probable, ne répondpas avec une complète exactitude aux données bibliques.J. L. Porter, Five years in Damascus, 2 in-8°, Londres, 1855, t. i, p. 304, place Asor dans les mêmes parages.

Van de Velde, Memoir to accompany the Map of theHoly Land, in-8°, 1859, p. 318-319, distingue la villechananéenne de Josué, xi, 1; xil, 19, de celle qui est mentionnée au livre des Juges, iv, 2, 17. Celle-ci aurait étébâtie, après la destruction de la première, sur un emplacement différent, et se retrouverait, d’après lui, à Hazûr(ou plutôt Hazîréh), village situé au centre de l’ancienneGalilée des nations, environ deux heures à l’ouest de BintDjéheil; de plus, elle serait identique avec Enhasor deNephthali. Jos., xix, 37. Quant à l' Asor de Josué, xix, 36, il la place à Tell Hazûr, au sud-est d? Er-Raméh (Arama).Si nous admettons volontiers l’identification d’Enhasoravec Hazîréh, nous ne voyons aucune raison pour assigneraux deux rois du nom de Jabin deux villes différentes, lapremière ayant dû se relever promptement de ses ruines, comme nous le disons plus loin. Il n’y a pas plus de motifpour distinguer l’Asor de Josué, xix, 36, de la cité royale, et l’assimiler à Tell Hazûr nous paraît impossible. Malgrél’identité complète du nom, il suffit de faire valoir, avecRobinson, Biblical Researches, t. iii, p. 81, les difficultéssuivantes: Péloignement du lac Houléh; l’absence deruines anciennes et importantes; nulle trace même surla colline de fortifications ou de constructions. Vojr aussiV. Guérin, Galilée, t. ii, p. 458. Hazîréh, proposée parW. M. Thomson, The Land and the Book, in-8°, Londres, 1890, p. 285, ne s’adapte pas mieux aux indications quenous ont laissées l'Écriture et Josèphe.

Le choix nous reste maintenant entre deux opinions, soutenues par deux auteurs également compétents, an

puyées en somme sur les mêmes raisons, différant seulement en quelques points. Pour Robinson, BiblicalResearch.es, t. iii, p. 365-386, il faut chercher Asor à TellKhuréibéh, colline élevée, qui se trouve juste à l’ouest etnon loin du lac Houléh, et un peu au sud de Qadès. PourV. Guérin, Galilée, t. ii, p. 363-368, on doit plutôt la reconnaître à Tell el-Harr août ou Harraouéh (Harrah dansla grande carte anglaise, Londres, 1890, feuille 6), éminencesituée à une heure et au nord-est de la première, plus rapprochée du lac. Les arguments peuvent se résumer ainsi: — 1° Jabin, roi d’Asor, voulant s’opposer à la conquêtede Josué, rassemble son armée et celle des princes, sesalliés, «près des Eaux de Mérom,» Jos., xi, 5, ce qui suppose la capitale peu éloignée du champ de bataille. Josèphe, Ant. jud., V, i, 18, raconte le même combat comme ayantété livré près de la ville de Bérotha, dans la haute Galilée, non loin de Qadès. — 2° Dans rénumération des villes fortifiées de Nephthali, Josué, allant du sud au nord, lamentionne entre Arama (Er-Raméh) et Cédés (Qadès), ce qui la place au-dessous de cette dernière. Jos., xrx, 35-39. Citée dans un ordre inverse parmi les villes quitombèrent aux mains de Téglathphalasar, roi d’Assyrie, c’est-à-dire Aïon (Tell Dibbin), Abel-Beth-Maacha (Abilel-Kamh), Janoé (Yanouh) et Cédés (Qadès), elle retrouve la même situation. — 3° Le passage le plus précieux pour fixer le site d’Asor est celui de I Mach., XI, 63-74. Les généraux de Démétrius sont à Cadès avec unepuissante armée. Jonathas vient camper pendant la nuit «près des eaux de Génésar», c’est-à-dire près du lac deTibériade, et le lendemain, avant le jour, il arrive «dansla plaine d’Asor», où il rencontre les troupes ennemies.Ses soldats, surpris par une embuscade placée dans lesmontagnes qui bordent la plaine vers l’ouest, sont d’aborden proie à une telle panique, qu’ils prennent la fuitesmais, à la vue de Jonathas combattant intrépidement avecquelques hommes, ils reviennent à la charge et poursuivent leurs adversaires jusqu'à leur camp de Cadès. Dece témoignage, confirmé par le récit analogue de Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 7, il résulte que la plaine d’Asor, situéetrès probablement au pied de la ville de ce nom, qui, comme la plupart des cités fortes d’alors, devait êtreplacée sur une hauteur, se trouvait entre le lac de Génésareth au sud et la ville de Cadès au nord, et non loin desdeux, puisque Jonathas, parti des rives du lac, arrive dans laplaine avant le lever de l’aurore, et poursuit l’ennemi jusqu'à son camp de Cadès. Les deux sites proposés répondentégalement bien à ces données du texte sacré. — 4° EnfinJosèphe, dans un endroit, Ant. jud., IX, XI, , mentionneAsor, "A<7<opa, à côté de Cadès, Kv8î<r «, et, dans un autre, V, v, 1, la place au-dessus du lac Séméchonitis. Sous cedernier rapport, l’opinion de V. Guérin semble prévaloir, car Tell el-Harraoui est plus rapproché du lac Mérom.

IL Description. — La hauteur dite Djebel el-Harraouiest couronnée par un sommet oblong, «qui constitue uneplate-forme inégale, longue de cent douze pas du nord ausud, sur vingtcinq pas de large vers le nord, cinquantevers le centre et quarante vers le sud. Une puissanteenceinte environne ce tell. Aux trois quarts renversée, elle était flanquée de plusieurs tours carrées, construites, comme la muraille elle-même, avec de gros blocs plus oumoins bien équarris et reposant sans ciment les uns audessus des autres. Au dedans, et principalement vers lesud-est, on distingue les arasem*nts de plusieurs constructions importantes, bâties avec des blocs polygonaux.Un certain nombre de citernes creusées dans le roc, particulièrement sous les tours, sont ou intactes ou à moitiécomblées. Des sycomores et des térébinthes ont pris çàet là racine au milieu des ruines. La ville dont cette forteresse formait l’acropole s'étendait au-dessous, vers l’est, sur plusieurs terrasses successives. Bouleversée de fonden comble, elle n’est plus parcourue que par de pauvresbergers, qui promènent leurs troupeaux sur ces débrissolitaires. Des herbes sauvages, des broussailles et des

chardons gigantesques, entremêlés de caroubiers, de térébinthes et de chênes verts, croissent partout sur l’emplacement qu’occupaient jadis des maisons et quelques édifices publics. La ville paraît avoir été détruite dès l’antiquitéelle-même, car rien n’y atteste des réédifications modernes, et tout, au contraire, y porte la trace des âges les plusreculés, notamment l’appareil polygonal des blocs employés et l’absence de ciment.» V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 363-364.

Le Tell el-Khuréibéh, «colline des ruines,» se trouveà une heure vers le sud-ouest, s Le plateau supérieur decette colline est environné d’un mur épais à gros blocs àpeine taillés et dont quelques assises sont encore debout.Au dedans de cette enceinte oblongue, qui s'étend del’ouest à l’est, gisent les débris de nombreuses petitesmaisons bâties en pierres sèches et d’apparence arabe; elles avaient succédé à d’autres plus anciennes, dont ilsubsiste encore un certain nombre de citernes creuséesdans le roc. Vers le nord principalement, les flancs de lacolline sont soutenus d'étage en étage par plusieurs grosmurs d’appui. Au milieu de l’une de ces plates-formesartificielles, on avait pratiqué sur une surface aplanietrois belles cuves sépulcrales, parallèles et contiguës.» V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 368-369. Le même savantexplorateur fait remarquer que les ruines du Tell elKhuréibéh sont moins importantes et moins étendues quecelles du Tell el-Harraoui, ce qui, ajouté à la distance dulac Mérom, lui fait préférer cette dernière colline commesite d’Asor. D’après les auteurs anglais, G. Armstrong, W. Wiison et Conder, Names and places in the Old andNew Testament, in-8°, Londres, 1889, p. 83, le nomd’Hazor survit encore dans le Djebel Hadîréh, situé unpeu au sud-ouest des deux localités que nous venons dedécrire.

III. Histoire. — À l’entrée des Israélites dans la TerrePromise, Asor était la plus importante des cités du nord, et la capitale du roi Jabin. Aussi est-ce dans ses environs, non loin de ses puissantes murailles, qu'à la voix decelui-ci se rassemblèrent tous les princes de la contrée, pour opposer une barrière à la conquête de Josué. Aprèsles avoir mis en déroute et poursuivis jusqu'à Sidon, le chefdu peuple hébreu revint sur ses pas, frappa du glaive leroi et les habitants et réduisit la ville en cendres. Jos., xi, 1-13. Elle ne tarda sans doute pas à se relever de sesruines; ce qui du reste n’a rien d’invraisemblable, car, dans ces temps-là, une fois le vainqueur parti, on s’empressait de reconstruire les cités détruites, comme letémoignent les inscriptions assyriennes, sans parler desrécits bibliques. Cf. F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iii, p. 281, notel. Cent cinquante ans plus tard, un des descendantsde Jabin, portant le même nom, et comme lui habitantAsor, était, comme lui aussi, à la tête des Chananéens, qui avaient eu le temps de réparer leur défaite et deretrouver leurs forces. Pendant vingt ans, il soumit lesHébreux du nord à un dur tribut, sans qu’ils cherchassentà secouer le joug, n’osant se mesurer avec les terribleschariots de fer que conduisait Sisara, son général ou roivassal. Débora et Barac mirent fin à l’oppression par lavictoire remportée dans la plaine d’Esdrelon. Jud., iv.

Nous devons, à propos de ce dernier épisode, répondreà une objection de Keil, Josua, Richter und Rulh, Leipzig, 1874, p. 90, tendant à prouver qu’Asor ne pouvait être dans le voisinage immédiat de Cadès, parcequ’alors Barac n’aurait pas pu rassembler son armée danscette dernière ville, sous les yeux de Jabin, ni la conduirede là, c’est-à-dire des portes d’Asor, à la montagne duThabor. Nous ferons simplement remarquer le plan debataille, si admirablement inspiré. Débora et Barac se rendirent à Cadès, et là firent appel au patriotisme des Hébreux, en les prévenant secrètement du projet qu’ils méditaient. Les hommes de bonne volonté se rendirent, chacunde leur côté, en évitant les villes chananéennes, au lieu aoo

ASOR DE NEPHTHALI — ASOR EN ARABIE

1110

du rendez-vous. Le rassemblement des troupes israélitesse fit donc silencieusem*nt et sans éveiller les soupçonsde l’ennemi. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, t. iii, p. 286, 289.

Salomon la fortifia en même temps que Mageddo etGazer. 1Il Reg., ix, 15. Mageddo commandait la grandeplaine d’Esdrelon, champ de bataille célèbre à toutes lesépoques de l’histoire; Gazer commandait la route deJérusalem et la Séphéla. Asor avait donc dans le nordune égale importance stratégique. Aussi le roi d’AssyrieTéglathphalasar s’en empara-t-il comme des autres placesfortes de la contrée. IV Reg., xv, 29. Enfin nous avons vucomment elle fut témoin de la victoire de Jonathas surles généraux de Démétrius. I Mach., xi, 63-74.

A. Legendre.

2. ASOR (Septante: 'Aaopmva.lv), ville de la tribu deJuda. Jos., xv, 23. Elle fait partie du premier groupe, comprenant les villes de l’extrémité méridionale, où elleest citée entre Cadès et Jethnam. C’est sans doute ce dernier nom, hébreu: Ifnân, que les Septante ont uni àAsor dans 'Aooptmvaîv. Leur autorité ne suffit pas pournous y faire reconnaître un seul nom, tant cette partiedes listes est corrompue dans le texte grec. Le texte hébreu distingue nettement Asor et Jethnam, le nom decette dernière étant précédé de la conjonction ve, «et».Cf. Reland, Palsestina ex monumentibus veteribus illustrata, Utrecht, 1714, t. i, p. 143-144; t. ii, p. 709. CetteAsor est jusqu’ici complètement inconnue. Peut-être cependant le souvenir de ces villes méridionales, Asor ou Hesron, s’est-il conservé dans le Djebel Hadîréh, au nordest d’Aïn-Qadis (Cadèsbamé, suivant plusieurs auteurs).

A. Legendre.

3. ASOR (hébreu: Ifâsôr hâdaftâh, «Asor la neuve;» omise par les Septante; Vulgate: Asor nova), autre villede la tribu de Juda, comprise dans le même groupe quela précédente. Jos. xv, 25. «U y en a, dit E. F. C. Rosenmùller, qui prennent Ifâdatfâh pour un nom de ville.Mais, comme dans toute cette liste les noms des différentes localités sont distingués par le vav qui les précède, il n’est pas croyable que la conjonction ait étéomise dans ce seul endroit. Il est vrai que les traducteurssyriaque et arabe mettent cette particule; mais on nesait s’ils l’ont trouvée dans leurs manuscrits ou s’ils l’ontajoutée d’après leur conjecture. Cette dernière supposition est la plus vraisemblable, puisque le chaldéen etsaint Jérôme n’ont remarqué aucun signe copulatif, etqu’on n’en rencontre pas non plus dans les manuscritsactuels. Ensuite les deux noms sont unis par l’accent conjonctif Mahpach comme l’adjectif au substantif.» Sckollain Vêtus Testamenturn, Josua, Leipzig, 1833, p. 302-303.Asor est appelée «nouvelle» pour la distinguer d’uneautre, peut-être la précédente, plus ancienne. L’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 217, après avoir mentionnéla cité chananéenne de Jabin, ajoute: «Il y a jusqu’iciun autre village d’Asor sur les frontières d’Ascalon, versl’orient, qui échut à la tribu de Juda, et dont l'Écritureparle en l’appelant Asor la neuve, 'Auwp tïjv xaivrjv, pour 1a distinguer de l’ancienne.» Cf. S. Jérôme, Liberde situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 868.

M. V. Guérin, s’appuyant sur le texte d’Eusèbe, croitreconnaître cette ville dans une localité actuelle, nommée

Yazour, «jL», par les uns, jvwL» > Yasour, par les

autres, et située dans la plaine de la Séphéla. «Le villaged’Yazour, il est vrai, dit-il, n’est point à l’est d’Ascalon, mais au nord-nord-est; ce qui n’est point un argumentdécisif contre l’identification que je propose, attendu queles indications d’Eusèbe ne sont pas toujours très précises, et peut-être, au lieu des mots: «sur les frontières d’Ascalon,» fautil lire: «sur les frontières d’Azot, à l’est.» Judée, t. ii, p. 67. Aucun débris antique n’attire l’attention en cet endroit, sinon, Drès d’un puits, un fût decolonne mutilée, de marbre gris blanc. Les maisons,

bâties sur une colline, sont construites comme celles dela plupart des villages de la plaine, c’est-à-dire avec desbriques séchées seulement au soleil. Des plantations detabac et des bouquets d’oliviers les précèdent.

Robinson, Biblical Researches, t. ii, p. 34, note 2, admet aussi que Yazour correspond bien à l’Asor de l’Onomasticon. «Cependant, ajoute-t-il, si c’est le même nom, nous avons là un changement inusité de la gutturale hébraïque, Heth, en l’arabe Ya avec une voyelle longue. Entout cas, Eusèbe a tort de prendre cette localité pour unedes Asor du sud de Juda.» Placer si haut et si loin notreville nous paraît également tout à fait contraire à la marcheméthodique suivie par Josué dans ses énumêrations, principalement en ce qui concerne la tribu de Juda. L’auteursacré procède par groupes bien déterminés: Asor la Neuveappartient à «l’extrême sud de la tribu, près des frontièresd'Édom», Jos., xv, 21, tandis que Yazour, par sa positionau nord-ouest et par les villes qui l’entourent, rentre plutôt dans le premier ou le second groupe des villes de «laplaine». Jos., xv, 33-41. Il est bien plus clair pour nousque Yazour répond à YA-zu-ru prise par Sennachéribdans sa campagne contre Ézéchias, suivant le récit qu’ilen fait lui-même dans le prisme de Taylor, col. ii, 66.Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und dos Alte Testament, in-8°, Giessen, 1883, p. 289; F. Vigouroux, La Bibleet les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 207. Ellevient tout naturellement, en effet, après Bit-Da-gan-na, Beth-Dagon (aujourd’hui Beit-Dedjan), Jos., xv, 41; Jaap-pu-u, Joppé (Yafa), et Ba^na-ai-bar-ka, Bané-Barach(Ibn-Ibrak, suivant les uns; Barka, plus au sud, suivantles autres). Jos., xix, 45. Elle occupait ainsi une placeimportante sur la route de l’Egypte à travers la plaine des

Philistins.

A. Legendre.

4. ASOR, ville de Juda, à l’extrémité méridionale dela Palestine, identique à Hesron, hébreu: Hésrôn M'TJLâsôr; Septante: 'Auspwv, «vit» ) 'Aoiop; Vulgate: Hesron, hsec est Asor. Jos., xv, 25. Le texte veut-il dire que Hesrons’appelait primitivement Asor, ou qu’elle n’est autre quel’une des deux villes de ce nom, précédemment indiquées? Impossible de trancher la question. D’autres difficultés du reste se rattachent à Carioth et à Hesron, poursavoir s’il faut faire du premier mot un nom propre ouun nom commun. Voir Carioth, Hesron.

A. Legendre.

5. ASOR, «royaumes» contre lesquels prophétisaJérémie, xlix, 28, 30, 33. La Vulgate a fait un nom proprede Hàsôr dans tout ce passage, où il s’agit de prédictionscontre Cédar, peuple arabe. Les Septante, lisant isn,

l)âsêr, ont, au contraire, régulièrement traduit par a-ùX-q, «cour,» et bon nombre d’auteurs admettent ici le nomcommun, comme si l’on disait «les royaumes du douar n.Cédar, en effet, représente, comme dans Isaïe, xxi, 16, toute l’Arabie, ou au moins une portion de ce pays, danslequel nous ne trouvons aucune contrée du nom d’Asor.D’un autre côté, il ne saurait être question des différentesvilles de la Palestine occidentale, dont nous avons parlé, puisque l’objet même de la prophétie nous reporte nécessairement vers les benê-Qédém, ou «les fils de l’Orient», expression générale qui désigne les Arabes, et surtout lestribus nomades du nord. Voir Arabe 1. Il est donc probable que le prophète a employé le mot Hàsôr pour désigner les Arabes qui habitent dans des onsm, ffàsêrîm, «villages» ou «cours», et les distinguer ainsi des Nomades, qui vivent sous la tente. Isaïe, xiii, 11, se sert de ce termepour caractériser Cédar, de même que la Genèse, xxv, 16, pour les enfants d’Ismaël. Aujourd’hui encore les Arabessédentaires sont appelés Hadariyéh, yèjJl J^! (ahl alhaouâder', «les gens de la demeure fixe» ), par opposition avec les Ouabariyéh, jjjJî Jjb) (uhl al-ouabar, «lesgens du poil» ), qui habitent dans des tentes (faites avec Uil

ASOR EN ARABIE — ASPALATHE

M2

du poil de chameau ou de chèvre). Les «royaumes d’Asor» sont donc ainsi les régions habitées par les tribus sédentaires. Cf. E. F. C. Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamentum, , /eremias, Leipzig, 1827, t. ii, p. 368; C. F. Keil, Biblischer Commentar ûber den Prophète», Jeremia, Leipzig, 1872, p. 490; J. Knabenbauer, Commentariusin Jeremiam, Paris, 1889, p. 554; Trochon, La SainteBible, Jérémie, Paris, 1878, p. 303. *

Il faut dire cependant que la paraphrase chaldaïque etla version syriaque ont, comme la Vulgate, traduit parAsor, rendant exactement l’hébreu Bâsôr. Aussi d’autresauteurs ont vu là un nom propre. M. J. Halévy dit que ceroyaume, défait par Nabuchodonosor en même temps queles Cédar, «était probablement la localité nommée aujourd’hui el-Akhdar, presque à moitié chemin entre Teboûket Teima.» Voir Arabie, col. 864, et la carte, col. 857. Onne saurait néanmoins souscrire à l’opinion de Marc vonNiebuhr, qui identifie Ilâsôr avec le Hadjar actuel, payssitué au nord-est du Nedjed. Si l’hébreu -|"isn répond à

l’arabe "il, , hasar, ou, i>>-^, hadar, il diffère complètement de-s», hadjar, ou _^", hadjai: Cf. Keil,

Jeremia, p. 490, note. 1.

A. Legendre.

6. ASOR, ville habitée par les Benjamites après leurretour de la captivité. II Esdr., xi, 33. Les noms qui laprécèdent et la suivent sont bien connus, et nous aidentà déterminer sa position. Elle est mentionnée entre Anania, aujourd’hui Beit-Hanina, village situé à une faibledistance au nord de Jérusalem, et Rama, Er-Ram, aunord - est du précédent. Voir la carte de la tribu de Benjamin. Robinson, Biblical Researches in Palestine, t. ii, p. 264, note 1, et V. Guérin, Samarie, t. i, p. 209, sedemandent si l’on ne pourrait pas la reconnaître dansTell Azour (Robinson écrit y&£., 'Asour, avec aïn et

sàd, édit. 1841, t. iii, p. 232; Guériu, yy, 'Azour, avec aleph et zâ), colline élevée, au nord-est de Béthel, d’où l’on embrasse un magnifique horizon, depuis la valléedu Jourdain jusqu'à la Méditerranée. Ce site nous paraîts'éloigner trop des villes parmi lesquelles est nomméeAsor: il convient plutôt à Baalhazor de II Reg., xiii, 23.Nous préférons, avec les auteurs anglais, l’emplacementde Khirbet Hazzûr, village caché parmi les oliviers aupied des hauteurs de Néby Samouïl, vers l’est, et tout prèsde Beit-Hanina; c’est exactement la place qu’occupe lacité benjamite dans la liste donnée par le texte sacré.Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Nantes and placesin the Old and New Testament, in-8°, Londres, 1889, p. 83; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, ih-8°, Londres, 1889, p. 259. — Tobler, Topogr., t. ii, p. 400, avait déjà proposé un site identique ou très voisin, qu’ilappelle Khirbet Arsûr (ou Asûr), et qu’il place huit minutes à l’est et au-dessous de Bir Nebala et non loin deRama. Cf. Van de Velde, Memoir to accompany the mapof the Holy Land, in-8°, 1859, p. 319. A, Legendre.

    1. ASORHAOOAN##

ASORHAOOAN, ASOR HAOOAN, en un ou deuxmots, selon les divers exemplaires de la Vulgate. Formeparticulière du nom d’Asarhaddon, roi de Ninive, dansla version latine de I Esdras, iv, 2. Le texte original d’Esdras"porte en deux mots: 'Êsar haddôn, comme II (IV) Reg., xix, 37, et Is., xxxvii, 38. Voir Asarhaddon.

    1. ASOTH##

ASOTH (hébreu: 'Asvaf; Septante: 'AutO), fils deJèphlat, de la tribu d’Aser. I Par., vii, 33.

    1. ASPALATHE##

ASPALATHE (àaitâxoceoç), parfum mentionné uneseule fois dans l'Écriture. Eccli., xxiv, 15 (texte grec).La Vulgate traduit ce mot par balsamum, «.baume,» Eccli., xxiv, 20; mais il est certain qu’il désigne un aromate particulier, dont il est souvent question dans lesauteurs grecs et dans Pline: ils parlent de la plante, du

parfum qu’on en tirait et de l’usage qu’on en faisait commeremède. Il est cependant possible qu’ils aient désignésous le nom dCaspalalhos, à cause de certaines ressemblances, des plantes en réalité très différentes. Théognide, 1193, édit. Siztler, in-8°, Heidelberg, 1880, p. 127; Théocrite, Idyll., iv, 57; xxiv, 88, édit. Didot, p. 9, 49, et Scholia in Theocrit., édit. Didot, p. 36; Hippocrate, Œuvres, 10 in-8°, trad. Littré, t. viii, 1853, p. 446; Théophraste, Hist. plant., ix, 7; Fragm. iv de odor., 25, 33, édit.Teubner, t. i, p. 237; t. iii, p. 80, 83; Galien, Opéra, édit.Kiihn, dans les Medicorum grsecorûm Opéra, t. xi r p. 840; t. xix, p. 725, etc.

L’aspalathe était particulièrement estimé en Orient. «Cette plante… [est] mentionnée dans la plupart desrecettes de parfumerie égyptienne que nous connaissons.»

SOI.

Myrica sapida mâle.

V. Loret, La flore pharaonique, in-8°, Paris, 1887, n° 61, p. 26. Elle entrait comme ingrédient dans la compositiondu célèbre parfum égyptien appelé par les Grecs kyphi; c’est ce qu’attestent les trois écrivains grecs qui l’ontdécrit: Dioscoride, De mater, med., i, 24, édit. Sprengel, t. i, p. 38-39; Plutarque, De Is. et Osir., 80, édit. Parthey, in-8°, Berlin, 1850, p. 143 (cf. les notes de Parthey, p. 278-280); Galien, De anlidot., édit. Kûhn, t. xiv, p. 118.R était donc tout naturel que l’aspalathe eût une placedans l'énumération de parfums faite par l’auteur de l’Ecclésiastique, xxiv, 20-21. La difficulté consiste à savoirquelle en était la nature. Nous en avons deux descriptions, l’une par Dioscoride, l’autre par Pline. «L’aspalathe, dit Dioscoride, est un arbuste épineux qui pousseà Istrus, à Nisyre, en Syrie et à Rhodes; les parfumeurss’en servent pour donner de la consistance à leurs parfums. Le meilleur est lourd, et, quand il est dépouilléde son écorce, il est rouge, tirant sur le pourpre, dur, d’odeur agréable et d’un goût amer. Il en existe une autreespèce qui est blanche, ligneuse, inodore.» De re medica, i, 19, édit. Sprengel, t. i, 1829, p. 35-36. Cf. la notede l'éditeur, t. ii, p. 359. Pline à son tour le décrit ainsi: «Dans la même contrée [en Cypre] croît l’aspalafhe, àépines blanches, de la taille d’un arbuste, à fleurs de rosier.La racine est recherchée par la parfumerie… La bonnequalité [de cet aromate J se reconnaît à une couleur rousseou semblable au feu, à son grain compact et à son odeur quiest celle du castoréum.» H. N., xii, 52. Au livre xxiv, 68, Pline dit qu’on le trouve aussi dans l'île de Rhodes.

Ces descriptions des anciens sont malheureusem*nttrop vagues pour qu’il soit possible de déterminer aveccertitude quelle était la plante d’où l’on tirait l’aspalathe, Dioscoride et Pline s’expriment avec si peu de précision, qu’on s’est demandé s’ils avaient parlé autrement que parouï-dire. Le seul point certain qu’on puisse déduire despassages des auteurs anciens, c’est que ce parfum étaitproduit par un arbuste épineux: tous ceux qui en ont

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302. — Myriea aapUta femelle. Fruit entier, coupes et noyau.

parlé, naturalistes, médecins, poètes, sont d’accord làdessus. Platon fait allusion à ces épines comme Théocrite.Pour peindre les tourments des méchants dans l’autre vie, il dit qu’ils seront traînés au milieu des épines des aspalathes. De republ., x, édit. Didot, t. ii, p. 191. Cf. S. Justin, Cohort. ad Grsec, 27, t. vi, col. 292; Clément d’Alexandrie, Strotn., v, 14, t. ix, col. 133; Eusèbe, Priep. Ev., Mil, 13, t. xxi, col. 1105. Mais ce caractère est insuffisantpour identifier l’aspalathe. Aussi les savants sont-ils trèsdivisés à ce sujet.

De nos jours, on donne le nom d’aspalathe, Aspalathus, à un genre de plantes de la famille des Papilionacées, tribu des Lotées, toutes originaires du cap deBonne-Espérance.' De Candolle, Prodromus regni vegetabilis, 16 in-8°, Paris, 1824-1870, t. n (1826), p. 136. Iln’existe en Orient aucune espèce de plantes appartenantau genre qu’on appelle aujourd’hui Aspalathe. D’aprèsquelques-uns, l’aspalathe des anciens était une espèced’aloès. (Voir Aloès, col. 400.) Cf. F. V. Mérat et A. J. deLens, Dictionnaire universel des matièresmédicales, in-8°, Paris, t. i, 1829, p. 469. Cette opinion n’est qu’unehypothèse sans fondement. — D’après d’autres savants, l’aspalathe est YAspalathus cretica de Linné. Cf. KittOjCyclopsedia of Biblicàl Literature, 1862, t. i, p. 245.Cette plante, qui forme des touffes buissonnantes extrêmement épineuses et groupées en boules comme un hérisson, semble bien répondre à ce qu’en dit Platon, maison n’en tire aucun parfum. Elle n’est, au témoignage deJBoissier, Flora jorientalis, t. ii, p. 156, qu’une formeaberrante de VAnthyllis Éermanniæ, petit arbuste trèsépineux, à fleurs jaunes, à feuilles ovales, étroites, àrameaux touffus, qui croît en Grèce, dans les lies del’Archipel eten quelques endroits du littoral asiatique dela Méditerranée.

Certains naturalistes pensent que l’aspalathe venait de

l’Inde. Les auteurs arabes, tels qu’Avicenne (Avicennselibri inre medica, 1. ii, tr. 2, c. 211, in-f°, Venise, 1564, p. 295), disent que dar-sisaan est le nom qui corresponden leur langue à aspalathe, et, d’après quelques-unsd’entre eux, cet aromate vient de l’Inde. Or, dans l’Inde, on appelle dar-sisan l'écorce d’un arbre qui porte lenom de kaiful ou kyful. Il croit à l'état sauvage surl’Himalaya», depuis le Nepaul jusqu’au Setledge. On lecultive aussi dans les jardins. N. Wallich, TentamenFlorse Nepatensis illustratss, in-f, Calcutta, 1824-1826, p. 59, cf. pi. 45, l’a décrit sous le nom de Myriea sa803. — Convolvulus scoparlus.

pida. C’est un arbre touffu, qui atteint environ trentepieds (neuf mètres) de hauteur, au tronc large, couvertd’une écorce brune, rugueuse et crevassée, à feuilleslancéolées. Les fleurs de l’arbre mâle (fig. 301) sont différentes de celles de l’arbre femelle (fig. 302). Les unes etles autres, en forme de chatons, s'épanouissent en mars; elles sont blanchâtres, avec de légères teintes roses. Lefruit, de couleur rouge, gros comme une petite cerise, mûrit à l'époque des pluies; il a un goût acidulé et estrafraîchissant. Le bois est dur, d’un brun foncé. Quand onfrotte les feuilles, elles exhalent une odeur aromatiquelégère et agréable. Les Hindous en estiment beaucoupl'écorce pour ses propriétés aromatiques et médicinales, et on la trouve dans tous les bazars. Voir Enumerationof plants, dans les Asiatic Researches, Londres, 1801, t. VI, p. 380-381. Les descriptions des auteurs grecs etlatins ne conviennent certainement pas à cet arbre sansépines et de taille assez grande.

On a aussi proposé d’identifier l’aspalathe avec certainesespèces de genêts qu’on trouve en Orient, entre autresavec le Genista aspalathoides, arbuste épineux, à fleursd’un jaune d’or, ayant quelque ressemblance avec l’As

patathus; par malheur, on ne lui connaît pas de propriétés aromatiques. Il n’en est pas de même de YAmyrisbalsamifera, dans lequel quelques-uns ont cru reconnaître l’aspalathe des anciens. C’est un arbre de lafamille des Térébinthacées, assez semblable à la plantequi produit le baume de la Mecque. Voir K. Fraas, Synopsis plantarum florse classicee oder UebersichtlickeDarstellung der in dm klassischen Schriften der Griechen und Rômer vorkommenden Pflanzen, in-8°, Munich, 1845, p. 49-50; Bussemaker et Daremberg, Œuvresd’Oribase, 6 in-8° t. ii, 1854, p. 490, 513, 618.

L’opinion la plus commune est que l’aspalathe se tiraitde la plante appelée aujourd’hui Convolvulus scopariusde Linné (fi g. 303). C’est le sentiment de plusieurs savants, tels que Littré, dans sa traduction de Pline, édit.Nisard, t. i, 1848, p. 493 (quoique dans sa traductiond’Hippocrate, Œuvres, t. viii, 1853, p. 447, il l’identifieavec le Genista acanthoclada); les annotateurs du mêmePline, dans l'édition Panckoucke, t. viii, 1830, p. 451-452(cf. t. xv, p. 197-199); V. Loret, qui a spécialement étudiéla flore égyptienne. D’après lui, la plante appelée dans

la vallée du Nil i "V *=. jS, djalem ou djalmâ, et^"1 I j. i djabi, est l’aspalathe, qui n’est pas autre que

le Convolvulus scoparius, «Je crois, dit-il, que l’aspalathe, ou du moins l’aspalathe égyptien de Pline, est bienle Convolvulus scoparius L., dont le bois, fort employéen parfumerie, est connu dans le commerce sous le nomde' Bois de Rhodes ou Bois de rose. L’Egypte renfermeencore aujourd’hui un certain nombre de ces Convolvulusligneux et non volubiles, auxquels appartient le Convolvulus scoparius. Tous poussent dans les rochers et lesendroits pierreux ou sablonneux.» Le kyphi, dans leJournal asiatique, juillet-août 1887, p. 120. «L’Egyptemoderne possède dix espèces de Convolvulus, mais leConvolvulus scoparius en a disparu.» V. Loret, La florepharaonique, p. 26. Cf. A. Raffeneau-Delile, Florse ëgyptiacss illustratio, dans la Description de l’Egypte, édit.Panckoucke, in-8°, t. xix, 1824, n» * 222-231, p. 78.

Les convolvulus sont des herbes ou des plantes sousfrutescentes. Un assez grand nombre sont volubiles ets’enroulent autour des autres plantes. Parmi celles quin’ont point cette propriété se range le Convolvulus scoparius. Il atteint deux mètres de hauteur, le tronc atrente-cinq centimètres environ de circonférence. «Sonport très spécial rappelle celui d’un genêt: ses souchesligneuses émettent, en effet, des rameaux tout droits, joncif ormes, qui portent sur leur longueur, assez largement espacées, des feuilles simples, linéaires, trèsétroites, et à l’extrémité des fleurs relativement petites, jaunâtres, disposées en épis ou en grappes paniculées.La partie intéressante de la plante est la souche ligneuseet les grosses racines qui s’en détachent. Ces parties, généralement contournées, sont recouvertes d’une écorcegrise, fongueuse ou un peu crevassée. Le bois luimême, blanchâtre dans les couches extérieures, est d’unjaune orangé au centre et tout imprégné d’une certainequantité d’une huile peu volatile, qui a une odeur derose prononcée. Aussi donne-ton à ce bois le nom deBois de rose des parfumeurs ou Bois de rose des Canaries. II. est aussi connu sous le nom de Bois de Rhodes( lignunt Rhodium); mais cette dénomination ne signifiepas autre chose que Bois à odeur de rose; elle n’indiquenullement l’origine géographique de la substance. Laplante ne se trouve, en effet, qu'à une très grande distance de l'île de Rhodes; elle croît seulement à Ténériffe, dans les Canaries.» Planchon, dans le Dictionnaireencyclopédique des sciences médicales, i" série, t. xx, 1877, p. 235. On peut supposer qu’elle a été cultivée autrefois en des lieux où on ne la trouve plus, aujourd’hui: ; mais l’identification de l’aspalathe, on le voit, n’est pasencore bien établie. Quoique certains convolvulus soient

épineux, comme Varmatus (Description de l’Egypte, Histoire naturelle, Botanique, pi. 18), le scoparius nel’est pas et, sur ce point, il ne répond pas à la descriptiondes anciens. — Voir E. P. Ventènat, Choix de plantes, in-f°, Paris, 1803, p. 24, pi. 24; Ch. Barker Webb et S. Berthelot, Histoire naturelle des îles Canaries, Phytographia, Paris, 1836-1850, t. iii, part, ii, sect. 3, p. 29-30.

F. VlGOUROUX.

ASPERSION. Dans le sens strict du mot, l' «aspersion» consiste en ce qu’on répand ou plutôt qu’on jette, sur des personnes ou sur des choses, quelques gouttesd’un liquide, soit avec les doigts, soit avec un rameau defeuillage, soit avec tout autre instrument ou vase destinésà cet usage. L’aspersion se distingue ainsi soit de 1' «ablution» totale ou partielle du corps, soit de 1' «effusion» d’unliquide. Nous trouvons chez les Hébreux la plus grandevariété dans la matière et le rite des aspersions.

I. Aspersion avec l’eau lustrale. — Moïse, Num., Xix, détermine avec le plus grand soin tout ce qui concerne ce genre d’aspersion. — 1° Matière de l’aspersion.— C’est l’eau lustrale, qu’on obtient de la manière suivante: on immole et on fait brûler une génisse, de couleur rousse, sans défaut, sans tache, et n’ayant pas porté le joug; dansle bûcher de la génisse, on jette aussi du bois de cèdre, de l’hysope et de l'écarlate teinte deux fois, Num., xix, 1 -6. Sur l’immolation et l’incinération de. la victime, voirVache rousse. Les cendres ainsi obtenues sont recueilliespar un homme «pur», et elles sont déposées hors ducamp (plus tard hors de Jérusalem), dans un lieu <( trèspur», pour être sous la garde et au service de tous lesenfants d’Israël. Num., xix, 9. Quand on veut avoir del’eau lustrale, on dépose un peu de ces cendres au fondd’un vase, on verse pardessus de l’eau «vive», c’està-dire de l’eau de source ou de rivière, par oppositionà l’eau de citerne ou à toute eau dormante; le mélangeobtenu est l’eau lustrale. Num., xix, 17. L’action mêmede mélanger l’eau et les cendres est appelée par les rabbins «consécration» de l’eau lustrale.

2° Nom de cette eau. — Dans l’hébreu, Num., xix, 9, 13, 20, 21; xxxi, 23, elle est appelée mê niddâh, c’està-dire «eau de séparation» ou «d’impureté» (du radicalnâdad, «séparer, rejeter» ), soit parce qu’elle servait àréconcilier et à rapprocher de Dieu ceux qui étaient «séparés» de lui par certaines impuretés légales, soit parceque la génisse dont les cendres servaient à faire cette eauétait elle-même «séparée» et immolée; d’autres interprètent ces mots mê niddâh dans le sens d' «eau d’aspersion» (du radical yâdâh, «répandre» ); c’est ainsi queles Septante traduisent, aux passages indiqués, ûSùp pavTia-fioCi, «eau d’aspersion,» sauf une fois: ùêùp à^viaixoG, «eau de purification.» Num., xxxi, 23. La Vulgate traduit tantôt aqua aspersionis, Num., xix, 9; tantôt aqualustrationis, Num., xix, 20; tantôt aqua expiationis, Num., xix, 13, 21; xxxi, 23.

3° Forme et instrument de cette aspersion. — La formeest indiquée Num., xix, 18-19; un homme «pur» trempeun rameau d’hysope (hébreu: 'êzôb) dans l’eau lustrale, et asperge ainsi les personnes ou les objets contaminés.Pour faire l’aspersion, la loi n’exige pas un prêtre, nimême un lévite; le premier Israélite venu suffit, pourvuqu’il soit «pur»; aussi, pour être plus sûrs que cette condition fût accomplie, les Hébreux choisissaient de préférence, pour faire l’aspersion, de jeunes enfants; c'étaienteux qui allaient puiser l’eau, qui la mettaient dans levase avec la cendre sacrée, qui plongeaient dans l’eau lerameau d’hysope, et qui faisaient l’aspersion. Cet usages’est transmis par la tradition; il est mentionné par l’auteur de la Lettre de saint Barnabe, qui dit que trois enfants, itaïSeç, faisaient l’aspersion. Barnabse epistula, viii, dans Opéra Patrum apostolicorum, édit. Funk, Tubingue, 1881, . p. 27- Quant à l’instrument de l’aspersion, la loiexige un rameau d’hysope; l’hysope avait déjà servi soitpour l’aspersiondu sang de l’agneau pasGal sur lesportes «17

ASPERSION

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des Hébreux, Exod., xii, 22, soit pour l’aspersion quiaccompagna l’inauguration de l’alliance. Exod., xxiv, 2.On aurait pu se contenter d’un rameau d’hysope, la loin’exigeant que cela; mais comme, dans d’autres purifica(ions légales, la loi exigeait un rameau d’hysope joint àune branche de cèdre au moyen d’une bandelette de laineécarlate, Lev., xiv, 4, 6, 49-52, cette prescription futétendue à l’aspersoir de l’eau lustrale. Barnabee epistula, loc. cit. On peut voir dans la Mischna les subtilités desrabbins au sujet de l’espèce d’hysope qui était requisepour la légitimité de l’aspersion. Mischna, tr. Pârâh, xi, 7-9; xii; édit. Surenhusius, t. vi, p. 307-313.

4° Usage et efficacité de cette aspersion. — Le principal usage était d’enlever l’impureté légale qui provenaitdu contact du cadavre humain. Quiconque touchait unmort, ou même simplement un tombeau, un ossem*nthumain, était impur devant la loi; bien plus, quand lamort avait lieu dans une tente, plus tard dans une maison, l’impureté légale frappait tous ceux qui entraient dansla tente ou la maison, et même tout le mobilier, sauf lesvases à couvercle. Num., xix, 11-16; v, 2; xxxi, 19. Cetteespèce d’impureté était très tenace; elle durait sept jours, et excluait non seulement du temple et de la participationaux choses saintes, mais encore de la société des hommes.Voir Impuretés légales. Or c’est l’aspersion dont nousparlons qui enlevait cette impureté légale; on la répétaitdeux fois, le troisième et le septième jour (à partir dumoment où la souillure avait été contractée); le septièmejour, la personne «impure» prenait un bain, lavait sesvêtements, demeurait encore «impure» jusqu’au soir, etle lendemain se trouvait purifiée. Num., xix, 12, 18-19.Outre cet usage principal, nous voyons encore l’eau lustrale employée dans la consécration des lévites, Num., vhi, 7; puis, dans un cas spécial, pour la purification dubutin. Num., xxxi, 20-33. On s’est demandé si l’aspersionde l’eau lustrale, qui enlevait l’impureté légale contractéepar le contact d’un mort, avait la même efficacité sur lesautres impuretés. Quoi qu’en disent certains auteurs, parexemple, Tostat, In Num., xix, q. xv, Venise, 1596, t. iv, p. 269 b; Cornélius a Lapide, In Num., xix, 9, il paraît certain que l’eau lustrale n’effaçait que l’impureté dont nousparlons; comme nous le voyons dans le Lévitique, xii, Xili, XIV, xv, chaque impureté légale avait son rite particulier de purification, approprié à sa nature; le rite fixépour telle impureté n’avait aucune efficacité pour telleautre; pourquoi ne dirions-nous pas la même chose del’aspersion de l’eau lustrale, que Moïse, Num., xix, prescrit expressément pour purifier de l’impureté provenantdes cadavres, sans faire aucune mention des autres impuretés'? Aussi la plupart des commentateurs juifs et chrétiens disent ou supposent qu’on n’employait l’eau lustraleque dans le cas dont nous parlons, sauf peut-être quelquescas moins importants ajoutés par les rabbins.

Mentionnons un effet curieux de l’eau lustrale: elle purifiait, avons-nous dit, les «impurs», sur lesquels on larépandait avec l’hysope; au contraire, elle souillait les «purs». Celui qui faisait l’aspersion devait, après cet acte, laver ses vêtements; quiconque touchait l’eau lustrale étaitimpur jusqu’au soir. Num., xix, 21. Les exégètesont cherchéà expliquer cette anomalie. S. Augustin, Qusest. in Hep ta t., Num., xix, t. xxxiv, col. 735; Spencer, De LegibusHebrœorum ritualibus, La Haye, 1686, t. i, p. 361; Deyling, De aqua expialoria, dans ses Observationessacrée, Leipzig, 1739, t, iii, p. 101; J. Leclerc, In Num., Xix, Amsterdam, 1710, p. 409. Leurs explications, trèssubtiles, ne sont guère satisfaisantes; disons plutôt simplement que l’eau cendreuse, n'étant guère propre parelle-même au point de vue physique f causait chez tousCeux qui la touchaient une très légère impureté légale, pour laquelle le législateur voulut imposer une purification proportionnée de quelques heures; c’est la penséede Cornélius a Lapide, In Num., XIX, 21.

5° Notions historiques. — Moïse, dans l’institution de

cette eau lustrale, put être guidé par les usages des peuplesenvironnants; car la cendre, et spécialement la cendrede veau, était employée par les païens dans leurs lustrations. Cf. Ovide, Fast., iv, 638-640, 725-727, 732-733, édit. Lemaire, Paris, 1822, t. vi, p. 284, 291, 292; Virgile, Ecloga viii, 101, édit. Lemaire, Paris, 1819, t. i, p. 190; Arnobe, Adversus Gentes, vii, 32, t. v, col. 1262-1263.Les Juifs observèrent fidèlement le rite prescrit par leurlégislateur. C’est à lui que fait allusion David, Ps. L, 9.Comme l’impureté légale provenant du contact des mortsétait par sa nature même extrêmement fréquente, il estfort probable que la cérémonie de l’immolation de lavache rousse avait lieu tous les ans; c’est l’opinion desaint Jérôme, Epist. cviii, Ad Euslochium, XII, t. xxii, col. 887, suivie par la plupart des commentateurs chrétiens, malgré l’opinion contraire des rabbins, qui font cetteimmolation beaucoup plus rare. Reland, Antiquitatessacras, II, v, 10, Utrecht, 1708, p. 108-109; Lorinus, InNum., xix, 9, Lyon, 1622, p. 706; Cornélius a Lapide, In Num., xix, 22. Pour la même raison, il est très vraisemblable que les cendres de la génisse, après avoir étérecueillies dans le lieu du sacrifice, étaient ensuite distribuées au moins dans les principales villes de Judée, afinque les Hébreux ne fussent pas obligés de faire si fréquemment le voyage de Jérusalem. Bonfrère, Pentateuchus Mosis, In Num., xix, 12, Anvers, 1625, p. 821; Cornélius a Lapide, In Num., xix, 9. Ce rite mosaïque étaiten pleine vigueur du temps de Notre-Seigneur; saint Paulen parle comme d’une chose parfaitement connue et pratiquée, Heb., rx, 13; Philon et Josèphe le signalent commeinstitué par Moïse; Philon, De victimas offerenlibus, dans ses Opéra omnia, Paris, 1640, p. 847-849; Josèphe, Ant. jud., IV, iv, 6; Cont. Apion., Il, 23. La Mischna; écrite vers l’an 200 de notre ère, expose avec un détail infinitout ce qui concerne ce rite, Mischna, tr. Pârâh, édit.Surenhusius, Amsterdam, 1702, t. vi, p. 269-313; mais ilest bien probable qu’alors ce rite n'était plus observé; cardepuis la destruction du temple de Jérusalem, en 70, etsurtout depuis la terrible répression de 137 par Adrien, les Juifs prétendent que ce rite et les rites similaires concernant les impuretés légales ne les obligent plus; c’estce que dit le rabbin Léon de Modène, Cérémonies et coutumes des Juifs, I, viii, 1, Paris, 1681, p. 18.

6° Symbolisme et but de la loi. — L’eau lustrale étaitla figure du sang de Jésus-Christ. Saint Paul, Hebr., IX, 13-14, fait entre l’une et l’autre un rapprochement frappant. De même que l’eau lustrale répandue par l’aspersionsur les personnes ou les objets souillés par le contact d’unmort les purifiait de cette impureté, ainsi le sang deJésus-Christ répandu sur la croix purifie notre âme dessouillures contractées par nos péchés, qui sont des œuvresmortes. Ce symbolisme a été mis en pleine lumière parles Pères et les saints docteurs. Barnabee epistula, viii, p. 27; S. Augustin, Qusest. in Heptat., iv, 33, t. xxxiv, col. 732-737; Théodoret, Qusest. in Num., q. xxxv, t. lxxx, col. 386; Bonfrère, Pentateuchus Mosis, p. 826; Cornélius a Lapide, In Num., xix, 4, 9. Cette interprétation aété suivie par les auteurs protestants, Witsius, Mqyptiacasacra cum Hebraicis collata, II, viii, 5-11, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, Venise, 1744, t. i, p. 855-858; Deyling, De aqua expiatoria, dans ses Observationes sacras, Leipzig, 1739, t. iii, p. 89-102; Lightfoot, De ministerio templi, xvil, 11, Opéra omnia, Utrecht, 1699, t. i, p. 752-753; Otho, Lexicon rabbinico-philologicum, Genève, 1675, p. 659; Constantin L’Empereur, Talmudis babylonici Codex Middotk, Leyde, 1630, p. 14.Il n’y a pas jusqu’aux Juifs qui n’aient vu dans l’eau lustrale dont nous parlons le symbole de l’expiation de nospéchés. Cf. Deyling, loc. cit., p. 98-99. Philon en donneune explication allégorique; d’après lui, Moïse a voulurappeler aux Juifs que, de même que l’eau lustrale estcomposée d’eau et de cendres, ainsi le corps de l’hommen’est qu’un composé de poussière et de liquide. Philon, «19

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De somniis, et De victimas offerentibus, Opéra, Paris, 1640, p. 596-597, 848-849. Il est probable aussi que Moïse, en prescrivant aux Juifs cette eau expiatoire, s’est proposé de les. détourner de l’emploi de certaines eaux lustrales en usage chez plusieurs peuples païens, et peu dignesd’une nation polie et civilisée. Ainsi, chez les Perses, l’eaulustrale renfermait de l’urine de bœuf; chez les Indiens, de la bouse ou de l’urine de vache; chez les indigènesdu Malabar, de la fiente de vache, desséchée et réduite enpoussière. Zend-Avesta, traduit en français par AnquetilDuperron, Paris, 1771, t. ii, p. 544-550; Paulin de SaintBarthélémy, Systema brahmanicum, Rome, 1791, p. 202; Lois de Manou, v, 105, 122, 124, dans Pauthier, Les livressacrés de l’Orient, Paris, 1841, p. 384-385; Winer, Bïblisches Realwôrterbuch, au mot Sprengwasser, Leipzig, 1838, t. ii, p. 587. Qui ne voit combien le rite depurification des Hébreux était supérieur à ces rites païens, au double point de vue de la dignité morale et de l’hygiène? Cf. Saalschûtz, Bas Mosaische Recht, Berlin, 1853, k. 40, p. 340, note. Pour le symbolisme complet du ritemosaïque, voir aussi Vache rousse.

7° Eau bénite des chrétiens. — D’après quelques auteurs, qui l’affirment ou le supposent, 1' «eau bénite» deschrétiens est une imitation de l’eau lustrale des Hébreux.Rien ne s’oppose à cette hypothèse, pourvu qu’on regardenotre eau bénite non pas comme un type ou une figure, ainsi qu'était l’eau lustrale des Hébreux, mais comme unrite pieux institué par l'Église pour exciter en nous la foiet la dévotion, et nous attirer ainsi des grâces qui nousaideront à obtenir le pardon de nos fautes. Ce qui est certain, c’est que l’usage de l’eau bénite remonte aux premierssiècles. Cf. Const. Apost., viii, 29, dans Migne, Patr. gr., t. i, col. 1125. On a retrouvé, dans les catacombes, desvases, des coquilles, en marbre ou en terre cuite, assujettis à une colonne, à la portée de la main, qui évidemment étaient ce que nous appelons des «bénitiers».Cf. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, 1865, p. 222. S’il faut en croire le Liber Pontificale, l’institution de l’eau bénite est due au pape Alexandre, qui régnait vers l’an 110. Il est à remarquer que le LiberPontificalis donne à cette eau le nom d’aqua sparsionis, «eau d’aspersion;» nom analogue à celui que la VulgateNum., xix, 9 (aqua aspersionis), donne à l’eau lustraledes Hébreux. Liber Pontificalis, In Aleœandrnm, édit.duch*esne, Paris, 1886, t. i, p. 127.

II. Aspersion avec l’eau ordinaire. — D’après quelquesauteurs, les Hébreux avaient aussi des «aspersions» proprement dites avec de l’eau ordinaire; ils donnent commeexemple l’aspersion qui est mentionnée Num., viii, 7, etqui devait se faire dans la consécration des lévites; l’eaude cette aspersion, disentils, se puisait sans doute dansle bassin d’airain dont il est question Exod., xxx, 17-21, et qui ne contenait que de l’eau commune. Nous croyonsqu’il s’agit ici encore d’une aspersion avec l’eau lustrale; car l’eau qui devait servir à cette aspersion est appelée, Num., viii, 7, mê hattâ't, «eaii de péché,» c’est-à-direeau symbolisant la rémission du péché; or ce nom neconvient bien qu'à l’eau lustrale; aussi la Vulgate traduit - elle aqua lustrationis; de plus, nous voyons, Num., xix, 17, que la vache rousse, dont les cendres servaient à faire l’eau lustrale, est appelée hattâ't, «péché» ou «victime pour le péché» (cf. Maimonide, More Nebochim, iii, 47, traduction latine de Buxtorf, Bâle, 1629, p. 494); le nom de mê hatlâ'f, «eau de péché,» convientdonc parfaitement à l’eau lustrale; aussi les rabbins luidonnaient ce nom, Winer, Bïblisches Realwôrterbuch, t. ii, p. 585; il est donc très probable que l’aspersion dontil s’agit Num., viii, 7, se faisait avec l’eau lustrale. Cornélius a Lapide, In Num., viii, 7; Rosenmùller, In Num., Vin, 7. — Sans doute il est possible que les Hébreux, quiavaient tant d' «ablutions» avec l’eau ordinaire, aient euaussi des aspersions avec cette eau, d’autant plus que cesaspersions étaient en usage chez tous les peuples païens.

Tertullien, De Baptismo, , t. i, col. 1204-1205; Virgile, Enéide, ii, 717-720; iv, 635; vi, 229-231, 635-636, édit.Lemaire, Paris, 1819, t. ii, p. 293, 549; t. iii, p. 126, 173; Ovide, Metam., i, 369-372; vii, 189-190, édit. Lemaire, Paris, 1821, t. iii, p. 91-92, 490. Cf. D. Classenius, Theologia Gentilis, iii, 6, dans Gronovius, Thésaurus grœcarum antiquitatum, Venise, 1735, t. vii, p. 131-132. Maisce genre d’aspersion, pour les Hébreux, n’est signalé, aumoins d’une manière expresse et formelle, ni dans laBible, ni dans la Mischna, qui a plusieurs traités sur lespurifications légales, ni dans les commentaires hébreuxsur ces purifications; bien plus, Philon oppose ces aspersions païennes avec une eau commune à l’aspersion juiveavec l’eau lustrale, et fait ressortir l’excellence de celle-cisur la première, à raison même de sa matière prescritepar Moïse: ce qui semble supposer que les Juifs n’avaientaucune aspersion semblable, pour la matière, à celle despaïens. Philon, De victimas offerentibus, loc. cit.

III. Aspersion avec le sang. — L’aspersion avec lesang des victimes est souvent prescrite par la loi; nousla trouvons, d’une manière ordinaire, dans certains sacrifices, dans certaines fêtes ou cérémonies; nous la rencontrons aussi, d’une manière extraordinaire, dans quelquesévénements plus importants de l’histoire du peuple hébreu.

1° Aspersions ordinaires. — Dans les sacrifices, le sangdes victimes était offert à Dieu ou appliqué aux personnesou aux choses, de différentes manières, tantôt sous formed’aspersion, Lev., iv, 5, 6; xvi, 14, 15, 19; tantôt pareffusion, lente ou rapide, Lev., i, 5, 11, 15; iii, 1, 8, 13; iv, 7, etc.; d’autres fois par simple attouchement. Lev., 1%7, 18, 25. Nous n’avons à parler ici que des «aspersions» strictement dites, renvoyant pour tout le reste à l’articleSacrifice. — 1. Nous trouvons l’aspersion avec le sang dansdeux sacrifices solennels, le sacrifice «pour le péché» dupontife suprême, et le sacrifice «pour le péché» du peupletout entier. Dans ces deux cas, le pontife, prenant, dansun vase sacré destiné à cet usage, une partie du sang dela victime offerte en sacrifice, pénètre dans le tabernacle, plus tard dans la partie du temple appelée le Saint, et, trempant son doigt dans ce sang, il en fait sept fois l’aspersion devant le voile du Saint des saints. Lev., iv, 5-6, 16-17; cf. Lev., vi, 30; Heb., XIH, 11. — 2. Dansl’immolation de la vache rousse, la loi prescrit aussi cesaspersions; le prêtre, ayant égorgé la victime en dehorsdu camp, plus tard en dehors de Jérusalem, trempe sondoigt dans le sang recueilli, et fait sept aspersions dansla direction du tabernacle ou du temple. Num., xix, 4.— 3. Nous retrouvons ce même genre d’aspersion dansune fête très solennelle, qui revenait chaque année, lafête de l’Expiation. Lev., xvi. Le grand prêtre, étant entrédans le Saint des saints ( ce qu’il ne pouvait faire que cejour-là dans l’année), trempait son doigt dans le sang dujeune taureau immolé pour ses péchés et ceux de sa famille, et en faisait sept aspersions vers la partie orientaledu propitiatoire; il faisait, de la même manière, septaspersions avec le sang du bouc offert pour les péchésdu peuple; et il renouvelait dans le Saint cette doublesérie d’aspersions. Lev., xvi, 14-16. — La tradition rabbinique fit précéder chacune de ces quatre séries d’uneaspersion générale, ce qui portait le nombre de cesaspersions à trente-deux. Puis le grand prêtre, ayantainsi purifié le Saint des saints et le Saint, s’approchaitde l’autel des parfums, et faisait avec le sang mélangédes deux victimes onze nouvelles aspersions, quatre auxangles et sept sur l’ensemble de l’autel. Lev., xvi, 18-19; Josèphe, Ant. jud., III, x, 3. Les rabbins avaient comptéavec un soin minutieux toutes ces aspersions, dont lenombre, quarante-trois, était sacré; le grand prêtre nedevait en faire ni une de plus ni une de moins; on luienseignait la manière de les faire; la moindre faute entraînait la nullité des opérations. Mischna, traité Yômâ', v, 1-7, édit. Surenhusius, t. ii, p. 231-239; Maimonide, Yâdhâzàqâh, VIII, viii, De solemni die Expiationum, traductraduction latine de Louis de Compiègne, Paris, 1678, p. 330-352; Carpzov, Apparatus antiquitatum sacri codicis, Leipzig, 1748, p. 436; Ménochius, De republica Hebræorum, Paris, 1648, p. 276-282; Reland, Antiquitates sacræ, Utrecht, 1708, p. 240; Ugolini, Altare intenus, dans son Thesaurus antiquitatum sacrarum, Venise, 1750, t. xi, p. 18-73; Deyling, De Ingressu S. Pontificis in Sanctuarium, xxvi-xxviii, dans ses Observationes sacræ, Leipzig, 1735, t. ii, p. 191-193. — 4. Dans la purification des lépreux, Moïse prescrit une aspersion aussi intéressante que mystérieuse. Le lépreux guéri offre au prêtre deux passereaux; l’un des deux est immolé, et c’est avec son sang que se fait l’aspersion; l’usage de l’autre est ainsi indiqué par Moïse: le prêtre, au moyen d’une bande de laine écarlate, ajuste ensemble les ailes de cet oiseau vivant, avec un rameau d’hysope et une branche de cèdre, puis il plonge cet aspersoir d’un nouveau genre dans le sang de l’oiseau immolé, et fait enfin sept aspersions sur le lépreux. Lev., xiv, 4-7. Le même cérémonial est prescrit pour la «lèpre des maisons». Les sept aspersions sont faites dans la maison infectée. Lev., xiv, 49-52.

Aspersions extraordinaires. — Nous trouvons desaspersions avec le sang des victimes dans trois circonstances mémorables de l’histoire du peuple hébreu. —1. Dans la fameuse nuit où le Seigneur fit périr tous lespremiers-nés d’Égypte, les Hébreux, suivant les ordresde Moïse, avaient, avec un rameau d’hysope trempé dansle sang d’un agneau immolé, fait trois aspersions sur laporte de leurs maisons; c’est ce signe qui les préservade la mort, et donna lieu à l’institution de la Pâque annuelle, que les Juifs célèbrent encore aujourd’hui. Exod., xii, 6-7, 22. — 2. Lorsque Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, contracta une alliance solennelle avec le peuple hébreu, qui se trouvait alors au pied du Sinaï, un des principaux actes de la cérémonie fut une aspersion faite par Moïse sur tout le peuple avec le sang des victimes. «Voici, dit-il, le sang de l’alliance que le Seigneur a faite avec vous.» Exod., xxiv, 5-8. Saint Paul complète ces détails en disant que Moïse avait pris, comme instrument de cette aspersion, un rameau d’hysope orné d’une bande de laine de couleur écarlate. Heb., ix, 18-20. Il ajoute que Moïse avait mêlé de l’eau avec le sang, Heb., ix, 19; nous savons, en effet, d’après le Lévitique, xiv, 5, 50-52, quedans ces sortes d’aspersions, probablement pour les rendreplus faciles, on avait coutume de mêler de l’eau avec lesang. Rosenmüller, In Epistolam ad Heb., IX, 19. — 3. Enfin la troisième circonstance où nous voyons une aspersion avec le sang fut la consécration du tabernacle et de tout son mobilier. L’Exode ne parle que d’une onction avec l’huile sainte faite par Moïse sur le tabernacle et tous les objets et vases sacrés qu’il devait contenir, Exod., XL, 9-11; mais nous ne pouvons douter qu’il n’y ait eu aussi une aspersion avec le sang. Saint Paul la mentionne expressément. Heb., ix, 21. Josèphe signale les deux cérémonies, l’onction avec l’huile sainte et l’aspersion avec le sang.Josèphe, Ant. jud., III, viii, 3, 6. — 4. Quant à la dédicace du temple de Salomon, qui est racontée III Reg., viii-ix, 9; II Par., v- vii, 22; Josèphe, Ant. jud., VIII, iv, 1-5, il n’est pas fait mention d’une aspersion avec le sang sur les murs du temple; il est probable néanmoins qu’elle eut lieu, car nous voyons que la plupart des rites accomplis par Moïse dans la dédicace du tabernacle furent répétés dans la dédicace du temple de Salomon. La même observation s’applique au temple de Zorobabel, I Esdr., vi, 16-18, et à celui d’Hérode. Josèphe^ Ant. jud., XV, xi, 1-6.

Symbolisme. — Saint Paul nous le fait connaître, Heb., ix, 3. Si le sang des victimes sanctifie ceux qui étaient souillés en leur donnant cette pureté extérieure dont ils étaient privés par une souillure légale, combien plus le sang de Jésus-Christ purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes? Le sang des victimes était la figure ou sang de Jésus-Christ. Le sang des victimes purifiait tout, personnes et choses, en sorte que, dit saint Paul, «dans l’ancienne loi tout était purifié par le sang, et qu’il n’y avait aucun pardon de faute sans effusion de sang.» Heb., IX, 22. Ainsi le sang de Jésus-Christ efface les souillures de notre âme, et en dehors de lui nous ne pouvons espérer de pardon. I Joa., i, 7; Apoc. i, 5. Le sang des victimes a préservé les premiers-nés des Hébreux de lamort temporelle; le sang de Jésus-Christ nous préservede la mort éternelle. Apoc, y, 9. Le sang des victimes ascellé la première alliance de Dieu avec le peuple hébreu, Exod., xxiv, 8; Heb., ix, 18; le sang de Jésus-Christ est le principe et le gage du testament nouveau. Matth., xxvi, 28; I Cor., xi, 25. Par le sang des victimes furent dédiés et consacrés à Dieu le tabernacle et tous les objets sacrés de l’ancien culte; par le sang de Jésus-Christ, nous sommes séparés de la masse des profanes, nous sommes «achetés, acquis» à Dieu, et consacrés à lui comme son peuple de prédilection. Act., xx, 28; Heb., xiii, 12; I Petr., i, 19. Voir Sacrifice.

IV. Aspersion avec l’huile sainte. — En général, l’huile sainte s’employait par onction ou par effusion.Toutefois, dans l’ancienne loi, nous trouvons quelquesexemples d’aspersions proprement dites avec l’huile sainte. Dans la dédicace de l’autel des holocaustes, Moïse fit avec l’huile sainte sept aspersions sur cet autel, Lev., viii, 10-11; l'écrivain sacré emploie, pour exprimer ces aspersions, le même mot hébreu qu’il a employé pour les autres, c’est-à-dire le verbe nâzâh à la forme hiphil; bien plus, il distingue expressément les deux cérémonies, l’aspersion et l’onction. Cf. Scheidius, Oleum unctionis, il, § 18, dans Ugolini, Thesaurus antiquitatum sacrarum, t. xii, p. 935-938. Parmi les rites de la purification des lépreux, nous trouvons encore l’aspersion avec l’huile, Lev., xiv, 15-16, 26-27; ce texte nous apprend que cegenre d’aspersion se faisait avec le doigt (l’index, disent les rabbins, dans Scheidius, loc. cit., p. 938). Pour le symbolisme, voir Huile d’onction.

V. Aspersion avec un mélange d’huile sainte et desang. — Nous ne trouvons qu’un exemple de l’emploi decette*matière dans une aspersion sacrée. Dans la consécration d’Aaron et de ses fils comme prêtres, Moïse, prenant l’huile d’onction et le sang qui était sur l’autel des holocaustes, fit avec les deux liquides mélangés des aspersions sur Aaron et ses vêtements, puis sur ses deux fils et leurs vêtements. Lev., viii, 30. En cela il ne faisait qu’exécuter les ordres précis qu’il avait reçus de Dieu lui-même. Exod., xxix, 21. Qu’il y ait eu là non pas des aspersions distinctes, tantôt avec l’huile, tantôt avec le sang, mais des aspersions avec les deux liquides mélangés, nous ne pouvons en douter; c’est le sens naturel de ces deux passages, et, de plus, c’est l’interprétation commune des commentateurs juifs et chrétiens. Philon, De Vita Mosis, iii, Opera, Paris, 1640, p. 676; Cornélius a Lapide, In Lev., vm, 30; Ménochius, De republica Hebræorum, ii, 5, Paris, 1648, p. 130-132; Goodwin, Moses et Aaron, I, v, 3, Brème, 1694, p. 24-25; Carpzov, Apparatus antiquitatum Sacri Codicis, Leipzig, 1748, p. 66-67; Reland, Antiquitates sacræ, II, i, 6, Utrecht, 1708, p. 67-68; Jahn, Archæologia biblica, § 355, dans Migne, Sacræ Scripturæ cursus completus, t. ii, col. 1038; Leydekker, De republica Hebræorum, X, iii, 5, Amsterdam, 1704, p. 591.

VI. Acceptions diverses. — Nous trouvons encore, dans la Sainte Écriture, des «aspersions» faites avec dela cendre, en signe de deuil, II Reg., xiii, 19; Jer., xxv, 34; avec des parfums, Prov., vii, 17; avec de la poussière, II Mach., x, 25; avec une eau épaissie, II Mach., i, 20-21.Dieu nous est représenté faisant sur la terre comme une «aspersion» de neige, Eccli., xliii, 19. Le mot «asperger» est employé dans le sens métaphorique, soit par David; «Vous m’aspergerez, ô mon Dieu, avec l’hysope, et je serai purifié,» Ps. L, 9; soit par saint Paul: «Ayant, par une aspersion intérieure, nos cœurs purifiés de leurs souillures.» Heb., x, 22. Dans Isaïe, lxiii, 3, et dans l’Apocalypse, XIX, 13, le Messie apparaît avec une robe tout

t aspergée de sang», pour marquer le triomphe remportépar lui sur ses ennemis, qu’il a immolés dans sa colère, et dont le sang a rejailli sur ses vêtements. Dans lsaïe, lu, 15, il est dit, au moins d’après la traduction de la Vulgate, que le Messie «aspergera beaucoup de nations»; cette figure annonçait le sacrifice de Jésus, dans lequelil a répandu son sang pour tous les hommes et tous lespeuples. Sur les difficultés de ce dernier verset, traduitdifTéremment par les Septante, voir Gesenius, Commentarûber den Jesaia, lii, 15, Leipzig, 1821, p. 174-176, etThésaurus linguse hebrsex, p. 868; Rosenmùller, InIsaiam prophetam, lii, 15, Leipzig, 1820, p. 334-338. Ungrand nombre de commentateurs modernes expliquentce passage d’Isaïe de la manière suivante: «Ainsi il feralever de nombreuses nations devant lui,» par respectpour sa personne, sens qui s’accorde avec le secondmembre du parallélisme: «Et les rois [eux-mêmes] setaisent» remplis d’étonnement. — Pour la défense dela traduction donnée par la Vulgate, Aquila, Théodotion, la Peschito et plusieurs modernes, voir Knabenbauer, Commentarius in Isaiam, t. ii, Paris, 1887, p. 293-295.

S. Many,

ASPHALTE. Voir Bitume,

    1. ASPHALTITE##

ASPHALTITE (LAC). Voir Morte (mer).

    1. ASPHAR##

ASPHAR (Xâxxoç’Adipâp; Vulgate: lacus Asphar), endroit du désert de Thécué où, pour échapper aux poursuitesde Bacchide, Jonathas et Simon vinrent camperavec la troupe des Juifs fidèles. I Mach., ix, 33. Thécuése retrouve aujourd’hui, avec son antique dénominationexactement conservée, dans Khirbet Teqou’a, au sud deBethléhem. Le désert commence ainsi à deux lieues environde cette dernière ville, et s’étend jusqu’à la mer Morte.Voilà pourquoi un certain nombre d’auteurs voient icimention du lac Asphaltite, pensant que Xâxxoç’Auçôp estune corruption de Xâxxo; ’AiwpaXTiTYiç. Citons entre autresCalmet, Les livres des Machabées, Paris, 1722, p. 149; M. de Saulcy, Histoire des Machabées, in-8°, Paris, 4880, p. 219; M. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 145. -Il faut bien remarquer cependant que Xâxxoçne signifie pas lac, mais citerne, puits. Les Septante, eneffet, emploient ce mot pour traduire l’hébreu be’êr, quela Vulgate rend elle-même par «puits», II Reg., xvii, 18, 19, 21; bô’r, II Reg., xxiii, 15, 16, 20; bô’rô{, Jer., h, 13; bôrôf, Gen., xxxvii, 20; Vulgate: «citernes.» Josèphe, Ant. jud., XIII, 1, 2, racontant le même fait, emprunte l’expression de l’écrivain sacré, tandis qu’enparlant du lac Asphaltite, il dit régulièrement Xtfivyj'A<r<pa>TÏTi<; . Cf. Ant. jud., i, ix; IV, v, 1; IX, x, 1; Bell, jud., i, xxxiii, 5; III, x, 7; IV, viii, 4. Il s’agitdonc ici d’un de ces réservoirs d’eau si importants enOrient, et particulièrement recherchés dans les contréesdésertes. Or, à une heure et demie au sud de Teqou’a, setrouve un plateau où gisent des ruines appelées KhirbetBir ez-Za’ferâneh, c’est-à-dire «ruines du puits deZa’ferânéh (ou du safran)». Elles consistent en quelquesarasem*nts de maisons renversées, restes d’un ancienvillage, qui était alimenté d’eau par plusieurs citernescreusées dans le roc. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p 149.Ne serait-il pas permis de voir dans l’arabe ez-Za’ferânéh, &M_ÂfcJI, 1’'Aaçâp du texte biblique, malgré Vain intercalé?Cf. R. Riess, Bîbel-Atlas, Fribourg-en-Brisgau,

1887, p. 3.

A. Legendre.

    1. ASPHENEZ##

ASPHENEZ (hébreu: ’ASpenaz; Théodotion [dansnos éditions de la Bible grecque]: ’AoçavéÇ; Septante: ’AëiecrôpÉ [Daniel secundum Septuagintae Chisianocodice, in-f°, Rome, 1772, p. 1]; syriaque des tétraples: jLv*d)> Abiézer [Bugati, Daniel secundum editioneniI*XX interpretum ex tetraplis desumptam ex codicesyro-estranghelq, m-4°, Milan, 1788, p. 8]), un des

principaux officiers de Nabuchodonosor, roi de Babylone.Dan., i, 3. L’étymologie du nom est obscure. D’aprèsRédiger, dans Gesenius, Thésaurus linguse hebrmm, Addenda, p. 73, il viendrait du perse ou du sanscrit, etsignifierait «nez de cheval» (sanscrit: açva, «cheval;» nasa, «nez» ). Cf. Gesenius, Hebrâisches Handwôrterbuch, 9e édit. parMùhlau et Volck, 1883, p. 79; d’après Hitzig, Dos Buch Daniel, in-8°, Leipzig, 1850, p. 6, le premierélément du mot’éiék, serait hébreu, et le second, naç, serait zend, et’Aipenaz voudrait dire «eunuque».M. Halévy, Journal asiatique, août - septembre 1883, p. 282-284, croit reconnaître dans ce nom le mot perseaspandj (avec chute de Yélif initial sipandji), «hôtel, lieu où l’on reçoit les hôtes». «L’auteur hébreu, dit-il, p. 283, aurait ainsi appliqué à l’officier qui introduisaitles hôtes étrangers dans le palais royal le nom de l’asileoù ceux-ci étaient reçus et hébergés.» Il est néanmoinsplus naturel de demander à l’assyrien, non au perse ouau sanscrit, l’explication de ce nom babylonien. Malheureusem*ntil est altéré. Voici comment on peut l’expliquerd’après Fr. Lenormant: «Il n’y a guère moyen de douter, dit-il, qu’un r final n’en soit tombé; car les Septantel’écrivent en conservant cet r, mais en laissant tomberune autre lettre, ’AêieoSpf, ou, dans quelques manuscrits, ’AêvsoSpi, c’est-à-dire >itj3N. Nous avons donc, commealtérations divergentes de la forme que portait le texteoriginal, tjsutn et >-n» ii, ce qui impose de restituercette forme en ti: bwn ou-itj3wn (’aSpenazar ou’asbenazar), transcription rigoureusem*nt exacte d’un motdont on a plusieurs exemples, Assa - ibni - zir, la dame(Istar de Ninive) a formé le germe.» La divination chezle* Chaldéens, in-8°, Paris, 1875, p. 182-183. Cf. J. Fabred’Envieu, Le livre du prophète Daniel, t. i, 1888, p. 147.

Quoi qu’il en soit de l’étymologie douteuse de son nom, Asphenez était rab sarïsîm de Nabuchodonosor. La’Vulgatea traduit ce titre par «chef des eunuques», et cettetraduction a été universellement acceptée jusqu’à nos jours, d’après le sens du mot hébreu sarîs. Mais une tablettecunéiforme du British Muséum (n° 82-7-14, 3570), contenantune liste de noms, écrit ce titre rabû-sa-reêu(rabû-sa-ri-e-su), c’est-à-dire «chef des têtes ou desprinces», celui qui est chargé des princes royaux.Th. G. Pinches, Rab-saris, dans Y Academy, 25 juin 1892, p. 618. Cf. H. Winckler, Untersuchungen zur altorienlalischenGeschichte, in-8°, Leipzig, 1889, p. 138.

Asphenez fut chargé par Nabuchodonosor de choisir uncertain nombre de jeunes captifs d’origine juive et de raceroyale, destinés à être élevés dans l’école du palais royal, pour y être instruits dans la langue et les sciences desChaldéens. Il reçut en même temps l’ordre de les entreteniret de veiller sur eux. Parmi ces enfants de Juda setrouvèrent Daniel, Ananias, Misaël et Azarias. Selon l’usagedu pays, Asphenez leur donna des noms chaldéens: Baltassar, Sidrach, Misach et Abdénago. De peur de violer laloi mosaïque en mangeant des viandes impures, Danieldemanda à Asphenez, pour lui et ses compagnons, l’autorisationde ne manger que des légumes et de ne boireque de l’eau. Le rab sarïsîm hésitait à le permettre, craignantque ce régime ne fut nuisible à leur santé, etappréhendant dans ce cas la colère du roi. Daniel luiproposa d’être soumis, avec Ananias, Misaël et Azarias, à une épreuve de dix jours; il y consentit, et elle fut toutà fait à leur avantage. Dan., i, 3-15. F. Vigouroux.

    1. ASPIC##

ASPIC (hébreu: pétén, «l’animal qui se recourbe,» et’akSûb, même sens; Septante: àainç; Vulgate: aspis).L’aspic de notre Vulgate désigne donc deux espèces différentesde serpent, le péten et le’aksûb.

1° Le pétén est le naja ou vipère haje, le cobra desÉgyptiens. C’est un ophidien de l’ordre des vipéridés, donton connaît deux espèces: le naja tripudians, ou serpentà lunettes, qui habite l’Inde et la Perse, et le naja aspis, qui se trouve en Afrique et au sud de la Palestine Le

naja aspis (fig. 304) a la taille des grandes couleuvres etatteint de un à deux mètres. Il est généralement de teinteverdàtre, et a le ventre plus foncé que le dos et parfoisstrié de bandes transversales. Il porte au cou des tachesbrunes, qui toutefois n’affectent pas la forme de lunettes.

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304. — Naja aspis ou vipère haje.

Il peut élargir ses premières côtes et dilater considérablement son cou. Quand il craint quelque danger, il dressela partie supérieure de son corps en se faisant une basede ses vertèbres inférieures, horizontalement disposées encercle. Les monuments égyptiensle représentent souvent dans cetteposition (fig. 305). Ses crochets venimeux sont cannelés, et son poison est d’une telle violence, qu’ildonne la mort en quelques instantsà l’homme et aux animaux. Cf.Élien, De anim., ii, 24; vi, 38; Plutarque, Moral., p. 380; Oppien, Cyneget., iii, 433. C’est à la morsure de ce serpent que Cléopâtredemanda la mort: «Elle eut l’intrépidité de porter les mains surles redoutables aspics, pour enfaire passer le noir poison dans sesveines.» Horace, Carm. I, xxxii, 26. Les charmeurs orientaux saventpourtant rendre le naja incapablede nuire, soit en épuisant son venin, soit en lui arrachant ses crochets, soit même en l’apprivoisant. Sonnom égyptien est ârâ. Horapollon, 1, 1, dit que «ce serpent a la queuerepliée sous le reste du corps; lesÉgyptiens, continue-t-il, l’appellentoûpaïoç, les Grecs pota-tXia-xoç, etson image en or est placée sur latête des dieux.» Cet ornement, appelé, d’après ce passage, urseus, est en effet placé sur la coiffure desdieux et aussi des rois (fig. 306).

La Bible parle du venin terriblede l’aspic comme d’une cause demort inévitable. Deut., xxxii, 33; Job, xx, 14, 16. Il est donc trèsdangereux de mettre le pied sur labête ou la main dans son trou. Ps. xc (xci), 13; Is., xi, 8; Marc, xvi, 18. Le pouvoir faire impunément est la marqued’une protection divine, qui s’exercera surtout spirituellement au temps de la loi nouvelle. Le venin de l’aspic est lesymbole de la calomnie, et le serpent qui refuse d’obéir aucharmeur est l’image du pécheur endurci, à la langue perfide. Ps.cxxxix(cxl), 4; lvii (uvm), 5, 6.— VoirW. Pleyte, Le naja, dans les Proceedings of the Society of Biblical

— L’aspic dressé.

Temple de Semaéh.

xriu 8 dynastie.

D’après Lepslus, Denkmaler, Abth. iii, pi. 56.

Archseology, novembre 1890, t. su, p. 14; A.M.C. Dumérilet G. Bibron, Erpétologie générale ou Histoire naturelledes reptiles, t. vii, in-8°, Paris, 1854, p. 1275; Descriptionde l’Egypte, Histoire naturelle, t. i, 1809, p. 157-160.2° Le second serpent appelé «aspic» par la Vulgate, le 'aksûb, n’est nommé qu’une seule fois dans la Bible

306. — L’urœus sur la coiffure royale de Séti I «r.Bas-relief û'Abydos, d’après une photographie.

hébraïque, Ps. cxl (cxxxix), 4: «Sous leurs lèvres estle venin du 'aksûb.» Les Septante, la Vulgate en cetendroit et Ps. xiii, 3, et saint Paul, Rom., iii, 13, traduisent ce mot par «aspic». On ne lui a pas trouvéd'équivalent en arabe, et d’ailleurs, d’après son étymologie, il peut s’appliquer à toute espèce de serpent. Le'aksûb est, en tout cas, très certainement une vipère des

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307. — Le toxiooa.

plus venimeuses. La supposition la plus vraisemblablequ’on ait faite à son sujet l’identifie avec le toxicoad’Egypte et du nord de l’Afrique, connu encore sous lesnoms d’echis arenicola et de «scytale des pyramides».Voir Description de l’Egypte, t. i, p. 151-154. On letrouve aussi en Syrie. C’est un vipéridé dont la taille variede trente centimètres à un mètre, mais dont le veninest très redoutable (fig. 307). Les deux autres serpents lesplus venimeux de ces contrées, la vipère haje (pé(én)et le céraste (Sefîfôn) ayant déjà leur nom hébreu, il estbien possible que le 'aMûb représente le toxicoa.

H. Lesêtre.

ASRAËL (hébreu: 'Àiar'êl, «Dieu a lié [par unvœu];» Septante: 'EuepviX), un des fils de Jaleléel, de latribu de Juda. I Par., iv, 16.

    1. ASRIEL##

ASRIEL (hébreu: 'AsrVêl, «vœu de Dieu;» Septante: 'Eo-pttiX, 'hÇi^X), fils de Galaad et descendant deManassé. Num., xxvi, 31. Il est nommé Esriel, Jos., xvii, 2; 1 Par*, 711^14.

    1. ASRIÉLITES##

ASRIÉLITES (hébreu: Hâ'aêrïyêlî; Septante: d 'Eopi-rl(), famille de la tribu de Manassé, descendue d’Asriel.Num., xxvi, 31.

    1. ASSARIUS##

ASSARIUS, monnaie romaine. Voir As.

ASSAUT. Voir Siège des villes.

    1. ASSÉDIM##

ASSÉDIM (hébreu: Hassiddim, avec l’article, «lesflancs, les pentes»; Septante: t<ôv Tupîuv), une des villesfortifiées de la tribu de Nephthali. Jos., xix, 35. La traduction des Septante, qui paraît singulière, s’explique très bienpar le changement du i, daleth, en-i, resch; au lieu deD» tsn, Hassiddim, ils ont lu nnsn, Hassorim, «: les Tyriens,»

tandis que, dans la version syriaque, on a lu jVts, $idôn.

Cette confusion vient aussi probablement de ce que les traducteurs ont pris le mot suivant is, Sér, pour-iï, $ôr, nom

de la ville de Tyr. Cette lecture est inadmissible, car Tyret Sidon, loin de toucher même à la tribu de Nephthali, en étaient séparées par la tribu d’Aser. Dans le Talmudde Jérusalem, Megillah, i, 1, Hassiddim est rendu parKefar PZattya ou Hitya, que beaucoup d’auteurs identifient avec. Hattin, au nord-ouest de Tibériade; cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 207; pu, plus précisément, selon M. V. Guérin, avec Hattinel-Kedim, «Hattin l’ancien,» ruines qui couronnent unecolline élevée, au sud du village actuel et au nord d’uneautre colline plus célèbre, appelée Qoroun ou «cornesde» Hattin. «Ces ruines sont actuellement très confuses.On distingue seulement les vestiges d’un mur d’enceinteconstruit avec des pierres basaltiques de toute grandeur, et au dedans de cette enceinte renversée de nombreux tasde matériaux amoncelés au milieu des broussailles, restesde maisons démolies. Çà et là on remarque quelquesarbres séculaires, tels que figuiers et oliviers.» Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 193. Ce qu’il y a decertain, c’est que eet emplacement cadre parfaitementavec la position des villes mentionnées immédiatementaprès, Émath, Reccath et Cénéreth, qui, quelle que soitleur identification, se trouvaient évidemment sur les bordsdu lac de Génésareth. Cependant quelques auteurs, commeKnobel, placent Assedim à Khirbet es-Saudéh, un peuà l’ouest de la pointe méridionale du lac de Tibériade(c’est probablement le Khirbet es-Saïadéh de V. Guérin, Galilée, 1. 1, p. 268, ou le Khirbet Seiyadéh de la grandecarte anglaise, Old and New Testament Map of Palestine, Londres, 1890, feuille 6). Cet emplacement rentre parfaitement dans les limites de la tribu de Nephthali, quoiqu’en dise Keil, Josua, in-8°, Leipzig, 1874, p. 161.K. Furrer, Pie Ortschaften am See Genezareth, dans laZeitschrift des Peutschen Palàstina - Vereins, t. ii, 1879, p. 58, indiqué un autre endroit, es-Sattîyéh, situé quelquesheures plus loin, au nord d’Hattin, dans VOuadi Elvmoud. Voir Nephthali (tribu et carte).

A. Legendre.

ASSEM (hébreu: HâSem; Septante: 'Ao-in). Il sembleque Benê-HâSem, traduit dans laVulgate par filii Assern, est un nom propre individuel: Bené-hàsem le Gézonite, un des vaillants guerriers de l’armée de David. I Par., xi, 33.Dans la liste parallèle, II Reg., xxiii, 32, on lit filii Jassen(hébreu: Benê-Yasen).

    1. ASSEMBLÉES##

ASSEMBLÉES (hébreu: mô'êd, 'âséréf, 'êdâh, qâhâl; Septante: èxxXriuia, auvayârflj tav^yiip'; ; Vulgate: cœtus, concilium, concio, congregatio, conventus, ecclesia, synagoga). Ce mot a deux sens différents dansl'Écriture. Il désigne soit l’ensemble du peuple Dieu, soit

la réunion d’une partie plus ou moins considérable de cepeuple dans un lieu donné.

I. L’assemblée du peuple de Dieu. — C’est l’ensemblede tous ceux qui appartiennent officiellement à la nationet à la religion juive, soit par naissance, soit par naturalisation. Les termes 'âdât ttrâ'êl, «assemblée d’Israël;» 'âdât benê Isrâ'êl, «assemblée des enfants d’Israël;» 'âdât Yehovâh, «assemblée de Jéhovah;» qehal Iérâ'êl, «assemblée d’Israël;» qehal Yehovâh, «assemblée deJéhovah;» qehal hâ'èlôhîm, «assemblée de Dieu,» ousimplement haqqâhâl, «l’assemblée,» ont donc un sensanalogue à celui que comporta, depuis Notre-Seigneur, lemot «Église»; ils impliquent en même temps cet ensemblede droits civils et religieux qui s’appelait 7toXii£(a chez lesGrecs, et civitas chez les Romains. L’assemblée, c’est toutle peuple hébreu constitué en corps de nation. Lev., x, 6; xvi, 17; Num., i, 2; xra, 27, etc.; Ps. lxi, 9; lxxiii, 2; Eccli., xlvi, 17; l, 22, etc.; Prov., v, 14; I Mach., iii, 13; II Mach., ii, 7. Elle est divisée en tribus, les tribus enfamilles, les familles en maisons, chaque maison comprenant tous les descendants d’un ancêtre plus rapproché.A la têle de l’assemblée se trouvent les anciens et les «chefsde l’assemblée convoqués à la réunion», Num., xvi, 2, engageant par leurs décisions la responsabilité de tout lepeuple. Jos., ix, 18. C’est par leur intermédiaire que Moïseet Aaron s’adressent «à toute l’assemblée des enfantsd’Israël», pour faire connaître leur mission et prescrirela célébration de la première Pâque en Egypte. Exod., ni, 16; xii, 3, 21, 47. "Voir Anciens.

Si quelque étranger voulait être admis à faire partie del’assemblée, et par conséquent de la nation, il devait sefaire circoncire et s’engager à pratiquer toute la loi. Exod., xii, 48. Cette faculté était interdite aux eunuques, aux filsde prostituée, aux Ammonites et aux Moabites. Deut., xxm, 1-3; II Esdr., xiii, 1; Lam., i, 10. Les Iduméenset les Égyptiens n'étaient admis à la naturalisation qu'àla troisième génération. Deut., xxiii, 8. Pour certainesfautes, on était mis «hors de l’assemblée», c’est-à-direexcommunié. On cessait alors de faire partie du peuplede Dieu. Exod., xii, 19; Num., xix, 20; I Esdr., x, 8; Mich., ii, 5; Joa., ix, 22; xvi, 2.

II. Les assemblées extraordinaires du peuple. —1° À l'époque du tabernacle. — Pour convoquer le peupledevant le tabernacle, on faisait une simple sonnerie avecdeux trompettes d’argent. Num., x, 3, 7. On ne peut guèredéterminer ce qu’il faut entendre par «tout le peuple».Parfois il ne s’agissait que des anciens et des chefs detribus, représentants de toute la nation. D’autres fois tousles hommes, ou à peu près, étaient convoqués, et alors ilsprenaient place derrière leurs chefs de tribus et leursanciens. Au désert, l’assemblée est convoquée pour recevoir les tables de la loi, Exod., xxxiv, 32; Deut., ix, 10; xviii, 16; pour entendre proclamer à nouveaul’institution du sabbat, Exod., xxxv, 1; pour assister à laconsécration d’Aaron, Lev., viii, 3, 4; pour être témoindu châtiment de Coré, Num., xvi, 19; pour voir jaillirl’eau miraculeuse, Num., xx, 8, 10; xxi, 16; pour recevoir les instructions de Moïse, Lev., xix, 2, et entendreson cantique. Deut., xxxi, 30. Sous Josué, il y a desassemblées du peuple, en présence de l’arche, à Galgala, après le passage du Jourdain, Jos., iv, 21; pour la circoncision générale, Jos., v, 2-3; au mont Hébal et au montGarizim, pour la lecture de la loi, Jos., viii, 29-35; à Silo, pour y fixer le tabernacle, Jos., xviii, 1, et une autre foispour y protester contre l'érection d’un autel sur les bordsdu Jourdain, parles tribus transjordaniques, Jos., xxii, 12; enfin à Sichem, pour y faire profession de fidélité au Seigneur, Jos., xxiv, 1. Pendant la période des Juges, il n’estparlé que d’une assemblée de quatre cent mille hommesà Maspha, «devant le Seigneur,» pour y aviser auxmoyens de châtier les Benjamites. Jud., xx, 1-2. SousSamuel, il y a des assemblées générales à Maspha (Masphath), pour y renoncer aux idoles et faire pénitence,

I Reg., vil, 6, et, plus tard, pour la proclamation de Saûl, I Reg., x, 17; à Galgala, pour y entendre de nouveau proclamer Saûl, I Reg., xi, 14, 15, et à Ramatha, pour lesfunérailles du prophète. Ces dernières assemblées, signalées à raison de leur caractère théocratique, n’ont toutefoispas lieu en présence de l’arche.

David' convoque le peuple pour son sacre à Hébron, I Par., xi, 1-3, et ensuite pour le transport de l’arche dela maison d’Abinadab à celle d’Obédédom, Il Reg., vi, 1; I Par., xiii, 1-6, puis à Sion même. I Par., xv, 3. À proposde cette translation, le livre des Paralipomènes, xiii, 1-6, fournit de précieuses indications sur la composition et lefonctionnement de l’assemblée d’Israël. David réunit «leschefs de mille, les chefs de cent, tous les chefs», et ildit à «toute l’assemblée d’Israël: Si cela vous plaît, etsi la parole que je vous dis vient du Seigneur notre Dieu, envoyons à nos autres frères dans toutes les régionsd’Israël, aux prêtres et aux lévites, qui habitent dans lesvilles de leurs pâturages, pour qu’ils se réunissent à nous».Par «toute l’assemblée», il faut donc entendre ici, commedans bien d’autres cas, la réunion des représentants dela nation. En conséquence de cette convocation, «toutIsraël,» du ruisseau d’Egypte à Émath, sur l’Oronte, setrouva réuni. Or le second livre des Rois, vi, 1, dit qu’encette circonstance «tous les délégués d’Israël furent trentemille». L’assemblée de «tout Israël» était donc loin decomprendre la totalité de la nation. David convoqua encore tout le peuple pour le sacre de Salomon, I Par., xxix, 20-22, et celui-ci fit Une nouvelle assemblée bientôtaprès à Gabaon, où était le tabernacle. II Par., i, 3.

2° À l'époque du temple. — Tout Israël fut appelé pourassister au transfert définitif de l’arche et à la dédicacedu temple. III Reg., viii, 14, 22, 55; II Par., v, 1-6; vii, 8.Quelques assemblées sont mentionnées dans la suite del’histoire: quand le peuple est réuni à Sichem pour laproclamation de Roboam, III Reg., xii, 1; quand le prophète Élie convoque les Israélites au mont Carmel, sousAchab, III Reg., xviii, 19, 21; quand Josaphat assembledans la maison du Seigneur, pour y implorer le secoursdivin, les hommes de Juda et de Jérusalem, II Par., xx, 5; quand Ézéchias invite ceux d’Israël et ceux de Juda à célébrer la Pâque en commun. II Par., xxx, 13. Au retour de lacaptivité, Esdras appelle tout le peuple à Jérusalem pour laconsécration de l’autel. I Esdr., iii, 1. Il réunit les hommes, les femmes et les enfants, dans deux assemblées consécutives, pour demander pardon au Seigneur. I Esdr., x. 1, 9.Enfin Judas Machabée reconstitue l’assemblée du peuple, I Mach., iii, 13, et la réunit pour la consécration du nouvelautel, iv, 59.

III. Les assemblées religieuses ordinaires. — 1° Devant le tabernacle et au temple. — La loi portait: «Troisfois tous les ans chaque homme se présentera devant leSeigneur Dieu.» Exod., xxiii, 17. Le Seigneur Dieu résidait au-dessus de l’arche; c’est donc devant le tabernacleou au temple qu’il fallait se présenter. Les trois époquesdésignées étaient la Pàque, la Pentecôte et la fête desTabernacles. Exod., xxxiv, 18, 22-24; Deut, xvi, 16. Cesfêtes étaient les mô'âdîm par excellence, et le Talmud lesappelle regâlîm, «pèlerinages,» parte que les hommesse rendaient à Jérusalem pour les célébrer. Les maladeset les vieillards étaient dispensés du voyage. Ceux qui setrouvaient trop éloignés ne venaient que pour la Pâque, et ceux qui habitaient à l'étranger faisaient le pèlerinagea u moins une fois dans leur vie. Les femmes n'étaient passoumises à la loi, non plus que les enfants; mais beaucoup aimaient à se présenter devant le Seigneur, au moinsà la fête pascale. I Reg., i, 7; ii, 19; Luc, ii, 41. Ces solennités amenaient donc devant le tabernacle ou au templedes multitudes considérables. Pendant la fête, qui duraitordinairement sept jours, les prêtres et les lévites accomplissaient leurs différentes fonctions, sans que l’assemblée, dont les parvis du temple ne pouvaient contenir qu’unefaible partie, fût obligée de s’y associer directement. Dans

le parvis d’Israël et dans celui des femmes, il était possible de contempler les rites sacrés et de prier; dans leparvis des gentils, le recueillement était d’autant moinsaisé que la joie du peuple y éclatait plus bruyante, et quela loi autorisait même, surtout à la fête des Tabernacles, d’y manger et d’y boire. Cf. Deut., xiv, 23-26; Is., lxii, 9.Si grande que fût la multitude, chacun avait le temps, pendant la durée de l’octave, de pénétrer dans l’enceintesacrée, d’y prier et d’y faire offrir des sacrifices particu-*liers. Les Psaumes graduels, cxix-cxxxiii, expriment lessentiments de ceux qui se rendaient à ces solennellesassemblées. Chacune avait d’ailleurs son caractère particulier: à la Pâque, on immolait les agneaux; à la Pentecôte, on fêtait la clôture de la moisson; à la fête desTabernacles, on habitait dans des tentes de feuillages, et l’on entendait la lecture de la loi. Deut., xxxi, 11; II Esdr., viii, 9-12. Ces assemblées tenaient une grandeplace dans la vie du peuple juif. Aussi le prophète gémit-ilamèrement quand «les routes de Sion se lamentent, parce qu’il ne vient plus personne à la solennité, et que leSeigneur a mis en oubli à Sion la fête et le sabbat».Lam., i, 4; ii, 6.

Outre ces trois grandes solennités, on célébrait encoreles néoménies et le sabbat. Num., xxviii, 11-15; I Par., xxm, 31; II Par., ii, 4; I Esdr., iii, 5. Ces jours-là, onoffrait des sacrifices plus importants, et les Israélites deJérusalem et du voisinage s’assemblaient au temple. Lesprophètes font allusion à ces assemblées, ainsi qu’auxprécédentes: «Le Seigneur fera cesser la joie, les fêtes, les néoménies, le sabbat et les assemblées… Que ferezvous au jour de la solennité, au jour de l’assemblée?» Ose., Il, 11; IX, 5. «Lorsque vous venez en ma présence, qui réclame ces dons de vos mains, quand vous entrezdans mon temple? Je ne souffrirai plus vos néoménies, vos sabbats et vos autres fêtes; vos assemblées sont pleinesde malice.» Is., i, 12, 13. Ces assemblées sont, au contraire, agréables au Seigneur quand on s’y rend pour fairepénitence, Joël, i, 14; ii, 15, pour offrir de dignes sacrifices, Eccli., l, 15, ou pour chanter les louanges de Dieu.Ps. xxi, 23, 26; xxv, 12; xxxiv, 18; xxxix, 10; lxvii, 27; lxxxviii, 6; cvi, 32; ex, 1; cxlix, 1.

Enfin chaque matin, dans le temple, s’offrait le sacrifice quotidien. Une sonnerie de trompettes en annonçaitle commencement, et des signaux donnés par des sonnettes permettaient de suivre toutes les phases de la cérémonie. Le soir, à trois heures, on faisait un autre office, à la suite duquel le prêtre prononçait la bénédiction surle peuple. Mischna, Tamid, iv, v, vu. On immolait unagneau, comme le matin, et on offrait le vin et la farine, au nom de toute la nation. Les pieux Israélites de Jérusalem et les Juifs de la province où de l'étranger, qui setrouvaient de passage dans la ville, choisissaient de préférence l’heure des cérémonies sacrées pour se rendre autemple. Act., iii, 1. Ils se tenaient dans les parvis d’Israëlet des femmes; le premier, large de soixante mètres, etprofond seulement de cinq, n'était accessible qu’auxhommes; le second, formant un carré de soixante mètresde côté, s’ouvrait à tous les Juifs, hommes et femmes. «Le peuple n’assistait probablement pas sans prier auxcérémonies religieuses du matin et du soir. En y assistant, il prenait part aux prières et aux chants, qui s’introduisirent dans le culte sous les règnes de David et de Salomon. Les habitants de Jérusalem faisaient' de préférenceleur prière dans les parvis du temple.» Dœllinger, Paganisme et judaïsme, x, 2, in - 8°, Bruxelles, p. 143.

2° Dans les synagogues. — En temps ordinaire, lafréquentation du temple n'était possible qu'à ceux quihabitaient dans le voisinage. Le mot «synagogue» désigne à la fois le lieu où l’on se réunissait et ceux quifaisaient partie de la réunion. Voir Synagogue. On s’yassemblait pour entendre la lecture et l’explication de laloi et pour prier. Les assemblées principales y avaientlieu le jour du sabbat, et aussi le lundi et le jeudi. De

plus, la synagogue s’ouvrait trois fois par jour pour laprière. Dans ces assemblées, on trouvait ce qui ne se donnait pas au temple, l’explication de la loi et l’instructionmorale. C’est là, en effet, que se faisaient entendre lessages. Eccli., xv, 5; xxi, 20; xxiv, 2; xxxviii, 37. NotreSeigneur prit souvent la parole dans ces assemblées enGalilée, et plus tard les Apôtres et les disciples firententendre l'Évangile dans les synagogues du monde entier.— Quand, pour une raison quelconque, les Juifs quivivaient parmi les nations ne pouvaient se bâtir une synagogue, ils avaient au moins un oratoire, ou un endroit closen plein air, où ils s’assemblaient pour prier. Cet endroit etcette assemblée prenaient le nom de irpoGeu^! * prière.» Les deux mots de la Bible grecque, tfuvaytflYï) et èxxXn]ain, servant à désigner les anciennes assemblées du peuplede Dieu, ont passé dans la langue chrétienne avec dessens bien différents: la Synagogue est le peuple juif, avecses rites et ses croyances antiques, mais aussi avec sonaveuglement et son attente stérile d’un Messie déjà venu; l'Église est le peuple nouveau, qui croit à ce Messie etprofite des lumières et des grâces apportées par lui sur laterre. H. Lesêtre;

    1. ASSENSIO Michel##

ASSENSIO Michel, frère mineur de la RégulièreObservance de la province d’Aragon, réédita et augmental’ouvrage de son confrère du xvie siècle, François deRobles: Copia, sive ratio accentuum omnium fere dictionurn difficilium, tant linguse latinse quam hebraicee, nonnuUarumque grasearum, sed prxcipue earum qusein Bïbliis, Breviario et Martyrologio romano reperiuntur, in-8°, Saragosse, 1621, 1628. P. Apollinaire.

    1. ASSEOIR##

ASSEOIR (S’J et se lever est une locution hébraïquequi désigne l’ensemble des actions de l’homme, parceque «se lever et s’asseoir» en est comme le résumé, Ps. cxxxviii, 2; cxxvi, 2; Lament., ra, 63, de même que «entrer et sortir», IPar., i, 10; cf. IIReg., iii, 25, IIIReg., m, 7; IV Reg., xix, 27; Ps cxx, 8; Is., xxxvii, 28. — Surla manière dont s’asseyaient les Hébreux, voir Siège 1.

    1. ASSIDÉENS##

ASSIDÉENS (Septante: 'AaiSaïoi; Vulgate: Assidœi).Ce nomvient de l’hébreu /fàsîdîni, «les hommes pieux,» les fidèles serviteurs de Dieu. Prov., ii, 8; Ps. xxxix, 5; xlix, 5; cxlviii, 14; cxlix, 1, 5, etc. Du temps des Machabées, les Juifs infidèles, par opposition aux Assidéens, sont appelés «les impies», o àaeëeïc, I Mach., iii, 8; vl, 21; vil, 5, etc.; «les adversaires de la loi,» oi #vo[aoi, I Mach., iii, 8; ix, 23, etc.; «les transgresseurs de la loi,» oî itapâvofioi, I Mach., i, 11. Il est à croire qu’au retourde la captivité, les hommes pieux et intelligents qui segroupèrent autour d’Esdras et de Néhémie, pour les seconder dans leur œuvre, furent distingués peu à peu sousle nom de fyâsîdîm, et léguèrent cette appellation auxhéritiers de leur zèle. Ce nom devint dès lors une désignation officielle. Les Assidéens durent voir avec effroile péril que faisait courir à la foi religieuse de leur peuplel’influence des princes grecs, Ptolémées et Séleucides. Ilsredoublèrent certainementd’efforts pour sauver les mœursantiques, mises à une rude épreuve par le contact deplus en plus fréquent de la civilisation et de la corruptiongrecques. Comme il arrive toujours, leur zèle ne fut pasdu goût de tous, et il y eut parmi leurs compatriotes desJuifs «hellénistes», visant à accommoder les préceptesmosaïques avec les mœurs nouvelles, et au besoin sacrifiant totalement les premiers, au grand scandale du peuple, toujours favorable aux anciennes coutumes. La persécutiond’Antiochus r^ Épiphane.fit passer la crise à l'état aigu.Quand Mathathias et ses fils appelèrent leurs compatriotesà la résistance, «la troupe des Assidéens, vaillante et forteen Israël, se joignit à eux, avec tous ceux qui tenaientfermement à la loi, et tous ceux qui fuyaient devant lescalamités.» I Mach., ii, 42, 43. Les Assidéens formaientdonc une sorte d’association, qui ne comprenait même

pas tous les zélateurs de la loi. Us aidèrent puissammentà la résistance contre le tyran, et s’acquirent même unrenom considérable dans la lutte. Lorsque, en effet, Alcime, ce pontife apostat qui devait sa dignité à Démétrius I erSoter, voulut payer par la trahison de ses frères la dettecontractée envers le prince, il dit au roi: «Ceux d’entreles Juifs qu’on nomme Assidéens, et à la tête desquelsest Judas Machabée, entretiennent la guerre, excitent desséditions, et ne souffrent pas que le royaume soit enpaix.» II Mach., xiv, 6; I Mach., vii, 6. Cependant, quandils virent Alcime, devenu grand prêtre par la faveur duroi, jouer en public un rôle conciliateur, ils se laissèrentabuser par ces dehors hypocrites, et s’imaginèrent que lesMachabées montraient trop d’intransigeance. C’est pourquoi «une troupe de scribes vinrent auprès d' Alcime etde Bacchide, à la recherche du droit, et les Assidéens, qui étaient les premiers parmi les enfants d’Israël, réclamèrent d’eux la paix, en se disant: Cet homme, qui estvenu avec les armées, est un prêtre de la race d’Aaron; il ne nous maltraitera pas». I Mach., vii, 13, 14 (grec).Ils furent trop confiants, et mal leur en prit. Alcime s’empara de soixante d’entre eux et les fit périr le même jour.Cette tendance des Assidéens à s'éloigner des Machabéespour se rapprocher de l’apostat, et la manière dont ilsen furent récompensés, leur firent grand tort aux yeuxde la nation. Ayant perdu leur raison d'être, ils disparurent de l’histoire vers l'époque de Jonathas. Or c’estprécisément à propos de la souveraineté de Jonathas queJosèphe fait mention pour la première fois d’esséniens, de pharisiens et de sadducéens. Ant. jud., XIII, xii, 2; Bell.jud., i, iii, 5. Les sadducéens se recrutèrent naturellement parmi les Juifs partisans du pouvoir étranger etdes mœurs helléniques. Les Assidéens se fondirent soitavec les pharisiens ou «séparés», qui prétendaient garder une attitude nettement hostile vis-à-vis des sadducéenset de la civilisation grecque, soit avec les esséniens, quirenoncèrent à toute polémique pour se vouer à une vieascétique. Voir Drusius, De Hasidseis quorum mentio inlibris Machabseorum libellus, 1603; Hamburger, RealEncyclopâdie fur Bibel und Talmud, Abth. ii, p. 132; E. Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes, ^' édit., t-I,

p. 157,

H. Lesêtre.

    1. ASSISTANCE##

ASSISTANCE, ASSISTANTS dans les synagogues. Voir Synagogue.

ASSOMPTION. Sous ce nom on désigne ordinairement la résurrection de la sainte Vierge et son entréetriomphante dans le ciel en corps et en âme. Dans cetarticle, nous allons: 1° dire ce qu’il faut penser de laréalité du mystère de l’assomption; 2° exposer ce quenous savons des circonstances dans lesquelles il s’accomplit; 3° retracer l’histoire de la fête instituée par l'Églisepour célébrer le souvenir de la résurrection glorieuse dela Mère de Dieu.

I. Réalité de l’assomption corporelle. — L’assomption corporelle de la sainte Vierge n’est pas une vérité defoi catholique, mais ce qu’on appelle une vérité de religion ou de doctrine théologique. Elle n’a été l’objet d’aucune définition proprement dite. Néanmoins on ne peutnier que l'Église ne la favorise et ne l’approuve, ainsi quele dit très justement Baronius, dans ses notes sur le Martyrologe romain, 15 août: «Dei Ecclesia in eam partempropensior videtur, ut una cum carne assumpta sit (Maria)in cœlum.» Cette approbation se présente à nous sousdeux formes différentes, à savoir: dans l’attitude qu’observe l'Église vis-à-vis du consentement des théologiens, et dans la liturgie.

Nous avons nommé en premier lieu le consentementdes théologiens. Nous n’avons pas ici à prouver ce consentement. Les docteurs scolastiques s’accordent si unanimement à enseigner l’assomption corporelle de Marie, qu’il serait inutile de recueillir leurs témoignages. Ce que

nous voulons faire remarquer, c’est qu’ici comme toujours la croyance des docteurs n’est que le reflet de lacroyance de l'Église. C’est sous le contrôle de l'Église queles théologiens enseignent. En les laissant défendre l’assomption, l'Église a évidemment donné à leur enseignement une approbation tacite.

La liturgie offre, disons-nous, une seconde forme decette approbation. Sans doute les prières liturgiques insistent surtout sur le triomphe spirituel de Marie au ciel, et sur la puissance dont elle y est investie. Pourtant leshomélies de saint Jean Bamascène et de saint Bernard, que saint Pie V a introduites dans le Bréviaire, prouventque l'Église entend célébrer la résurrection et l’assomptioncorporelle de la Mère de Dieu, non moins que la gloiredont son âme fut remplie. — Le nom lui-même de la fête, Assumptio, dépose en faveur de cette même croyance.Nous n’ignorons pas que ce terme était employé primitivement pour désigner la mort d’un saint, et qu’ainsi ilétait synonyme des expressions transitus, exitus. Mais, en le réservant à la sainte Vierge, l'Église lui a évidemment donné un sens spécial. Il faut donc reconnaître quele mot assumptio désigne un privilège propre à Marie, privilège qui ne peut être que celui de la résurrectionet de l’entrée au ciel en corps et en âme.

Si l'Église approuve et recommande la croyance à l’assomption corporelle, il s’ensuit que cette croyance s’impose à nous dans une certaine mesure. C’est du reste cedont conviennent tous les théologiens. Ils ne vont pasjusqu'à taxer d’hérésie celui qui se permettrait de dire oude penser que le corps de Marie est resté dans le tombeau; mais ils n’hésitent pas à le déclarer coupable d’unegrande témérité: «Beatam Virginem non esse in cœloscum corpore assumptam petulanti temeritate diccretur.» Ainsi s’exprime Melchior Cano au liv. xii, chap. x, de sesLieux théologiques. Suarez tient le même langage, 3= part., Disp. 25, sect. 2; Baronius, dans ses Annales, ad annum 48, § 17, n’est pas d’un autre avis. Et comme, selon la remarque de Thomassin, on ne se trompe pasen acceptant les opinions que l'Église juge probables, sansles ériger en dogmes, il faut conclure avec ce savantthéologien qu’on ne doit pas douter que le corps de.laMère de Dieu n’ait fait son entrée au ciel avec son âme.— Mais, par cela même qu’il s’impose à nous, dans lamesure que nous venons de préciser, le mystère de l’assomption corporelle doit pouvoir être prouvé, et il imported’exposer les preuves sur lesquelles repose notre croyance.

La première question qui se présente dans un Dictionnaire de la Bible est de savoir si l’assomption corporellede la sainte Vierge peut être démontrée par la. SainteÉcriture. Nous répondrons sans hésiter qu’on ne sauraittrouver, dans l’Ancien ou le Nouveau Testament, auc*ntexte dont le sens littéral soit de nature à établir la sublimeprérogative de Marie. Sans doute les Pères du vni" siècleet les saints docteurs du moyen âge appliquent, dans leurshomélies, divers passages de la Bible à l’assomption dela sainte Vierge. Parmi les textes que nous rencontrons leplus ordinairement, nous pouvons citer les suivants: «Ingredere in requiem tuam, tu et arca sanctificationistuæ,» Ps. cxxxi, 8, d’où les Pères, et à leur suite les commentateurs, ont conclu que Notre - Seigneur a introduitdans le ciel le corps auguste auquel il devait sa naissancetemporelle. — «Astitit Regina a dextris tuis in vestitudeaurato, circumdata varietate, «Ps.xliv, 10, qui, appliquéà Notre-Seigneur, nous montre à ses côtés Marie, portantune parure royale, ornement de son corps glorieux. —Enfin le texte de l’Apocalypse, xii, 1: «Et signum magnumapparuit in cœlo, mulier amicta sole,» etc. Cette femmemystérieuse, en effet, qui enfante un fils en présence duDragon, n’est-ce pas la Vierge Marie mettant au mondele Sauveur, qui devait écraser le serpent infernal? Etquand le texte ajoute que cette femme reçoit deux grandesailes pour s’envoler au désert, ne peuton pas voir là unsymbole de la Mère de Dieu quittant la terre pour s’envoler au ciel? Tous ces textes néanmoins ne s’appliquentà l’assomption de la sainte Vierge que dans le sens allégorique, sens qui fournit, il est vrai, à l'éloquence sacréedes ressources abondantes non moins que légitimes, maisdont on ne peut se servir pour prouver une vérité, pourétablir un fait. En parlant ainsi, nous ne nous mettonspoint en opposition avec les vénérables docteurs du moyenâge. Ils ne se faisaient point illusion sur la valeur destextes qu’ils empruntaient à l'Écriture. Ds se proposaient, par ces textes, d'éclairer et d’illustrer le mystère de l’assomption; ils ne se proposaient point de le prouver. C’est ceque déclare expressément Suarez, 3= part., Disp. 21, sect. 2: «Sententiam Virginis Maria? non esse de fide, quia nequeab Ecclesia deflnitur, neque est testimonium Scripturœ.»

Étranger à l'Écriture Sainte, le mystère de l’assomptionest donc une de ces vérités qui se sont transmises parl’enseignement oral, et sur lesquelles il appartient à latradition de nous instruire. Interrogée, la tradition nousmontre la croyance à cette vérité en vigueur au commencement du Vil 8 siècle. À partir de cette époque, en effet, les écrivains ecclésiastiques dans leurs livres, les orateursdans leurs discours, s’accordent à affirmer la résurrectionde la Mère de Dieu et son glorieux enlèvement au ciel.C’est alors que saint Modeste de Jérusalem et saint Andréde Crète prononcent leurs homélies sur le sommeil dela sainte Vierge: Eî; ttjv Ko((jiyi<jiv tt|c 8ecr7toivY|Ç 7)|jiâ>v 6eoto’xov. Migne, Patr. gr., t. lxxxvi, 2 «part., col. 32773312; t. xcvii, col. 1045-1100. C’est à la même date, ou plutôt à la fin du vie siècle, que saint Grégoirele Grand écrit son Sacramentaire, où nous lisons, àla date du 15 août, la célèbre collecte: «Venerandanobis, Domine, hujus est diei festivitas, in qua sanctaDei Genitrix mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit.» Voir, pour l’explication dece texte, Serry, Exercitationes historicse de Christo, 66, et le Mariale attribué à Albert le Grand, q. 132, t. XXdes œuvres de ce théologien. — C’est encore à la fin duVIe siècle que saint Grégoire de Tours écrit son livre Degloria martyrum, où nous lisons, Mirac., lib. i, c. IV, t. lxxi, col. 708: «Dominus susceptum corpus [Virginis] sanctumin nube deferri jussit in paradisum.» Si nous descendions lecours des siècles, nous rencontrerions sur notre chemin, enOrient, les homélies de saint Jean Damascène; en Occident, les sermons de saint Anselme et de saint Bernard. Cetterecherche ne serait pas à sa place ici. D’ailleurs l’assomption de Marie n’a pas suscité les querelles ardentesdont a été l’objet son Immaculée Conception. Non paspourtant qu’elle ait conquis tous les suffrages et gagnétous les esprits. Au IXe siècle commença à circuler, sousle nom de saint Jérôme, un écrit intitulé: Lettre à Pauleet à Eustochie, où la résurrection de la sainte Viergeétait révoquée en doute. Nous savons aujourd’hui quesaint Jérôme n’est pour rien dans cette prétendue lettreà Paule et à Eustochie. Nous savons que non seulementil ne l’a pas écrite, mais qu’il n’a pas pu l'écrire, puisquecette lettre a été composée vers la fin du vme siècle. Mais, pendant tout le moyen âge, l’imposture fit son chemin, et le nom de saint Jérôme jeta le trouble dans certainesâmes, qui n’osèrent pas contredire le grand docteur. C’estainsi qu’il faut expliquer l’attitude d’Usuard et d’Adpn, qui, dans leurs Martyrologes, s’inscrivirent en faux contrela croyance à l’assomption corporelle. Ces exemples furentheureusem*nt rares: aucun des docteurs scolastiques nese laissa ébranler par la lettre à Paule et à Eustochie, ettous, ainsi que nous l’avons dit, furent d’accord à professer la résurrection glorieuse de Marie. La lettre à Pauleest souvent désignée sous le nom de Lettre du faux Sophrone, parce que le bénédictin Martianay l’attribua aumoine Sophrone, contemporain de saint Jérôme. VoirOpéra sancti Hieronyrni, par Martianay, t. v, p. 33, etMigne, Patr., t. xxx, p. 122.

Ainsi donc, à partir du vu» siècle, et même à partir dela fin du vi «, la croyance à l’assomption corporelle se

présente à nous de tous les côtés; nous la recueillonssous la plume des écrivains comme sur les lèvres desorateurs. Nous devons ajouter qu’au delà de cette époqueil n’en est plus de même. Tout au plus peut-on conjecturer que saint Grégoire le Grand a emprunté l’oraison «Veneranda», que nous avons citée plus haut, au Sacramenlaire de saint Gélase. Le Sacramentaire de saintGélase, que nous a fait connaître Tommasi, ne contientpas l’oraison «Veneranda», pas plus du reste qu’aucuneoraison. On croit cependant que les oraisons existaientdans la liturgie de saint Gélase, et que saint Grégoire lesa adoptées. De cette façon, nous atteindrions la fin duVe siècle. En tout cas, nous ne pouvons aller plus loin.Dans les quatre premiers siècles, on chercherait vainement un témoignage autorisé en faveur de l’assomptionde Marie. Nous savons qu’on a. souvent allégué un passage du livre des Noms divins, attribué à saint Denysl’Aréopagite, et un texte de la Chronique d’Eusèbe. Pournous, nous renonçons à nous appuyer sur de pareillesautorités. Le livre des Noms divins, en effet, a été écrità la fin du Ve siècle, tout le monde en convient aujourd’hui, et non par le disciple de saint Paul. D’ailleurs celivre ne dit point ce qu’ordinairement on lui fait dire.D’après plusieurs auteurs, le. pseudoDenys aurait fait lerécit des derniers moments de la sainte Vierge; il auraitraconté que les Apôtres, assemblés autour du lit de la Mèrede Jésus, recueillirent son dernier soupir, et aurait ajoutéqu’un grand prodige eut lieu ensuite. Tout cela ne prouvepoint l’assomption. D’ailleurs tout cela.n’est pas dans letexte du pseudo-Denys, texte très obscur, dont il est difficile de préciser le sens, et qui, au dire de Tillemont etde Thomassin, ne parle même pas de la sainte Vierge.Pour l’explication du texte, voir Thomassin, De dierumfestivorum celebritate, 1. ii, ch. xx, § 12, et Tillemont, note xv sur la sainte Vierge, -- Quant au texte de la Chronique d’Eusèbe, Patr. lat., t. xxvii, col. 581, c’est différent: on ne peut nier qu’il y a une allusion non équivoqueà l’assomption corporelle dans la phrase: «Maria Virgo…ad Filium assumitur in cœlum, ut quidam fuisse sibi revelatum scribunt.» Par malheur, cette phrase est regardéecomme apocryphe par les érudits. Nous ne parleronsmême pas d’un sermon attribué à saint Augustin, où la résurrection de Marie est proclamée et prouvée longuement.Ce sermon est du XIIe siècle, et les bénédictins l’ontrélégué ad calcem (cf. Migne, Patr. lat., t. xl, p. 1142).Faut-il donc conclure que la croyance à l’assomptionde la sainte Vierge ne remonte pas plus haut que leVIe siècle, et que, si on n’en saisit aucune trace avantcette époque, c’est qu’elle était encore inconnue à l'Église?Une telle conclusion serait erronée. Le grave Thomassin, frappé du peu de place que le culte de la sainte Vierge occupait dans l'Église primitive, en trouve la raison dans unedisposition de la Providence. «Comme dans les premierssiècles, dit-il, on avait sujet de craindre le renouvellement de l’idolâtrie, on se ménageait sur les honneurs dela sainte Vierge, pour ne pas donner occasion de lui enrendre d’excessifs. Les païens avaient adoré je ne saiscombien de déesses mères de faux dieux. Il était à craindreque l’on en vint à adorer la Mère du véritable Dieu.» —Qu’on explique ce fait comme on voudra, il est du moinsincontestable que plusieurs des vérités qui font partie dudépôt de la Révélation, et qui par conséquent sont d’origine apostolique, ont traversé les premiers siècles enveloppées en quelque sorte d’un voile d’ombre et de mystère, et n’ont fait leur apparition au grand jour qu’ausortir des persécutions. Et sans aller bien loin chercherun exemple, le dogme de l’Immaculée Conception n’est-ilpas de ces vérités? Lui aussi n’a-t-il pas attendu le vie etle vu siècle pour s'épanouir? N*a-t-il pas traversé lespremiers âges de l'Église, vivant d’une vie latente, commela graine qui n’a pas encore rencontré le terrain propreà sa germination? La croyance à l’assomption peut doncêtre d’origine apostolique, bien que l’on doive attendre

le vie siècle pour en constater la présence dans l'Église.Cette origine apostolique semble même être la seule explication raisonnable du consentement que nous apercevonsdans l'Église à l'époque de saint Grégoire le Grand. Delà vient qu’au concile du Vatican plus de trois cents Pèresont signé diverses propositions tendant à solliciter la définition dogmatique de l’assomption corporelle. Voir Martin, Documenta concilii Vaticani, p. 105. Ces Pères étaientpersuadés que la croyance générale de l'Église remontejusqu’aux Apôtres, qui eux-mêmes ont été instruits surce point par Dieu. Il ne nous appartient pas de prévenirla décision de l'Église. La croyance à l’assomption de lasainte Vierge pourrait devoir son origine à une révélation privée que la Providence aurait faite au sortir despersécutions, ou encore à l'époque où Nestorius lançaitses blasphèmes contre la Mère de Dieu. Elle pourrait parconséquent être en dehors du dépôt confié aux Apôtressans cesser d'être vraie. Dans ce cas-là même, elle s’imposerait à nous dans une certaine mesure, comme étantune vérité que l'Église approuve et favorise, sans êtresusceptible toutefois d'être érigée au rang des dogmes, catholiques. Nous avons voulu seulement établir qu’onne devait pas rejeter à priori son origine apostolique, nidéclarer impossible une définition de l'Église à son sujet.

Quoi qu’il en soit, nous pouvons appliquer à l’assomption les paroles de Bossuet sur l’Immaculée Conception, nous pouvons la ranger au nombre de ces propositions «qui jettent au premier aspect un certain éclat dans lésâmes, qui fait que souvent on les aime avant même de lesconnaître». Bossuet, 1 er Sermon sur la Conception. Detoutes les raisons de convenance, en effet, qu’on invoque enfaveur de l’Immaculée Conception, il n’en est pas une quine puisse, à un certain degré, être transportée à l’Assomption. On ne peut nier qu’il était peu convenable à NotreSeigneur de laisser au tombeau et d’abandonner à lapourriture le corps de sa divine Mère. Comment ne pasreconnaître tout ce qu’il y a de fondé dans ces paroles dupieux auteur dont nous avons vu le sermon attribué àsaint Augustin? «Tanta sanctifîcatio dignior est cœlo quamterra, et tam pretiosum thesaurum dignius est cœlum servare quam terra.» Et si quelqu’un voyait dans la résurrection un miracle difficile à admettre, nous lui répondrions avec Bossuet, loc. cit.; «Sa maternité glorieusemet Marie dans un rang tout singulier, qui ne souffreaucune comparaison.Combien y a-t-il de lois générales dontMarie a été dispensée?… Si nous y remarquons, au contraire, une dispense presque générale de toutes les lois, si nous y voyons un enfantement sans douleur, une chairsans fragilité, des sens sans rébellion…, qui pourra croireque ce soit le seul endroit de sa vie qui ne soit point marqué de quelque insigne miracle?»

II. Circonstances du mystère. — Nous n’avons aucunedonnée certaine sur les circonstances de temps et dé lieudans lesquelles s’est accompli le mystère de l’Assomption.Et d’abord, pour ce qui est de la date, Baronius lui assignel’année 48; mais il a soin de nous dire qu’il n’attache àcette date aucune importance, et qu’elle est à ses yeux, purement hypothétique. Dans cette hypothèse, la sainteVierge était âgée de soixante-neuf ans environ lorsqu’ellemonta au ciel. D’autres Pères pensent qu’elle avait desoixante-douze à soixante-quinze ans. Mais, nous le répétons, il est impossible d’appuyer un calcul quelconquesur un fondement certain.

Quant au lieu qu’habitait la sainte Vierge lorsqu’ellequitta la terre, deux opinions sont en présence: l’uneplace la mort de Marie et sa résurrection à Éphèse; l’autreplace ces deux événements à Jérusalem. La première opinion s’appuie sur la lettre synodale du concile d'Éphèse, .dans laquelle, parlant de la ville où ils sont rassemblés, les Pères s’expriment ainsi: "Ev8<x & ôsoXAyoî 'Ieacfovv)ç, xai 7) ŒOTÔxoç IlapOévoç î) àysa Mapta, <l. où le théologien Jean et la Vierge sainte Marie.» Voir Labbe, Collect. Concil., t. iii, p. 573. Inutile de faire remarquer

combien est vague et obscure cette phrase, qui resteainsi suspendue sans verbe. Telle que nous l’avons elleest évidemment incomplète, et pour lui donner un sensil faut y ajouter quelques mots. Mais lesquels? Le concilea-t-il voulu dire que la Vierge Marie et saint Jean ont leurstombeaux à Éphèse? N’a-t-iî point voulu dire simplementque cette ville contient une église dédiée à la sainte Viergeet à saint Jean? Tillemont défend la première interprétation, mais la plupart des auteurs ont abandonné Tillemontsur ce point et ont entendu le texte de la seconde manière.Il s’ensuit donc que l’opinion qui place l’Assomption àÉphèsé n’a aucune base solide.

Saint Grégoire de Tours, saint André de Crète et saintJean Damascène nous disent que c’est à Jérusalem queMarie rendit le dernier soupir et monta au ciel. D’aprèsles détails dont ils accompagnent le récit du mystère del’Assomption, on sent que ces vénérables Pères ont emprunté la plupart de leurs renseignements à un livre intitulé De transitu Mariée virginis, livre dont l’auteur s’estdissimulé sous le nom de Méliton, le célèbre apologistedu IIe siècle, mais qui, en réalité, n’a été composé qu'àla fin du v». Voir Marguerin, Bibliothèque des Pères deLyon, t. ii, 11e partie. L’opinion qui place à Jérusalem lamort et l’assomption de la sainte Vierge n’a donc pas, ellenon plus, une autorité incontestable. Est-ce à dire quel’on doive n’en tenir aucun compte? Non, certes. Le récitdu faux Méliton dérive d’un écrit beaucoup plus ancien, et qui remonte probablement au IIe siècle; récit entaché, il est vrai, de graves erreurs, et qui pour cela a été condamné par le pape Gélase, mais qui prouve du moinsque la croyance à l’Assomption remonte aux âges les plusreculés. Benoît XIV, examinant, dans son livre Ses fêtes, les deux opinions que nous venons de résumer, n’osaprendre parti pour aucune. Il ne nous siérait pas d'émettreun avis que ce savant pape a refusé de donner. Nous dironsseulement que l’opinion qui met l’Assomption à Jérusalemest plus généralement admise aujourd’hui.

Dans tout ce qui précède, nous avons supposé que lasainte Vierge était morte, et que son assomption avait étéprécédée du privilège de la résurrection. Pour être complet, nous devons dire que la mort de Marie a été mise en doutepar saint Épiphane, Hseres., 78; t. xlii, col. 716, et que legrand évêque de Salamine n’a pas voulu décider si lesanges étaient allés chercher dans le tombeau le corps deleur reine, ou si, au contraire, ils l’avaient transportéeau ciel avant qu’elle eût subi les atteintes de la mort.Mais, comme le remarque Baronius, saint Épiphane s’estlaissé entraîner par l’ardeur de la controverse; il a tropcédé au désir de rabaisser les hérétiques, qui rabaissaientla Mère de Dieu au rang des autres femmes. L'Église aabandonné sur ce point le grand docteur du IVe siècle, etelle affirme, dans la Messe de l’Assomption, que Mariea été soumise à la loi commune de la mort: «Subveniat, Domine, plebi tuae Dei Genitricis oratio, quam etsi pro conditione carnis migrasse cognoscimus,» etc.

III. Histoire de la fête de l’Assomption. — Nicéphore nous rapporte, au 1. xvii, cli. xxviii, de son Histoire, t. cxlvii, col. 292, que l’empereur Maurice fixa, pour l'Église d’Orient, la fête de l’Assomption au 15 août.A la même époque (vers l’an 600), le pape saint Grégoireétablissait aussi, pour Rome, la célébration de cette fêteau jour fixé en Orient par Maurice. Avant saint Grégoirele Grand, l’Assomption était célébrée dans l'Église d’Occident, mais à la date du 18 janvier. C’est ce qui ressortdes Martyrologes hiéronymiens, du Sacrameniaire desaint Gélase, et surtout d’un texte de saint Grégoire deTours, De gloria martyrum, ix, t. lxxi, col. 713. Voirl’explication de ce texte dans Mabillon, Liturgia gallicana, p. 118. L'Église gallicane conserva plusieurs siècles encorecette date du 18 janvier, et ce fut seulement sous le règnede Louis le Débonnaire que la France adopta l’usage deRome. Vers la fin du vne siècle, le pape Sergius instituait une procession pour rehausser la solennité de l’Assomption. Au ix 8 siècle, le pape Léon IV donnait à cettefête une Octave. Vers le même temps, le pape Nicolas, dansune lettre aux Bulgares, nous apprend que les fidèles se préparaient par un jeûne à célébrer le 15 août. Et ainsi la fêtede l’Assomption a grandi en éclat dans le cours des âges.Voir Baronius, Annales ecclesiast., ad annum 48; Tillemont, t. i, Notes sur la sainte Vierge; Thomassin, Traité des fêtes, 1. ii, ch. xxj Benoît XIV, Tractatusde festis Mariée, c.vm; Le Hir, Études bibliques, 2 in-8°, Paris, 1869, t. i, art. 3 et 4. J. Turmel.

2. ASSOMPTION DE MARIE, livre apocryphe attribuéà Méliton. Voir Méliton.

3. ASSOMPTION DE MOlSE, livre apocryphe. VoirApocalypses apocryphes, col. 759.

    1. ASSON##

ASSON, Act., xx, 1$1-$24. Voir Assos 1. — Asson, Act., XXVH, 13. Voir Assos 2.

1. ASSOS ("A<7<ïo<; ), ville de Mysie (fig. 308). SaintPaul, dans son voyage de Corinthe à Jérusalem par la

308. — Monnaie d' Assos.Tête de Pallaa, coiffée d’un casque orné d’une couronne de laurier. — ij. AEEION. Griffon accroupi; à l’exergue, u.icaducée.

Macédoine et là côte d’Asie, traversa Assos pour se rendreà Mitylène et de là à Milet. Il fut rejoint à Assos par saintLuc et ses autres compagnons, qui étaient venus d’Alexandrie de Troade dans cette ville par la route de mer. Act., xx, 13-14. Assos, ville de l’ancienne Mysie (provinced’Asie), était un port situé sur la côte septentrionale dugolfe d’Adrumète, en face de l’Ile de Lesbos, dont elleétait séparée par un bras de mer d’une dizaine de kilomètres. Une route romaine reliait les principaux ports de lacôte d’Asie. D’Alexandrie de Troade à Assos, elle coupaiten diagonale la presqu'île, que devait contourner le vaisseau monté par les compagnons de saint Paul; la distanceétait de trente kilomètres. Cette disposition des lieuxexplique que l’Apôtre a pu, à pied, faire le voyage aussirapidement que le vaisseau, parti de Troade en mêmetemps que lui. — Assos était autrefois une ville importanteet toute grecque. Sa situation sur un rocher d’un accès difficile en faisait une place très forte. Ses restes sont encoremagnifiques (fig. 309); plusieurs archéologues, Texier, Clarac, Fellows, Choiseul-Gouffier, Clarke, les ont décrits et reproduits. «De nombreuses colonnes finementsculptées et de la plus belle époque, une rue des Tombeaux, des remparts en blocs de granit, reliés sans ciment, intéressent les touristes. La porte par laquelle Paul entradans la ville est toujours debout. De la mer on voit l’acropole, autour de laquelle la ville était bâtie.» Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, t. iii, p. 169. Il existesur Assos trois monographies: Quandt, De Asson, Ratisbonne, 171Ô; Amnelle, De "Ao-ow, Upsal, 1758, et Jos.Thacher, Report on the investigations at Assos, Clarcke, in-8°, Boston, 1882. — Le bourg qui occupe l’emplacementde l’ancienne ville s’appelle aujourd’hui Behram-Kalessi.

E. Jacquier.2. ASSOS, ville de Crète. Elle n’est mentionnée dansnotre version latine que par suite d’une fausse traduction. Au chap. xxvii, 13, des Actes des Apôtres, nouslisons dans la Vulgate: Cum sustulissent de Asson, legebant Cretam, «Quand ils eurent levé l’ancre d’Assos, ilscôtoyaient la Crète.» Le navire que montait saint Paul pri

sonnier a-t-il donc abordé un port de l'île de Crète appeléAssos? Il y eut autrefois en Crète une ville appelée Asusou Asum, Pline, Jî. N., iv, mais cette ville était dans l’intérieur de l'île et non sur la côte. Saint Paul ne put doncy passer. Le texte original doit se traduire autrement quene l’a fait la Vulgate. On lit dans les manuscrits grecs, dans le Textus receptus ainsi que dans les éditions criChaque peuple a transcrit le nom perse suivant sa phonétique particulière, et à l’aide des ressources que luifournissait son alphabet. On voit toutefois que dans l’hébreu 'ÂhaSvêrôs, comme dans l’assyrien hisi’arsa et legrec EépÇ» i; , sont reproduites les consonnes fondamentales h ou kh, s, r et s du mot perse. Le nom de khsaydrsâsignifie «le roi pieux», ou, d’après le persan moderne,

Vue d’AsBoe.

tiques: "ApavTeç àauov izapsltywco "l v Kpivtï)v, «On leval’ancre et on longea de près la Crète;» àuuov n’est pasun nom de ville, mais un adverbe, «plus près de.» ("Aîto-ov est le comparatif de l’adverbe ay^i, «près de.» )t A<t<tov d’ailleurs, étant gouverné par apavxec, ne pourrait être un nom de ville qu'à la condition de le supposerà l’accusatif de direction, sans préposition. Mais apavreçn’indique pas la direction. Enfin, cette forme est poétiqueet étrangère au Nouveau Testament. E. Jacquier.

ASSUÉRUS. Hébreu: 'AhaSvêrôs; Septante: ' A<N70ur[pot. C’est le nom de Xerxès, appelé par les inscriptionsperses: «îî<<K-m^î<<îïï

Khsay- à- rs- â

La transcription hébraïque se rapproche davantage dela forme que le nom a prise en susien;

Jksiirsaet en assyrien:

ï<a<ï-<a-<HhY

Hisi- '- arsa

Un vase d’albâtre (iîg. 310) trouvé en Egypte, et conservéà Paris, au Cabinet des médailles, présenteces trois inscriptions cunéiformes du nom dugrand roi. Au-dessous se voit un cartoucheavec le nom de Xerxès en hiéroglyphes:

Khsiars a

Voir Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 5e édit, t. i, p. 140-143. En grecclassique, Khsayarsa est devenu Eép£r, ç. «le roi lion.» L'Écriture parle de trois Assuérus: celuidu premier livre d’Esdras et d’Esther, qui est Xerxès I er;

J?<S

[[File: [Image à insérer]|300px]]
310. — Vase de Xerxès.

celui du texte grec de Tobie, xjv, 15, et celui de Daniel, IX, 1, qui peu. être identique avec le second. a a

ASSUÉRUS

1142

1. ASSUÉRUS ou Xerxès I" (485-465 avant J.-C.)(Fig. 311). Dans le premier livre d’Esdras, iv, 6, Assuérus, roi de Perse, est nommé entre Darius et Artaxerxès.Yoir laliste des rois achéménides, au mot Perse. Les anciens commentateurs ont pensé que cet Assuérus et cet Artaxerxès, qui paraissent peu bienveillants pour les Juifs, étaient lessuccesseurs immédiats de Cyrus, et que c’est sous Darius

[[File: [Image à insérer]|300px]]
311. — Darique qu’on peut attribuer à Xerxès I er.

Le roi Xerxès I", à demi agenouillé, tenant un arc de la maingauche et de la main droite une javeline ornée d’un pommeau; sur son dos est un carquois rempli de flèches. Il est coiffé dela cldaris crénelée et vêtu de la candys. — ij. Carré oreuxallongé. Poids de la darique: 8 gr. 42.

seulement qu’un meilleur état de choses commença.I Esdr., iv, 24. Mais de nouvelles lumières ont depuiséclairé la question. «Un des premiers résultats de la lecture des inscriptions perses fut l’identification d' Assuérusà Xerxès. Cette conquête de la science ne fait plus l’ombred’un doute.» Oppert, Commentaire historique et philologique du livre d’Esther, dans les Annales de philosophie chrétienne, janvier 1864. Cf. Theologische Studien und Kritiken, 1867, p. 467 et suiv. Assuérus nesaurait donc être le même que Cambyse. Tout en éclairant la question d’Assuérus, les inscriptions perses ontamené à une meilleure exégèse de ce chapitre îv d’Esdras.Des versets 1 à 5, l’historien parle des obstacles que lesennemis des Juifs suscitèrent à la construction du temple; puis, soit qu’il ait voulu grouper dans un même passagele récit de toutes les vexations infligées aux Juifs, soitque le morceau ait été transporté d’ailleurs, il rappelleles menées hostiles qui portèrent plus tard Artaxerxèsà interdire le relèvement de la ville. I Esdr., iv, 6-23.Après cette digression, il revient à Darius, pour dire quela construction du temple fut suspendue jusqu'à la secondeannée de son règne. Le passage I Esdr., iv, 6-23, doitdonc être détaché du contexte. Voir Clair, Esdras et Néhémias, p. 28; Cornely, Introd. in libr. sacr., t. ii, p. 354.Assuérus est ici Xerxès, et cela d’autant plus sûrement, que son nom est suivi du nom d’Artaxerxès, commedans la liste des Achéménides.

L' Assuérus du livre d’Esther est ce même Xerxès I", et les détails donnés par l’historien sacré sont en concordance exacte avec ceux que nous ont transmis les chroniqueurs grecs. Xerxès, quatrième successeur de Cyrus, était l’aîné des quatre fils que Darius T er eut d’Atossa, fille de Cyrus. Sa mère lui fit attribuer l’empire au détriment de trois autres fils que Darius avait eus de la fillede Gobryas. Darius «avait reculé les frontières de l’empire perse jusqu'à l’Indus et l’Iaxarte; il avait porté sesarmes au nord jusqu’au Caucase, en Afrique jusqu’auxSyrtes, et de l’autre côté de l’Hellespont jusqu'à l’Ister».Curtius, Histoire grecque, traduct. Bouché-Leclercq, t. ii, p. 268. Xerxès se trouva ainsi «régner des Indes jusqu'àl’Ethiopie». Esth., i, 1. Son empire était divisé en centvingt-sept medînôt ou provinces, distribuées en vingtneuf satrapies. Hérodote, vii, 9, 97, 98; viii, 65, 69. À lafin de sa vie, Darius allait partir' en guerre contre lesGrecs, après trois ans d'énormes préparatifs faits contreeux, quand il fut arrêté soudain, d’abord par la nouvellede l’insurrection qui venait d'éclater en Egypte, et presqueaussitôt après par la mort. Xerxès à son avènement setrouvait donc avec une double guerre sur les bras. «Iln’avait point passé par les mêmes épreuves que son père,

qui avait conquis lui-même son trône. Il avait grandidans le luxe du palais, et n’avait point personnellementd’envie belliqueuse qui le poussât à quitter les jardins deSuse.» Curtius, p. 272. Il se laissa néanmoins déterminerpar les conseils de sa mère et de son entourage, et consacra les deux premières années de son règne à la guerrecontre l’Egypte. C’est pendant cette période, «au commencement de son règne,» que les ennemis des Juifslui «écrivirent une accusation contre les habitants de laJudée et de Jérusalem». I Esdr., iv, 6. Il était permis auxaccusateurs de croire que le prince accueillerait facilementla dénonciation portée contre un peuple si voisin desÉgyptiens. Xerxès, renseigné par ses officiers, ne paraîtpas avoir ajouté foi à la calomnie. Du moins il n’est question d’aucune mesure prise contre les Juifs.

Cette première guerre menée à bonne fin, Xerxèssongea aux Grecs. «On reprit les préparatifs commencéspar Darius, mais sur une plus grande échelle, et mêmedans un tout autre esprit. Ce ne devait plus être unecampagne ordinaire, mais bien une marche triomphale, une exhibition des inépuisables ressources de l’Asie. L’excessif était précisément ce qui souriait à l’esprit de Xerxès; il voulait réunir une armée comme le monde n’en avaitjamais vu.» Curtius, p. 274. Hérodote, vii, 8, rapportequ’il appela à sa cour tous les grands de son empire, afinde s’entendre avec eux. C’est à cette occasion qu’eurentlieu les longues fêtes racontées par le livre d’Esther, i, , 3-8, et dans lesquelles on déploya, pendant cent quatrevingts jours, tout le luxe asiatique. On était alors à latroisième année du règne. Esth., i, 3. Invitée à se présenter devant Xerxès, la reine Yasthi refusa, et fut enconséquence solennellement répudiée et éloignée du trône.Esth., i, 9-22. On se mit alors à la recherche d’une jeunefille capable de remplacer dignement Yasthi dans le haremroyal. La jeune Esther, présentée par Mardochée, futagréée par le chef des eunuques, pour faire partie de cellesqui, après des soins luxueux, devaient être amenées auroi. Esth., ii, 1-11. Cet incident domestique n’avait pasinterrompu le cours des préoccupations belliqueuses deXerxès. Sur le rapport des gouverneurs, «les messagersroyaux partirent de Suse à toute vitesse dans toutes lesdirections, vers le Danube comme vers l’Indus, versl’Iaxarte comme vers le haut Nil. Les manufacturesd’armes et les chantiers maritimes furent mis en activité; les préparatifs prirent deux années.» Curtius, p. 274. Latroisième année, les combattants se réunirent en Cappadoce, lieu du rendez-vous général. L’armée, d’après la supputation de Ctésias, De Rébus persicis, 54, qui est laplus modérée, comptait 800000 hommes, 80000 chevaux, et une flotte de 1 200 trirèmes. À l’automne de 481, Xerxèsvint prendre ses quartiers d’hiver près de Sardes, pendant qu’on préparait les approvisionnements, qu’on jetaitun pont sur l’Hellespont, et qu’on perçait l’isthme d’Athos.Une tempête détruisit en quelques heures le pont construità grand effort. «Cette nouvelle mit le roi hors de luimême. Il n’entendait pas qu’il y eût chose au mondecapable de traverser ses plans. Dans chaque insuccès, ilvoyait une rébellion criminelle contre sa toute-puissance, une faute qui méritait un châtiment épouvantable. Lesarchitectes furent décapités, et les éléments eux-mêmesdurent porter la peine de leur indocilité.» Curtius, p. 278.Hérodote, vii, 35, dit que Xerxès fit fouetter l’Hellespontet jeter des chaînes dans ses eaux, comme pour le réduire en esclavage. On fit un autre pont, sur lequel passal’immense armée; mais, au lieu des victoires attendues, ce fut d’abord la journée des Thermopyles, et, deux moisaprès, la défaite de Salamine (480). Hérodote, viii, 1-94.Humilié, et craignant de trouver coupé le pont de l’Hellespont, Xerxès laissa son armée aux ordres de Mardonius, et s’enfuit en toute hâte. Cette armée fut anéantieà la bataille de Platée (479). Plutarque, Aristid., 19, 20.A son retour, le prince trouva les Babyloniens en révolte, et à leur tête un usurpateur, Samas-Irib, avec ïe titre de

roi. Il le défit, dévasta la ville et détruisit ses temples.Strassmaier, dans les Comptes rendus de l’Académie desinscriptions, 19 juin 1891. Ce Sa’mas-Irib est sans doute leZopire dont parle Ctésias, 53. La cause de cette révoltesemble avoir été un outrage commis par Xerxès envers ledieu Bel. En Grèce, il ne s'était pas montré plus respectueux envers l’Apollon de Delphes, dont il tenta de pillerle temple.

. - Quand le roi fut revenu à Suse, on lui présenta Esther, le dixième mois de la septième année de son règne (478), Esth., ii, 16, et il la choisit pour remplacer Vasthi. Peuaprès, Mardochée fit connaître le complot tramé contrela vie du roi par les deux eunuques Bagathan et Tharès, qui voulaient peut-être exploiter le mécontentement causépar les récents désastres. Esth., ii, 21-23. La douzièmeannée du règne (473), Aman, devenu premier ministre, fit décréter le massacre des Juifs; mais la reine Esther, qui jouissait des bonnes grâces de Xerxès, dévoila la perfidie du ministre, et Aman fut pendu, pendant que Mardochée prenait sa place à la cour. J. Gilmore, Ctesise Persica, 37, conjecture que Mardochée (en hébreu Mordecai) estprobablement ce Matacas que Ctésias appelle «le plusgrand des eunuques». Un nouvel édit atténua ensuite dansla mesure du possible celui qui avait prescrit le massacredes Juifs, et qui était irrévocable, d’après la loi du royaume.Esth., iii, 1-x, 3.

Xerxès fut incapable de relever son prestige militaire, à la suite de ses désastres en Grèce. Ceux qu’il avait attaqués ne le laissèrent jamais en repos. La dernière défaitequ’eut à enregistrer l’orgueilleux monarque fut celle del’Eurymédon, où Cimon battit successivement la flotte etl’armée des Perses, et ensuite la flotte phénicienne (465).Thucydide, i, 100; Diodore de Sicile, xi, 61; Plutarque, Cimon, 12. «Xerxès vécut assez longtemps pour assisterà cette honte; mais il fut impuissant à la venger, ou plutôtil la sentit à peine… Toutes les horreurs, tous les crimeset toutes les hontes s’accumulèrent dans les dernièresannées de l’existence de Xerxès. Impuissant et méprisédans sa propre cour, il fut enfin assassiné par le commandant de ses gardes du corps, l’Hyrcanien Artabane.» Curtius, p. 392. L'Écriture ne présente pas Xerxès sousson plus mauvais jour. Elle fait mention de son luxe, deses mœurs asiatiques, de sa puissance, qui survécut à sesdésastres. Esth., x, 1, 2. Elle se tait sur ses défaites et surses débauches, parce qu’elles étaient étrangères à sonsujet et que c'était la reconnaissance pour un grand service rendu aux Juifs qui inspirait l’historien sacré. Notonscependant que la trame de la narration biblique trouvesa place sans difficulté dans lhistoire de Xerxès, telleque nous l’ont transmise les écrivains grecs. Voir Esther, et, pour le palais d’Assuérus, voir Palais.

H. Lesêtre.

2. ASSUÉRUS. Le texte grec du livre de Tobie, xiv, 15, nomme un Assuérus ( 'A<7Ô7)po «) comme conquérant deNinive. La forme grecque semble corrompue, et être unealtération du nom de Cyaxare (perse: UvakSatra), le roimède qui détruisit l’empire d’Assyrie avec Nabopolassar, roi de Babylone, père de Nabuchodonosor. Voir Cyaxare.Cf. F. Fritzsche, Die Bûcher Tobi und Judith, in-8°, Leipzig, 1853, p. 69; C. Gutberlet, Dos Buch Tobias, in-8°, Munster, 1877, p. 355.

3. ASSUÉRUS, père de Darius le Mède. Dan., ix, 1. Ilest confondu avec l’Assuérus de Tobie xiv, 15 (grec), parun certain nombre de commentateurs, et regardé par euxcomme étant Cyaxare, roi des Mèdes; mais cette identification est loin d'être certaine et universellement acceptée. Pour la solution de ce problème historique, voirDarius le Mède.

1. ASSUR, père de Thécua, I Par., iv, 5, dans laVulgate, qui l’appelle plus exactement I Par., ii, 24, Ashur. Voir Ashur.

2. ASSUR (hébreu: 'Assûr; Septante: 'Acoo&p; en

assyrien: -^< *-TJp r ij — j [mat, «terre, pays» ]

'Assur), l’Assyrie. La Vulgate n’appelle jamais l’AssyrieAssyria; elle lui donne toujours le nom assyrien et hébreud' Assur, ou bien, s’il s’agit des habitants de ce pays, elletraduit souvent par Assyrius, «Assyrien.» Voir Assyrieet Assyrien.

3. ASSUR (hébreu; 'ASSûr; Septante: 'Arooùg). Ézéchiel, xxvii, 23, énumérant les pays ou les villes aveclesquelles Tyr trafiquait, nomme Assur après Saba. Onentend par là communément l’Assyrie. Movers, Die Phônizier, t. ii, part, m (1856), p. 252, et, à sa suite, Keil, Ezechiel, 1868, p. 245; Trochon, Ézéchiel, 1880, p. 496, etc., ont supposé qu’il n'était pas question ici du royaumede ce nom, mais de la ville de Sura, l’Essuriéh actuelle, dans le district de Palmyre. Elle était située sur la rivedroite de l’Euphrate, au-dessus de Thapsaque, sur la routede caravanes qui va de Palmyre par Rusapha (Réseph, Is., xxxvii, 12; IV Reg., xix, 12) à Nicéphorium ou Rakka, puis au nord vers Haran, et par un embranchement ausud, le long de la rive du fleuve, dans la direction deChelmad, en supposant, comme le font les partisans decette opinion, que Chelmad est Charmandi. Voir Chelmad. Cf. Ritter, Erdkunde, t. xi, p. 1081; Chesney, Expédition for the Survey of Euphrates, 4 in-8°, Londres, 1850, t. i, p. 416; W. Smith, Dictionary of Greek andRoman Geography, 1857, t. H, p. 1048. L’opinion commune, qui voit l’Assyrie dans le passage d'Ézéchiel, xxvii, 23, est la plus probable.

    1. ASSURBANIPAL##

ASSURBANIPAL (textes cunéiformes:

T ►->— j jCl _. T|, A$ur-ban-apal,

c’est-à-dire «[le dieu] Assur a donné un fils»; d’oùSardanapallos, pour (Â)sarbanapattos, dans les historiographes grecs; nommé dans la Bible simplement rexAssyriorum, II Par., xxxiii, 9-13, ou même probablementNabuchodonosor, Judith, i, 5, etc.; suivant plusieursauteurs, c’est aussi ÏAsénaphar de I Esdr., iv, 10; leKandalanou des textes babyloniens, et le KcvïiXaSôcv duCanon de Ptolémée), roi d’Assyrie, de 668 à 625 [?], filset successeur d’Asarhaddon ("fig. 312). Bien que la Biblene le mentionne pas expressément par son nom, il estcertain, par les inscriptions que ce prince a laissées àNinive, sa résidence, qu’il fut souvent en rapport avec leroyaume de Juda, pendant les règnes de Manassé, d’Amon, et les premières années de Josias. Manassé fut mêlé àdeux des principaux événements du règne d’Assurbanipal: la conquête de l’Egypte et la répression d’une révolte deBabylone et de ses alliés.

L’Egypte, déjà soumise par Asarhaddon, n’avait pasattendu la mort de ce prince pour secouer le joug. Tharaca, puis son beau-fils Ourd-Amen, deux princes éthiopiens, en avaient repris possession depuis Thèbes jusqu'àMemphis; Néchao de Sais, à qui les Assyriens avaientconfié le soin de maintenir les différents chefs égyptiensdans le devoir, s'était lui - même révolté: fait prisonnieret conduit à Ninive par les généraux assyriens, il y avaittrouvé grâce et recouvré son trône, comme plus tardManassé de Juda, mais pour périr bientôt par le fait del'Éthiopien Ourd-Amen.

Assurbanipal fit deux grandes campagnes contre l’Egypte(668 et 663 [?]); la première contre Tharaca, la secondecontre Ourd - Amen; au cours de cette dernière, il pritet saccagea Thèbes, là demeure du dieu Amon, la Nihdes textes cunéiformes, la Nô'-'Amôn du texte hébreu deNahum, iii, 7-10, qui fait allusion à cet événement; ilemporta à Ninive les trésors qu’il y trouva, et rétablitencore pour quelques années la domination assyriennedans la vallée du Nil, sous l’hégémonie de Psammétiquade Sais, qui avait supplanté Paqrour de Pasoupti. Durant

ces campagnes contre l’Egypte, les vingtdeux rois dupays de Hatti (Syrie, Judée, Philistie, Phénicie, etc., ycompris les colonies phéniciennes de la Méditerranée, Chypre, etc.), déjà tributaires de son père Asarhaddon, durent également «baiser ses pieds», c’est-à-dire se reconnaître ses vassaux: parmi eux, Minsie Sar mat Iaudi, «Manassé, roi de Juda», vient en seconde ligne, immédiatement après Baal, roi de Tyr.

L’autre événement auquel fut mêlé Manassé eut sondénouement environ quinze années plus tard (647). AssurAssurbanipal, après avoir vaincu et mis à mort son frèrerévolté, s'était emparé de cette ville, où il résida quelquetemps. Alors, nous apprend la Bible, Manassé se tournavers Dieu, dont il obtint sa délivrance: rentré en grâcedevant son vainqueur, il se vit tiré de prison, reconduità Jérusalem et réintégré sur le trône. Les annales d’Assurbanipal nous le montrent, en effet, sujet à ces revirementssubits: Néchao de Sais, d’abord vassal comme le roi juif, s'était pareillement révolté contre le monarque ninivite; aussitôt il fut, comme lui encore, chargé de chaînes et

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312. — Le roi Assurbanipal. Bas - relief du Musée du Louvre.

banipal avait confié la vice-royauté de Babylone à son frèreSammughes, SaouSoù^ivoc, en assyrien, SamaS-Sumukin. Celui-ci voulut se rendre indépendant, et dans ce butfomenta contre son aîné un soulèvement général, depuisla Lydie et son roi Gugu ou Gygès jusqu'à Psammétique^'Egypte, y compris mat Aram, mat À harri, mat tihamti, c’est-à-dire la Syrie, la Judée et la Phénicie, avec la Philistie le long de la Méditerranée. Manassé n’est pas désigné par son nom, pas plus que les autres Hatti révoltés; mais il ne tarda pas à expier sa rébellion: car, continueAssurbanipal, confirmant ainsi le texte biblique, II Par., xxxiu, 11 - 13, tous ces peuples «je les soumis, leur imposai le joug du dieu Assur, avec des gouverneurs et despréfets établis par mes mains». The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. xxi, col. v, 1. 38-39.Manassé, remplacé par un gouverneur assyrien, se vit doncchargé de chaînes et conduit prisonnier, non pas à Ninive, capitale de l’Assyrie, mais à Babylone: c’est qu’en effet

conduit à la capitale: là, au lieu de recevoir un justechâtiment comme les autres révoltés, il trouva grâce, sevit comblé de présents et renvoyé en Egypte pour enreprendre le gouvernement. Abiathéh, prince arabe, éprouva un sort à peu près analogue; de sorte que l’histoire de Manassé, loin d'être en contradiction avec lecaractère d' Assurbanipal, concorde merveilleusem*nt avecles faits que les textes assyriens nous apprennent sur ceprince.

Il semble qu’il faut intercaler à cette époque les récitsdu livre de Judith: du moins ils cadrent bien avec lasuite des annales d’Assurbanipal. En comparant le récitd' Assurbanipal avec la Bible, il ne faut pas" oublier que letexte original de Judith est perdu, et que les versions quien restent présentent des différences notables, surtoutdans les noms propres; quelques - uns, devenus méconnaissables à la suite d’erreurs de transcription, semblentavoir été remplacés par d’autres, sans doute lus fami

Iiers aux copistes. Assurbanipal nous apprend donc, dansses annales, qu’après la défaite de Samas-ëum-ukinde Babylone, il châtia tous les alliés de ce prince: lesCiliciens et les Lydiens ayant déjà éprouvé l’effet deses armes (cf. Judith, ii, 12, 15), vint le tour des Aribi, Nabahati, Udumi, Arnmani, Jfaurina, Kidri, nomadesArabes, Nabatéens, Iduméens, Ammonites, du Hauran etde Cédar (cf. Judith, ii, 16, 17; iii, 12, 14, 15); tout leurpays fut envahi et pillé. Sans nul doute la Palestine, coupable de, la même faute et voisine de ces mêmes peuples, éprouva un sort analogue: un bon nombre de ses citésfurent prises et ravagées, comme l’aurait été Béthuliesans le secours de Judith. Le texte sacré appelle le roininivite Nabuchodonosor; nous ne saurions dire s’il y alà une méprise du tvanscripteur, ou si Assurbanipal n’apas réellement aussi porté ce nom: les textes cunéiformessemblent, en effet, le désigner sous plusieurs noms différents.

Malgré les nombreuses inscriptions laissées par Assurbanipal, nous ignorons comment il employa ses dernièresannées; nous savons seulement qu’il renonça à entreprendre une nouvelle campagne contre l’Egypte, probablement après l’issue peu satisfaisante de la campagne de Judée; mais, au prix de nombreux combats, il avait établi ou maintenu sa domination sur les Biatti, l'Élam, la Babylonie et la Chaldée, la Médie, l’Arménie, la Cilicie et jusqu'à la Lydie. Partout où il rencontrait dela résistance, il employait sur une large échelle le système de la déportation en niasse. Aussi plusieurs auteurs, comme H. Gelzer, Eb. Schrader, Fr. Delitzsch, croient-ilsle retrouver désigné encore dans la Bible sous le nomd’Asenaphar, pour Asenapal ou As [ ar-ba ] ne-pal. I Esdr., lv, 2, 10. Mais le texte sacré, ainsi que les noms des peuplestransportés, semblent plutôt désigner Asarhaddon; peutêtre, d’ailleurs, les deux monarques eurent-ils l’un aprèsl’autre leur part dans ces événements. Voir Asénaphar.

Assurbanipal s'était fait construire à Ninive un magnifique palais, exploré principalement par l’AnglaisA. H. Layard (1841-1845), l’indigène Hormuzd Rassam(185$1-$2854) et l’Anglais George Smith (1873-1876), quien ont tiré de riches bas-reliefs, et surtout d’innombrablesfragments de tablettes d’argile ou livres assyriens. Cemonarque avait, en effet, rassemblé dans son palais unebibliothèque célèbre, où se trouvaient accumulées toutesles sciences du temps: théologie, histoire, chronologie, géographie, droit, sciences naturelles, astrologie et magie, linguistique, littérature, etc. Pour enrichir cette précieusecollection, il avait fait transcrire les anciens ouvrages dela Chaldée et de la Babylonie. C’est de là qu’on a extraitles récits assyriens de la création, du déluge, et biend’autres textes fort utiles aux études bibliques. On peutévaluer à trente mille environ les tablettes ou fragmentsque la bibliothèque d' Assurbanipal a fournis au BritishMuséum de Londres. Assurbanipal mourut probablementen 625, ou, suivant quelques auteurs, en 646, laissantà son fils Asur-etil-ilani un empire étendu, dont la duréeet la puissance semblaient assurées pour longtemps. Cependant Ninive et l’Assyrie étaient alors bien près de leurruine totale.

Voir, pour les inscriptions, transcriptions ou traductions: The cuneiform inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. xvi-xxxviii; t. iv, pi. lii-liv; t. y, pi. i-x; G. Smith, ilistory of Assurbanipal, translatée from the cuneiforminscriptions, Londres, 1871; Samuel Alden Smith, DieKeilschrifttexte Asurbanipals, Leipzig, 1887; Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 250-294; Records of thepast, t. i, p. 55; t. ix, p. 37; Eb. Schrader, Keilinschriftliche Bibliotek, t. ii, p. 152-269; Schrader -Whitehouse, The cuneiform inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 10, 18, 40, 56; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 263-316; Id., LesLivres Saints et la critique rationaliste, &' édit., t. iv, p. 512-516, 570-573; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 333-378; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., 1886, p. 458-471; G. Rawlinson, The fuie great Monarchies, t. ii, p. 200-230.Sur la bibliothèque d' Assurbanipal, voir aussi Menant, La bibliothèque du palais de Ninive, Paris, 1880; G. Smith -Delitzsch, Chaldàische Genesis, 1-37; Vigouroux, La Bible et les découvertes, 1. 1, p. 175-188; Lenormant-Babelon, ouvr. cit., t. v, p. 160-169, 140-148.

E. Pannier.

    1. ASSURIM##

ASSURIM (hébreu: 'Assûrîm; Septante: 'Aduoupiefjj.), tribu arabe, descendant d’Abraham et de Céturapar Jecsan, leur second fils, et par Dadan, second fils deJecsan. Elle est nommée deux fois dans l'Écriture, Gen., xxv, 3, et I Par., i, 32, avec les Latusim et les Laomim.Ils devaient habiter dans la partie sud-ouest du Hauran, mais ils n’ont pu être jusqu’ici identifiés (voir Arabie, col. 860). Cf. A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, in-8°, Giessen, 1850, p. 269.

Le nom ethnique 'Asurî (Septante: 'Auspt) se lit aussiII Sam. (II Reg.), ii, 9, dans le texte original. La Vulgate, de même que le syriaque et l’arabe, porte en cetendroit Gessuri. Voir GessurI. Quel que soit le pays qu’ilfaille entendre par là, il ne s’agit pas, en tout cas, de celuidesvssurim. — Le mot 'âsûrîm se trouve aussi dans Ézéchiel, xxvii, 6 (Vulgate: prssteriola, «chambres, cabines» ), mais c’est par erreur que quelques interprètes ont penséque c'était un nom propre: dans ce passage, il ne peutdésigner qu’une espèce de bois, probablement le buis.Voir Buis.

    1. ASSYRIE##

ASSYRIE (hébreu: 'ASSûr, érés 'ASsûr; Septante: 'AddoOp; chez les écrivains grecs, on trouve 'Ao-o-vpi’a, 'AToupfa, cette dernière forme correspondant au perseAthurâ, et au chaldéen 'Athur et 'âthur; Vulgate: Assur, terra Assyriorum, mais jamais Assyria; textescunéiformes: mat Ausar, et plus fréquemment mat

ASSur, matvhir, ameliASSurî).~^i >— ►— ^CE? T ^: |

I. Géographie. — Ces expressions sont employées parles anciens, et même quelquefois par la Bible, en deuxsens bien distincts: au sens large, elles comprennenttoute la Mésopotamie, c’est-à-dire tout le bassin du Tigreet de l’Euphrate, l’Arménie exceptée; la Chaldée et laBabylonie en font alors partie géographiquement, commeelles en ont dépendu politiquement, sous les dernière roisde Ninive. Voir Is., xxiii, 13; Jer., ii, 18; Lament., v, 6; IV Reg., xxiii, 29; Judith, i, 5; ii, 1; I Esdr., vi, 22; Zach., x, 10; Mich., v, 6; Strabon, xvi, 184; Ptolémée, vi, 1; Hérodote, 1, 106, 192; iii, 92; Pline, H. N., yi, 26. Mais au sensstrict, qui est le plus fréquent dans la Bible, les limitesde l’Assyrie étaient beaucoup plus restreintes. Le Tigreet l’Euphrate, à leur sortie des montagnes d’Arménie, laissent entre aux un triangle irrégulier dont ces montagnes forment la base, et au sommet duquel vient segreffer une sorte de losange. Ce losange appartenait à laBabylonie et à la Chaldée; le triangle renfermait l’Assyrie propre. Elle comprenait à la vérité les deux rivesdu Tigre; mais, de l’Euphrate, la rive droite ne lui appartenait pas, non plus que la portion septentrionale de larive gauche, située au nord du Chabour: là commençaitla Mésopotamie araméenne, où les points de rencontredes empires héthéen, mosque et assyrien, formaient unpligne flottante et indécise. Au sud-ouest, l’Assyrie étaitbornée par l’Euphrate, qui la séparait du désert de Syrieet d’Arabie; au sud, par la frontière babylonienne et laforteresse du Dour-Kourigalzou, un peu au nord de Bagdad; du sudest jusqu’au nord, les chaînes du Zagros, les monts actuels du Kurdistan, la séparaient de la Médie; au nord, les diverses ramifications du Masius et du Nipnatès, prolongements du Taurus actuel, la séparaient del’Arménie et de la Commagène. L’aire renfermée entreces limites (36° 50' à 33° 30' de latitude septentrionale, et38° à 42° de longitude est de Paris) comprend à peu près

la superficie de la Grande-Bretagne, répartie, à largeurvariable, sur environ 330 kilomètres de longueur. (Voirla carte, fig. 313).

Cette contrée est arrosée et presque entourée par leTigre et l’Euphrate; le nom grec de Mésopotamie, «aumilieu des fleuves» et le nom arabe de Djéziréh, «île,» font allusion à cette situation. En allant du nord au sud, l’Euphrate reçoit sur sa rive gauche le Bélikh, puis leChabourou Chaboras; son cours inférieur ne reçoit guèred’affluents, la contrée qu’il traverse est tour à tour déserteet marécageuse. Le Tigre, au contraire, reçoit sur sa rivegauche de nombreux et puissants tributaires: le Chabourau nord de l’Assyrie, qu’il ne faut pas confondre avecl’affluent de l’Euphrate du même nom; le Chauser, quibaigne les ruines de Ninive; le Zab grand ou supérieur(anciennement Zabu élu ou Aûxoç), le Zab petit ouinférieur (Zabu supalu ou Kâirpo?), l’Adhem (Radânu ou 1°û<txoç); les affluents méridionaux, le Schirvan, le Tornadotus, le Kerkhan et le Karoun n’appartiennentpas à l’Assyrie, non plus que les nombreux canaux, comblés presque entièrement aujourd’hui, qui unissaientautrefois le Tigre et l’Euphrate dans leur bassin inférieur.

La partie nord-est de l’Assyrie est couverte de chaînesde montagnes dont la direction générale est parallèle auZagros, devant lequel elles semblent former une sortede gradin, les premières assises n’ayant que quelquescentaines de mètres, les dernières atteignant jusqu'à2600 mètres, dominées elles-mêmes par les sommets duZagros, qui atteignent jusqu'à 4300 mètres, la région desneiges éternelles. Quant à la portion sud-ouest, elle neprésente que de légères ondulations; il faut cependantmentionner sur la rive droite du Tigre la rangée de collines nommée Singar, à la hauteur de Mossoul. Enfin ontrouve souvent des collines ou tells artificiels, qui ne sontque d’anciennes cités en ruines.

Le climat des diverses parties de l’Assyrie ne peut naturellement pas être le même. Dans l’est, l'été est tempérépar la brise descendant des montagnes; mais bien que lachaleur y soit moins étouffante que sur la rive occidentale du Tigre, elle est cependant encore assez forte pourêtre nuisible aux Européens. La pluie tombe très largement durant l’hiver et le printemps, le reste du tempsune rosée abondante entretient un peu de fraîcheur dansl’atmosphère et de végétation dans la plaine. Plusieurs desfleuves d’Assyrie ont aussi leur période de débordementpendant la fonte des neiges, d’avril à juillet, aux endroitsoù leurs rives ne sont pas trop élevées. Au nord, l’hiverest assez rigoureux, à cause de l’altitude du pays et duvoisinage de l’Arménie, avec ses neiges éternelles et sessix mois de froid. Mais la chaleur de l'été y est assez intense: à Orfa et à Haran, le thermomètre atteint souvent48° centigrade. Au sud, le. climat se rapproche beaucoupde celui de la Babylonie, les chaleurs y sont véritablementétouffantes. Autrefois une canalisation savante et une luxuriante végétation procuraient sans doute à l’Assyrie unpeu plus de fraîcheur. Le palmier, l’olivier, le citronnier, la vigne et quelques arbustes ou plantes aromatiques, lescéréales surtout, avaient rendu célèbre la fertilité de l’Assyrie. On y rencontre aussi le myrte, le laurier rose, lesycomore, le platane, le chêne, le peuplier, le sumac etle noyer; parmi les arbres fruitiers, l’oranger, le grenadier, Fabricotier, le figuier, le pistachier et le mûrier; enfin on y a introduit le tabac, le riz, le coton, Je maïs.La faune du pays est également riche: les monumentssemblent indiquer qu’on y trouvait le lion, le tigre, leléopard, l’hyène, l’ours, la gazelle, le chacal, le porcépic, l'âne sauvage, le buffle, l’autruche, etc. Actuellementplusieurs espèces ont disparu de la contrée, notammentle buffle et l’autruche. Enfin le sol ou les rochers du Masiuset du Zagros offraient aux architectes assyriens l’argile, le calcaire, les grès, le basalte, l’albâtre et plusieurs sortesde marbre; ils recelaient aussi le fer, le cuivre, le plomb,

l’antimoine, l’argent, le soufre, l’alun, le bitume, le naphteet le sel.

Les villes les plus célèbres étaient Assur, entre les deuxZab, maintenant Kaléh-Sergat; Halah, aujourd’hui Nimroud, au confluent du Zab supérieur; enfin, à la jonctiondu Chauser et du Tigre, Ninive, dont les ruines, situéesen face de la Mossoul actuelle, forment les tells de Koyundjick et de Nebi -Younous: ces trois villes furent tour àtour les capitales de l’Assyrie. Mentionnons encore DourSargani, actuellement Khorsabad, résidence du roi Sargon, à quatre lieues environ au nord de Ninive; Arbèlesou Arbil, à soixante kilomètres est de Nimroud; Singar, au pied de la chaîne de montagnes du même nom, à l’ouestdu Tigre; Nisibe, près du Chabour, résidence de Tigraneet citadelle des Romains contre les Parthes; Haran, prèsdu Belikh, l’ancienne Charræ où séjourna Abraham, Gen., XI, 31, et Orfa, l’antique Édesse. Voir El. Reclus, Géographie universelle, t. IX, p. 377-461; Frd. Delitzsch, Wo lag dos Parodies, p. 182-192, 252-262; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. i, p. 181-236; LenormantBabelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 120; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 1-14; Layard, Nineveh and Babylon, passim; Nineveh and itsremains, t. i, passim; M. von Niebuhr, GeschichteAssurés und Babel’s, p. 378-428, etc.

II. Ethnographie. — L'Écriture nous apprend que lesAssyriens étaient Sémites: la table ethnographique, Gen., x, 22, les mentionne, sous le nom hébraïque d"A§sur, parmi les descendants de Sem. Le ꝟ. Il du même chapitre signifie de plus, au dire d’un bon nombre de commentateurs anciens et modernes, non pa% que Nemrodpartit en Assyrie pour y fonder Ninive, Résen et Chalé; mais que les Assyriens étaient une colonie originaire duSennaar, où vivaient côte à côte des races différentes, issues de Sem et de Cham. D’après l’interprétation contraire, ce verset indiquerait au moins une action très marquée de Nemrod et de la civilisation babylonienne sur lesorigines du royaume assyrien.

Ces deux assertions, maintenant pleinement justifiéespar les découvertes assyriologiques, ont été assez généralement contredites jusqu’au milieu de ce siècle. D’aprèsM. Renan, dans son Histoire des langues sémitiques, 1858, p. 61-68, des cinq fils de Sem, Elam, Assur, Arphaxad, Lud et Aram, ce dernier seul aurait été Sémite; l’Assyrie se montrait tout l’opposé de la race sémitiquepar son caractère sédentaire, sa civilisation matérielleavancée, son architecture colossale, ses aptitudes militaires, sa religion presque iranienne, sa tendance à envisager ses rois comme des divinités, son esprit de centralisation et de domination; les noms mêmes de ces roisn’auraient rien eu de sémite, et il aurait fallu, avec Lorsbach, Gesenius et Bohlen, les faire dériver du persan, etc.Le même auteur fait pourtant une légère concession à laBible, ouvr. cit., p. 69, en reconnaissant que le fond dela population aurait bien pu être sémitique, mais entremêlé d'éléments couschites; il pense néanmoins que lapuissance de Ninive était d’origine aryenne.

L’assyriologie a tranché la question: Ninive est étrangère aux Aryens, et les Assyriens sont des Sémites. Leurlangue, comme les idiomes araméens, palestiniens, arabeset éthiopiens, est trilittère, c’est-à-dire que la généralitédes racines y est formée exclusivement de trois consonnes; mais c’est avec l’hébreu qu’elle offre les affinités les plusfrappantes, tant pour le vocabulaire que pour la grammaire, phonologie, morphologie et syntaxe, prose oupoésie; un bon nombre d’idiotismes hébraïques, long^temps demeurés sans explication, se sont éclaircis parune simple comparaison avec l’assyrien. Voir Assyrienne (langue).

Les caractères physiologiques confirment l’inductiontirée du langage. Sur les bas-reliefs, qu’on possède entrès grand nombre, tous les Assyriens, rois ou sujets, ont le type sémite fort accentué, particulièremant celui

du Juif méridional: Iront droit peu élevé, nez aquilinsouvent un peu épais et recourbé par le bas, bouche assezforte aux lèvres épaisses, menton plein et rond, chevelureet barbe généralement abondantes, et toujours très soignées chez les Assyriens. Leur taille est moyenne; leursformes trapues et leurs muscles très accusés indiquentune grande force physique (fig. 314). Ils paraissent doncdifférer assez notablement des Babyloniens, que les cylindres sculptés représentent communément grands etmaigres (fig. 31E), particularités qui, à la vérité, semblent, dans bien des cas, exagérées par l’inexpérience des graveurs. — Les deux peuples se distinguaient davantage par

l'Écriture, qui nous représente la civilisation assyrienne, sinon la population de l’Assyrie elle-même, comme originaire de la Babylonie ou du Sennaar, où vivaient, mélangés plus ou moins intimement, des descendants de Chamet des Sémites. Il est certain que la langue assyrienneétait la langue vulgaire de la Babylonie, avec un peu derudesse en plus. L'écriture, les arts, les sciences, les lois, la religion, étaient de provenance babylonienne; l’empruntétait surtout frappant pour l’architecture. Dans l’Assyrie, pays élevé et montagneux, où le bois et la pierre se trouvaient en abondance, dont les ressources et les exigencesétaient tout autres que celles des plaines d’alluvion de la

314, — Soldats assyriens. Botta, Monument Se Ninive, t. ii, pi,

le côté intellectuel et moral; les Assyriens ormaient unpeuple de soldats, moins livré aux études et au commerce, mais plus porté à la rapine et à la violence, ami de laguerre et des expéditions lointaines, qu’ils renouvelaientpresque chaque année; d’une énergie persévérante, sauvage et cruelle, mutilant, détruisant, ravageant et brûlanttout; empalant, aveuglant ou mettant en pièces les rebelles; pratiquant sur une large échelle le système de la déportation en masse, auquel les inscriptions cunéiformes etl'Écriture font de fréquentes allusions. Au retour, les roisfaisaient consigner dans leurs inscriptions et représentersur les bas-reliefs de leurs palais toutes ces scènes decarnage. Voir J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 70, 71, 72 et passim.

C’est bien avec ce caractère que les prophètes nous ontdépeint le peuple assyrien: Is., x, 7-14; xxvii, 24-28; xxviii, 2; xxxiii, 8-19; Nah., iii, 1; Ezech., xxxi, 1-11.Quant aux récits des historiens grecs, principalement deCtésias, qui lui attribuent les mœurs efféminées de Ninyaset de Sardanapale, ils sont infirmés par les résultats desdécouvertes assyriologiques.

La science confirme également la seconde assertion de

basse Mésopotamie, on avait conservé par routine les procédés babyloniens, l’usage des tertres artificiels, l’usagerestreint de la pierre, les murs épais d’argile crue oucuite, les pyramides ou tours étagées, les motifs d’ornementation empruntés aux légendes chaldéennes. Ajoutonsenfin qu’il suffit d'étudier la marche de la civilisationassyrienne pour arriver à la même conclusion: la capitale fut Assour, puis Calach, en dernier lieu Ninive etKhorsabad; cette marche ascendante du sud au nordmontre clairement quel en fut le point de départ.

Cette civilisation finit toutefois par prendre, à la longue, une physionomie un peu particulière: l’architecture apprità faire un usage moins rare de la pierre; au lieu de l’enduit et des moulures géométriques de Babylone, les palaisassyriens se revêtaient de plaques d’albâtre, travaillées et.bas-reliefs, et représentant des scènes religieuses, militaires, des chasses, etc., ou couvertes d’inscriptions cunéiformes, véritables annales qui conservaient l’histoire dechaque règne. Jusqu’aujourd’hui la Babylonie n’a rienfourni de semblable. — Les arts industriels présententégalement, en Assyrie, un cachet à part, qui trahit souvent au premier coup d'œil la provenance des objets: 1153

ASSYRIE

statuettes, vases de bronze, plaques métalliques gravéesou repoussées, céramique, meubles, bijoux, cachets ouamulettes. Aussi Ninive devint-elle à son tour un centreimportant de commerce: Nahum nous dit que ses négociants étaient nombreux comme les étoiles, et ses richessesinfinies. Nah., ii, 19; iii, 13.

Voir Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 523-527; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 308-312, 422-453; Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions andthe Old Testament, t. i, p. 76-85; Victor Place, Niniveet l’Assyrie, t. i, p. 214-217; G. Rawlinson, The five greatMonarchies, t. i, chap. ii-vn; second monarchy, p. 210-orf fin.; Lenormant-Babelon, Histoire anciennede l’Orient, t. v, p. 1-125; Perrot et Chipiez, Histoire del’art dans l’antiquité, t. ii, p. 14-33, 91-112, etc. Voiraussi Fr. Homme], Geschichte Babyloniens und Assyriens, Berlin, 1885.

III. Religion. — La religion assyrienne, qui semble

316. — Chaldéens. — Cylindre royal du premier empire chaidéen.Cérémonie religieuse. Initié devant le dieu assis. Grandeurnaturelle. Collection de Clercq, n» 121.

assez compliquée, et qui est encore peu connue dans lesdétails, avait été empruntée à ta Babylonie et à la Chaldée; seulement à la tête de ce panthéon figure un personnagenommé Assur (assyrien: Assur; et souvent dans les textescunéiformes, ASur), qui, semble-t-il, du rang de divinitééponyme de la première capitale assyrienne, la villed’Assur, devint, à mesure que l’empire prenait de l’extension, un dieu national: c’est par son ordre et pour propager son culte et ses lois que les monarques assyriensfirent toutes leurs conquêtes. Assur paraît avoir le mêmesens que tabu, «[le dieu] bon.» À la différence desautres dieux, il est considéré volontiers comme sans épouseet sans descendants; il n’a pas non plus de représentationmatérielle: un simple disque ailé est son emblème ordinaire, avec ou sans buste humain (fig. 60, col. 312et fig. 237, col. 909).

Au-dessous d’Assur, il y avait d’abord une triade Anou, Bel, Ea; puis, dans un rang inférieur, un nombre considérable de dieux (en assyrien, ilu; plur., ilani) et d’esprits, _de nom et de rang divers, dont Assur était le maître, et qui doivent leur origine tant à la religion sidérale qu’auculte des forces de la nature, bonnes ou mauvaises. À nuétait l’esprit du ciel, il avait pour épouse Anatu, et lesdieux principaux issus de leur union étaient Rammanu, dieu de l’atmosphère, représenté sous la forme humaine, tenant en main un symbole de la foudre, et nommé Binpar quelques assyriologues; Isu, dieu du feu, dont le cultelut assez vite oublié, ou se confondit avec celui du soleil; enfin Istar, à la fois déesse de la guerre sous le nom1 Tw r. d '^ J " bèles ' et déesse, du plaisir sous le nom d’Istarde Ninive, à ce titre en relation particulière avec Tammouzvdonis; on la représentait en conséquence tantôtsous la forme d’une femme nue, tantôt sous la forme'lune femme armée, tenant en mains un arc et des

ni it S ' 6t ayant SUr la tête une étoile - 1 ui appelait lapianète Venus, avec laquelle elle était aussi identifiée, tfel était l’esprit de la terre et le maître du genreDICTDE LA BIBLE.

1154

humain, nommé souvent Bel labaru, «Bel l’Ancien» pour le distinguer de Bel-Marduk, «le seigneur Mardouk,» belu ou bilu ayant en assyrien, comme l’hébreu ba'àlle sens de «seigneur», outre son emploi comme nompropre; il avait pour épouse la déesse Bêlit, et pour filsSin, «le dieu-lune,» nommé aussi Nannar, «le brillant» fort yénéré, principalement à cause des indications astronomiques qu’il fournissait; ses principaux sanctuaires

  • s>

Dieu poisson. Musée du Louvre.

étaient à Ur et à Haran; Sin avait lui-même pour filsëamas, «le soleil,» dieu de la lumière physique et morale, et juge des hommes, adoré surtout à Sippar ouSépharvaïm et à Larsa en Babylonie. (Voir fig. 38, col. 237.)

Enfin l’esprit de l’abîme, de l’océan et des fleuves étaitÉa, V"Qr[, "Ao «, 'Euomvis ou '£}<%vvy|{ des Grecs, le dieude la sagesse et de la magie, représenté, pense-t-on, sousla forme d’un homme-poisson, ou du moins d’un hommerevêtu d’une peau de poisson, dont la tête lui sert de tiare(fig. 316). C’est à lui qu’on attribuait l’origine de toutes lesconnaissances humaines. Voir Bérose, dans les Fragmentahisloricorum grxœrum, édit. Didot, t. ii, p. 496. De son

I. - 39

union arec la déesse Dam-kina était né Marduk, nommésouvent Bel-Marduk, ou même simplement Bel, «le seigneur [Mardouk],» le Bt; Xoç des Grecs: c'était le dieuparticulier de Babylone, et en général le bienfaiteur et lelibérateur de l’humanité; c’est lui que son père Éa chargeait de guérir les maladies envoyées aux hommes parles esprits mauvais. Son épouse Zir-banit ou Bêlit, laMylilta d’Hérodote, i, 31, était la déesse de la génération, honorée à Babylone par les prostitutions sacrées. Dece couple étaient nés Nabu (Nébo) et TaSmêtu, le dieu

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817. — Génie allé. Muses du Louvre.

et la déesse de l'écriture, des lettres et des sciences, etauxquels étaient consacrées toutes les bibliothèques publiques de l’Assyrie.

Ces liens généalogiques ne sont pas d’ailleurs d’unerigueur absolue: ainsi Istar, qui est donnée comme filled’Anou dans le poème d’Isdubar, est appelée «fille deSin» dans la Descente aux enfers. On convenait aussigénéralement qu’il y avait douze grands dieux, présidantchacun à l’un des mois de l’année; mais le nombre seulétait hors de doute, tandis que les noms et le rang dechacun des titulaires étaient variables.

Aux dieux déjà nommés venait s’ajouter ou se superposer en partie un cycle formé de divinités planétaires: Sin et SamaS, la lune et le soleil, Nabu ou Mercure, Marduk ou Jupiter, Istar ou Vénus, Nin-eb = Vraè ouSaturne, et Nergal ou Mars. Nin-eb, que plusieurs assyriologues appellent aussi Sandan et Adar, en s’appuyantsur de pures conjectures, était regardé comme le dieude la force et des combats, et principalement adoré àNinive; tandis que Nergal, dont les attributions étaientà peu près les mêmes, l'était surtout à Cutha, sous l’imaged’un dieu-lion. Dagan ou Dagon est encore mentionné

dès la plus haute antiquité comme une divinité assyrienne, mais d’un caractère qui nous est inconnu.

Au-dessous de ces dieux, on comptait un grand nombrede divinités inférieures et d’esprits bons ou mauvais, auxquels on donnait les formes composites les plus bizarres: génies ailés, à tête d’aigle (voir fig. 56, col. 302), d’homme(fig. 317), de lion, sur un corps d’espèce différente, delion, de taureau, d’homme ou de scorpion, etc. C’est àcette classe qu’appartenaient les kirubi et les nirgalli, taureaux et lions (voir Chérubin et fig. 69, col. 314) àface humaine, placés comme gardiens aux portes destemples et des palais, ainsi que les êtres multiformes queles sculptures assyriennes et babyloniennes nous représentent fréquemment gardant l’arbre sacré ou arbre de

318. — Esiirits mauvais.Bas-relief du palais d’Assurbanipal à Kinive. Musée Britannique.

vie. — Les esprits mauvais étaient aussi en nombre incalculable, se répandaient partout, et causaient, sous la direction de Namtar, tous les maux qui bouleversent lemonde, maladies, épidémies, famines, guerres, etc.(fig. 318). C’est à les exorciser en particulier que lesmédecins employaient toute leur science et leurs sortilèges, et les malades leurs prières.

Naturellement ces dieux n'étaient pas considérés commeéternels, ni comme créateurs; mais les plus anciens avaienirempli le rôle de démiurges; Lufymu et Lafyamu, c’està-dire Anou et Anat, puis Bel et Belit, Éa et Damkina, s'étaient engendrés eux-mêmes, après un laps de tempsdurant lequel il n’y avait ni ciel ni terre, mais seulementAbSu, «l’abîmé,» et Tiâmat, «le chaos,» au sein desquels le ciel et la terre s’engendrèrent également: c’estalors que les dieux formèrent les êtres qui peuplent lemonde, tandis que Mardouk combattait contre les ténèbreset le chaos, personnifiés en Tiâmat.

Le culte rendu aux dieux consistait, outre les jeûnes etune sorte de sabbat, en prières, en offrandes, en sacrifices, en cérémonies extérieures, fêtes et processions. On aretrouvé un bon nombre de prières, qui offrent beaucoupde ressemblance avec nos Psaumes, contenant commeceux-ci soit les louanges de la divinité, soit quelque sollicitation, soit enfin une expression de repentir et une demande de pardon pour les fautes commises; mais souvent

ces psaumes assyriens finissent par dégénérer en exorcismes et en formules magiques. — Les offrandes, mentionnées dans Daniel, wv, 2, et Baruch, vi, 9-42, sont fréquemment énumérées dans les inscriptions cunéiformes; «lies consistaient surtout en encens et parfums, alimentset liquides, vêtements et bijoux, à l’usage des dieux et deleurs ministres. — Enfin les bas-reliefs et les cylindres

319. — Le roi Assurnasirpal offrant une libation.Bas-relief du Musée Britannique. Hauteur: 2 mètres 61.

gravés, non moins que les inscriptions, nous ont familiarisés avec les libations (fig. 319) et les sacrifices d’animaux (fig. 320), y compris les produits de la chasse(fig. 321) et delà pêche, qui sont souvent offerts aux dieux.On les faisait devant le naos ou tabernacle sous lequeltrônait l’idole, ordinairement représentée sous la formehumaine et accompagnée d’un symbole, disque solaire, croissant, etc., qui la caractérisait, et coiffée d’une tiaresur laquelle s’enroulent plusieurs paires de cornes; unautel, généralement assez étroit, permettait de brûler aumoins quelques portions choisies de la victime; sur ledevant on voit aussi un chandelier surmonté d’une flammeou feu perpétuel, comme celui du chandelier à septbranches dans le temple de Jérusalem; on y voit égalementune sorte de table de proposition pour déposer les offrandes

( fig. 321 et 322); à l’entrée on remarque un grandvase, une sorte de mer d’airain, pour l’eau lustrale. Lessacrifices étaient accompagnés de musique instrumentaleet du chant des psaumes. Non loin du temple il y avaitgénéralement une pyramide ou tour étagée, consacréeaux observations astronomiques ou astrologiques. Le roiétait le chef de la religion; mais il y avait pour les fonctions du culte différents ordres de prêtres, sur lesquelsnous n’avons pas encore de renseignements bien certains.Quant aux sacrifices humains, leur existence n’est paségalement admise par tous les assyriologues. Il faut évidemment mettre de côté les scènes de carnage qui accompagnaient les guerres, et qui étaient censées accompliespar l’ordre d’Assur, d’Istar, etc., et en leur honneur: cen'étaient évidemment pas de vrais sacrifices. Le seul texteconcluant était donné par Sayce, dans les Transactionsof the Society of Biblical Archseology, t. iv, p. 25-29; The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iv, pi. 26, n. 7; mais le mot uritsu, qu’il traduisait a enfant», parait bien signifier «jeune chevreau». D’un autre côté, laBible nous montre cette pratique en usage chez les habitants de Sippar ou Sépharvaïm non loin de Babylone, IV Reg., xvii, 31; et un certain nombre de pierres gravées, à usage de cachet ou d’amulette, de date fort reculée et deprovenance babylonienne ou chaldéenne, semblent représenter clairement des sacrifices humains (fig. 323). VoirC. J. Bail, dans les Proceedings of the Society of BiblicalArchœology, février 1892, t. xiv, p. 149-153. Toutefois enprésence du silence absolu gardé à ce sujet par les annalesassyriennes, il faut présumer, jusqu'à découverte denouvelles inscriptions, que les Assyriens n’empruntèrentpas à la mère patrie cette cruelle coutume, et se contentèrent ordinairement de sacrifier des animaux. Quantaux prostitutions sacrées, elles devaient faire partie duculte d’Istar de Ninive.

A ceux qui accomplissaient toutes les lois morales etreligieuses, les textes promettent généralement, de lapart des dieux, balatu, unii rukuti, «une vie et des jourslongs,» tub libbi, «le bien-être,» etc. Ils avaient cependant l’idée d’une vie future, dans une sorte de Schéolqu’ils nommaient Aralu, asar la amari, e-kur-bat, «l’Aral, le lieu où l’on ne voit pas, la maison du pays desmorts.» Cette région souterraine est décrite, ainsi queses habitants, dans la Descente d’IStar aux enfers. C’est «le pays d’où il n’y a pas de retour, — dont les habitants, privés de lumière, — ont la poussière pour nourriture, la boue pour aliment; — là demeurent les anciens possesseurs de couronnes, — les porteurs de couronnes quidominaient la terre aux temps antiques; — là demeurentles gardiens de l’abîme des grands dieux». Toutefois lesort de tous les défunts n’est pas le même: quelquesuns, comme Isdubar-Gilgamès et son ami Éa-bani, vonthabiter un séjour de bonheur; Ilasis-Adra habite dansl’assemblée des dieux, suivant l’auteur du même poèmed’Isdubar; enfin, dans plusieurs poèmes, on demanded’habiter «la montagne du ciel d’argent»: ces texteset d’autres analogues semblent indiquer, outre l’idée clairede la survivance de l'âme, la croyance au moins confuseà une certaine rétribution.

Quant aux cadavres et aux tombeaux, on n’en a guèretrouvé en Assyrie; il est à croire que l’on tenait à envoyerses morts en Chaldée, comme les Persans modernes envoient de bien loin leurs morts à Nedjef et à Kerbela: c’est ce qui explique le nombre incalculable de tombeaux, — petit* caveaux, jarres ou même plateaux et étuis enterre cuite de différentes formes, servant de cercueil, -—que l’on retrouve empilés les uns sur les autres jusqu'àformer de vraies collines, particulièrement à Mughéir, l’ancienne r des Chaldéens (fig. 324 et 325), à Warka, l’ancienne Arach. À côté du mort enveloppé de bandelettesenduites de bitume, étendu sur une dalle de terre cuiteou emboîté dans sa jarre, on plaçait les objets à son usage, cachet, armes, bijoux, avec un peu de nourriture (fig. 325).

Priver quelqu’un de sépulture ou violer ses cendres étaitla dernière insulte et la plus terrible vengeance qu’on pûtexercer à l’endroit de ses ennemis. Ils ont peut-être aussipratiqué quelquefois l’incinération. Journal des Savants, décembre 1891, p. 721.

Telles sont, dans leurs grandes lignes, les croyances etla religion assyriennes. Les tablettes cunéiformes extraitesdes bibliothèques assyriennes et traitant de sujets religieux sont en très grand nombre; mais il ne faut pas

the origin and growth of religion as ïllustrated by thereligion of the ancient Babylonians, Londres, 1887, principalement p. 59-63 pour le sacerdoce; 68-84 et437-440 pour le culte, fêtes, sacrifices, temples; 315-366et 441-550 pour les compositions religieuses, psaumes etexorcismes; SJ$1-$266 pour l’eschatologie; J. Jeremias, Die Cultustafel von Sippar, Leipzig, p. 25-32 et suiv.; G. Rawlinson, The five great monarchies, 1. 1, p. 308-322; t. ii, p. 1-42; Fr. Lenormant, Les origines de l’histoire,

320.

Sacrifice offert par un roi assyrien. Obélisque de Nimroud. — Autel chargé d’offrandes; chandelier surmonté d’une flamme: grand rase d’eau; roi versant une libation; taureau prêt à être immolé en sacrifice.

oublier que leur interprétation est des plus difficiles, tantpar la nature même du sujet que par le soin pris par lesprêtres assyriens et babyloniens de ne pas vulgariser leursconnaissances théologiques; aussi, dans ces matières, ilsemploient généralement les caractères d'écriture plutôtavec la valeur idéographique qu’avec la valeur phonétique; cela explique pourquoi le nom exact de certains dieux ou

1. 1, p. 493-531, 580-589; t. ii, p. 7-9 et suiv.; LenormantBabelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. v, p. 191-312; J. Menant, La bibliothèque du palais de Ninive, ^. 102-158; G. Smith -Delitzsch, Chaldàiscke Genesis, f>. 268-285, 306-307, 196-204 et suiv.; T. Pinches, Guide to theKouyunjik Galloy, British Muséum, Londres, 1884, p. 42-47; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii,

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321. — Roi d’Assyrie offrant aux dieux les lions tués à la chasse. Bas-relief de Koyoundjttc. D’après Place, pi. 37.

esprits nous est encore inconnu: nous savons à quefle idéecorrespond tel caractère idéographique, tout en ignorantquelle en était, dans tel cas particulier, la véritable prononciation. Autant l’on est certain de l’interprétation des texteshistoriques, autant les textes mythologiques donnent lieuà hésitation, surtout dès qu’on prétend arriver aux détails.Nous avons élagué de cette étude tous les points sur lesquels on n’a pas encore de lumières suffisantes.

Voir Fr. Lenormant, Les dieux de Babylone et del’Assyrie, Paris, 1877; Tiele, Die Assyriologie und ihreErgebnisse fur die vergleichende Religionsgeschichte, Leipzig; Histoire comparée des anciennes religions del’Egypte et des peuples sémitiques, Paris, 1882; Manuelde l’histoire des religions, Paris, 1880; Sayce, Lectures on

p. 56-91, 347-378, 378-414 et suiv. — En outre, la plupartdes textes religieux sont publiés dans les cinq volumesdes Cuneiform Inscriptions of Western Asia, et beaucoup sont traduits dans les Records of the Past, l re et2 «séries, et dans les Proceedings et Transactions of theSociety of Biblical Archxology, publiés à Londres.

IV. Histoire. — L’histoire de l’Assyrie est une desmieux documentées de toute l’antiquité. À la vérité, lesrenseignements fournis par Hérodote, Gtésias et Diodorede Sicile sont généralement suspects; ceux qui nousviennent par Bérose, prêtre babylonien contemporain despremiers Séleucides, sont malheureusem*nt dans un étattrès fragmentaire. Mais d’abord on trouve dans la Bibleune source précieuse d’imformations. Nous avons vu que En cours les Prophètes nons ont laissé une peinture fidèle ducaractère des Assyriens. Les Livres Saints nous ont tracéaussi un tableau non moins exact de leurs conquêtes, principalement en ce qui regardait Israël, Juda et lespeuples avoisinants, tableau soit historique, soit prophétique. Les deux derniers livres des Rois et le second livredes Paralipomènes contiennent l’histoire des conquêtesassyriennes; les prophètes les prédisent généralementcomme punition des crimes d’Israël et de Juda. — DéjàBalaam avait annoncé que la domination d’Assur s'étendrait jusque sur les Cinéens, les Kénites, qu’ils emmèneraient en captivité. Num., xxiv, 22-24. Ces Cinéens,


322. — Objets de culte.Portes de bronze de Balawat. Musée Britannique.


mentionnés ici avec Amalec, paraissent distincts de latribu qui se fusionna avec les Hébreux, et habitaient ausud de la Palestine. Balaam termine son oracle en disanten termes généraux qu’Assur à son tour aura à souffrirdes vaisseaux de Kiltim, c’est-à-dire venus de la Méditerranée, proprement de Chypre, et, dans le sens large, de l’Occident en général. Jér., ii, 10; Dan., xi, 30. —


323. — Sacrifice humain.Cylindre babylonien. J. Menant, Recherches sur la glyptiqueorientale, t. i, p. 151.

Dès le commencement de l'époque prophétique, Amos, v-vi, annonce la ruine d’Israël et sa transplantation plusloin que Damas, dès le temps de Jéroboam II, c’est-à-direà l'époque de la plus grande prospérité d’Israël, vers letemps où Jonas menaçait Ninive. Plus tard, Osée blâmeIsraël de s’appuyer sur l’Assyrie et l’Egypte, vii, H -12; vin, 8-10; il annonce la chute de Samarie et des dixtribus, viii, 10; IX, 3; XIII, 15-16; il ajoute que l’Assyrien sera leur roi, xi, 5-7; xiii, 11; mais il laisse aussientrevoir que la captivité aura un terme, xi, 1-11. Isaïerassure Achaz en lui annonçant que Samarie, vii, 7-9; vin, 4; xxviii, 1-4, et la Syrie de Damas, viii, 4; xvii, 1-16, tomberont bientôt sous les coups des Assyriens; ilprophétise le même sort à l’Egypte et à l’Ethiopie, xx, 1-6; xix, 1-17, auprès de qui les rois juifs cherchaientsans cesse un appui contre l’Assyrie; il annonce enfinl’invasion de la Judée elle-même par Sennachérib, la

désolation du pays, mais l’insuccès final du monarqueassyrien devant Jérusalem, xxviii-xxxiii; xxxvi-xxxviii; x, 5-11; xiv, 24-27. Les Assyriens se chargèrent ausside réaliser bon nombre des Massa ( dans la Vulgate Onus, prophétie de menaces) contre les nations, telles que lesPhilistins, Is., xiv, 28-32, les Arabes, Is., xxi, 13-17. MaisNinive et la puissance assyrienne tombent bientôt à leurtour sans pouvoir se relever. Nahum l’annonce, i, 3, aumoment même où l’Assyrie, immédiatement après laconquête de l’Egypte et le sac de Thèbes ou No-Ammon, est à son apogée sous le roi Assurbanipal Enfin, au


324. — Tombeau de Mughéir. Forme extérieure. D’après Loftus.

temps où ces menaces commencent à recevoir leur accomplissem*nt et où Ninive est déjà bien déchue de sonancienne splendeur, Sophonie, ii, 13-15, annonce que ladévastation ira jusqu’au bout, que l’Assyrie sera détruiteet que sa capitale deviendra une solitude et un désert.



825. — Tombeau de Mughéir. Vue intérieure. D’après Loftus.

Outre les renseignements donnés par la Bible, nousavons une source inespérée de renseignements dans les bas-reliefs (fig. 326) et les œuvres d’art qui font revivresous nos yeux leur civilisation et leurs coutumes et surtout dans les textes cunéiformes eux-mêmes, textesauthentiques, contemporains des événements, émanantde presque tous les rois assyriens, et dont le seul défautest celui de former une histoire officielle, par conséquentsuspecte quelquefois de partialité. La partie chronologique, outre les indications abondamment contenues dansles textes soit d’histoire publique, soit d’intérêt privé, nousest fournie par la liste ou Canon des limu. Ces limu, sorte de consuls éponymes, donnaient leur nom à l’annéeoù ils étaient en fonction; aux listes ainsi formées on joignait les indications relatives aux changements de règne, ou même souvent l'événement principal de l’année. Nouspossédons le Canon sans interruption depuis le Xe sièclejusqu’au vne avant J.-C.; mais nous savons, par des textesplus anciens, que l’institution des limu fonctionnait déjà iiês

ASSYRIE

1ÎB4

an XIVe, sans qu’on puisse encore assigner de date certaine à son origine. C’est cette liste des limu qui nousguide pour la chronologie assyrienne. Il faut remarquerqtte tous les mois de règne précédant celui de Nisan, éjui commençait l’année assyrienne, sont adjugés nonpas au souverain régnant, mais à son prédécesseur, desorte que l’accession au trône tombe généralement dans

échappe. — Quand commence la période des inscriptionshistoriques, c’est-à-dire dès le xviii 8 siècle, les Assyrienssont déjà constitués en monarchie absolue: le titre de patesiou isSakkUj porté alors par les rois d’Assyrie, paraît indiquer, selon plusieurs, une sorte de vassalité de Babylone; mais c’est plutôt un titre religieux, signifiant que le monarque tient la place des dieux, et particulièrement du

38 «— Le roi Asaurbanipal tuant un lion. Bas-relief, avec inscription cunéiforme, de son palais à Ninlve. Musée du Louvre.

l’année qui précède celle que nous indiquons d’après leslimu comme première année de chaque règne. Uneéclipse de soleil en 763 et la prise de Samarie en 722, mentionnés dans les textes assyriens, donnent des pointsde repère assurés à cette série chronologique.

Les textes cunéiformes ne donnent aucune indicationdirecte ni sur la naissance ni sur la chute de l’empireassyrien (Voir cependant, Academy, 16 juillet 1892, p. 53, un texte qui paraît relatif à la colonisation de l’Assyrie parles Babyloniens). L’ethnographie nous apprend que lepeuple d’Assur quitta la Chaldée pour remonter le longdes rives du Tigre, à une époque dont l’antiquité nous

dieu Assur, ou bien est leur grand prêtre. Au-dessousdu roi, les textes cunéiformes, k la vérité d'époque postérieure, mentionnent le Rab-Ékal ou Nîr-Ekal, «chefdu palais, le Bab-bilub (?), le Tukultu, sans doute uneespèce de vizir, le Rab-sak, «chef des grands ou officiers;» le Rabsaris, «chef des princes» (Comptesrendus de l’Académie des inscriptions et belles - lettres, 1886, p. 201); le Turtanu, «général en chef;» la dignitéde limu ou consul éponyme est portée tour à tour par leroi, les officiers de sa cour et les gouverneurs des villesprincipales. La première résidence royale fut AsSur, villesituée sur le Tigre, au sud de Ninive. Déjà les patesi

ISme-Dagan et SamH-Ramman y avaient élevé untemple à leur dieu tutélaire^&tr, vers la fin du xixe siècleou le commencement du xviiie.

Plus tard, l’Assyrie fut conquise par les rois égyptiensde la xviir 3 dynastie, particulièrement par Thothmès III, qui soumit les villes de Nini (qu’on a cru être Ninive, maisqui eu est probablement différente), Assur et Senkara ouSingar (Armais of Thothmès III, p. 24, 25, 49, 61, 62, dans les Records of the pasl, 1 N sér., t. Il; 2e sér., t. v, p. 29; Maspero, Histoire ancienne des peuples del’Orient, 1886, p. 190, 198 et suiv.), et Amen-hotep II, qui s’empara encore de la ville de Nini; on a retrouvéeffectivement les cartouches de ces deux conquérantsgravés en Assyrie, à Arban, sur le Ghabour. Layard, Nineveh and Babylon, p. 280-282; G. Rawlinson, Historyof ancient Egypt, 1881, t ii, p. 229 et suiv.; 234-236.

Le temps de l’exode, qui paraît correspondre à unepériode d’amoindrissem*nt pour l’Egypte ( fin de laXIXe dynastie), correspond à une période d’extension pourl’Assyrie. Le joug de l’Egypte une fois brisé, l’Assyriecommence par profiter de l’occupation de Babylone parles monarques KaëH pour traiter avec eux sur le piedd'égalité, et prendre, au lieu du titre d’isSakku, la qualification plus relevée de Sarru, «roi.» C’est ainsi quevers la fin du XVe siècle et le commencement du xiv «, Asur - bel - niSiSu, Pusur-ASur et Asur - uballit firentalliance avec Kara-indaS, Burna-Burias et leurs successeurs. Le xiii 8 siècle et les suivants voient succéderà ces bons rapports une lutte acharnée entre la mèrepatrie et la colonie, avec des alternatives pour chacunede succès et de revers, et un commun affaiblissem*nt; cela permet aux Hébreux de s’organiser à loisir en Palestine, et même, sous David et Salomon, d'étendre leurinfluence jusqu'à l’Euphrate, sans se heurter contre lapuissance assyrienne. Durant cette période, un seul roid’Assyrie, ïhéglathphalasar, vers le milieu du XIIe siècle, se rendit redoutable à ses voisins, les Mosques, la Commagène, l’Arménie et l’Aram; il s’empara de Charcamis, la capitale de l’empire héthéen, et se vante même dans sesinscriptions d’avoir porté sa domination jusqu'à la Méditerranée. Cette extension, bien que passagère, était unemenace pour l’avenir de l’Asie occidentale.

Asur-nasir-apal (883-858), l’un des rois d’Assyrieles plus belliqueux et les plus cruels, se chargea d’ydonner suite. Il se choisit une nouvelle capitale, Halo! }, la Chalé de la Bible, Gen., x, 11, actuellement Nimrud, ville ancienne, située au nord d' Assur, sur la rive gauchedu Tigre, par conséquent moins exposée aux attaquesvenant de Babylone ou de la Syrie. Ayant recouvré toutesles provinces septentrionales autrefois occupées par Théglathphalasar, il prit la route de la Phénicie, et soumitle pays jusqu’au mont Liban; les villes phéniciennes deTyr, Sidon, Gébal, Arvad (Arad), etc., lui envoyèrentalors leurs tributs, pour s'éviter l’invasion. La Palestineavait été respectée; mais sous Salmanasar (858-823), filsdu précédent, le royaume d’Israël se vit attaqué, tantcomme étant plus proche que celui de Juda de la routesuivie par les Assyriens, que comme particulièrementcompromis par l’imprudence d’Achab. Ce prince était entrédans une ligue formée contre Salmanasar, entre tous leschefs syriens, par les soins de Bénadad, roi de Damas; les confédérés furent battus à Karkar et à Kirzau [?]. Noncontents de les écraser en masse, quand l’occasion s’enprésentait, Salmanasar et ses successeurs cherchèrent àdétacher de la confédération ainsi formée l’un ou l’autreroyaume, auquel ils accordaient une protection largementpayée d’abord, et que le moindre prétexte changeait bientôt en oppression et en asservissem*nt. Jéhu paya tributa Salmanasar pour se faire protéger contre Hazaël deDamas; et bien que les textes n’en disent rien, il estcroyable que Joachaz, Joas et Jéroboam II firent de même.Durant cette période, SamH-Ramman (823-810), Ramnmn-nirar (810-781), Salmanu-asir (781-771), Asurdan-ili (771-753) et Asur-nirar (753-743), tout en portant le principal de leurs efforts contre l’Arménie et lesdistricts du nord, n’oublièrent pas non plus de surveilleret au besoin de châtier Damas et la Syrie. Mais Théglathphalasar, qui est sans doute aussi le Phul de l'Écriture, IV Reg., xv, 19-20; I Par., v, 26, et le Pulu des textesbabyloniens (743-727), agit avec plus de vigueur: lacoalition des princes syriens s'étant organisée de nouveausous la conduite du roi d'Émath et avec le concoursd’Azarias, roi de Juda, Théglathphalasar survint, battit àplusieurs reprises les confédérés, annexa à l’Assyrie lepays d' 'Amatti, l'Émath biblique, en transplanta les habitants vers les sources du Tigre, et soumit au tribut lesautres rois, y compris Rasin de Damas, Manahem d’Israëlet Azarias de Juda. Achaz de Juda aggrava encore lasituation: menacé à la fois par Phacée d’Israël et Rasinde Damas, IV Reg., xv, 37; Is., vii, 1, il sollicita l’appuide son suzerain. Théglathphalasar se hâta, en effet, d’intervenir; il en coûta la vie à Rasin, avec le pillageet la destruction de son royaume; la vie aussi à Phacée, avec la déportation en Assyrie d’un grand nombre d’Israélites; à Achaz enfin d'écrasantes contributions de guerre.IV Reg., xv, 29; xvi, 7-10.

Théglathphalasar avait fait ailleurs une conquête plusriche et plus dangereuse à la fois, en s’emparant de laBabylonie: mécontent de plusieurs vice-rois qu’il y avaitétablis ou reconnus, il avait fini par prendre lui-mêmele titre de «roi de Babylone, roi de Soumir et d’Akkad».Mais la Babylonie était riche et puissante, bien peupléeet jalouse de son indépendance, aussi essaya-t-elle souvent de secouer le joug de son ancienne colonie; lesefforts continuels que durent faire les successeurs deThéglathphalasar pour garder cette conquête finirent paraffaiblir à la longue la monarchie assyrienne, et il arrivaun jour où celle-ci succomba sous les coups des Babyloniens révoltés.

De Salmanasar (727-722) nous n’avons jusqu'à présent aucune inscription historique; nous savons seulement, par le Canon des limu et une Chronique babylonienne, qu’il régna cinq ans sur l’Assyrie et la Babylonie.L'Écriture, IV Reg., xviii, 9-12, semble lui attribuer laprise de Samarie, la destruction du royaume d’Israël etla déportation des Israélites, comme châtiment de leuralliance avec l’Egypte et l’Ethiopie. Dans les inscriptionsassyriennes, ces exploits sont revendiqués, au moins enbonne partie, par son successeur Sargon (722-705). VoirSalmanasar, Sargon. Quoi qu’il en soit, la Bible, Is., vu, 18, etc., et les inscriptions cunéiformes se rencontrent pour mettre aux prises à cette époque l’Egypte etl’Assyrie, d’abord sourdement, puis à force ouverte; cettelutte, d’une durée d’un demi-siècle, qui eut d’abord laPalestine, et ensuite la vallée du Nil pour théâtre, futfatale à l’Egypte: elle succomba et resta aux mains desAssyriens, puis des Babyloniens leurs héritiers, pourpasser de là aux Perses et enfin aux Grecs; fatale aussiaux peuples circonvoisins, particulièrement aux Juifs, quine savaient ni ne pouvaient rester neutres; désastreusemême pour l’Assyrie, que ces expéditions lointaines etsouvent répétées finirent par épuiser, malgré toutes sesvictoires.

Sargon avait ajouté à l’empire assyrien une grandepartie de la Syrie, de la Palestine et de la Médie. Cf. Is., xx, 1. Sennachérib (705-681) dut élargir encore ce cercled’action: la Babylonie se révoltant fréquemment, à l’instigation et avec l’appui des Élamites, il fallut entreprendrela conquête du pays d'Élam. À l’autre extrémité de l’empire, l’Egypte poussait à la révolte la Syrie et la Palestine, et leur promettait son secours: Sennachérib dut venirravager le royaume de Juda, rançonner Ézéchias, battreles Egyptiens à Altakou, menacer Jérusalem. IV Reg., xviii, 13-xix, 36. À la suite du désastre inattendu qu’ilessuya en Palestine, il quitta précipitamment le pays, sanspoursuivre plus loin sa vengeance contre Juda et l’Egypte,

et alla se consoler de son échec en guerroyant sur les autresfrontières de son empire, et en se construisant un magnifique palais à Ninive, qui devint désormais, jusqu'à la finde la monarchie, le séjour préféré des monarques assyriens. Sennachérib ayant été assassiné par deux de sesenfants, Adrammélech et Sarasar, IV Reg., xix, 37, Asarhaddon (681-668) succéda à son père, après avoir expulséles parricides: tout en maintenant les conquêtes de sesprédécesseurs, il envahit et pilla l’Egypte, vainement défendue par. Tharaca, prince éthiopien de la xxv s dynastie, et établit des garnisons assyriennes dans les principalesvilles. Il tenta aussi de s’annexer l’Arabie, mais les désertset le climat l’empêchèrent d’y asseoir sa puissance d’unemanière durable. Parmi les rois ses tributaires, il mentionne Manassé, roi de Juda, fils d'Ézéchias. Une révolteayant éclaté en Egypte en 668, Asarhaddon remit le pouvoir à son fils Assurbanipal (668-625 [?]), se contentantde la Babylonie, qu’il gouverna jusqu'à sa mort, arrivéeun an plus tard. Durant son long règne, Assurbanipal dutrecommencer presque toutes les conquêtes de ses prédécesseurs: l’Egypte, soulevée successivement par Tharaca, Néchao et Ourd-Amen, fut reprise de nouveau et sévèrement châtiée; l'Élam fut écrasée, et ses principalesvilles, la capitale surtout, Suse, furent ravagées de fondeh comble. La Babylonie eut le même sort. Après la mortd' Asarhaddon, Assurbanipal lui avait, donné pour roiSamaS-sum-ukin, son propre frère. Celui-ci, ayantsuscité contre son aîné une formidable coalition de tousles royaumes tributaires de l’Assyrie, vit ses alliés battusles uns après les autres, ne put se défendre en Babylonie, fut pris et brûlé vif. Manassé de Juda, qui avait trempédans le complot, eut son royaume ravagé, fut lui-mêmepris et chargé de chaînes, conduit à Babylone; puis, contre toute attente, réintégré sur le trône. II Par, , xxxiii, 11-13. Grâce à cette énergie indomptable, soutenue parquelques actes d’utile clémence, Assurbanipal maintintpresque partout son autorité. Mais ce qui le rendit surtoutcélèbre, ce furent ses constructions magnifiques à Niniveet ses travaux littéraires; il profita de ses conquêtes enBabylonie pour y rechercher et faire transcrire les textesanciens, et il déposa toutes ces copies dans la bibliothèquede son palais, à Ninive.

B eut pour successeur son fils ASur-etil-ilani ( 625 [?] - [?])Ce prince, au lieu d’une succession brillante, recevaiten réalité un empire épuisé, qui succombait sous le poidsde toutes ces conquêtes; les Assyriens ne savaient pas tirerparti de leurs victoires pour fonder d'établissem*nt durable, et il fallait recommencer la guerre à chaque règne nouveau, sur toutes les frontières de l’empire. Vainement changeaiton les dynasties régnantes pour investir dç l’autorité lescréatures des Assyriens, comme Osée d’Israël; les exigencesdu suzerain rendaient toujours fréquentes les révoltesdes vassaux. Le système de la déportation en masse, silargement pratiqué, ne donna pas de meilleurs résultats: les transportés restaient toujours des rebelles, prêts à fairecause commune avec les ennemis de l’Assyrie; et ceuxqui échappaient à la déportation, et qui formaient naturellement le grand nombre, n’en devenaient pas des vassaux plus attachés ni plus fidèles. Ce grand empire, forméde nationalités si diverses et si dépourvues de cohésion, devait bientôt s'écrouler. — Il est impossible de dire aveccertitude quel ennemi donna le coup décisif, car les inscriptions assyriennes nous font ici défaut, et l'Écriture nenous donne que des indications trop vagues: quant auxécrivains grecs, les découvertes assyriologiques nous ontappris à nous défier de leurs récits. Les Cimmériens, chassés d’Europe par les Scythes, envahirent l’Assyriesous un roi nommé Asarhaddon, que Lenormant, Sayceet Schrader croient postérieur à Assurbanipal. Déjà Asarhaddon Ie ', le père de celui-ci, avait battu les Cimmériens, la quatrième année de son règne, si la restitution proposéepar Winckler à la Chronique babylonienne est exacte (677); Liais les Scythes les suivirent un demi-siècle plus tard. A

cette époque (625 [?]), Ninive était menacée, assiégée mêmepar un tributaire révolté, Cyaxare ou Vvahsatara, chefdes Mèdes. L’arrivée des Scythes obligea Cyaxare à leverle siège, pour aller défendre ses propres États; mais lesenvahisseurs, grâce à leur nombre plutôt qu'à leur force, ne purent être arrêtés, et se répandirent dans la Médieet surtout dans toute l’Assyrie, plus riche et plus capabled’exciter leurs convoitises: Ninive échappa au pillagederrière ses fortes murailles; mais les autres cités assyriennes, Assur et Chalé, furent totalement dévastées; lesScythes débordèrent même sur le reste de l’Asie occidentale, et ne s’arrêtèrent qu’aux confins de l’Egypte, grâceaux prières et aux riches présents de Psammétique I er.Mais Cyaxare, leur ayant laissé le temps de s’affaiblir, recouvra son indépendance en joignant à la force la tra?hison. Quant à Assur-etil-ilani, il essayait aussi de releverl’Assyrie de ses ruines, lorsqu’il mourut, laissant le trôneà Sin-ëar-iSkun, après lequel aurait régné encoreASur-ahi-iddin II, suivant Sayce, Schrader et Lenormant.Les historiographes grecs nous ont laissé pour les derniersrois de Ninive les noms-de Saracus et Sardanapale. Ce quiparait certain, c’est que Cyaxare revint à la charge, aidédu vice-roi révolté de Babylone Nabopolassar, peut-êtreencore des Cimmériens; et, cette fois, Ninive finit parsuccomber sous leurs coups ([?] 606), entraînant danssa chute l’empire assyrien, que les deux vainqueurs separtagèrent entre eux: SchraderWhitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 443-471, qui renverse l’opinion de M. de Saulcy, Chronologie desempires de Ninive, de Babylone et dEcbatane, p. 79-80, lequel plaçait la chute de l’empire assyrien en 625; A. H. Sayce, Records of the past, 2e sér., t. iv, p. vnxiii; voir aussi Delattre, Le Peuple et l’empire des Mèdes, p. 122-125. L’Assyrie et ses conquêtes septentrionaleséchurent à Cyaxare; tandis que celles du sud, l'Élam, lavallée de l’Euphrate et la Syrie firent partie de la monarchie babylonienne, dont elles subirent désormais toutesles vicissitudes; quant à Ninive, les menaces des prophètes, Tobie, xiv, 6; Nah., ii-m; Sophon., ii, 13, reçurent un accomplissem*nt si littéral, que, deux cents ansplus tard, on ne connaissait déjà plus d’une manière certaine son emplacement.

C’est seulement en ce siècle qu’on découvrit ses ruines, sous les tells ou collines artificielles, formés par l'éboulement de ses palais et de leurs épais murs de briquecrue. Sur les indications du secrétaire de la Société asiatique de Paris, J. Mohl, qu’avaient vivement frappéquelques poteries et inscriptions cunéiformes rapportéesantérieurement de Mésopotamie par l’Anglais Rich, EmileBotta, agent consulaire français à Mossoul, pratiqua desfouilles à Koyundjik et à Khorsabad (1842-1845); ces dernières mirent au jour le palais du roi Sargon et l’ancienneville de Dour-Sargani (Khorsabad), dont V. Place acheval’exploration (1851-1855); l’Anglais Austin Layard, ayantrepris les fouilles de Koyundjik, que Botta avait laisséesinterrompues, découvrait Ninive et ses nombreux palais; d’autres excavations pratiquées par le même explorateurà Nimroud et à Kaléh-Sergat rendaient à la lumièrel’ancienne Halah, la Chalé biblique, et Assur, la première capitale de l’Assyrie (1845-1847, 1849-1851). LesAnglais W. K. Loftus (1852-1853) et George Smith(1873, 1874, 1876), ainsi que l’indigène Hormuz Rassam(1852-1854, 1878), achevèrent ces importantes découvertes. Le musée du Louvre a tiré ses principales antiquités assyriennes de Khorsabad, tandis que les richesgaleries du Musée Britannique de Londres doivent surtoutleurs trésors à Ninive.

Pour juger équitablement l’Assyrie, il ne faut pas laséparer de la Babylonie, sa mère patrie, à laquelle ellese rattache par une communauté d’origine, de développements et d’action extérieure. Sans doute on peut accuserles Assyriens d’avoir trop aimé la guerre, et de s’y êtrelaissé entraîner à des actes de cruauté; mais ce reproche 1-JG9

ASSYRIE — ASSYRIENNE (LANGUE)

1470

retombe à peu près également sur tous les peuples de lahaute antiquité. Au point de vue politique, l’Assyrie jouaun rôle prépondérant dans la formation des grands empires asiatiques, dans lesquels la force armée servait, volontairement ou à son insu, à étendre les relations depeuple à peuple et à propager la civilisation. Au pointde vue commercial, industriel ou artistique, elle entretintd'étroites relations avec la Syrie, la Phénicie, les coloniesgrecques de l’Asie Mineure, les Héthéens et l’Arménie, desorte que son influence se fit sentir jusqu’en Europe; directement ou indirectement, elle marqua de son empreinte les origines de l’art grec. L’art assyrien, sansêtre parfait, produisit des œuvres remarquables. C’estaussi de la Mésopotamie que vinrent aux Grecs les rudiments de presque toutes les sciences, non seulement àl'époque de la conquête de Babylone par Alexandre, maisdès leurs premiers établissem*nts en Asie Mineure. Enfinil ne faut pas oublier que c’est surtout grâce aux scribesassyriens et à leurs tablettes d’argile que la littératuresi considérable et si intéressante de cette époque, tantbabylonienne qu’assyrienne, nous a été conservée; commec’est aux sculpteurs de Ninive, de Khorsabad, de Chaléet d’Assur, bien plus, qu’a ceux de Babylone, que nousdevons des trésors archéologiques incomparables: et l’onse sentira porté à se montrer moins sévère pour l’empiredes Assyriens.

Voir, outre les auteurs indiqués pour chaque règne ouchaque événement particulier: H. Rawlinson, Outlinesof Assyrian History from the inscriptions of Nineveh, Londres, 1852; G. Rawlinson, The five great Monarchiesof the ancient Eastern warld, Londres, 1879, t. i et n: Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions andthe Old Testament, Excursus on chronology, t. ii, p. 160-175; J. Oppert, Histoire des empires de Chaldéeet d’Assyrie, d’après les monuments, Paris, 1866; Sayce, Synchronous history of Assyria and Babylonia, Londres, 1873; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, traduiteset mises en ordre sur le texte assyrien, Paris, 1874; G. Smith, The Assyrian Eponym Canon, Londres, 1876; Assyria, from the earliest times to the fall of Nineveh, Londres, 1877; Lenormant-Babelon, Histoire anciennedes peuples de l’Orient, Paris, 1885-1887; Fr. Hommel, Geschichte Babyloniens und Assyriens, 1885; Tiele, Babylonisch - assyrische Geschichte, Gotha, 1886-1888; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1886. Voir les textes, transcriptions, traductions, dans TheCuneiform Inscriptions of Western Asia; Transactionsand proceedings of the Society of Biblical Archseology, Londres; Eb. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, Berlin, et dans les autres collections indiquées ci - dessus.

E. Pannier.

    1. ASSYRIEN##

ASSYRIEN, habitant de l’Assyrie. La Vulgate emploie très souvent ce mot, mais il n’a pas d'équivalentdirect dans le texte original. L’hébreu emploie sans exception le mot 'Assur, pour désigner soit l’Assyrie, Gen., ii, 14, etc., soit collectivement ceux qui l’habitent. Is., xix, 23, etc. Notre version latine a emprunté le mot ethnique «Assyrie» aux Septante, qui ont aussi fréquemment traduit l’hébreu 'Assûr par 'Aærupt’o; . Gen., ii, 14; xxv, 18, etc. Voir Assyrie.

    1. ASSYRIENNE##

ASSYRIENNE (LANGUE). L’assyrien fait partiede la famille des langues sémitiques. Cette famille delangues, ainsi désignées parce que la plupart des peuplesqui les parlaient sont issus de Sem, Gen., x, 21-31, separtage en deux groupes: le groupe sémitique du nordet le groupe sémitique du sud. L’assyrien appartient augroupe du nord. Il a sa place marquée entre l’hébreu etl’araméen; plus voisin cependant de l’hébreu que de l’araméen, qui déjà, par la dentalisation des sifflantes, se rapproche davantage de l’arabe, et peut être regardé commela transition entre les idiomes du nord et les idiomes dusud.

On a distingué en assyrien deux dialectes: le dialecteninivite et le dialecte babylonien, qui présentent entreeux certaines différences: par exemple, la confusion enbabylonien des consonnes fortes et des consonnes doucesb et p, d et f, s et z, k et g. Ainsi qu’on le voit, le termede «langue assyrienne» est impropre, l’Assyrie n’ayantjamais servi à désigner, dans l’histoire, que le royaumequi eut pour capitale Ninive. Le terme de langue assyrobabylonienne conviendrait mieux. Cette dénominationaurait le double avantage de répondre à la fois à la séparation des dialectes et à leur distribution géographiqueelle-même.

I. Extension. — La langue assyro-babylonienne étaitparlée à Ninive et à Babylone, tout le long des rives duTigre et de l’Euphrate, depuis le golte Persique jusqu’auxmontagnes d’Arménie.

IL Durée. — Cette langue nous offre l’exemple d’unevitalité prodigieuse. Sans doute l'état actuel de nos connaissances ne nous permet pas de marquer d’une façonprécise ses lointaines origines; mais du moment où nouspouvons la saisir, c’est-à-dire environ 4000 ans avantJ.-C, elle nous apparaît comme entièrement constituée.Historiquement, elle a persisté pendant quarante siècles, presque sans subir de variations. Quand elle eut cesséd'être la langue officielle et ne fut plus employée dans lesinscriptions royales, elle demeura longtemps encore lalangue courante et servit pour la rédaction des contratsprivés. Nous possédons les inscriptions de Sargon d’Agadé, qui, d’après certains documents, remontent peut-être à3800 ans avant J.-C, et nous trouvons des contrats privésjusque sous les Arsacides, vers la fin du I er siècle de l'èrechrétienne.

III. Écriture. — Les signes qui ont servi à l’expression de la langue assyro-babylonienne se rattachent à unsystème d'écriture absolument différent de celui des autreslangues sémitiques. Tout d’abord leur origine est diverse.L'écriture phénicienne et, par son intermédiaire, la plupart des écritures sémitiques, dérivent du système hiéroglyphique des Égyptiens. Voir Alphabet. L'écriture assyrobabylonienne, au contraire, procède directement du système hiéroglyphique des Chaldéens. De cette diversitéd’origine découlent des différences multiples, soit dansla direction de l'écriture, soit dans la forme extérieureet la structure intime des signes. D’abord l'écriture assyrobabylonienne se lit non plus de droite à gauche, maisde gauche à droite. En outre, les caractères qui la composent ne sont pas formés de traits et de ligatures diversem*nt combinés, mais d’un élément unique, le clou ou

coin, |, *_—, produisant, suivant la disposition et le

nombre même des éléments, des assemblages plus oumoins complexes: d’où le nom de cunéiformes, donnéaux écritures de ce type. Enfin ces signes sont syllabiques, c’est-à-dire qu’ils expriment un groupe de lettres, unevoyelle avec une ou plusieurs consonnes, à la différencedes signes alphabétiques, qui expriment une seule lettre, une consonne ou une voyelle. Quelquefois ils sont purement idéographiques, c’est-à-dire qu’ils reproduisentl’objet lui-même, soit directement, soit indirectementau moyen d’un symbole. Par suite, le syllabaire assyrobabylonien est bien autrement compliqué que l’alphabetphénicien. Il ne comprend pas seulement vingtdeuxconsonnes, mais bien plusieurs centaines de signes, représentant des syllabes ou des idéogrammes, le plussouvent l’un et l’autre à la fois. Comment s’est produite une telle complication, il est aisé de l’expliquer.En effet, à chaque hiéroglyphe répondait primitivementun mot unique; mais, par un besoin de simplification, ile même signe ne tarda pas à désigner plusieurs mots lsynonymes ou de sens voisin. De ces valeurs idéographiques elles-mêmes dérivèrent des valeurs syllabiquessimples ( une consonne précédée ou suivie d’une voyelle: ab, ki, ru) ou complexes (une voyelle comprise entre un

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ASSYRIENNE (LANGUE)

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deux consonnes: bat, mit, tum). Soit, par exemple, lesigne formé de plusieurs traits entre-croisés, représentant une étoile, p > ^[<f — À ce si ë ne correspondent les

valeurs idéographiques: kakkabu, «étoile;» ëamu, Samie, «ciel;» Anu, «le dieu suprême;» ilii, «dieu;» et la valeursyllabique simple an (dérivée visiblement de Anu). Autreexemple: soit le signe figurant un triangle, une surface

limitée et terminée par un sommet, ^V4. À ce signe correspondent les valeurs idéographiques: matu, «pays;» kuru, kurtu, «région;» Sadu, «montagne;» kasadu, «posséder, conquérir;» ktëittu, «propriété;» napahu, «s'élever;» niphu, «lever» (en parlant du soleil), et lesvaleurs syllabiques complexes mat, kur, Sat (abrégéesde matu, kuru, kurtu, sadu), lat, mit (dont l’origine estinconnue). Qu’on ajoute à cette polyphonie la polymorphie, — car chaque signe a subi, au cours des temps, denombreuses modifications, qui souvent, d’une inscriptionà l’autre, le rendent méconnaissable, — et l’on aura uneidée des difficultés de la lecture et du déchiffrement del’assyrien.

IV. Caractères. Affinités et différences Avec lesautres langues SÉMITIQUES. — La langue assyrobabylonienne offre les principaux traits caractéristiques deslangues sémitiques: trilittéralité des racines, riche gradation des lettres gutturales, rôle prépondérant des consonnes dans la constitution des mots, nuances de sensamenées par le déplacement des voyelles, pauvreté destemps du verbe, dualité des genres, addition de préfixeset suffixes, absence de composés, simplicité de la syntaxe.

Outre ces caractères, communs à tous les idiomes sémitiques, elle présente certaines particularités remarquables, qui constituent son originalité et lui font une place à partdans ce groupe de langues. Nous noterons seulement lesprincipales: 1° Chute des lettres emphatiques, ', ii, ii, '.Exemples: hébreu, 'âh; assyrien, al}U, «frère;» héb., hâlak; ass., alaku, «aller;» héb., râhôq; ass., rûqu, «lointain;» héb., 'ârab; ass., erebu, «entrer.» —2° Suppression des diphtongues. Ex.: héb., bait; ass., bitu, «maison.» — 3° Changement de S en l devant lesdentales d, f, t, et en s après ces mêmes lettres. Ex.: altur ( pour asfur), «j'écrivis;» lubultu ( pour lubuStu), «vêtement;» belutsu (pour belutsu), «sa seigneurie.» — 4° Dans les noms, substantifs ou adjectifs, la terminaison en u souvent complétée par l’addition dela lettre finale m ou mimmalion ( la mimmation seretrouve en sabéeri dans les noms propres, et devienten arabe la nunnalion): Sarru, «roi;» sarrum-ma, «le roi aussi;» les cas obliques marqués par les désinences i au génitif et a à l’accusatif (on les rencontreaussi en arabe): sarri, «du roi;» Sarra, «le roi;» l'étatconstruit (il n’existe que dans les langues sémitiquesdu nord, hébreu et araméen): sar (mat) Assur, «roid’Assyrie;» la terminaison du pluriel en âni ou ê: ilàni, o les dieux;» samie, «les cieux.» — 5° Dans le pronompersonnel, la forme anaku, pour la première personne(elle s’est conservée dans l’hébreu 'dnokî et est tombéedans les autres langues sémitiques), et, pour la troisièmepersonne, les formes Su, Si, au lieu de hû', M' (elles ontpersisté dans le dialecte minéen). — 6° Dans le verbe, leprétérit caractérisé par des préformantes, iskun, taSkun, etc. (à la différence des autres langues sémitiques, où leprétérit est caractérisé par des adformantes; hébreu: qâpal, qâflâh, etc.); le temps du permansif (il ne seretrouve pas ailleurs) sakin, saknat, etc.; le schaphel, conjugaison de sens causatif, usâskin, tusâskin, etc.; lesformes verbales dérivées obtenues par l’insertion des deuxconsonnes t et ii, eomme Viphtanaal, Vuphtanaal, etc.— 7° La formation ordinaire des adverbes par l’accessionde la finale is: rab-is, «grandement;» agg-is, «fortement, s — 8° Le remplacement des prépositions sémitiques ordinaires be, le, par les prépositions originales: ina, «dans;» ana, «vers.»

V. Développement littéraire. — La littérature assyrienne avait produit des œuvres importantes et nombreuses, si l’on en juge par les fragments considérablesque nous ont révélés, en moins d’un demi-siècle, deBotta à M. de Sarzec, les fouilles opérées à Ninive, àBabylone et dans la basse. Chaldée. Les inscriptions quinous ont été conservées sur ces fragments, bas-reliefs, prismes ou cylindres, tablettes, sont de nature fort diverse.Elles comprennent: 1° des documents historiques qui ontpermis de reconstituer, sauf les lacunes, les annales desrois de Babylone et d’Assyrie, depuis Sargon d’Agadé etNaram-Sin (vers 3800 avant J.-C.) jusqu'à Nabonide(538 avant J.-C); — 2° des contrats d’intérêt privé quinous renseignent exactement sur les institutions, mœurset coutumes; — 3° des grammaires et lexiques, des recueils de littérature, mythologie, magie, statistique et droitcivil, des traités de sciences naturelles et mathématiques, des livres d’astronomie et d’astrologie, enfin des piècesd’archives (tout cela constituant le fond même de la bibliothèque d’Assurbanipal); — 4° toute une littérature épistolaire inscrite sur de nombreuses tablettes, dont les plusimportantes, découvertes à Tell el-Amama, en 1887, contiennent la correspondance des rois et satrapes orientaux avec Aménophis III et Aménophis IV.

Ces documents ont été dispersés, au hasard des découvertes et des acquisitions, dans les divers musées d’Europe. Dans ce partage des antiquités assyro-babyloniennes, un lot important est échu au musée du Louvre; mais auBritish Muséum est dévolue sans contredit la meilleurepart. C’est là que se trouvent réunis les débris de lafameuse bibliothèque d’Assurbanipal, qui à eux seulsforment une masse de plus de cent mètres cubes, et dontle contenu représente environ cinq cents volumes de cinqcents pages in-quarto.

VI. Utilité de la langue assyro-babylonienne pourles études bibliques. — Elle est d’un précieux secourspour l’interprétation littérale et critique de la Bible. Voiciquelques exemples:

1° Pour l’interprétation littérale. — 1° Dans le récitdu déluge, la plupart des interprètes ont donné au termesohar, Gen., vi, 16, le sens de «fenêtre», et y ont vu unsynonyme de halôn. Gen., viii, 6. Quelques-uns cependant, s’appuyant sur l’arabe zahr, lui attribuaient la signification de «dos, toit», et le rapprochaient de miksêh.Gen., viii, 13. L’assyro-babylonien siru, «dos, plaine,» estvenu confirmer cette dernière interprétation, qui d’ailleurss’accorde parfaitement avec le contexte. — 2° Avant ledéchiffrement des textes assyro-babyloniens, on n’avaitpas bien compris le mot 'orên, qui se trouve une seule foisdans Isaïe, xliv, 14. Les Septante avaient traduit iutuç, et la Vulgate pinus. On savait donc seulement que ce motdésignait «une sorte de pin». Or rien de plus fréquent, en assyro - babylonien, que le terme erinu, avec le sensde «cèdre». Orèn doit être entendu de même. C’est unsynonyme de 'êrêz, qui, en hébreu, est le terme ordinairepour exprimer l’idée de «cèdre». — 3° Le passage suivant, I Esdr., iv, 13: Mindàh belô vahâlâk la' întenûnve’aptôm malkîm (ehanziq, avait été jusqu’ici mal rendupar les interprètes. Dans ce seul membre de phrase, ilsn’avaient pas pu rendre compte de la vraie significationdes mots mindah, belô et ve’aptôm. Ils attribuaient àmindàh le sens de «mesure», en rattachant ce mot à laracine mâdad, «mesurer.» En nous fondant sur les formesassyro-babyloniennes correspondantes madatu, mandatu(pour mandantu), _s& rattachant à la racine nadânu, «donner,» nous arrivons pour mindàh au sens de «contributions». Quant au terme belô, on le dérivait de bâlàh, «vieillir, périr, consumer;» puis, en rapprochant d’unemanière forcée les mots «consumer, consommer,» enfaisant un véritable calembour, on lui découvrait la signification de «redevances en nature». Or belô désigne tout

simplement «un tribut, un impôt», ainsi que l’assyrobabylonien biltu, dérivé de la racine abâlu, «apporter.» Mais, entre ces divers mots, le dernier, ve’aptôm, a eusans contredit la fortune la plus singulière. Il est curieuxde noter les vicissitudes qu’il a subies, au cours des temps, dans l'œuvre des traducteurs et commentateurs, depuisles plus anciens ( Septante, Vulgate, syriaque), qui setiraient de la difficulté en sautant le mot, pour n’avoir pasà le traduire, jusqu'à Gesenius lui - même, qui lui trouveun équivalent dans le pehlvi afdom, «fin;» avdom, «dernier,» et le perse fd’m. Voir Gesenius, Thésaurus lingusehebrsese, p. 143. Or ce terme doit être rapproché de l’assyrien anapiti-ma, contracté en apitima (cf. ammini, «pourquoi,» contracté de ana mini) et de l’hébreu pif om.Il dérive de la racine sémitique pd(a', pâfah, pâtal}, pâfa' (elle existe sous ces diverses formes), qui exprimel’idée «d’ouvrir, de commencer». 'Apfôm doit se traduire «dès l’abord, aussitôt». D’après ces indications, lesens de la phrase est celui-ci: «S’ils ne payent pas lesredevances, le tribut et les droits commerciaux, ce serad’abord, pour les rois, un réel dommage.»

2° Pour l’interprétation critique. — Certains exégètes, frappés de la similitude qui existe entre la langue du Pentateuque et celle des Psaumes et des Prophètes, prétendenttirer de là une confirmation en faveur de la thèse qui assigneune date relativement récente à la composition de ce livre.Ils ne peuvent comprendre que la langue hébraïque, deMoïse à Jérémîe, ait subi si peu de variations. Cet argument doit être définitivement abandonné. En effet, la fixitéde l’hébreu n’est pas un phénomène isolé dans l’histoiredes langues sémitiques. L’assyrien, comme nous l’avonsdit plus haut, est resté sensiblement le même durant quarante siècles. La comparaison d’Horace, Ars poet., 60-62:

Ut silvaB foliis pronos mutante in annos, Prima cadunt; ita verborum vêtus interit âetas, Et juvenum ritu florerit modo nata vigentque,

ne peut être appliquée qu'à nos langues occidentales; elle ne saurait être étendue aux langues sémitiques.

L’emploi de tel ou tel mot, moins encore, de telle outelle forme orthographique, peut nous renseigner sur laprovenance d’un morceau, sur son caractère d’antiquitéou de modernité. Voici deux exemples empruntés àM. J. Halévy: 1° Dans une étude sur Noé, le déluge etles Noahides (Recherches bibliques, 13e fasc., xxrv), cesavant a cru découvrir une preuve de l’origine babylo' nienne du récit biblique dans l’exacte correspondance desmots hébreux gofêr, tébah, kofêr, avec les mots babyloniens giparu, «espèce de roseau;» tebitu, «sorte devaisseau;» kupru, «bitume» (ce dernier mot est ici particulièrement significatif: il désigne d’une façon spécialelé bitume babylonien, par opposition au mot hémâr, Gén., xiv, 10; Exod., ii, 3, qui sert à désigner le bitume palestinien ou égyptien). — 2° Ailleurs, dans ses Notes surquelques textes araméens du Corpus inscriptionum semiticarum (Recherches bibliques, 11e fasc), ce même savanta relevé minutieusem*nt, d’après des inscriptions remontant au ixe siècle avant notre ère, comme date inférieure, les formes orthographiques anciennes pour des mots telsque frs, «demi-mine» (n° 10); sqln, «sicle» (n° 13, passim); 'H, «femme» (n° 15), et constaté que la transformation de la chuintante primitive en sifflante (frs aulieu de frS) ne s’est effectuée que lentement. Or une telleremarque est immédiatement vérifiable dans les livres durecueil biblique. Nous avons de cela un exemple frappantpour le mot shd (ce mot a été heureusem*nt conservésur un texte entièrement fruste, n" 35), orthographiéavec s, comme le Sâhâdûtâ' du passage araméen de laGenèse, xxxi, 47; cf. Job, xvi, 19, et non avec un s (shd), forme usuelle de Paraméen postérieur. Voir F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., 1. 1, p. 402; Frd. Delitzsch, The Hebrew language viewed in the lightof Assyrian research, in-12, Londres, 1883.

VII. Bibliographie. — 1° Syllabaires. — Schrifttafel, dans Frd. Delitzsch, Assyrische Lesestûcke, in-4°, Leipzig, 1™ édit., 1876; 2e édit., 1878; 3e édit., 1885; Schrifttafelet Zeichensammlung, dans P. Haupt, Accadische undSumerische Keilschrif texte, in-4°, Leipzig, 1881-1882; Amiaud et Méchineau, Tableau comparé des écrituresbabylonienne et assyrienne archaïques et modernes, in-8°, Paris, 1887; Brûnnow, À classified list of ailsimple and compound cuneiform ideographs, in-4°, Leyde, 1889.

2° Grammaires. — Sayce, Assyrian grammar, in-4°, Londres, 1™ édit., 1875; 2= édit., 1883; Frd. Delitzsch, Assyrische Grammatik, in-12, Berlin, 1889.

3° Dictionnaires. — Norris, AssyrianDietionary(inachevé), 3 in» 4°, Londres, 1868-1872; P. Strassmaier, Alphabetisches Verzeichniss der assyrischen und accadischen Wôrter, in-4°, Leipzig, 1882-1886; Frd. Delitzsch, Assyrisches Wôrterbuch ( en voie de publication), in-4°, Leipzig, 1887-1888.

4° Textes. — Frd. Delitzsch, Assyrische Lesestûcke(1876, 1878, 1885); Layard, Inscriptions in the cuneiformcharacter, in-f°, Londres, 1851; H. Rawlinson, The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, in-f", Londres, 1861, 1866, 1870, 1875, 1880-1884; F. Lenormant, Choix detextes cunéiformes inédits ou incomplètement publiésjusqu'à ce jour, 3 fasc. in-4°, Paris, 1873-1875; P. Haupt, Accadische und Sumerische Keilschrif texte (1881-1882); Pinches, Textsin the babylonian Wedge-writing, in-8°, Londres, 1882; P. Haupt, Das Babylonische Nimrodepos, in-4°, Leipzig, 1884-1891; Mittheilungen aus den Orientalischen Sammlungen. Heft i, ii, in: Der Thontafelfund von El Amarna, par W’inckler et Abel, 3 fasc.in-f», Berlin, 1889-1890. J. Sauveplane.

1. ASTAROTH (hébreu: 'ASfârôf, féminin pluriel de'Astôrét, déesse des Phéniciens). La Vulgate a employéquelquefois ce nom comme un pluriel, pour désigner engénéral les déesses adorées par les Phéniciens, en compagnie de Baal, Jud.^ iii, 17 ( hébreu: 'âsêrôt); x, 6; I Reg., vii, 3, 4; xii, 10; d’autres fois, elle l’a employécomme substantif singulier, IV Reg., xxiii, 13 (hébreu: 'Astôrét) et aussi, d’après plusieurs commentateurs, Jud., ii, 13, et I Reg., xxxi, 10; dans ces deux passages, le texte original porte 'Astarôf, comme la Vulgate, cequi doit s’entendre d’une seule idole, d’après les uns, et de plusieurs, selon les autres. C’est là, d’ailleurs, unequestion sans importance. Astoreth ou Astaroth est ladéesse qui est appelée Astarthé dans la Vulgate, III Reg., xi, 5, 33. Voir Astarthé.

2. ASTAROTH (hébreu: 'ASfârôf; Septante: 'A<rrapi£6), ville de Basan, résidence du roi Og, Deut., i, 4; Jos., ix, 10; xii, 4; xiii, 12; plus tard assignée à la tribude Manassé, Jos., xiii, 31, enfin mentionnée comme villelévitique, dans I Par., vi, 56 (et dans Jos. xxi, 27, sousla forme Bosra; Septante: BEsaŒpa; hébreu: be'ésferâh, peut-être pour Bêf'ésferâh, «maison d’Astarté.» VoirBosra).

Nous lisons en outre, Gen., xiv, 5, que Chodorlahom*oret ses alliés défirent les Réphaïtes à Astaroth - Camaïm(hébreu: 'Asferôt Qarnaïm; Septante: 'A<rrap(16 Kapvai’v; Codex Vaticanus: 'Adrapwfj x «i Kecpvatv). Carnaïmseul (grec: Kotpvaïv) est mentionné I Mach., v, 26, 43, 44; II Mach., xii, 21, 26 [Camion, Kotpvîov), et Josèphe, Ant. jud, , XH, viii, 4, comme une ville fortifiéeet d’un accès difficile. Judas Machabée néanmoins s’enrendit maître. Un temple, qui paraît avoir eu une certainecélébrité, fut brûlé à cette occasion. — Astaroth, AstarothCarnaïm et Camion sont-ils une seule et même ville oudes villes différentes? La question est controversée.

V Onomasticon d’Eusèbe, traduit par saint Jérôme, distingue Astaroth, résidence d’Og, d' AstarothCarnaïm. Lapremière ville y est mentionnée comme étant à six milles

(neuf kilomètres) d’Adraa (Édrei, aujourd’hui Der'ât); la dernière, par une erreur assez singulière, y est placéedans les environs de la mer Morte, in supercilio Sodomorum. Cependant le même article mentionne deuxvillages du même nom d’Astaroth, en Batanée, situés àneuf milles l’un de l’autre, entre Adara et Abila. Ailleursle même livre nous apprend que Carnaïm-Astaroth étaitalors (IVe siècle) «un grand village», appelé Carnæa, là, ajoutent-ils, d’après la tradition, on montre la maison deJob. Et c’est pour vénérer le tombeau de ce saint pahiarche que sainte Sylvie, vers 387, fit le pèlerinage deCarneas. (Peregrinatio, édit. Gamurrini, p. 56 et suiv.)Malheureusem*nt le seul manuscrit que nous ayons decet intéressant «Pèlerinage» présente ici une regrettablelacune.

Le Talmud babylonien (Soukka, 2 a; voir Neubauer, Géographie du Talmud, p. 246) met Astaroth-Carnaïmentre deux hautes montagnes qui y répandaient beaucoupd’ombre: interprétation fantastique du mot Qarnaïm = «deux cornes» (voir Buxtorf, Leodcon, au mot 'Astarôf). Dans un autre traité talmudique (Pesikta rabbatha, ch. xvii, dans Neubauer, Géographie, p. 258, 276), unKefar-Qarnaïm est mis en relation avec l’histoire de Job.— Ajoutons que d’après Trochon (Introd., t. ii, p. 273), les célèbres listes géographiques de Thothmès III mentionnent une ville d’Astartu.

Des savants éminents, récemment encore R. von Riess, Bibelvtlas, 2e édit., p. 3, ont pensé que tous ces renseignements n’ont trait qu'à une seule ville, qu’ils placentsoit à Tell el - As’arï, soit à Tell 'Astarâ: deux anciennesruines dans le Hauran occidental, à peu de distanceà l’ouest du «chemin des Pèlerins» (de la Mecque), entre Naouâ au nord et El-Mozeirïb au sud. (Pour lesnoms nous suivons l’orthographe de Schumacher, quid’ordinaire est très exact; notons néanmoins que surles lieux j’ai entendu prononcer El-'Asâri pour El-As’arl.Cependant la dernière forme est aussi donnée par Wetzstein.)

Le Tell el-AS’ari est une colline artificielle qui s'élèveà 25 ou 30 mètres sur la plaine environnante, et à470 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sur le sommet, on remarque une dépression de terrain qui courtdu centre à l’extrémité méridionale, — et c’est dans lesdeux pointes ainsi formées des deux côtés que Schumacher a voulu voir les deux cornes qui auraient donné àAstarolh le surnom de Carnaïm, «Astaroth aux deuxcornes.» — La colline est occupée par un petit village denègres: en 1885, Schumacher y comptait une cinquantaine de huttes; mais, en 1890, on ne me parlait plus quede vingt familles. C’est le seul village de Syrie où les habitants m’aient dit qu’ils n’avaient pas de bétail. D’aprèsleur témoignage, cet endroit n’est habité que depuis dixans. Les gens y sont venus de Seih Sa’d. (Voir ci-dessous.)

Les ruines anciennes, dispersées sur le reste du plateau, ne sont que des pierres informes de nature basaltique.On y découvre néanmoins les restes d’un mur qui sembleavoir entouré le sommet, à l’exception peut-être du côtéouest et nord-ouest, où il était protégé naturellement parle profond Ouadi el-Ehreir, aux flancs presque perpendiculaires. M. Schumacher a trouvé les traces d’un secondet même d’un troisième mur de défense au pied méridional de la colline; et de nombreux vestiges d’ancienneshabitations, dispersées de ce côté dans la plaine, le fontincliner à chercher là l’ancienne ville, dont le tell n’aurait été que l’acropole. Maintenant ce terrain est couvertde petit* jardins et de vignes, où les anciens débris finiront bientôt par disparaître. J’y ai cherché en vain unepierre basaltique avee une inscription arabe, mentionnéepar le même explorateur.

Plus loin, vers le midi, se trouve le Bahret el-AS’art, espèce de petit lac ou plutôt de marais, d’où sort un ruisseau qui ne tarit jamais, et qui, après avoir fait tourner

un moulin, tombe par jolies cascades dans l’ouadi, oùil continue à couler et où il est grossi, à quelque distancedu marais (toujours vers le midi), par une source, le'Aïn el-Modjâ'ibé: ces eaux s arrosant un sol admirablement fertile, expliquent à merveille pourquoi l’hommes’est établi très anciennement dans ce heu. À l’est de lacolline et à très peu de distance, on remarque un monceau considérable de pierres, restes informes d’un édificedont la tradition du pays fait des thermes et un mausolée; la crédulité populaire croit même que les trésors des califesommyades y sont enfouis.

En partant d’ici vers le nord-est, pour traverser l’Ouadiel-Ehreir sur le djisr (pont) du même nom, on suit jusqu'à la Route des Pèlerins le tracé d’une belle voie romaine. Pour arriver à Tell 'Astarâ, il faut| de nouveauquitter le grand chemin, car le tell se trouve directementau nord du précédent, à une distance d’environ sept kilomètres. Il doit avoir à peu près la même hauteur et lamême étendue. Sa plus grande dimension est du nord ausud. Ici une dépression bien marquée court dans la mêmedirection, sur toute la longueur du plateau. Les ruinesaussi ont le même aspect général, mais les pierres, donton a bâti quelques enclos pour le bétail, m’ont sembléplus anciennes: c’est peut-être parce que les pierrestaillées y étaient plus rares. On remarque des arasem*ntsde murs si larges, qu’on pourrait les prendre pour desruelles. À l’extrémité méridionale du plateau se voientdes restes qui paraissent être ceux d’une porte. En bas onaperçoit de ce côté des traces de fortifications, nommément d’une sorte de tour, bâtie de blocs basaltiques qu’onpourrait appeler cyclopéens. Il est vrai qu’au pied de cettecolline les débris anciens ne couvrent qu’un espace bienrestreint, en comparaison de ce que nous avons vu à Tellel-AS’arl.

Ici encore le tell est presque entièrement entouré d’eau.A l’est, c’est un ruisseau large, mais peu profond et peurapide, sortant d’une petite source située au nord du tell, le "Aïn 'Aëtarà ou 'Aïn Abou - '1 - Hammam (source dupère du bain). À l’ouest, la colline est longée par leMoyet en-Nebi Éyoub (eau du prophète Job), dont noustrouverons la source à Seih Sa’d.

Car on s’approche ici du pays traditionnel de Job. Ense dirigeant vers le nord-nord-est, on franchit après vingtminutes un petit cours d’eau; cinq minutes après, ontrouve une petite source, et après vingt autres minutes, on arrive à la partie méridionale du ëeilj Sa’d, le Merkez(centre) ou siège du Motasarrif (gouverneur) du Hauran(fig. 327). C’est un groupe d'édifices modernes, bâtisen belles pierres taillées, autour d’une place carrée d’environ cent mètres de côté: le serâya (hôtel du gouvernement) au sud, le bureau télégraphique à l’est» unecaserne au nord, et la résidence privée du Motasarrif àl’ouest. Plus loin, vers l’est, on voit les maisons des diversemployés et un petit bazar.

C’est ici que se trouvait le célèbre «couvent de Job», peut-être le plus ancien couvent du monde, bâti, selondes auteurs arabes, par le roi jefnide 'Amr I", probablement vers le milieu du IIIe.siècle après J.-C. Wetzstein, en 1860, en trouva encore des restes considérables, quiont dû faire place au Merkez. Il n’y reste maintenant quedeux pièces anciennes: l’une est dans l’angle nord-ouestet fait partie de la caserne; l’intérieur, tout badigeonnéen blanc, n’a rien de remarquable; à l’extérieur, sur lelinteau de la porte, une croix avec À et Û en attesteencore l’origine chrétienne. L’autre pièce ancienne setrouve à l’ouest de la place carrée, et porte le nom deMaqâm Éyoub, «Place de Job;» c’est là que les musulmans viennent vénérer les tombeaux du saint patriarcheet de sa femme. Malheureusem*nt ces tombeaux sont dedate très récente. On montrait encore à Wetzstein letombeau de Job là où nous allons trouver celui de SeihSa’d, c’est-à-dire à un. bon kilomètre plus loin vers-lenord. «77

ASTAROTH

4178

Là se trouve, adossé à une colline oblongue qui n’aguère qu’une douzaine de mètres de hauteur, le villagede Seih Sa’d ou Es-Sa’dîyéh, habité par deux ou troiscents nègres, dont les ancêtres auraient été emmenés icidu Soudan par le scheich (Seih) même qui a donné sonnom au pays. Le pauvre hameau n’a rien d’intéressant, si ce n’est un bon nombre de chambres souterrainesqui en attestent la haute antiquité. Au pied méridionalde la colline s'élèvent deux sanctuaires, moitié anciens, moitié modernes, et surmontés l’un et l’autre d’un largedôme. Le premier, auquel on arrive en venant du Méritez, est le maqàm ou ouéli de Seih Sa’d, où se trouvele tombeau de ce personnage avec un oratoire. Pour y

(est-ouest), surmonté à l’extrémité méridionale d’unepetite tour couronnée d’un dôme blanc. Le toit est faitde grandes plaques de basalte, et soutenu par six colonnescarrées et dix pilastres adossés aux murs, réunis ensemblepar des arcs pointus. Dans le fond méridional, on remarque un joli mihrâb (niche de pierre), flanqué dedeux petites colonnes de marbre. Malheureusem*nt l'édifice tombe en ruines; une immense brèche s’est déjà faitedans le mur oriental, et tout le pavé est couvert de débris.— Mais l’objet principal de la vénération des musulmansest la «Pierre de Job», bloc de basalte d’environ deuxmètres de haut et de plus d’un mètre de large, placé àpeu près entre les premières colonnes, en face du mihrâb.

sÉÉtï; : ; rtSSpiïi

3sr.

Vue de Seih Sa’d.

entrer, il faut traverser une grande cour plantée debeaux saules et ayant un bassin au milieu. C’est bienl’ancien sanctuaire de Job, le Maqâm Eyoub de Wetz"stein, où le tombeau du patriarche de l’Ancien Testament se vénérait alors, à côté de celui du seih soudanais. Mais celui-ci, en abusant de l’hospitalité repue, a fini par chasserJob de son propre ouéli, pour se l’approprier tout seul. Cependant l’autre sanctuaire, situé toutprès vers l’est, porte encore son nom: c’est le HammamEyoub, «bain de Jeb.» Là, dit-on, le grand patriarchevenait se baigner. L’eau y vient d’une source abondante, située à peu de distance, également au pied de la colline.Cette «source de Job» fournit aussi l’eau nécessaire auvillage, arrose les jardins bien cultivés qui se trouventau midi et à l’ouest, et donne encore naissance au ruisseauque nous avons rencontré près de Tell 'Astarâ, sous lenom de Moyet (en-nebi) Éyoub.

Enfin, au-dessus du village, à l’extrémité sud-est de lacolline, on aperçoit de bien loin la mosquée du SahretEyoub (Pierre de Job), édifice rectangulaire de plus detreize mètres de long (nord-sud) et dix mètres de large

C’est la pierre, — diton, — qui servait d’appui au saintpatriarche, «au jour où il 'était visité par Dieu.» En réalité, c’est un monument égyptien représentant le roiRamsès II dans l’acte de sacrifice ou d’adoration devantun dieu portant la double couronne. Nous ne saurionsdouter que c’est la même pierre qui est mentionnée déjàpar sainte Sylvie, et qu’on disait alors avoir été trouvéesur le tombeau du saint patriarche. C’est pourquoi nouspensons que ce sanctuaire-ci doit être le plus ancien, d’autant plus que, selon Wetzstein, il est vénéré aussipar les rares chrétiens du Hauran. La mosquée actuellenéanmoins nous paraît être d’origine musulmane. Dureste tous ces souvenirs de Job, le couvent, le bain, lasource, la mosquée et la pierre, sont mentionnés par lesauteurs arabes dès le Xe siècle. Aux témoignages connusde Mas’oudi, Yâqout, Qazouîni, Moqaddasî, nous pourrionsajouter celui de Mohammed el-Halebî, dans son livreSur les beautés de la Syrie, 11e partie, ch. vi (Bibl. deLeyde, Cod. Arab., 1466, fol. 140 verso). Une allusion àla source se trouve encore dans le Coran, xxxviii, 41, oùDieu dit à Job de frapper la terre du pied, et il jaillit une

source «purifiante, rafraîchissante et étanchant la soif *.— La localité de 'AStarâ est nommée dans Bohâ ed-dïn, Vita Saladini, Liège, 1732, p. 66 et suiv.

Les auteurs chrétiens du moyen âge n’ont guère connuces localités. Néanmoins Jin catalogue de reliques duxme siècle, publié par M. Battifol, dans la Revue biblique, 1892, p. 202, nous informe qu’alors le tombeau quramus)de Job était en vénération chez les chrétiens orientauxaussi bien que chez les musulmans. ( Voir, sur tous leslieux mentionnés: "Wetzstein, Das Iobskloster, dans Delitzsch, Das Buch lob, p. 507 et suiv.; Schumacher, Across the Jordan, p. 187-209; et, dans la Zeitschriftdes deutschen Palàstina - Vereins, divers articles deSchumacher, t. xiv, p. 1Ï2 et suiv.; comte de SchackSchackenberg, t. xx, p. 193 et suiv.; Erman, p. 205 etsuiv., et Van Kasteren, t. xiv, p. 213 et suiv., et t. XV, p. 196 et suiv.)

Reste à traiter la question de l’emplacement d’Astarothet de Carnaïm (peut-être des Astaroth et des Carnaïm)de la Bible. D’abord l’existence des traditions de Job àèeih Sa’d ne nous laisse aucun doute sur l’identité decet endroit avec le Carnæa de YOnomasticon et le Carnéasde sainte Sylvie; l’Astaroth (près de) Carnaïm d’Eusèbeet saint Jérôme devra donc être le Tell 'Astarâ; rienn’empêche d’y trouver aussi l’Astaroth de Genèse, XIV, 5, même en préférant la leçon du Codex Vaticanus: «Astaroth et Carnaïm.»

Cette leçon étant admise, il n’y a rien dans la Biblequi nous empêche d’identifier encore le même Astarothavec la résidence d’Og. Il nous reste cependant bien desdoutes si celle-ci ne doit pas être placée à Tell el-As’ari: d’abord la leçon citée reste au moins bien douteuse; les deux villages du même nom, connus par Eusèbe; l’existence enfin d’un nom assez semblable, attaché àdes ruines importantes, jusqu’ioi sans nom ancien: toutcela nous fait incliner de ce côté. La distinction entreles deux Astaroth a été. admise aussi par Wetzstein, Sepp et d’autres, qui ont cherché la résidence d’Ogdans la ville célèbre de Bosrâ, au pied des montagnesdu Hauran. Avouons cependant que le nom actuel, ElAè'arï, diffère sensiblement d"As[taroth, et même du, mot plus ou moins synonyme d’Alera, et. que les distances d'Édréi et de l’autre Astaroth (dix-huit et septkilomètres) ne répondent pas exactement aux chiffres deYOnomasticon.

D’autres autorités récentes (Bùhl et Furrer, dans laZeitschrift des deutschen Palàstina - Vereins, t. xiii, p. 42, 198), tout en laissant Astaroth à Tell 'Astarâ, leséparent complètement de Carnaïm. Selon Buhl, Carnaïm est encore inconnu; Furrer dit: «Karnaïm (Gen., xrv, 5), Karnaïn ( Septante, loc. cit., et I Mach., v, 26, 43, 44), Karnion (II Mach., xii, 21), Agræna, Græna dansles inscriptions (voir Le Bas et Wa’ddington, iii, 561), estle Krën actuel (d’autres écrivent Dschrën, Dschurên), dans le Ledjah. De cette localité, il est dit très exactement, II Mach., xii, 21, qu’elle est d’un siège difficile etd’un accès difficile, à cause de l'étroitesse de tous les lieux( Sià-rïiv 7tâvTtov xùv xàitwj otiv6vrtit.).» — Pour le Carnaïmde Genèse, xiv, 5, cette opinion ne nous paraît pas admissible; quelque leçon qu’on admette, Carnaïm y reste tropintimement lié à Astaroth pour ne pas l’identifier avec Carnaïm - Astaroth de YOnomasticon, pays de Job. Peut-êtrel’hypothèse de Furrer est-elle applicable au Carnaïm desMachabées. Les noms composés, Carnaïmvstaroth = Carnaïm (près) d’Astaroth, et Astaroth - Carnaïm = Astaroth(près) de Carnaïm, ne semblent devoir leur origine qu’aubesoin de les distinguer l’un et l’autre d’autres localitéshom*onymes. C’est ainsi qu’on dit maintenant: Safed (de= près de) Qatamoun, Busr ( de = près de) el-Harîri, Yâfa (de = près de) en-Nâsira (Nazareth), etc. Ces nomssupposeraient donc l’existence d’un autre Carnaïm, aussibien que celle d’un autre Astaroth. Il faut avouer aussique le texte cité par Furrer (II Mach., xii, 21) ne saurait

s’appliquer aux environs immédiats de Seih Sa’d, ce village se trouvant adossé à une basse colline, au milieud’une plaine. Mais il n’est peut-être pas nécessaire de lerestreindre aux environs immédiats; le plateau du Hauran occidental, quoique n’offrant à l'œil qu’une plaineaussi unie qu’immense, est en réalité, surtout dans lapartie méridionale, coupé par un réseau compliqué d’ouadis aussi raides que profonds, et parfaitement invisiblesà distance: ce qui en fait un pays bien traître pour unearmée étrangère. Les croisés en ont fait de tristes expériences. — Si cette conformation du pays ne suffit paspour justifier les expressions du texte sacré, on seraobligé de chercher ailleurs le Carnaïm ou Carnion desMachabées. Rien du reste ne s’y oppose.

Ainsi au lieu d’une seule ville (Astaroth-Carnaïm) nousen aurons au moins deux, très rapprochées l’une del’autre, assez probablement trois; et même l’hypothèsed’une quatrième, le Carnaïm des Machabées, ne peutêtre définitivement rejetée. J. van Kasteren.

3. ASTAROTH-CARNAÏM, ville à l’est du Jourdain.Gen., xiv, 5. Voir Astaroth 2.

    1. ASTARTHE##

ASTARTHE, divinité chananéenne dont le culte s’introduisit chez les Hébreux à diverses époques; à ce titreseulement elle ^est plusieurs fois mentionnée dans laBible. Astarté est la forme grecque du nom: Septante, 'AorapTTi; en hébreu, il se prononce au singulier 'ASporep, au pluriel 'Aspârôp; de là, dans la Vulgate, Astarthe, III Reg., xi, 5, 33, et Astaroth, Jud., ii, 13; iii, 7, etc.L’emploi du pluriel pour le nom de la déesse doit s’expliquer, comme pour le nom du dieu, Baalim: ou bienparce qu’il se rapporte à la pluralité des images (Gesenius, Thésaurus, p. 1082, et déjà S. Augustin, Lib. quœst.in Jud., ii, 13, t. xxxiv, col. 797), ou bien parce que l’hébreu emploie souvent la forme du pluriel pour un singulier abstrait; la signification primitive de ces noms dedieux serait abstraite. Schlottmann, Zeitschrift der deutschen morgenlândisches Gesellschaft, t. xxiv, p. 649-650.Notons qu’en assyrien le pluriel tëtarati est pris parfoisdans le sens de déesses en général: «Les dieux (ili) etles iStarati qui habitent le pays d’Assur.» Schrader, Keilinschriften und A. T., 2e édit., 1883, p. 180. — L'étymologie du nom reste encore problématique. Les uns, s’appuyant sur le caractère sidéral de la divinité, l’ont rattachéà la racine qui a donné en zend açtar, en grec iarfp, et qui est passée chez les Hébreux sous la forme du nomjudéopersan Esther. Gesenius, Thésaurus, p. 1083; Schrader, Keïlinschriften, p. 179, et Frd. Delitzsch, Smith’schaldâische Genesis, in-8°, Leipzig, 1876, p. 273, pensent aussi que ce nom n’est pas d’origine sémitique, maisappartient plutôt au suméro-accadieri, dont l’existenceest aujourd’hui contestée. D’autres, au contraire, le rattachent à une racine sémitique qui donne en arabe le verbe'asara, «unir;» il conviendrait ainsi à la déesse del’amour et de la fécondité, comme le nom de la déessebabylonienne Mylitta, de la racine yâlad, «celle qui faitconcevoir, enfanter;» ou bien ce nom laisserait encoreentendre, d’après Schlottmann, qu’Astarthé forme le liend’union de plusieurs tribus ou cités, comme le Baalberithou Baal de l’alliance; en fait, elle était devenue, en Chypreet en Sicile, une Aphrodite Pandémos. En faveur de l’origine sémitique du nom, contentons-nous de remarquerque 'astârôt se rencontre comme nom commun dansDeut., vii, 13; xxviii, 4, 18, 51, partout dans une mémoformule où il se rapporte à la fécondité des femelles dutroupeau. Dieu doit bénir ou maudire «les portées desbœufs et les 'aSpârôt du troupeau». Le nom peut doncrépondre à l’idée d’un dédoublement féminin de la divinité: idée qui a été, chez les peuples anciens, une sourcede tant de rêveries mythologiques, et un principe decorruption dans les croyances et le sentiment religieux. —Cette idée est absolument opposée à la conception reli4181

ÀSTARTH&

1182

gieuse de la Bible, qui ne nous parle d’Astarthé que pournous dire en quelles circonstances les Hébreux se laissèrent entraîner à son culte, interdit comme celui detoutes les divinités étrangères. (Nous mettons entre crochets les passages où la déesse est appelée Aschéra, carla Bible désigne aussi sous ce nom tantôt la déesse ellemême et tantôt sa représentation symbolique. Voir Aschéra.) — À peine établis au milieu des populationschananéennes, après la conquête, les Hébreux se mêlèrentaux cultes locaux de Baal et d’Astarthé. Jud., ii, 13; [ni, 10]x, 6; cf. I Reg., xii, 10. Le prophète Samuel parvint àles en détourner. I Reg, vii, 3, 4. Dans les dernièresannées de Salomon, parmi les divinités qui eurent dessanctuaires royaux, figure «Astarthé, dieu [déesse] desSidoniens». III Reg., xi, 5, 33. Ce ne fut que sous letroisième successeur de Salomon, Asa, que ces cultes impurs furent déracinés à Jérusalem, III Reg., xv, 12, eten particulier celui d' Aschéra, ꝟ. 13. Chassé du royaumede Juda, il s’introduisait quelque temps après dans celuid’Israël, à la suite de l’alliance de la maison d’Amri aveccelle' des rois de Sidon. Jézabel, mariée à Achab, ramenaavec elle dans le royaume d’Israël le culte de Baal etcelui d’Astarthé. [III Reg., xvi, 31-33; xviii, 19.] AvecAthalie, la fille de Jézabel, ces cultes pénétrèrent aussien Juda. [IV Reg., xi, 18; cf. II Par., xxiv, 7, 18.] Dieususcita les prophètes Elie et Elisée contre l’invasion deces divinités en Israël, et aussi la réaction violente de Jéhu.Sous Achaz et surtout sous Manassé, l’emblème de ladéesse reparut à Jérusalem. [IV Reg., xviii, 4; xxi, 7; xxm, 4 ] Malgré les réformes successives d'Ézéchias etde Josias, elle eut encore des dévots, que les derniersmalheurs du royaume de Juda ne parvinrent pas à corriger; car c’est elle sans doute que s’obstinaient à adorercomme «la reine du ciel» ces égarés dont nous parleJérémie, xliv, 17, 18, 19, 25; cf. vii, 18. — Nous n’avonsguère, dans tous ces passages, que le nom de la déesse, et, en passant, quelques donnéesincomplètes sur l’extension deson culte, sur ses attributs, surla nature même de ce culte, données qu’il importe d'éclairerpar des renseignements puisésaux monuments profanes.

I. Extension de son culte. —La Bible la donne en particulier comme «la divinité desSidoniens». III Reg., xi ] 5, 33; IV Reg., xxiii, 13. On a retrouvé en Phénicie de nombreuses représentations de ladéesse. Une figurine conservéemaintenant au Louvre nous lareprésente debout, vêtue d’unelongue tunique et tenant unecolombe de la main gauche(fig. 328). Nous connaissionsaussi, par les auteurs grecs etromains, les attaches phéniciennes d’Astarthé. Les inscriptions phéniciennes nous ontsurtout montré l’importance deson culte à Sidon; elles nousparlent du temple de la déesse, contenant des ex-voto. Les médailles la représentent commela divinité tutélaire. Dans lesnoms propres phéniciens, le nom d’Astarthé entre souvent en composition: Abdastart, Bodostart, Ger(?)astart, Astaryathan, pour les hommes; Amastart, pour les femmes.Corpus inscript, semitic, t. i, p. 13, 21, 264, 269, 340, 341, etc. Les rois de Sidon placent même le titre de prêtre

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328. — Astarthé.

Terre cuite phénicienne.

Musée du Louvre.

d’Astarthé avant celui ae roi, comme le montre l’inscriptiond’un sarcophage royal trouvé à Saïda; elle commence ainsi: «C’est moi, Tabnit, prêtre d’Astarthé, roi des Sidoniens, fils d’Eschmunazar, prêtre d’Astarthé, roi des Sidoniens, qui suis couché dans cette arche.» Acad. des inscript, et belles-lettres, 1887, 4e série, t. xv, p. 183, 340. Aprèsla mort de Tabnit, le sacerdoce d’Astarthé passa à sa veuveAmastart, appelée «prêtresse (kohenef) d’Astarthé» surle sarcophage d’Eschmunazar II, conservé au Louvre.Corp. inscript., 1. 1, n. 3°, 1. 14-15. Bien avant Tabnit, lepère de Jézabel devait aussi réunir en sa personne les dignités sacerdotale et royale; d’après ni Reg., xvi, 31, Ethbaal

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329. — Arche d’Astarthé.

IULIA PATTLA AUG. Tête de Julia Paula. — ^. COL AVRPI À MBTB SID. Emblème d’Astarthé, placé sur un char surmonté d’un dais à quatre colonnettes.

est roi des Sidoniens, et, d’après Josèphe, prêtre d’Astarthé.Des médailles frappées à Sidon, à l'époque romaine, représentent tantôt le char ou l’arche roulante d’Astarthé(fig. 329), tantôt le vaisseau qui porte la déesse (fig. 330).Les Phéniciens répandirent le nom et le culte d’Astarthédans leurs colonies, et on le retrouve sur leurs inscriptions

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330. — Astarthé maritime de Sidou.

SIA. Tête de femme tourelée. — fy SIAÛNIÛN. Astarthédebout sur une galère tenant de la main droite le gouvernail et de la gauche la stylis cruciforme.,

à Citium et Idalium, en Chypre; à Malte, en Sicile, à Car-^thage, en Sardaigne. À l'époque gréco-romaine, beaucoupde ces sanctuaires prirent le nom d’Aphrodite -Vénus; mais son origine et son vrai nom n'échappaient pas auxgens instruits. Cf. Cicéron, De nat. deor., iii, 23: «Laquatrième (Vénus) est la Syrienne, conçue à Tyr; elleest appelée Astarthé, et l’on dit qu’elle épousa Adonis.» Dans la région syro-palestinienne, on trouve partout destraces de son culte: à Hiérapolis dans la Syrie du nord, à Héliopolis dans la Syrie centrale, des temples lui sontconsacrés. Chez les Philistins, il y avait un temple d’Asrtarthé, où furent déposées les armes de Saûl. I Reg., xxxi, 10. À l’est du Jourdain, une ville, célèbre dès letemps d’Abraham, Gen., xiv, 5, porte le nom de la déesse, Astaroth-Carnaïm; ailleurs, dans le Hauran, près de Qanaouât (autrefois Canath, I Par., ii, 23), on a trouvé parmiles ruines d’un temple une figure colossale d’Astarthé, exécutée en haut relief. Il ne reste qu’une partie du visagede la déesse. J. L. Porter, Randbook for Syriaand Palestine, 1875, p. 480. Id., Five years in Damascus, 1856, t. ii, p. 106; S. Merril, East of the Jordan, 1881, p. 40-42. Un autre bas-relief, mieux conservé, trouvéau même lieu, nous représente la déesse sur le côté d’unautel. Des rayons sont au-dessus de sa tête. À gauche, on

voit les restes du croissant dans lequel elle était placée(fig. 331). Voir J. Pollard, On the Baal and Ashtorethaltar discovered at Kanawat in Syria, dans les Proceedings of the Society of Biblical Arctueology, avril 1891, t. xiii, p. 293. La stèle de Mésa, ligne 17, nomme AstorKamos, divinité à laquelle le roi moabite voua les prisonniers. Enfin, avec les inscriptions cunéiformes, nous voyonss'étendre bien au delà, vers l’Orient, le domaine de ladéesse. On retrouve, en effet, l’Astarthé chananéo-phé331.

Tête d’Astarthé, sur un autel de Qanaouat.Fitz-WlUlam Muséum, à Cambridge.

nicienne dans Istar, comptée parmi les grandes divinités du pays d’Assur. Malgré l’absence de la terminaisonféminine, l’identité du nom n’est pas douteuse; les épithètes qui l’accompagnent indiquent que c’est une déesse.Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 177. Les sanctuaires descités chaldéennes d'Érek (Arach) et d’Accad, non moins quel'épopée chaldéenne d’Izdubar, où Istar joue un rôle considérable, nous montrent que la déesse appartient au vieuxfond des croyances sémitiques, et nous reporte vers cetteterre d’où paraissent avoir rayonné au Nord et vers l’Occident les populations chananéennes et sémitiques. Degrandes villes assyriennes sont placées sous la protectionspéciale d’Istar; la localisation du culte amène même unesorte de dédoublement d’Istar; dans l'énumération desgrands dieux, par exemple, sur le prisme d’Asarhaddon(col. i, 1. 7-8), le roi compte, comme si elles étaient distinctes, Istar de Ninive et Istar d’Arbèles. L’Istar chaldéenne avait pour époux le dieu Thammuz, mourant àla fleur de l'âge et pleuré tous les ans par les femmesvouées à la déesse, cf. Ezech., viii, 14; ce trait la rapproche encore de l’Astarthé chananéenne qui se lamentait aussi sur son jeune époux Adoni ( «mon seigneur s).Sur Istar et Thammuz, voir A. Loisy, Études sur lareligion ckaldéo-assyrienne dans la Revue des religions, 1891, p. 53-55; 102 et suiv.

IL Caractère et attributs de la déesse. — Dans laBible, Astarthé est le plus souvent associée à Baal; elleest aussi honorée avec «l’armée des cieux», II Reg., xxiii, 4; ses adorateurs l’appellent, nous l’avons vii, «lareine des cieux.» Elle nous apparaît donc comme la divinité féminine de Baal et avec un caractère sidéral. Lesdonnées plus complètes que nous fournissent les auteursanciens, les inscriptions et les monuments figurés, nousla présentent sous le même aspect, mais, suivant les milieux qu’elle traverse, avec des formes multiples et desattributs vagues, comme la plupart des divinités orientales; sous ce rapport, du reste, elle ressemble au dieumâle Baal. Elle lui est parfois si étroitement unie, que la' pensée chananéenne paraît avoir traversé une époque où, tout en distinguant dans la divinité l'élément masculin etl'élément féminin, on ne les séparait pas encore en deuxpersonnages. Quelques formules rappellent cet état; dansl’inscription d’Eschmunazar, Corp. inscr. semit., 1. 1, n. 3, 1, 18, la déesse est appelée As{oréf sém Ba’al, «Astorethnom de Baal;» de même à Carthage, où elle porte le nom

de Tanit, on lit sur les ex-voto: «À la grande Tanit facede Baal et au seigneur Baal.» Corp. inscript., 1. 1, n os 180et suiv. Des étrangers pouvaient demeurer incertains surle genre de la divinité de Carthage, comme le montre laformule d’imprécation que nous a laissée Macrobe, Saturnal., iii, 9: «Si c’est un dieu, si c’est une déesse, sousla tutelle de qui est le peuple et la ville de Carthage.» Parfois le nom de la déesse ne forme qu’un tout aveccelui d’une divinité masculine: Eschmun-Astoret, Molok332. — Astarthé en cuirasse.

IMP CAÉS M AV ANTONINUS AV<}. Tête laurée de l’empereur Héliogabale. — fy BBPTIM TYRO. Astarthé, debout, tourelée, en tunique courte, la main droite appuyée sur untrophée, la stylis dans la main gauche. Elle est couronnéepar une Victoire, debout sur un cippe. À ses pieds, le murexet une petite figure de Silène, portant une outre sur l'épaule.Monnaie frappée à Tyr.

Astoret, Corp. inscript., 1. 1, n" 16, 8; comme sur la stèlede Mésa (1. 17): Astor-Kamos. De cet état, où elle restaitcomme confondue avec la divinité mâle, viennent peutêtre certaines manières de la représenter avec des vêtements d’homme dans le temple d’Héliopolis, Pline, H. N., v, 23; ou avec une barbe et armée, d’après Macrobe, Satumal., iii, 8. Une médaille du temps d’Héliogabalenous montre Astarthé en cuirasse et entourée de trophées(fig. 332). Chez les Assyriens, Istar est appelée «maîtressedes combats et des batailles (bilît qabli utahazi)», bienque dans l'épopée d’Isdubar elle apparaisse plutôt commela déesse de la fécondité. À cause de ces divers aspects, Astarthé a été identifiée plus tard avec différentes divinités grecques ou romaines, en particulier avec HéraJunon (cf. S. Augustin, Qusest. xvi in Jud., t. xxxiv, col. 797: «Junon est sans aucun doute appelée Astarthépar les Carthaginois;» ) ou avec Aphrodite -Vénus. Philonde Byblos, dans Eusèbe, Prxparat. Evang., i, 10, t. xxi, p. 84; Lucien, De syria dea, 4; Pausanias, Attica, i, 14, édit. Didot, p. 20. L’auteur du Mercator, act. IV, aréuni dans une seule invocation ces aspects divers d’Astarthé:

Diva Astarte, hominum deorumque vis, vita, salus, rursus eadem

quse estPernicies, mors, interitus, mare, tellus, cœlum, sidéra.

(Plaute, Supposita, édit. Lemaire, t. ii, p. 306.)

Baal et Astarthé réunis représentent en somme la grandeforce de la nature, l’un comme le principe mâle, actif, générateur, mais aussi destructeur; l’autre comme le principe femelle, passif, productif, la mère. Là où on considère Baal comme le ciel, Astarthé est la terre fécondéepar le ciel. Quand Baal représente le soleil qui fait pousserles plantes et aussi les dessèche, Astarthé est la lune dontla douce lumière semble distiller la rosée fécondante dela nuit. Cf. Diogène Lærte, vii, 145; Pline, H. N., ii, 101; Plutarque, De Isid. et Osir., 41. Lucien identifie la syrienneAstarthé à Séléné, la lune. Une figurine en albâtre dumusée du Louvre représente Astarthé avec un croissantd’or au-dessus de la tête (fig. 333). Le nom de l’ancienne ville transjordanique rappelle ce caractère lunairede la déesse: Astaroth-Carnaitn, «Astarthé aux deuxcornes.» D’après Sanchoniaton, Historicor. greec. fragm., «85

ASTARTHÉ

1186

édit. Didot, t. iii, p. 569, elle était aussi représentée avecla tête et les cornes d’une vache; et nous la trouvons

333. — Astarthé. Statuette en albâtre. Musée du Louvre, ainsi sur une monnaie de Corycus, en Cilicie (fig. 334). Chez

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334. — Astarthé à tête de vache.

[A]YT KA IOYAIOS *IAirmQS 2EB. Tête laurée de

Philippe père, a droite. - fy KÛPTKIQTQN AYTONOM.

Astarthé a tête de vache, debout, de face, la main droite

étendue et tenant, dans la gauche, un gouvernail et un aplustre.

les Assyriens, la déesse Istar avait de même un caractère

sidéral. Dans l'épopéed’Izdubar, elle est appelée «fille de Sin», c’està-dire du dieu Lune; elleest plus souvent l'étoiledu matin, la planète Vénus; aussi l’Istar assyrienne a-t-elle une étoilesur la tête (fig. 335). Surune monnaie d’Aphrodisias, en Carie, l'étoile et lecroissant se trouvent ensemble à côté d' Astarthé, derrière sa tête et devantelle (fig. 336). De même, sur une monnaie d’Hipporegius, on voit le croissantavec une étoile au-dessusde la tête de la déesse(fig. 337). L. Mûller, Numismatique de l’ancienne Afrique, 3 in-4°, Copenhague, 1862, t. iii, p. 53. Dans tous les cas, le caractère sidéral de la déesse est bien attesté; et que lesadorateurs dont parle Jérémie aient rendu hommage àDICT. DE LA. BIBLE.

335. — Tstar assyrienne. D’aprèsun cjlindre du Brltisb. Muséum.

l’Astarthé lunaire phénicienne ou à la divinité chaldéenneque les textes assyriens qualifient de riSti Sami, «princessedu ciel,» le titre de «reine du ciel,» melékéf Samaim, s’explique également, comme celui dont se sert Hérodien, II, 5, 10: . «dominatrice des astres,» 'Aarpoapxv D’aprèsl’inscription d’Assurbanipal, une tribu d’Arabes de Cédaravait pour déesse une Atarsamaïm, «Athar des cieux.» Eb. Schrader, Keilinschriften, p. 414. Cf. Id., Die Gôllin

336. — Astarthé au croissant.AHMOS.Tête laurée imberbe du Démos, a droite. — fy AIPOÀEI21EQN. Astarthé debout, vêtue d’une tunique talaire, le modius sur la tête, la main droite levée» Dans le champ, devant elle, le croissant; derrière, une étoile; à ses pieds, unvase et une petite figure d'Éros.

Islar als nialkatu und Sarratu, dans la Zeitschrift fur 1Assyrïologie, 1888, t. iii, p. 353-364.

III. Culte d' Astarthé. — On offrait des gâteaux et deslibations «à la reine du ciel», en particulier les femmes; les hommes prenaient part aussi à ces rites défendus parla loi. «Est-ce sans nos maris que nous lui préparons les

337. — Astarthé voilée, au croissant.Tête barbue et laurée de Melqart, avec un sceptre sur l'épaule.Devant riSN. —% -|nysiD. Tête voilée d’Astarthé, surmontéedu croissant et d’une étoile.

gâteaux pour l’honorer, et que nous lui faisons des libations?» disent les femmes juives, dans Jérémie, xlfv, 19. Leprophète montre avec quel empressem*nt tous commettaient la faute: «Les enfants ramassent le bois, les pèresallument le feu, et les femmes pétrissent la pâte pourpréparer des gâteaux à la reine du ciel.» Jer., vii, 18. Ladéesse était représentée, parmi les populations chananéennes, par un pieu de bois symbolique. Cf. fig. 290, col. 1074. Ce symbole se retrouve sous différentes formessur des cylindres cypriotes (fig. 338). Cf. diCesnola, Safamma, in-4°, Turin, 1887, p.l32.Quandson culte avait en Israëlla faveur royale, il se déployait avec une grandepompe; on comptait, auxjours de Jézabel sur leCarmel, quatre centsprophètes d’Aschéra, III Reg., xviii, 19; mêlés

aux prophètes de Baal, ils durent prendre part à cesdanses frénétiques où, pour invoquer le dieu, ils sefaisaient des incisions sanglantes, ꝟ. 28. Mais on retrouveaussi, chez les Hébreux, le culte d’Astarthé sous saforme impure; autour de l’Aschéra, il est question decourtisanes et d’hommes voués à l’immoralité, consacrésà la déesse, qedêsîm (Vulgate: , effeminati). III Reg.,

I. — 40

338. — Cylindre cypriotereprésentant le symbole d’Astarthé.

xiv, 24; xv, 12-13; IV Reg., xxiii, 6-7; Ose., iv, 13-14.Le culte de l’Astarthé chananéenne, rappelant qu’elleétait à la fois divinité de la guerre, de la destruction etde la fécondité, était cruel et voluptueux. Le sang coulait dans ses fêtes; il y avait des victimes humaines, comme dans celles de Moloch. Lucien, De syria dea, 10, a décrit le temple de la déesse syrienne à Hiérapolis etcertaines cérémonies. À la fête du Printemps ou desFlambeaux, qui attirait un grand concours de peuple, onbrûlait de gros arbres portant les offrandes; puis onenfermait des enfants dans des outres, et on les précipitait du haut des murailles en criant: «Ce sont des veaux, non des enfants!» Au bruit étourdissant des cymbales, des flûtes et des chants, les prêtres dansaient et se meurtrissaient les bras. Les spectateurs, emportés par le mêmedélire, finissaient par les imiter et se mutilaient avec destessons semés à cet effet dans l’enceinte sacrée. Lesauteurs anciens nous renseignent aussi sur le caractèreimpur du culte de l’Astarthé phénicienne. Certains deses temples, comme celui d’Aphéca, dans le Liban, détruitpar ordre de Constantin, étaient de vrais repaires d’immoralité. Eusèbe, Vita Const., iii, 55, t. xx, c. 1120. LesPhéniciens sacrifiaient à leur déesse l’honneur de leursfilles; S. Augustin, De Civit. Dei, ii, 4, t. xxxvii, p. 50.Là même où on la vénérait sous son aspect chaste, commepar exemple la Vierge céleste à Carthage, certaines cérémonies donnaient lieu à des représentations licencieusesdont parle saint Augustin, De Civit. Dei, ii, 26; iv, 10, t. xxxvii, p. 75, 121. L’inscription phénicienne trouvéeà Chypre, en 1879, près de Larnaka (Citium), nous présente un compte mensuel dans lequel figure }e personneld’un temple d’Astarthé, Corp. inscript., 1. 1, n. 86; nous yvoyons mentionné le prix qu’ont gagné les courtisanes sacrées appelées 'alamof, «les aimées,» et aussi les hommesdésignés sous le nom de chiens, comme dans Deut., xxiii, 18. Nous comprenons mieux par là l’importance des prescriptions par lesquelles Dieu a voulu empêcher l’introduction de tels usages dans son culte chez les Hébreux.

Voir J. Selden, De dits syris, ii, c. 2, édit. de 1680, p. 157 et suiv.; D. Calmet, Dissertation sur les divinitésphéniciennes, en tête du Comment, sur les juges; Movers, Die Phônizier, 1841, t. i, p. 559 et suiv.; J. J. Dœllingcr, Paganisme et judaïsme, trad. franc., , 1858, t. ii, p. 241et suiv.; F. Lajard, Recherches sur le culte de Vénus, in-4°, Paris, 1837-1848; de Vogué, Mélanges d’archéologie orientale, Paris, 1868, p. 41 et suiy.; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., 1889, t. iii, p. 257 et suiv.; Fr. Bâlhgen, Beitràge zur semilisch Religionsgeschichte, der Gott Isræls und die Gbtterder Heiden, 1888. J. Thomas.

ASTÈRE. Voir Astéiuus.

1. ASTÉRIU S, philosophe arien, vivait sous l’empereurConstance (337-361). Il était d’origine païenne, né en Cappadoce, d’après le plus grand nombre. Voir Socra te, H. E., i, 36, t. lxvii, col. 172; Sozomène, H. E., ii, t. lxvii, col. 1029; J. A. Fabricius, Biblioth. grseca, édit. Harless, t. ix, p. 519.Quelques historiens croient qu’il était de Scythopolis. VoirS. Jérôme, Ep. lxx, 4; cxii, 20 „t. xxii, col. 667, 929.C'était un disciple de saint Lucien d’Antioche (Socrate, H. E., i, 36; Philostorge, H. E., ii, 14, 15; iv, 4, t. lxv, col. 477, 520), et il appartient à l'école exégétique de cetteville. (Voir Antioche [École exégétique d'], col. 683.)Il tomba dans l’hérésie, fut l’ami personnel d’Arius et endéfendit les erreurs par la parole et par la plume. S. Athanase, Orat. contr. Arian., ii, 28, t. xxvi, col. 205, etc.; cf. col. 1473. Il écrivit, au témoignage de saint Jérôme, De vir. Ut., 94, t. xxiii, col. 698, des commentaires surles Psaumes, les Évangiles et l'Épître aux Romains, quieurent une grande réputation dans son parti. Tous sesouvrages sont perdus; il ne nous en reste que l’Exposition du Psaume ir, que Montfaucon a publiée en grec et

en latin dans la Nova Collectw Patrum et scriptorumgraxorum, Paris, 1706, t. i, p. 28-30. Voir H. Kihn, DieBedeutung der antiochenischen Schule, in-8°, Wissembourg, 1866, p. 50; Ph.Hergenrôther, Die antiochenischeSchule, in-8°, Wurzbourg, 1866, p. 15.

2. ASTÉRIUS (saint), orateur grec contemporain desaint Jean Chrysostome, mort vers 410, métropolitaind’Amasée, dans le Pont. Il avait eu pour maître unScythe très versé dans la littérature grecque. Il ne restede lui que des homélies, au nombre de vingt et une, donthuit sur les psaumes v, vi et vii, et six sur divers sujetsbibliques: Lazare et le mauvais riche, Daniel et Susanne, etc. Astérius a étudié Démosthènes, Homil. xiï, t. xl, col. 353. Il est avant tout orateur. La pensée est juste, lestyle limpide. L’auteur sent très vivement, s’exprime avecénergie, et s'élève parfois jusqu'à la véritable éloquence.Son orthodoxie n’a jamais été contestée. En Orient, soncrédit fut grand et durable. Son autorité fut surtout miseen avant pour réfuter les iconoclastes (Mansi, Conc, t. xiii, p. 15-18). Photius à longuement analysé ses principales œuvres. Bibl. cod., 271, t. civ, col. 201-223. VoirMigne, Patr. gr., t. xl, col. 155-487; J. Fessier, Institutiones Patrologise, édit. B. Jungmann, 1890, t. i, p. 623.

J. Gondal.

3. ASTÉRIUS Turcius Rufius Apronianus, patricienqui fut consul en 494 (en Occident) avec Flavius Prsesidius (en Orient). Il publia plusieurs poèmes de Sédulius, entre autres la Collatio Veleris et Novi Testamenti, envers élégiaques. Certains critiques, comme les éditeursde la Bibliotheca Patrum, t. ix, p. 464, ont attribué cepoème à Astérius lui-même. Voir SÉDULrus et cf. Migne, Patr. lai., t. xix, col. 486-493.

    1. ASTORETH##

ASTORETH (hébreu: 'AStôréf), forme hébraïque dunom de la déesse des Phéniciens, appelée Astarthé et Astaroth dans la Vulgate. Astaroth est le pluriel d’Astoreth. Lesingulier n’est employé que trois fois dans le texte original, I (III) Reg., xi, 5, 33; II (IV) Reg., xxiii, 13. Voir Astarthé.

ASTRAGALE. Plante de la famille des légumineusespapilionacées, qui produit probablement le nek'ôf (Septante: èu|j.tdi[j.ctTa, 8u[iîa[i.a; Vulgate: aromata, storax), dont il est ( question Gen., xxxvii, 25, et xliii, 11. Lesastragales sont des herbes ou petit* arbrisseaux trapus, très rameux, au port extrêmement variable; les feuilles, composées pennées ou digitées trifoliolées, sont assez; souvent armées de piquants; les fleurs, jaunes, blanches, roses ou pourprées, disposées en épis axillaires ou terminaux, ont un calice à cinq dents, une corolle papilionacéeà carène obtuse; le fruit, en forme de gousse, a deux logesséparées par une fausse cloison provenant de la suturedorsale. Ce genre compte un grand nombre d’espèces, dontsoixante-dix environ ont été trouvées en Palestine ou dansles pays limitrophes. Voir Tristram, Survey of WesternPalestine, Fauna and Flora, p. 282-287. Toutes ces espècesne produisent pas des sucs gommeux, mais seulementquelques-unes, entre autres VAstragalus verus de la Perse, de l’Arménie et de l’Asie Mineure; VAstragalus Creticusde l’Ile de Crète et de l’Ionie (fig. 339), et les espècesAristatus, Parnassi, Microcephalus, Strobiliferus, etc.Pour VAstragalus tragacantha, c’est par erreur que Linnélui attribue la propriété de produire de la gomme; le nomd' «adragante» vient cependant du nom de cette espèce paraltération. Une espèce de Syrie donne un produit similaire, la gomme pseudoadragante: c’est le Gummifer, qui croîtdans le Liban (fig. 340). Cf. Gandoger, Flora Europse, t. vi(1886), p. 26. On en trouve aussi sur la variété ou espècevoisine, le Roussseanus, qui pousse dans les plaines aridesdu nord de la Palestine. Sur deux espèces très rapprochéesrépandues en Syrie, le Kurdicus et le Stromatodes, lesindigènes recueillent également une gomme, qu’ils appellent aintab.

La gomme, soit adragante, soit pseudo-adragante, découle du tronc, des branches et des feuilles mêmesîles astragales, par les fissures qui se font naturellementou par les incisions pratiquées à dessein. Elle sort enliqueur visqueuse, qui se durcit peu à peu à l’air, en filetsou en bandelettes tortillées (fig. 340), selon la forme dela fente qui la laisse s'échapper au dehors: de là les deuxespèces commerciales, la gomme vermiculée et la gommeen plaque. C’est pendant les chaleurs de l'été et au commencement de l’automne qu’a lieu cet écoulement; il sefait la nuit et peu après le lever du soleil. Si le temps estclair et chaud, la gomme est d’un blanc plus ou moinspur et transparent: alors deux ou trois jours suffisent

Astragale creticua de Slbthorp.

pour qu’elle se dessèche et puisse se recueillir. Si le cielest chargé de nuages et l’atmosphère humide, elle devientjaune ou roussâtre, et la dessiccation est beaucoup pluslente. Ce n’est pas une sécrétion naturelle de la plante; «c’est à une maladie qu’est due la production de l’adragante, mais à une maladie qui affecte endémiquement laplupart des pieds qui croissent dans une localité donnée.» H; Bâillon, Traité de botanique médicale, in-8°, Paris, 1884, p. 644. Sous l’action de la Chaleur, certaines portions de la plante, comme la moelle et les rayons médullaires, subissent cette affection, nommée gommose: lacellulose ou d’autres substances amylacées qu’elles contiennent se transforment en adragante molle. Cette gommediffère de la gomme arabique: elle ne se dissout pas commecette dernière dans l’eau froide; elle s’y gonfle seulementen s’hydratant. Même dans l’eau bouillante, la dissolutionest très imparfaite. Elle sert en pharmacie, spécialementpour la préparation des loochs; dans l’industrie et lesarts, pour donner du lustre et de la consistance.

D’après l’opinion commune, la gomme de l’astragale n’estautre que le nek'ôt, dont il est parlé deux fois dans la

Bible: Gen., xxxvii, 25, et xliii, H. (Quant à nekôtôh, qu’on lit IV Reg., xx, 13, et au passage parallèle d’Isaïe, xxxix, 2, c’est un mot différent, et il n’a pas le sens degomme, d’aromates, comme l’a traduit la Vulgate, maisil signifie «trésor». Voir Nekôtôh et Trésor.) Les marchands ismaélites qui venaient de Galaad et rencontrèrentles enfants de Jacob à Dothaïn, près de la citerne où ilsavaient jeté Joseph, portaient en Egypte du nek'ôt. Dansce passage, Gen., xxxvii, 25, les Septante rendent ce motpar 6u[iià[is(T «, et la Vulgate par aromata: ces versionsy voient un terme générique pour désigner les parfums.Plus loin, Gen., xliii, 11, le nek'ôf se retrouve parmi lesprésents envoyés par Jacob à son fils Joseph en Egypte.

SiO. — Astragale gummifer. — À droite, rameau avec gomme.

Les Septante traduisent encore Ouj «a(ita; mais la Vulgatemet storax. Placé près du baume et du ladanum, lenek'ôf ne semble pas être un nom générique des parfums, il faut y voir une substance particulière. Ce n’estpas la gomme du styrax, qui correspond plutôt m nâtàfdes Hébreux; c’est celle que les Arabes appellent naka’at, et qui est regardée généralement comme la résine ougomme produite par plusieurs espèces du genre astragale.Les marchands madianites ou ismaélites l’avaient-ils recueillie dans le pays de Galaad, ou l’avaient-ils reçue parle commerce des contrées du Liban, de la Syrie ou depays plus éloignés? Le texte n’en dit rien; mais ce quenous savons, comme nous l’avons vu plus haut, c’estqu’ils pouvaient la récolter sur V Astragalus Gummiferet V Astragalus Roussœanus, au nord de la Palestine, etsur d’autres espèces de la Syrie ou des pays voisins.D’ailleurs, comme on le constate pour plusieurs autresplantes, par exemple, l’arbre à baume, quelques-unes deces espèces pouvaient alors être assez abondamment répandues au cœur de la Palestine et dans le pays de Galaad, et ont pu depuis remonter vers le nord.

Les Égyptiens, auxquels les trafiquants madianitesvenaient vendre le nek'ôf, connaissaient la gomme; ils

la désignaient sous le nom de qomi, garni, a U II …, copte: KO M H, d’où les Grecs ont fait w>|i|i£, forme quia donné le latin gumtni et notre mot «gomme». Cf. Mas-. ll&l

ASTRAGALE — ASTRONOMIE

4192

pero, De quelques navigations des Égyptiens sur les côtesde la mer Erythrée, dans la Revue historique, janvier1879, p. 5, note. Le mot qomi s’appliquait d’une manièregénérale à toutes les exsudations de certains végétaux, gommes ou substances mucilagineuses, odorantes ou non.La gomme servait dans la confection des nombreux parfums destinés au culte, dans l’embaumement et la conservation des momies; on l’utilisait aussi pour la préparation des couleurs: «Peint avec du lapis-lazuli dansune solution de gomme,» lit-on au Livre des morts.R. Lepsius, Das Todtenbuch der Aegypter, in-4 «, Leipzig, 1842, pi. lxxix, c. 165, 12. Les Égyptiens faisaient doncune grande consommation des différentes espèces degomme; aussi celle du pays ne suffisant pas, ils allaienten chercher par mer, comme le montrent les textes, jusque dans le pays de Poun ( Arabie et terre de Somal): qomi-u n Poun, «grains de gomme de Poun». Dûmichen, Historische Inschriften altâgyptischer Denkmâler, in-f°, Leipzig, 1867, pi. xxxil; Mariette, Deir el-Bahari, pi. 6 et p. 28, note. Cf. Maspero, Revue historique, janvier 1879, p. 24, 25. Si la gomme de Palestine n’est pasmentionnée expressément dans les textes, il y a lieu decroire cependant que les Égyptiens en recevaient de cepays. De Syrie leur venaient diverses sortes d’aromates. «Anubis remplit ta tête (de la momie) de parfums deSyrie, baume, résine, cèdre, etc.». Cf. Brugsch, H. Rhind’szwei bilingue Papyri, in-4°, Leipzig, 1865, p. 5 dutexte et lignes 3 et 4, planche vi. Avec le baume et le ladanum qui servaient dans les embaumements, les marchands ismaélites apportaient en Egypte le nek'ôf, lagomme, qui devait être employée probablement pour lemême usage. On sait que la tête des momies était enveloppée d’un réseau de bandes gommées. Maspero, Lectures historiques, Histoire ancienne, in-12, Paris, 1892, p. 136. — Voir de la Billardière, Mémoire sur l’arbre quidonne là gomme adragante, dans le Journal de physique, t. xxxvi, janvier 1790, p. 46-53; H. Bâillon, Traité debotanique médicale, in-8°, Paris, 1884, p. 639-645; A. Héraud, Nouveau dictionnaire des plantes médicinales, in-8', Paris, 1884, 2e édit., p. 111-112; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii, p. 15; A. P. de Candolle, Astragalogia, in-f", Paris, 1802; A. de Bunge, Astragali gerontogei, in-i», Saint-Pétersbourg, 1868; E. Boissier, Flora orientalis, 5 in-8°, 1869-1884, t. ii, p. 205-498. E. Levesque.

ASTRE est employé dans la Vulgate comme synonyme d'étoile (hébreu: kôkâb). Deut., iv, 19; x, 22; xxviii, 62; Job, xxxviii, 7; Is., xiv, 13. Voir Étoile.Pour le culte rendu aux astres, voir Sabéisme.

    1. ASTROLATRIE##

ASTROLATRIE, culte rendu aux astres. Voir Sabéisme.

    1. ASTROLOGUES##

ASTROLOGUES, devins qui prédisent l’avenir aumoyen des astres. Ceux de Babylone étaient célèbres; Isaie les mentionne, xlvii, 13, et ils sont sans doute désignés dans Daniel, ii, 2, sous le nom de Chaldéens. Onattribue à ce peuple l’invention de l’astrologie. J. F. Montucla, Histoire des mathématiques, 2e édit., 4 in-4°, Paris, 1799-1802, t. iv, p. 371. Voir Chaldéen 2.

ASTRONOMIE. La science des astres est regardéecomme la plus ancienne de toutes. Elle fut cultivée d’abordpar les Chaldéens et les Égyptiens. C’est à ces deux peuples que les auteurs classiques en attribuent généralementl’invention. Platon, Epinomis, Opéra, édit. Didot, t. ii, p. 512; Aristote, De cœlo, ii, 12, édit. Didot, t. ii, p. 401; Cicéron, De divinat., 1, 1, 19; Ptolémée, Almagest., iv, 2, édit. grecque-française de Halma, 2 in-4°, Paris, 1813, t. i, p. 216 et passim; Sénèque, Quxst. nat., vii, 3-4; Simptfcius, Comment, in libros iv Aristotelis de cœlo, ex F$e6mione Karstenii, ii, 12, in-4°, Utrecht, 1865.

p. 216, 226. Cf. J. F. Mohtucla, Histoire des mathématiques, 2= édit., t. i (an VII), p. 50-74; L. A. Sédillot, Matériaux pour servir à l’histoire comparée des sciencesmathématiques chez les Grecs et tes Orientaux, 2 in-8°, Paris, 1845-1849, t. i, p. 4-7; Laplace, Précis de l’histoire de l’astronomie, in-12, Paris, 1821, p. 13; Bailly, Histoire de l’astronomie ancienne, in-4°, Paris, 1775, p. 12, 129-154, 353-394, pour les Chaldéens, et pour lesÉgyptiens, p. 155-182, 395-419; Id., Traité de l’astronomieindienne et orientale, in-4°, Paris, 1781, p. 268; Delambre, Histoire de l’astronomie ancienne, 2 in-8°, Paris, 1817, t. i, p. 10, 14, 131, 288; R. Wolf, Geschichte derAstronomie, in-8°, Munich, 1877, p. 9, 23; Ed. Mahler, Die Astronomie bei den Vôlkern des alten Orients (Beilage zur Allgemeinen Zeitung), 31 août 1892, p. 1-3.

Josèphe fait remonter les origines de la science astronomique aux descendants immédiats d’Adam et de Seth, Ant.jud., i, ii, 3, t. i, p. 8, et il raconte qu’Abraham enseigna l’arithmétique et l’astronomie aux Égyptiens, Ant.jud., i, viii, 2, p. 19. — Malalas, Chronogr., Patr. gr., t. cxvii, col. 68, 69 (cf. Glycas, Ann., ii, Patr. gr., t. cxviii, col. 240), va même plus loin: il dit que Seth divisa le cielen constellations et donna des noms aux planètes et auxétoiles. Ce sont là des fables qui n’ont d’autre fondementque l’ancienneté des observations astronomiques chez lesChaldéens et les Égyptiens.

Pline, dans le passage célèbre de son Histoire naturelle, vii, 57 (56), édit. Teubner, t. ii, p. 49, où il faitl’histoire des inventions, parle des observations astronomiques des Babyloniens, consignées sur des briquescuites, coctilibus laterculis, et qui remontent à 2 200 ansavant son époque. Simplicius, Comment., ii, 12, édit.de» 1865, p. 226, rapporte, d’après Porphyre, qu’Alexandreenvoya à Aristote une série d’observations astronomiquesembrassant, une période de 1 900 ans. Quelques tablettesastronomiques de Babylone ont été retrouvées. VoirJ. Epping et J. N. Strassmaier, Astronomisches aus Babylon, m-8' >, Fribourg-en-Brisgau, 1889; A. H. Sayce, The Astronomy and À strology of the Babylonians withtranslations of the tablets relating to thèse subjects, dans les Transactions of the Society of Bïblical Archseology, t. m (1874), p. 145-339> F. Hommel, Die semitischen Vôlker, in-8°, Leipzig, 1883, t. i, p. 418, 515; J. Oppert, Die astronomischen Angaben der assyrischenKeilinschriften, in-8°, Vienne, 1885 (extrait des Sitzb. derAkad. der Wissensch. de Vienne, avril 1885, t. xci); Jensen, Die Kosmologie der Babylonier, in-8°, Strasbourg, 1890; Ed. Mahler, Die Zeitund Festrechnungder âltesten Vôlker des Morgenlandes (Beilage zurAllgemeinen Zeitung, 16 septembre 1891), p. 3; F. Hommel, Die Astronomie der alten Chaldâer, dans DasAusland, 1891, n°* 12-14; 20-21, p. 221-227; 249-253; 270-272; 381-387; 401-406; Zeitschrift fur Assyriologie, t. v, 1890, p. 341; t. vi, 1891, p. 89, 217.

Diodore de Sicile, i, 28, édit. Didot, t. i, p. 21, raconteque les Égyptiens se vantaient d’avoir appris l’astronomieaux Babyloniens, et plusieurs auteurs anciens font, eneffet, honneur de cette découverte aux habitants de lavallée du Nil. Diogène Lærce, Proœm., 7, édit. Didot, p. 3; Lucien, De astrol., 3-9, édit. Didot, p. 373; Macrobe, Comm. in Somn. Scip., i, 21, 9, édit. Teubner, p. 561; Clément d’Alexandrie, Strom., i, 16, t. viii, col. 784; Lactance, Div. inst., ii, 14, t. vi, col. 328; S. Isidore de Séville, Etymol., iii, 25, 1, t. lxxxii, col. 169.

Pline, H. N., vii, 56 (57), édit. Teubner, t. ii, p. 49; Manilius, Astronom., i, 40-45, édit. Lemaire, Poetse min., t. vi, p. 199; Achille Tatius, Isag., i, édit. Petau, Uranologia, Paris, 1630, p. 73, font les honneurs de l’inventionet aux Chaldéens et aux Égyptiens. Ce qui est certainaujourd’hui, c’est que les Chaldéens ont été, en astronomie, supérieurs à tous les autres peuples de l’antiquité, J. Epping et J. N. Strassmaier, Astronomisches ausBabylon, p. 187. Pour l’Egypte, voir H. Brugsch, Astro

les idées vulgaires sur le cours du soleil, et s’en rapportentaux apparences qui tombent sous les sens. Jos., x, 12; Ps. xviii, 6. Ils ne voient que ce qui frappe tous leshommes, la multitude des étoiles, Gen., xxii, 17; Exod., xxxii, 13; Nahum, iii, 16, etc., leur brillante et doucelumière, Is., xiv, 12, etc. Nous ne trouvons dans l’Ancien Testament aucune trace de la distinction des planètes, des étoiles fixes et des comètes; ces «astres errants», àa-clpeç nXavîjTai, ne sont mentionnés que dans le Nouveau Testament. Saint Jude, dans son Épître, }. 13, leurcompare les hérétiques; mais il emprunte sa comparaisonà la science grecque.

Les Hébreux distinguaient seulement, en dehors dusoleil et de la lune, quelques étoiles et quelques constellations particulièrement remarquables, qu’ils désignentpar des noms spéciaux. Job, ix, 9, énumère 'âS, kesîl, kîmâh et hadrê (êmân (Vulgate: Arcturus, Orion, Hyadte, interiora Austri; la signification de hadrêtêman, «ffis chambres du sud,» est douteuse). Le nomdes Pléiades, kîmâh, se retrouve dans Job, xxxviii, 31, et Amos, v, 8; celui de kesil (Oridn), dans Amos, v, 8, et, au pluriel, dans Isaïe, xiii, 10, pour signifierles plus grands astres, considérés comme semblablesà kesîl; celui de 'as, sous la forme 'ayis, dans Job, xxxviii, 32 ("Vulgate: Vesper). Le livre de Job, xxvi, 13, nomme encore le nâhâs (Vulgate: Coluber), laconstellation du Dragon. On trouve aussi dans l’AncienTestament, chez les prophètes, quelques noms de planètes: hêlêl (Vulgate: Lucifer), l'étoile du matin ouVénus, Is., xiv, 12 (â<jr)]p êo>91v6c, Stella matutina, dansl’Ecclésiastique, L, 6); — gad (Vulgate: Fortuna), Is., lxv, 11, la planète Jupiter, selon les uns; Vénus, selon lesautres; — ment (omis dans la Vulgate), Is., lxv, 11, d’après un grand nombre de commentateurs, la Lune; d’après d’autres, Vénus; — kîyûn (Vulgate: imago), Amos, v, 26, la planète Saturne. Les noms de Nébo et de Nergal, qui personnifiaient les planètes Mercure et Mars, se lisentaussi Is., xlvi, 1, et IV Reg., xvii, 30, mais comme nomsd’idoles. On admet communément que le mot mazzâlôt, II (IV) Reg., xxiii, 5, et le mot analogue, mazzârôf, Job, xxxviii, 32 (Vulgate: duodecim signa et Lucifer), signifie le zodiaque. Les douze signes du zodiaque (fig. 341)sont représentés sur des monuments babyloniens ( Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. 45; cf.Epping, Astronomisches aus Babylon, p. 148; R. Brown, Remarks on the Euphratean astronomical Names ofthe signe of the Zodiac, dans les Proceedings of theSociety of Biblical Archseology, mars 1891, t. xiii, p. 246-271), et c’est peut-être à quelque représentation de ce genre que fait allusion IV Reg., xxiii, 5. Lesrapports que les Juifs avaient eus avec les Assyriens depuis Achaz, IV Reg., xvi, 7, 10, 18, leur avaient donnéquelques notions des sciences et des arts cultivés sur lesbords de l’Euphrate et du Tigre, et c’est de leurs astronomes qu’Achaz avait dû apprendre la manière de construire un cadran solaire. IV Reg., XX, 11. Cf. Hérodote, il, 109. Le prophète Isaïe, xlvii, 13, fait allusion à' leursobservations astronomiques et astrologiques.

Dans le Nouveau Testament, les Gémeaux, étoiles protectrices des marins ( À16<rxoupoi; Vulgate: Castores), Act., xxviii, 13, n’apparaissent que comme le nom dunavire qui transporte saint Paul de Malte à Pouzzoles.La planète Vénus est nommée dans l’Apocalypse, ii, 28; xxii, 16, sous la désignation d' «étoile du matin», à<mip6 itpwïvi; , et d' «étoile brillante du matin»,» àorripà X «(iJtpàç xa’i àp61v<5{ (Vulgate: Stella splendida et matutina). Saint Pierre la nomme aussi, en employant l’expression par laquelle elle était désignée ordinairementdans la langue grecque: <pw<jq; 6po<; (Vulgate: Lucifer).II Pet., i, 19. Pour les étoiles et les constellations mentionnées dans la Bible, voir les articles spéciaux.

Voir Saalschùtz, Archâologie der Hebrâer, c. xlvi, t. ii, p. 72-74; L. Ideler, Historische Untersuchungen

ûber die astronomischen Beobachtungen der Alten, in-8°, Berlin, 1806; id., Unstersuchungen ûber den Ursprung und die Bedeutung der Sternnamen, in-8°, Berlin, 1809; Stem, Die Sternbilder in Buch Hiob, dansla Jùdische Zeitschrift fur Wissenschaft und Leben, t. iii, 1864, p. 258-276; G. Hoffmann, Versuche zu Amos, dansla Zeitschrift fur die alltestamentliche Wissenschaft, t. iii, 1883, p. 107-110, 279; M. Uhlemann, Grundzûgeder Astronomie und Astrologie der Alten, in-8°, Leipzig, 1857; J. H. Kurtz, Die Astronomie und die Bibel, in-8°, Mitau, 1842 (principalement cosmologie); 0. M. Mitchel, The Astronomy of the Bible, in-12, NewYork, 1863.

F. Vigouroux.ASTROS (Paul Thérèse David d'), théologien français, né à Tourves (Var) le 15 octobre 1772, mort à Toulousele 29 septembre 1851. Il supporta avec un grand courageles épreuves de la Révolution. En 1798, il devint secrétairede Portalis, son oncle, puis grand vicaire du diocèsede Paris, qu’il administra après la mort du cardinalde Belloy (1808). Pie VII lui adressa, en 1809, la bulled’excommunication contre Napoléon I er. L’empereur lefit alors incarcérer à Vincennes, où il resta jusqu’en1814. Il accompagna les Bourbons à Gand pendant lesCent jours. À son retour, il fut nommé évéque de Bayonne; en 1830, il devint archevêque de Toulouse, et le 29 septembre 1850, il fut promu au cardinalat. Il a laissé plusieurs écrits théologiques, canoniques et polémiques. Oncite aussi souvent sous son nom La Bible mutilée parles protestants, ou Démonstration de la divinité desEcritures rejetées par la Béforme, ouvrage publié parordre de Affl r d’Astros, archevêque de Toulouse, in-8°, Toulouse, 1847. Cet ouvrage est en réalité l'œuvre deB. H. Vieu’sse, Sulpicien, professeur au grand séminairede Toulouse. Voir Vieusse. Cf. Caussette, Vie du cardinald’Astros, in-8°, Toulouse, 1853.

    1. ASTRUC Jean##

ASTRUC Jean, médecin français, né à Sauves, dansle bas Languedoc, le 19 mars 1684, mort à Paris en 1756.Il étudia la médecine à Montpellier, et occupa à partirde 1716 une chaire à la faculté de cette ville. Adonnésurtout aux sciences médicales, il se mêla cependant demétaphysique et d’exégèse biblique, et dans cette dernière branche ses conclusions ont eu du rententissem*nt, à cause du parti qu’en ont tiré les rationalistes modernes.Ses Conjectures sur les mémoires originaux dont ilparaît que Moïse s’est servi pour composer le livre dela Genèse, ouvrage publié à Bruxelles (Paris), en 1753, sous le voile de l’anonyme, ont servi de base à tout unsystème d’attaques contre l’intégrité du Pentateuque et laréalité de son auteur. Astruc distinguait, dans la Genèse, deux mémoires ou documents principaux, reconnaissablés, d’après lui, au nom différent de Dieu qui y étaitemployé: Elohim, «Dieu,» dans l’un; Jéhovah (Dominus dans la Vulgate) dans l’autre. Il admettait en outrela présence de divers autres fragments, et prétendait queMoïse s'était servi, pour la composition de son récit, d’unedouzaine de mémoires, insérés sans presque aucune modification. Cette distinction, déjà remarquée d’ailleurs parplusieurs Pères ou docteurs de l'Église, qui avaient essayéde l’expliquer, a fait fortune en Allemagne depuis le commencement du siècle, et bon nombre d’exégètes rationalistes l’ont admise, en la modifiant selon leurs vuespropres. Vater, l’auteur de l’hypothèse «fragmentaire», reproduit dans son système cette distinction des noms deDieu, à laquelle il prête une grande importance. Ce furentEichhorn et surtout Ewald qui popularisèrent au delà duRhin les idées d’Astruc, d’où tire son origine l’hypothèse «des documents». Dès lors les critiques de cette écoleregardèrent comme un fait démontré que le Pentateuquen'était qu’une sorte de mosaïque dans laquelle étaientjuxtaposés des documents d’origine diverse. Toutefoisl’accord cessa tout à coup lorsqu’il s’agit d’indiquer dansle livre sacré la place qui convenait à chaque document,

et une troisième hypothèse dite' «complémentaire» aessayé, mais sans succès, de faire à chacun une part équitable. Kuenen dans les Pays-Bas, Renan et Michel Nicolasen France, Davidson et Golenso en Angleterre, sont entrebeaucoup d’autres les propagateurs d’une théorie qu’ilsont su adapter à leurs propres idées. Le livre d’Astrucfit élever des doutes sur son orthodoxie, et pour combattre la mauvaise impression soulevée par cette publication, il donna deux dissertations sur Y Immortalité, l’immatérialité et la liberté de l'âme, 1755. Voir Vigoureux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. ii, p. 479-485. L. Guillereau.

ASTRUC DE LUNEL. Voir Abba Mari, col. 18.

    1. ASTYAGE##

ASTYAGE (' Aaruâyr^; en assyrobabylonien: IStuwigu) fut le quatrième et dernier roi des Mèdes (584-549).D’après les témoignages concordants d’Hérodote et desinscriptions babyloniennes, dont une émane du roi chaldéen contemporain Nabonide, il fut renversé par Cyrus, roi de Perse, et livré au vainqueur par ses propres soldats.Astyage conserva jusqu'à sa chute, qui fut soudaine et imprévue, l’empire dont il avait hérité de son père Cyaxare.Hérodote le fait aïeul maternel de Cyrus, et raconte qu’ilvoulut faire périr ce dernier, à la suite d’un songe qui luiannonçait, selon l’interprétation des mages qu’il consulta, que son petit-fils, encore à naître, le détrônerait un jour.Mais le récit d’Hérodote porté le cachet de la légendedans cette partie. Le même historien dit qu' Astyage, prisonnier de Cyrus, fut traité avec égard jusqu'à sa mort.Astyage a laissé la réputation d’un prince voluptueux etcruel, et la conduite des Mèdes à son égard tend à la justifier. — Astyage est nommé dans les suppléments deutérocanoniques du livre de Daniel, par Théodotion et laVulgate, en un verset que la Vulgate, dans les éditionsactuelles (xm, 65), rattache à l’histoire de Susanne, etqui appartient néanmoins à l’histoire de Bel et du Dragon, à laquelle il sert d’introduction: «Astyage fut réunià ses pères, et Cyrus, roi de Perse, lui succéda dans laroyauté.» Malgré toutes les peines qu’on s’est données, on n’a pas réussi jusqu'à présent à expliquer la mentiond’Astyage en cet endroit, où il est question de Cyrus, roide Babylone: ce qui n’a qu’un rapport indirect avec l’histoire d’Astyage. Celui-ci, en effet, ne fut jamais roi deBabylone, et il perdit son royaume de Médie dix ansavant la prise de cette ville par Cyrus. Aussi plusieursvoudraient - ils supprimer ce verset, conformément autexte des Septante, où il ne se lit pas. — Voir le cylindrede Nabonide, trouvé à Sippar par H. Rassam, publié parPinches, dans les Cuneiform Inscriptions of WesternAsia, t. v, pi. 64; traduit en partie par le même dans lesProceedings of the Society of Biblical Archmology, t. v, p. 7, 8, et en entier, avec commentaires, par Joh. Latrille, dans la Zeitschrift fur Keilschriftforschung, t. ii, p. 231-262, 335-359; — la chronique babylonienne relative à Nabonide et à Cyrus, publiée par le même, avecversion, dans les Transactions of the Society of BiblicalArchxology, t. vii, p. 153-169; Hérodote, i, 46, 73-75, 91, 107-112, 114-125, 127-130, 162; Ctésias, dans Diodorede Sicile, ii, 34. — Les données de Xénophon, dans laCyropédie, sont absolument fausses, et contredites parl’Anabase, iii, 4, où l’on voit le dernier roi des Mèdesrenversé par le roi de Perse, conformément au témoignagedes autres sources. A. Deiattre.

    1. ASUPPIM##

ASUPPIM ( 'Âsuppîm; Septante: 'Ao-aipefv, I Par., xxvl, 15, 17). Ce mot hébreu, nom propre d’après quelques-uns, nom commun d’après le plus grand nombre, se lit trois fois dans l’Ancien Testament, I Par., xxvi, 15, 17, et II Esdr., xii, 25. Dans les deux premiers passages, la Vulgate traduit concilium, «[maison où se réunissait]le conseil;» dans II Esdr., xii, 25, elle traduit vestibula, «parvis» (Septante: lv tw <tuv «y «YS’v! *£) L’auteur des

Paralipomènes applique le mot à une maison ou à un localparticulier: bêf ( «maison» ) 'ixsuppîm, I Par., xxvi, 15; le mot bêt n’est pas exprimé, mais il est sous-entendu, I Par., xxvi, 17, et II Esdr., xii, 25. 'Asuppîm signifie «collections, amas». La maison des 'âsuppîm est doncla salle, magasin ou chambre, où l’on réunissait et gardait des objets divers, appartenant au temple de Jérusalem. Elle était située au sud du temple. Deux lévitesde la famille d’Obédédom étaient chargés de la garder.I Par., xxvi, 15. — Néhémie, en énumérant les fonctions deslévites dans le temple restauré après la captivité, II Esdr., xii, 25, l’appelle «l" âsuppîm des portes», parce quece dépôt ou trésor était près de l’une des portes du temple, dans la cour extérieure. Cf. I Par., xxvi, 15. On peutsupposer que deux entrées conduisaient au bêt 'âsuppîm, puisque deux postes étaient destinés à en garder l’accès.I Par., xxvi, 16. Cf. F. Keil, Ckronik, 1870, p. 204.

    1. ASYNCRITE##

ASYNCRITE (Nouveau Testament: 'Actûyxpitoç, «incomparable» ), chrétien de Rome, que salue saintPaul dans son Épitre aux Romains, xvi, 14. Les Grecs leregardent comme le premier évêque d’Hyrcanie, et fontsa fête le 8 avril. Le martyrologe romain le marque aumême jour.

1. ATAD (hébreu: Hâ'âtâd, avec l’article hâ; Septante: 'AtôcS), nom d’une aire où les enfants de Jacob etles Égyptiens qui les accompagnaient célébrèrent pendantsept jours les cérémonies solennelles des funérailles du patriarche, d’où vint que les Chananéens qui habitaient lepays donnèrent à cet endroit le nom d’Abel Misrahn ou «Deuil de l’Egypte» (Vulgate: Planctus JEgypti). Gen., L, 10-1 1. Atad est considéré par quelques-uns comme unnom propre d’homme, désignant le propriétaire de l’aire; mais comme ce mot, qui signifie «épine, buisson», estprécédé de l’article, il est assez probable qu’il doit seprendre comme nom commun, marquant que l’aire étaitdans le voisinage des buissons 'âtâd, ou avait été ellemême autrefois soit couverte de ces buissons, sqit remarquable par quelque arbuste épineux de l’espèce dé cenom.

L'événement rapporté par la Genèse est trop ancien etle lieu où il s’accomplit était trop peu important pourque la tradition ait exactement gardé le souvenir de l’emplacement de l’aire d’Atad. L’auteur sacré a bien eu soinde nous apprendre que cette aire était située «au delà duJourdain», Gen., L, 10; mais cette détermination est tropvague et insuffisante pour fixer un lieu précis. On peuts’en servir du moins pour rejeter l’opinion de ceux qui, comme Thomson, The Land and the Book, SouthernPalestine, 1881, p. 243-245, supposent qu’Abel Misraïmétait dans le voisinage d’Hébron, Cette hypothèse panaitde prime abord assez naturelle: le corps de Jacob devantêtre enterré à Hébron, on comprendrait facilement qu’oneût célébré les rites solennels des obsèques dans le voisinage de cette ville, avant de déposer les restes du saintpatriarche dans la caverne de Makpélîh; mais, quoiquele chemin le plus court pour aller d’Egypte à Hébronfut celui qui est à l’ouest de la mer Morte, le cortègefunèbre, pour une raison inconnue, probablement à causedes dangers de la route directe, alla passer à l’est et aunord de la mer, comme le prouve l’indication «au delàdu Jourdain». Cette expression ne peut convenir à unlieu voisin de la ville d’Hébron. L’aire d’Atad doit^ doncêtre cherchée à l’est ou à l’ouest du Jourdain, dans ladernière partie de son cours. La locution be'êbér hayyardên, «au delà du Jourdain,» signifie ordinairement, dansl'Écriture, «à l’est du fleuve,» parce que le territoire de larive gauche est «au delà» pour celui qui écrit dans la Palestine proprement dite. Aussi divers interprètes l’entendentils ici dans ce sens; ils croient que l’aire d’Atad était prèsdu fleuve, sur la rive orientale, et comme il n’y avait pasde Chananéens au delà du Jourdain, et que le texte dit

expressément que les Chananéens furent témoins du deuildes enfants de Jacob, Gen., l, -11, ils supposent qu’ilsvoyaient de la plaine occidentale ce qui se passait del’autre côté de la rivière. Fr. Delitzsch, Die Genesis, 2e édit., 1853, t. ii, p. 162. Cette explication est forcée. Le sensnaturel du texte est que les cérémonies funèbres s’accomplirent au milieu des Chananéens. On comprend sanspeine que ce soit aussitôt après être entrés dans la terrede Chanaan que les enfants de Jacob lui rendirent lesdevoirs funèbres. L’expression be'êbér ne contredit pascette explication, car cette locution ne signifie pas nécessairement «à l’est» du Jourdain; et signifierait-elle toujours «au delà,» dans le cas présent pour ceux quivenaient d’Egypte, «au delà du Jourdain,» c'était laterre de Chanaan. Mais, en réalité, be'êbér n’avait pasune signification très précise et rigoureusem*nt déterminée. Cf. Num., xxxii, 19; Deut., iii, 20, 25; xi, 30.Aussi beaucoup de géographes et de commentateurs n’hésitent-ils pas à reconnaître que l’aire d’Atad était à l’ouestdu Jourdain. Raumer, Palâstina, 2e édit., in-8°, Leipzig, 1838, p. 175; Ritter, Erdkunde, t. xv, p. 544; J. Lamy, Commentarium in librum Genesis, 2 in-8°, Malines, 1884, t. ii, p. 400, etc. D’après une tradition ancienne, attestée par saint Jérôme, De situ et lac. heb., t. xxiii, eol. 863, l’aire d’Atad était à deux milles du Jourdain, àtrois milles de Jéricho, au lieu appelé de son temps Bethhagla. Voir Bethhagla. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 58-59. On ne peut dire que l’identification de l’aired’Atad et de Bethhagla soit certaine; mais de toutes cellesqui ont été proposées, elle paraît la plus acceptable. —Aujourd’hui subsiste encore, en Syrie, la coutume depleurer les morts pendant une semaine et de placer lecorps sur une herse à battre le blé, dans une aire situéeà l’ouest du village, au milieu d’une tente de peaux dechèvres noires; c’est là que les parents lui rendent lesdevoirs funèbres. Voir Wetzstein, Die syrische Drechstafel, dans la Zeitschrift fur Ethnologie, 1873, p. 294-302.Ci. Ritter, Erdkunde, t. xv, p. 544. F. Vigouroux.

2. 'ÂTÂD, nom hébreu d’un arbuste épineux, nomméJud., ix, 14, 15, et Ps. lviii (lvh), 10, et dont l’identification est douteuse. Septante: pâu.voç; Vulgate: rhamnus. Voir Lyciet et Rhamnls.

    1. ATARA##

ATARA (hébreu: 'Âtârâh, «couronne;» Septante: 'Aiâpct), deuxième femme de Jéraméel, fils aîné d’Hesron, et mère d’Onam. I Par., H, 26.

    1. ATARGATIS##

ATARGATIS, déesse adorée par les Philistins, lesPhéniciens, les Syriens, et appelée aussi Dercéto. Ellen’est pas nommée dans la Sainte Écriture, mais le textegrec de II Machabées, xii, 26, parle d’un temple qui luiétait consacré et qui portait son nom, Atargatéion ('AtapyaTeïov; Codex Alexandrinus: 'ATepyafsïov).

I. Nom. — Les écrivains grecs, par lesquels cette déessenous est surtout connue, écrivent diversem*nt son nom: 'AtapfâTi?, 'ATEpyâTtç (l’orthographe Atargatis doit êtrepréférée à celle d’Atergatis, d’après les monuments épigraphiques), AepxîTû. Le nom de Dercéto ne diffère guère decelui d’Atergatis que par l’absence de l’a initial, et par lechangement des consonnes de même nature, d et t, g et k; il en est une forme abrégée. «On appelait aussi AtargatisAthara ('Adâpav); Ctésias l’appelle Dercéto,» dit Strabon, XVI, 27, édit. Didot, p. 667. «Prodigiosa Atargatis, dit Hine, H. N., v, 23 (19), 81, Gratis autem Dercétodicta.» Une inscription votive, trouvée à Astipalya, surun petit autel rectangulaire en marbre blanc, porte: ANTI0X02 | KAI | ETII0P02 | ATAPrATEITI |ANE9HKAN, «Antiochus et Eupore ont consacré [cetautel] à Atargatis.» Bulletin de correspondance hellénique, 1879, p. 407. (Voir ibid., p. 407-408, les autres monuments êpigraphiques grecs reproduisant le nom d' Atargatis, et ibid., 1882, p. 479-489, 495-500, les inscriptions

du temple des dieux étrangers à Délos, consacrées audieu Adad ou Hadad et à la déesse Atargatis.)

L'étymologie du nom d’Atargatis est fort discutée. Plusieurs orientalistes veulent y trouver le poisson comme élément. J. Selden, De diis syris syntagmata duo, ii, 3, in-12, Londres, 1617, p. 178; Fr. Creuzer, Symbolik undMythologie der alten Vôlker, 2e édit., 4 in-8°, Leipziget Darmstadt, . 1819-1821, t. ii, iv, 12, p. 76-77, y voient les deux mots 3T tîn, 'addir ddg, «grand

poisson.» — Gesenius, Commentar ûber den Jesaia, 1821, t. ii, p. 342, le décompose en Ta-h», 'âdér gad, «grandeur de félicité.» — Movers, Phônizier, 1. 1, p. 584; Michælis, Lexicon syriacum, 1788, p. 975-976, et L.W. Grimm, Das zweite JBuch der Makkabâer, 1857, p. 179, croientque l’a initial ne fait pas partie intégrante du nom, qui, est écrit, en chaldéen, dans le Talmud, Aboda zara, f. Il b,

NnyiP, 41r ata, en syriaque IK^il» (era’fo, ouI, «y i), tar’fo', dans Jacques de Sarug (voir P. Martin,

Discours de Jacques de Saroug, dans la Zeitschrift derdeutschen morgenl. Gesellschaft, 1875, t. xxix, p. 132) Tet ils pensent que la signification du nom d’Atargatis.est celui de ce mot araméen, c’est-à-dire «fente, ouverture», ce qui peut être rapproché de la coutume mentionnée par Lucien, De syria dea, 12, 13, édit. Didot, p. 735-736; il raconte que-de nombreux pèlerins se rendaient deux fois par an au temple de la déesse, à Hiérapolis, pour verser de l’eau dans l’ouverture d’un gouffre (xàtr[ia), par où, disait-on, s'étaient écoulées autrefois toutes leseaux du déluge. Mais ni la forme talmudique ni la formeemployée par Jacques de Sarug ne sont exactes. LesInscriptions découvertes pendant ces dernières annéesnous ont révélé la véritable orthographe d’Atargatis. Surles monuments de Palmyre, elle est appelée rmyiny, ce qu’une inscription bilingue de Palmyre qu. I, n° 3, ligne 4) rend en grec par [AraplfaTec. (De Vogué, Syriecentrale, Inscriptions sémitiques, 1868, p. 7, pi. I. Cf.Waddington, Inscriptions grecques et latines de Syrie, in-f», Paris, 1870, n» 2588, p. 596; Corpus inscriptionum

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342. — Atargatis.

(IflO^nO (iTWmy). Atargatis, vue de face, avec une haute.

couronne ornée de quatre cercles et de quatre fleurons enacrqtères, lea cheveux nattés tombant sur ses épaules, et un

collier. — fy qq^q^u ("I"! ~ 137). AbdHadad, prêtred' Atargatis, barbu, debout, à gauche, coiffé d’un bonnetconique, vêtu d’une longue robe, la main droite levée devantun thymiatérion, sous un toit supporté par deux colonnes..Pièce fourrée, frappée à Hiérapolis (Bambyce) vers le temps*de l’arrivée d’Alexandre en Syrie.

grœcarwn, n" 4480). Sur une monnaie syrienne, on re-~marque une légère variante inviny (fig. 342). De Luynes, Essai sur la numismatique des satrapes, 1846, texte, p. 39, et pl.v; Blau, Beilràge zur phônikischenMùnzkunde, dansla Zeitschrift der deutschen morgenlândischen Gesellschaft, 1852, t. vi, p. 473-474; A. de Longpérier, Monumentsantiques de l’Asie, dans le Journal asiatique, octobrenovembre 1855, p. 428; Id., Œuvres, édit. Schlumberger, 3 in-8°, Paris, 1883, 1. 1, p. 187. Il résulte de là que le nom.d’Atargatis se compose de deux éléments: in? et rtny, .comme l’avait supposé H. Ewald, Erklârung der grosse», phônikischen Inschrift von Sidon, in-f°, Gœttingue, 1856, .

p. 52. Cf. M. A. Levy, Phônizische Studien, Heft ii, 1857, p. 39; Nôldeke, Beitrâge zur Kenntniss der aramàischenDialehte, dans la Zeitschrift der deutschen morgenlândischenGesellsehaft, 1870, t. xxiv, p. 92, 109.

II. Caractères de cette déesse. — Atargatis ne diffèrepas au fond d’Astoreth ou Astarthé. Un de ses templesse trouvait dans la ville qui portait le nom même d’Astarthé, c’est-à-dire Astaroth-Carnaïm. Le premier élémentde son nom est une contraction de ii^ny, ’Attar

ou’Attor, correspondant à l’hébreu m’Eii, ’Àsfôréf, etau phénicien rnniry, ’Asfarle, avec le durcissem*nt de

la sifflante S en t, selon la loi de la.langue araméenne, et la chute de la terminaison féminine t, comme dans lenom assyrien de la même déesse, Istar. Attar est connuecomme une déesse hymiarite, et Strabon, xvi, 27, commenous l’avons vii, dit formellement qu’elle est la mêmequ’Atargatis. Voir aussi Hésychius, au mot’AmxfâOn(Lexicon, édit. M. Schmidt, 5 in-4°, Iéna, 1858-1868, t. i, p. 317); cf. Justin ( Atarathes), Hist. phil. Epit., xxxvi, 2, édit. Teubner, p. 205; J. Halévy, Recherches bibliques, dans la Revue des études juives, 1884, t. ix, p. 182-183.La seconde partie du nom, nny, ’atah, semble signifier «bonne fortune». Cf. la déesse Ati ÇAti), dans pseudo-Méliton, Corpus apolog. christ., édit. Otto, t. ix, p. 505, 426; W. Baudissin, dans Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit., t. i, p. 737; M. de Vogué, Inscript, sémit., p. 8, 11 (Palmyre, pi. i, n° 5, ligne 6); E. Schrader, Semitismus und Babylonismus, dans les Jahrbûcher furprotestantische Théologie, 1875, t. i, p. 127.

Malgré cette union d’Attar et d’Atti, l’identité primitived’Atargatis et d’Astarthé n’estpas douteuse. L’une et l’autre

ont à peu près les mêmes

attributs. La colombe leur est

consacrée. Voir, pour Atargatis-Dercéto, fig. 287, col. 1064.De nombreux monuments

l’attestent pour l’Astarthé

phénicienne. Un cylindre

trouvé en Chypre, par M. di

Cesnola (Salamina, in-4°, Turin, 1887, n» 30, p. 130), d’une longueur de dix-neuf millimètres, représentel’offrande d’une colombe à Astarthé. Un prêtre la reçoitde la main d’une femme, pour la présenter à la déesse.Derrière Astarthé, on voit un lion assis et un griffon ailé(fig. 343). Le lion est mentionné par Macrobe, Saturn., I, 23, 20, édit. Teubner, p. 128, dans la représentationd’Atargatis (Adargatis). Quant aux colombes, la légendeen est spécialement rattachée à Dercéto ou Atargatis parles auteurs anciens. Diodore de Sicile, ii, 20, édit. Didot, t. i, p. 96, d’après Ctésias, Fragm., 5, édit. Didot, p. 16; cf. Lucien, De syria dea, 14, édit. Didot, p. 736; Athénagore, Légat, pro Ckristo, . 30, Patr. gr., t. vi, col. 960.Cf. J. Gilmore, The fragments of the Persika of

Ctesias, in-8°, Londres,

1888, p. 24-26.

Le poisson était aussi

consacré à Atargatis et à

Astarthé. Les écrivains

grecs et romains, Lucien,

De syria dea, 14; Diodore

de Sicile, ii, 4; Ovide,

Met., iv, 44-46, disent que

Dercéto était une déessepoisson, comme Dagon était un dieu-poisson, et elle estreprésentée sous cette forme sur une médaille publiéepar J. Swinton, Observations upon five ancient Coins, dans les Philosophical Transactions, t. lxi, 1771, part, ii, in-4°, Londres, 1772, p. 350, pi. xiii, 3. Cf. n» l. Elle tientun poisson dans la main droite et un coquillage dans lamain gauche. Malheureusem*nt cette médaille est fruste

343.

Offrande d’une colombe

à Astarthé.

344.

Dercéto.

Dercéto, moitié femme, moitié

poisson. — ^. Une galère et

un cheval ou monstre marin.

et l’interprétation qu’en donne Swinton peut être sujette àquelques difficultés (fig. 344). Cf. aussi J. Eckhel, Doctrinanumorum, t. iii, p. 445. D’après les fables conservées parles Grecs, Dercéto, séduite par la beauté d’un jeunehomme qu’elle remarqua parmi ceux qui lui offraient dessacrificeSj en eut une fille qui devint la célèbre Sémiramis.Honteuse de sa faute, elle fit disparaître le père, relégual’enfant dans une solitude où elle fut nourrie par des colombes, et se précipita elle-même, près d’Ascalon, dans unlac où elle fut changée en poisson. Diodore de Sicile, ii, 4.Une autre forme de la légende raconte que Dercéto, étanttombée dans un lac, fut sauvée par un poisson, d’où le culterendu aux poissons par les Syriens. Hygin, Astron., ii, 30, 41; Ératosthène, Catasterism., 38; Strabon, xvi, 27, p. 667. Cf. Cicéron, De nat. deor., 6; Athénée, Deinosoph. rvin, 37; Ovide, Métam., IV, 44-46; Selden, De diis syris, n, 3. Atargatis -Dercéto était donc devenue la force fécondantedes eaux divinisées. Elle était souvent associée audieu Hadad. Macrobe, Saturn., i, 23; Bulletin de correspondancehellénique, 1882, t. vi, p. 481-489, 495-500.III. Culte. — Le culte d’Atargatis était particulièrementcélèbre à Ascalon (voir Ascalon, col. 1064). Cette déesse845. — Temple d’Astarthé.

avait aussi un temple renommé à Hiérapolis ou Bambyce.Strabon, xvi, 27, p. 667. Cf. Pline, H. N., v, 23 (19), 81; J. A. Nickes, De Estherx libro, 2 in-8°, Rome, 1856-1858, t. i, p. 326. On l’honorait également à Palmyre. M. deVogué, Inscript, sémit., p. 8. Le second livre des Machabées, xii, 26 (grec), nous apprend qu’elle avait un templeà Camion, c’est-à-dire, d’après l’explication commune, à Astaroth-Carnaïm, ville qui tirait son nom de celuide la déesse.

Ce qu’était le temple de Camion, aucun document antiquene nous le fait connaître. Nous pouvons cependant enavoir probablement quelque idée, grâce aux découvertes, de Mycènes. Parmi les objets trouvés par M. Schliemanndans les tombeaux de l’acropole de Mycènes, figure unpetit modèle en or d’un temple d’Astarthé, travaillé aurepoussé. H. Schliemann, Mycènes, in-8°, Paris, 1879, p. 349; cf. L. von Sybel, Weltgeschichte der Kunst, in-4°, Marbourg, 1888, p. 58. Le symbole de la déesse est représentédans.les trois niches qui figurent l’intérieur du.sanctuaire; deux colombes aux ailes déployées sont perchéessur deux colonnes placées au-dessus des deus côtés du temple; une sorte de tour, terminée par quatre cornes, couronne l'édicule (flg 345).

Le premier livre des Machabées, v, 43-44, mentionne aussi le temple de Camion, mais sans dire à quelle divinité il était consacré. Il nous apprend seulement que les habitants du pays de Galaad, battus par Judas Machabée, jetèrent leurs armes et se réfugièrent dans l’enceinte sacrée, espérant sans doute que ce serait pour eux un asile inviolable; mais le vainqueur fit mettre le feu au temple, et tous ceux qui y étaient enfermés périrent dans les flammes.

Voir Richter, Derketo, dans Ersch et Gruber, Encyklopädie, sect. i, t xxiv, 1833, p. 499-205* C. A. Bottiger, Die phönizisch-karthagische Juno, dans ses Ideen zur Kunst-Mythologie, t. ii (1836), in-8°, Dresde, p. 213-221; Movers, Die Phönizier, t. i, 1841, p. 389-410; Stark, Gaza und die philistäische Küste, 1852, p. 250-255; L. Preller, Römische Mythologie, 3e édit., t. ii, 1883, p. 396-399; R. Smith, Lectures on the religion of theSémites, in-8°, Edimbourg, 1889, p. 159; W. H. Roscher, Ausführliches Lexicon griechischen und römischen Mythologie, t. i, 1884-1890, col. 651.

F. Vigouroux.

ATAROTH (hébreu: ʿÂtârôṭ, «couronnes,» une fois avec le cholem défectif, Num., xxxii, 34; Septante: Ἀταρώθ, nom de plusieurs villes situées des deux côtés du Jourdain. Il se retrouve, à l'état construit, dans les composés suivants: i° ʿÂtrôṭ-Šôfân, Num., xxxii, 35; 2° ʿÂtrôṭ-Addâr, Jos., XVI, 5; xviii, 13; 3° ʿÂtrôṭ-béṭ-Yô'âb, I Par., ii, 54. Il s’est conservé, sous la forme ʿÂtâra, dans plusieurs localités actuelles de la Palestine, sans qu’elles correspondent toujours pour cela aux cités bibliques.

1. ATAROTH, une des villes du «pays de Jazer et du pays de Galaad», Num., xxxii, 1, 3, enlevée à Séhon, roi des Amorrhéens, Num., xxxii, 33, et rebâtie ou fortifiée par les fils de Gad, Num., xxxii, 34. Les cités parmi lesquelles elle est mentionnée suffiraient à elles seules pour nous indiquer son emplacement d’une façon générale: Dibon (Dhibân) et Aroër (Ar’dir), un peu audessus de l’Arnon; Hesebon (Hesbân), vis-à-vis de la pointe septentrionale de la mer Morte; Éléale (El 'Al)au nord-est, et Nébo (Neba) au sud-ouest d’Hésebon. Elle se trouvait donc bien dans la région qui s'étend à l’est du lac Asphaltite. Son nom s’est conservé à peu près intact dans le Djebel Attarûs et le Khirbet Attarûs, [texte arabe] ou [texte arabe], situés à quelque distance au nord-ouest de Dibon. Voir la carte de la tribu de Ruben. À cette identification on a opposé l’objection suivante: Ataroth ne pouvait être placée si bas, puisque l’extrême limite méridionale de la tribu de Gad ne descendait. pas au-dessous d’Hésebon. Jos., xiii, 26. Cf. Grove, dans Smith’s Dictionary of the Bible, Londres, 1861, 1. 1, p. 134. Nous répondrons d’abord que la difficulté est la même pour Dibon et Aroër, situées plus au sud encore, et dont la position néanmoins ne peut souffrir aucun doute. Ensuite les villes de cette première contrée conquise par les Israélites, après avoir été restaurées indistinctement par les enfants de Ruben et de Gad, furent plus tard réparties entre eux d’une manière spéciale, en sorte que Dibon, Ataroth et Aroër, quoique rebâties par Gad, Num., xxxii, 34, furent, d’après le partage, attribuées à Ruben. Jos., xiii, 16, 17.

Les ruines connues sous le nom de Khirbet Attarûs consistent en une masse de pierres brutes, des rangées de murs démolis, des lignes de fondations éparses sur un long sommet, de larges cavernes et des citernes circulaires. Parmi ces débris s'élèvent quelques figuiers et de vieux térébinthes au tronc noueux. De ce point la vue est très étendue: par un ciel clair on aperçoit Bethléhem et Jérusalem, le Garizim et le Gelboé. Le Tell Chihàn domine la plaine au sud, tandis qu'à l’est de petit* points, épars sur le vaste plateau, marquent la position de certains sites ruinés, comme Oumm er-Reçâs et Ziza. De Khirbet Attarûs, une ancienne voie romaine conduit, à travers une contrée boisée et bien cultivée, au Djebel Attarûs, mamelon isolé sur lequel s'élevait l’ancienne citadelle. On y trouve les débris d’un fort et d’un mur qui entourait la crête de la colline. On y jouit d’une belle vue sur l’ouadi Zerqa Main, l’ouadi Habis au nord, et l’ouadi Modjib (Arnon) au sud. Cf. H. B. Tristram, The Land of Moab, in-8°, Londres, 1874, p. 271-274.

Il est question d' Ataroth dans la stèle de Mésa. Le roi de Moab dit: 10. «Et les hommes de Gad habitaient dans la terre d'[Ataro]th depuis longtemps et leur avait bâtile roi [d’I-] 11. sraël A[t]aroth. | Et j’attaquai la ville et je la pris | et je tuai tous les hfommes] 12. de la ville, spectacle agréable à Ghamos et à Moab. Et j’emportai de là l’Ariel (?) Dodo et je le [pla-] 13. çai par terre devant Chamos à Carioth.» Cf. A. H. de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine et conservés au musée du Louvre, Paris, 1879, p. 1, 3; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 61.

2. ATAROTH. Le texte hébreu mentionne dans le pays de Moab une autre Ataroth, ʿÂtrôṭ-Šôfân; Septante: τὴν Σοφάρ. Num., xxxii, 35. Elle est appelée dans la Vulgate Etroth et Sopham. Voir Étroth.

A. Legendre.

3. ATAROTH (Septante: Ἀχαταρώθι, corruption des deux mots Ἀρχί Ἀταρώθ, qu’on distingue généralement, avec les principales versions), ville frontière méridionale de la tribu d'Éphraïm [?]. Jos., xvi, 2. Son emplacement est très difficile à déterminer. Suivons pour cela bien exactement la délimitation tracée par le texte sacré. «Le lot échu aux enfants de Joseph part du Jourdain, auprès de Jéricho et de ses eaux (Aïn es-Soulthân), vers l’orient: [suit] le désert qui monte de Jéricho à la colline de Béthel (Beitin). Et il sort de Béthel Luza et passe vers les frontières de l’Archite, vers Ataroth; et il descend à l’occident vers la frontière du Japhlétite jusqu’aux confins de Béthoron inférieure et jusqu'à Gazer, et il aboutit à la mer (Méditerranée).» Jos., xvi, 1-3. Deux villages appelés 'Athâra, [texte arabe], et 'Atâra, [texte arabe], sont assez rapprochés de la ligne décrite depuis Béthel jusqu'à Béthoron. Le premier, situé au nord-ouest de Beitin et au sud-ouest de Djildjilia, s'élève sur une hauteur, avec une population d’environ trois cents habitants. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 3 in-8°, Londres, 1856, t. ii, p. 265, et V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 169, pensent qu’on peut probablement l’identifier avec la ville dout nous parlons. Et, en effet, par sa position, Athara pouvait être choisie comme un des points de la frontière sud d'Éphraïm: de là on «descend à l’occident jusqu’aux confins de Béthoron inférieure». Jos., xvi, 3. Le second, situé entre El-Biréh (Béroth) au nord et Er-Ram (Rama) au sud-est, rentre évidemment dans la tribu de Benjamin; c’est l’Ataroth mentionnée par l’Onomaslicon, Gœttingue, 1870, p. 222, comme appartenant à cette tribu, une des deux Ataroth indiquées dans le voisinage de Jérusalem. Cf. S. Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 872. Placée au-dessous de Béthel, et, sous le rapport de l’altitude, au-dessus de Béthoron inférieure, cette localité, sans faire partie du territoire d'Éphraïm, pouvait cependant servir aussi, comme direction générale, au tracé des limites. Voir Éphraïm, tribu et carte, ou Benjamin. Cette ville est-elle distincte d’Ataroth Addar? Voir Ataroth Addar.

A. Legendre.

4. ATAROTH ADDAR (ʿÂtrôṭ-Addâr; Septante: Ἀταρώθ ϰαὶ Ἐρώϰ, Jos., xvi, 5; Μααταρώϐ Ὀρέχ Jos., xviii, 13), ville située sur la frontière des deux tribusd'Éphraïm et de Benjamin. Jos., xvi, 5; xviii, 13. La leçon des Septante, outre les fautes de copistes glissées dans le texte grec, suppose une lecture primitive différente: pour la dernière partie du mot, les traducteurs ont lu ארך, avec resch et caph final, au lieu de אףך. Nous sommes ici encore en présence de difficultés presque insolubles. Le premier passage où il est question de cette ville, Jos., xvi, 5, n’est qu’un résumé des versets précédents, dans lesquels est décrite la limite méridionale d’Éphraïm et de Manassé. Voir Ataroth 2. Arrivant au tracé spécial des frontières d’Éphraïm, l’auteur sacré reprend la ligne du sud d’une façon générale, de l’orient à l’occident, en ne signalant que deux points principaux: «La frontière des enfants d’Éphraïm selon leurs familles et la frontière de leurs possessions est, à l’orient, Ataroth Addar jusqu’à Béthoron supérieure, et ses confins se terminent à la mer.» La mention de Béthoron supérieure au lieu de Béthoron inférieure ne change rien, car les deux villes si rapprochées se confondent dans l’étendue du plan. Ce qui semble résulter de ce texte, c’est qu’Ataroth Addar est identique à l’Ataroth du v. 2. Cependant que signifie l’expression «à l’orient»? Ataroth, par sa position même entre Béthel et Béthoron, appartient au midi plutôt qu’à l’est de la tribu. N’y a-t-il point quelque lacune dans ce passage? Nous trouvons le même nom dans un autre endroit de l’Écriture, Jos., xviii, 13. Il s’agit ici de la frontière nord de Benjamin, qui devait évidemment se confondre avec la frontière sud d’Éphraïm; aussi le texte est-il à peu près le même que Jos., xvi, 1-3. «Et leur limite est, vers le nord, depuis le Jourdain, et elle monte au côté septentrional de Jéricho, et elle monte vers l’occident sur la montagne, puis vient jusqu’au désert de Bethaven. Elle passe de là près de Luza, la même que Béthel, vers le midi, et elle descend à Ataroth Addar, sur la montagne qui est au midi de Béthoron inférieure.» Jos., xviii, 12-13. Voir la carte de Benjamin. Ataroth Addar, placée ici au-dessous de Béthel, «en descendant,» semblerait devoir s’identifier avec Y’Atâra, située entre Er-Ràm et El-Biréh; mais la suite du texte, précisant sa position, nous reporte plus loin, au sud de Béthofon inférieure. Aucun nom correspondant au premier élément du mot composé ne se rencontre dans cette région, mais au bas et au sud-ouest de la colline que domine Beit-’Our-et-Tahta (Béthoron inférieure), une localité, Khirbet ed-Dàriéh, semble rappeler le second, Addar. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 19, et la

grande carte, Londres, 1890, feuille 14. Nous ne savons, en somme, s’il y a dans ces deux noms deux villes distinctes. Néanmoins la ligne générale où il faut chercher ces Ataroth est assez bien définie.

A. Legendre.

5. ATAROTH, ville frontière de la tribu d’Éphraïm, vers l’est, Jos., xvi, 7. Les limites, de ce côté, sont ainsi décrites: «Machméthath au nord, et la frontière contourne à l’orient vers Thanathsélo, et passe de l’orient jusqu’à Janoé; et elle descend de Janoé à Ataroth et à Naaratha,

et parvient à Jéricho et se termine au Jourdain.» Jos., XVI, 6-7. Sur ces noms, deux, en dehors de Jéricho, sont identifiés d’une façon presque certaine: Thanathsélo, aujourd’hui Tâna, à l’est de Naplouse, cf. G. Armstrong, V. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 171; et Janoé, Khirbet Yanoun, un peu plus bas, cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 6. Naaratha, suivant les auteurs anglais, Names and places, p. 133, se retrouve à Khirbet el-Aûdjéh et-Tahtâni, au nord de Jéricho; ou, un peu plus au nord-ouest, à Khirbet Samiéh, suivant V. Guérin, Samarie, t. i, p. 212. C’est donc entre l’un de ces deux derniers points et Yanoun qu’il faudrait chercher Ataroth. Conder, Handbook to the Bible, in-8°, Londres, 1887, p. 264, propose Tell et-Trûny, à l’ouest de Khirbet el-Aûjéh et-Tahtâni, au pied des collines qui dominent la vallée du Jourdain. C’est une pure hypothèse. On trouve bien, du côté de la frontière nord d’Éphraïm, un village appelé ’Atâra. Il répond certainement à l’Ataroth signalée par Eusèbe, dans l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 221, comme étant à quatre milles (environ six kilomètres) de Sébaste (Samarie). Saint Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 871, ajoute que cette bourgade était située au nord de la même ville. Or c’est exactement la position qu’occupe ’Atâra, à la différence d’un mille en plus. Cf. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 214-215. Mais cet emplacement ne rentre pas dans la ligne de la frontière orientale, telle qu’elle est tracée par l’Écriture Sainte. Voir Éphraïm, tribu et carte.

A. Legendre.

6. ATAROTH (hébreu: ’Atrôt-bê(-Yô’àb; Septante: Ἀθαρώθ οἴϰου Ἰωάϐ; Vulgate: Corona domus Joab, «Couronne de la maison de Jacob,» nom qui, dans les listes généalogiques de la maison de Juda, I Par., ii, 54, indique probablement une localité, comme les mots précédents, Bethléhem et Nétopha. Elle est inconnue.

A. Legendre.

ATHACH, terme cabalistique. Voir Athbasch.

ATER, ATHER, hébreu: Atêr, «lié, muet;» Septante: Ἀττηρ. Nom de trois Israélites.

1. ATER, chef de famille descendant d’Ézéchias ou Hézécia. Ses fils revinrent de la captivité au nombre de quatre-vingt-dix-huit. I Esdr., ii, 16 (Ather); II Esdr., vu, 21; x, 17.

2. ATER, chef de famille dont les fils, revenus de l’exil avec Zorobabel, furent portiers du temple. I Esdr., ii, 42; II Esdr., vil, 46.

3. ATER, un des chefs du peuple qui signèrent avec Néhémie le renouvellement de l’alliance. II Esdr., x, 17. C’est peut-être le représentant de la famille d’Ater 1.

ATERGATIS, ATERGATÉION. Voir Atargatis.

ATHA, mot syriaque qui veut dire «vient», employé par saint Paul, en parlant de Notre-Seigneur (Maran), I Cor., xvi, 22. Voir Maranatha.

1. ATHACH (hébreu: Hatak; Septante: Ἀχραταῖος), un des eunuques de la cour d’Assuérus, au service d’Esther. La reine l’envoya à Mardochée pour lui demander la cause de son affliction. Esth., iv, 5, 6, 9, 10.

2. ATHACH (hébreu: ’Âfâk; omis par les Septante), une des villes auxquelles David, revenu à Siceleg après sa victoire sur les Amalécites, envoya des présents. I Reg., xxx, 30. Elle n’est citée qu’en ce seul endroit de l’Écriture et est complètement inconnue. Comme elle est précédée d’Asan, ville de la tribu de Juda, et qu’Asan est généralement accompagnée d’Éther ou Athar (hébreu: ’Étér), Jos., xv, 42; xix, 7, on suppose, peut-être avec raison, qu’il y a eu changement dans la dernière lettre, et qu’au lieu de צחף, ’Atâk, il faut lire צחר, ’Étér ou’Afar. Les Septante cependant ont traduit une fois ’Efér par Ἰθάϰ, Jos., xv, 42, et dans I Par., iv, 32, on trouve avant Asan חכץ, Tôkén, Septante; θoϰϰά, qui se rapproche de ’Afâk. On peut donc hésiter entre les deux formes. Quelques auteurs regardent comme plus probable la forme ’Étér ou’Atar. Voir Éther.

A. Legendre.

ATHAIAS (hébreu: ʿǍṭâyâh; Septante: Ἀθαῒα), fils d’Aziam, de la tribu de. Juda, demeura à Jérusalem après le retour de la captivité. II Esdr., xi, 4.

ATHALAI (hébreu: ‘Aṭlaï, abréviation de ‘Ǎṭalyâh, «Jéhovah est [ma] force;» Septante: θαλί); un des fils de Bebaï, qui renvoya une femme étrangère qu’il avait épousée dans l’exil. I Esdr., x, 28.

ATHALIA (hébreu: ‘Ǎṭalyâh; Septante: Ἀθελια), un des descendants d’Élam ou Alam, dont le fils Isaïe revint de Babylone avec Esdras, à la tête de soixante-dix hommes de sa famille. I Esdr., viii, 7.

ATHALIE (hébreu: ‘Ǎṭalyâh, «Jéhovah est [ma] force;» ailleurs: ‘Ǎṭalyâhû, IV Reg., viii, 26; XI, 2; Septante: Γοθολία), fille d’Achab, roi d’Israël, appelée aussi «fille», IV Reg., viii, 26; II Par., xxii, 2, mais en réalité petite-fille d’Amri, épouse de Joram, roi de Juda. IV Reg., viii, 18; II Par., xxi, 6. Elle était par sa mère Jézabel petite-fille d’Ethbaal, III Reg., xvi, 31, probablement le même dont parle Josèphe, Contra Apionem, I, xviii, d’après l’historien Ménandre, et qui avait été grand prêtre d’Astarthé et de Baal avant qu’il devînt par usurpation roi de Tyr et de Sidon. Josèphe, Ant. jud., VIII, vii. Fidèle à son éducation, qui l’avait formée à marcher «dans les voies des rois d’Israël», c’est-à-dire dans l’idolâtrie, elle exerça la plus pernicieuse influence sur son époux et sur son fils Ochozias, II Par., xxii, 3, après qu’il eut succédé à Joram sur le trône de Juda, et mérita l’épithète que lui donne le Saint-Esprit: «la très impie Athalie.» II Par., xxiv, 7. Ochozias ayant péri de mort violente après un an de règne, IV Reg., viii, 24-26; II Par., xxii, 1, 9, Athalie voulut régner après lui, et, cruelle autant qu’elle était ambitieuse, elle ne recula devant aucun forfait pour s’emparer du trône, jusqu’à faire mettre à mort tous ceux qui, après les sauvages exécutions de Jéhu, IV Reg., x, 12-14; II Par., xxii, 7-8, et des Arabes, II Par., xxi, 17, pouvaient par leur origine prétendre à la succession d’Ochozias. IV Reg., xi, 1; II Par., xxii, 10. Elle put ainsi régner en paix. Mais cette paix fut plus funeste à Juda que la guerre la plus sanglante, car le règne d’Athalie ne fut qu’une série d’actes criminels: emploi sacrilège des matériaux du temple et des objets du culte au service de Baal, profanations et dévastations du sanctuaire, IV Reg., xii, 5-12; II Par., xxiv, 7, qui attirèrent la malédiction de Dieu sur le royaume.

Se croyant sans rival, Athalie abusait depuis six ans, IV Reg., xi, 3; II Par., xxii, 12 (883-877), de son pouvoir usurpé, offensant à la fois Dieu et ses sujets, IV Reg., xi, 18, 20; II Par., xxiii, 21, lorsqu’un jour son repos fut troublé par les cris de: «Vive le roi!» IV Reg., xi, 12-13; II Par., xxiii, 11, que de son palais elle entendait retentir du côté du temple. Ce roi était Joas, l’un des plus jeunes fils d’Ochozias, et âgé d’un an seulement lors du massacre de ses frères. Il avait été arraché à la mort comme par miracle et élevé secrètement dans le temple sous les yeux du grand prêtre. C’était lui que Joïada, après avoir pris les mesures les plus sages, II Par., xxiii, 1-11, secondé par des chefs et des soldats fidèles (peut-être pourrait-on entendre ces expressions de prêtres et de lévites armés), produisait au grand jour, le diadème en tête, devant le peuple enthousiasmé, après lui avoir conféré l’onction royale. IV Reg., xi, 4-14; II Par., xxiii, 1-11. Voir Joas. Telle était, sous le gouvernement antithéocratique d’Athalie, l’influence de l’ordre sacerdotal, qu’il était en état d’organiser une révolution avec l’appui de l’armée et du peuple, et de renverser le pouvoir; et en agissant de la sorte il ne pensait pas sortir de ses attributions, tant la cause de Jéhovah était liée au changement de politique dans l’État.

Athalie, habituée à voir tout plier devant elle, crut ou que c’était un jeu, ou que sa seule présence suffirait à tout faire rentrer dans l’ordre. Elle se rendit en toute hâte de son palais, situé au sud du temple, au temple même, accompagnée, selon Josèphe, de ses gardes du corps, Ant. jud., IX, vii, qui durent, sur l’ordre du grand prêtre, rester en dehors de la cour. Entrant seule sous le portique, Athalie fut stupéfaite en voyant assis sur l’estrade qu’on élevait ordinairement pour présenter au peuple le roi après son sacre, IV Reg., xi, 14; II Par., xxiii, 13; cf. IV Reg., xxiii, 3; II Par., xxiv, 31, un enfant de sept ans, entouré des šârîm ou chefs soit des soldats, soit des familles, et recevant les acclamations de la foule, tandis que les ḥaṣôsrôṭ ou trompettes sacrées faisaient retentir les airs de joyeuses fanfares. IV Reg., xi, 14; II Par., xxiii, 13; cf. I Par., xiii, 8; xv, 24. Ce spectacle lui révéla la vérité, et, selon Josèphe, elle aurait d’abord ordonné de mettre à mort le jeune roi, Ant. jud., IX, vii; mais bientôt, passant de l’arrogance au désespoir, elle déchira ses vêtements et cria au secours. L’heure de la justice était arrivée: sur l’ordre de Jôïada, on l’emmena entre deux rangs de soldats hors de l’enceinte du temple, pour que ce sol sacré ne fût pas souillé par son sang, et la foule, s’écartant pour lui livrer passage, vit sans pitié passer la superbe Athalie conduite au supplice. On l’entraîna dans le chemin qui conduisait aux écuries royales, près de son palais, IV Reg., xi, 15-16; II Par., xxiii, 14-15; à la porte des chevaux du roi, qui est au sud-est de Jérusalem, Ant. jud., IX, vii; cf. II Esdr., iii, 28, et là elle périt par l’épée, sans qu’aucune tentative en sa faveur ait été faite soit par le peuple, qui la détestait, IV Reg., XI, 20; II Par., xxiii, 21, soit par ceux qui avaient intérêt à sa conservation.

P. Renard.

ATHANAI (hébreu: ’Éṭnî, «libéral;» Septante: Ἀθανι), lévite de la famille de Gerson, ancêtre d’Asaph. Il chantait devant l’arche du Seigneur. I Par., vi, 41 (hébreu, 26).

1. ATHANASE (Saint), docteur de l’Église, né vers 296 à Alexandrie, diacre dès avant 319, évêque d’Alexandrie en 328, mort dans cette ville en 373. Au rapport de saint Grégoire de Nazianze, son panégyriste, il avait été instruit dès son enfance dans les sciences divines, et s’était appliqué à une profonde étude de l’Ancien et du Nouveau Testament, «dont il possédait, dit-il, tous les livres avec plus de perfection que les autres n’en savent un seul en particulier.» Orat. xxi, 6, t.xxxv, col.1088. Voir les belles paroles qu’il dit de l’Écriture Sainte, à la fin de son traité De l’Incarnation, t.xxv, col.393-196. Il prit part comme diacre de son évêque au concile de Nicée (325) et à la définition de la consubstantialité. Évêque, sa vie entière fut consacrée à la défendre contre le rationalisme hellénique, que représente l’arianisme. Déposé par le concile arien de Tyr (335), cinq fois exilé, il défendit toujours la vraie doctrine, et s’opposa soit sur son siège, soit en exil, à la sécularisation de l’Église par le parti arien. Par là il a mérité le nom de jurisconsulte, que lui donne Sulpice Sévère, et plus encore de père de la foi orthodoxe, que lui donne saint Épiphane.

De ses œuvres exégétiques, il ne nous reste que divers fragments de commentaires, soit de Job, soit du Cantique des cantiques, soit de saint Matthieu et de saint Lue, soit de saint Paul. Ces fragments se trouvent dans les Chaînes. Montfaucon les a réunis dans son édition des œuvres complètes d’Athanase, reproduite par Migne, Patr. gr., t.xxvii, col.1344-1408. Leur attribution à saint Athanase ne repose que sur l’autorité des compilateurs des dites Chaînes. Le fragment sur le Cantique des cantiques est d’un auteur qui a visité Jérusalem et les Saints Lieux (col.1353): or aucun texte ne nous apprend d’ailleurs que saint Athanase ait jamais fait ce pèlerinage. Le fragment de commentaire de saint Matthieu, développement du texte: Quicumque dixerit verbum contra Filium hominis, Matth., xii, 32, est important par la mention qui y est faite de Novatien, d’Origène, de Photin, mais, par les formules théologiques dont il se sert, il paraît être contemporain du concile de Chalcédoine ou des querelles origénistes du commencement du vesiècle (col.1381-1385).

Parmi les œuvres apocryphes de saint Athanase figure une Synopsis Scripturæ Sacræ, Patr. gr., t.xxviii, col.283-437, donnant la liste, l’incipit et l’analyse sommaire des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, et, à la fin, une liste des livres non canoniques. Au jugement de MM.Zahn et James, cette Synopsis aurait été composée aux environs de l’an 500. Elle a été publiée par Montfaucon, d’après un manuscrit unique aujourd’hui disparu, mais dont on a récemment signalé une répétition du xive-xvesiècle. Voir Robinson, Texts and Studies, t.II, no2, p.7, Cambridge, 1892; Zahn, Geschichte des neutestam. Kanons, Leipzig, 1890, t.ii, p.290-318. — On signale un Athanasii Commentarius in Psalmos, inédit, dont le texte grec existe à Venise et à Milan, et une version slave, à Bologne. Montfaucon, qui avait étudié ce commentaire, le tient pour postérieur au patriarche de Constantinople Germain (✝ 733), qui s’y trouve cité. Voir Patr. gr., t.xxvii, col.602 et 606. — Plus importante est l’Interpretatio Psalmorum, publiée sous le nom de saint Athanase par Antonelli, Rome, 1747, reproduite par Migne, Patr. gr., t.xxvii, col.649-1344. C’est un psautier grec, dont chaque psaume est divisé en stiques, excellente méthode pour dégager le parallélisme de la composition; chaque stique est accompagné d’une courte glose qui en marque le sens allégorique, chaque titre, expliqué selon le même système d’allégories. Nous ne voyons pas que ce commentaire ait d’attestation plus ancienne que le manuscrit qui nous l’a conservé et qui est du IXesiècle (897), le Vaticanus palatinus gr., 44. L’auteur y marque une estime éminente de la vie monastique au désert (col.1250), le dédain de la science humaine (col.1054, 1287), son éloignement pour toute dignité ecclésiastique (col.1247), et la conviction plusieurs fois répétée que le monde, créé en six jours, ne durera que six mille ans (col.686, 794, 1010). Ce commentaire est vraisemblablement de quelque moine égyptien ou sinaïtique du Vesiècle. — Montfaucon a publié le texte grec d’une Expositio in Psalmos, t.xxvii, col.55-546, attribuée à saint Athanase par les manuscrits et par la Chronique pascale, au VIIesiècle, Patr. gr., t.XCII, col.544. Comme la précédente, c’est une édition glosée du Psautier; mais, plus développée, elle est aussi plus grave et plus relevée. L’auteur entend les Psaumes comme des prophéties concernant le Christ et l’Église, et il applique ce principe d’interprétation historique à tout le Psautier. Contrairement à l’auteur de l’Interpretatio publiée par Antonelli, il s’applique à ne jamais prononcer le nom des hérétiques, et il évite les interprétations théologiques proprement dites: ce qui est surtout sensible dans le commentaire du psaume Dixit Dominus, où, ayant à parler de la «génération du Seigneur», il l’entend de la «génération selon la chair», et détourne le verset Ante luciferum genui te de son interprétation commune. Voir t.xxvii, col.462 et col.1146. Il a utilisé Origène et Eusèbe (cf. col.54), ce dernier notamment. Enfin il a travaillé, le texte des Hexaples sous les yeux (cf. col.71 et 470). Ce sont là autant de raisons de douter que ce commentaire soit d’Athanase. — On possède enfin un court et élégant traité intitulé Epistula ad Marcellinum in interpretationem Psalmorum, t.xxvii, col.11-46. Cet opuscule figure déjà dans le Codex Alexandrinus de la Bible grecque (vesiècle), sous le nom d’Athanase, et Cassiodore le connaissait également et le donne comme d’Athanase. De institut. divin. litt., l, t.lxx, col.1115. Ce petit livre, adressé à un solitaire nommé Marcellin, est un éloge du Psautier, éloge mis dans la bouche d’un saint vieillard dont on ne dit pas le nom. Il groupe les Psaumes par affinités aux divers sentiments de l’âme chrétienne (pénitence, compassion, action de grâce, confiance, etc.), et il les partage entre les divers jours de la semaine et les diverses circonstances de la vie. Quelques critiques identifient ce traité avec le De titulis Psalmorum, œuvre de saint Athanase que connaissait saint Jérôme, De vir. ill., 87, t.xxiii, col.731. — Voir Möhler, Athanasius der Grosse, in-8o, Mayence, 1827; traduct. française, 2 in-8o, Bruxelles, 1841; E. Fialon, Saint Athanase, in-8o, Paris, 1877.

P. Batiffol.

2. ATHANASE le Jeune, surnommé Celetes (κηλήτης) ou Herniosus, évêque d’Alexandrie, vers 490, mort vers 497. Sa foi était suspecte; il adopta l’hénotique de l’empereur Zénon, et, d’après plusieurs auteurs anciens, il mourut même dans l’hérésie. Liberatus, Breviarium, 18, Patr. lat., t.lxviii, col.1029. Euthalius, qui lui a dédié plusieurs de ses commentaires sur le Nouveau Testament, dit qu’il avait un goût particulier pour les Livres Saints, et qu’il les méditait jour et nuit. Edit. Act., Prol., Patr. gr., t.lxxxv, col.627. Certains critiques lui attribuent la Synopsis Scripturæ Sacræ, travail remarquable par la clarté et l’érudition, qui correspond à ce qu’on appelle aujourd’hui l’Introduction à l’Écriture Sainte. (Dans les Œuvres de saint Athanase le Grand, t.xxviii, col.283-438.) Quelques-uns pensent aussi qu’il est l’auteur des Quæstiones ad Antiochum Patr. gr., t.xxviii, col.597-710.

1. ATHAR (hébreu: ‘Éṭér; Septante: Ἰεθέρ), ville de la tribu de Siméon. Jos., xix, 7. Elle fut, comme les autres, détachée de la tribu de Juda. Elle est appelée Éther dans Josué, xv, 42. Voir Éther.

2. athar (Chayim ibn ‘Athar), né à Sala, dans le Maroc, se retira à Jérusalem en 1742; il y mourut l’année suivante. On a de lui un commentaire sur le Pentateuque, ’Ôr haḥayyîm, «Lumière de vie» (Ps. lvi, 14), in-4o, Venise, 17·· (sic); on compte quatre autres éditions, la dernière in-4o, Lemberg, 18·· (sic).

E. Levesque.

ATHAROTH ADDAR, voir Ataroth 4, col.1204.

ATHBASCH (אַתְבַּשׁ, ’aṭbaš), terme cabalistique, composé artificiellement pour indiquer le procédé d’après lequel la première lettre de l’alphabet hébreu, א, aleph, est remplacée dans l’écriture par la dernière, ת, thav; la seconde, ב, beth, par l’avant-dernière, ש, schin, et ainsi de suite. L’usage de cette écriture cryptographique est très ancien. Saint Jérôme, In Jer., l. v, t.xxiv, col.838-839, en parle (sans lui donner toutefois son nom cabalistique), et croit même qu’elle est employée par Jérémie, xxv, 26. Dans ce passage, le prophète dit que «le roi de Sésach» (hébreu: שֵשַׁךְ, šêšak) boira, à la suite des rois voisins de la Palestine, à la coupe de la colère de Dieu. D’après les règles de l’athbasch, Šêšak doit se lire בבל, Babel ou Babylone. Cette explication se trouve aussi dans le Targum, et elle devait avoir été donnée à saint Jérôme par ses maîtres juifs. Mais il est au moins fort douteux que l’athbasch fût déjà usité du temps de Jérémie et qu’il en ait fait usage. Le traducteur de la Vulgate suppose que le prophète a dissimulé «prudemment», par cet anagramme, le nom de Babylone, «pour ne pas exciter contre lui la fureur des Chaldéens, qui assiégeaient Jérusalem et étaient sur le point de s’en emparer,» In Jer., t.xxiv, col.839; mais cette raison, peu concluante pour le passage de Jérémie, xxv, 26, où le contexte indique assez clairement Babylone, est tout à fait inapplicable à un autre endroit, Jer., li, 41, où Šêšak est mis en parallélisme, comme synonyme, avec Babylone, qui est expressément nommée. Il est certain d’ailleurs que «le roi de Sésach» est le roi de Babylone. Cf. Proceedings of the Society of Biblical Archæology, mai 1884, t.vi, p.194, 195. Quant à la signification réelle de ce mot, voir Sésach.

Le Targum (ainsi que les Septante, qui ont omis les passages sur Sésach, Jer., xxv, 26, et li, 41) a vu une autre application de l’athbasch dans Jérémie, li, 1: «J’exciterai contre Babylone et contre les habitants לב קמי, lêb qamaï, dit Dieu par son prophète, un vent qui les perdra.» Lêb qamaï signifie «le cœur de ceux qui se soulèvent contre moi», et saint Jérôme a bien traduit ici dans notre Vulgate: «les habitants de Babylone, qui ont élevé leur cœur contre moi;» mais comme la tournure est un peu irrégulière, les anciens Juifs y ont vu une désignation cachée des Chaldéens, dont il est en effet question, et ils y ont trouvé le mot hébreu Kašdîm, «Chaldéens,» en remplaçant le lamed par caph, le beth par sin, le qoph par daleth, le mem par yod et le yod par mem, conformément aux règles de l’athbasch. Le résultat obtenu est certainement singulier, mais il ne prouve nullement qu’il ait été prévu par Jérémie, dont le texte s’explique en réalité facilement sans recourir à ce procédé aussi arbitraire que bizarre. Sur l’athbasch, voir J. Buxtorf, De abbreviaturis hebraicis, in-12, Bâle, 1613, p.37-38; Id., Lexicon chaldaieum et talmudicum, édit. Fischer, t.I, p.131, 137-138; Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, p.1486.

Les cabbalistes emploient aussi, pour expliquer l’Écriture, un autre procédé analogue, mais plus compliqué, l’atbach (אַטְבַּח, aṭbaḥ), qui consiste, comme le nom l’indique, à substituer à l’aleph, א, le teth, ט; au beth, ב, le cheth, ח, etc. L’alphabet hébreu est divisé en trois séries, comprenant chacune quatre groupes de lettres; chacune des lettres de chaque paire se met à la place l’une de l’autre; les groupes de la première série font chacun dix, d’après leur valeur numérique ordinaire; ceux de la seconde, cent, et ceux de la troisième, mille: 1o אט, בח, גז, דוn= 10; 2o יצ, כפ, לע, מםn= 100; 3o קץ, רף, שן, תםn= 1000. On voit que des cinq lettres qui ont une forme particulière comme finales, quatre, le mem, le nun, le phé et le tsadé, entrent dans ce tableau; le caph final, le nun dans sa forme ordinaire et le n’y figurent pas, parce qu’il n’y a point de lettre autre qu’elles-mêmes avec laquelle ils puissent se combiner pour former les nombres dix, cent ou mille, הה doublés équivalant, en effet, à dix; ננ à cent, et ךְךְ à mille. Ces trois groupes, ne pouvant fournir aucun échange, sont supprimés. On suppose cependant le groupe נה existant, et l’on met ces deux lettres à la place l’une de l’autre, de sorte que le ךְ final reste seul solitaire et «veuf». Voici un exemple de l’application de l’atbach. Le mot מָנוֹן ne se lit qu’une fois dans l’Écriture, Prov., xxix, 21, et le sens en est assez difficile à déterminer avec précision. Pour l’expliquer, les Talmudistes, tr. Succa, ꝟ. 52b, ont eu recours à l’atbach et, au moyen des règles ci-dessus exposées, ils le transforment en סָהֲדָה, sâhădâh, «témoignage,» cf. Gen. xxxi, 47; de sorte que le sens de la maxime est: «Celui qui nourrit délicatement son esclave, la fin sera un témoignage,» c’est à dire lui montrera qu’une éducation molle ou une conduite faible rend l’esclave revêche. Le mem est changé en samech, d’après la combinaison מם; nun en , d’après la combinaison supplémentaire הנ; vav en daleth, d’après la combinaison דו, et nun de nouveau en , comme pour la seconde lettre. Voir J. Buxtorf, De abbreviaturis hebraicis, p.24-26; Id., Lexicon chaldaicum, édit. Fischer, t. i, p.36, 135.

Quelques rabbins ont fait aussi usage, dans l’interprétation de la Bible, d’une autre sorte d’anagramme, non moins arbitraire, appelé albam (אלבם), parce qu’on met le lamed à la place de l’aleph, le mem à la place du beth, et ainsi de suite, vice versa, en suivant l’ordre de l’alphabet hébreu. Cf. J. Buxtorf, De abbreviaturis, p.27-28; Id., Lexicon chaldaicum, p.136.

F. Vigouroux.

ATHÉNÉE (Ἀθηναῖος). C’est, d’après quelques commentateurs, le nom d’un vieillard, conseiller ou officier d’AntiochusIV Épiphane, qui l’envoya à Jérusalem pour obliger les Juifs à abandonner leur religion et à embrasser les rites du paganisme. II Mach., vi, 1 (texte grec). La Vulgate lit Antiochenum, «d’Antioche», au lieu d’Ἀθηναῖος, et la leçon de la Vulgate est adoptée par un certain nombre de critiques. Voir Grotius, Opera, 1679, p.771. Mais rien n’empêche de conserver la leçon du texte original, qui est confirmée par tous les manuscrits grecs, par la version syriaque, par Théodoret, In Dan., xi, 31, t.lxxxi, col.1521; par le Syncelle, Chronogr., édit. Dindorf, t.i, p.531, etc. Parmi ceux qui adoptent la lecture du texte grec, la plupart entendent le mot Ἀθηναῖος dans le sens d’originaire d’Athènes, mais quelques-uns croient que le vieillard à qui le roi de Syrie confia la mission de détruire le judaïsme en Palestine s’appelait Athénée. Il est certain que ce nom était fréquemment employé comme nom propre chez les Grecs. Voir W. Pape, qui en énumère quatorze dans son Wörterbuch der griechischen Eigennamen, 3e édit., 2 in-8o, Brunswick, 1863-1870, p.24. Diodore de Sicile, xxxiv, 17, 2, édit. Didot, t.ii, p.543, mentionne un Athénée à la cour d’AntiochusVII Sidètes. Mais il est à croire que si l’auteur sacré avait voulu désigner le vieillard par son nom, il se serait exprimé autrement, et qu’au lieu de dire: γέροντα Ἀθηναῖος, il aurait dit par exemple: γέροντα τινα, Ἀθηναῖον ὀνόματι, pour éviter l’équivoque. L’histoire arabe des Machabées nomme ce vieillard Philkos, فيلقوس. II Mach. arab., 3, dans la Polyglotte de Walton, t.iv, p.114. Josippon ben Gorion le confond sans raison avec le Philippe dont il est question II Mach., v, 22. Josephus Gorionides sive Josephus hebraicus, édit. Breithaupt, iii, 4, in-4o, Gotha, 1707, p.179. Il n’y a rien d’étonnant d’ailleurs qu’AntiochusIV eût â sa cour un Athénien. Ce roi avait une grande affection pour Athènes (voir AntiochusIV, col.694), et un officier originaire de cette ville avait pu lui sembler particulièrement propre à implanter le paganisme à Jérusalem.

F. Vigouroux.

ATHÈNES (Ἀθῆναι), primitivement Cécropia, du nom de son fondateur Cécrops, et Athènes depuis Érecthé, qui la voua au culte d’Athénè (Minerve), fut la capitale de l’Attique et la ville la plus célèbre de la Grèce (fig.346).

846. — Drachme d’Athènes.

Tête casquée de Minerve (Athénè), à droite. — ℞. ΑΘΕ [des Athéniens]. ΔΑΜΩ. ΣΩΣΙΚΡΑΤΗΣ. ΚΑΕΙ… [noms de magistrats]. Chouette debout sur l’amphore renversée. Dans le champ, à droite, un arc et un carquois. Lettre d’amphore, Λ. Couronne de laurier au pourtour. — Monnaie frappée vers l’an 100 avant notre ère.

On ne peut redire ici son histoire et le rôle incomparable qu’elle a joué dans le développement de la civilisation antique, en philosophie, en littérature, dans les sciences et dans les arts. Elle ne se rapproche du cadre des études bibliques que parce que saint Paul, à la suite de son premier voyage en Macédoine, y prêcha et y séjourna quelque temps. Act., xvii, 15-34; I Thessal., iii, 1. À ce point de vue, il peut paraître intéressant de savoir ce qu’était alors cette grande cité, dont la vue excita chez lui un saint frémissem*nt de compassion, par les cultes idolâtriques auxquels elle se livrait. Pétrone a dit très malicieusem*nt, mais avec raison, qu’il était plus aisé d’y trouver des dieux que des hommes.

Après les désastres mal réparés de la guerre du Péloponèse, Athènes était passée de la domination macédonienne sous le joug des Romains. Plus récemment, Sylla l’avait saccagée. Il n’était pas jusqu’au courant de vie intellectuelle, seul reste de ses anciennes gloires, que des rivales comme Alexandrie et Tarse ne lui eussent ravi. Sa décadence était d’autant plus navrante, que la plupart de ses superbes monuments, toujours debout, rappelaient au visiteur son incomparable passé. Pausanias, qui la visita près d’un siècle après Paul, nous en a laissé une longue, mais malheureusem*nt assez confuse description.

Des trois ports, Phalères, Munychie et le Pirée, par lesquels Athènes aboutissait à la mer, le Pirée était resté à peu près le seul fréquenté des marins. Les Longs Murs terminés par Périclès, détruits par les Lacédémoniens, et relevés par Conon après la victoire de Cnide, étaient définitivement tombés en ruines, obstruant l’ancienne route qu’ils devaient protéger, et une nouvelle voie (Hamaxitos), qui les longeait au nord, était devenue le chemin ordinaire par lequel les hommes et les marchandises débarqués au Pirée arrivaient à la ville. C’est sur cette route qu’à côté de cippes funéraires, de statues de héros ou de dieux et de monuments de toute sorte, se trouvaient aux promeneurs l’ail, les oignons, l’encens, les épices, les herbes fraîches, dont on était très friand, en même temps que des articles de toilette et le produit des industries les plus diverses. Une série de portiques, avoisinant l’Agora et ornés des chefs-d’œuvre de la statuaire et de la peinture antiques, servaient d’asile aux oisifs et conservaient encore leurs destinations d’autrefois. Au portique Royal on rendait la justice; à celui des Douze-Dieux, les Athéniens, si curieux de nouvelles, venaient faire ou écouter la chronique du jour; au Pécile, les successeurs de Zénon enseignaient toujours, mais sans éclat, cette philosophie stoïcienne qui, médiocrement appréciée des Athéniens amollis, était pourtant la consolation des âmes fortes chez les Romains, et, par quelques côtés, demeurait l’honneur
318. — Le Parthénon.
de loin en loin, si nous en croyons les anciens (Pausanias, I, I, 4; Philostrate, Vit. Apollon., VI, 2), des autels dédiés au Dieu inconnu: ΑΓΝΟΣΤΩ ΘΕΩ. Ces autels attirèrent l’attention de l’Apôtre. Il sentit aussitôt, et très douloureusem*nt, tout ce qu’il y avait d’effréné dans cette idolâtrie qui, ayant épuisé le répertoire des dieux connus, dressait d’avance des autels à ceux que l’on inventerait encore. On sait l’heureux parti qu’il tira de cette inscription pour entrer en matière devant l’Aréopage. Act., xvii, 23.

Ayant abordé la ville par la porte Sacrée, près du Dipylon, dont les ruines ont été retrouvées récemment entre la gare du chemin de fer et l’église de la Sainte-Trinité, il dut suivre la grande rue du Céramique, ornée de statues de bronze et de marbre, pour atteindre l’Agora, qu’il faut chercher au nord-ouest et non au sud-ouest de l’Acropole. Sur cette place publique où Périclès, Socrate, Alcibiade, Démosthène, étaient remplacés par des Athéniens sans élévation dans la pensée et sans ardeur dans le patriotisme, à l’ombre des platanes ou sous des tentes provisoires, des marchands, classés par groupes, offraient de l’humanité livrée à ses seules forces. De ce centre de la vie publique, autour duquel se groupaient les temples d’Apollon Patroüs et de la Mère des dieux, quelques édifices destinés aux magistrats de la cité, le Bouleutérion pour les réunions du sénat, le Tholus, où les prytanes prenaient leurs repas, et des écoles publiques pour la jeunesse, telles que le portique d’Attale, dont on a récemment retrouvé les ruines, partaient deux rues principales, contournant en sens inverse l’Acropole et passant devant les nombreux monuments édifiés à ses pieds. L’une côtoyait la colline de l’Aréopage. C’est peut-être celle qui était bordée de ces hermès de marbre, sorte de gaines à tête de Mercure, que l’on avait ornés d’inscriptions choisies, aphorismes pour la plupart empruntés à la sagesse antique, et propres à exciter les passants à la vertu. À cette artère principale se soudaient d’autres rues conduisant aux collines des Nymphes, du Pnyx et des Muses, quartiers où les maisons des petit* bourgeois étaient, comme on peut en juger par les arasem*nts qu’on y voit encore, échelonnées les unes à côté des autres, dans des propor- tions si mesquines, qu’aucune d’elles ne suffirait aujourd’hui au plus modeste de nos artisans. Mais l’Athénien n’était jamais chez lui, et c’est à l’Agora, chez les marchands devin, dans les temples, chez le barbier, sous les portiques, dans les jardins publics, au théâtre, qu’il fallait aller le chercher. L’autre voie s’appelait la rue des Trépieds. Elle partait de cette tour d’Andronicus qui subsiste encore, et à l’horloge de laquelle Paul, trois cent cinquante ans après Socrate, regarda peut-être plus d’une fois l’heure des jours que son zèle impuissant trouvait bien longs. C’est là que les chefs d’orchestre, vainqueurs au concours du théâtre, aimaient à dresser, sur des monuments du goût le plus exquis, les trépieds qu’ils avaient obtenus en témoignage de leur talent. Celui de Lysicrate subsiste encore. La grande rue tournait au midi pour atteindre ce fameux théâtre de Bacchus où Eschyle, Sophocle, Aristophane, Ménandre, Euripide, avaient fait représenter leurs chefs-d’œuvre. Elle rejoignait de là la rue des Hermès, à une sorte de rond-point d’où l’on montait à l’Acropole. Voir le plan d’Athènes, fig.347.

M.Beulé a retrouvé dans un mur de marbre blanc la porte dorique, défendue à droite et à gauche par une tour carrée, qui fut la véritable entrée de l’Acropole. Elle était dans l’axe même de la porte centrale des Propylées, et le coup d’œil sur le large escalier qui conduisait au célèbre portique devait être saisissant. En le gravissant, on laissait à droite le gracieux sanctuaire de la Victoire sans ailes, à gauche la statue colossale d’Agrippa, ami d’Auguste, et l’on pénétrait sous le péristyle des Propylées, formé de six colonnes doriques surmontées d’un entablement avec fronton encadré par deux portiques parallèles. À travers un vestibule divisé en trois travées par un double rang de trois colonnes ioniques, et un escalier atteignant cinq portes, dont celle du milieu était la plus grande, on débouchait, par un second portique de six colonnes doriques, sur la plate-forme de l’Acropole. Des ruines dorées par le soleil, et

349. — Plan de l’Acropole d’Athènes.

belles jusque dans leurs derniers fragments, permettent encore aujourd’hui au voyageur de reconstituer les Propylées, cet incomparable chef-d’œuvre de Mnésiclès. Sur les degrés qu’on y voit, et dont le dernier est en marbre noir, Paul est certainement passé.

La plate-forme de l’Acropole était peuplée de statues célèbres, que dominait celle de Minerve Promachos, coulée en bronze par Phidias, haute de vingt-cinq mètres, et dont le casque, scintillant aux rayons du soleil, était visible du cap Sunium. Appuyée fièrement sur sa lance et le bouclier au bras, la déesse semblait garder le Parthénon (fig.348), qui, à quelques pas de là, s’élevait splendide, comme l’expression sublime, beaucoup moins de la foi d’un peuple à sa puissante protection, que du triomphe de l’art dans le temple même de celle qui en était l’inspiratrice.

Sur une largeur de cent pieds (30 mètres), rappelant ainsi l’Hécatompédon de Pisistrate, auquel il succédait, et sur une profondeur de deux cent vingt pieds (67 mètres), l’harmonieux rectangle avait un péristyle de huit colonnes sur les façades et de dix-sept sur les côtés. La construction intérieure se divisait en deux salles d’inégale grandeur, dont la plus importante, vers l’orient, était le sanctuaire de Minerve, et l’autre, à l’occident, l’Opisthodomos, ou la maison du trésor public. L’une et l’autre étaient précédées à leur entrée par un portique de six colonnes parallèles à celles des deux façades. Ictinus et Callicratès, en édifiant ce monument, le chef-d’œuvre incontesté de l’architecture antique, avaient voulu prouver aux bâtisseurs de tous les siècles que la beauté idéale est, non pas dans la recherche, mais dans la simplicité des lignes et dans l’exquise harmonie de leurs combinaisons. Phidias et un groupe d’artistes, dont les uns étaient ses élèves et les autres ses rivaux, avaient été chargés de décorer l’édifice. L’entablement, supporté par des colonnes de dix-sept mètres de haut, avait une frise dont les triglyphes, peints en bleu, s’harmonisaient heureusem*nt avec la blancheur du

marbre, tandis que, sur les métopes à fond rouge, on avait représenté en bas-reliefs la guerre des Amazones, les combats des Centaures et la guerre de Troie. Une autre frisé sous le péristyle, autour de la cella, représentait la fête des Panathénées. On y admire encore de jeunes Athéniens se préparant à la cavalcade sacrée, tandis que d’autres courent en avant sur leurs fières montures. C’est aux deux frontons surtout que Phidias avait voulu étaler la variété et la puissance de son génie. Dans le tympan tourné vers l’orient, il avait représenté la naissance de Minerve, et, dans celui qui regardait les Propylées, sa dispute avec Neptune pour le protectorat de l’Attique. Enfin dans la cella était la fameuse statue de la déesse, où le grand artiste avait essayé de sculpter, dans l’or et l’ivoire, le dernier mot de l’art (fig.349). On comprend que Paul, voyant tout ce qu’un grand peuple avait mis d’empressem*nt religieux, de dons naturels et de génie, au service du polythéisme le plus grossier, ait senti ce brisem*nt de cœur, ce frémissem*nt indigné de l’âme, cette immense pitié qu’inspire l’homme oublieux de sa propre destinée et rendant hommage à la plus dégradante erreur, quand il était fait pour glorifier la vérité.

Un peu plus au nord, dans trois sanctuaires rattachés l’un à l’autre sous le nom d’Érecthéion, on vénérait des souvenirs mythologiques se rapportant à l’origine d’Athènes. Minerve Poliade et Pandrose, fille de Cécrops, y avaient leurs prêtresses. Là se rendait périodiquement la procession fameuse des Panathénées, pour y offrir à la statue de Minerve tombée du ciel le péplum brodé par les jeunes Athéniennes. On peut dire que la roche tout entière de l’Acropole était remplie de sanctuaires idolâtriques, et, quand toute la plate-forme avait été envahie, on avait fouillé les flancs de la montagne; et tout autour, dans des grottes artificielles, Pan, Apollon, Aglaure au nord, la Terre, Thémis, Vénus, les Nymphes et Esculape au sud, avaient leurs autels, leurs prêtres et leurs adorateurs. Sans doute, ainsi qu’il est dit au livre des Actes, xvii, 17, Paul allait à la synagogue se consoler d’un si douloureux spectacle, en louant, avec les rares Juifs et les prosélytes qui étaient à Athènes, le Dieu d’Israël. Là il essayait d’annoncer le Messie, que ce Dieu avait envoyé au monde; mais ce cercle restreint du judaïsme ne suffisait plus à son zèle. Il se mit donc à chercher des auditeurs partout, dans l’Agora, Act., xvii, 17, 18, sous les portiques, dans les écoles des philosophes, au Lycée, au Cynosarge, à l’Académie, où les souvenirs de Platon devaient sourire à son âme en extase devant le divin idéal. Sa parole y fit impression, puisque les diverses sectes s’en émurent, et un jour on se saisit de l’étrange discoureur, qui fut amené à l’Aréopage, où il dut s’expliquer sur sa doctrine, nouvelle pour tous, et déraisonnable pour plusieurs.

Cette colline de Mars ou Aréopage, où il fut conduit, existe encore. C’est l’élévation rocheuse qui avoisine l’Acropole vers l’occident. Cf. Pausanias, I, xxviii, 5; Hérodote, viii, 52. On y monte par seize degrés taillés dans le roc, et conduisant à une plate-forme où trois bancs de pierre forment un rectangle ouvert du côté de l’escalier. Voir Aréopage, col.941. Là Paul annonça le vrai Dieu, et, malgré un auditoire d’épicuriens qui ne voulait plus l’entendre parce qu’il prêchait la vie future, il put signifier aux faux dieux que l’heure était venue où ils allaient sortir de leurs temples, le Théséion qu’il avait à ses pieds vers le nord, l’Olympiéion vers le sud-est, le Parthénon sur sa tête. On eut beau sourire et lever la séance sans attendre la fin, sur le Pnyx qui s’élevait au midi, au delà de la route, avec ses grands souvenirs oratoires, Démosthène plaidant contre Philippe avait perdu sa cause; sur l’Aréopage, Paul plaidant contre le paganisme gagna la sienne. Denys l’Aréopagite et une femme nommée Damaris ne furent que le prélude de plus nombreuses conquêtes. Act., xvii, 34. Avec le temps, le Dieu du Calvaire eut raison des dieux de l’Olympe. Une église dédiée à saint Denys, au pied même de l’Aréopage, a pris la place du sanctuaire des Euménides (fig.350).

En dehors des anciens auteurs, qui sont la meilleure source sur la topographie d’Athènes, on peut consulter, parmi les modernes, les travaux de Kiepert et de Curtius, l’œuvre remarquable de C. Wachsmuth, Die Stadt Athen in Alterthum, in-8o, Leipzig, 1874; W. M. Leake, Topography of Athens, in-8o, Londres, 1821; 2e édit., 1841; Beulé, L’Acropole d’Athènes, 2 in-8o, Paris, 1854; G. F. Hertzberg, Athen, historisch-topographisch dargestelt, in-12, Halle, 1885.

E. Le Camus.

ATHÉNIEN (Ἀθηναῖος), habitant d’Athènes, capitale de l’Attique, en Grèce. — 1o Les Athéniens sont nommés pour la première fois, dans l’Écriture, II Mach., vi, 1, (leçon contestée; voir Athénée) et ix, 15, dans le récit des derniers jours d’AntiochusIV Épiphane. Ce roi de Syrie, qui avait persécuté si cruellement les Juifs, frappé d’une maladie terrible, implora, mais en vain, la miséricorde de Dieu, lui promettant entre autres choses qu’il «égalerait les Juifs aux Athéniens», c’est-à-dire, probablement, qu’il leur accorderait l’autonomie et une indépendance semblable à celle dont jouissaient les Athéniens. Plusieurs commentateurs, tels que Grotius, Opera, Amsterdam, 1679, t.i, p.776, et Calmet (Comment. sur les Mach., ix, 15, 1722, p.351), surpris de trouver ici le nom des Athéniens, lisent «Antiochiens» au lieu d’Athéniens (comme ils le font II Mach., vi, 1, texte grec), parce que, disent-ils, Athènes n’obéissait point à Antiochus IV. Ils supposent que ce prince promettait de donner à tous les Juifs les droits et les privilèges des citoyens d’Antioche, qui jusque-là n’avaient été conférés qu’à quelques habitants de Jérusalem. II Mach., iv, 9 (et 19, texte grec, où Ἀντιοχεῖς signifie les habitants de Jérusalem qui avaient les droits des citoyens d’Antioche). Cette explication n’est pas impossible, mais rien n’empêche de conserver la leçon qu’on lit dans le texte actuel, et qui est confirmée par tous les manuscrits et les anciennes versions. On comprend d’autant plus facilement cette allusion au gouvernement d’Athènes, qu’AntiochusIV avait une grande prédilection pour cette ville (voir AntiochusIV, col.694). Cf. Polybe, xxviii, 18, 3.

2o Les Athéniens sont nommés deux fois dans le Nouveau Testament. — 1o Saint Paul, dans son discours de l’Aréopage, s’adresse à eux en leur disant: Ἄνδρες Ἀθηναίοι, selon l’usage des orateurs de cette ville. Act., xvii, 22. — 2o Saint Luc, afin d’expliquer pourquoi les Athéniens désirent connaître quelle est la «doctrine nouvelle», καινὴ… διδαχή prêchée par saint Paul, fait cette réflexion: «Tous les Athéniens et les étrangers qui demeuraient [dans la ville] ne s’occupaient que de dire ou d’écouter quelque chose de nouveau (καινότερον).» Act., xvii, 21. (Le comparatif est employé pour signifier: Quelles sont les dernières nouvelles?) Ce trait du caractère athénien est pris sur le vif; Démosthène dit en s’adressant à ses compatriotes: «Nous nous demandons à l’agora: Que dit-on de nouveau (λέγεται τι καινόν)?» Phil. i, Demosthenis quæ supersunt, édit. Reiske, Londres, 1832, t.i, p.28. Théophraste, dans ses Caractères, viii, édit. Didot, p.6, fait ainsi le portrait du nouvelliste athénien: «Que racontes-tu?… As-tu du nouveau (ἔχεις περὶ τοῦδε εἰπεῖν καινόν)?» Et continuant à interroger: «Ne dit-on rien de nouveau (μὴ λέγεται τι καινοτερόν)?» Voir aussi Thucydide, iii, 38, 5, édit. Didot, p.116; Plutarque, Moral., De curiosit., 8, édit. Didot, t.i, p.628. Cf. Sénèque, Epist., l. xv, 2 (94), édit. Teubner, Opera, t.iii, p.296.

F. Vigouroux.

ATHÉNOBIUS (Ἀθηνόβιος) officier d’AntiochusVII Sidètes, roi de Syrie. Il avait le titre d’«ami du roi». I Mach., xv, 28. (Voir, sur ce titre, col.705.) Antiochus, après avoir refusé les présents de Simon Machabée, grand prêtre des Juifs, envoya Athénobius à Jérusalem pour demander à Simon de lui rendre Joppé, Gazera et la citadelle de Jéru- raient à la lutte par une série prolongée d’exercices, appelée «agonistique». Mais bientôt des hommes firent métier de paraître dans les jeux publics pour s’y disputer les prix; on les nomma «athlètes», et l’agonistique, jadis en honneur parmi les jeunes citoyens, devint une profession à laquelle se vouèrent, pour la plus grande partie de leur vie, ceux qui en avaient le goût et la force. L’agonistique fut définitivement remplacée par l’ «athlétique». Voici quels étaient les exercices dont la série composait les grands jeux.


351. — Coureurs. On lit au-dessus: Στάδιν ανδρων νεκη. D’après un vase peint du musée de Munich.

  1. La course, σταδιον ou δρόμος (fig. 351). Elle se faisait dans le stade, espace nivelé pour la course des piétons et celles des chevaux et des chars. Tout autour de cette piste, ou seulement sur un des côtés, s’élevaient des gradins sur lesquels prenaient place de nombreux spectateurs. Les présidents des jeux, agonothètes ou athlothètes, occupaient des sièges d’honneur à l’une des extrémités.

Le stade tirait son nom de la mesure indiquant sa longueur. La mesure appelée «stade» équivalait à 177™ 40. J. Gow, Minerva. traduction S. Reinach, in-12, Paris, 1890, XI, 44, p. 85. Le stade d’Olympie avait juste cette longueur; ailleurs la piste était plus longue.


352. — Agonothètes assis devant une table où sont déposées huit couronnes pour les vainqueurs des jeux. D’après un calendrier figuré d’Athènes. Lebas, Voyage en Grèce. Monuments figurés, pl.22.

Dans la course simple, il fallait parcourir le stade d’un bout à l’autre. Dans la course double, ou «diaule», le trajet devait être parcouru à l’aller et au retour sans arrêt. Enfin dans la «dolique», le coureur avait à fournir sans nul repos une course de douze à vingt-quatre stades, soit de deux à quatre kilomètres. Un jour, un vainqueur Spartiate, Ladas, tomba mort en arrivant au but. Pour rendre possibles ces deux dernières courses, on avait divisé la piste en deux parties par une ligne de démarcation indiquée par trois colonnes. Sur la colonne dressée à l’extrémité était écrit le mot ϰάψον, «tourne,» et sur les deux autres, ἀρίστειε, «courage,» et σπεῦδε, «dépêche-toi.» Le but à atteindre s’appelait τέρμα. Les juges des jeux, qui prenaient le nom d’ «hellanodices» ou «juges de la Grèce» aux fêtes olympiques, décernaient les couronnes et les autres récompenses aux vainqueurs.


353. — Couronnes et urne pour les vainqueurs des Jeux. Siège d’athlothète, en marbre, trouvé à Athènes. D’après J. Stuart et H. Revett, Antiquities of Athens, in-fol., Londres, 1762-1816,t. iii, p. 29.

Dans un bas-relief découvert à Athènes, on voit les agonothètes assis derrière une table sur laquelle sont déposées les couronnes (fig. 352). Un siège de marbre, trouvé dans la même ville, montre sur l’un des côtés une petite table portant les couronnes et une urne destinée aux vainqueurs (fig. 353). Saint Paul, qui connaissait la passion des Grecs pour le jeu, fait de fréquentes allusions aux courses du stade. Qui mieux que les Corinthiens, par exemple, pouvait le comprendre, quand il écrivait: «Ceux qui courent dans le stade (οἵ έν σταδίῳ τρέχοντες) courent tous ensemble, sans doute; mais un seul remporte le prix (βραϐεῖον). Courez donc de manière à le remporter.» I Cor., ix, 24. Il aimait à comparer la vie chrétienne à la course. Gal., ii, 2; v, 7; Phil., ii, 16; Rom., IX, 16. Il disait de lui-même: «Je n’estime pas ma vie plus que moi-même, pourvu que j’achève ma course (δρόμον).» Act, xx, 24. Quand il écrit aux Galates, V, 7: «Vous couriez bien, qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d’obéir à la vérité?» il pense à ces coureurs qui cherchaient à barrer la route à leurs concurrents, pour les retarder ou les faire dévier du chemin le plus court. À la fin de sa vie, il écrit à Timothée: «J’ai combattu le bon combat (ἄγῶνα), j’ai achevé la course (δρόμον), j’ai gardé la foi. Désormais m’est réservée la couronne (στέφανος) de justice qu’en ce jour me donnera le Seigneur, le juste juge.» II Tim., iv, 7-8. Ici le combat est l’ἄγῶν, la participation aux jeux publics; la course et des pensées de ruse: c’est pourquoi, quand les athlètes arrivaient à Olympie, on leur faisait prêter serment de loyauté près de l’image de Jupiter, ainsi qu’à leurs parents et à leurs gymnastes.» Daremberg et Saglio, Dict. des antiq., t. i, p. 516. De fortes amendes punissaient ceux qui avaient contrevenu aux règles prescrites. L’Apôtre écrit: «Si quelqu’un vient lutter (ἀθλῆ) , il ne sera pas couronné, à moins d’avoir lutté (ἀθλήσῃ) loyalement.» II Tim., ii, 5. Faisant allusion à la nombreuse assistance qui entourait le stade, il comparait les chrétiens persécutés à «des hommes donnés en spectacle», et il ajoutait: «Ayant autour de nous une si grande nuée de témoins, mettons de côté tout ce qui nous appesantit et le péché qui nous embarrasse, et courons par la patience à la lutte qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, le point de départ (ἀρχηγόν) et le terme d’arrivée (τελειωτήν) de la foi.» Hebr., x, 33; xii, 1, 2. Le Sauveur est ici considéré comme l’agonothète, au signal duquel part le coureur, et auprès duquel il revient, sans quitter des yeux le juge de la course, afin de s’encourager en le voyant.

Une fois dans le stade, l’athlète devait poursuivre la lutte jusqu’au bout, s’il voulait gagner le prix. «Je poursuis avec ardeur, dit encore saint Paul, afin d’atteindre le but en vue duquel j’ai été saisi par le Christ Jésus. Je ne crois pas l’avoir encore atteint. Mais voici: oubliant ce qui est en arrière, et m’étendant vers ce qui est en avant, je cours au but, à la récompense de la vocation céleste.» Phil., iii, 12-14. La récompense accordée aux vainqueurs des jeux grecs était magnifique: la couronne de laurier (fig. 352), les acclamations populaires, l’inscription sur des tables de bronze, l’érection d’une statue, des honneurs extraordinaires dans la ville natale, des privilèges à vie, telles étaient les principales faveurs accordées à l’heureux champion. Nous avons vu saint Paul rappeler cette couronne (στέφανoς) et mettre cette récompense en parallèle avec la récompense éternelle promise au chrétien. Saint Pierre dira à son tour: «Quand paraîtra le Prince des pasteurs, vous recevrez la couronne impérissable de gloire.» I Petr., v, 4. Avant les Apôtres, l’auteur de la Sagesse avait déjà fait allusion aux récompenses accordées aux vainqueurs des jeux. Sap., IV, 2.

Voir Guhl et Koner, traduits par Trawinski, La vie antique, la Grèce, Paris, 1884; W. Richter, Die Spiele der Griechen und Römer, Leipzig, 1887; J. Howson, The metaphors of saint Paul, in-12, Londres, 1883, p. 135; F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. v, Paris, 1891, p. 540-549.

H. Lesêtre.

ATHMATHA (hébreu: Humtâh; Septante: Εύμά; Codex Alexandrinus: Χαμματά), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 54. Elle fait partie du second groupe des villes de «la montagne», Jos., xv, 52-54, et précède immédiatement Hébron. C’est sans doute l’αματά de l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 221. Il y a une certaine ressemblance entre le Χαμματά des Septante et le Κιμάθ qu’ils ont ajouté à la liste des villes auxquelles David envoya des présents après sa victoire sur les Amalécites. I Reg., xxx, 29. Elle n’a pas été identifiée jusqu’ici.

Voir Juda (tribu).

A. Legendre.

ATTACANTI. Voir Attavanti.

ATTALE II PHILADELPHE, fils d’Attale Ier, roi de Pergame. Des trois rois de cette ville qui portèrent le même nom, Attale II (fig. 357) est le seul nommé dans l’Écriture. I Mach., xv, 22. Les Romains lui écrivirent en faveur des Juifs en 139 ou 138, peu de temps avant sa mort. Il était né en 200 avant J.-C. Lucien, Macrob., 12; Strabon, xiii, 4, 2. Attale fut souvent chargé par son frère aîné, le roi Eumène , de diriger des opérations militaires. Il repoussa notamment, en 190, une invasion de Séleucus, fils d’Antiochus III. Tite Live, xxxvii, 18 et suiv.; Dittenberger, Sylloge inscript, græc., n. 208; Frankel, Altertümer von Pergamon, t. i, n. 36 et 64. L’année suivante, il accompagna le consul Cn. Manlius Vulso dans son expédition en Galatie. Tite Live, xxxviii, 12; Polybe, xxii, 22; xxiv, 1; Frankel, Altertümer von Pergamon, t. i, n. 65. En 182, il fit la guerre à Pharnace, Polybe, xxv, 4, 6; cf. Dittenberger, Sylloge inscript, græc, n. 215, et, en 171, il se joignit au consul P. Licinius Crassus, en Grèce, Tite Live, xxxv, 23. Plusieurs fois il alla à Rome, en qualité d’ambassadeur: en 192, pour annoncer aux Romains qu’Antiochus venait de traverser l’Hellespont; en 181, en 167, en 164 et en 160. Tite Live, xxxv, 23; Polybe, xxv, 6; xxxi, 9; xxxii, 3,5.

Depuis 159, date de la mort de son frère Eumène, Attale exerça pendant vingt et un ans l’autorité royale, en qualité de tuteur du jeune Attale III, fils d’Eumène, et il ne remit le pouvoir à son pupille qu’en mourant.
357. — Monnaie des Attale, rois de Pergame.
Tête d’Eumène Ier, oncle d’Attale Ier imberbe. — Ρ. ΦΙΛΕΤΑΙΡΟΥ. Pallas assise et casquée, présentant de la main droite une couronne. Derrière elle, un arc; à côté d’elle, un bouclier.
Strabon, xiii, 4, 2. Son premier acte, quand il eut le pouvoir, fut de rétablir sur le trône de Cappadoce Ariarathe, dont il était l’ami. Polybe, xxxii, 23. Cf. Dittenberger, Sylloge inscript. græc., n. 220. Voir Ariarathe. Le roi de Perse et les Romains soutinrent à leur tour Attale contre Prusias, en 154, et forcèrent celui-ci à signer la paix. Polybe, iii, 5; xxxii, 25 et suiv.; xxxiii, 1, 6, 10, 11; Appien, Mithrid., 3; Diodore de Sicile, xxxi. En 152, Attale aida Alexandre Dalas à s’emparer du trône de Syrie. Justin, xxxv, 1. Il entreprit ensuite plusieurs guerres, soit contre Prusias, soit comme auxiliaire des Romains. Strabon, xiii, 4, 2; Pausanias, vii, 16, 8. Ce prince fonda plusieurs villes, entre autres Philadelphie en Lydie et Attalie en Pamphylie. Droysen, Histoire de l’hellénisme, trad. franc., t. ii, p. 712, 717 et 722. Attale ne fut pas seulement un prince guerrier, il encouragea les arts et les sciences. Pline, H. N., vii, 39; xxxv, 36; viii, 74; Athénée, viii, p. 346; xiv, p. 634; Strabon, xiv, 1, 29. Attale mourut en 138, âgé de quatre-vingt-deux ans. Son nom figure sur un certain nombre d’inscriptions grecques. À celles que nous avons citées , il faut ajouter notamment une inscription de Delphes, deux inscriptions de Panados, dans la Propontide de Thrace, et de nombreuses inscriptions de Pergame. Cf. Dittenberger, Sylloge inscript. græc., 224, 225, 233, 235. Les inscriptions de Pergame se trouvent réunies dans Frankel, Altertümer von Pergamon, 1891, Inschriften, l. 1. Attale fut honoré comme un dieu à Sestos. Mouaeïov de Smyrne, 1876-1880, p. 18, A. Cf. E. Beurlier, De divinis honoribus quos acceperunt Alexander et successores ejus, 1890, p. 161 et suiv.

L’amitié qui liait Attale à Ariarathe et aux Romains, explique pourquoi ces derniers, à la suite de l’ambassade envoyée à Rome par le grand prêtre Simon, écrivirent aux deux rois une lettre semblable à celle qu’ils avaient envoyée à Ptolémée VII Physcon, à Démétrius et à Arsace. 1 Mach., xv, 22.

E. Beurlier.

ATTALIE (Ἀττάλεια), ville de Pamphylie. Saint Paul et saint Barnabé dans leur premier voyage, après avoir quitté Perga, vinrent à Attalie (fig.358) et s’embarquèrent dans ce port pour Antioche de Syrie. Act., xiv, 24. Ils ne paraissent pas s’être arrêtés à Attalie et y avoir prêché. Cette villefut fondée par Attale II, roi de Pergame. Etienne de Byzance, au mot Ἀττάλεια; Strabon, xiv, 4, 1.


360. — Monnaie d’Attalie. ΚΑΙΣΑΡ ΑΔΡΙΑΝΟΣ. Buste d’Adrien, à droite. - v. ΑΤΤΑΛΕΟΝ. Temple tétrastyle. À l’intérieur, Pallas casquée tenant sa lance et une petite Victoire; à ses pieds son bouclier et un cippe sur lequel est posée une chouette.

Les savants ont beaucoup discuté sur la situation exacte d’Attalie. Strabon, en effet, paraît la placer à l’est du Cataractes. Ptolémée, Géographie, v, 5, 2, et le Stadiasmos, n. 215, dans les Geographi minores, édit. C. Müller, t. i, p. 488; cf. pl. xxiv et xxv, la placent au contraire à l’ouest. C’estdu même côté du Cataractès que se trouve la ville moderne d’Adalie (fig. 359), dont le nom rappelle celui de la ville ancienne, et qui est la cité la plus considérable de la côte sud de l’Asie Mineure.


359. — Vue de la ville et du port d’Adalie.

Le Cataractès, au dire de Strabon, tire son nom de ce qu’il se précipite du haut d’un rocher fort élevé et forme une cataracte dont le bruit s’entend de très loin. Ibid. Il y a actuellement, à l’ouest d’Adalie, des ruisseaux qui tombent en cascades directement du rocher dans la mer, et qui, s’ils étaient réunis, formeraient une masse d’eau considérable et une véritable cataracte.


358. Carte d’Attalie et de ses environs.

Il est probable qu’au temps de Strabon il en était ainsi, et la séparationa été faite par les dépôts calcaires, qui sont très considérables. Il faut donc, avec le colonel Leake, Journal of a Tour in Asia Minor, 1824, p. 192 et suiv.; Eug. Petersen.

Reisen in Lykien, 1889, t. ii, p. 178, et H. Kiepert, Special Karte vom westliches Kleinasien, pi. xv, placer l’ancienne Attalie à l’endroit où est aujourd’hui Adalie. Il faut, au contraire, rejeter l’opinion de Beaufort, Kararnania, p. 135, de d’Anville et des autres, qui identifient l’Adalie moderne avec Olbia, et placent Attalie plus à l’est, à l’emplacement actuel de Laara. Toutes les mines qui restent aujourd’hui d’Attalie, les monnaies de la ville (fig. 360), Mionnet, Description des médailles antiques, t. iii, p. 449; Supplément, t. vii, p. 30, et les inscriptions trouvées sur son emplacement, appartiennent à l’époque romaine. Cf. E. Petersen, Reisen, t. ii, p. 178. Olbia est placée par Leake sur une élévation voisine d’Adalie, où existent encore aujourd’hui des ruines antiques, ce qui correspond bien avec le texte de Strabon, qui en parle comme d’une citadelle. Les environs d’Attalie sont des rochers stériles.

E. Beurlier.

ATTAVANTI ou ATTACANTI Paolo, religieux italien, appelé communément frère Paul de Florence, né dans cette ville en 1419, mort le 6 août 1499. Il entra dans l’ordre des Servîtes. Par ses talents et son mérite, il se trouva lié avec tous les savants que protégeait Laurent de Médicis, et Marcile Ficin, après avoir entendu un de ses sermons, comparait son éloquence à celle d’Orphée. Parmi ses ouvrages, nous remarquons: Spiegazione de’sette Salmi Penitenziali, in-4°, Milan, 1479; Commentaria in duodecim Prophetas minores et Apocalypsum Joannis, in-4°, Milan, 1479. — Voir G. Negri, Istoria degli scrittori fiorentini, in-f° Ferrare, 1722, p. 445; Mazzuchelli, Scrittori d’Italia, t. i, part. 2, p. 1209; Tiraboschi, Storia della Letteratura italiana, t. vi, part. 3 (Milan, 1824), p. 1674.

B. Heurtebize.

ATTERSOLL William, théologien puritain, mort en 1640, fut probablement quelque temps membre de Jésus Collège, à Cambridge, et devint ministre à Isfield, dans le comté de Sussex, où il demeura plus de quarante ans, et où il fut enterré le 16 mai 1640. Sa vie est peu connue, malgré ses nombreux ouvrages. The Pathway to Canaan, in-4°, 1609; The Historie of Balak the king and Balaam the false prophet, in-4°, 1610; New Covenant, 1614; A Commentarie upon the Epistle of Saint Paule to Philemon, 2e édit., 1633; Conversion of Nineveh, 1632. Ces ouvrages sont devenus extrêmement rares. Ils se distinguent par l’érudition et des applications ingénieuses aux événements contemporains de l’auteur; mais ils sont diffus et mal digérés. Voir L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. ii, p. 239.

ATTON, appelé aussi Hatto et Acton, évêque de Verceil, en Piémont, mort vers 960. Il fut, au xe siècle, l’un des hommes les plus remarquables d’Italie par son zèle pour la discipline ecclésiastique, et aussi par ses connaissances. Ses œuvres se trouvent en manuscrit à la bibliothèque Vaticane, à Rome, et dans les archives de Verceil. D’Achery en a publié une partie dans le tome vin de son Spicilegium, et G Buronti del Signore a édité tout cequi reste de lui en deux volumes in-f°, 1768. Parmi ses œuvres, on remarque une Expositio Epistolarurn sancti Pauli [Patr. lat., t. cxxxiv, col. 125-834), d’après saint Jérôme et les autres Pères de l’Église. À la fin de son Expositio, col. 832, il dit en s’adressant à Dieu: «Vous m’avez mis dans le cœur d’abandonner ma nation et ma patrie, à cause du goût et de la suavité de… la Sainte Écriture, afin que je puisse goûter un peu cette suavité et vous connaître ainsi; car votre parole a été véritablement un flambeau pour mes pieds et une lumière pour mes sentiers.» Il était donc né hors du Piémont. C’est tout ce qu’on sait de son origine. Voir Herzog, Real-Encyklopädie, 2e édit., t. i, p. 756; Hergenröther, Histoire de l’Église, trad. Belet, t. m (1886), p. 348.

AUBERLEN Karl August, théologien protestant, né à Fellbach, près de Stuttgart, le 19 novembre 1824, mort le 2 mai 1864. Il fit ses études à Blaubeuren et à Tubingue. Dans l’université de cette dernière ville, il fut entraîné un instant vers le rationalisme panthéiste, qui y dominait à cette époque sous l’influence de Baur; mais la foi reprit bientôt le dessus. Après avoir exercé pendant quelque temps le ministère pastoral comme vicaire, il devint, en 1849, répétiteur au collège (Stift) théologique de Tubingueet en 1851, professeur de théologie à Bâle. Son œuvre biblique la plus importante est Der Prophet Daniel und die Offenbarung Johannis, in-8°, Bâle, 1854; 2e édit., 1857. Elle a été traduite en français par H. de Rougemont, Le prophète Daniel et l’Apocalypse de saint Jean, considérés dans leur rapport réciproque et étudiés dans leurs principaux passages, in-8° (Lausanne), 1880. Cen’est pas un commentaire de Daniel et de l’Apocalypse, mais une étude comparée des images symboliques qu’ils renferment. La mort empêcha Auberlen d’achever un autre ouvrage dans lequel il défendait l’Écriture contre les attaques de l’école de Tubingue, Die göttliche Offenbarung, ein apologetischer Versuch, 2 in-8°, Bâle, t. i, 1861; t. n (posthume), 1864. La première partie exposeles raisons en faveur de l’authenticité des Livres Saints; la seconde est une histoire succincte de la lutte entre la foi et le rationalisme en Allemagne; la troisième, qui est restée incomplète, contient une étude dogmatique sur larévélation. Auberlen a aussi publié, dans le Theologischhomiletisches Bibelwerk de Lange, en collaboration avec C. J. Riggenbach, Die beiden Briefe Pauli an die Thessalonicher, in-8°, Bielefeld, 1864; 2= édit., 1867; 3° édit., 1884.

— Auberlen avait un véritable talent d’écrivain. Son style est clair, simple et plein de chaleur. — Voir un abrégé de sa vie en tête du second volume de la Göttliche Offenbarung; F. Fabri, dans Herzog, Real-Encyklopädie, 2e édit., t. i, p. 757-759; F. Lichtenberger, Histoire des idées religieuses en Allemagne, 3 in-8°, Paris, 1873, t. iii, p. 235.

AUBERT Marius, théologien français, né dans le midi de la France vers 1800, mort en 1858. Il prêcha beaucoup en qualité de missionnaire, et publia dans lesdernières années de sa vie une quarantaine de volumes, parmi lesquels un Traité de l’authenticité des Livres Saints avec des traits historiques, 2e édit., in- 18, Lyon, 1844. Ce petit livre de 176 pages n’a pas de valeur scientifique, mais il renferme des citations de grands écrivains et des traits intéressants.

AUDIFFRET Hercule, prédicateur français, né à Carpentras le 15 mai 1603, mort le 6 avril 1659. Il devint général de la congrégation de la Doctrine chrétienne, et fut l’un des bons orateurs de son temps. Fléchier, évêquede Nîmes, était son neveu et son élève. On a imprimé après la mort de l’auteur des ouvrages peu soignés, parmi lesquels sont des Questions spirituelles et curieuses sur les Psaumes, in-12, 1668. Voir Mémoires de Trévoux, novembre 1711, art. clxi, p. 1948-1952.

1. AUERBACH Salomon Heymann ou Salomon ben Michæl Chaïm, commentateur juif, mort à Posen en 1836. Il a laissé: Habaqqûq, traduction allemande et commentaire avec le texte hébreu, in-8°, Breslau, 1821; Sêfér Qôhélét, le livre de l’Ecclésiaste traduit et commenté, in-8°, Breslau, 1837.

2. AUERBACH Samuel ben David, rabbin polonais de Lublin, vers le milieu du xviie siècle. Il a composé un commentaire cabalistique sur quelques passages de la Genèse, intitulé Héséd Semû’êl, «Piété de Samuel.» Dans la préface, il dit qu’il mit la main à cet ouvrage en reconnaissance de la protection que Dieu lui accorda dans un massacre des Juifs à Lublin, en 1657. Il fut publié après sa mort par R. Éliacim ben Jacob, in-8°, Amsterdam, 1699.

E. Levesque.

AUGIENSIS (CODEX). Nous possédons quelques

manuscrits des Épîtres de saint Paul, qui donnent parallèlement le texte en grec et le texte en latin. Le plus célèbre et le plus important est le Codex Claromontanus (D), du VIe siècle, à Paris. Parmi les autres, il faut citer le Codex Sangermanensis (E), du IXe siècle, à Saint-Pétersbourg, lequel est de peu de valeur, n’étant qu’une copie et une copie mal faite du Claromontanus. Il en est deux autres de plus de valeur: le Codex Bœrnerianus (G), du IXe siècle, à Dresde, et le Codex Augiensis (F), de la même époque, à Cambridge. Ce dernier appartient à la bibliothèque de Trinity Collège, où il est coté B. 17. 1. L’écriture, soit grecque, soit latine, est onciale, d’une main de la fin du IXe siècle. Le parchemin est réparti en cahiersde huit feuillets; chaque page a deux colonnes, chaquecolonne vingt-huit lignes; le texte latin est toujours dans la colonne extérieure. Les initiales, tant grecques que latines, sont écrites au minium, quand elles annoncentle commencement d’un chapitre ou d’une Épître; partoutailleurs rien ne relève les majuscules. Ni accents, ni esprits dans le grec. Tous les mots sont séparés par un point.Hauteur de chaque feuillet: 228 millimètres. Largeur: 190 millimètres. Le manuscrit compte 136 feuillets. Il renferme tout saint Paul, à l’exception du texte grec deRom., i, 1-m, 19; I Cor., iii, 8-16; vi, 7-14; Col., ii, 1-H, 8; Philem., 21-25; enfin de toute l’Épître aux Hébreux. Il manque également le texte latin de Rom., i, i-iii, 19.

Ce manuscrit, on l’a dit, a été écrit à la fin du IXe siècle, et tout porte à croire qu’il a été écrit par un scribe de langue germanique, probablement dans quelque, monastère de la haute vallée du Rhin. Il a appartenu à l’abbaye de Reichenau, dans une île du Rhin, proche de Constance: le nom latin de Reichenau est Augia dives, d’où la dénomination d’Augiensis. En 1718, il fut acheté par le célèbre critique anglais Bentley, au prix de deux cent cinquante florins; il appartenait alors à L. C. Mieg de Heidelberg, entre les mains duquel il fut collationné par Wetstein, en 1717. Un ex-libris, qui se lit encore sur la garde du manuscrit, indique un certain G. M. Wepfer, de Schaffouse, comme l’ayant possédé précédemment. En 1786, il fut donné par le neveu de Bentley à la bibliothèque de Trinity College. Wetstein en 1717, Tischendorf en 1842, Tregelles en 1845, ont collationné le Codex Augiensis. M. Scrivener en a publié le texte intégralement: An exact transcript of the Codex Augiensis, Cambridge, 1859.

Frappé des étroites ressemblances paléographiques outextuelles qui existent entre le Codex Augiensis, le Codex Bœrnerianus et le Codex Claromontanus, M. Corssen a émis l’hypothèse que les deux premiers, c’est à savoir l’Augiensis et le Bœrnerianus, dépendaient d’un commun archétype, tant pour le grec que pour le latin; que cet archétype n’était point le Claromontanus, mais que le Claromontanus et l’archétype de l’Augiensis et du Bœrnerianus dérivaient ensemble d’une même édition bilingue des épîtres pauliniennes, édition qui ne serait point antérieure au commencement du Ve siècle, et qui serait probablement d’origine italienne. Voyez P. Corssen, Epistularum paulinarum codices græce et latine scriptos Aug. Bœrn. Clarom. examinavit, inter se comparavit, ad communem originem revocavit, Kiel, 1887-1889. M. Hortpensait que le texte grec de l’Augiensis avait été copié sur un manuscrit grec des Épîtres, que le texte latin était celui de la Vulgate hiéronymienne, adapté au texte grec qui l’accompagne au moyen du texte latin du Bœrnerianus.Voir Westcott et Hort, The New Testament inthe original Greek, Cambridge, 1881, t. ii, p. 203. De son côté, M. Fr. Zimmer, dont Corssen n’a pas discuté les conclusions, avait prétendu démontrer que l’Augiensis était une copie directe du Bœrnerianus. Voir Zeitschrift fur wissenschaftliche Theologie, t. xxx, p. 76 et suiv. EtM. Zimmer a eu l’occasion de montrer depuis qu’il maintenait son opinion et tenait pour inacceptable celle de M. Corssen. Voir Theologische Literaturzeitung, 1890, p. 59-62. La question en est là. Quoi qu’il en puisse être, on tient que le texte latin de l’Augiensis est d’un intérêt médiocre, étant un texte mixte, et plus dépendant de la Vulgate hiéronymienne que d’aucune version latine préhiéronymienne; le texte grec, au contraire, est avec le Claromontanus et le Bœrnerianus un intéressant représentant de la tradition textuelle que l’on appelle occidentale.— Voir Gregory, Prolegomena, p. 424-429, au Novum Testamentum græce, edit. vm crit. maj., de Tischendorf, Leipzig, 1884; W. Sanday, Appendices ad Novum Testamentum Stephanicum, Oxford, 1889, p. 141-167.

P. Batiffol.

AUGURES. On donnait ce nom, chez les Romains, aux prêtres qui annonçaient l’avenir d’après les observations faites sur le vol et le chant des oiseaux. Tite Live, i, 36; Cicéron, De divin., i, 17 (fig. 361).


361. — Augure romain, tenant dans la main droite le lituus (bâtonrecourbé qui servait à la divination). À ses pieds est un poulet sacré. Bas-relief du musée de Florence.

Ce mot étant très familier aux Latins, saint Jérôme l’a employé Deut., xviil, 14; Is., ii, 6; xlvii, 13; Jer., xxvii, 9. Le féminin auguratrix, «devineresse,» se lit Is., lvii, 3. Le traducteur de la Vulgate s’est servi du verbe auguror, «augurer,» Gen., xliv, 5, 15 (hébreu: nihês); Lev., xix, 26 (hébreu: nihês), et plus fréquemment encore du substantif augurium, «augure, présage.» Num., xxiii, 23; xxiv, 1; Deut., xviii, 10; IV Reg., xvii, 17; xxi, 6; II Par., xxxiii, 6; Eccli., xxxiv, 5. Comme les expressions augur, auguror, augurium, étaient devenues en latin, dans bien des cas, de simples synonymes de «devin, deviner, divination ou présage», notre version les emploie dans ce sens général: Gen., xliv, 5, 15, où il s’agit de la divination par la coupe et non par les oiseaux; Lev., xix, 26 (divination en général ou par la magie); Num., xxiii, 23 (naḥaš, «enchantement» ); xxiv, 1 (nehâšîm, «divination, présage obtenu par des enchantements» ); Deut., rviii, 10 (menahêš, «devin, enchanteur» ); xviii, 14 (me’ônenim, «devins» ); IV Reg., xvii, 17 (niḥêš); xxi, 6 (niḥêš); II Par., xxxiii, 6 (niḥêš); Is., ii, 6 (’ônenîm, «devins» ); xlvii, 13 (ḥôbrê šâmâïm, «par-

tageant, divisant le ciel,» les astrologues de Babylone); lvu, 3 {’ônenâh, «devineresse» ); Jec, xxvii, 9 (’ônenîm).Dans l’Ecclésiastique, xxxiv, 5, le mot auguria, «augures, présages,» rend exactement le mot grecoî<.)vi(7(jLoi, Eccli., xxxi, 5, qui signifie, en effet, «divinationpar le moyen des oiseaux;» mais, le texte originalétant perdu, nous ignorons quelle était l’expressionhébraïque que le traducteur a ainsi interprétée. Pour le sensdes mots hébreux que la Vulgate a rendus par augures etses dérivés, voir Devins, Divination.

On peut conclure de ce qui précède que les mots «augure, augurer», de la Vulgate, ne doivent pas être prisdans le sens strict, mais dans le sens large. Les ancienstraducteurs semblent bien avoir cru cependant qu’il étaitréellement question d’ornithomancie dans certains passages, comme Deut., xviii, 10, où les Septante traduisentmenah.es par oîwviÇojjLevoç, dans le même sens que laVulgate, qui observât auguria; les versions syriaque etarabe font de même. Il n’est pas impossible du reste qu’ilsoit fait allusion dans l’Écriture à la divination par lesoiseaux, car elle était pratiquée en Chaldée et dans lespays voisins. Diodore de Sicile, ii, 29; Fr. Lenormant, Lçt, divination chez les Chaldéens, in-8°, Paris, 1875, p. 35, 52-55; L. Hopf, Thierorakel, in-8°, Stuttgart, 1888, p. 4. Les rabbins et quelques commentateurs ontcru reconnaître en particulier l’ornithomancie dans cettesentence de l’Ecelésiaste, x, 20: «Ne dis point de maldu roi, même dans ta pensée; ne dis point de mal duriche, même dans l’intérieur de ta chambre; car l’oiseaudu ciel porterait ta voix, et l’animal ailé révélerait tesparoles.» Mais rien ne prouve qu’il soit ici question dedivination. Le sens de ce passage est le même que celuide notre proverbe: Les murs ont des oreilles et parlent; Salomon veut dire que les rois et les riches ont des moyensde savoir tous les secrets. F. Vigouroux.

    1. AUGUESTA Nicolas##

AUGUESTA Nicolas, dominicain de Venise, morten 1446. Il était provincial de la Lombardie inférieure, lorsque Eugène IV le nomma évêque de Tricerico, suffragantd’Acerenza, dans le royaume de Naples. Il a écritsur l’Écriture Sainte un ouvrage resté manuscrit: Postilkesuper Sacra Biblia fere omnia. — Voir Échard, Scriptoresordinis sancti Dominici (1719), t. i, p. 806.

B. Heurtebize.

    1. AUGUSTA##

AUGUSTA (COHORTE) (o-mi’pr) Ssgaorr, ), nom dela cohorte à laquelle appartenait le centurion Julius, qui futchargé de conduire saint Paul à Rome, lorsque l’Apôtrefut envoyé à César par le procurateur romain de la Judée, Portius Festus, en l’an 61. Act., xxvii, 1. — C’était unedes cohortes auxiliaires recrutées dans les provinces, etqui se composaient de soldats armés en partie selonl’usage romain, en partie selon les coutumes locales despeuples parmi lesquels ces soldats étaient enrôlés. VoirHassencam, De cohortibus Romanorum auxiliariis, Gcettingue, 1869. Les cohortes auxiliariæ ou socise se divisaienten quingenarise, de 500 hommes et 5 centuries, et millarias, de 1 000 hommes et 10 centuries; quelques-unesse composaient exclusivement de fantassins (cohortespeditutss), d’autres avaient un renfort de cavalerie (cohortesequitatse ou équestres). Ordinairement les cohortesauxiliaires étaient commandées par un prœfectus, quidevait avoir été primipilus d’une légion. Quelques cohortesétaient commandées par un tribun égal en gradeau tribunus legiouis. Au-dessous du préfet et du tribunétaient les centurions qui commandaient aux centuriescomme dans les légions.

Les noms par lesquels se distinguaient ces subdivisionsdes troupes auxiliaires romaines contenaient, outre l’indicationde la nation, par exemple, cohors Cyrenaica, cohors Lusitanorum, celle de la nature des forces dela cohorte, cohors peditata ou equitata, et quelquefoisaussi celle de son fondateur, c’est-à-dire celle du chef quil’avait organisée. À partir de l’époque de Caracalla, on

y trouve joint le nom de l’empereur régnant. Enfin onajoutait aussi quelquefois une dénomination honorifique, telle que-Victrix, Veterana, Pia, Fidelis, Augusta. Lenom de cohorte Augusta que nous lisons dans les Actesdes Apôtres, xxvii, 1, est donc un titre honorifique donnéà cette cohorte auxiliaire pour quelque mérite spécial.Diverses cohortes auxiliaires portèrent le titre d’Augusta, comme nous le lisons dans les diplômes militaires recueillisdans le tome iii, part, ii, du Corpus inscriplionum

„62. — Soldat de la cohorte Ituréenne. Musée de Mayence. Pierretumulaire, portant cette inscription: MONIMTJS JEEOMBALIF[ «ras] MILCes] COHCorfis] I ITVRAEOR[Mm’J ANNEoram]L, STIPlentUorum] XVI H[ic] 8[t*us] Etsfl. — Mouline estvêtu de la pcmula; il tient trois flèches dans sa main droiteet l’arc dans ea main gauche.

latinarum. L’une d’elles fut la Cohors 7° Augusta Iturseorum(fig. 362), mentionnée dans les diplômes militaires desannées 80, 98 et 110 de notre ère. Corpus inscript, lat., t. iii, p. 854, 862 et 868. Or cette cohorte, comme son noml’indique, fut recrutée dans l’Iturée, à l’est du Jourdain, et cette région, qui forma d’abord la tétrarchie de Philippe, fut donnée en 53, par l’empereur Claude, en mêmetemps que la Chalcide, avec le titre de roi, à HérodeAgrippa II, fils d’Hérode Agrippa I er et arrière-petit-filsd’Hérode le Grand, celui-là même qui discuta à Césaréeavec saint Paul devant Portius Festus. Act., xxvi, 1-29.On peut donc conclure que, selon toute probabilité, lecenturion Julius, qui eut la charge de saint Paul pendantle voyage à Rome, appartenait à la cohorte des Ituréens, dont un détachement se trouvait peut-être à Césarée.C’est à tort que quelques savants ont pensé que la cohorteAugusta ou Sébasté était ainsi appelée parce qu’elle secomposait de volontaires de la ville de Sébaste.

H. Marucchi.

    1. AUGUSTE##

AUGUSTE, surnom qui, à partir de l’an 726 deRome, désigna officiellement Octave, et passa à ses successeursdans le pouvoir suprême. Ainsi voyons-nous, Act., XXV, 21, 25, qu’il est donné à Néron par Festus.

Celui qui le porta le premier, Caïus Julius Cœsar Octa vianusAugustus (fig. 363), trouve sa place dans un dictionnairebiblique, puisque c’est sous lui que Notre-SeigneurJésus-Christ naquit à Bethléhem. Luc, ii, 1. Fils deCaïus Octavius, de la gens Octavia et de l’ordre équestre,

Octave était, par sa mère Attîa et sa grand’mère Julia, petit-neveu de Jules César, qui l’éleva et l’adopta. Néen 691 de Rome, 63 avant J.-C, sous le consulat de Cicéron, il avait dixiieuf ans quand il apprit à Apollonie, où il étudiait l’éloquence, la fin tragique de son pèreadoptif. En toute hâte, il quitta la {îrèce pour courir àRome revendiquer son héritage, et s’unir à ceux quivoulaient venger sa mémoire en poursuivant ses assassins.Nous n’entrerons pas dans les détails d’une vie quiappartient toute à l’histoire profane, et ne touche quepar hasard à l’histoire sacrée. Qu’il suffise de rappelerqu’après avoir marché contre Antoine, pour l’obliger àlui restituer l’héritage de son oncle et à acquitter les legs

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363. — Denier d’Auguste.

Tête laurée d’Auguste, h droite. — CAESAR AVGVSTVS. Bouclierrond, au centre duquel on lit les lettres CLT (ClypeusToUrns}, À droite et à gauche, un laurier et lee lettres SPQR(_Senatus Populvsque Romanus).

qu’il avait faits au peuple, il trouva plus sage, sur l’avisde Pansa mourant, à Modéne, de faire la paix avec sonrival vaincu, mais encore redoutable, par le concoursque Lépide se disposait à lui prêter. Les trois généraux-s’entendirent donc pour former un second triumvirat, 43 avant J.-C. Ils se désignèrent eux-mêmes commetriumvirs réformateurs de la république, avec des pouvoirsconsulaires. Les premiers résultats de cette alliancefurent horribles. Les triumvirs se sacrifièrent mutuellementleurs parents et leurs meilleurs amis Octave donnala tête de Cicéron, en retour de celle du frère de Lépideet de l’oncle d’Antoine. Trois cents sénateurs et deuxmille chevaliers furent massacrés. Après quoi les triumvirsmarchèrent contre Cassiùs et Brutus, chefs du parlirépublicain, qu’ils écrasèrent à Philippes. Octave, retenusous sa tente par une indisposition vraie ou fausse, n’avaitpas pris part à la victoire; mais il n’en eut pas moins leplus beau lot dans le partage de l’empire: on lui attribual’Italie, les Gaules et l’Espagne. Son triomphe ne lui ôtarien de sa cruauté. Il avait voulu que la tête de Brutusfût jetée aux pieds de la statue de César; il fit égorgerles plus illustres d’entre les prisonniers, et distribua à sesvétérans les terres dont il dépouilla ses adversaires politiques.Enfin quelques guerres heureuses contre ceux quivoulaient faire obstacle à son accroissem*nt l’amenèrentà priver de ses provinces le faible Lépide, qu’il réduisità la dignité de grand pontife, et à entreprendre contreAntoine, qui avait outragé, en refusant de la recevoir, Octavie, sa femme, sœur d’Octave, une lutte ouverte etdécisive. Il le défit à Actium, 31 avant J.-C; et pour enfinir, en demeurant seul maître de l’empire, il Je poursuivitjusqu’à Alexandrie, où le malheureux, entraînépar sa passion pour Cléopâtre, s’était réfugié. Bientôt ilne resta plus aucun espoir de salut à Antoine, qui sepoignarda et assura ainsi l’omnipotence de son rival. Lesénat proclama Octave Empereur, Auguste, Préfet desmœurs, Consul à vie, et ainsi, sous des titres divers etavec les pouvoirs absolus qu’il sut concentrer successivementdans ses mains, on le laissa rétablir, sous un nomnouveau, le gouvernement monarchique, 27 avant J.-C.(fig. 364). Jamais on n’avait plus parlé de liberté, et jamaison n’alla plus vite au-devant de la servitude. Il faut direqu’Octave sut y conduire avec une grande habileté ceuxqui semblaient en avoir le plus horreur. On l’appela lePère de la patrie. À l’intérieur, il développa de sages institutionset assura la prospérité de l’empire, favorisant le3

lettres et les arts, transformant Rome, qu’il avait trouvéebâtie en briques, et que, selon sa propre expression, il laissatoute de marbre. On sait qu’Auguste a eu l’honneur dedonner son nom à un des trois grands siècles de l’humanité.Au dehors, d’heureuses guerres avaient fini par assurerla tranquillité de l’empire, et, un an avant la naissance deJésus-Christ, il put, pour la troisième fois depuis la fondationde Rome, fermer le temple de Janus, resté ouvertdepuis deux cent cinq ans. On était arrivé à une des heures

36é. — Statue d’Auguste. Musée du Louvre.

les plus solennelles de l’histoire: le Messie allait naître dansune bourgade obscure de la Judée. Par un édit dont il seraparlé plus tard, voir Quirinius, Auguste prescrivit un recensem*ntgénéral de l’empire, et c’est par suite de cetédit, exécuté en Palestine vers la dernière amiée d’Hérode, que, Joseph et Marie s’étant transportés de Nazareth àBefhléhem, Jésus y vint au monde, accomplissant ainsila célèbre prophétie messianique de Michée, v, 7. Déjà, etd’une manière plus directe, Auguste avait précédemmentexercé son inlluence sur les affaires de Palestine. Aprèsla victoire d’Actium, il avait couvert de son plus généreuxpardon Hérode, qui s’était imprudemment attaché au partid’Antoine. L’habile Iduméen, après son entrevue avec lenouveau maître du monde, s’était appliqué à capter toutesa confiance, et il y avait réussi, obtenant de lui de continuellesfaveurs. Joséphe, Ant.jud., XV, V7, 5; vil, 3; x, 3. En revanche, il se montra le. plus flatteur de tous lesrois vassaux de l’empire, fondant des villes auxquelles il donnait le nom d’Auguste, ainsi Sébaste et Césarée, et, tout roi des Juifs qu’il fut, allant jusqu’à bâtir à Panéas un temple en l’honneur de son tout-puissant bienfaiteur, Antiq., XV, x, 3. À la mort d’Hérode, an 4 de J.-C., Auguste, confirmant les dernières volontés du roi juif, partagea ses États entre ses enfants. Antiq., XVII, xi, 4.Il attribua la Judée, cf. Matth., ii, 22, l’Idumée et la Samarie à Archélaüs, avec le titre d’ethnarque, en lui promettant celui de roi quand il s’en serait rendu digne; la tétrarchie de Galilée et de Pérée à Antipas, cf. Matth., xiv, 3; celle de Batanée et de Trachonitide à Philippe, cf. Luc, iii, 1; certaines villes importantes à Salomé. La dernière intervention d’Auguste dans l’histoire juive fut la déposition d’Archélaùs, qu’il exila dans les Gaules, et l’incorporation de ses États au gouvernement de Syrie, an 6 de J.-C. Josèphe, Ant. jud., XVII, xiii, 2. Le vieil empereur, dont les dernières années furent empoisonnéespar des chagrins domestiques et des malheurs publics, finit sa vie, en l’an 13 de J.-C, à Noie, en Gampanie, le-19 août, mois de sextilis auquel il avait donné son nom{Augustus). Avant sa mort, il avait successivement vu disparaître tous ses enfants d’adoption, et s’était trouvé réduit à laisser le pouvoir suprême à Tibère, dont il détestait le caractère astucieux, dissimulé et cruel. Il avait soixante-seize ans. L’histoire de son règne nous a été racontée par Suétone, Les douze Césars; Dion Cassius, livre, liii, 6; Velléius Paterculus, etc.

E. Le Camus.

1. AUGUSTI Friedrich Albrecht, théologien protestant, né le 30 juin 1696 à Francfort-sur-l’Oder, mort le 13 mai 1782. à Eschenberg. Il était d’origine juive. Ses parents lui donnèrent, à la circoncision, les noms de Josué ben Abraham Eschel. Après avoir fait ses études à Bresci, en Lithuanie, il se rendit à Constantinople. Là il fut réduit en esclavage par les Turcs, puis racheté par un négociant polonais. Rendu à la liberté, il s’appliqua de nouveau aux études, d’abord à Cracovie, puis à Prague. Il fut converti au christianisme, en 1722, par le surintendant luthérien Reinhart, dont il avait fait par hasard la connaissance à Sondershausen. Après son baptême, il étudia de nouveau à Leipzig et à Gotha; il devint, en 1734, pasteur à Eschenberg, dans le duché de Gotha, où il mourut à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. On lui doit de bonnes apologies de la religion chrétienne contre les Juifs, et des ouvrages utiles: Fasciculus dissertationum de pontificatu Christi; Dissertatio Ia de Adventus ejusdem necessitate tempore templi secundi, in-4°, Leipzig, 1729; De factis et fatis Abrahami, in-4°, Gotha, 1730; Aphorismi de studiis Judæorum hodiernis, in-4°, Gotha, 1731; Dissertationes historico-philologiæ in quibus Judæorum hodiemorum consuetudines, mores et ritus, tam in rébus sacris quam civilibus exponuntur, 2 fascicules in-8°, Erfurth, 1735; Geheimmisse der Juden von dem Wunderfluss Sambathion, wie auch von den rothen Juden zur Erläuterung II Reg., xvii, 6, in-8°, Erfurth, 1748; Beweiss dass der hebraïsche Grundtext des Alten Testaments unverfälscht sey, wider Schöttgen, in-4°, Darmstadt, 1748; Gründliche Nachricht von den Karaiten, in-8°, Erfurth, 1752; Erklärung des Buchs Hiob, in-8°, Erfurth, 1754. Il s’est attaché particulièrement à démontrer la vérité de la religion chrétienne aux Juifs ses anciens coreligionnaires. — Voir J. G. Meusel, Lexikon der vom Jahr 1750 bis 1800 verstorbenen teutschen Schrifsteller, 15 in-8°, Leipzig, 1802-1816, 1. 1, p. 117-119; Emst Friedrichund Anton Augusti, Nachrichten von dem Leben, Schicksalen und Bekehrung Friedrich Albrecht Augusti, Gotha, 1783.

J.-B. Jeannin.

2. AUGUSTI Johannes Christian Wilhelm, petit-filsdu précédent, théologien protestant, né le 27 octobre 1772à Eschenberg, mort à Bonn le 28 avril 1841. Il étudia lathéologie à l’université d’Iéna (1790), puis enseigna leslangues orientales dans le même établissem*nt (1798). Il devint, en 1812, professeur de théologie à Breslau, passaen 1819, en la même qualité, à Bonn, où il resta jusqu’àsa mort. Dans son enseignement il se montra positivementcroyant. C’est ce qui ressort de sa Dogmatik, in-8°, Leipzig, 1809; 2e édit., 1825; de son Lehrbuch christlichen Dogmengeschichte, in-8°, Leipzig, 1805; 4° édit., 1835, et de son Grundriss einer historich-kritischen Einleitung in’s Alte Testament, in-8°, Leipzig, 1806; 2e édit., 1827. Tout en revendiquant pour le théologien la liberté de la critique, il croit à l’Écriture comme à la parole de Dieu; il est convaincu qu’elle n’a rien à redouter des investigations de l’esprit humain, qu’elle peut braver la critique la plus sagace et la plus pénétrante. Il a beaucoup écrit. Il doit sa renommée surtout à ses travaux sur les antiquités chrétiennes. Son principal ouvrage en ce genre a pour titre: Denkwürdigkeiten aus der christlichen Archäologie, 12 in-8°, Leipzig. 1817-1831; Die christliche Alterthümer, ein Lehrbuch fur akademischen Vorlesungen, in-8°, Leipzig, 1819; Sandbuch der christlichen Archäologie, 3 in-8°, Leipzig, 1836-1837.Outre son Introduction à l’Ancien Testament, il a publié: Versuch einer historich-dogmatischen Einleitung in die heiligen Schriften, in-8°, Leipzig, 1832; Apocryphi libri Veteris Testamenti, in-8°, Leipzig, 1804; J. G. Z. Berger’s Versuch einer praktischer Einleitung ins’ Alte Testament 4 Theile (3 t8r und 4 ter Band fortgesetzt von J. Chr. W. Augusti), 4 in-8°, Leipzig, 1799-1808; Die katholischen Briefe neu übersetzt und erklärt, mit Excursen und Abhandlungen, 2 in-8°, Lemgo, 1801; Rabbi Sal. Jarchi’s Ausfürlicher Conimentar ûber den Pentateuch, aus dem OriginalTexte zuerst in’s Deutsche ûbersetzt von Haymann, mit einer Vorrede Prof. Dr Augusti, in-8°, Bonn, 1833; — en collaboration avec de Wette, Commentar über die Psalmen, in-8°, Heidelberg, 1811; 2e édit., 1823; Die Schriften des Alten und Neuen Testament, neuübersetzt von. J. C. W. Augusti et W. M. L. de Wette, 6 in-8°, Heidelberg, 1809. Voir Herzog, Realencyclopädie, 2e édit., t. i, p. 777-779; Welte, Kirchenlexikon, 2e édit., t. i, col. 1655.

J.-B. Jeannin.

1. AUGUSTIN (Saint), Aurelius Augustinus, évêqued’Hippone et docteur de l’Église, né à Tagaste le 13 novembre 354, mort à Hippone le 28 août 430. Il avait étébaptisé à Milan le 24 avril 387, ordonné prêtre en 391, etévêque en 395. C’est vers l’âge de dix-huit ans que saintAugustin, travaillé par le besoin de la vérité, lut pour la première fois la Bible, dont enfant il avait entendu sainte Monique, sa mère, lui vanter la beauté. Mais il ne l’étudia pas d’abord avec la simplicité de la foi. Devenu manichéen, pendant dix ans il accepta les calomnies que les sectateurs de Manès déversaient à plaisir sur le texte sacré: opposition de l’Ancien et du Nouveau Testament, langage indigne du principe bon, œuvre de l’esprit mauvais, etc. Saint Ambroise commença à dissiper les erreurs dont l’esprit d’Augustin était abusé; la lecture des Épîtres de saint Paul, qui lui parurent combler les lacunes de la philosophie platonicienne sur le péché et la grâce, l’incarnation et la rédemption, acheva de donner au jeune Africain le goût des Écritures. Il doit être compté parmi les Pères latins qui ont le plus écrit sur la Bible. De sa conversion à sa mort, c’est-à-dire pendant près d’un demi-siècle, chaque année vit paraître un ou plusieurs nouveaux écrits exégétiques du saint docteur: traités, commentaires, lettres, sermons. Il cite les Écritures à tout propos; avec ses seuls ouvrages, on pourrait reconstituer plus des deux tiers de la Bible. Orateur, il en fait goûter à son peuple les saintes beautés; apologiste, il la défend avec succès contre les calomnies des manichéens et les objections des païens; théologien et commentateur, il en développe admirablement la doctrine. Il n’avait lu que de très rares commentaires grecs; l’Orient n’exerça à peu près aucune influence sur son génie original et toujours latin. Il se servit presque exclusivement dans ses écrits de l’ancienne

Vnlgate latine appelée l’Italique. Voir Italique (version).Son esprit, curieux et subtil, a plus d’une foispoussé trop loin la recherche du sens allégorique. Maisil ne méconnaît pas la valeur propre et la nécessité dusens littéral ou historique; au contraire, il établit en principequ’il doit passer en première ligne, sinon on ouvrela porte à l’esprit de système, on fournit le moyen d’éluderl’enseignement contenu dans la Bible.

On peut, en prenant pour base l’ordre méthodiquecombiné avec l’ordre chronologique (d’après les Bénédictins), distribuer les écrits exégétiques de saint Augustin^ de la manière suivante:

I. Écrits des débuts. — Saint Augustin lui-même aainsi caractérisé ses premiers écrits. Il ne conserva leDe Genesi ad litteram imperfectus liber de l’année 393que «comme un monument assez curieux à consulter deses premiers essais dans l’étude et l’exposition des divinsoracles». (Retr., i, 18, t. xxxii, col. 613.) Aux débuts appartiennent: 1° De moribus Ecclesise catholicx et de moribusManichœorum libri duo (387), t. xxxiii, col. 1309.Réfutation des calomnies des manichéens. Au livre I, chap. ix et chap. xvi, est un essai de concordance del’Ancien et du Nouveau Testament, qui ont le même enseignementsur chacune des quatre vertus cardinales, latempérance, la force, la justice, la prudence; ces vertussont décrites d’après les Écritures, les. Épltres d3 saintPaul surtout. On y remarque l’emploi du sens allégorique.

— 2° De Genesi contra Manichœos libri duo (vers 389), t. xxxiv, col. 173-220. C’est une explication des trois premierschapitres de la Genèse, afin de répondre aux difficultéssoulevées par les manichéens. Ce livre a été écrità la hâte, avec le sentiment du sens littéral, mais en faisantun usage excessif du sens figuré. «Pour ne pas êtreretardé dans mon entreprise, dit saint Augustin, j’aiexpliqué sommairement et avec toute la clarté possible lesens figuré des passages dont je n’ai pu trouver le senspropre.». De Gen. ad litt., viii, 2, 5, t. xxxiv, col. 374.’— 3° De vera religione liber unus (390), t. xxxiv, col.121-172. L’enseignement de la vraie religion dans l’Anciencomme dans le Nouveau Testament se recommande parson excellence, par l’harmonieuse ordonnance qu’elleleur emprunte (cap. xvif). Il faut donc méditer les Écritures, pour puiser en elles non la vérité qui passe, maiscelle qui demeure. Le but de cette étude doit être dechercher sous l’allégorie et sous l’histoire, sous les figureset sous les faits, l’objet immuable de la toi. Mais il fautinterpréter l’Écriture d’après le génie de la langue del’Écriture (cap. l, col. 165). — 4° De utHitate credendiad Honoratum liber unus (391), t. xlii, col. 65-92.Ordonné prêtre en 391, saint Augustin, dans une magnifiquelettre à Valère, demanda du temps pour étudierles divines Écritures (Ep. xxi, t. xxxiii, col. 88). Lepremier fruit de cette étude fut le De utilitale credendi.C’est une nouvelle défense de l’Ancien Testament contreles manichéens. On ne peut accepter les explications del’Écriture que ses ennemis donnent. Le Nouveau Testamentreçu des manichéens envisage l’Ancien sous quatrepoints de vue: l’histoire, l’étiologie, l’analogie et l’allégorie.C’est la clef de la solution de toutes les difficultés.

— 5° De Genesi ad litteram imperfectus liber (393), t. xxxiv, col. 219-246. Commentaire des vingt-six premiersversets de la Genèse. C’est un simple essai, contenantdes explications allégoriques. — 6° Contra AdimantumManichsei discipulum liber unus (394), t. xlii, col. 129-172. Saint Augustin, après avoir donné uneréponse générale et de principe, aborde les réponses dedétail aux attaques des manichéens, en rétablissant parles Écritures l’accord des deux Testaments par les passagesde la Genèse, de l’Exode, du Deutéronome, du Lévitique, des Nombres, des Psaumes, des Proverbes et des prophètesOsée, Amos et Isaïe, qu’ils alléguaient à l’appuide leur système. — La fin de cette période des débuts sesignale par un emploi fréquent de l’Écriture, dans la

correspondance, dans la prédication, dans la Disputa(392) avec le manichéen Fortunatus; il est permis depenser qu’il la savait déjà en grande partie par coaur: Epist. xxii (392), t. xxxiii, col. 91-92; Epist. xxin (392), col. 91; .De duabus animabus contra manichseos (391), t. xlii, col. 93; Acta seu disputatio contra Fortunatummanichœum (28 août 392), t. xlii, col. 114.

II. Grands commentaires. — On entend ici par grandscommentaires les commentaires de livres entiers de laBible, ou de parties notables du même livre et formantune suite. On peut ranger dans cette catégorie: 1° Desermone Domini in monte secundum Matlhœum libriduo (393), t. xxxiv, col. 1229-1308. Le sermon sur lamontagne occupe, dans saint Matthieu, les chapitresv, VI et vu: livre I er, explication du chap. v; livre ii, explication des chap. vi et vu; division quelque peu artificielle.L’auteur s’étend trop sur le sens allégorique, mais il a en même temps le souci du sens littéral. —2° Epistolse ad Galatas expositionis liber unus (394), t. xxxv, col. 2105-2148. Commentaire littéral verset parverset, dans lequel il montre quels sont les rapports dela loi et de la foi. Saint Paul a eu raison de reprendresaint Pierre. — 3° Annotationum in Job liber unus(vers 400), t. xxxiv, col. 825-886. Annotations marginalesdu livre de Job, recueillies et publiées par les amisde saint Augustin, qui les trouvait fort obscures, à causede leur laconisme. Le sens allégorique y est poussé troploin, mais il y a encore ici le souci du sens littéral. Cetouvrage, bien que ne renfermant que des notes fugitives, fut recherché; de nombreuses copies s’en répandirent.— 4° Enarrationes in Psalmos (404 [?]-416), t. xxxvi, col. 67-1967. C’est un commentaire des Psaumesen partie dicté, en partie prêché dans des discours prononcésdevant le peuple. Le commentaire dicté est plusbref que le commentaire parlé. Le rriême Psaume a souventfourni la matière de plusieurs discours. Après lesens littéral, le saint docteur recherche le sens ou lessens spirituels, qu’il applique le plus souvent à Notre -Seigneur.Il a grand soin de suivre le texte le plus pur.

— 3° De Genesi ad litteram libri duodecim (415), t. xxxiv, col. 245-486. Livres i à xi, commentaire destrois premiers chapitres de la Genèse; livre xli, ravissem*ntde saint Paul au troisième ciel, divers genres devisions. C’est un des principaux commentaires de saintAugustin; il y donne les règles du sens allégorique, maisil y expose aussi le sens littéral ou historique; les rapportsde la Bible et de la science; leur accord en principe; le commentateur ne doit émettre aucune opinion qui nesoit certaine; il lui faut une grande prudence scientifique.C’est pour avoir suivi trop à la lettre le texte sacré quesaint Augustin a cru à un premier jour type de vingt-quatreheures. Cependant sur ce point sa pensée est parfoisflottante. — 6° In Joannis Evangelium tractatus centumviginti quatuor (416-417), t. xxxv, col. 137$1-$2976. C’estune explication de l’Évangile de saint Jean faite du hautdelà chaire, riche en applications morales, d’après le sensallégorique, mais souvent aussi d’après le sens littéral, déterminé par le langage certain de l’Écriture. À citer len. 2 du Traité x, où saint Augustin donne d’une manièreremarquable l’explication du mot «frères», appliquéaux cousins de Notre - Seigneur. — 7° In EpistolamJoannis ad Parlhos tractatus decem (416, semaine dePâques), t. xxxv, col. 1977-2062. Explication de la premièreÈpître de saint Jean donnée au peuple et du hautde la chaire, * saint Augustin s’est attaché à exposer l’enseignementsur le Verbe et la charité divine contenudans cette Épltre. Ce commentaire est surtout moral.

III. Petit* commentaires et questions exégétiques. —Sous ce titre on peut ranger: 1° Expositio quarumdampropositionum ex Epistola ad Romanos liber unus (vers394), t. xxxv, col. 2063 - 2088. Ce sont des réponses improviséesà des questions soulevées dans une lecture decette Épltre faite en commun. L’auteur montre quel est

t’t

le rapport de la loi et de la grâce. La doctrine a unesaveur pélagienne, corrigée plus tard par saint Augustinlui-même. — 2° Epistolee. a) Lettres à saint Jérôme, Epist. xxviii (394 ou 395), t. xxxiii, col. 111; Eplst. xl(397), col. 154-158; Epist. lxxi (403), col. 241; Epist.lxxiii (403), col. 245-250; Epist. lxxxii (404), col. 276291; Epist. clxvii (415), col. 733-741. Les quatre premièreslettres se réfèrent à deux points: 1° les traductionshiéronymiennes; saint Augustin essaye de dissuader saintJérôme de traduire sur l’hébreu; 2° le sens du passagede VÉpîtve aux Galates, où saint Paul raconte qu’il avaitrepris saint Pierre; saint Augustin tient que saint Pierreavait failli et qu’il fut repris justement. Dans la cinquièmelettre, saint Augustin demande l’explication du ꝟ. 10, chap. ii, de l’Épître de saint, lacques: «Qùicumque eninitotam legem servaverit, offendat autem in uno, faclus estomnium reus.» — b) À saint Paulin, Epist. CXLix(414), t. xxxiii, col. 630-645, sur les Psaumes (Ps. xv, 3; xvi; lviii, 12; lxvii, 22), sur les Épilres de saint Paul(Eph., iv, 11; I Tim., ii, 1; Rom., xi, 2, col. 11, 16)et sur les Évangiles (Joa., xx, 17; Luc, ii, 34). Explicationsavante et iugénieuse. — c) À Évodius, Epist. clxiv(415), t. xxxiii, col. 709: 1° sur IPetr., iii, 18; 2° surla délivrance des justes par la descente de l’âme de Jésus-Christaux enfers. Quels justes? Adam, certainement lespatriarches, probablement les philosophes qui ont approchéde la vérité sans l’atteindre. — d) À Hésychius, Epist.cxcvii (vers 418), Epist. cxcix (419), t. xxxiii, col. 901.Hésychius, évêque de Salone en Dalmatie, croyant à lafin prochaine du monde, y appliquait la prophétie desSemaines de Daniel. Saint Augustin tient qu’elle a euavec la mort de Jésus-Christ son entier accomplissem*nt.Etc. — 3° De diversis quiestionibus ad Simplicianumlibri duo (397), t. xl, col. 101-148. Ces questions étaientpeu importantes et’d’une solution facile. — 4° QueestionumEvangeliorum libri duo (400), t. xxxv, col. 13211364, sur les Évangiles de saint Matthieu et de saint Luc.C’est un commentaire le plus souvent allégorique. —5° Qusestionum in Heptateuchum libri septem (vers 419’, t. xxxiv, col. 547-824. Saint Augustin donne des réponsesrapides, destinées à servir com me de mémento. Il s’attacheau sens littéral et fait souvent de la critique textuelle.

IV. Texte et critique textuelle. — On peut ranger sousce titre: 1° De consensu Evangelistarum libri quatuor(vers 400), t. xxxiv, col. 1041-1230. C’est un des plus importantsécrits exégétiques de saint Augustin. II y mit tous sessoins. Livre 1 er, autorité du témoignage des évangélistes, en réponse aux païens prétendant qu’ils avaient ajoutéaux doctrines du Sauveur. Livre ii, accord des évangélistes, saint Matthieu étant pris pour base, de la naissancedu Sauveur à la Cène. Saint Augustin pose les règles permettantd’établir scientifiquement cet accord. Livre iii, accord des évangélistes de la Cène à la fin. Les quatreÉvangiles sont à peu prés fondus eu un seul récit: saintAugustiu ne dit guère que ce qui est nécessaire pourrelier les faits. Livre iv, accord des évangélistes surquelques faits particuliers dans saint Marc (i à vu), danssaint Luc ( vm et ix); x, ce que saint Jean ajoute à saintMatthieu, saint Marc et saint Luc. — 2° Scripturee Sacréelocutionum libri septem (vers 419), t. xxxiv, col. 485-546.Saint Augustin relève, en faveur des Latins, les idiotismesdes langues hébraïque et grecque qui se trouvent dansl’Heptateuque. Il en a noté sept cent vingtsix. Plusieursde ces locutions sont contestables. — 3° Spéculum liberunus (427), t. xxxiv, col. 887-1040. C’est une collectionde nombreux extraits de l’Ancien et du Nouveau Testamentd’après la traduction de saint Jérôme, où sont exposésles principes universels et immuables de la consciencechrétienne. Saint Augustin n’avait cessé de préconiser lalecture des Écritures. À la fin de sa vie, il a voulu mettreentre les mains de tous un recueil biblique, où chacunput se voir comme dans un miroir.

V. Règles d’interprétation. — De doctrina christiana.

libri quatuor (426), t. xxxiv, col. 15-122. Saint Augustin, synthétisant dans cet ouvrage, commencé en 397 et terminéen 426, sa longue expérience comme exégète, y adonné les règles d’interprétation, qui se ramènent à deuxpoints: comprendre et expliquer. L’amour de Dieu et duprochain est la plénitude, la fin des Écritures, pour l’intelligencedesquelles il faut donc avoir une grande puretéde vie. L’intelligence des livres canoniques, énuméréslivre ii, chap. viii, nécessite la connaissance des langues, grecque et hébraïque surtout, de l’histoire, des sciencesnaturelles, de la dialectique, des arts, des institutions, desmœurs particulières et locales. Autant que possible, ilconvient d’expliquer la Bible par la Bible, les expressionsobscures ou ambiguës par les passages clairs, etc. Aulivre iii, chap. xxx, saint Augustin analyse les sept règlesde Tichonius, qui sont des plus utiles. L’exégète doit, pour expliquer les Écritures, parler une langue toujoursclaire, dans le seul but de faire connaître la vérité révélée.

Voir Gastius Brisacensis, D. Aurelii Augustini, HipponensisEpiscopi, tam in Vêtus quam in NoVurn Testanientumcommentarii, ex omnibus ejusdem lucubrationibuspassim in ordinem utriusque capitum, 2 in-f’, Bâle, 1542; Lenfant, Biblia Augustiniana, sive Collectio etexplicatio omnium locorum Sacrée Scripturee, qux sparsimreperiuntur in omnibus sancti Augustini operibusordine Biblico, ’iin-f a, Paris, 1661; Bindesboll, Augustinuset Hieronymus de Scriptura Sacra ex hebrseo inlerpretandadisputantes, in-8°, Copenhague, 1825; Clausen, Aurelius Augustinus Scripturee Sacrée interpres, in-8°, Copenhague, 1822; Motais, L’école éclectique sur l’Hexaméronmosaïque, Saint Augustin, dans les Annales dephilosophie chrétienne (1885), t. xii, p. 174-191, 286301, 375-390; xiii, 65-78, 159-172; Overbeck, Aus demBriefwechsel des Augustin mit Hieronymus, dans Sybel, Historische Zeitschrift (1879), t. vi, p. 222-259; Possidius, Sancti Augustini episcopi vita, dans l’édition desBénédictins; J. J. B. Poujoulat, Histoire de saint Augustin, sa vie, ses œuvres, 3 in-8°, Paris, 1844; 2 in-8°, Paris, 1852; Bindemann, Der heil. Augustinus, 3 in-8°, Leipzig, 1854-1869. C. Douais.

2. AUGUSTIN D’ARCOLI (d’Ascoli, de Asculo), religieuxaugustin, florissait vers 1385. Il a écrit: SuperEvangelia dominicalia; Super Genesim qusedam rnoralia; Lectiones in universam Scripturam. Au commencementde ce siècle, ses ouvrages se trouvaient manuscritsdans les bibliothèques de Bologne, de Padoue etde Florence. — Voir Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée

(1822), t. iii, p. 213.

B. Heurtebize.

3. AUGUSTIN DE BASSANO Jean, de l’ordre deSaint -Augustin, né en 1488, mort à Bergame le 10 janvier1557. Il est quelquefois appelé Augustinus Bassianusou Bassanensis. Il a laissé un commentaire sur les Épîtres

de saint Paul à Timolhée.

B. Heurtebize.

4. AUGUSTIN DE VIGUERIA, capucin de la provincede Gênes, mort au couvent de Casai en 1617, a laissé, entre autres ouvrages: 1° Lectiones 37 super visionemscalee Jacob; 2° Conceptus scripturales et morales superMissus est; 3° Conimentaria scripturalia et moraliasuper Threnos Jeremiee. Le P. Lelong cite ces titres danssa Bibliothèque sacrée, et Sbaraglia dit que ces ouvragessont conservés en manuscrit chez les Capucins de Gênes.

P. Apollinaire.

5. AUGUSTIN SUPERBI. Voir SUPERBI.

    1. AUMÔNE##

AUMÔNE, secours matériel donné aux pauvres.

I. Aumône chez les Hébreux. — Ils avaient deux catégoriesd’aumônes: les unes étaient déterminées, au moinsquant à l’espèce et aux principales circonstances, farexemple, le glanage des épis réservé aux indigents, etc. j

les autres étaient indéterminées, soit quant à l’espèce, soitquant à la manière; c’étaient des libéralités, que les Juifsfaisaient comme ils voulaient et quand ils voulaient, enargent, nourriture, vêtements, etc. La distinction entreles aumônes venait donc, non de l’obligation, qui était lamême pour les deux catégories, mais du degré de détermination.

1 o À VMONES DÉTBSMIlfÉES PAS LA LOI DE MOÏSE. — Les

principales sont les suivantes:

1. La réserve d’un petit coin dans chaque champ. —Le précepte en est porté Lev. xix, 9 (et. xxiii, 22), dontle sens est, d’après l’hébreu: «Lorsque vous ferez lamoisson, vous n’irez pas tout à tait jusqu’à l’extrémitéde votre champ, mais vous en laisserez une petitepartie… pour les pauvres et les étrangers.» La traductionde ce passage, dans la Vulgate, est un peu obscure; aussi saint Jérôme a - 1 - il eu soin d’en expliquer lesens d’après l’hébreu. Divina biblioth., in Lev., xix, t. xxviii, col. 323. Cette partie, réservée aux indigents, est appelée «angle» ou «coin», parce qu’ordinairementelle devait être à l’extrémité du champ, afin que les pauvresne puss*nt s’y méprendre. Ce point est l’objet d’un traitéspécial dans la Mischna, tr. Pê’âh, édit. Surenhusius, Amsterdam, 1698, part, i, p. 37-75, qui a été longuementcommenté, soit par un disciple de Juda le Saint, auteurde la Mischna, sous le titre de Tosafâh, ou Addition autraité Pê’âh (traduite et imprimée par Ugolini, dans sonThésaurus antiquilatum sacrarum, Venise, 1757, t. xx, p. 55-78), soit par Bartenora et Maimonide, dont on peutvoir les savants commentaires à l’endroit cité de Surenhusius.Maimonide en traite aussi longuement dans sonouvrage De jure pavtperis et peregrini, traduction latinede Prideaux, Oxford, 1679, c. i, p. 2-8. D’après le textemosaïque, aucune mesure n’est fixée pour ce petit coinde terre qu’on doit laisser aux pauvres, si bien que Maimonideva jusqu’à dire qu’à la rigueur un Juif peut satisfaireà la loi en laissant un seul épi debout à l’extrémitéde son champ. Mais peu à peu la tradition juive en déterminala mesure; d’après le tr. Pë’âh, i, 2, le petit coindoit correspondre à la soixantième partie du champ.Quoique le texte sacré, Lev., xix, 9, ne parle que de «moisson», cependant il fut appliqué peu à peu à touteespèce de récolte pouvant servir à la nourriture del’homme. Tr. Pê’âh, I, 4. Cf. Hottinger, Juris Hebrœorumleges, lex 213, Zurich, 1655; p. 314-317; Leydekker, De republica Hebrseorum, Amsterdam, 1704, p. 669; Selden, De jure naturali, Wittemberg, 1770, VI, VI, p. 724-725.

2. Le glanage et autres droits similaires. — Les épisqui échappent à la faux des moissonneurs, ou tombentdes mains de ceux qui lient les gerbes, appartiennent auxpauvres, Lev., xix, 9; xxiii, 22; les grappes qui restentaprès la vendange ou les grains qui tombent, sont la propriétédu pauvre. Lev., xix, 10; Deut., xxiv, 21. Si, pendantla moisson, le propriétaire du champ laisse une gerbepar oubli, il lui est défendu de retourner à son champpour reprendre cette gerbe; il doit la laisser aux pauvres, Deut., xxiv, 19; quand on fait la récolte des olives, s’ilen reste sur l’arbre après la cueillette, elles sont pourles pauvres. Deut., xxiv, 20. Pour ces aumônes spéciales, aucune quantité n’était et ne pouvait être fixée; maisnous voyons, par l’exemple de Booz, que les Juifs bienveillantslaissaient tout exprès des épis dans leurs champsou des raisins dans leurs vignes, pour rendre plus abondantela part du pauvre. Ruth, ii, 15-16.

3. Les privilèges des années sabbatique et jubilaire. —Pendant l’année sabbatique, qui revenait tous les sept ans, on ne semait pas la terre et on ne taillait pas les vignes; c’était le repos de la terre, comme le sabbat était le reposde l’homme. Les fruits spontanés de la terre ou des vignesne devaient pas être recueillis par le propriétaire sousforme de moisson ou de vendange, car ils appartenaientà tous indistinctement; c’était, pour cette année, la communauté des fruits. Lev., xxy, 4-6. Or il est évident queceux qui profitaient le plus de cette communauté, c’étaientles pauvres et ceux qui n’avaient ni champ ni vigne; carles propriétaires avaient fait leurs provisions les annéesprécédentes, et surtout la sixième, que Dieu s’était engagéà favoriser d’abondantes récoltes. Lev., xxv, 20-21. Aussitous les auteurs signalent le sabbat de la septième annéecomme une précieuse ressource pour les pauvres. Michælis, Mosaisches Recht, § 143, t. ii, p. 475. Les prescriptionsde l’année sabbatique s’appliquent également àl’année jubilaire, qui revenait tous les cinquante ans. Lev., xxv, 10-11.

4. La dîme des pauvres. — Elle est prescrite Deut., xiv, 28, et xxvi, 12; il en est encore question dans lelivre de Tobie; i, 6-8; Josèphe la mentionne expressémentparmi les préceptes divins. Antig jud., IV, viii, 22.Elle était appelée la «troisième dîme», parce qu’ellevenait après deux autres dîmes, l’une payée chaqueannée aux lévites, l’autre offerte à Dieu dans le lieumême du tabernacle ou du temple, pour être employéesurtout en fêtes religieuses. Voir Dîme. D’après le textemême du Deutéronome, xiv, 28, la «troisième dime» n’était payée que tous les trois ans. Quelques auteurs ontcru que, l’année de son échéance, cette dime était surajoutéeaux deux autres, en sorte que cette année-là ondevait payer trois dîmes; mais, d’après l’opinion de beaucoupla plus probable, la dîme dont nous parlons n’étaitpas surajoutée aux deux autres, mais substituée à la seconde, qui n’avait pas lieu cette année-là. Cette opinion, plus raisonnable, est soutenue par Selden dans une dissertationDe decimis, que Jean Leclerc a annotée et impriméeà la fin de son commentaire In Pentateuchum, Amsterdam, 1710, t. ii, p. 629-630; par Carpzov, Dedecimis, dans son Ap par atus historico-criticus antiguitatum, etc., Leipzig, 1748, p. 621-622; par Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamenlum, in Deut., xxvi, 12, Leipzig, 1824, t. iii, p. 580-581, et surtout par J. C. Hottinger, qui a dégagé cette opinion de toutes ses difficultés etl’a mise en pleine lumière, dans son traité De decimis, exercit. viii, 12, imprimé dans Ugolini, Thésaurus, t. xx, p. 442-449. Cette «troisième dime» est surtout appelée la «dîme des pauvres». D’après saint Jérôme, c’était là sonnom usuel. In Ezech., xlv, 13, t. xx, col. 451. Cette dîme, comme les deux autres, était levée, sans aucune distinction, sur tous les fruits de la terre et des arbres.

La loi qui formule les quatre espèces d’aumônes quenous venons d’exposer nous signale aussi les personnesqui y ont droit, Deut., xiv, 29, et xxv, 12; elle signale «le lévite, l’étranger, la veuve et l’orphelin». Cetteexpression «la veuve et l’orphelin» n’est qu’une paraphrasepour signifier «les pauvres» en général, qui sont, en effet, désignés par le nom collectif, ’ânî, Lev., xix, 10, et xxiii, 22; par le «lévite» dont il est question, il faut entendre le lévite pauvre, tel qu’il s’en rencontraitun grand nombre en Palestine, dans les régions où lesrécoltes, et par conséquent les dîmes, étaient moins abondantes; on appelait «étranger», gêr, quiconque ne descendaitpas de la famille de Jacob ou d’Israël.

Les aumônes dont nous venons de parler étaient fixéespar la loi, et précisées jusqu’à un certain point; lespauvres pouvaient les réclamer, même par le recours àla justice, et les récalcitrants pouvaient être punis de certainespeines. C’est ce qui suivait naturellement de la loi, et ce qu’affirment les rabbins et les commentateurs lesplus au courant des traditions judaïques sur ce point.Maimonide, De jure pauperis et peregrini, c. i, p. 4; Hottinger, De decimis, p. 451; Selden, De jure naturse, p. 728, 732. Nous avons donc ici une espèce de «taxe» des pauvres; mais la taxe hébraïque, par la manièremême dont elle était perçue, échappait aux deux gravesinconvénients des taxes de ce genre; ces inconvénientssont: 1. de transformer en impôt payé à l’État le devoirde l’aumône, et ainsi d’étouffer dans les individus le sen

timent de la bienveillance et de la charité; 2. de ne faireparvenir l’argent au pauvre que par une multitude d’intermédiaires, et ainsi de faire subir aux sommes qui luisont destinées des déchets très considérables, comme onle voit, par exemple, aujourd’hui en Angleterre; Taparelli, Essai de droit naturel, traduction française, Paris, 1883, t. i, p. 326 et suiv.; t. ii, p. 305-396; les Israélitesont évité ce double écueil: ils remettaient directementleur aumône entre les mains du pauvre; les aumônesn’étaient pas déterminées quant à la quantité, mais seulementquant à l’espèce et à un certain minimum; labienveillance des Juifs était plutôt dirigée que gênée, plutôtexcitée que comprimée; même pour le payement desdîmes, on s’en remettait à l’appréciation de chacun; onexigeait seulement de lui qu’il déclarât devant Dieu qu’ilavait consciencieusem*nt payé ce qu’il croyait devoir sousce rapport, et qu’il n’avait rien détourné en d’autres usages.Deut., xxvi, 13-14.

En terminant cette énumération des aumônes plus oumoins dues aux pauvres, signalons le privilège dont il estquestion Deut., xxiii, 24-25: «Quand vous entrerez dansla vigne de votre prochain, vous pourrez manger des raisinsautant que. vous voudrez; mais vous n’en emporterezpoint avec vous; si vous entrez dans la moisson de votreprochain, vous pourrez cueillir des épis et les frotterdans la main, pour les manger; mais vous n’en pourrezcouper avec une faucille.» Cf. Matlh., xii, 1. Quoique général, ce privilège évidemment profitait surtout aux pauvres, auxquels il pouvait offrir une précieuse ressource. Cf. Menochius, De republica Hebrseorum, Paris, 1648, p. 472; Michælis, Mosaisches Recht, § 161, t. iii, p. 122-127.

2° À umones imdêtebminêes. — 1. Leur nom. — L’aumônedont il s’agit ici est appelée par les commentateurs juifssedâqàh, dont le sens original est «justice», du verbehébreu sâdaq, «être juste.» Tous les rabbins sont unanimesà donner ce nom à l’aumône; on peut le constaterdans Buxtorf, Lexicon chaldaicum, talmudicum, Bàle, 1642, p. 1891. Elle est ainsi appelée par une dérivation naturelledu sens primitif de la racine. Ce nom de «justice» est aussi donné à l’aumône par la Sainte Écriture. Quelquesauteurs protestants l’ont nié: par exemple, Prideaux, dansses notes sur Maimonide, De jure pauperis, c. x, not. 3, p. 106; Carpzov, dans une dissertation spéciale, Deeleemosynis Judseorwm, insérée dans son Apparatus, p. 728-742, On devine la raison qui a engagé ces auteursdans cette interprétation: c’est leur opinion dogmatiquesur les bonnes œuvres (parmi lesquelles se trouve spécialementl’aumône), dont ils rejettent la nécessité pourla justice et le salut; or ce nom de «justice» donné àl’aumône par l’Esprit-Saint leur a paru peu conformeà leur opinion. Quoi qu’il en soit de cette raison, il paraitincontestable que le mot sedâqâh signifie quelquefois «aumône», même dans la Sainte Écriture. Dan., iv, 24{sidqâh. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1151).

2. Obligation de ces aumônes. — Le précepte en estporté clairement Deut., xv, 11: «Les pauvres ne manquerontjamais parmi vous; voilà pourquoi je vous commanded’ouvrir vos mains à votre frère pauvre et dénué, qui demeure avec vous dans votre pays.» Cf. Deut., xv, 7-8; Lev., xxv, 35. Les rabbins ont entendu rigoureusem*ntce précepte; Maimonide enseigne «que les Juifssont obligés d’être plus soigneux dans l’observation dece précepte que dans celle de tous les autres préceptesaffirmatifs, parce que l’aumône est le caractère distinctifdes vrais enfants d’Abraham». De jure pauperis, c. vii, §§1, 2, p. 70; c. x, § 1, p. 99. Ils ont entendu l’obligationde tous les pauvres, non seulement Juifs, mais mêmeGentils; ils ont même ajouté à la loi une sanction, consistantdans une flagellation infligée au Juif avare quirefuserait de donner aux pauvres. Ibid., c. vii, § 10, p. 73. Bloch, La foi d’Israël, Paris, 1859, p. 329-338, donne un recueil intéressant des principaux passages dela Mischna et de la Ghemara qui regardent l’aumône.

3. Collecteurs d’aumônes. — Pendant de longs siècles, les Juifs donnèrent eux-mêmes leurs aumônes; mais, lors de la captivité de Babylone ou immédiatement après, soit à cause du plus grand nombre de pauvres, soit àcause du refroidissem*nt des Juifs dans leurs libéralités, les aumônes ne furent plus suffisantes; alors on établitdes collecteurs ou quêteurs qui, par leur demande oumême leur seule présence, puss*nt stimuler la charité deleurs compatriotes. Telle est, chez les Juifs, l’origine des «collecteurs d’aumônes», d’après Vitringa, De synagogaveteri, Franeker, 1696, lib. iii, part, i, c. 13, p. 8Il et suiv.; Carpzov, De eleemosynis Judseorum, p. 745. Cette opinionsur l’origine relativement récente de ces quêteurs estconfirmée par le nom de gabbâ’ï sidqâh, «collecteursd’aumônes,» qui leur fut donné; ce mot, étant araméen, suppose une époque postérieure à la captivité. Or il y avaitdes quêtes de deux espèces; les unes se faisaient toutesles veilles des sabbats au soir; les offrandes se recueillaientdans une petite boîte ou cassette, appelée qufâh: c’était l’aumône «de la cassette»; on recueillait surtoutde la monnaie, et on la distribuait ensuite aux pauvres, de manière que, jointe aux autres secours, elle pût suffirepour la semaine; les autres quêtes se faisaient chaquejour, de maison en maison; on recueillait sur un plat, tamhûï, les morceaux de pain ou de viande, les fruits ouautres aliments, et même de l’argent: c’était l’aumône «du plat». Suivant l’opinion qui paraît la mieux appuyée, les collecteurs étaient, non pas des fonctionnaires publics, mais de simples particuliers qui acceptaient librementces fonctions charitables; du reste l’autorité suprême surces aumônes résidait, non dans la synagogue, maisdans le sanhédrin local, qui toutefois agissait de concertavec le Chef de la synagogue. Vitringa, De synagoga veteri, Franeker, in-4°, 1696, p. 814; Carpzov, De eleemosynisJudseorwm, p. 746. D’après ces auteurs, fondés surle témoignage du Talmud et des rabbins, les destinatairesdes deux espèces de quêtes étaient différents; les aumônes «de la cassette» étaient destinées aux pauvres domiciliésdans la localité; celles «du plat» étaient pour tous lesautres pauvres de passage dans la ville, quels qu’ilsfussent, Juifs, prosélytes de justice ou de la porte, oumême païens. Vitringa ajoute que, depuis l’époque de ladispersion des Juifs, on prélevait sur les aumônes «dela cassette» une certaine part, qui était envoyée à Jérusalempour les pauvres’de la Palestine. Le rabbin Léonde Modène, Cérémonies et coutumes des Juifs, Paris, 1681, p. 45, dit que cela se faisait encore de son temps, c’est-à-direau xvil" siècle. La «cassette» en usage dans cesquêtes était mobile et portée à la main par les collecteursà travers les rues de la localité; elle différait donc essentiellementde ces troncs (xopgavSç) que l’Évangile, Matth.^xxvii, 6, nous signale dans le temple de Jérusalem; ladestination n’était pas non plus la même: l’argent jetédans les troncs était généralement destiné, non pas auxpauvres, mais aux différents services du temple.

4. Manière de faire l’aumône. — Il faut la faire ensecret; c’est une des recommandations les plus pressantesdes rabbins. D’après Maimonide, De jure pauperis, c. x, § 8, p. 102, un des degrés les plus parfaits de l’aumôneconsiste en ce que celle-ci est tellement cachée, que lebienfaiteur ne sait où elle va ni le pauvre d’où elle vient.Le Talmud va plus loin; le rabbin Jannai, ayant vu unJuif faire l’aumône publiquement, lui dit: «Il vaut mieuxne pas faire l’aumône que de la faire ainsi;» un autrerabbin disait: «Celui qui fait l’aumône en secret est plus, grand que Moïse lui-même, notre maître.» Le Talmudde Babylone, traités Biagîgâh et Baba’Bafrâ’, dans.Lightfoot, Horee hebraicse, Leipzig, 1675, in Matth., vi, 1, 2, p. 289, 292. Cf. Schœttingen, Horse hebraicse, , Leipzig, 1733, in Matth., vi, 1, p. 50 et suiv. Ce n’est là, on levoit, qu’un faible essai à Côté de l’énergique parole deJésus-Christ dans l’Évangile: «Quand vous faites l’aumône, n’allez pas sonner de la trompette devant vous, .

comme font les hypocrites…; mais, quand vous faitesl’aumône, que votre main gauche ne sache pas ce quefait votre main droite, afin que votre aumône soit faiteen secret; et votre Père, qui voit dans le secret, vous endonnera la récompense.» Matth., vi, 2-4. Il faut fairel’aumône d’une manière prévoyante et opportune: si lepauvre a faim, qu’on le nourrisse; s’il est nu, qu’on lecouvre; s’il est captif, qu’on le visite ou qu’on le délivre, etc. Carpzov, De eleemosynis, p. 745; Bloch, La foi d’Israël, p. 332. Quant aux aumônes demandées publiquementpar les pauvres eux-mêmes, c’est-à-dire la mendicité, voir ce mot.

5. Bienveillance spéciale à l’égard des pauvres. — LaBible recommandait instamment aux Juifs la bienveillanceenvers les pauvres; voulant resserrer de plus en plus lesliens qui doivent unir ces deux parties de la société, lesriches et les pauvres, Moïse désirait que les Hébreux invitassentquelquefois les pauvres à leurs repas. C’est ce quidevait se faire particulièrement dans la ville qui seraitle centre du culte; d’après Deut., xiv, 22-27, chaque chefde famille israélite était tenu d’y porter une seconde dîmeen nature ou en argent; cette dime devait être employéesurtout en festins religieux. Or c’était à ces festins queles Juifs devaient inviter soit les lévites, soit les pauvres.Deut., xii, 5-6, 12, 17-18; xiv, 22-27; xvi, 6, 11-14.Cf. Rosenmûller, In Deut., xii, 7; xiv, 22, p. 517-518, 525; Michælis, Mosaisches Recht, § 143, t. ii, p. 476-479.

Il est digne de remarque que les Arabes ont sur l’aumôneune législation tout à fait semblable à celle desJuifs: même distinction entre les aumônes légales et lesaumônes volontaires; même nom, sadaqatun, «justice,» donné aux aumônes; "même obligation de prélever l’aumônesur tous les fruits de la terre, des arbres, des animaux, etc. Voir G. Sale, Observations sur le makométisme, dans Pauthier, Les livres sacrés de l’Orient, Paris, 1841, p. 507. Mahomet s’est empressé de consigner et depréciser ces traditions dans le Koran; voir surtout lespassages suivants: ii, 211, 255, 266, 269-275; iii, 86, 128; IX, 60, 68, 99-100; xxx, 38; lvii, 7, 10; lviii, 13-14; lxiii, 10; lxiv, 16-17. Plusieurs de ces versets sont tellementsemblables à ceux que nous avons cités du Lévitiqueou du Deutéronome, qu’évidemment l’auteur du Koranles a copiés dans la Bible.

II. Aumône chez les chrétiens. — Par quelques mots, JésusChrist transporta l’aumône comme dans un mondenouveau, et offrit à ses disciples, pour les porter à secourirles pauvres, un motif d’une élévation et d’une efficacitéprodigieuses; il déclara qu’il regarderait comme faità lui-même tout ce que l’on ferait, pour l’amour de lui, au plus petit des siens. Matth., xxv, 34-45; cf. x, 42; xviii, 35; Marc, ix, 48. Ce fut là le grand et principalmobile de toutes les manifestations de la charité chrétiennedans tous les temps et chez tous les peuples. Voir saintJean Chrysostome, De pcenitentia, Hom. vii, 7, t. xlix, col. 334-336; In Matth., Hom. lxvi et lxxix, t. lviii, col. 629, 718.

1° Noms de l’aumône dans le Nouveau Testament. —Les paroles citées de Notre -Seigneur donnèrent, dès lecommencement de l’Église, la plus haute idée de l’aumône.Outre son nom ordinaire, èXe^tio^ivri, eleemosyna, que nous trouvons Act., xxiv, 17, et d’où vientnotre mot «aumône», on lui en donna plusieurs autresqui font bien ressortir son caractère, pour ainsi dire, sacré.Jésus-Christ lui-même l’appelle quelquefois, comme lesJuifs d’alors, sidqâh, c’est-à-dire «justice». Lorsqu’ilprononça sur l’aumône les paroles que nous lisons Matth., VI, 1-4, il n’y a pas de doute qu’il ne l’ait appelée, suivantl’usage du temps, de son nom araméen; car il n’ya pas dans cette langue d’autre nom pour désigner l’aumône, et c’est ce même mot sidqâh que nous retrouvonsdans la Peschito aux versets indiqués. C’est ce mêmemot que la Vulgate a traduit, au ^.1, par justitia, et auxautres versets par eleemosyna. Les Septante l’ont traduit, DICT. DE LA BIBLE

au vers. 1, par Bixsttosûvri, suivant plusieurs manuscrits; par è>eïj[to(jûvr), suivant d’autres. Cf. Lightfoot, Horsehebraicas, Leipzig, 1675, in Matth., vi, 1-4, p. 287-292.

— L’apôtre saint Paul, .dans ses Épltres, donne à l’aumôneles noms suivants: v.oivwv(a (Rom., xv, 26), «communion, communication,» ce qui signifie la participationfraternelle des chrétiens pauvres aux biens de leurs frèresplus aisés; eùXoyfa (II Cor., ix, 55, et ailleurs), «bénédiction,» parce que l’aumône est une bénédiction ou unbienfait du riche à l’égard du pauvre, et parce qu’elleattire sur celui qui la fait les bénédictions du ciel les plusabondantes: «Celui qui sème les bénédictions recueillerales bénédictions,» Il Cor., ix, 6; ^dtptç (I Cor., xvi, 3, et ailleurs), «grâce,» ou plutôt «gracieuseté, faveur», parce que l’aumône est par excellence le fruit libre etspontané de la bienveillance des chrétiens les uns pourles autres; XeiToupyta (II Cor., IX, 12), «fonction sacrée,» parce que l’aumône, s’adressant en définitive à Jésus-Christ, est un acte religieux et saint. Quant à la collectedes aumônes, saint Paul l’appelle Xoyi’o, I Cor., xvi, 1, etil donne le nom de Siaxovîa au service qui a pour but laperception et la distribution des aumônes, II Cor., viii, 4; IX, 1, 13. Voir Cornely, In I Cor., XVI, 1, Paris, 1890, p. 519, et Grimm, Lexicon Novi Testamenti, Leipzig, 1888, p. 141, 181, 245, 463.

2° Organisation de l’aumône chez les chrétiens. —Dans les premiers temps de l’Église de Jérusalem, il n’yeut pas lieu, pour les chrétiens, à l’aumône proprementdite; car, dit le texte sacré, «il n’y avait aucun pauvre, èvBeti; , parmi eux.» Ceux qui possédaient des champsou des maisons les vendaient et en déposaient le prixaux pieds des Apôtres; personne n’appelait «sien» ce qu’ilpossédait; tous les biens étaient communs, et on distribuaità chacun ce dont il avait besoin. Act., iv, 32-35.Mais le nombre des disciples s’étant accru, la communautédes biens, qui n’est possible que dans un cercle restreintde personnes, fut supprimée; la propriété privée reparut, et avec elle, peu à peu, l’indigence et la pauvreté: «Vousaurez toujours des pauvres parmi vous,» avait dit leMaître. Joa., xii, 8. C’est alors qu’on organisa l’aumône.Dès l’an 37 ou 38 après J.-C, nous constatons dans lacommunauté chrétienne de Jérusalem des distributionsde secours faites régulièrement, Act., vi, 1; ce sont surtoutles veuves qui en sont l’objet; mais il est évident queles autres pauvres ne sont pas exclus; les fonctions quise rapportent à ces aumônes constituent «un ministèrequotidien»; il est même probable qu’il y avait des tablescommunes pour différentes catégories d’indigents, commenous pouvons le déduire de ces paroles des Apôtres: «Iln’est pas juste que nous abandonnions la parole de Dieu, pour servir aux tables.» Act., vi, 2. Fouard, Saint Pierre, Paris, 1889, p. 72. Le fait que rapporte le livre des Actes, vi, 1, c’est-à-dire le murmure des Juifs hellénistes contreles Hébreux, qui ne paraissaient pas avoir été impartiauxdans ces distributions d’aumônes, fut l’occasion d’uneorganisation de service plus régulière et plus forte. Jusquelàprobablement on avait abandonné le soin des pauvreset des tables à des personnes privées, sous la haute directiondes Apôtres; à partir de ce moment, les Apôtreschoisirent et ordonnèrent sept diacres qui furent chargésofficiellement de ces soins. Act., vi, 2-6.

Telle était, huit ou neuf ans à peine après l’Ascensiondu Sauveur, l’organisation des aumônes à Jérusalem.Sans aucun doute, à mesure que l’Église se développait, une organisation analogue s’établissait, au inoins dansles communautés chrétiennes plus nombreuses. Nous enavons comme preuves: 1. le texte I Cor., xvi, 15, où saintPaul, en l’an 56, nous signale, dans la ville de Corinthe, une famille entière, celle de Stéphanas, le premier convertide. toute l’Achaïe, qui se dévoue au service despauvres; 2. le texte I Tim., v, 16, où saint Paul, par l’intermédiairede Timothée, recommande aux fidèles qui ontdes veuves et peuvent les nourrir de s’acquitter de ce

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devoir envers elles, afin, dit-il, que la communauté soitdéchargée d’autant, et qu’elle puisse suffire aux veuvessans ressources; c’est donc qu’à Éphèse, où était Timothée, la communauté chrétienne s’était chargée des veuveset les nourrissait régulièrement. À Joppé, nous voyonsque la maison de Tabitha était comme le refuge de toutesles veuves de l’endroit, qui trouvaient chez elle la nourritureet le vêtement. Act., ix, 36, 39. Ces institutionscharitables se développèrent rapidement et largement; à Rome, nous voyons par une lettre du pape Corneille(*251-253) à Fabius d’Antioche, que l’Église romaine, autemps de ce pape, nourrissait chaque jour plus de millecinq cents veuves ou indigents. Eusèbe, H. E., vi, 43, t. xx, col. 621.

3° Organisation des aumônes en faveur des pauvresde Jérusalem. — Ce que nous avons vu se pratiquer parles Juifs «de la dispersion», à l’avantage des Hébreuxde la Palestine, fut imité par les chrétiens des différentesÉglises en faveur de leurs frères de Jérusalem. Ceux-ci, en effet, avaient des besoins spéciaux; dans les diversespersécutions qu’ils eurent à subir, surtout de la part desJuifs, ils furent dépouillés en grande partie de leurs biens, Heb., x, 34; vers l’an 42, une première collecte fut faitea Antioche et portée à Jérusalem, par les soins de Saulet de Barnabe. Act., xi, z9-30; xii, 25. La famine préditepar Agabus, Act., xi, 28, et qui arriva environ deux ansplus tard, en 44, sous l’empereur Claude (Act., xi, 28; Josèphe, Antiq. jud., XX, ii, 5; v, 2), ravagea la Judée, et particulièrement la ville de Jérusalem. Un secours inattendu, que les chrétiens partagèrent avec les Juifs, leurvint des princes de l’Adiabène, et surtout d’Hélène, mèrede ces princes, qui fut, en ces temps malheureux, la providencede Jérusalem, où elle vint même se fixer. Josèphe, Ant. jud., XX, ii, 5. Cette assistance écarta le dangerprésent; mais après la famine les besoins ordinaires reparurent, et les pauvres furent plus nombreux que jamais.Au concile de Jérusalem, en 52, les Apôtres, en congédiantsaint Paul, lui recommandèrent de ne pas oublierles pauvres de la ville sainte. Gal., ii, 10. Saint Paul futfidèle à cette recommandation; dans la plupart des villesoù il fonda des Églises, il organisa des collectes pour lespauvres de Jérusalem. Voici ce qu’il fit pour Corinthe, 1 Cor., xvi, 1-4. Il devait se rendre dans cette ville aubout de quelques mois; il veut que les collectes se fassentavant son arrivée, afin qu’elles soient plus spontanées; le premier jour de chaque semaine, c’est-à-dire tous lesdimanches, chaque fidèle doit mettre à part ce que sacharité lui inspirera; de cette manière tout sera prêtlorsque Paul sera dans les murs de Corinthe; alors onchoisira des délégués pour porter les collectes à Jérusalem, saint Paul leur remettra des lettres de recommandation, et, si la somme est considérable, lui-même présiderala députation. Saint Paul avait agi de la mêmemanière en Macédoine, II Cor., viii, 1-6, et en Galatie,

I Cor., xvi, 1; c’est ce qu’il fit encore en beaucoup d’autresvilles, et sans difficulté, paraît-il; car, de l’aveu de saintPaul lui-même, la charité des Corinthiens, que l’Apôtresavait vanter à l’occasion, «provoqua l’émulation chez untrès grand nombre.» II Cor., ix, 2; Rom., xv, 25-27, 31.Ces collectes pour les pauvres de Jérusalem étaient devenues, grâce au zèle de saint Paul, une chose commune etconnue partout, qu’on appelait «le service pour les saints».

II Cor., viii, 4; ix, 1.

4° Recommandation et développement de toutes les(ouvres charitables. — 1. La visite et le rachat des prisonnierset des captifs, Matth., xxv, 34-35; Heb., x, 34; xiii, 3; Philip., iv, 18; dès la fin du I er siècle, saintClément, pape, disait «qu’il en connaissait beaucoup parmiles chrétiens qui s’étaient eux-mêmes jetés dans les ferspour délivrer leurs frères, ou qui s’étaient vendus enesclavage pour avoir de quoi nourrir les pauvres». S. Clément, I ad Coi: , lv, 2, édit. Funk, Opéra Patrum apo-Uolicorum, Tubingue, 1881, p. 129. Cf. Lucien, De morte

peregrini, Opéra, Paris, 1615, p. 995-997. — 2. Le soindes étrangers, l’hospitalité, Matth., xxv, 34-45; I Tim., m, 2; v, 10; Tit., i, 8; III Joa., 5. Cf. S. Clément, I ad Cor., x, 7; xi, xii, édit. Funk, p. 75 et suiv.; S. Justin, I Apol., 67, t. vi, col. 429; Tertullien, II ad uxorem, iv, t. i, col. 1294; Eusèbe, H. E., iv, 23; t. xx, col. 388. — 3. Le soin des orphelins et de toutes les personnessans ressources, Luc, iii, 11; VI, 35; Jac, i, 27; il, 15; cf. S. Ignace, Ad Polycarpum, IV, édit. Funk, p. 249; Doctrina duodecim apostolorum, iv, 5, édit. Funk, Tubingue, 1887, p. 15-17; Hermas, Mand^. ii, édit. Funk, p. 390; Acta SS. Perpétuée et Felicitatis, v, 2, dans Migne, t. iii, col. 47; Tertullien, Apologet., 39, t. i, col. 470 etsuiv.; Eusèbe, H. E., iv, 23; v, 2, t. xx, col. 388, 436. —4. Le soin des malades, des infirmes, des vieillardspauvres, etc., Matth., xxv, 36; Luc., x, 30-37. Cf. S. Justin, loc. cit. et n° 14, t. vi, col. 348; Tertullien, loc. cit.; Eusèbe, H. E., vii, 22, t. xx, col. 689. — 5. Bonté spécialepour les pauvres. Jésus-Christ va jusqu’à recommander, à l’égard des pauvres; des témoignages spéciauxde bienveillance, d’amabilité. «Lorsque vous ferez unfestin, appelez les pauvres, les petit*, les boiteux, lesaveugles, etc.» Luc, xiv, 3. Ceci rappelle les festins desJuifs où ils devaient inviter les pauvres, comme nousl’avons dit plus haut, col. 1246. Le conseil de Jésus-Christfut mis en pratique dans les agapes chrétiennes, oùse réunissaient à des tables communes les riches et lespauvres. Nous en voyons l’origine, malgré des abus-, 1 Cor., xi, 20-22. Saint Ignace signale ces agapes danssa lettre Ad Smyrn., viii, édit. Funk, p. 240; Pline lesmentionne dans sa lettre à Trajan, x, 97; elles se maintiennentlongtemps dans l’Église. Cf. Bingham, Originesecclesiastiese, XV, viij 6, Halle, 1727, t. vi, p. 504 et suiv.1U. Résumé doctrinal sur l’aumône, d’après laBible. — 1° Elle est vivement recommandée; il est peude bonnes œuvres qui soient autant conseillées, recommandéeset louées que l’aumône, dans la Sainte Écriture; voir surtout Deut., xv, 7; Ps. XL, 1; lxxxi, 4; exi, 9; Prov., xiv, 21, Eccli., iv, 1-2; Luc, iii, 11; xii, 33. —2° Elle n’est pas seulement de conseil, mais de précepte.Plusieurs textes de l’Ancien Testament le prouveraientsuffisamment, par exemple, Deut., xv, 11; mais commeon pourrait dire, ou qu’ils souffrent des exceptions, ouqu’ils ne regardent que les Juifs, nous n’y insistons pas.Trois textes du Nouveau Testament prouvent péremptoirementl’existence du précepte de l’aumône: Matth., xxv, 41-46, où le souverain Juge condamne à la peineéternelle, pour le fait d’avoir refusé l’aumône; 1 Joa., m, 17, où l’apôtre déclare que la charité de Dieu ne peutdemeurer dans l’àme du riche qui néglige de secourirson prochain indigent, cf. Jac, ii, 15; enfin I Tim., vi, 17-19, où saint Paul veut que Timothée «commande» aux riches, entre autres choses, de donner leurs biensaux pauvres. Cf. S. Thomas, 2 a 2’", q. xxxii, art. 5. —3° Effets de l’aumône. Comme toute bonne œuvre, l’aumônea une triple valeur, méritoire, impétratoire, satisfactoire; mais comme elle est l’exercice de la vertu la plusparfaite, qui est la divine charité, elle a cette triple valeurà un degré éminent. Aussi la Sainte Écriture ne tarit passur les effets de l’aumône. La plus petite aumône méritele ciel, Matth., x, 42; xix, 21; xxv, 35; Luc, xiv, 13; l’aumône nous obtient de Dieu les grâces les plus précieuses, et surtout la grâce de la contrition qui efface lespéchés, Dan., iv, 24; Tob., iv, 7-9; xii, 9; Luc, xi, 41; elle satisfait à la justice de Dieu pour nos offenses, Tob., xii, 9; Eccli., iii, 33; vii, 36. Elle a même des promessespour la vie présente, non seulement dans l’Ancien Testament, Prov., iii, 9; xix, 17; xxii, 9; xxviii, 27; Tob. Tiv, 9; Is., lviii, 7; mais encore sous le Nouveau, Luc, VI, 38; II Cor., viii, IX. —4° Qualités de l’aumône. Pourqu’elle produise ces effets, l’aumône doit avoir plusieursqualités; elle doit être faite, non pour la vanité ou l’ostentation, Matth., vi, 1-4, mais pour l’amour de Dieu ei

au nom de Jésus-Çhrist, Matfh., x, 41-42; Marc, IX, 40, etc.; elle doit être faite par chacun suivant ses moyens, Tob., iv, 7-9; Prov., iii, 27; Marc, xii, 43; II Cor., viii, ix; elle doit être proportionnée aux besoins des pauvres, etfaite avec douceur et promptitude. Tob., iv, 9, 17; Prov., m, 28; Eccli., xviii, 15-17; xxxv, 11; II Cor., ix, 5, 7.

S. Many.

    1. AURAN##

AURAN (hébreu: Havrân; Septante: AûpavîTi; ), pays mentionné deux fois seulement dans l’Écriture, Ezech., xlvii, 16j 18, comme formant la frontière nordestde la Terre Sainte. Avant d’en expliquer le nom, d’en faire l’exposé géographique et historique, il estnécessaire de rechercher le sens précis du texte prophétique.

I. Texte d’Ézéchiel. — Dans une vision magnifique, leprophète décrit à l’avance le nouveau royaume de Dieu, le nouveau partage de la Terre Promise. Afin d’exprimerplus clairement cette miraculeuse restauration et de don_ier plus de poids à sa parole, i] détermine exactementles limites de la Palestine reconquise. C’est ainsi qu’autrefois, pour une raison semblable, elles avaient été indiquéesdans la première promesse faite à Abraham, Gen., xv, 18; dans la législation promulguée au Sinaï, Exod., xxiii, 31; Deut., i, 7; au temps du séjour dans le désert, Num., xxxiv, 3-15, et avant le passage du Jourdain, Deut., xi, 24; Jos., i, 4. Mais Ëzéchlel ne trace ici queles lignes générales. Par la forme, la description diffèreen plusieurs points de celle des Nombres, xxxiv, 3-15; en réalité cependant elle est en harmonie avec le tracémosaïque. Apre* avoir décrit la frontière septentrionale, qui, partant de la Méditerranée, devait traverser le territoired’Emath, pour aboutir à Hâsêr haftikôn, «Hazer dumilieu,» ou, selon laVulgatè, «la maison dé Tichon, quiest sur la limite d’Auran,» ꝟ. 16, le prophète passe à lafrontière orientale, ꝟ. 18. Ce verset doit se traduire ainsid’après le texte hébreu: «Quant au côté de l’orient, entrele Hauran, et entre Damas, et entre Galaad, et entre laterre d’Israël [ il y a ] le Jourdain; depuis la frontière(nord), vous mesurerez jusqu’à la mer orientale (merMorte): voilà pour la frontière orientale.» Le sens estdonc celui-ci: La frontière orientale passe entre le Hauran, Damas et Galaad, d’un côté, et la terre d’Israël, de l’autre, en suivant le Jourdain, qui constitue aussi la limite depuisle nord jusqu’à la mer Morte. Si nous n’avions pas d’autresdonnées pour fixer la situation de l’Auran, nous devrionsconclure de ces deux versets qu’il se trouvait au nord deDamas. On ne peut guère douter cependant qu’il ne soitidentique avec la province grecque bien connue de VAuranitide, Josèphe, Ant. jud., XV, x, .l; XVII, xi, 4, lemât Ifa-u-ra-ni des inscriptions cunéiformes, le Hauranactuel. Les consonnes de l’hébreu, en effet, sontexactement les mêmes que celles du nom arabe: pin =

/jl’jjj! ^., Haourân (cf. Aboulféda, Tabules Syriee, édit.

Koehler, Leipzig, 1766, p. 106), quoique la ponctuationmassorétique ait un peu changé la prononciation, quidevrait être Hôrân.

L’opinion générale des commentateurs admet cette identification.Quelques savants néanmoins conservent desdoutes à ce sujet, et supposent que le Havrân d’Ézéchielcorrespond plutôt au village de Haouârîn, situé au nordestde Damas, entre Sadad et Qaryeteïn. Cf. K. Furrer, Die antiken Stâdte und Ortschaften im Libanongebiete, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, t. viii, 1885, p. 28; H. Guthe, D’A. Stûbel’s Reise nachder Diret et-Tulul und Hauran, 1882, dans la mêmerevue, t. xii, 1889, p. 230. On peut voir, sur I.Iaouârîn ouKhawwârin, E. Sachau, Reise m Syrien und Mesopotamien, Leipzig, 1883, p. 52. Saint Jérôme, Comment, inEzech., t. xxv, .col. 478, fait aussi d’Auran ce un bourgde Damas, dans la solitude». Il est eertain que ce passagedu prophète, en raison des noms qui, pour la plupart, sont jusqu’ici restés inconnus, est plein d’obscurités. Cependant nous croyons le sentiment général plusconforme au contexte. Au ꝟ. 18, il s’agit de contrées etnon pas de villes, contrées séparées de la terre d’Israëlpar le Jourdain; ensuite, puisque le fleuve détermine la- frontière orientale, elle ne pouvait s’étendre jusqu’àHaouârîn au nord-est. Il ressort néanmoins pour nous dece même verset que l’Auran d’Ézéchiel a un sens plus largeque l’Auranitide de Josèphe: situé entre Damas et Galaad, ce pays devait comprendre, outre l’Auranitide proprementdite, ce qui fut plus tard la Gaulanitide, la Batanée, et peut-êtreaussi l’Iturée.

II. Nom. — Ce nom est diversem*nt interprété. On lerattache généralement à l’hébreu iiii, hûr, racine inusitée, dont les dérivés indiquent le sens de «creuser», d’où le mot nn, hôrî, «troglodyte,» les Horîm de la

Bible (Septante: Xoppoctoi; Vulgate: Homei et Chorrsei).Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 458; J. Fûrst, HebraïschesHandwôrterbuch, Leipzig, 1876, t. i, p. 386. Il possèdealors la signification de «pays de cavernes», ce qui s’expliquepar les nombreuses grottes ou demeures souterrainesqu’habitaient encore au temps de Josèphe, Ant.jud., XV, x, 1, les populations de la Trachonitide, etqu’on retrouve de ndsjours dans ce pays et dans le Hauran.Wetzstein n’admet pas cette étymologie; car, dit-il, à l’exception du Hauran est et sud-est, où les principaleséruptions volcaniques ont été fouillées par les Troglodytes, les grottes servant d’habitation ne sont pas communesdans ce pays. Le vrai pays des cavernes, à l’est du Jourdain, est le nerd de Galaad, qui n’appartient pas auHauran. Reisebericht ûber Hauran und die Trachonen, Berlin, 1860, p. 92. On répond à cela que le nom, donnéd’abord à l’ensemble d’une contrée caractérisée par cesphénomènes particuliers, a pu être restreint plus tard àune province à laquelle il convient moins; ce qui n’enlèverien à la justesse de la dérivation primitive.

Wetzstein fait de Havrân un mot sabéen, signifiant «pays noir», et importé vers la fin de l’exil par des colonssabéens. Ses arguments, basés sur quelques expressionsempruntées aux lexicographes et géographes arabes, sontloin d’être concluants. Cf. Frz. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876, Anhang: Das Hiobskloster in Hauranund das Land Vz, von J. G. Wetzstein, p. 597, note 2.M. J. Halévy donne une explication diamétralement opposée.Rattachant le nom à la racine "lin, hâvar, «être

blanc,» il le regarde comme dû aux neiges qui couvrentles sommets des montagnes pendant une grande partiede l’année, et comme parallèle à celui du Liban, dont lesens est le même. Voir Arabie, col. 857. Quoi qu’il ensoit, ce nom, nouveau pour les Israélites, était déjàdepuis longtemps usité chez les Assyriens, puisqu’on letrouve mentionné dans les inscriptions de Salmanasar IIet d’Assurbanipal, avec celui d’autres tribus araméennes, particulièrement les Nabatéens et les Agaréniens.

III. Géographie. — L’Auran d’Ézéchiel, avons-nousdit, devait comprendre tout le territoire situé entre lelac de Tibériade et les montagnes du Hauran, de l’ouestà l’est, entre Damas et les monts de Galaad, du nord ausud. Pour la province grécoromaine de l’Auranitide, ilest impossible, avec les auteurs anciens, d’en fixer nettementles limites. Le plus précis d’entre eux est Josèphe, qui la distingue de la Batanée et de la Trachonitide. Ant.jud., XV, x, 1; XVII, xi, 4; Bell, jud., i, xx, 4; II, xvii, 4; et il est probable, d’après ces passages, qu’elle formaitune partie du «pays de Trachonitide», Tpa^wvîTiSo; x^P a» dont parle saint Luc, iii, 1, et qui fut soumis à Philippe; cf. Ant. jud., XVH, xi, 4. Un historien arabe, Boheddin, Vita et res gestx sultani Saladini, édit. Schultens, Leyde, 1732, p. 70, désigne sous le nom de Hauran toute la régionqui s’étend à l’est du Jourdain et au nord du Chériatsl-Mandhoûr (Yarmouk). Actuellement ce nom s’appliqueà une contrée volcanique, bornée au nord par YOuadiel-Adjem, qui appartient à Damas; à l’est par le Diret

el-Touloûl, le Safa et le désert El-Hara; au sud par leBelqâ’a et les steppes du désert El-Hamad; au sud-ouestpar le Djebel Adjloûn; à l’ouest par le Djaulan (Gaulanitide), et au nord-ouest par le Djédour (Itnrée). Ce pays, dont l’étendue est de quatre-vingts à cent kilomètres dunord au sud, et de soixante à soixante - cinq de l’ouestà l’est, se divise en trois parties distinctes: au nord, leLedjah ( Trachonitide); au sud-est, le Djebel Hauran; tout autour, mais surtout au sud et au sud-ouest, laplaine En-Nouqrat el-Haourân (la pente du Hauran).Pour l’ensemble du pays, voir Amorrhéens, Basan. Pourle Ledjah, voir Argob, Tra.chûkitide. Notre descriptiondoit se borner à la montagne du Hauran et à la plainequi l’avoisine du côté de l’ouest, c’est-à-dire à l’Auranitideproprement dite.

A une centaine de kilomètres au sud-est du grandHermon, auquel lerattache un plateauaccidenté, se dressele Djebel Hauran, dominant les solitudesde la contrée, et fermant, au nordest, le pays bibliquetransjordanien. Ilforme un massif demontagnes volcaniques, dont l’axe sedirige à peu près dusud au nord, etdont les cônes prin. cipaux sont: Y À bouTouméïs (1 550 mètres), le Djouéïlil(1782 mètres) et leQoléïb (1718 mèlres).ïous les pitonsde cette chaîne vonten moyenne de1100 à 1800 mètres.Rochers de laves ouamas de cendres, ilsressemblent à desblocs calcinés sortisd’un four: un seulsommet, le Qoléïb, estombragédequelquesarbres à la

cime. On croirait voir la chaîne des Puys d’Auvergne. Le basaltede l’Abou Touméïs, différant d’aspect avec celui duDjaulan et de la Moabitide, est remarquable par ses propriétésmagnétiques, qu’il doit sans doute à une forte proportionde fer oxydulé titanifère répandu dans sa masse.Au nord, quatre cônes latéraux, alignés du sud-ouest aunord-est sur une longueur de dix kilomètres, paraissentavoir vomi la vaste nappe basaltique qui compose leLedjah. Ce sont, du nord au sud, le Tell Sehihan, le TellGharârat eschschemàliyéh (le Gharara du nord), le TellDjémal et le Tell Gharârat el-qibliyéh (du sud).

La plaine En-Nouqra est un plateau ondulé, coupé parde nombreux ouadis, qui descendent du Djebel Hauranpour former les principaux affluents du Chériat el-Mandhoûr.Le sol se compose de scories de laves et de cendres, répandues sur la contrée par les volcans pendant leurpériode d’activité, et désagrégées par les agents atmosphériques.On trouve encore de ces fragments non décomposésà trois ou quatre pieds sous terre. Ce sol rougeâtreest en général très fertile, et les fellahs ont peu de peineà recueillir de magnifiques récoltes, si la pluie tombeavec une abondance suffisante. Les céréales qu’on y cultiveconsistent en une excellente sorte de blé et d’orge: le, grain est transporté par les chameaux soit à Damas, soitsur les bords de la mer, à Akka (Saint-Jean-d’Acre) ou

L.Tkufllier, del*

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365. — Carte de l’Auran.

à Khaïfa. Malgré les nombreux cours d’eau qui arrosentce pays, on y rencontre peu de plantations et pas deforêts: autour des villages, les habitants entretiennentseulement quelques vergers, vignes et jardins. La plaineet les pentes de la montagne sont occupées par une populationsédentaire adonnée aux travaux agricoles, maismalheureusem*nt exposée aux incursions continuelles desBédouins. Depuis quelques siècles, les cantons montagneuxont été colonisés par les Druses, et l’immigrationvenue des districts du Liban a été si considérable depuis1861, que le Djebel Hauran est quelquefois appelé «montagnedes Druses». Quelques chrétiens, appartenant à lareligion grecque orthodoxe, s’y sont établis à côté d’eux.Le Hauran est remarquable surtout par le grand nombred’habitations anciennes qu’il renferme: demeures troglodytesou grottes artificielles creusées sous l’escarpement

des rochers ^chambresouvertes dansla surface du plateaurocheux et surmontéesd’une solidevoûte en pierre; villages souterrains, véritables forteressespresque inexpugnables, commecelui qui se voitencore à Der’al, l’ancienne Édraï, une des résidencesd’Og, roi de Basan; cf. G. Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1886, p. 135-148; plan, p. 136. Beaucoupde villages sont formésde maisons depierre, pour la plupartbien conservéeset construites enblocs de basalte admirablementjointoyés. Les portessont généralementbasses et sans ornements; quelques-unescependantétaient sculptées et ornées d’inscriptions. Elles étaientfaites de dalles de pierre, tournant sur un gond pris dansla masse. Les fenêtres étaient obtenues au moyen d’unedalle de dolérite, percée d’ouvertures rondes.

La plaine est couverte dans toutes les directions devilles construites en basalte noir, les unes ruinées, lesautres assez bien conservées. Der’ât (Édraï), Bosra(Bostra), Salkhad (Salécha), El-Qanaoudt (Canath), Souéidéh, Ezra, Es-Sanameïn (Aéra) et d’autres localitésanciennes ont laissé des vestiges dont les voyageurs admirentl’étendue et la beauté. Les principales d’entre ellessont d’origine syromacédonienne ou romaine, ou dumoins elles furent agrandies et singulièrement embelliesau temps des Séleucides et des empereurs. Quelquesautres paraissent dater d’une époque un peu postérieure.Les édifices remarquables qu’elles renfermentfurent élevés dans une période qui s’étend du I er auvu" siècle. Au moment de l’occupation romaine, le paysse peupla, et l’activité architecturale ne fit qu’augmenterlorsqu’il eut été réduit en province romaine. Detous côtés s’élevèrent maisons, palais, bains, temples, théâtres, aqueducs, arcs-de-triomphe; des villes sortirentde terre en quelques années avec cette disposition régulière, ces colonnades symétriques, qui sont comme lecachet uniforme des cités construites en Syrie pendant

l’époque impériale. Le style de tous ces édifices est le stylebien connu des colonies romaines, c’est-à-dire le stylegrec modifié par certaines influences locales, par le souvenirdes arts antérieurs ou la nature des matériaux employés.Plus tard, les temples furent convertis en églises, et des sanctuaires nouveaux s’élevèrent. — Cf. J. L. Burckhardt, Travels in.Syria and the Holy Land, in - 4°, Londres, 1822, p. 285-309; U. J. Seetzen, Reisen durchSyrien, Palâstina, etc., 4 in-8°, Berlin, 1854, t. i, p. 34-134; J. L. Porter, Five years in Damascus, 2 in-8°, Londres, 1855, t. ii, p. 1-272; The Giant cities of Bashan, in-8°, Londres, 1871, p. 1-96; J. G. Wetzstein, Reiseberichtûber Hauran und die Trachonen, in-8°, Berlin, 1860; E. G. Rey, Voyage dans le Haouran, in-8°, Paris, 1860, avec un atlas in-folio; de Vogué, Syrie centrale, Architecture civile et religieuse du i" au rne siècle, 2 gr. in-4° avec planches, Paris, 1866; A. Chauvet etE. Isambert, Syrie et Palestine, in-8°, Paris, 1887, p. 494-551; G. Schumacher, Across the Jordan, in-8°, Londres, 1886, p. 20-40, 103-242; H. Gulhe, D’A. Stùbel’sReise nach der Diret et-Tulul und Uauran 1882, dansla Zeitschrift des Deuischen Palâstina -Vereins, t. xii, Leipzig, 1889, p. 225-302, avec carte.

A la contrée du Hauran appartient, d’après la plupartdes auteurs modernes, la patrie de Job, nommée Ausitide, Aùffréis, par les Septante, Job, i, 1. Les traditionssyrienne et musulmane la placent, en effet, dans la plained’En-Nouqra, à Scheikh Sa’ad ou Sa’adîyéh, à quatreou cinq kilomètres au nord de Tell’Achtarâ. Là plusieurssites ou monuments portent le nom de Job, Eyyoub: une «eau de Job» sortant d’un «bain de Job», unemosquée avec une «pierre de Job», un sanctuaire nommé «la place de Job», avec son tombeau et celui de safemme; enfin quelques restes de l’ancien «couvent deJob». Cf. G. Schumacher, Across the Jordan, p. 187-198; Fr. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1870, Anhang, p. 551 et suiv. Voir Hus.

IV. Histoire. — Si, dans cette contrée singulière, letemps a respecté les demeures de l’homme, l’hommelui-même y a subi de nombreuses révolutions depuis lesraces les plus anciennes, vaincues par les Hébreux, jusqu’auxArabes actuels. Voir Amorrhéens, Arabes, Arabie.Le glaive et la captivité dévastèrent plus d’une fois lescampagnes et dépeuplèrent les villes. Les inscriptionscunéiformes nous ont conservé le souvenir des ravagesexercés dans ces régions par les rois d’Assyrie. L’inscriptiondes taureaux, racontant la guerre faite par SalmanasarII (858-823) à Hazaël, roi de Syrie, nous dit à cesujet:

15. Dans Damas, sa ville royale, je l’enfermai,

16. ses arbres je coupai. Jusqu’aux montagnes

17. du Hauran j’allai, des villes

18. sans nombre je renversai,-je détruisis,

19. je livrai aux flammes; du butin

20. je leur pris sans nombre.

Cf. Bull Inscription, Cuneiform Inscriptions of WesternAsia, t. iii, pi. 5, n° 6; A. Amiaud et V. Scheil, Lesinscriptions de Salmanasar II, Paris, 1890, p. 60-61; E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1883, p. 209-210; F. Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 5e édit, t. iv, p. 71. Pour sevenger de la trahison d’un de ses vassaux, Abiatéh, roid’Arabie, Assurbanipal (668-625) quitta Ninive au printempsde 642, franchit l’Euphrate et s’enfonça dans ledésert à la recherche des rebelles. «Malgré les souffrancesde son armée, il traversa le pays de Masch et de Kédar, pillant les bourgs, brûlant les tentes, comblant les puits, et arriva à Damas chargé de butin. Les Arabes terrifiésse soumirent; restaient les Nabatéens, que l’éloignementde leur pays encourageait à la résistance. Le 3 Ab, quarantejours après avoir quitté la frontière chaldéenne, ilpartit de Damas dans la direction du sud, enleva la forteresse de Khalkhouliti, au pied du plateau que dominentles montagnes du Hauran, et toutes les bourgades du paysl’une après l’autre, bloqua les habitants dans leurs retraiteset les réduisit par la famine.» Maspéro, Histoire anciennedes peuples de l’Orient, 4° édit., p. 470. Cf. Vigouroux, ouvr. cité, p. 293-294.

La domination des Séleucides et des Romains amenala prospérité dans ces contrées. Les cités reprirent unevie nouvelle; de grandes voies, comme celles dont ontrouve encore des traces entre Der’ât, Bosra et Salkhad, et de nombreuses colonies leur donnèrent le mouvementet le commerce; quelques-unes s’embellirent de ces monumentsdont les restes font toujours l’admiration duvoyageur. Après la première actiade (27 à 26 avant l’èrechrétienne, suivant, quelques auteurs), Auguste remit àHérode le Grand l’Auranitide avec la Trachonitide et laBatanée, pour les soustraire aux brigandages de Zénodore.Josèphe, Ant. jud., XV, x, 1; Bell, jud., i, xx, 4. Zénodore, irrité de ce qu’on le dépouillait d’une partie de sesÉtats, se rendit à Rome pour porter une accusation contreson heureux rival; mais il ne put rien obtenir. Les Arabes, à qui, dans une situation désespérée, il avait vendu l’Auranitideau prix de cinquante talents, se prétendirentinjustement dépouillés et disputèrent la possession de cepays tantôt par de violentes incursions, tantôt par desmoyens juridiques. Ant. jud., XV, x, 2. Après la mortd’Hérode, l’Auranitide entra dans la tétrarchie de Philippe. Ant. jud., XVII, xi, 4; Bell, jud., II, vi, 3. Enfinplus tard Agrippa II envoya à Jérusalem trois mille cavaliersauranites, batanéens et trachonites, pour réprimerune révolte soulevée contre le pouvoir romain. Bell, jud., II, xvii, 4. De nombreuses inscriptions araméennes, grecques et latines, ont été recueillies dans le Hauran parles différents voyageurs; aucune d’elles n’est antérieureau I er siècle avant l’ère chrétienne. Cf. de Vogué, Syriecentrale, Inscriptions sémitiques, in-f°, Paris, 1869; W. Waddington, Inscriptions grecques et latines de la

Syrie, in-4°, Paris, 1870.

A. Legendre.

AURANITIDE. Voir Aurai*.

    1. AURAT François##

AURAT François, bénéficier de Saint -AUyre, prêtrehabitué de l’Église de Lyon (xviie siècle), a donné leCantique des cantiques expliqué dans le sens littéral, in-8°, Lyon, 1689 et 1693, traduction française, avec notespurement littérales. L. Guilloreau.

    1. AUREOLUS##

AUREOLUS, AURIOL. Il est appelé ordinairementOriol en français. Voir Oriol.

    1. AUREUS##

AUREUS ( CODEX). L’usage d’écrire les textes lesplus précieux sur du parchemin pourpré et en lettres d’orétait un usage ancien: nous voyons mentionnés, dès lafin du me siècle de notre ère, des manuscrits d’Homèreécrits ainsi sur pourpre à l’encre d’or, «libros homericospurpureos aureis litteris scriptos.» Gardthausen, GriechischePalâographie, Leipzig, 1879, p. 84-85. En paléographielatine, on constate que «l’encre d’or a été particulièrementemployée du vme au Xe siècle», et surtoutpour les Livres Saints. N. de Wailly, Éléments de paléographie, Paris, 1838, t. i, p. 374. L’évangéliaire de Saint-Germain-des-Présdu vin’siècle, l’évangéliaire de Metz, vme siècle, l’évangéliaire de Charlemagne de l’an 781, tous manuscrits aujourd’hui à la Bibliothèque nationale, sont d’illustres spécimens de cet usage. L, Delisle, Lecabinet des manuscrits, Paris, 1881, t. iii, p. 198, 199et 232. À Constantinople, ce luxe calligraphique fut demode surtout au Xe et au XIe siècle: la cour byzantines’en servait pour les instruments diplomatiques d’apparat; .l’empereur Constantin IX (1042-1053), écrivant au califede Cordoue, lui écrivait sur pourpre en lettres d’or.Gardthausen, Griech. Palàog., p. 85. La bibliothèqueimpériale de Vienne possède un évangéliaire de "parche

min pourpre à lettres d’or provenant du couvent de Saint-Jeande Garbonara, à Naples; ce manuscrit oncial, le plusancien spécimen de cette calligraphie, est du ixe siècle.Un fac-similé en a été publié par Silvestre, Paléographieuniverselle, Paris, 1840, II, 156. Le signataire du présentarticle a décrit le premier un manuscrit cursif des quatreÉvangiles sur parchemin pourpre et à encre d’or, œuvrecalligraphique du Xe siècle, propriété de l’église de l’Annonciation, à Bérat. P. Batiffol, Les manuscrits grecs deBérat d’Albanie, Paris, 1886, p. 15.

Cependant le nom de Codex Aureus est de préférenceréservé à un manuscrit de la bibliothèque impériale deSaint-Pétersbourg, où il est coté VI, 470, au cataloguede M. de Murait. L’écriture est minuscule, d’une mainbyzantine du Xe siècle, au jugement de M. Gregory et deM. Hort. Le parchemin, réparti en quaternions ou cahiersde huit feuillets, est teint en pourpre. Chaque page necomporte qu’une colonne de dix-huit lignes en moyenne.Les initiales sont avancées dans la marge et sans décor, comme c’était de mode calligraphique à Constantinopleau xe siècle. La marge porte de courtes scolies critiquesmarquant des variantes, et écrites à l’encre d’argent enpetite onciale. Le grec, tant du texte que des scolies, estaccompagné de ses accents et de ses esprits, et comporteles abréviations ordinaires à la minuscule de cette époque.Hauteur de chaque feuillet: 207 millimètres. Largeur: 130 millimètres. Nombre des feuillets: 405. Le manuscritrenferme les quatre Évangiles, moins Joa., xi, 26-48, et xiii, 2-23. Les fragments Matth., xx, 18-26; xxi, 45-xxii, 9; Luc, x, 36-xi, 2; xviii, 25-37; xx, 24-36; Joa., xvii, 1-12, sont des restaurations récentes. Il estprobable que ce manuscrit a été écrit à Constantinople.Une tradition sans fondement voudrait faire croire qu’ilest de la main de l’impératrice Théodora (842-855). Aucommencement du siècle présent, il appartenait au couventde SaintJean, proche de Houmish-Khan et deTrébizonde; l’abbé du couvent, l’archimandrite Silvestre, en lit don à l’empereur de Russie, en l(-29. Voir Revuecritique, 1860, p. 201.

Le texte du Codex Aureus ne diffère point de la traditioncommune aux manuscrits proprement byzantins, sauf en saint Marc. Le texte de saint Marc qu’il nousprésente se rattache étroitement à la tradition textuelleque l’on appelle occidentale, et dont il est un remarquablespécimen à rapprocher du Codex Claromontanus.— M. de Murait a donné une bonne descriptionet un fac-similé du Codex Aureus dans le Catalogue desmanuscrits grecs de la bibliothèque impériale, Saint-Pétersbourg, 1864. Il en avait collationné le texte pourl’édition donnée par lui du Nouveau Testament grec, Hambourg, 1848. M. Belsheim a publié depuis in extenso letexte de saint Marc: Das Evangelium des Marcus nachdem griechischen Codex Theodoræ imperatricis purpureuspetropolilanus, Christiania, 1885. Mais l’exactitudecritique de cette édition n’est pas irréprochable. Gregory, Prolegomena, p. 556-557, au Novum Testamentum grœce, edit. vin crit. maj., de Tischendorf, Leipzig, 1890.

P. Batiffol.

    1. AURIVILIUS Charles##

AURIVILIUS Charles, orientaliste suédois, né àStockholm en 1717, mort en 1786. Il étudia d’abord leslangues orientales sous le savant Tympe, d’Iéna; puis ilalla en Italie, et de là à Paris, où il eut pour maître d’arabeFourmont; ensuite il visita Leyde, et y poursuivit sesmêmes études sous Schulten. De retour en Suède, ilcontinua à Upsal le cours de ses travaux sur les languesorientales. En 1764, il occupait à la chancellerie l’emploide traducteur d’arabe et de turc, et huit ans plus tardil fut promu au titre de professeur de langues orientalesà Upsal. En 1773, il fit partie de la commission chargéed’une nouvelle traduction de la Bible en suédois, et pour.sa part il traduisit le Pentateuque, Josué, les Juges, Job, les Psaumes, les. Prophètes et les Lamentations. Il avaitpublié un certain nombre de dissertations relatives à

l’Écriture Sainte et à la littérature orientale. Les trenteplus remarquables furent réunis par J. D. Michælis.Car. Aurivilii Disserlationes ad sacras litteras et philologiamorientaient pertinentes, in-8°, Goettingen etLeipzig, 1790. — Voir Michælis, Neue orientalische undexegetische Bibliothek, t. v, p. 431. L. Guilloreau.

    1. AUROCHS##

AUROCHS (hébreu: re’êm, ou rêm; Septante: jjiovéxêptoc; Vulgate: rhinocéros, et dans les Psaumeset Is., xxxiv, 7: unicornis, «la licorne» ).

J. Le «re’ém» des Hébreux. — Voici en quels termesla Bible parle du re’êm, dans les huit passages où elle enfait mention. Balaam dit du peuple hébreu: «Sa force estsemblable à celle du re’ém.» Num., xxiii, 22; xxiv, 8.Moïse caractérise ainsi la descendance de Joseph: «Sonpremier-né est un taureau, ses cornes sont les cornes dure’êm; avec elles il lancera en l’air les nations jusqu’auxextrémités de la terre.» Deut., xxxiii, 17. Au psaumexxi, 22, David fait dire au Messie souffrant, accablé parses ennemis: «Délivre-moi de la gueule du lion et doscornes du re’ém.» Au psaume xxviii, 6, il fait gronderla voix de l’orage qui «brise les cèdres du Liban et faitbondir les cèdres comme le jeune taureau, le Liban et leSirion comme le petit du re’êm». On lit dans le livre deJob: «Le re’êm consentira-t-il à te servir et à demeurerdans ton étable? Attacheras-tu le re’êm au sillon avecta corde, et aplanira-til la terre labourée derrière toi?Pourras-tu compter sur sa vigueur extraordinaire et luiconfier tes travaux? T’attendras - tu à ce qu’il te ramèneta récolte et la recueille sur ton aire?» Job, xxxix, 9-12.Isaïe compare le massacre des Iduméens et des nationsidolâtres à l’immolation des animaux dans les sacrifices: «L’épée du Seigneur est pleine de sang; elle s’est engraisséede la graisse et du sang des agneaux et desboucs, des gras rognons des béliers. Les re’êmim serontimmolés en même temps, avec les plus puissants destaureaux.» Is., xxxiv, 6-7. Enfin au psaume xci, II, quiest sans nom d’auteur, le psalmiste remercie Jéhovah dele faire triompher de ses ennemis: «Tu élèves ma cornecomme celle du re’êm.» Ce psaume appartient au quatrièmelivre du Psautier, et par conséquent date au plustard des temps qui ont suivi immédiatement Esdras. Detous ces passages, il ressort que le re’êm était un animalbien connu des Hébreux, depuis la sortie d’Egypte jusqu’auretour de la captivité; que cet animal était pourvude cornes redoutables, qu’on n’avait pu le domestiquer, qu’il n’était pas sans analogie avec le taureau, puisque lesauteurs sacrés le mettent en parallèle avec lui, et qu’enfinil appartenait à une race assimilable à celle du bœuf.Rosenmùller a, en effet, remarqué que, dans le passagecité d’Isaïe, «tous les animaux propres aux sacrifices sontrassemblés.» Le re’êm y est nommé avec les agneaux, les boucs, les béliers et les taureaux, et l’on sait que lesHébreux ne pouvaient offrir au Seigneur que des victimesde race ovine, caprine ou bovine.

Les interprètes ne sont point d’accord pour déterminerl’espèce à laquelle appartient le re’êm de la Bible. On l’aidentifié avec la licorne, le rhinocéros, le buffle, l’oryx etl’aurochs. — Dans sept des passages allégués, les Septantetraduisent par (lovtixepioç, l’animal «à une corne», et dans Isaïe seulement ils emploient le mot iSpof, «lesforts.» Dans le Pentateuque et dans Job, la Vulgate traduitpar «rhinocéros»; dans les Psaumes et dans Isaïe, parunicornis, l’animal «à une corne». Au psaume lxxvii, 09, elle traduit aussi «licorne», parce que les Septante, dont notre version des Psaumes est la traduction, ont lure’êmim au lieu de râmîm, «hauteurs.» 1° L’identificationdu re’êm, soit avec le rhinocéros, soit avec la licorne, est aujourd’hui universellement rejetée. La licorne est unanimal fabuleux. Elle n’a jamais pu être décrite avec précision, quoique Aristote, Hist. anim., II, ii, 8; PJine, H. N., viii, 21, et d’autres auteurs anciens en aient faitmention. Tout ce que l’on sait, c’est que le trait carac

téristique de cet animal était d’avoir une corne plus oumoins longue et droite au milieu du front. Ce fait estdéjà assez anormal en zoologie; mais, quoi qu’il en soit, il est à remarquer que les versions traduisent par «licorne» des passages où l’on suppose formellement deuxcornes à l’animal. Deut., xxxiii, 17; Ps. xxi, 21. Lalicorne n’est donc pas le re’em. Voir Licorne. — 2° SaintJérôme n’a pas adopté l’explication des Septante, exceptéIs., xxxiv, 7, mais il a cru néanmoins que le re’em étaitun animal à une seule corne et il a traduit toujours, saufdans le passage d’Isaïe, par rhinocéros. (La traductiondes Psaumes dans la Vulgate n’est pas de lui.) Cet animala, en effet, sur le haut du museau, une corne unique, trapue, formée par l’agglutination d’une grande quantitéde poils. Mais les textes bibliques ne peuvent pas pluss’appliquer à cet animal à une seule corne qu’à la licorneelle-même, puisqu’ils parlent de plusieurs cornes, comme

3C6. — Urus ou Bos primigenius.

nous l’avons vu. Deut., xxxiii, 17; Ps. xxi, 22. De plus, le rhinocéros ne vit qu’en Afrique et aux Indes orientales, et comme il appartient à la race des pachydermes, on ne l’aurait pas plus admis dans les sacrifices que lecheval ou l’hippopotame. Voir Rhinocéros. — 3° Bochart, Rosenmûller, Winer, etc., pensent que l’animal en questionest l’antilope oryx. Bochart, Hierozoicon, ii, 335, remarque que les Arabes appellent encore rim l’antilopeOryx leucoryx du nord de l’Afrique. Mais comme lesdocuments assyriens établissent que le re’em était unbœuf sauvage, cette explication doit être aussi abandonnée.Voir Oryx. — 4° D’après Gesenius, Quatremère(Journal des savants, mai 1845, p. 269-273), Le Hir, Knabenbauer, etc., le re’ém serait le bubalus férus oubuffle. C’est une espèce de bœuf plus sauvage que le bœufordinaire, avec des cornes noires rabattues en arrière.Voir Buffle, pour les raisons alléguées pour et contrecette identification. — 5° Enfin un grand nombre croientaujourd’hui que le re’êm est l’aurochs, Vurus de JulesCésar, le bos primigenius des naturalistes (fig. 366).Cette opinion a été soutenue par Arnold Boot, au xviiesiMe, Animad. sacr., iii, 8, Londres, 1644, et suiviedepuis par W. Houghton, Dictionary of the Bible, t. iii, p. 1595; Trochon, Introduction générale, t. ii, p. 90; Fillion, Atlas d’histoire naturelle de la Bible, p. 94; Tristram, The natural history of the Bible, 1889, p. 146-150, etc.

II, Description de l’aurochs. — Ce mammifère, dontle nom en allemand ( Auer - Ochs) signifie «bœuf deplaine», forme avec le bison d’Amérique le groupe des «bonases» parmi les «bovidés». C’est, après l’éléphantet le rhinocéros, le plus gros des mammifères quadrupèdes.Il atteint jusqu’à deux mètres de hauteur et trois

mètres trente-trois centimètres de longueur. Il se distinguedu bœuf domestique par son front bombé, plus large quehaut, par une paire de côtes de plus, par son pelage composéde poils laineux recouvrant les parties inférieures, et de poils longs et grossiers sur le dos et la partie antérieuredu corps^ et par la position de ses cornes, qui sontattachées latéralement, au-dessous de la crête occipitale, et non au sommet du front. Il aies jambes, la queue et lescornes plus longues, mais le poil plus court que le bisonou bœuf sauvage de l’Amérique septentrionale. L’aurochsest aujourd’hui confiné dans les grandes forêts de la Lithuanie, des Karpathes et du Caucase. Il habitait autrefoissous tous les climats tempérés. Il est probablement lemême que Y urus, bos priscus ou bos primigenius (fig. 366)de l’époque quaternaire, bien qu’on ne puisse en aucunefaçon voir en lui la souche de l’espèce bovine actuelle, comme plusieurs naturalistes l’avaient avancé. À l’époquede César, les urus se rencontraient dans la forêt Hercynienne.Voici ce qu’en rapporte le célèbre écrivain: «Ils nele cèdent guère en taille aux éléphants. Ils ont l’aspect, lacouleur et la forme du taureau. Ils sont très forts et trèsagiles, et quand ils aperçoivent quelque homme ou quelqueanimal, ils fondent sur lui. Il faut se donner beaucoup depeine pour les capturer dans des fosses et pour les tuer…Quant à s’accoutumer aux hommes et à s’apprivoiser, ilsen sont incapables, sauf quand-ils sont très jeunes. Parla grandeur, les formes et l’aspect, leurs cornes diffèrentbeaucoup des cornes de nos bœufs.» Bell, gall., vi, 28.

III. Le «re’êm» et le «rîmu» assyrien. — Dans lesinscriptions assyriennes, il est souvent question du rimu, dont le nom est écrit en assyrien par des signes idéographiquesqui signifient «bœuf de montagne» (voirBœuf sauvage), et est identique à l’hébreu re’êm. Sennachéribest comparé à un rimu vigoureux, et les énormestaureaux qui ornent le vestibule des palais assyriens sontappelés des rimâni. Voir Delattre, L’Asie occidentale etles inscriptions assyriennes, dans la Revue des questionsscientifiques, octobre 1884, p. 517. L’identité du rimuassyrien et du bœuf sauvage ne fait doute pour personne, et M. Fried. Delitzsch, après avoir cru que l’animal enquestion était le bubale, a reconnu ensuite que Fr. Hommelavait parfaitement démontré l’identité du rîmu et dubœuf sauvage ou aurochs. Voir W. Lotz, Die InschriftenTiglathpileser’s, mit Beigaben von Frd. Delitzsch, in-8°, Leipzig, 1880, p. 159. La chasse du rîmu était engrande faveur chez les anciens rois d’Assyrie. Téglathphalasar, antérieur d’un siècle environ à David, relateainsi un de ses exploits-: «Avec le secours de Ninib, mon protecteur, j’ai tué quatre rimâni, puissants, énormes, dans le désert, au pays de Mitani, et dans le territoired’Araziki, en face du pays de Khatti,» sur la rivedroite de l’Euphrate. Prisme de Téglathphalasar I er, vi, 58.Ce même roi chassa aussi le rîmu au pied du Liban.Broken Obelisk, 5. Comme "il ne raconte en détail queles chasses du rîmu, de l’éléphant et du lion, et ne faitqu’une mention générale des autres animaux, il en fautconclure que l’aurochs n’était pas moins redoutable auchasseur que l’éléphant et le lion. M. Maspero, dans sesLectures historiques, p. 274, décrit en détail l’une deces chasses. On poursuivait les aurochs sur le char deguerre ou à cheval. Au cours de la chasse (fig. 367), «le roi s’attache au plus gros, qu’il est presque certaind’avoir blessé au défaut de l’épaule, le gagne peu à peude vitesse, range adroitement son char à côté de lui, sans ralentir l’allure, et, posant son arc, dégaine l’un despoignards qu’il porte à la ceinture. D’une main il saisità la volée une des cornes de l’animal, de l’autre il luienfonce son arme dans la nuque: la lame courte et largedivise la moelle épinière à la jonction du cou et de l’épaule, le taureau s’affaisse sur lui-même, en bloc, comme foudroyé.» Au retour, on faisait hommage à la déesse Istarde l’aurochs que le roi avait tué (fig. 368), et l’on gardaitdans le trésor, après les avoir préparées avec soin»

la tête et la peau des bétes qui avaient été frappées.M. Maspero écrit ensuite, p. 278: «Téglathphalasar I er sevantait d’en avoir rapporté un bon nombre de Syrie: «Je pris même de jeunes aurochs, ajoute-t- ii, et j’en «formai des troupeaux.» C’était une réserve de chasse qu’ilvoulait se ménager; car il ne prétendait certes pas courbersous le joug ces brutes gigantesques, et les réduire àla condition de bœufs domestiques. D’autres après lui

tram en a trouvé les ossem*nts fossiles dans le Liban.The natural history of the Bible, p. 150. D’après les inscriptionsassyriennes, les aurochs devinrent de plus enplus rares, si bien qu’au vi «siècle avant J.-G. on lesconnaissait à peine. Il n’en est point parlé non plus dansles livres bibliques postérieurs à la captivité, et alorsmême que le Psaume xci serait plus récent, la mentionsi brève qu’il fait du re’êm ne permet pas de déterminer si

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367. — Eoi d’Assyrie chassant le rîmu. Nimrond. D’après Layard, Monuments of Nïneveh, t. i, pi. 11.

essayèrent sans doute, sinon de les apprivoiser, du moinsd’en garder dans des parcs; aucune de leurs tentativesne paraît avoir réussi; et nous n’apprenons nulle part, dans les annales d’Assyrie, qu’il y ait jamais eu des troupeauxd’aurochs, nés ou simplement entretenus longtempsen captivité. Leur nom n’est déjà plus pour beaucoup de

le psalmiste le connaissait directement ou par ouï-dire. Entout cas les autres textes, surtout celui de Job, sont tropprécis et trop conformes aux données de l’histoire naturelle, pour qu’on puisse les rapporter à une époque oùl’animal n’était plus connu que par la légende. II y a làun de ces mille détails que les rationalistes négligent

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368. — Offrande à la déesse Istar du rXmu tué à la chasse. Nimrond. D’après Layard, Monuments of Nlneveh, 1. 1, pi. 12.

contemporains (d’Assurbanipal, vie siècle avant J.-C.) qu’unmot dénué de sens précis. Ils ne savent plus trop ce qu’ildésigne, un animal réel ou l’un de ces monstres fantastiquesdont les races peuplèrent le monde aux premiersjours de la création. Les bas-reliefs commémoratifssculptés sur les murs des palais sont bientôt seuls à montrerleur figure véritable.»

Toutes ces indications confirment ce que dit la Biblede la force, de la sauvagerie du re’êm, et de ses cornesredoutables. Puisque les rois d’Assyrie venaient le chasserjusque dans le voisinage septentrional de la Palestine, Us Jdébreux devaient bien le connaître/ Du reste M. Trissoigneusem*nt, quand ils rajeunissent à plaisir la compositiondes Livres Saints. — Voir W. Hou gh ton, On theUnicom of the Ancients, dans Annals and Magazineof nalural History, novembre 1862, t. x, p. 363 - 370, 416-417; F. Hommel, Die Namen der Sàugethiere bei dennichtsemitischen Vôlker, in-8°, Leipzig, 1879, p. 227, 409°

H. Lesêtre.

    1. AUROGALLUS Matthieu##

AUROGALLUS Matthieu, philologue allemand, luthérien, dont le véritable nom était Goldhahn, — Aurogallusen est la traduction latine, — né en 1480 à Gomettau, en Bohême. Il étudia le latin, le grec et l’hébreu à l’universitéde Wittenberg, dont il devint recteur en 1542, et 1265

AUROGALLUS — AUTEL

J266

mourut dans cette dernière ville le 10 novembre de l’annéesuivante. Il fut l’ami de Luther et l’aida dans sa traductionde la Bible en langue allemande. Voir Allemandes(versions), col. 376. On a encore de lui: Liber de hebrxisurbium, regionum, populorum, fluminum, montiumet aliorum locorum nominibus ex Veteri Testamentocollectis, in-8°, Wittenberg, 1526; édit. augmentée, in-8°, Bâle, 1539; Grammatica hébrxse chaldesequellnguse, Wittenberg, 152r>; editio auctior, in-8°, Bàle, 1539. — Voir de Wette-Seidemann, Luther’s Briffe, t. vi, p. 709. L. Guilloreau.

    1. AURORE##

AURORE (Hébreu: saJiar, «ce qui s’élance;» Septante: ôp6po; , iw<7cpôpoç; Vulgate: aurora, antelucanum, diluculum). L’aurore est le crépuscule du matin, dont larapidité et la brièveté croissent à mesure qu’on se rapprochede l’équateur. Les Grecs et les Romains faisaientde l’aurore une divinité chargée d’ouvrir au soleil lesportes du monde. Les Hébreux se sont contentés d’enadmirer le merveilleux spectacle du haut de leurs montagneset d’en parler poétiquement. Les Livres Saintstirent de l’aurore de nombreuses métaphores. L’auteur deJob, XLI, 9, compare aux «paupières de l’aurore» lesyeux du crocodile. Les yeux de cet animal étaient, chezles Égyptiens, le signe hiéroglyphique de l’aurore. Lesrayons divergents qui partent du soleil encore au-dessousde l’horizon sont comme les cils lumineux qui bordentles paupières de l’aurore personnifiée. Ailleurs elle a desailes, symboles de sa rapidité. Ps. cxxxrx, 9 (hébreu).Dans le titre du Ps. xxi, qui doit être chanté sur l’airde «la biche de l’aurore», les talmudistes pensent quel’aurore est comparée à une biche, Berachoth, ꝟ. 2, c. 3, soit à cause de sa rapidité, soit parce que les cornesdu gracieux quadrupède représentent les rayons du soleilqui va se lever. L’aurore n’est pour les Hébreux qu’unphénomène naturel, œuvre de la puissance divine. Job, xxxviii, 12; Ps. lxxiii, 16; Amos, iv, 13. C’est le signalde la prière. Sap., xvi, 28. Les rôdeurs de nuit redoutentson apparition, Job, xxiv, 17; mais ce serait une malédictionque d’être privé de sa vue. Job, iii, 9; Is., viii, 20; xlvii, 11.

L’aurore est le symbole de la doctrine qui illumineles âmes, Eccli., xxiv, 41, et de la vertu que Dieu bénit.Is., lviii, 8. Le roi de Babylone est appelé «fils de l’aurore», à cause de l’éclat de sa puissance et de ses richesses.Is., xiv, 12. Dans un sens beaucoup plus relevé, «l’aurorequi se lève» désigne l’épouse du Cantique, c’est-à-direl’Église et la très sainte Vierge Marie, Cant., vi, 9, et surtoutle Messie lui-même, II Reg., xxiii, 4; Ose., vi, 3, auquel Zacharie, père de saint Jean-Baptiste, donne lenom d’ «Orient», Luc, i, 78, et dont les enfants spirituelssont comme les gouttes de «la rosée de l’aurore». Ps. cix, 3

(hébreu).

H. Lesêtre.

AUSITIDE [Ausites), nom donné par la Vulgate à laterre de Hus, dans Jérémie, xxv, 20. Voir Hus 4.

    1. AUSPITZ Jacob##

AUSPITZ Jacob, Juif de Buda, qui vivait au commencementde ce siècle, a donné Baêr halluhôf, «Expositiondes tables.» C’est une traduction en hébreu, accompagnéede notes tirées de plusieurs rabbins, d’un ouvragelatin sur la géographie de la Palestine et les stations desIsraélites dans le désert. Elle parut en 1818, in-8°, sans indicationde heu, mais elle avait été imprimée à Vienne.

E. Levesque.

    1. AUSTEN Andréas##

AUSTEN Andréas, théologien protestant allemand, né à Dantzig le 25 juillet 1658, mort à Elberfeld le 6 septembre1703. Après avoir étudié dans différentes universités, il devint, en 1685, pasteur à Môllenbeck, près deRinteln, et, en 1686, professeur de grec et de languesorientales à Rinteln. En 1690, il fut appelé comme prédicateurà Elberfeld, et y demeura jusqu’à sa mort. Ilpublia un certain nombre de dissertations curieuses sur

des sujets bibliques: Tpt’a; Qusestionum: 1. An Adamusante Evam uxorem habuer’U quse appellata Lilith ?2. AnxaTaxXyfffuôç Noachï fuerit universalis an particularisa3. An Moses fuerit cornutus? in-4°, Rinteln, 1688; —Samuel personatus, sive Dissertatio de apparitione Samuelisex I Sam. xxviii, in-4°, Rinteln, 1688; Dissertatiophilologica de mortis génère quo Judas proditor vitss suiecolophonem imposuit, iu-4°, Rinteln, 1688; Dissertatiophilologica de Velamine mulieris, ex 1 Cor. xi, 10, in-4°, Rinteln, 1690; Thèses philologicse de lingua omniumprima, hebrœa, in-4°, Rinteln, 1690. Voir J. C. Adelung, Fortsetzung zu Jôcher’s Gelehrlen - Lexico, t. i, 1784, col. 1283; Frd. W. Strieder, Grundlage zu einer HessischenGelehrten Geschichte, t. i, 1781, p. 190-194.

    1. AUTEL##

AUTEL, sorte de table en pierre, en terre, en bois ouen métal, sur laquelle on immole des victimes en sacrificeet l’on fait des offrandes à la divinité. Hébreu: mizbêah, «ce sur quoi on sacrifie,» de zàbah, «sacrifier, immoler,» Gen., viii, 20; cf. Lev., i, 9, 13, 15; I (III) Reg., vm, 31; II Par., xxix, 22. Septante: ôutiôpiov, 6u<jia<TTiîptov.On trouve plus rarement l’autel désigné par le motbâmâh, IV Reg., xxiii, 8, le pwjx6ç des Grecs. Les auteursinspirés réservent d’ordinaire ce nom pour désigner leshauts lieux, bàmôf, où se pratiquait le culte idolâtrique, Lev., xxvi, 30; III Reg., xi, 7; IV Reg., xxiii, 8, 9, 15, 19; Is., xxxvi, 7; Ezech., vi, 3; xx, 29, désignation complétéequelquefois par le nom de la divinité, bâmôt Ba’al. Num., xxii, 41; Jos., xiii, 17. Voir Hauts lieux. Cependant ceterme est quelquefois employé pour désigner les autelsextra-légaux ou les autres lieux sacrés érigés par les Juifssur les hauteurs en l’honneur de Jéhovah, même aprèsla construction du tabernacle et du temple de Jérusalem.I Reg., ix, 12; III Reg., iii, 2-4; JV Reg., xii, 3; xiv, 4; xv, 4, 35; II Par., xv, 17; xx, 33. — Ézéchiel, xliii, 15, 16, appelle l’autel’âri’êl. Voir Ariel, col. 957.

I. L’autel a l’époque patriarcale. — Le premier autelmentionné dans l’Écriture est celui que construisit Noéaprès la sortie de l’arche, Gen., viii, 20; mais il est probable, bien qu’il n’en soit pas fait une mention expresse, que l’usage en existait déjà auparavant, et que Caïn etAbel employèrent un autel pour offrir leur sacrifice. Gen., iv, 3-4. — Après avoir élevé des autels commémoratifs àSichem, Gen., xii, 7, près de Béthel, Gen., xii, 8; xiii, 4, et dans la vallée de Mambré, Gen., xiii, 18, Abraham endressa un à l’endroit où il fut sur le point d’immolerson fils, et il y offrit un sacrifice sanglant. Gen., xxii, 9, 13.De même Isaac érigea à Bersabée un autel commémoratif.Gen., xxvi, 25. Jacob, à Béthel, fit une libation d’huile surceux qu’il éleva, comme un mémorial, massêbâh, aprèssa vision et à son retour de Mésopotamie, Gen., xxviii, 18; xxxv, 14; il immola des victimes à Galaad, Gen., xxxi, 54, et à Bersabée. Gen., xlvi, 1. Ces autels, comme tous ceuxqu’on éleva dans ces temps primitifs, étaient construitsen plein air, dans les bois, sur la cime des hauteurs, Gen., xxii, 2, 9; cf. Ezech., xviii, 6, 15, soit avec des pierresramassées sur le sol, soit avec des mottes de gazon, sansapprêts, sans ornements, sans figures, usage qui persévérajusque chez les Grecs et les Romains, dont les autelsétaient quelquefois construits de simple terre. Lucain, Phars., IX, 988; Ovide, Trist., v; Eleg., vi; cf. Horace, Od., m; Pline, H. N., v, 4.

II. Prescriptions mosaïques relatives aux autels.

— Pour prévenir les dangers de corruption auxquels leculte divin était exposé de la part du paganisme, il fallaitque toutes les observances rituelles, et particulièrementcelles des sacrifices, fussent réglementées dans le détail.Par suite, l’autel, si intimement lié au sacrifice, devaitaussi être l’objet de ces minutieuses prescriptions. Dieules donna à Moïse à deux reprises différentes, posantd’abord les principes généraux de la construction desautels, puis en faisant une application particulière auxdeux autels du tabernacle. 1° Les principes sont que l’autel

élevé en l’honneur de Jéhovah doit être d’une très grandesimplicité, construit en terre, Exod., xx, 24, ou tout auplus avec des pierres brutes. Exod., xx, 25. Le nombredes autels n’était pas restreint par ce précepte primitif; il semble même que les Hébreux reçurent la faculté d’enélever partout où ils voulaient honorer le nom de Jéhovah.Exod., xx, 24. L’hébreu poile littéralement: «partoutoù je ferai souvenir de mon nom,» c’est-à-dire partoutoù j’ordonnerai de célébrer mon culte, ce qui doits’entendre de toutes les circonstances dans lesquelles, soit par un ordre formel, soit par une autorisation impliciterésultant d’une manifestation surnaturelle ou d’unbienfait extraordinaire dont il était opportun de garder lesouvenir, les Hébreux étaient amenés à ériger des autels endifférents lieux distincts du tabernacle, comme sur le montHébal, Jos., viii, 30; cf. Deut., xxvii, 4-6; sur le rocherd’Ophra, Jud., vi, ii, 24-26; à Sichem, Jos., xxiv, 26, 27; à Masphath, I Reg., vii, 9; à Ramatha, I Reg., vir, 17; iiAïalon, I Reg., xiv, 35. Tel était aussi le gigantesque autelélevé par les tribus transjordaniques, Gad, Ruben et lademi-tribu de Manassé, sur les bords du Jourdain, selon letype de celui qui était devant letabernacle. Jos., xxii, 9-34.

— 2° Quand le tabernacle eut été construit, pour prévenirl’îdolâtrie à laquelle les Hébreux étaient toujours enclins, et dont ils auraient pu mêler les observances à l’immolationdes animaux qui leur servaient de nourriture, Dieuétablit, Lev., xvii, 3-5, que tous les animaux qu’on tuerait, même uniquement pour s’en nourrir, lui seraientofferts devant la porte du tabernacle. Cette loi, d’uneobservation facile tant que les Hébreux voyagèrent dansle désert, fut abrogée par Moïse quarante ans plus tard, lors de l’entrée dans la Terre Promise. Deut., xii, 15. —3° À cette époque furent renouvelées, et dans des termespresque identiques, les prescriptions données au Sinaï.Exod., xx, 24-25. Les sacrifices devront être offerts «dans lelieu que Jéhovah aura choisi dans une des tribus». Deut., xii, 43-14. En attendant qu’il fût déterminé et que Jérusalemdevint le seul lieu habituel des sacrifices, la législationdu livre de l’alliance subsistait: il était toujours licite d’immolerà Jéhovah là où il avait ordonné «de foire mémoirede son nom», et les expressions de la nouvelle législation, Deut., xii, 13-14, sont telles, que tout en restreignant àun seul lieu l’érection des autels pour le culte ordinaireet officiel, elles n’excluent pas que dans des circonstancesextraordinaires on ne put, même après la construction dutemple, ériger accidentellement et transitoirement d’autresautels et y offrir des sacrifices. Le seul passage où le motd’ «autel unique» soit écrit dans la Rible, II Par., xxxii, 12, ne peut être une raison suffisante de nier cette assertion, le sens étant seulement d’opposer V «autel unique» duculte officiel et ordinaire à Jérusalem avec les autels extralégauxélevés par les Juifs sur les hauteurs; et d’ailleurscelui qui, dans ce passage, allègue cette unicité d’autel enIsraël, étant un païen peu au courant des usages religieuxdes Juifs, il n’y a pas lieu de se baser sur sontémoignage.

Il est certain qu’à Gabaon, où le tabernacle resta aprèsla translation de l’arche à Jérusalem, on continua de pratiquerles cérémonies du culte, I Par., xvi, 39; xxi, 29; cf. III Reg., iii, 4, ce qui suppose l’érection d’un autel.Dans les derniers temps des rois, il y eut des tentativesde réformes entreprises par Asa et Josaphat, pour ramenerle culte à sa pureté parfaite. Mais leur résultat n’allapas jusqu’à l’abolition des autels élevés sur les hauteursen l’honneur du vrai Dieu. III Reg., xv, 14; xxii, 44. Ilssubsistèrent du moins jusqn’à Ezéchias et Josias, quipurent les faire disparaître en même temps que les hautslieux idolâtriques. IV Reg., xviii, 4; xxiii, 4-24. En toutcas, ce ne fut que pour un temps, car l’usage reparut avecles successeurs de Josias. Ces autels extra-légaux, parleur existence transitoire et accidentelle, ne faisaient quemieux ressortir le caractère public, officiel et immuable, des deux autels institués par Jéhovah comme éléments

essentiels de l’organisation du culte: l’autel des holocausteset celui des parfums. Voir Vigouroux, Les LivresSaints et la critique rationaliste, 4e édit., t. iii, p. 172-186; de Broglie, La loi de l’unité du sanctuaire en Israël, in-8°, Amiens, 1892.

A ces premières prescriptions sur la construction desautels se rattache la prohibition de disposer des degréspour y monter, Exod., xx, 26, prohibition qui regardaitnon seulement l’autel de l’alliance construit au pied duSinaï, Exod., xxiv, 4, mais aussi tous les autres, et pourla même raison. Les vêtements spéciaux imposés plus tardaux prêtres pour monter à l’autel, Exod., xxviii, 42-43, rendirent cette défense inutile, et elle tomba en désuétude.Il y a lieu de penser que dans le temple de Salomon, et ensuite dans celui d’Hérode, la rampe qui conduisaità l’autel était coupée par trois séries de degrés.Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste^¥ édit., t. iii, p. 173.

III. L’autel des holocaustes. — Voir Exod., XXVII, 1-8; xxxviit, 1-7. En hébreu: mizbêah hà’ôlâh, Exod., xxx, 28; appelé aussi l’autel d’airain, mizbêab. hannehô’set, Exod., xxxix, 39, et quelquefois par excellence hammizbêal, i, «l’autel.» III Reg., ii, 28.

1° Autel des holocaustes du tabernacle. — Selon lesrègles tracées par Dieu à Moïse, Exod., xxvii, 1-8; xxxviii, 1-7, il était de forme quadrangulaire, en bois d’acacia, haut de trois coudées, long et large de cinq, et sur toutesses faces garni d’un revêtement en airain. Aux quatreangles supérieurs, il se terminait par quatre proéminencesou cornes de même matière, également revêtues d’airainet faisant corps avec lui; en hébreu: «sortant de lui,» c’est-à-dire ne faisant qu’un morceau avec lui. Exod., xxvii, 2. Le nom de «cornes», qarnôt, leur fut sans doutedonné à cause de leur ressemblance avec les cornes desanimaux. Quoiqu’on ne puisse dire exactement quelle étaitla forme de cet ornement, ni si ces cornes émergeaientdes parois de l’autel verticalement ou horizontalement, leur nom donne à penser qu’elles s’élevaient verticalement, avec une légère déviation vers le dehors. Sur les autelspaïens qui nous ont été conservés, elles avaient différentesformes (voir fig. 369 et fig. 377). On versait surelles le sang des victimes, comme pour signifier que lepéché était expié. Lev., iv, 7. Jérémie, voulant signifierun péché d’une gravité inexpiable, dit qu’il est gravésur les cornes de l’autel «n caractères ineffaçables. Jer., xvii, 1. Celui qui les tenait embrassées, fùt-il le plus crimineldes hommes, était réputé inviolable, III Reg., i, 50; ii, 28, hormis le cas de meurtre volontaire. Exod., xxi, 14. Si les cornes de l’autel ou seulement l’une d’ellesétaient brisées, l’autel perdait son caractère sacré. Am., m, 14.

L’autel des holocaustes était encadré à sa partie supérieurepar une sorte de corniche ou bordure, karkôb, Exod., xxvii, 5, au-dessous de laquelle descendait, à mihauteurde l’autel, une sorte de grille ou treillis d’airain, mikbâr, que plusieurs exégètes placent à la partie inférieure, Fillion, Atlas archéol., 2e édit., pi. xcviii, fig. 6, tandis qu’ils entendent par le karkôb une sorte de gradinémergeant autour de l’autel, à mi-hauteur et au-dessus de lagrille, gradin sur lequel les prêtres pouvaient aller et venircomme sur un chemin de ronde. Cette dernière interprétationpeut difficilement s’harmoniser avec les dimensionsde l’autel des holocaustes dans la période du tabernacle.Quatre anneaux d’airain fixés aux quatre coins permettaientd’introduire les bâtons destinés à porter l’autel desholocaustes, que personne ne pouvait toucher excepté lesprêtres, Exod., xxix, 37; xxx, 29, et les criminels qui s’yréfugiaient. Il était placé dans la cour du tabernacle.Lev., iv, 18.

Les règles de construction semblent n’avoir pas été lesmêmes pour l’autel de l’alliance, Exod., xx, 24; xxiv, 4, et celui des holocaustes; car le premier devait être pleinet massif, le second creux à l’intérieur. Exod., xxvii, 8;

xxxviii, 7. L’hébreu: «Tu le feras creux, en planches,» Exod., xxvii, 8, donne lieu de penser que cette dispositionavait été prise pour la facilité de la translation à traversle désert; mais qu’aux stations, avant d’offrir les sacrifices, on emplissait l’intérieur de petites pierres, ce quile rendait semblable à l’autel de l’alliance, et c’était alorssur la surface plane de ce remplissage qu’on devait allumerle feu destiné à consumer les victimes. Autrementon ne concevrait pas que les parois du bois ne fussentpas endommagées par ce feu, souvent très ardent. L’expression «descendre de l’autel», Lev., ix, 22, supposemanifestement que l’autel, quand on le dressait pour lesacrifice, était élevé de terre, et que le prêtre y montaitpar le plan incliné dont il a été question plus haut.Cf. Exod., XX, 26.

Bien que le nom de l’autel des holocaustes, mizbêah

— - -£.S

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869. — Aiitel à cornes. Temple d’Isls à Pompél.

hâ’ôlàh, fût tiré des sacrifices sanglants, qui étaient lesplus parfaits, on y offrait aussi tous les sacrifices non sanglants, excepté ceux de parfums, auxquels un autel spécialétait réservé. Un feu perpétuel était entretenu sur le foyer, non seulement en vue des holocaustes, mais aussi pourles sacrifices d’hosties pacifiques, dans lesquels une partiede la victime devait être brûlée. Lev., iii, 5; vii, 2. Chaquematin et chaque soir un holocauste y était offert commesacrifice officiel et régulier; c’était ce qu’on aprMait’ôlathattâmîd, «l’holocauste perpétuel.» Num., xxviii, 6, 10, 15, 23. Voir Holocauste.

Différents instruments avaient été prescrits par Dieupour le service de cet autel, Exod., xxvii, 3; xxxviii, 3, savoir: un bassin, sïrôt, pour recueillir les cendres duloyer, et des pelles, yâim, pour les enlever, Exod., xxvii, 3; xxxviii, 3; des bassins, mizrâqôf, mizrâqîm, pour recevoir le sang des victimes, Exod., xxvii, 3; xxxviii, 3; des réchauds pour porter les charbons, mahtôt, Exod., xxvii, 3; xxxviii, 3; Num., xvi, 6-7; de petitesfourches pour remuer le feu ou les chairs brûlant sur lebrasier, ou encore pour saisir dans la cuve où elles avaientcuit, la part de viande destinée aux prêtres ou à ceux quioffraient la victime, mizlâgôf. Exod., xxvii, 3; xxxviii, 3.

Quand l’autel des holocaustes eut été achevé, avant d’êtreemployé pour le culte divin, il fut solennellement consacré.La consécration eut lieu en même temps que celledes prêtres, et s’accomplit par l’onction avec l’huile sacrée, puis des aspersions sept fois répétées avec le sang du sacrificepour le péché, offert par les prêtres, et renouveléespendant les sept jours que dura la consécration des prêtres.Exod., xxx, 25-28; cf. xxix, 12-13; 36-37; XL, 9-10; Lev., vm, 10-15; Num., vii, 1. Après cette cérémonie, l’autelfut inauguré par une série de sacrifices qui durèrent douzejours, pendant lesquels les princes de chaque tribu vinrentoffrir à tour de rôle de nombreuses victimes. Num., vii,

10-84. À partir de ce moment, tous les sacrifices durentêtre offerts sur l’autel des holocaustes.

2° Autel des holocaustes du temple de Salomon. — Ilest appelé ordinairement «l’autel d’airain». III Reg., Vin, 64; IV Reg., xvi, 14, 15. Il garda sa place dans le parvis, devant le vestibule du temple, Joël, ii, 17, et fut construitd’après les mêmes règles que celui du tabernacle; maisses dimensions furent augmentées, l’ancien autel ayantparu insuffisant pour plusieurs sacrifices plus considérables.III Reg., viii, 64. On lui donna vingt coudées delong, vingt de large et dix de haut, II Par., iv, 1, c’est-à-direenviron dix mètres carrés de surface sur cinq mètresde hauteur. D’après la tradition et d’après la vision du

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370. — Autel des holocaustes,

d’après les traditions rabbiniques, dans Surenhustus.

temple symbolique d’Ézéchiel, xliii, 17, on y arrivait par desdegrés. Au témoignage du Talmud (Surenhusius, Mischna, Amsterdam, 1690-1703, t. ii, p. 260), la rampe en terre quiy conduisait était coupée par trois séries de degrés (fig. 370).

L’autel des holocaustes construit par Salomon fut restaurésous Asa. II Par., xv, 8. Il subit plusieurs fois desprofanations. Achaz, après avoir fait élever dans le parvisun autel de forme païenne, comme celui qu’il avait vu àDamas, relégua sur le côté, et probablement dans la directiondu nord, l’ancien autel, et le laissa dans l’oubli.IV Reg., xvi, 10-15. Voir Achaz, col. 13*. La Sainte Écriturelaisse entendre qu’une restauration en fut faite parson successeur, le pieux Ézéchias. IV Reg., xviii, 4-6.Manassé en fut tour à tour le profanateur et le restaurateur.IV Reg., xxi, 4-5; II Par., xxxiii, 4-5, 16. On voitencore aujourd’hui, dans le Haram esch-Schérif, uneroche appelée parles mahométans es-sakkrah, et regardéecomme sacrée, parce que, d’après une vieille tradition, elle était enclavée dans l’autel des holocaustes construitpar Salomon. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 5e édit, t. iii, p. 495.

3° L’autel des holocaustes du temple de Zorobabel. —Après le retour de la captivité, l’autel des holocaustes futreconstruit conformément à l’ancienne réglementation.I Esdr., iii, 2-6; cf. Exod., xxvii, 1-8. D’après Hécatéed’Abdère, cité par Josèphe, Conl. Apion., 1, 22, «il étaitde forme quadrangulaire et fait de pierres jointes sansl’emploi du marteau; chacun des côtés était de vingtcoudées, et sa hauteur de dix.» Malheureusem*nt l’époquede Néhémie, où la misère était extrême, fut, pendantson absence de Jérusalem, un temps d’indifférence relt

gieuse, et l’autel des holocaustes, comme le temple lui-même, fut oublié, taudis que les prêtres se dispersaientdans les campagnes pour trouver leur subsistance.II Esdr., xiii, 10. L’oubli fut plus grand encore lorsque, par ordre du général des Perses Bagosès, un impôtfut prélevé pendant sept années sur chaque sacrifice.Josèphe, Ant. jud, XI, vii, 1. Avec toutes les chosessaintes, il fût profané par Antiochus IV Épiphane, roide Syrie. 1 Mach., i, 23, 57; iv, 38. D’après Josèphe, il dressa dans le temple un autre autel sur lequel onimmolait des pourceaux. Ant. jud., Xll, v, 4. JudasMachabée, l’ayant trouvé dans ce délabrement après savictoire sur les Syriens, le fit démolir entièrement, «parceque les Gentils l’avaient souillé,» I Mach., IV, 44-45; et, conservant par respect les pierres dont il était construit, il en érigea un autre avec des pierres neuves non polies, selon les règles données par Jéhovah, Exod., xx, 25; Deut., xxvii, 5-6, de sorte que ce second autel «était semblableau premier». I Mach, iv, 47, 53. La dédicace solennelle enfut faite «le vingt-cinquième jour du mois de Casleu…, au même jour que trois ans auparavant le temple avaitsi indignement été profané par Antiochus», Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 6, et il fût établi que, comme chaqueannée le peuple célébrait le souvenir de la dédicace dutemple, il célébrerait aussi eu cet anniversaire la dédicacede l’autel. I Mach., IV, 56, 59. Josèphe nomme cettefête çôtï, «lumières,» du grand nombre de flambeauxqu’on y allumait. Josèphe, Ant jud., XII, vii, 7.

L’autel des holocaustes ne subit pas de modificationimportante depuis Judas Machabée. Josèphe, Bell, jud., V, et la Mischna, Middôth, i, 4; iii, 1, 2, 4, en font une descriptionsommaire. Il avait cinquante coudées de long, autantde large et quinze de haut, Josèphe, ibid. (trente-deuxcoudées seulement de long et autant de large, d’après ieTahnud, Middôth, i, 4). Ni le ciseau ni le marteau n’avaienttouché ses pierres, et, à la place du revêtement d’airain, onavait garni les parois extérieures d’un enduit solide, quipouvait facilement être renouvelé; il était de moindresdimensions à sa partie supérieure, dont la surface n’avaitque vingt-quatre coudées de côté, ce qui s’explique parles terrasses ou chemins de ronde superposés qui étaientpris sur son épaisseur. Gomme à celui du temple deSalomon, on y montait par un plan incliné qui était ducôté du midi; mais les quatre cornes étaient, selon lestraditions talmudiques, en forme de cubes de bois d’unecoudée de côté, et remplis à l’intérieur de pierres, depoix, de chaux et de plomb (selon Josèphe, elles étaienten forme de poteaux d’angle et semblables à des cornes, xspaToei&î? Y «vfaç. Bell, jud., V, v, 6). Près de celle dusud-ouest se trouvait le canal par où s’écoulait le sangdes victimes, et une autre cavité qui servait à recevoirles libations.

Jésus-Christ fait allusion à l’autel des holocaustesdans le discours sur la montagne, quand il recommandede ne pas y sacrifier avant d’être réconcilié avec le prochain, Matth., v, 23, 24, et ailleurs, quand il nous apprendque les Juifs avaient l’habitude de jurer par l’autel commepar le temple. Matth., xxiii, 18. Voir aussi I Cor., ix, 13.

IV. L’autel des parfums (hébreu: mizbêah haqqetôréf.Exod., xxx, 27). — Il était ainsi nommé parce qu’il étaitexclusivement réservé à l’oblation des parfums qu’on y faisaitbrûler en l’honneur de Dieu. Nous n’en n’avons pas dereprésentation antique; on n’a retrouvé que des peinturespaïennes dans lesquelles on voit brûler des substances odorantesen l’honneur des dieux (fig. 371). L’autel des parfumsn’est pas nommé dans la première instruction divinedonnée à Moïse pour l’organisation du tabernacle. Exod., xxv-xxvii. Ce n’est qu’après la description des ornementsdes prêtres et des lévites, après la détermination des ri*sspour leur consécration, qu’il en est question dans unesorte d’appendice. Exod., xxx, 1-10. Son institution paraîtdonc avoir été postérieure à celle des autres objets placésdans le Saint, Exod., xxvi, 33-35, et avoir été amenée

par l’institution de la grande expiation annuelle. Exod., xxx, 10; Lev., xvi, 12-13. Cf. Exod., xxx, 1-10; xxxvii, 25-28; Lev., iv, 7; III Reg., vi, 20; vii, 48; I Par., xxviii, 18; Is., VI, 6; I Mach., i, 23; IV, 49, etc.

Cet autel était de proportions minimes, une coudée delong, une de large, soit environ cinquante centimètresde côté, et deux coudées ( à peu près un mètre) de haut; il était fait de planches d’acacia (voir Acacia) revêtuesd’un or très pur, d’où son autre nom d’ «autel d’or», mizbêah hazzâhâb. Exod., xxxix, 38; XL, 5, 20; III Reg., vu, 48. La partie supérieure était surmontée d’une cornicheou rebord, également en bois couvert d’or, qui empêchaitles parfums de se répandre. Comme l’autel des holocaustes, il était muni aux quatre angles de cornes demême matière. Deux anneaux d’or étaient fixés aux côtés, pour passer les bâtons d’acacia couvert d’or qui servaientà le porter. Dans les marches, le tout était recouvert

z.S

371. — Autels païens à parfums. Peinture trouvée à Rome.D’après Wiuckelmana, Monuments inédits, pi. 177.

d’une étoffe de couleur pourpre, elle-même protégée parune couverture imperméable en peau de dugong ( hébreu: tahas. Exod., xxv, 5. Voir Dugong.

Cet autel occupait le milieu du Saint, entre le chandelierà sept branches et la table des pains de proposition, tout près du voile qui fermait le Saint des saints.Il était aiftsi en face de l’arche et du propitiatoire, ce quil’a fait appeler «l’autel de l’oracle», III Reg., VI, 22; cf. Heb., ix, 4; ou encore «l’autel qui est en face du Seigneur», Lev., iv, 18, par opposition à l’autel des holocaustes, qui était «à l’entrée du tabernacle». Lev., iv, 18.

L’autel des parfums du temple de Salomon est mentionnéplusieurs fois dans les livres des Rois, III Reg., i, 20, 22; .vu, 48; IX, 25, tandis qu’il y est seulement fait allusionà l’autel des holocaustes. III Reg., ix, 25. L’auteur desParalipomènes en parle également I Par., xxviii, 18; II Par., iv, 19; xxvi, 19. Il était en bois de cèdre, III Reg., vi, 20, et non d’acacia comme celui de Moïse. Il est appeléquelquefois «autel d’or», III Reg., vii, 48, parce qu’il étaitrecouvert d’or. III Reg., vi, 20, 22; II Par., iv, 19. Il avaitles mêmes dimensions que celui du tabernacle, tandis quacelui qu’Ézéchiel contempla dans sa vision avait trois coudéesde haut, deux de long et (Septante) deux de large..Ezech., xli, 22. Il est également mentionné dans le templedeZorobabel, où il fut rétabli après qu’on l’eut retiré de lacaverne où Jérémie l’avait caché lors de la prise de Jérusalem, II Mach., ii, 5, et plus tard par Judas Machabée, après qu’Antiochus IV Épiphane l’eut brisé pour en enleverle parement d’or. I Mach., i, 23; iv, 49. Josèphe, dansl’énumération des objets précieux enlevés par Titus dutemple d’Hérode et apportés à Rome, Bell, jud., Vil, v, 5, ne dit rien de l’autel des parfums, et lorsqu’il raconte laprise de Jérusalem par Pompée et la visite de celui-ci

dans le temple, il n’en est pas explicitement question, bien que d’autres objets du culte de moindre importancesoient signalés, Ant. jud., XIV, IV, 4; Bell, jud., i, vu, 6; mais ailleurs le même auteur le désigne sûrementpar le mot (hju.iscriiptoM, que plusieurs traducteurs ont malrendu par l’expression «vase à parfums». Bell, jud., V, v, 5; cf. Ant. jud., III, viii, 2; Bell, jud., VI, viii, 3. C’estpar ce mot que l’autel des parfums est désigné dans saintPaul, Hebr., rx, 4. Josèphe, sans le décrire, le met aunombre des trois chefs-d’œuvre contenus dans le sanctuaire, qu’il déclare dignes d’une renommée universelle.Consacré à l’origine par l’onction de l’huile sainte, Exod., xxx, 25-27, cet autel servait chaque matin et chaquesoir à l’oblation du sacrifice de l’encens. Exod., xxx, 7-8.Puis chaque année, dans la grande fête de l’Expiation, Lev., xvi, 14-19; cf. Exod., xxx, 10, il était solennellementpurifié. Voir Expiation (Fête de l’). L’autel des parfumsservait encore à deux autres cérémonies expiatoires, ayantpour objet d’expier, l’une, quelques fautes spéciales commisespar le grand prêtre, Lev., iv, 2-12, l’autre, les

372. — Alltel égyptien chargé d’offrandes. Tel! el-Amarna, xviip dynastie. D’après Lepsius, D&nkmaler, Afctb. iii, pi. 96.

péchés d’ignorance du peuple. Lev., iv, 13-14. Le riteconsistait à asperger du sang des victimes pour le péchéles cornes de l’autel, après avoir aspergé sept fois le voiledu Saint des saints. La cérémonie se terminait par l’effusiondu sang au pied de l’autel des holocaustes. Lev., iv, 3-21.

V. Autels idolatriques. — Ceux dont la Sainte Écritureparle le plus souvent sont les autels que les Juifsélevèrent, pour satisfaire leur penchant à l’idolâtrie, enl’honneur des divinités étrangères. III Reg., xiv, 23; IVReg., xvii, 11; II Par., xiv, 5; xxviii, 23-25; cf. xxxiv, 4; Jer., xi, 13, etc. Mais il y est également question de ceuxque les peuples voisins érigèrent chez eux, et quelquefoismême en Palestine, après s’y être établis en vainqueurs.

i «Autels idolatriques des Hébreux. — Déjà dans ledésert du Sinaï ils élevèrent un autel au veau d’or, ensouvenir sans doute du bœuf Apis, dont les Hébreuxavaient vu les autels et les images, dans leur séjour enEgypte, Exod., xxxii, 5; cf. Aet., vii, 41 (voir Apis); puisles autels de Baal, le grand dieu des races sémitiques dunord, Chananéens, Tyriens, Syriens, pour le culte duquelles Hébreux semblent avoir eu un attrait prédominant.Déjà, du temps des Juges, ils lui dressaient des autels.Jud., vi, 25, 28, 32. Gédéon détruisit celui d’Éphra; maisils se multiplièrent sous les rois soit d’Israël, soit de Juda, excepté sous le règne de quelques princes religieux etzélés, qui les détruisirent pour un temps. III Reg., xvi, 32; ÎV Reg., x, 18-24; xi, 18; xxi, 3; xxiii, 4, 5, 8; II Par., xxm, 17; xxxiii, 3-, 15. Il faut signaler entre tous l’autelde modèle païen, syrien ou peut-être assyrien, que l’impieAchaz fit ériger dans le temple de Jérusalem, après enavoir pris le dessin à Damas. À cet autel s’attache cetteparticularité, qu’étant de type idolâtrique, et par conséquent contraire à la loi mosaïque, il fut probablementdestiné à l’oblation de sacrifices en l’honneur du vraiDieu. IV Reg., xvi, 12-15. En même temps qu’ils élevaientdes autels à Baal, les Hébreux en dressaient pour honorersa compagne inséparable, Astarthé. Jud., ii, 13; I Reg., vu, 4; HI Reg., xi, 5; II Par., xxiv, 18; Jer., xliv, 18. Hy eut probablement aussi à certaines époques, chez lesHébreux, des autels en l’honneur de Moloch, le dieu desAmmonites, et de Chamos, le dieu des Moabites, au cultedesquels les Juifs se laissèrent quelquefois entraîner. Lev., xviii, 21; xx, 2-5; III Reg., xi, 5-7, 33; Jer., xxxii, 35; Am., v, 26. Manassé érigea aussi des autels «à toute l’arméedes cieux dans les deux parvis de l’a maison du Seigneur». IV Reg., xxi, 5; cf, xvti, 16; xxiii, 4. Achaz avaitégalement dressé des autels idolatriques «dans tous lescoins de Jérusalem» et dans toutes les villes de Juda.II Par., xxviii, 24, 25; cf. xxx, 14. Vers l’époque delà captivité, les Juifs, au témoignage de Jérémie, en étaient arri373. — Autel assyrien. Musée du Louvre.

vés à avoir autant d’autels idolatriques qu’il y avait de ruesdans Jérusalem. Jer., xi, 13. Enfin par ordre d’Antiochus IVÉpiphane furent élevés dans Jérusalem et dans toutes lesvilles de Juda des autels païens sur lesquels on offrait, parmépris de la loi mosaïque, des pourceaux et des animauximpurs en sacrifices. I Mach., i, 46-50.

2° Autels idolatriques des nations étrangères. — Ceuxqui sont signalés dans l’Écriture sont d’abord ceux desChananéens, que Dieu ordonna aux Hébreux, à différentesreprises, de renverser lors de leur entrée dans la TerrePromise, Exod., xxxiv, 13; Deut., vii, 5; xii, 3; Jud., ii, 2, et particulièrement ceux que dressa Balac, roi des Moabites, sur l’ordre de Balaam, sur les hauts lieux consacrésà Baal, et qui étaient assez grands pour contenirchacun un taureau et un bélier. Num., xxii, 41; xxiii, 1-2.

3° Forme des autels païens. — Ces autels, aussi bienque ceux des autres peuples, Égyptiens, Assyriens, Grecs, Romains, étaient de forme très variable. Les monumentsde l’antiquité païenne en offrent des spécimens de formequadrangulaire, rectangulaire, polygonale, ronde, ovale.Voir des autels égyptien, fig. 372; assyrien, fig. 373; grec, fig. 374; romain, fig. 375. On peut dire qu’engénéral les autels orientaux étaient plutôt quadrangulaires, les autels grecs et latins plus souvent ronds; mais les exceptions sont nombreuses. La hauteur n’estpas moins variable. Chez les Grecs et les Latins, lesuns ne sont pas plus élevés que le genou d’un homme, d’autres dépassent sa tête. L. Agostini, Le Gemme antichefigurate, 2 in-4°, Rome, 1657-1669, t. i, pi. 142.

La distinction des grammairiens entre «petit autel», ara, et «autel élevé», altare (alta-ara), semble confirmée parl’expression de Pline le Jeune: Inter aras et altaria, Pline, Pcmeg., i, 5. Souvent ces autels portaient le nomde la divinité à laquelle ils étaient consacrés. C’est ce quesuppose l’inscription de l’autel d’Athènes dont saint Paultire l’exorde de son discours à l’Aréopage. Act., xvii, 22-23. Voir Athènes, col. 1213. On y représentait souventdes festons de feuillage et de fleurs (fig. 376), et surquelques-uns, comme celui du temple de Samas, àSippara, on entretenait un feu perpétuel. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. v, p. 306. Plusieursavaient à leurs angles supérieurs des proéminencesanalogues aux cornes prescrites pour les deux autels dutabernacle mosaïque (fig. 377). Ces autels étaient placésdans l’intérieur des temples, ou en dehors, comme était

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374. — Autel grec. Vase antique.

D’après Gerhard, Auserles. Vasenbilder, pi. 155.

l’autel des holocaustes à Jérusalem, ou encore dans lesrues, comme cet autel des Lares Viales retrouvé dans lesruines de Pompéi, adossé au mur extérieur d’une maison.Voir Rich., Dictionnaire des antiquités romaines etgrecques, p.45; c{. Plaute, Aul., i, l, 20; Most., V, i, 45; quelquefois à la porle des villes. Act., xiv, 12. Quand ilsétaient à l’intérieur des maisons, ils se trouvaient ordinairementdans l’atrium et étaient consacrés aux dieuxpénates.

VI. Autel chrétien. — Il est appelé par saint Paulft’jutauTïipiov, altare, Heb., xiii, 10, et TpàrceÇa Kupi’ou, mensa Domini, I Cor., x, 21, expressions qui désignentsoit le sacrifice offert sur l’autel de la loi nouvelle, soitla table de la dernière cène, sur laquelle ce Bacrifice futinstitué et célébré pour la première fois. La seconde deces dénominations tomba de bonne heure.en désuétude, tandis que la première, traduite chez les Pères latins paraltare, demeura presque exclusivement reçue, Cf. S.Ignace, Epist. ad Ephes., t. v, col. 736; Origéne, Homil-, x, in Num., t. xii, col. 638; S. Irénée, Adv.Hseres., iv, 18, t. vii, col. 1029; S. Cyprien, Ep. xl, t. iv, col. 336. Les Pères latins se servent aussi du mot ara.

L’autel sur lequel fut célébré pour la première foisle sacrifice eucharistique fut la table de pierre, ou plusprobablement de bois, du Cénacle, où Jésus-Christ fit ladernière Cène avec ses Apôtres. À son exemple, les premiers chrétiens se servirent d’abord de tables de bois, surlesquelles se faisaient en même temps les agapes. Act., il, 46; xx, 11; Cor., xi, 20-34. Lorsque celles-ci furentséparées du sacrifice proprement dit, les autels changèrentdéforme tout en conservant leur matière primitive. L’autelconservé à Rome dans la basilique de Saibt-Jean-deLatran, et sur lequel, d’après la tradition, saint Pierreoffrait le saint sacrifice, est une table de bois en formede coffre. Rasponi, De basilica lateran., Rome, 1656; Ciampini, De sacris sedificiis a Constantino niagnoconstructis, Rome, 1693, p. 15. Avec le temps, soit sous saintSylvestre I 8r, soit un peu plus tard, on commença à substitueraux autels de bois des autels de pierre qui fournissaient, avec une plus grande solidité, un symbole plusfrappant de Jésus, la pierre fondamentale et vivifiante del’Église. I Cor., x, 4. Saint Grégoire de Nysse, Orat. de

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375. — Autel du temple de Vespasien de Pompéi.

baptism. Christi, t. xlvi, col. 582, et saint Jean Chrysostome, Boni, xx in II Epist. ad Cor., t. lxi, col. 539-540, parlent d’autels de pierre pour le saint sacrifice. DepuisConstantin, on voit aussi les chrétiens élever des au telsd’argent et d’or, ou du moins incrustés d’or, d’argent etde pierres précieuses. AnastaseBiblioth., Hist. devitisRom. pont., Patr. lat., t. cxxvii, col. 1519-1520, 1523-1524; Sozomène, H. E., ix, 1, t. lxvii, col. 1596.Cependant les autels de bois ne disparurent pas complètement(S. Optât de Milève, 1. VI, t. xi, col. 1064, 1065, etc.; S. Augustin, Ad Bonifac, Ep. clxxxv, t. xxxiii, col. 805; cf. Martène, Deantiq. rit., i, iii, 6, n. 5, Rouen, 1700, t. i, p. 301), jusqu’à ce que la législation ecclésiastiqueen vînt à déterminer la pierre comme la matièreobligatoire de l’autel. Concile d’Épaone, 517, can. 33.De plus, les chrétiens, qui pendant la période despersécutions avaient pris l’habitude d’offrir le saint sacrificesur les tombeaux des martyrs ensevelis aux catacombes, continuèrent après Constantin à élever de préférenceleurs autels là où reposaient les corps des saints, ou du moins à y renfermer des reliques. S. Ambroise, Epist. XXII ad Marcellin. soror., t. xvi, col. 1023; S.Jérôme, Cont. Vigilant., t. xxiii, col. 346 -347; S. Augustin, Cont. Faust., xx, 21, t. xlii, col. 384; Prudence, Peristephan., flymn. iii, 212, t. xl, col. 356; Hymn. v, 515 etsq., col. 407. De là vint qu’on donna souvent aux autels

chrétiens la formed’un sépulcre. On en construisit aussi, et dès le Ve siècle, dans lesquels la table de l’autel reposasur des colonnes en nombre plus ou moins grand, quelquefoissurune seule. C. Kozma de Papi, Liturgica sacra, I, 13, 2e édit., in-8°, Ratisbonne, 1863, p. 28-31.

VII. Autel de l’Apocalypse. — li faut enfin signalerl’autel céleste qui fut montré à saint Jean dans ses visionsà Patmos, Apoc, vi, 9; viii, 3-5; ix, 13; xiv, 18; xvi, 7, et qui pour la forme et l’usage se rapproche de l’auteldes parfums de l’Ancien Testament, Comme celui-ci ilétait «en or» et placé «devant les yeux de Dieu», avecquatre cornes aux quatre angles. Apoc., viii, 3; ix, 13.Sur le feu qui y brûlait, un ange, remplissait une sorted’office sacerdotal, Lev., xvi, 12-13, répandait des parfums, qui représentaient les prières des saints. Apoc, vm, 3. Il est fait allusion à ce passage dans les prièresde la liturgie latine de la messe, lorque le prêtre deParmi ses nombreux ouvrages, on remarque: Veberdas Buch Hiob, Tubingue, 1823; Veber den Vrsprungder Beschneidung bei wilden vnd halbwilden Vôikemmit Beziehung auf die Beschneidung der Isræliten, Tubingue, 1829. — Voir K. Klupfel, Geschichte undBeschreibung der UniversitàtTûbingen, m-8°, Tabingue, 1849, p. 254; Guilt, dans Biograpkisches Lexicon derAerzte, t. i, Vienne et Leipzig, 1884, p. 231-233.

    1. AUTOMNE##

AUTOMNE, l’une des quatre saisons de l’année chezles Grecs et les Latins, celle de la récolte des fruits. Ladivision des quatre saisons était inconnue aux anciensHébreux (voir Saisons). II n’est donc parlé de l’automneque dans le Nouveau Testament, dans PÉpître de saintJude, qui, écrivant en grec, fait allusion à une saisonbien connue de ses lecteurs. Il compare, jt. 12, les hérétiques, qui ne produisent rien de bon, aux «arbres d’au376. — Autel orné de fleurs.

Peinture du temple d’Isis à Pompéi. Musée de Naples.

mande à Dieu que «par les mains de son saint ange lesoffrandes soient présentées sur l’autel céleste, en présencede la divine majesté.» Au-dessous ou au pied del’autel apocalyptique, l’apôtre vit les âmes de ceux quiavaient été tués «pour la parole de Dieu», allusion probableà l’effusion du sang des victimes au pied de l’autel, dans l’ancienne loi. Krementz, Die Offenbarung desh. Johannes, Fribourg-en-Brisgau, 1883, p. 78, 90, 100.VoirK. Ch. W. Bahr, SymbolikdermosaischenCultus, t. i, p. 419 et suiv.; Cramer, De ara exteriore templisecundi, Lyon, 1697; Cremer, Antiq. sacr., t. t, p. 297et sq.; Hamm, De ara suffitûs, 1715; Kitto, The Tabernacleand ils furniture, Londres, 1849; Lamy, De tabernaculo, de sancta civitate et templo, Paris, 1720, p. 439et suiv.; Lempereur, Mischria, Middêth, Leyde, 1630; Lightfoot, Descriptio templi hierosolymitani, dans sesŒuvres complètes, 1. 1, p. 549; Van Til, Commentar. deTabernaculomosaïco, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatumsacrarum, t. vm. P. Renard,

    1. AUTENRIETH##

AUTENRIETH (Johannes Hermann Ferdinand von), médecin allemand, né à Stuttgart le 20 novembre 1772, mort à Tubingue, le 2 mai 1835. Après avoir voyagé enItalie et dans l’Amérique du Nord, il s’établit à Stuttgartpour y exercer la médecine. En 1797, il fut nommé professeurd’anatomie, de physiologie et dechirurgie à l’universitéde Tubingue, dont il devint chancelier en 1822.

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377. — Autel à cornes.

Peinture du temple d’Isis à Pompéi. Musée de Naples.

tomne», êsvêoa çOivonupuMâ, parce que les arbres n’ontalors plus de fruits et perdent même leurs feuilles. —Quoiqu’il n’y ait dans l’Ancien Testament aucun mot quidésigne l’automne, saint Jérôme a employé deux fois cetteexpression dans la traduction des prophètes, Is., xxviii, 4, et Mich., vil, 1, pour rendre l’hébreu qaîs, qui signifieproprement «le temps de la chaleur, l’époque où l’onmoissonne et où l’on cueille des figues.» Le traducteurde la Vulgate s’est servi du mot «automne» dans cesdeux passages, parce qu’il y est question de la récolte desfruits. F. Vigouroux.

    1. AUTPERT Ambroise##

AUTPERT Ambroise, appelé aussi Ausbert et Antbert, commentateur bénédictin du vme siècle, «le plus illustreécrivain qu’ait produit la France en ce siècle d’ignorance,» dit l’Histoire littéraire de la France, t. iv, 1738, p. 141.Né en Gaule dans les premières années du VIIIe siècle, etinstruit dans les lettres divines à l’exclusion des lettresprofanes, il passa en Italie avec les personnagesde la courde Pépin qui, sur l’ordre de ce roi, accompagnèrent en754 le pape Etienne IL à Rome. Quelque temps après, envisitant le monastère de SaintVincent, situé sur la rivièrede Voltorne, près de Bénévent, il fut si édifié de la saintetédes moines, qu’il s’y fit lui-même religieux. Plus tard, en 776, il en fut élu abbé par une parlie de la communauté, tandis que l’autre partie élut un religieuxiiominéPoton. Le pape Adrien I er manda à Rome les deux élus,

et Autpert mourut en s’y rendant, le 19 juillet 778. Sonœuvre la plus considérable est son Expositio in Apocalypsim{ Migne, Patr. lai., dans les Œuvres de saintAugustin, t. xxxv, col. 2417-2452). Presque tout y estexpliqué dans un sens moral. Deux de ses homélies surles Évangiles sont dans Migne, Pair, lat., t. lxxxix, col. 1291-1320.

    1. AUTROCHE##

AUTROCHE (Claude Deloynes d’), littérateur, néà Orléans le 1 er janvier 1744, mort dans la même villele 17 novembre 1823. Il s’est adonné surtout à la traductiondes classiques en vers français ( Horace, Virgile, Milton, Le Tasse). Ses ouvrages, publiés sous le voile del’anonyme, sont de médiocre valeur. On a également delui une Traduction nouvelle des Psaumes de Daviden vers français, avec le latin de la Vulgate en regard, suivie de celle des cantiques adoptés par l’Église dansses offices de la semaine, par M. d’A***, in-8°, Paris, 1820. En tête de cet ouvrage se trouve un discours préliminairesur le caractère de la poésie de David, où ilsoutient que le roi-prophète est l’auteur de tous lespsaumes. La traduction est faite sur là Vulgate: c’estune paraphrase sans valeur exégétique. — Voir Leshommes illustres de l’Orléanais, 2 in-8°, Orléans, 1852, t. i, p. 255. E. Levesque.

AUTRUCHE. Hébreu: renânîm, pluriel qui vient derânan, «faire un bruit strident,» et yâ’ên ou bat hayya-’ànàh, «fille de l’autruche,» hébraïsme pour désigner

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378. — L’autruche.

l’animal lui-même. On n’est pas d’accord sur I’étymologiede yâ’ên. Gesenius tire ce mot d’un radical inusité yâ’an, qui, - d’après le syriaque, signifierait «être vorace». Fr. Delitzsch, Dos Buch Job, in-8°, Leipzig, 1864, p. 476, traduitbat hayya’ânâh, d’après l’arabe, par «habitant dudésert». Robertson et beaucoup d’hébraïsants font dériver lemot yâ’ên de yâ’an ==’ànâh, «pousser des cris plaintifs.» Les deux noms de l’autruche auraient ainsi une significationanalogue. Aussi les Septante ont-ils traduit plusieursfois yâ’ên par <retpijv, «sirène,» et quelquescommentateurs par ulula, «chat-huant.» Ces deuxtraductions, bien que fautives, indiquent qu’on croyait queles noms de l’autruche lui venaient de son cri. Ailleurs les

Septante traduisent par «rtpovflôç, <rtpoj9îov; Vulgate: struthio, «autruche.»

L’autruche est un oiseau qui appartient à l’ordre deséchassiers. Elle est montée sur des pattes hautes et robustes, avec des pieds relativement petit*, merveilleusem*ntconformés pour la course (fig. 378). Les ailes sontrudimentaires et impropres au vol. La taille atteint plusde deux mètres, et le poids dépasse quarante kilogrammes.L’autruche est donc un oiseau coureur. Elle défie lesmeilleurs coursiers, et n’est atteinte que quand elle estexténuée de fatigue, après huit ou dix heures de poursuite.Elle est herbivore, mais d’une voracité telle, qu’elleavale avec ses aliments tous les objets qui se rencontrent.Cette voracité s’explique par la grande dépense de forceet de chaleur qu’elle fait dans ses courses. Elle habite lesdéserts de l’Afrique et de l’Asie occidentale; on en trouveencore au sud-est de la Palestine. L’autruche pond desœufs qui pèsent plus d’un kilogramme; elle les déposedans le sable chaud et ne les couve que la nuit ou pendantla saison froide. On la chasse surtout pour avoir sesplumes, qui sont d’un grand prix, ou pour domestiquer

379. — Autruche prise à la chasse. Plumes et œufs. Thébes.D’après Wilklnson, .2e édit., 1. 1, p. 283.

l’animal lui-même et s’en servir comme de monture. Undessin égyptien représente un chasseur tenant d’une mainle cou de l’oiseau, et de l’autre une corde qui l’attache; un autre chasseur tient en main des plumes et une corbeillecontenant de gros œufs (fig. 379). Les Assyriensl’ont aussi représentée sur leurs monuments (fig. 380).

Il y a eu de tout temps des struthiophages. Diodorede Sicile, iii, 27, édit. Didot, t. i, p. 144; Strabon, xvi, 11, édit. Didot, p. 657. Aujourd’hui encore beaucoupd’Arabes mangent la chair de l’autruche, tandis qued’autres se contentent des œufs ou de la graisse. Il étaitdéfendu aux Hébreux de s’en nourrir, et c’était poureux un animal impur. Lev., xr, 16; Deut., xiv, 15. Ladéfense d’en manger leur rappelait la nécessité de renonceraux habitudes de la vie nomade, et l’horreur de toutecruauté; car on ne peut habituellement surprendre etfrapper l’autruche que quand elle couve ses œufs. Ledésert est son séjour préféré, et souvent elle court dans lessolitudes arides, comme le chameau, d’où le nom destrutliiocamelus, que lui donnaient les anciens. C’estpourquoi les prophètes prennent l’autruche comme lesigne de la désolation qui règne dans les lieux mauditsde Dieu. Is., xiii, 21; xxxiv, 13; xlhi, 20; Jer., l, 39.

L’auteur du livre de Job parle deux fois de l’autruche.Dans un premier passage, xxx, 29, imité par Michée, i, 8, il compare les cris de sa propre douleur à ceux del’autruche dans le désert. La comparaison est très expressive. «Quand les autruches se préparent à la course ouau combat, écrit le voyageur Shaw, Travels in Barbary, t. ii, p. 348, elles font sortir de leur grand cou tendu etde leur bec béant un bruit sauvage et terrible, semblableà un sifflement. D’autres fois, en face d’un adversaire plusfaible, elles ont une voix qui imite le gloussem*nt des volaillesdomestiques; elles semblent déjà se réjouir et se

moquer de la frayeur de leur ennemi. Dans le silencede la nuit, leur organe vocal paraît avoir un timbre toutdifférent. Elles font entendre alors un grondement plaintifet horrible, qui ressemble parfois au rugissem*nt du lion, et plus souvent rappelle la voix enrouée d’autres quadrupèdes, principalement du taureau et du bœut. Je les aientendues souvent gémir, comme si elles avaient été enproie aux plus affreuses tortures.» L’autre passage est un portrait poétique de l’animal:

L’aile de l’autruche s’ébat joyeuse,

Mais est-ce l’aile, est-ce la plume de la cigogne?

Elle abandonne ses œufs dans la terre,

Elle les chauffe dans la poussière.

Elle ne pense pas que le pied peut les fouler,

Et que la bête sauvage peut les écraser.

Dure pour ses petit* comme pour des étrangers,

Elle n’a pas souci d’avoir travaillé en vain;

Car Dieu l’a privée de sagesse,

Et ne lui a point départi d’intelligence.

Mais, quand il en est temps, elle prend un fier essor,

Et se rit du cheval et de son cavalier. Job, xxxix, 13-18.

se contentent de déposer leurs œufs sur un amas de sablequ’elles ont formé grossièrement avec leurs pieds, et oùla seule chaleur du soleil les fait éclore. À peine lescouvent-elles pendant la nuit, et cela même n’est pastoujours nécessaire, puisqu’on en a vu éclore qui n’avaientpoint été couvés par la mère, ni même exposésaux rayons du soleil.» Buffon, Œuvres, 27 in-8°, Paris, 1829, t. xix, p. 340-341. L’autruche passe pour stupide.Son cerveau est, en effet, de très petit volume; elle secroit bien cachée quand sa tête est à l’abri dans un buisson, et elle se laisse facilement prendre au piège. Maiscomme la puissance du Créateur éclate dans l’agilitémerveilleuse dont il a doué le gracieux coureur! C’està ce titre que l’auteur de Job l’a si complaisammentdécrite. — Voir E. d’Alton, Die Skelete der straussartigtenVôgel abgebildet und beschrieben, in-f», Bonn, 1827; M. Th. vonHeuglin, Ornithologie Nordosl-Afrika’s, in-8°, Cassel, 1869-1875; J. de Mosenthal et E. Harting, Ostriches and Oslrich Farming, in-8°, Londres, 1876; Frd. Gilbert (Y. Rambaud), L’élevage des autruches, ’ « « «< « « «( « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «<<

u

380. — Autruches brodées sur les vêtements d’un eunuque assyrien. Palais nord-ouest de Nimrond.D’après Layard, Monuments of Xineveh, t. i, pi. 47.

L’aile de l’autruche ne peut, en effet, que s’ébattre ettressaillir, sans aider l’animal à s’élever dans les airs commela cigogne, et c’est à peine si, quand l’oiseau marche, onsent qu’il a des ailes. L’auteur fait allusion à une autredifférence notable entre les deux oiseaux. La cigogne estappelée hâsîdâh, «la pieuse,» à cause de sa tendressematernelle. Les Arabes disent au contraire de l’autruchequ’elle est impie, parce qu’elle abandonne ses petit*, etJérémie accuse Israël d’être i cruel comme l’autruchedu désert». Lament., iv, 3. Bien entendu, l’un et l’autreoiseau ne fait qu’obéir à l’instinct que lui a donné la Providence.L’insouciance de l’autruche est même «un donprécieux dont la sagesse du Créateur l’a gratifiée, pourlui rendre plus facile la vie périlleuse et sauvage du désert.Si l’autruche était prévoyante et tendre, quelle ne seraitpas sa douleur lorsqu’elle est forcée d’abandonner ses petit*pour échapper au chasseur, contre lequel elle n’a d’autresarmes que son cri perçant et sa course rapide comme levol!» Herder, Poésie des Hébreux, Ve dial., traduct. Carlowitz, in-8°, Paris, 1854, p. 93. D’ailleurs les œufs del’oiseau n’ont pas plus à souffrir de l’abandon et du pillageque ceux des autres. «Dans la zone torride, les autruchesin-8°, Paris, 1882; Ostrich farming Reports from theConsuls of the United States, in-8°, Washington, 1882; Brehm, Vie des animaux, trad. de Z. Gerbe, t. iv, p. 449; E. Hobul. et A. von Pelzeln, Beitràge zur OrnithologieSûd-Afrika’s, in-8°, Vienne, 1881.

H. Lesêtre.

AUXILIAIRES. Sous la république, on appelait ainsiles soldats étrangers qui, attachés aux légions, ou formésen corps séparés, étaient obligés de servir les.Romains comme prix de la protection qui était accordéeâ leur. patrie d’origine. Sous l’empire le nom d’auxilia.s’appliquait à tous les corps autres que la légion, qu’ils>fussent composés de citoyens ou d’étrangers, exceptétoutefois à la garde impériale et aux troupes urbaines.Voir Armée romaine, col. 996, 997. Parmi ces auxiliaires, les uns servaient dans la cavalerie, les autres, dans l’infanterie. Ils se distinguaient des soldats romainsproprement dits par leur costume et par leursarmes, qui étaient très souvent celles de leur pays d’origine.Tacite, Hist., ii, 89. Même entre les auxiliairesarmés à la romaine et les cava^ers légionnaires il yavait en général une différence 4, ’armehient et de cos

4283

AUXILIAIRES — AVA

4284

tume. Tandis que le cavalier légionnaire romain (voirCavalier romain) porte une cuirasse couverte de plaquesde métal, l’auxiliaire (fig. 381) a presque toujours unecuirasse simple; il est armé d’un bouclier rond moinsvolumineux, d’une lance plus courte; on lui demandeplus de vitesse pour la poursuite. On trouve cependantsur certains monuments des cavaliers auxiliaires vêtusd’une cuirasse formée de plaques de métal et portant legrand bouclier carré (Bas-relief de Cherche! ! . Saglio,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
381. — Cavalier auxiliaire de l’armée romaine.

Pierre tumulaire du musée de Worms. Inscription: AboiotaidsSmebtulitani p[iïi «s] HAMNIS BQuLes] ALAB…

Diction, des antiquités grecques et romaines, fig. 2741).Les cavaliers dont il est parlé Act., xxiii, 23, étaient desauxiliaires.

Le fantassin auxiliaire était aussi moins armé quele légionnaire-romain. Voir Légionnaire. Au lieu d’unecuirasse en cuir descendant jusqu’au milieu des cuisses, d’un casque qui enveloppe presque toute la tête, du grandbouclier, de la longue lance (le pilum), de la caliga, sorte de brodequin à semelle garnie de clous, l’auxiliaire, tel qu’Hypéranor (fig. 382), faisant partie d’une cohorted’archers, comme il y en avait en Palestine du temps deNotre-Seigneur et des Apôtres, cf. Matth., viii, 9; xxvii, 27, etc.; Act., xxi, 32, etc., ne porte ni casque ni cuirasse, mais un vêtement court qui laisse toute liberté aux jambeset aux bras; ses brodequins sont plus légers que la chaussuredu légionnaire. Il tient dans les mains un arc etune flèche. Les fantassins auxiliaires étaient du reste, comme les cavaliers, différemment armés, selon les payset les circonstances, et selon le corps dont ils faisaientpartie. Même les corps armés à la romaine se distinguaienttoujours des légionnaires par un casque et unbouclier de forme particulière, et par la spatha (épéelongue) et la hasta, au lieu du gladius et du pilumréservés aux Romains. Ils jouaient le rôle attribué auxvélites dans la légion avant les réformes de Marius. Lescorps auxiliaires d’infanterie s’appelaient cohortes etétaient composés, les uns de six, les autres de dix centuries(quinænarise, milliariœ). Parfois aux fantassinsétaient adjoints quelques cavaliers; les cohortes s’appelaientdans ce cas equitatx. Les corps auxiliaires decavalerie s’appelaient alœ. Les corps auxiliaires étaientcommandés par des préfets et quelquefois par des tribuns.Voir Harster, Die Nationen in den Heeren derKaiser, in-8°, Spire, 1873; L. Lindenschmit, Tracht undBewaffnung des rômi&chen lleeres wâhrend der Kavserzeit, in-4°, Brunswick, 1882; Hassencamp et Shuenemann, De cohortibus romanis auxiliaribus, 2 in-8; , Goettingue et Halle, 1869-1883; Mommsen et Marquardt,

382. — Fantassin auxiliaire de l’armée romaine, Pierre tumulaire du musée de Kreuznach. L’Inscription porte: Hypeeanok Hyperanoris ï[ilitis], cnETicfws] IjOPPA MiL[es]OHOtftorHs] T SAGllltariorum] A.asLorum} lx Stip lendiorum’}xviii h[*c] sLituel e[» «].

Manuel des antiquités romaines, trad. française, t. xi, p. 191 et suiv. F. Vigouroux.

AVA, AVAH (hébreu: ’Awâ’, IV Reg., xvii, 24; ’Ivvâh, IV Reg., xviii, 34; Is., xxxvii, 13; peut-être aussi’Ahâvâ’j I Esdr., viii, 15 et 21 (Vulgate: Ahava); Septante: ’A’ca et’Aêà), ville conquise par les Assyriens etmentionnée comme telle à côté de Sépharvaïm et d’Ana, dans la proclamation du Rabsacès aux envoyés d’Éiéchiaset aux habitants de Jérusalem. IV Reg., xviii, 34; xix, 13; Is., xxxvii, 13. Les habitants d’Ava sont nommés *Avvîmdans l’hébreu, Eùaîos dans les Septante, Hevsei dans laVulgate, II (IV) Reg., xvii, 31; mais ils n’ont de communque le nom avec les tribus des environs de Gaza quesubjuguèrent les Philistins. Deut., ii, 23. Transplantés enSamarie par les Assyriens, les Hévéens y introduisirent leculte de leurs idoles Tharthac et Nébahaz. IV Reg., xvii, 24-31. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 163 et 165, la place dans le voisinage de Babylone, tout en ajoutant que sa situation exacte est encoreinconnue: c’est aussi l’opinion de Schrader, dans Riehm, Handwôrterbuch des bibl Altertums, 1. 1, p. 125. Aux endroitsallégués, la Bible mentionne, en effet, deux groupesde villes: l’un placé en Syrie, Émath et Arphad; l’autrecomposé de Sépharvaïm, Ana et Ava; or la première desvilles Je ce second groupe étant certainement située enBabylonie^ Is., xxxvii, 13, il est croyable que les deux

autres étaient dans le voisinage. Dom Calmet laisse incertainsi Ava cache un nom de ville ou un nom d’idole, Commentarius litteralis, sur IV Reg., xviii, 34, Wurzbourg, 1791, t. iv, p. 436; mais outre que les Sépharvaïtesn’eurent point d’idole de ce nom, la comparaisonavec IV Reg., xvii, 31, où les Hévéens sont les habitantsd’Ava, marque bien qu’il s’agit d’une localité. G. Rawlinson, dans Smith’s Dictionary of the Bible, t. i, p. 906, et dans The five great monarchies, 1. 1, p. 21, incline àretrouver l’A va biblique dans la localité actuelle de Hit, sur la rive droite de l’Euphrate, Vlhih talmudique, 4°AefeoXi{ ou l’"Iç des Grecs, célèbre par ses puits de bitume; suivant Hérodote, i, 179, c’est de Hit que provenaitle bitume qui servit à cimenter les murs de Rabylone.Cette hypothèse a l’avantage de rapprocher les deux sitesprésumés d’Ana et d’Ava, mentionnées côte à côte dansla Bible; mais on n’a encore découvert aucun texte cunéiformepour la confirmer, et de plus il y a bien quelquedifficulté orthographique à ramener à une origine communeles formes Ava, ’Avvâ’, ’Ivvâh, ’Ahâvâ’et Hit.Sur Hit, voir en outre Isidore de Charax, MansionesParthicx, dans Mûller, Geographi grxci minores, édit.Didot, t. i, p. 249, avec la carte; ibid., Tabulée in geogr.grxc. min., pars prima; Elisée Reclus, Nouvelle géographieuniverselle, t. ix, p. 398, 450, 460.

E. Pannier.

    1. AVANCIN Nicolas##

AVANCIN Nicolas, jésuite allemand, né dans le diocèsede Trente (Tyrol) en 1612, mort le 6 décembre 1686.Il entra chez les Jésuites à Gratz, en 1627, et y enseignala rhétorique, la morale et la philosophie; il occupa dansla suite d’importantes fonctions dans sa compagnie. Ona de lui, entre autres ouvrages: Vita et doctrina JesuChristi ex quatuor Evangelistis collecta et in piarumcomnientalionum materiam ad singulos totius anni diesdistributa, in-12, Vienne, 1667 et 1674; Paris, 1695, 1850, etc.; ouvrage très répandu et fort goûté des âmes pieuses.Il a été traduit dans un grand nombre de langues, et enparticulier en français par le P. Desruelles, Paris, 1672 et 1713; par l’abbé de Saint-Pard, 2 in-12, Paris, 1775; par l’abbé Marguet, 2 in-12, Paris, 1837; par l’abbéMorel, 2 in-12, Paris, 1854, etc. Avancin fut aussi célèbreen son temps comme latiniste, et il composa un grandnombre de poèmes, parmi lesquels on peut signaler lePsalterium lyricum seu paraphrasis primée quinquagëftsePsalmorùm Davidis ad Horatii modos cantata, in-12, Vienne, 1693 (œuvre posthume). — Voir Allgemeinedeutsche Biographie, t. i, p. 698; C. G. Jôcher, Gelehrten-Lexicon, 1. 1, 1750, p. 614; de Backer et Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. i, 1890, col. 668-681.

    1. AVARICE##

AVARICE, amour déréglé des biens terrestres. Il n’ya, en hébreu, aucun mot spécial pour désigner ce vice.Le grec wXeoveÇc’ot des Septante et le latin avaritia dela Vulgate, traduisent ordinairement l’hébreu bêsa’, dontla signification propre est «rapine, gain inique, illicite»; mais l’idée d’avarice ressort du contexte, dans un grandnombre de passages où les écrivains sacrés ont employéle mot bêsa’. Les écrivains du Nouveau Testament seservent du mot tvXeoveSîii, Marc, vii, 22; Luc, xii, 15; Rom., i, 29; Eph., iv, 19; v, 3; Col., iii, 5; I Thess., ii, 5; II Petr., ii, 3, 14, etdumot<piXipfupîa, ITim., vi, 10, pourexprimer l’avarice; l’avare est appelé cpiXâpyupoi; , Luc, xvi, 14; II Tim., iii, .2; 71Xsovéxt» iç, I Cor., v, 10, H; vl, 10; Eph., v, 5, et aicrçpoxepSrîç, «avide d’un gainhonteux,» I Tim., iii, 3, 8; Tit, i, 7 (l’adverbe «îo-^poxepSûçest employé I Petr., v, 2; cf. Tit, i, 11). Celui quin’est pas avare est nommé par saint Paul içtXâpyupo^.I Tim., iii, 3; Heb., xiii, 5. Ce dernier mot ne se lit dansaucun écrivain grec profane.

L’Ancien Testament réprouve et condamne l’avarice.Exod., xviii, 21; Job, xxxi, 24-25; Ps. cxviii (hébreu, cxix), 36; Prov., i, 19; xi, 28; xii, 27; xv, 27; xxviii, 16;

xxix, 4; Eccli., vii, 20 (Vulgate); x, 9 (Vulgate; la Polyglotted’Alcala porte: cptXâpfupoç); XIV, 9 (grec, nzovéy.rr l ç); Is., v, 8; xxxiii, 15; lvi, 11; lvii, 17; Jer., vi, 13; viii, 10; xxii, 17; Ezech., xxii, 12-13, 27; xxxiii, 31; Hab., ii, 9; cf. II Mach., iv, 50. — Achan, Jos., vii, 21-26; les fils deSamuel, I Reg., viii, 3; Nabal, mari d’Abigaïl, I Reg., xxv, 3-39; Giézi, serviteur d’Elisée, IV Reg., v, 20-27; comme du temps des Apôtres Ananie et Saphire, Act., v, 1 - 11, sont punis de diverses manières à cause de leuravarice. La trahison de Judas, qui livra son Maître parcupidité, est un des exemples les plus terribles des crimesque peut faire commettre l’amour déréglé de l’argent.Matth., xxvi, 15; Marc, xiv, 10-11; Luc, xxii, 3-5; cf. Joa., xii, 4-6. — Notre-Seigneur range l’avarice parmi les vicesproduits par la malice du cœur, Marc, vii, 22; il recommandeà ses disciples de l’éviter, Luc., xii, 15; cf. vi, 24; Jac, v, 1-6, parce qu’il n’est pas possible de servir à lafois Dieu et l’argent, Matth., vi, 24; Luc, xvi, 13; cetenseignement déplaît aux Pharisiens, qui sont avares, Luc, xvi, 14; mais le Seigneur leur annonce le châtimentqui les attend. Luc, xvi, 15. Les Actes, xxiv, 26, stigmatisentl’avarice du gouverneur Félix. Saint Paul s’élèvesouvent contre cette espèce de péché. Rom., i, 29; I Cor., v, 10-11; vi, 10; Eph., iv, 19; v, 9; Col., iii, 5; I Tim., vi, 10; II Tim., iii, 2; Heb., xiii, 5. L’Apôtre, qui a prisgrand soin de fuir l’avarice, I Thess., ii, 5, en a une tellehorreur, qu’il l’appelle «la racine de tous les maux», I Tim., vi, 10, et qu’il la compare à l’idolâtrie, car l’ai*gent est l’idole de l’avare, Eph., v, 5; et il recommandespécialement au clergé de l’éviter. I Tim., iii, 3; Tit, I, 7; cf. I Petr., v, 2. Saint Pierre la donne comme undes traits distinctifs des hérétiques. II Petr., ii, 3, 14.

F. VlGOUHOUX.

    1. AVÉDIKIAN Gabriel##

AVÉDIKIAN Gabriel, religieux mékithariste de Venise, né à Constantinople en 1751, mort en 1827. Detous les ouvrages qu’il a composés, celui qui fait leplus d’honneur à sa vaste érudition est sans contredit sonCommentaire sur les quatorze ÉpUres de saint Paul

(JB k b$’t"-Pb’^' d’I^ PlP"3 h ^""-î""/’)' en arm énienlittéraire, publié à Venise, au couvent de Saint-Lazare, 3 in-4°, 1806-1812. Cet ouvrage, écrit avec beaucoup detalent, dénote chez l’auteur une profonde connaissancede la théologie et des Pères; il suit fidèlement les tracesdes docteurs de l’Église, en ajoutant souvent les témoignagesdes anciens auteurs arméniens. Des pensées forteset élevées, des éclaircissem*nts touchants et pleins depiété, en sont le trait caractéristique; les questions lesplus ardues et les plus épineuses lui sont familières: il lesexamine et les élucide avec soin. Au point de vue littéraire, le style est simple et clair, dégagé de tout ornementsuperflu, plein de sens et de force. J. Miskgian.

AVEN, mot hébreu Çàvén, «vanité» ou «rien» ), appliqué, dans la Bible, au culte idolâtrique, et, par suite, aux idoles elles-mêmes, comme I Reg., xv, 23; Is., lxvi, 3.On se demande s’il n’indique pas un nom propre dans lespassages suivants:

1° Biq’at-’Âvén, Septante: itsSîov’Ûv; Vulgate: campusidoli. Amos, I, 5. Voici comment s’exprime le prophète, annonçant les châtiments que Dieu infligera auxSyriens de Damas, en punition des rudes traitementsqu’ils ont fait subir aux tribus transjordaniennes, IV Reg., x, 32, 33:

?. 4. Je mettrai le feu à la maison d’Azaël,

Et il dévorera les palais de Bénadad.ꝟ. 5. Je briserai les verrous de Damas,

J’exterminerai l’habitant de la plaine de l’idole ( Biq’at-’Avén),

Et celui qui tient le sceptre de la maison de délices ( BU-’Êdén).

On peut voir ici, avec la Vulgate, un nom commun, ettel sera le sens général des versets: Je détruirai par le

feu ces palais que plusieurs rois se sont appliqués à bâtiravec tant de magnificence; les portes de Damas briséess’ouvriront à l’ennemi; hommes du peuple et princes, habitants des vallées livrées au culte des idoles, et seigneursaux maisons de délices, seront exterminés ouenvoyés en exil. Saint Jérôme, dans son Commentairesur Amos, t. xxv, col. 995, nous dit à propos des anciennesversions: «Pour le «champ de l’idole», hébreu: ’Âvén, les Septante et Théodotion ont traduit par y Q; Symmaque et la cinquième version par «iniquité»; Aquila par àvwçeioûç, «inutile,» pour montrer combienserait inutile le secours des idoles lorsque le peuple deDamas serait pris par les Assyriens.» Ajoutons, pourcompléter ces renseignements de critique textuelle, quele chaldéen et le syriaque portent, comme le grec, unnom propre.

La plupart des exégètes modernes expliquent Biq’af-’Avénpar un nom de lieu. Nous rattachons leurs opinionsaux deux catégories suivantes. Les uns cherchent cetendroit dans les environs de Damas. J. D. Michælis, dans ses notes sur Amos, 1, 5, prétend avoir appris d’unancien habitant de cette ville, qu’aux environs se trouvaitune vallée fertile, appelée Un, et qu’un proverbe en rappelaitles charmes. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 52. Lemalheur est que ce témoignage n’a pas été confirmé pardes voyageurs qui ont pourtant bien exploré le pays. PourKeil, Biblischer Commentar ïiber die zwôlf kleinen Propheten, Leipzig, 1888, p. 175, Biq’at- Âvén et Bêt-’Édénsont peut-être des résidences royales situées prés de lacapitale de la Syrie,

Les autres, en. bien plus grand nombre, ont pensé à lafameuse plaine de Ccelésyrie, qui s’étend entre le Libanet l’Anti-Liban, et dont la merveille est Baalbek ou Héliopolis. «La vallée d’Aven, dit Rosenmûller, est la SyrieDamascène, comprise entre le Liban et l’Anti-Liban, appelée aussi «vallée du Liban, s biq’at hal-Lebânôn, dans Josué, xi, 17, xottov tieSîov; campus concavus dansStrabon, et’Ajjlûx/j, c’est-à-dire’Êméq, «vallée,» dansPolybe, v.» Prophetse minores, Leipzig, 1827, t. ii, p. 22."Voir aussi Bochart, Phaleg., lib. ii, cap. vi, vm. Le nomactuel d’El-Begâ’a, &UuJI> répond ainsi au nypa, biq’at,

hébreu. C’est évidemment le même mot, mais un nomcommun appliqué plus tard comme nom propre à unecontrée qu’il caractérise particulièrement. On ne peutdonc rien conclure de là. Calmet en fait «une ville deSyrie, nommée aujourd’hui Baal Beh. Apparemmentelle s’appelait Békat Baal du temps d’Amos. Comme lesHébreux ne daignaient pas prononcer le nom de Baal, ils lui substituaient un nom de mépris, comme Aven, «iniquité ou vanité;» ou Boseth, «honte, confusion.» De là vient le nom de Bethaven, au lieu de Béthel, etcelui de Jéro-Boseth, au lieu de Jéro-Baal. Les Syriensappellent encore aujourd’hui Baal Bek la ville que lesGrecs appelaient Héliopolis, et qui est située vers l’extrémitéde cette longue vallée qui s’étend du midi au nord, entre le Liban et l’Anti-Liban. Cette vallée s’appelle encoreaujourd’hui Bucca ou Békath, suivant la prononciationhébraïque.» Commentaire littéral sur les douzepetit* Prophètes, Paris, 1715, p. 187. Pusey explique autrementle nom de Baalbek, et y voit une abréviation del’ancien nom Baal Bik’ah, s Baal de la vallée,» parcontraste avec le BaaI-Hermon voisin, si célèbre aussi parson culte idolâtrique. Cf. Trochon, Les petit* Prophètes, Paris, 1883, p. 143.

Ce nom de Biq’atvvén, Ewald et Hitzig l’entendentaussi de Baalbek ou Héliopolis, en se basant sur la traductiondes Septante it. heSJou *Qv, rapprochée de l’identificationde l’on égyptien avec Héliopolis, qu’on trouvedans les mêmes traducteurs. Gen., xli, 45. Ainsi j’n, ’On, Gen., xli, 45 =’HXio’jitdXiç, donc rw, 7 Qv, Am., I; 5 = Héliopolis ou Baalbek. Le raisonnement n’est pasjuste, parce que la version grecque a rendu’Âvén par

T Qv dans plusieurs endroits où il ne petit être questiond’aucune Héliopolis. Cf. Osée, iv, 15; v, 8; x, 5, 8. Iln’est pas plus juste de changer la ponctuation massorétiqued’'Avén en’On. Cf. J. Keil, Die zwôlf kleinen Propheten, p. 175. Cette application du texte d’Amos à laCcelésyrie et à la ville qui en faisait l’ornement est cependantadmise par Robinson, Biblical Besearches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 519; Grove, dans Smith’sDictionary of the Bible, Londres, 1861, 1. 1, p. 141; Wolfï, dans Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 124-125. D’autres n’y voient qu’unevaine conjecture. Cf. Knabenbauer, Commentarius inProphetas minores, Paris, 1886, 1. 1, p. 257. Voir Baalbek.

2° Bâmôf-’Avén, Septante: pwjiot T ûv; "Vulgate: excelsaidoli, «les hauts lieux de l’idole.» Osée, x, 8. Il s’agitévidemment ici des autels élevés aux faux dieux sur lacolline de Béthel, appelée Bethaven au ꝟ. 5.

3°’Avén se lit encore dans le texte massorétique d’Ézéchiel, xxx, 17; mais, d’après le contexte, il indique sansaucun doute la ville égyptienne de On; aussi les Septanteet la Vulgate sont d’accord pour traduire par’HXiouiuOt?, Heliopolis. Cependant, comme aucun manuscrit ne portejiN, avec cholem (cf. J. B. de Rossi, Variée lectiones VeterisTestamenti, Parme, 1786, t. iii, p. 151), on peutcroire qu’il y a là, dans la pensée du prophète lui-mêmeoudu massorète, une de ces paronomases si fréquentesdans le style prophétique, faisant allusion aux idoles de

la ville égyptienne.

A. Legendre.

    1. AVENARIUS Jean##

AVENARIUS Jean, vulgairement Habermaun, théologienprotestant, né à Éger, en Bohême, en 1520, mort àZeitz le 5 décembre 1590. Il fut successivement pasteurà Plauen, à Gessnitz, près d’Altenbourg, et à Schcenfels; il enseigna aussi l’hébreu à Freyberg (Misnie), puis àIéna, où il prit le degré de docteur en théologie le10 février 1574, et la même année il alla professer à Wittenberg.Il n’y resta qu’un an, et obtint, en 1575, la surintendance(archevêché) de Zeitz. On a de lui: Explicatiolibri Judicum, in-4°, Wittenberg, 1617; Liber radic*mseuLexicon ebraicum, in-f", Wittenberg, 1568, 1569 (Casaubonet les rabbins de l’époque faisaient le plus grand casde cet ouvrage); Grammatica ebraica, Wittenberg, 1562, 1570, 1575, 1585, 1597, in-8°; Enarrationes in Evangeliadominicalia, in-8°, Wittenberg, 1586; ibid., in-f°, 1589; Enarrationes in Epistolas dominicales et (estivales yin-8°, Wittenberg, 1585; Harmonia Evangel., seu VitctChristi ex omnibus Evangelistis, in-12, Bàle, 1583, 1588; in-8°, Leipzig, 1616, en allemand; De diclionibus ebraicisqux in Bibliis aliter scribunlur, aliter leguntur, in-8, Wittenberg, 1562. L. Guilloreau.

1. AVENDANO (Alphonse de), dominicain espagnol, originaire de Léon, mort à Valladolid le Il octobre 1596, profès du couvent de Benavente et prieur de celui de Guadalajara.Très renommé de son temps comme prédicateur, il est plus connu aujourd’hui pour ses deux ouvrages surla Sainte Écriture, livres un peu lourds, mais très sérieux.1° Commentaria in Psalmum cxrm, Salamanque, 1584; in-8°, Venise, 1587. Il nous apprend lui-même qu’avantd’écrire sur ce psaume en latin, il l’avait commenté pendantsept années en langue vulgaire, dans des sermons prêchesà Salamanque. 2° Commentaria in Evangelium divi Matthxi(sous-titre: In hoc opère, candide lector, et sensumlilleralem explicatum et plures conçûmes ad populumhabitas luculentissime scriptas reperies), 2 in-f°, Madrid, 1592 et 1593. — Voir Quétif-Échard, Script, ord.Prxd., t. ii, p. 317 6, Antonio, Bibl. hisp. nova (1783), , t. i, p. 11. M. Férotin.

2. AVENDANO (Diego de), théologien espagnol, né àSégovie en 1593, mort à Lima (Pérou) le 31 août 1688. nentra au noviciat des Jésuites de Lima le 25 avril 1612, etil devint recteur des collèges de Cuzco et de Chuquisæa,

de Saint -Paul et du noviciat à Lima; il fut deux fois provincialdu Pérou. On a de lui: 1° Epithalamium Christi, seu Explanatio Psalmi quadragesimi quarti in quaprsecipuà catholica religionis elucidantur mysteria etmulta ac varia pro sanctorum exornalione, ac formationsmorum expenduntur. Opus totum versatur circatitulum, in quo cum Apostolo I Corinth., c. xir, v. 19, quinque verba auctor loquitur, in-f°, Lyon, 1653. — 2° Inamphitheatrum misericordise expositio Psalmi lxxxvhiin qua magnorum mysteriorum lumina, Ulustriorumsanctorum elogia, theologici occursus et utilis pro moribussplendet apparatus, in-f°, Lyon, 1656.

G. SOMMERVOGEL.

    1. AVÈNEMENT##

AVÈNEMENT (Dernier) de Jésus-Christ. Voir Fin du

    1. AVEROLDI Ippolito##

AVEROLDI Ippolito, théologien italien, de l’ordre

Exod., iv, 11; Joa., ix, 1-3. Accidentelle, elle peut avoir lecaractère de châtiment divin, Gen., xix, 11; Deut., xxviii, 27, 28; Sap., xix, 16; Zach., xii, 4; II Mach., x, 30, de vengeanceexercée par. les hommes, I Reg., xi, 2; Jer., xxii, 12, ou simplement d’épreuve imposée par la divineProvidence. Tob., Il, 11-13; Act., xiii, 11. Le sainthomme Tobie est un modèle de patience et de résignationpour ceux qui sont frappés de cette terrible infirmité.

La cécité rendait inhabile à exercer les fonctions dusacerdoce mosaïque. Lev., xxi, 18. Même les animauxaveugles ne pouvaient pas être offerts en sacrifice. Lev., xxii, 22; Deut., xv, 21; Mal., i, 8. Un proverbe cité II Reg., v, 8: «L’aveugle et le boiteux n’entreront pas dans letemple,» semble interdire aux aveugles l’accès de la maisonde Dieu. (Le texte hébreu porte simplement «la maison», probablement «la citadelle», et jjon pas «le temple».)Il n’en est rien cependant, comme l’attestent les Évan38?.

Musiciens égyptiens aveugles. Tombeau de Tell el-Amarna.

des Capucins, originaire de Brescia, vivait au commencementdu xviie siècle. Il a publié Icônes nonnullx adpleniorem abstrusissimse litterse libri Apocalypsis intellhgentiam, Brescia, 1638.

    1. AVEUGLE##

AVEUGLE (hébreu: ’ivvêr, de’wycreuser, «celuidont les yeux sont creux.» Septante: tuçXô; ). Les aveuglesont toujours été nombreux en Orient (fig. 383). Volneycomptait au Caire vingt aveugles par cent habitants, Voyageen Egypte et en Syrie, 5e édit., 2 in-8°, t. i, p. 195. Il ya quelques années, Jaffa avait cinq cents aveugles surune population de cinq mille âmes. Les causes de cécitése multiplient à mesure qu’on approche des régions équatoriales; aussi de tout temps les aveugles ont-ils été plusnombreux en Palestine que dans nos pays. Ces causessont, pour la Palestine en particulier, le vif éclat du soleil, JEccli., xliii, 4, la blancheur du sol ordinairement calcaire, les poussières ténues qui se produisent pendant leslongs étés sans pluie et que le vent projette dans les yeux, la fraîcheur des nuits pour ceux qui couchent en pleinair, les maladies et spécialement la petite vérole, le défautd’hygiène et de propreté, le séjour des mouches et des insectessur les yeux malades, surtout chez les enfants, enfin, comme dans tous les autres pays, le grand âge. Gen., xxvii, 1; "XL viii, 10; Eccl., xii, 3. La cécité peut être native ou accidentelle.Native, elle est le résultat d’une permission divine.

giles, Matth., xxi, 14, et comme le montre le contexte, II Reg., v, 6; I Par., xi, 5. C’est sans doute une manièred’exprimer qu’on peut faire une chose qu’on regardaitcomme impossible. Les Jébuséens avaient tant de confiancedans l’inviolabilité de leur citadelle, que des aveugles etdes boiteux, prétendaient-ils, devaient suffire à la défendre.David s’en empara, et par ironie on garda aux défenseursvaincus le nom d’aveugles et de boiteux. La loi juive prenaitles aveugles sous sa sauvegarde. Défense était faitede mettre devant eux un obstacle sur le chemin, Lev., xix, 14, ou de les égarer. Deut., xxto, 18. C’était au contraireun grand acte de charité que de se faire «l’œil del’aveugle», Job, xxix, 15, et de l’inviter à sa table. Luc, xiv, 13, 21.

Dans l’Évangile, la guérison des aveugles est un genre demiracles par lesquels Notre -Seigneur prouve sa missiondivine et symbolise son rôle d’illuminateur des âmes. Cemiracle, impossible aux idoles, Bar., vi, 36, et au démon, Joa., x, 21, a été opéré d’autant plus souvent par le divinMaître, que les malheureux atteints de cécité étaient plusnombreux. Les Évangélistes racontent avec des détailsplus ou moins étendus la guérison de deux aveugles surle chemin de Capharnaûm, Matth., ix, 27-32, de l’aveuglede Bethsaïde, Marc., viii, 22-26, de l’aveugle-né de Jérusalem, Joa., rx, 1-7, et des aveugles de Jéricho, Matth., xx, 29-34; Marc, x, 46-52; Luc, xviii, 35-43. Dans ce

dernier miracle, saint Luc parle d’un aveugle guéri àl’entrée de la ville; saint Marc d’un aveugle, Bartimée, guéri à la sortie, et saint Matthieu de deux aveugles guérisau départ de Jéricho. Cette apparente divergence dansles récits s’explique aisément. Saint Luc et saint Marcparlent d’aveugles différents, et saint Matthieu, comme ille fait assez souvent, réunit ici deux faits en un seul récit.Il est encore possible que sur les deux aveugles de saintMatthieu, les autres Évangélistes ne mentionnent que leplus connu, dont la guérison, sollicitée à l’entrée de laville, n’aurait été opérée qu’à la sortie.

La Sainte Écriture parle aussi d’aveugles spirituels, c’est-à-dire d’hommes qui refusent d’ouvrir les yeux del’âme à la lumière des vérités divines. Tels sont lesadorateurs des idoles, Is., xliii, 8; H Cor., iv, 4, lespécheurs, Joa., iii, 19., 20; I Joa., ii, 11, les incrédules, Marc, iii, 5; Rom., xi, 25; Eph., iv, 18, ceux qui veulentconduire les autres sans en avoir reçu la grâce ou aprèsl’avoir perdue par leur faute, Is., lvi, 10; Matth., xv, 14; xxiii, 16-26; Luc, vi, 39; Rom., ii, 19; II Petr., i, 9; Apoc, iii, 17, enfin ceux dont l’aveuglement est un châtimentdivin, IVReg., vi, 18; Is., lix, 10; Lament., iv, 14; Soph., i, 17; Joa., ix, 39-41. Le Messie a eu la doublemission de rendre la vue aux corps et d’ouvrir les yeuxde l’âme. Ps., cxlv, 8; Is., xxix, 18; xxxv, 5; xlii, 7, 16-19; Jer., xxxi, 8; Matth., ii, 5; Luc, i, 79; vii, 21, 22.Mais encore la grâce de voir clair dans les choses de lafoi réclame-t-elle habituellement le concours de la bonnevolonté humaine. Il faut «pratiquer la vérité pour venirà la lumière», Joa., iii, 21; il faut «se réveiller de sonsommeil, ressusciter d’entre les morts», si l’on veut «êtreilluminé par le Christ». Eph., v, 14. —’Voir Th. Shapter, Medica sacra, in-8°, Londres, 1834, p. 138-143.

H. Lesêtre.

    1. AVILA##

AVILA (François d’), espagnol, docteur en théologieet chanoine de l’église collégiale de Belmonte, au diocèsede Cuenca (Vieille-Castille), vivait dans la seconde moitiédu xvie siècle. Nous devons à cet écrivain aussi pieuxque savant un ouvrage malheureusem*nt trop rare aujourd’hui, et qui a pour titre: Figurée bibliorum VeterisTestamenti, quibus Novi veritas prædicatur et adumbratur, in-8°, Antequera, 1574. — Voir Antonio, Bibl.hisp. nova (1783), t. i, p. 405. M. Férotin.

AVIM (hébreu: Hâ’avvîm, avec l’article, «les ruines» ou [bourg] «des Hévéens»; Septante: AU(v), ville dela tribu de Benjamin. Jos., xviii, 23. Citée entre Béthel(Beitin) et Aphara (Khirbet Tell el-Fârah), elle faitpartie du premier groupe, qui, dans rénumération deJosué, xviii, 21-24, comprend l’est et le nord de la tribu.Sa position est bien indiquée d’une façon générale, maisson identification précise est inconnue. Quelques auteurspensent que n «iy, ’Avvîm, est une corruption ou une variantede» y, ’Ai, ville chananéenne, située à l’orient de

Béthel. Voir Haï. Peut-être aussi son nom rappelle-t-ille souvenir des Hévéens, ancien peuple du pays de Chanaan.

Voir Hévéens.

A. Legendre.

A VIT (Saint), Alcimius Écdicius Avitus, évêque deVienne, en Gaule, mort vers 523. Il était de famille sénatoriale.On croit que sa mère, Audentia, était sœur deMœcilius Avitus, empereur d’Occident (456). Son pèreHésychius ou Isicius était devenu évêque de Vienne; illui succéda sur son siège vers 490, et se distingua par sesvertus, par sa doctrine et par son zèle pour la défense de lafoi contre les Ariens. Parmi celles de ses lettres qui ont étéconservées, quelques-unes, adressées au roiGondebaud, expliquent des passages difficiles de l’Écriture, en réponseaux questions que ce prince lui avait faites. Epist. i-iv, xx, Patr. lat., t. lix, col. 199 et suiv., etc. On remarque aussi, dans ses Œuvres, Lîbri quinque de Mosaicæ historiéegestis, en vers héroïques, t. lix, col. 323-368; le premier

livre traite de l’origine du monde, le second du péchéoriginel, le troisième de la sentence portée contre lespécheurs, le quatrième du déluge, et le cinquième dupassage de la mer Rouge. Les trois premiers livres ontpeut-être suggéré à Milton l’idée du Paradis perdu; ilsont du moins avec ce poème de curieuses ressemblances.

— Voir Acta Sanctorum, 5 februarii, t, i, p. 660-667; Histoire littéraire de la France, t. iii, Paris, 1735, p. 115-142; R. Peiper, dans Monumenta Germanisehist., auctores antiqui (1883), t. VI, part, ii, p. i-lxxvi; A. Rilliet de Candolle, Études sur des papyrus duri’siècle, Genève, 1866, p. 31-106; Parizel, Saint Avit, évêque de Vienne, in-8°, Paris, 1859; Binding, Geschirchtedes burgundischen Kônigsreichs, in-8°, Leipzig, 1868, p. 168.

    1. AVITH##

AVITH (hébreu: ’Avif; Septante: rcc6a(ii, Gen. txxxvi, 35; rE90tf[x» I P* 1 " 1° r» 48)> capitale d’un roi iduméen, Adad, fils de Badad, Gen., xxxvi, 35; I Par., i, 46. Dans le livre des Paralipomènes, le ketib porterw, ’âyûf, au lieu de n» 17, ’âvî(, texte de la Genèse;

mais le qeri corrige ce qu’on peut regarder comme unesimple transposition; du reste une trentaine de manuscritsdonnent’Avif. Cf. B. Kennicott, Vêtus Testamentumhebraicum, Oxford, 1776-1780, t. ii, p. 645. On peutcomparer ce nom avec celui de El-Ghouéitéh, &ijyjà, chaîne de collines qui s’étend à l’est de la mer Morte, au-dessous de VOuadi Enkeiléh, branche de l’Arnon, entre le Séil es-Saidéh et le Derb el-Hadj ou «route desPèlerins». Cf. J. L. Burckhardt, Travels in Syria andthe Holy Land, in-4°, Londres, 1822, p. 375.

A. Legendre.

AVOCAT. Chez les Hébreux, il n’y avait pas d’ «avocatsde profession», comme nous en voyons dans toutes lesnations modernes. — 1° Nous n’en trouvons aucune tracedans l’Ancien Testament. La langue hébraïque n’a pas demot correspondant à «avocat»; lorsque, dans des tempsplus récents, les Juifs eurent à exprimer, dans leurs livres, l’idée d’avocat, ils se servirent de termes grecs. Cf. Buxtorf, Lexicon talmudicum, Bâle, 1640, p. 533, 1388, 1509, 1843. Les avocats étaient aussi inconnus dans l’Egyptepharaonique. Diodore de Sicile, i, 76, édit. Didot, 1. 1, p. 62.Cf. Maspero, Une enquête judiciaire à Thèbes au tempsde la xx" dynastie, Étude sur le Papyrus Abbott, Paris, 1872, p. 81-85; Devéria, Le Papyrus judiciaire de Turin, VI, Partie judiciaire, dans le Journal asiatique, août-septembre1866, p. 154-161; Henry, L’Egypte pharaonique, Paris, Didot, 1846, t. i, p. 496. Ce n’est que beaucoupplus tard qu’on rencontre des avocats de profession cheïles Égyptiens, grâce sans doute à l’influence des Grecs, surtout depuis la conquête macédonienne. Cf. Revillout, Études sur divers points de droit et d’histoire ptolémaïque, Paris, 1880, p. 106, 109, 126. Les lois de Manou, qui, dans leur partie judiciaire (livre viii), donnent desdétails très longs sur ce qui concerne les juges, les témoins, les accusateurs, les accusés, etc., ne font non plus aucunemention des avocats. Pauthier, Les livres sacrés de l’Orient, Paris, 1841, p. 402-420.

S’il n’y avait pas, chez les Hébreux, d’avocats de profession, il y avait, à l’occasion, ce que nous pourrionsappeler des «défenseurs charitables». Si bon nombred’accusés ou de défendeurs pouvaient plaider personnellementleur cause, d’autres ne pouvaient le faire, ou aumctins ne pouvaient le faire convenablement, comme lesorphelins, les pauvres, les ignorants, les veuves. Quelquesauteurs, par exemple, Michælîs, Mosaisches Recht, § 298, Francfort-sur-le-Mein, 1775, t. vi, p. 122-125, crobnt trouverun exemple de ces défenseurs dans Job, disant de lui-même: «Quand je m’avançais vers la porte de la ville, et qu’on me préparait un siège sur la place publique…, chacun me rendait témoignage, parce que j’avais délivréle pauvre qui criait, et l’orphelin privé de secours…

1293

AVOCAT — AXA

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J’étais le père des pauvres, et j’examinais avec an soinextrême la cause que je ne connaissais pas.» Job, xxix, 7, 11-12, 16. Nous préférons dire, avec d’autres auteurs, comme Saalschùtz, Dos Mosaische Recht, k. 87, Berlin, 1853, p. 594, que le saint patriarche accomplissait cesactes vertueux comme chef et juge de sa tribu, ce qu’ilsemble affirmer lui-même, xxix, 25. Le texte d’Isaïe, i, 17, suppose l’existence des «défenseurs charitables».S’adressant à ses compatriotes, il dit: «Apprenez à fairele bien, examinez tout avant de juger, assistez l’opprimé, faites justice à l’orphelin, défendez la veuve.» Quelquesunsde ces conseils s’adressent aux juges; mais d’autres, et surtout celui-ci: «Défendez la veuve,» s’adressent engénéral aux Juifs. Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 1286; Id„ Der Prophet lesaia, Leipzig, 1820, t. i, p. 162-163; Rosenmiiller, Scholia in Vêtus Testamen~tum, lesaiee Vaticinia, t. i, Leipzig, 1829, p. 43.

Nous trouvons un exemple frappant de ces défenseurscharitables dans Ahicam. Jer., xxvi, 8-24. Cette «défensecharitable» était aussi libre que la charité qui l’inspirait, et elle n’était gênée par aucun règlement. Elle pouvait seproduire à chaque moment de la procédure, et mêmeaprès le jugement, comme nous le voyons par l’exemplede Daniel, que nous pouvons regarder aussi, dans unsens, comme un «défenseur charitable», suscité de Dieupour sauver l’innocente Susanne, Dan., xiii, 45-64. LaMischna a consacré cette liberté de la défense, mêmeaprès le prononcé de la sentence, même sur le chemindu supplice. «Après le jugement, on emmène le condamné... Alors si quelqu’un s’offre à prouver l’innocencede ce dernier, il agite son mouchoir, et l’on ramène promptementà la ville le condamné.» Mischna, traité Sanhédrin, VI, 1, édit. Surenhusius, t. iv, p. 233.

A ces «défenseurs charitables» des Hébreux ressemblentassez, sous le rapport qui nous occupe, lespatroni primitifs des Romains, dont on fait remonterl’origine jusqu’à Romulus. Denys d’Halicarnasse, Antiq.rom., ii, Opéra omnia, Leipzig, 1691, p. 84; Plutarque, Romulus, 13, édit. Didot, t. i, p. 29. Ces «patrons» prenaient sous leur protection une ou plusieurs famillesde plébéiens, qui devenaient leurs «clients», leur rendaientles services que des hommes instruits et influentspeuvent rendre aux gens du peuple, et particulièrementles assistaient et les défendaient dans toutes leurs affairesjudiciaires; mais cet office de bienveillance se modifiapeu à peu, et devint au bout de quelque temps une professionrétribuée, celle des «avocats», advocati, qui dutbientôt être réglementée au point de vue des honoraires; loi Cincia, an 205 avant J.-C. Cf. Heineccius, Antiq. rom., I, ii, 29; IV, x, 1, Venise, 1796, t. i, p. 68-70; t. ii, p. 367; Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecqueset romaines, au mot Advocatio, Paris, 1873, 1. 1, p. 81.Nous ne constatons pas de transformation de ce genrechez les Hébreux de l’Ancien Testament, à ce point quela Mischna, écrite vers l’an 200 de l’ère chrétienne, nesuppose pas encore la profession d’avocat exercée chez lesJuifs.

2° Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ nous estprésenté comme notre «avocat», advocatus. I Joa., ii, 1.La Vulgate a traduit exactement et littéralement le motgrec itapeMuixoç, qui s’entend d’une manière généralede tout «intercesseur», et qui spécialement, quand ils’agit d’obtenir le pardon d’un coupable, signifie «avocat, défenseur». C’est le sens qu’a ce mot, soit dans les auteursclassiques, soit dans les auteurs contemporains desApôtres, par exemple, dans Philon. Cf. Grimm, Clavis NoviTestamenti; Leipzig, 1888, p. 336. «Si quelqu’un donc, dit saint Jean, commet un péché, nous avons un avocat, Jésus-Christ, le juste.» L’écrivain sacré emprunte sacomparaison aux coutumes judiciaires. Quand, chez lesGrecs et les Romains, auxquels écrivait saint Jean, unhomme était accusé et traduit devant les tribunaux, sonpremier soin était de chercher un «avocat» qui plaidât

sa cause auprès des juges et lui obtint le pardon. Quandle chrétien commet un péché mortel, il mérite la mortéternelle, et c’est, en effet, la vengeance que réclamecontre lui le démon, qui est appelé 1’ «accusateur», diabolus, V «adversaire», Satan, Satanas, V «accusateurde nos frères, qui les accusait devant Dieu jour etnuit». Apoc, XII, 10. Mais que le pécheur reprenne courage; nous avons un «avocat», Jésus-Christ, d’autantplus puissant qu’il est juste. Si le pécheur recourt à luiavec foi et confiance, le divin avocat plaidera sa causeavec succès et lui obtiendra sa grâce C’est à ces fonctionsd’avocat que saint Augustin, Epist. cxlix, 14t. xxxiii, col. 636, rattache cette «interpellation» quafait Jésus-Christ au souverain Juge en notre faveur. Eneffet, dit saint Paul, Jésus-Christ «apparaît maintenanten la présence de Dieu pour nous, — interpelle Dieupour nous, — vit toujours afin d’interpeller pour nous».Heb., vii, 25; ix, 24; Rom., viii, 34. Cette interpellationn’est autre chose que le plaidoyer que notre charitableet puissant avocat fait pour nous auprès du souverainJuge; «il n’interpelle, dit saint Augustin, loc. cit., quepour postuler;» postuler, c’est la fonction propre desavocats, par laquelle ils demandent au juge la grâce deleurs clients. S. Many.

    1. AVOGADRO Vincenzio Maria##

AVOGADRO Vincenzio Maria, dominicain italienappelé aussi Avvocati, né à Palerme le 12 septembre 1702; la date de sa mort est inconnue. Après avoir fait sesétudes à Rome, il enseigna la philosophie au couventde son ordre à Palerme, et puis la théologie à Girgenti.II publia un ouvrage dédié à Benoît XIV et qui eut ungrand succès, De sanctitate-librorum qui in Ecclesiacatholica consecrantur, 2 in-f°, Palerme, 1741-1742. Lepremier volume a pour titre particulier: Prxparatiobiblica; le second, Demonstratio biblica. — Voir Mazzuchelli, Scrittori d’Italia, t. ii, p. 1272.

    1. AVORTON##

AVORTON (hébreu: nêfél). Si quelqu’un, dans unequerelle, frappe une femme enceinte et la fait avorter, il est tenu de payer ce qui lui sera demandé par le mariet déterminé par les arbitres. Exod., xxi, 22. Voircol. 476 et 887. Le sort de l’avorton mort-né est priscomme terme de comparaison pour exprimer un sortmisérable, Num., xii, 12; Job, iii, 16; Ps. lviii, 9 (Vulgate, lvii, 9, où nêfél est traduit par supercecidit ignis, en lisant nâfal’êS, au lieu de nèfél’êsét); Eccl., xi, 3-6.Dans le Nouveau Testament, saint Paui, I Cor., xv, 8, se compare, par humilité, à un avorton (entpcoiia), à unenfant faible, né avant terme, pour signifier qu’il se regardecomme inférieur aux autres Apôtres, «le dernierd’entre eux.» I Cor., xv, 9.

    1. AVOTHJAÏR##

AVOTHJAÏR, orthographe, dans la Vulgate, III Reg., IV, 13, du nom de lieu qu’elle écrit ailleurs Havoth Jaïr.Num., xxîil, 41; Deut., ui, 14; Jud., x, 4.VoirHàvoTHjviR.

AVVOCATI. Voir Avogadro.

AXA (hébreu: ’Aksâh; Septante: ’Aaya), fille deCaleb, fils de Jéphoné et compagnon de Josué. Son nomhébreu signifie «anneau de la cheville», ornement demétal que les femmes israélites portaient au-dessus de lacheville. Is., iii, 16, 18. Axa est l’héroïne d’un trait demœurs raconté par le livre de Josué, xv, 16-19, et repro-’duit par le livre des Juges, i, 12-25. Caleb avait promisde la donner en mariage à celui qui prendrait la villede Cariath-Sépher. La condition fut remplie par Othoniel, fils de Cénez, qui était frère de Caleb, et par conséquentcousin germain d’Axa. (Nous suivons ici la leçon des Septante.Elle paraît préférable à la traduction de la Vulgate, qui, rendant le mot hébreu parle nominatif f rater au lieudu génitif fratris, fait d’Othoniel, fils de Cénez, un jeunefrère de Caleb, qui est lui-même fils de Jéphoné. Num.,

xm, 7. Dans le cas contraire, Othoniel aurait été l’oncled’Axa. Ce degré de parenté n’était pas alors un obstacle aumariage. Voir Othoniel.) Caleb donna une terre à sa fille, et le mariage fut célébré. Mais la dot parut insuffisanteaux nouveaux époux, et ils se concertèrent pour obtenu-unmeilleur lot. Un jour qu’elle cheminait sur son âneaux côtés de son père, Axa descendit tout d’un coup desa monture, pour adresser au vieillard une respectueuserequête. «Que te faut - il donc 1 lui dit Caleb. — Unbienfait de vous, répondit-elle. Vous m’avez donné uneterre qui est au midi et desséchée; ajoutez-y GuUàt(les sources).» Caleb lui donna alors Gullôt d’en hautet Gullôf d’en bas. C’étaient probablement deux localitéssituées dans les environs montagneux de Cariath-Sépher

(Dabir) et d’Hébron. Voir Gulloth.

H. Lesêtre.

    1. AXAPH##

AXAPH, ville de la tribu d’Aser. Jos., xix, 25. Le nomde cette ville est écrit ailleurs dans la Vulgate Achsaph.Jos., xi, 1; xil, 20. Voir Achsaph.

    1. AYGUANI##

AYGUANI, AYGUANUS Michel. Voir Angbiani.

    1. AYLLON##

AYLLON (Louis de), docteur en théologie, originairede Grenade et professeur d’Écriture Sainte au Colegiomayor de Séville. Il vivait au xviie siècle et il a publiéun livre docte et assez original, intitulé Elucubratkmesbiblicse in Vêtus ac Notiwnx Testamentum, littérales, morales et tropologicse, in-f°, Séville, 1676. — VoirN. Antonio, Bibl. hisp. nova (1783), t. ii, p. 21.

M. Férotin.

    1. AYROLI Jacques-Marie##

AYROLI Jacques-Marie, orientaliste et exégète italien, né à Gènes en 1660, mort à Rome le 27 mars 1721.Entré au noviciat de la Compagnie de Jésus vers 1676, il professa l’hébreu au Collège romain, puis occupa lachaire de controverses. On a de lui: Disserlatio Biblicain qua Scripturm textit* aliquot insigniores, adhibitislinguis hebrxa, syriaca, chaldaica, arabica, grssca, latina, per dialogismum dilucidanlur, in-4°, Rome, 1704. — De prxstantia linguse sanctse oratio habitain Collegio rornano, in-4°, Rome, 1705. — Synopsisdissertationis Biblicse in LXX Danielis hébdomadas, Rome, 1705. — Discours sur les septante semaines deDaniel (dans les Mémoires de Trévoux, lévrier 1713, p. 296-310. Il le prononça à Rome, le 15 décembre 1712, ety attaqua les théories du P. Hardouin). — Liber LXX hebdomadumresignatus, seu in cap. ix Danielis dissertatio, in qua per genuinam editionis Vulgatse interpertàtionem, hebraico textu iliustratam, prophétisa celeberrimsenodus dissolvitur. Accédant conftrmationes abànno sabbathico et jubileo, in-8°, Rome, 1713 (il y a deséditions de 1714 et de 1748 semblables à la première. LeP. de Tournemine inséra cette dissertation dans son éditiondes Commentarii du P. Ménochius). — Dissertatiochronologica deanno, mense et die mortis Domini nostriJesu Christi, in-f°, Rome, 1718. — Thèses contra Judœosde LXX hebdomadis, in-4°, Rome, 1720. (Il y défend sonsentiment contre une dissertation du P. de Tournemine, imprimée dans son supplément de Ménochius.) — Explicationdu premier verset du chap. xii (pour XIII) dupremier livre des Rois (dans les Mémoires de Trévoux, 1721, p. 1369-1387, et dans le Journal des savants, 1722, p. 559-574). — Dissertatio de annis ab exitu Israël deASgypto ad quartum Salomonis (dans les Commentariide Ménochius, édit. de Venise, 1722, t. ii, p. 408). — LesMémoires de Trévoux rendent compte des divers travauxdu P. Ayroli: 1705, p. 1821, 1840; 1716, p. 2123; 1720, p. 657; le P. Zaccaria, dans son Historia litteraria, t. xi, p. 233, 236; les Acta eruditorum de Leipzig, 1717, p. 422428; 1748, p. 551-557. C. Sommervogel.

AYYÉLETH. "intfn nVn*-by, ’al’ayyéléf haMahar.

Ces paroles, qui composent le titre du Psaume xxil (xxi), ontété rendues littéralement par Aquila: ûitàp tri; iXâfov ttjj

ôp8pivfjç, et par saint Jérôme: Pro eervo matutino. Latraduction de Symmaque: ûitèp tîjî floY)0eia «tïjç ôp&ptvijç, et celle des Septante, reproduite par la Vulgate: inèpufjç àvnÀY)4>eu>; trfi èarôivîjc, Pro susceptione matulina, reposent sur une autre, lecture de nb’N; les traducteursauront rapproché ce mot de mb’N, ’èyàlûf, «force,» lequel

se lit d’ailleurs au ^. 20 du même psaume. Plusieurs interprètesjuifs, entre autres Salomon Yarchi (Comment., ii, l.), et avant lui les talmudistes, ont donné une explication analogue.De plus, se fondant sur le mot-mur, sahar, qu’ils

traduisaient par «aurore», ils ont assigné ce psaume ausacrifice du matin. Dans l’une et l’autre signification, cetitre de psaume reste obscur, et les efforts des commentateursne lèvent pas la difficulté.

Une autre opinion range’ayyéléf hassabar parmi lesinstruments de musique, maisies explications qu’on donneen ce sens sont loin d’être satisfaisantes et étymologiquementfondées.

Plus généralement, ces mots du titre, quel que soitle sens qu’on doive leur attribuer, sont regardés, aussibien que nntfn-bN, ’al tashêt (Ps. lvii-lix et lxxv,

hébreu) et Dtp’im obN Tiy, yônat’élém rehôqîm (Ps. lvi,

hébreu), comme les premières paroles ou comme l’indicationdu modèle sur lequel auront été rythmés lespsaumes qui portent en titre ces sortes de formules.L’usage de ces strophes-types existe dans la poésie desdivers peuples orientaux. Les Grecs les appellent eSp[iôç, hirmus, et ils en mettent l’indication en tête de toutesles hymnes liturgiques. Philon semble signaler le mêmeprocédé dans les chants des thérapeutes. ( Vit. contempl., xi, édit. Paris, p. 893 c.) Chez les Grecs commechez les Asiatiques, Vhirmus provient soit de chants populairesanciennement connus, sur lesquels se modelèrentles chants postérieurement composés; soit de textes, scripturairesou liturgiques, employés dans la prière publique, puis disposés pour Je chant, et devenus ensuite le régulateurtonique ou syllabique de l’ode ou du psaume. (VoirBickell, Metrices biblicse regulm, p. 1; Bouvy, Le rythmesyllabique des mélodes, dans les Lettres chrétiennes, 1880-1881; Christ et Paranikas, Anthologia grseca carminumchristianorum, p. cxi; Vigouroux, Manuel biblique, t. ii, p. 261.) Cette opinion d’ailleurs n’est pas nouvelle; elle est exprimée par Aben Ezra dans son commentairesur le Psaume rv: «C’est, dit-il, le commencement d’unchant, ->w nbnn, feftillaf sir, comme’al faShêt, yônat’élém, etc.» L’identification de la formule’al fashef aété très heureusem*nt faite par le P. Bouvy (Lettres chrétiennes, t. ii, p. 294 et suiv.). Voir TaShet. Il en estautrement de la formule ayyéléf haSsahar: elle n’a puêtre déterminée; d’ailleurs la transcription et le rythmemême du Psaume xxii (xxi) restent en plusieurs pointsdiscutables. Ce fait laisse la place à d’autres explications.La suivante, qui est peu connue, mérite d’être examinée.Le mot nbtN a été rapproché par Jean Harenberg du

nom du mode éolien de la musique grecque. «Éoliense dit nb>N, ’ayyéléf, dans le titre du Psaume xxii, s’il estpermis de risquer cette conjecture. Le mode ionien s’appelleitu>, yônaf, dans le titre du Psaume cvi.» (Commentariusde musica velustissima, dans les Miscellan. Lipsise, t. ES, 1752.) Il faudrait alors changer la vocalisation et lire nb$N, ’ayyolit, ou nb*N, èyyolit, defective. Cette ingénieuse interprétation, que nous avons retrouvée dans le traité de Gerbert, De cantu et musica sacra…, 1774, c. i, p. 5, et dansles notices de Vincent, Notices sur les divers manuscritsgrecs relatifs à la musique…, de la bibliothèque du Roy, 1847, p. 85, note, mérite d’être signalée. Les superscriptionsdes psaumes peuvent appartenir à une époque fort postérieureà la composition des pièces qu’elles accompagnent.D’autre part, le système harmonique des Grecs passa debonne heure en Asie; il y régnait à l’époque de la captivité

des Juifs à Babylone. Il ne serait donc nullement invraisemblableque nous eussions dans le Psautier hébreu l’indicationdes deux modes qui, avec le dorien, étaient considéréscomme les principaux modes de la musique grecque, et dont l’un au moins est reconnu comme une importationasiatique. Le mode éolien (mode de la, appelé aussihypodorien, parce qu’il était apparenté de près au modedorien, la vraie harmonie grecque), à la sonorité graveet calme, fut illustré douze siècles avant J.-C. par Terpandre, Alcée et Sapho. C’était une des harmonies lesplus usitées dans tous les genres de musique.

J. Parisot.

AZ… Voira As… les noms propres commençant par Azqui ne se trouvent point ici à leurs places respectives; certains exemplaires de la Vulgate écrivent avec un s desnoms que d’autres exemplaires écrivent avez un z.

1. AZA (hébreu: ’Uzzâ’, «force;» Septante: ’AÇû, ’OïOi chet d’une famille nathinéenne, qui revint de Babyloneavec Zorobabel. I Esdr., ii, 49; II Esdr., vii, 51.

2. AZA, ville des Philistins (hébreu: ’Azzâh). La Vulgatel’appelle toujours Gaza. Voir Gaza.

3. AZA (hébreu: ’Azzâh; Septante: Tâty), ville de latribu d’Éphraïm. I Par., vii, 28. Ce nom, tel qu’il est écritdans nos Bibles hébraïques et dans un grand nombre demanuscrits, est le même que celui de Gaza; mais il n’estévidemment pas question de la célèbre ville des Philistinsdans un passage où l’auteur sacré décrit les possessionsd’Éphraïm. Aussi beaucoup d’auteurs croient ici àune faute de copiste. Soixante manuscrits et plusieursBibles imprimées portent n» y, ’Ayâh, avec yod. Cf. B. Kennicott, Vêtus Testamentum hebraicum, Oxford, 1780, t. ii, p. 656; J. B. de Rossi, Varwe lectiones Veteris Testaments, Parme, 1788, t. iv, p. 174-175. Cependant, parmiles anciennes versions, les Septante, le chaldéen et laVulgate ont gardé le zaïn, comme le texte massorétiqueactuel; pas une seule n’a retenu le yod. «Aussi, conclutJ. B. de Rossi, loc. cit., p. 175, dans ce désaccord desmanuscrits, il faut s’en tenir à’Azzâh.» Quant à la situationde cette ville, ou peut la supposer d’une manièregénérale à la frontière nord ou nord-ouest de la tribu.En effet, les limites tracées par le livre des Paralipomènessont bien conformes à celles de Josué, xvi, 1-8: Béthel au sud, Noran ou sans doute Naaratha à l’est, Gazer au sud-ouest, et Sichem au nord. Comme cettedernière ligne s’étendait «jusqu’à Aza», et que, d’aprèsJos., xvi, 6-7, sa direction vers le nord-est est bien connue, par Thanatsélo et Janoé, il est permis de voir ici sa directionvers le nordouest, où un. seul point, Machmethath, est mentionné. Jos., xvi, 6; xvii, 7. Voir Éphraïm, tribu

et carte.

A. Legendre.

    1. AZAËL##

AZAËL, roi de Damas, Amos, i, 4, dont le nom estécrit ordinairement Hazaël dans la Vulgate. Voir Ha2AËL.

    1. AZAHEL##

AZAHEL, père de Jonathan, contemporain d’Esdras.I Esdr., x, 15. Voir Asæl 4.

AZAL (hébreu: ’Âsal, à la pause; Septante: ’IaudS; Codex Alexandrinus: <ya.-rk; Vulgate: proximum)mot obscur employé dans Zacharie, xiv, 5. Dans le versetprécédent, le prophète nous montre comment Dieu, poursauver le reste de son peuple, fera éclater sa puissance. «Ses pieds se poseront en ce jour-là sur la montagnedes Oliviers, qui est en face de Jérusalem, à l’orient, et lamontagne des Oliviers se fendra par le milieu, du côté del’orient et du côté de l’occident, par une immense tranchée, et la moitié de la montagne se retirera vers le nordet l’autre moitié vers le midi.» Puis il ajoute au ꝟ. 5: «Etvous fuirez par la vallée de mes montagnes, car la vallée

de mes montagnes atteindra’Asal.» Saint Jérôme nousdit dans son Commentaire sur Zacharie, t. xxv, col. 1525: «Au lieu de proche, les Septante ont mis Asaël; Aquilaa mis le mot même hébreu Asel Oïn) pare bref (à ?é/); Théodotion, àÇrjX; seul Symmaque a rendu par proche, et nous l’avons suivi.» Il faut avouer cependant que cettetraduction est difficile à expliquer. Reuss, Les Prophètes, Paris, 1876, t i, p. 358, a bien raison de regarder comme «conjecturale, sujette à caution», sa traduction: jusquetout près qusqu’aux portes de Jérusalem).

Un certain nombre de commentateurs anciens et modernestrouvent le sens plus simple avec un nom propre.Azal ou Azel doit alors être identique à Bê{-Hâ"êsél deMichée, i, 11 (Vulgate: domus vicina, «maison voisine» ), et être cherché dans les environs de Jérusalem, à l’est de la montagne des Oliviers. On ne peut pas contrecela, dit Keil, Die zwblf kleinen Propheten, Leipzig, 1888, p. 666, arguer du silence de saint Jérôme, parce qu’unelocalité comme celle-ci pouvait avoir disparu longtempsavant ce Père. M. Clermont-Ganneau a proposé de reconnaîtreAzal dans YOuadi Âsoûl ou Ouad Yâsoûl (avecsad), au sud de Jérusalem. Cf. Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1874, p. 101-102.

A. Legendre.

    1. AZANIAS##

AZANIAS (hébreu: ’Âzanyâh, «Jéhovah entend;» Septante: ’AÇavîa; ), lévite, père de Josué, au temps deNéhémie. II Esdr., x, 9.

    1. AZANOTTHABOR##

AZANOTTHABOR (hébreu: ’Aznô{- fâbôr, «lesoreilles, c’est-à-dire les sommets du Thabor;» Septante: ’A66a610p), une des villes frontières de la tribu de Nephthali, vers l’occident. Jos., xix, 34. Elle devait, comme lenom l’indique, se trouver dans les environs du Thabor, et elle répond bien à 1’'AÇavtM qu’Eusèbe mentionne surles confins de Diocæsarée ( Séphoris, Séfoûriyéh). Cf. Onotnasticon, Goettingue, 1870, p. 224; S. Jérôme, Liber desitu et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 874.

A. Legendre.

AZARÉEL. Hébreu: ’Àzar’êl, «Dieu secourt.» Nomde six personnes dans l’Ancien Testament. La Vulgatea transcrit trois fois Azaréel, mais elle a changé le nomde trois autres personnages en Azréel, II Esdr., XI, 13; Ezrihel, II Par., xxvii, 22, et Ezrel, I Esdr., x, 41. VoirAzréel, Ezrihel et Ezrel.

1. AZARÉEL (Septante: ’OÇpiift), un des Benjamitesqui abandonnèrent le parti de Saùl pour celui de David.I Par., xii, 6.

2. AZARÉEL (Septante: ’Airpi^X), lévite, fils d’Héman, chef de la onzième classe des musiciens du temple sousDavid. I Par., xxv, 18.

3. AZARÉEL (Septante: ’OÇivft), lévite, musicien sousNéhémie. II Esdr., XII, 35 (hébreu, 36).

AZARIAS. Hébreu: ’Âzaryâh, ’Âzaryâhû, «Jéhovahaide.» Septante: ’Adapta; . Nom d’un grand nombred’Israélites.

1. AZARIAS I er, fils du grand prêtre Sadoc. III Reg., IV, 2. Josèphe et plusieurs commentateurs le regardentcomme le fils d’Achimaas, et par conséquent comme lepetit-fils de Sadoc. (On sait que dans les généalogiesbibliques & fils» doit se prendre souvent dans le sens de «petit-fils».) Ce serait alors le même personnage quel’Azarias de I Par., VI, 9 (hébreu: v, 34-35). Voir Azarias6. D’après les Septante et la Vulgate, il était l’undes secrétaires royaux à la cour de Salomon; et c’est ainsique beaucoup interprètent le texte hébreu. Cependant, si l’on suit la ponctuation massorétique, si l’on tient comptede l’accent distinctif majeur placé sous le mot Sâdôq, etde l’absence de la conjonction ve, «et, ï devant le nom

d’Élihoreph, Azarias n’est pas qualifié du titre de secrétaire, mais bien de celui de kôhên, c’est-à-dire conseillerou ministre principal du roi Salomon. «Azarias, fils deSadoc [était] le kôhên.» III Reg., iv, 2. Quelques exemplairesdes Septante font également rapporter hakkôhênnon à Sadoc, mais à Azarias, en traduisant, il est vrai, par i iepeOç. Après la mort de Sadoc, grand prêtre, ilparait lui avoir succédé. C’est à lui probablement, etnon à son petit-fils (voir Azarias 7), que se rapporte laremarque de I Par., vi, 10 (hébreu, v, 36): «C’est luiqui remplit les fonctions sacerdotales dans la maison queSalomon bâtit à Jérusalem,» c’est-à-dire c’est lui qui lepremier officia dans le temple après sa consécration. Cepassage a pu être déplacé et transporté par un copisteau ꝟ. 10, à cause de l’identité des noms propres.

2. AZARIAS, fils de Nathan, était préposé aux nmâbîm, sorte de préfets ou de percepteurs généraux, employésà la cour de Salomon. III Reg., iv, 5, 7. On ne saitsi son père Nathan est le prophète de ce nom. II Reg., vu, 1-17, ou le fils de David. II Reg., iv, 14.

3. AZARIAS, roi de Juda. Appelé Azarias, IV Reg., xiv, 21; xv, 1, 6, 7, 8, 13, 17, 23, 27; I Par., iii, 12, ilest plus connu sous le nom d’Ozias. Voir Ozias.

4. AZARIAS, fils unique d’Éthan et arrière-petit-filsde Juda et de Thamar, I Par., ii, 8, ou plutôt descendantde Juda en ligne directe, à un degré qui n’est pas précisé.

5. AZARIAS, fils de Jéhu et père de Hellès, de la tribude Juda, un des descendants d’Hesron par Jéraméel.

I Par., ii, 39.

6. AZARIAS, fils d’Achimaas. I Par., vi, 9 (hébreu, v, 34, 35). Ceux qui regardent Azarias I er, dont il estquestion III Reg., iv, 2, comme le fils de Sadoc et le frèred’Achimaas, font de celui-ci le neveu de ce premier Azarias.Mais il est plus probable que c’est le même personnage.Achimaas ne paraît pas avoir exercé le souverainpontificat; à l’époque de l’inauguration du temple, laonzième année du règne de Salomon, ce serait Azarias, son fils et l’héritier de sa charge, qui en aurait rempli lesfonctions après Sadoc.

7. AZARIAS II, grand prêtre, fils de Johanan et petit-filsdu précédent. I Par., vi, 10 (hébreu, I Par., v, 36). «Ce fut lui, dit le texte sacré, qui remplit les fonctionssacerdotales dans le temple qu’avait bâti Salomon à Jérusalem.» Cette remarque se rapporte probablement aupremier Azarias. Voir Azarias 1. Azarias, fils de Johanan, fut vraisemblablement contemporain d’Asa, puisque sonfils Amarias était grand prêtre du temps de Josaphat.

II Par., xix, 11.

8. AZARIAS, fils d’Helcias, qui fut le promoteur dela réforme de Josias, et père de Saraïas, le dernier pontifeavant la prise de Jérusalem par les Chaldéens. I Par., vi, 13, 14. Il est compté parmi les ancêtres d’Esdras.I Esdr., vii, 3.

9. AZARIAS, lévite, fils de Sophonie et ancêtre d’Héman, célèbre chantre du tabernacle sous David. I Par., VI, 36.

10. AZARIAS, fils ou plutôt descendant d’Helcias. Hfut l’un des premiers habitants de Jérusalem après la captivité, et est appelé prince, chef (negîd) de la maison deDieu: ce qui peut s’entendre ou du chef d’une des classessacerdotales, ou du chef de toutes les familles sacerdotales, c’est-à-dire du grand prêtre. I Par., rx, 11; cf. I Par., xxiv, 3-6. Dans le passage parallèle, II Esdr., xi, 11, à la

place d’Azarias, on lit Saraïa: il y a évidemment, dansl’un des deux livres, une faute de copiste; mais il n’estpas possible de décider quel est le vrai nom.

11. AZARIAS, fils d’Oded, prophète envoyé par Dieuau-devant d’Asa, roi de Juda, qui revenait victorieux ducombat livré contre Zara, roi d’Ethiopie. II Par., xv, 1-8.Dans un tableau saisissant, l’envoyé divin annonce à Asales maux qui doivent fondre sur la nation, si elle abandonnele vrai Dieu ( ꝟ. 3-6), et l’encourage à garder fidèlementl’alliance théocratique, en lui promettant que leSeigneur l’en récompensera (ꝟ. 7). Cf. col. 1053. Cetableau tracé par le prophète concerne - 1 - il le passé(époque des Juges), le présent (règne de Roboam, d’Abiaet d’Asa) ou l’avenir (captivité de Babylone, destructionde Jérusalem par les Romains)? Il nous semble, en rapprochantdu Deutéronome, xxviii, 15-68, les paroles duprophète, que ce sont plutôt des menaces en cas d’infidélité(cf. contexte, II Par., xv, 2); menaces qui, il est vrai, parla faute du peuple juif, sont devenues une prophétieremarquable de l’état déplorable où il a été jeté pendantla captivité de Babylone, et surtout depuis la ruine deJérusalem par les Romains. Au ꝟ. 8, au lieu de «prophétied’Azarias, fils d’Oded le prophète», que donne laVulgate, le texte hébreu actuel porte: «Et la prophétieOded le prophète.» Il y a là évidemment une lacune. Lesmots tombés par distraction d’un copiste devaient probablementêtre ceux-ci: ’âsér dibbér’Azaryâhû ben…, «laprophétie [que prononça Azarias, fils de] Oded le prophète.»

12. AZARIAS. Deux fils de Josaphat portent ce nom, II Par., xxi, 2. Il doit y avoir une erreur de transcription, par exemple: Azarias pour Amarias dans un des deux cas; car il n’est pas croyable que deux fils de Josaphat, vivanten même temps, aient porté le même nom. Il est vraique, dans le texte hébreu, il y a une légère différence deprononciation: ’Azaryâh et "Azaryâhû. Mais c’est unevariante insignifiante, qui n’empêche pas les deux nomsd’être identiques.

13. AZARIAS. Un des trois compagnons de Daniel, quiporte aussi le nom babylonien d’Abdénago. (Voir Abdénago, col. 20.) De famille royale, comme Ananie, élevécomme lui à la cour de Babylone, investi des mêmesfonctions, il en partage les épreuves et la courageusefermeté. Dan., i, 3-20; ii, 17, 49; iii, 12-23 et 91-100(hébreu, i, 33). Dans les Septante et la Vulgate, iii, 25-45 et 46-90; I Mach., ii, 59. (Voir Ananie, 5, col. 540.)Avant l’hymne d’action de grâces connu sous le nom deBenedicite, et chanté par les trois enfants dans la fournaise, se trouve une prière appelée «prière d’Azarias».Dan., iii, 25-45 (Vulgate). Au nom de la nation entière, Azarias reconnaît la justice de la conduite de Dieu à l’égardde son peuple (ꝟ. 25-33), et, rappelant les magnifiquespromesses faites à Abraham, qui contrastent avec la situationactuelle si déplorable (ꝟ. 34-40), il implore lamiséricorde divine et demande que la gloire du Seigneuréclate par la restauration du peuple et l’humiliation deses oppresseurs (ꝟ. 41-45). Sur l’authenticité de la prièred’Azarias, qu’on ne lit pas dans le texte hébreu actuel, voir Daniel.

14. AZARIAS. Dans quelques exemplaires du textehébreu, II Par., xxii, 6, on lit’Azaryâhû au lieu de’Âhazyâhû (Ochozias). Plusieurs manuscrits et éditionsportent ce dernier nom; et c’est ainsi qu’ont lu les Septante, le syriaque, l’arabe et la Vulgate. C’est du reste laleçon du passage parallèle IV Reg., x, 13. Inutile doncde supposer, avec quelques commentateurs, qu’Azariasétait un des noms d’Ochozias; il est plus naturel de supposerune erreur de copiste, facile à comprendre dans latranscription d’un nom propre.

1301

AZARIAS — AZBOC

1302

15. AZARIAS, fils de Jéroham, un des cinq commandantsde cent hommes, appartenante Ja garde royale, choisis par le grand prêtre Joïada pour renverser Athalieet élever sur le trône le jeune Joas. II Par., xxiii, 1-21; cf. IV Reg., x, 4-12.

16. AZARIAS (hébreu: ’Âzaryâhû), fils d’Obed, undes cinq chefs de cent hommes qui, comme le précédent, entrèrent dans le complot formé par le grand prêtre contreAthalie en faveur de l’héritier légitime du trône. Ils massacrèrentcette reine idolâtre en dehors de l’enceinte dutemple, et reconnurent Joas pour roi. II Par., xxiii, 1-21; cf. IV Reg., x, 4-12; I Par., ii, 38.

17. AZARIAS III, grand prêtre sous le règne d’Ozias.II Par., xxvi, 16-20. Il eut le courage de résister au roi, quand celui-ci, au mépris de la loi, voulut pénétrer dansle Saint et offrir l’encens sur l’autel des parfums.

18. AZARIAS, fils de Johanam, un des principauxchefs de la tribu d’Éphraïm, sous Phacée, roi d’Israël.II Par., xxviii, 12-15. Suivant le conseil d’Oded, prophèted’Israël, Azarias et trois autres chefs firent rendre laliberté aux sujets d’Achaz, roi de Juda, faits prisonniers.Ils traitèrent ces captifs avec bonté, et les reconduisirentjusqu’à Jéricho.

19. AZARIAS, père de Joël, qui fut l’un des léviteschargés par le roi Ézéchias de purifier le temple. II Par., xxix, 12.

20. AZARIAS, fils de Jalaléel, et l’un des lévites auxquelsÉzéchias confia le soin de purifier le temple. Il Par., xxix, 12.

21. AZARIAS IV, grand prêtre de la race de Sadoc, sous le règne d’Ézëchias. II Par., xxxi, 10-13. Pendantson pontificat et sous sa haute surveillance, ce sage roifit faire autour du temple des magasins destinés à conserverles dons, trop abondants pour pouvoir être consommésimmédiatement par les ministres sacrés.

22. AZARIAS, un des lévites préposés à la garde desrevenus sacrés, sous le pontificat du précédent Azarias.II Par., xxxi, 13.

23. AZARIAS, fils de Maraioth et père d’Amarias. Ilest omis dans la liste des descendants d’Aaron, I Par., vi, 7 et 52, et est nommé parmi les ancêtres d’Esdras.’I Esdr., vii, 3.

24. AZARIAS, prêtre, fils de Maasias. Au retour de lacaptivité, il bâtit la partie du mur de Jérusalem situéevis-à-vis de sa maison, II Esdr., iii, 23-24.

25. AZARIAS, un de ceux qui rentrèrent les premiersà Jérusalem avec Zorobabel. II Esdr., vii, 7. Il est nomméparmi les onze personnages cités à la suite du nom deZorobabel, et qui paraissent être les chefs du peuple.Dans I Esdr., ii, 2, le nom d’Azarias est remplacé parcelui de Saraïa.

26. AZARIAS, un des lévites qui imposait le silenceau peuple pendant la lecture de la loi faite par Esdras.II Esdr., viii, 7-11. Ils lisaient eux-mêmes à leur tour etexpliquaient le livre de la loi, ꝟ. 8.

27. AZARIAS, un des prêtres signataires de l’alliancethéocratique à la suite de Néhémie. II Esdr., x, 2. C’estprobablement le même personnage qu’Azarias 25.28. AZARIAS. Nom que prit l’auge Raphaël, lorsqu’ils’offrit à Tobie pour conduire son fils à Rages. Tob., v, 18;

vi, 6; ix, 1. «Je suis Azarias (c’est-à-dire «Jéhovahsecourt» ), fils du grand Ananie ( «Jéhovah fait grâce» ),» Tob., v, 18, répond l’ange à Tobie, qui lui demande sonnom. Il était, en eiïet, la personnification du secoursenvoyé par la bonté de Dieu. Calmet, Commentaire littéral, Esdras, Tobie, édit. de 1722, p. 261; Cornély, Historica introductio in V. T. libros, vol. ii, 1. 1, p. 388; Gutberlet, Das Buch Tobxas, in-8°, Munster, 1887, p. 157.Voir Raphaël.

29. AZARIAS, fils d’Osaïas, un des chefs de l’arméequi, après la prise de Jérusalem, accusa Jérémie detromper le peuple, en le dissuadant de se réfugier enEgypte. Jer., xliii, 2. Il y entraîna lui-même le prophèteavec Baruch, son secrétaire,?. 6. Au chapitre xlii, 1, àla place A’Azarias, on lit Jézonias, fils d’Osaïas. Quelquesauteurs regardent ce Jézonias comme le frère d’Azarias, ou comme un second nom d’Azarias. Mais il est plusnaturel d’attribuer ce changement de nom à une erreurde transcription, si l’on compare le ꝟ. 1 du chapitre xliiavec le ꝟ. 2 du chapitre xliii, et si l’on observe que lesSeptante, Jer., xlix, 1; l, 2, ont également’Adapta; dansles deux passages.

30. AZARIAS, un des deux capitaines laissés à Jérusalempar Judas Machabée, pour la garde de cette ville.I Mach., v, 18, 19, 56 et 60. À la nouvelle des succès deJudas, il voulut, malgré la défense qui lui en avait été faite, se mesurer avec l’ennemi, et se porta sur Jamnia. Maisil fut battu par Gorgias, qui sortit de cette place et lui tuaenviron deux mille hommes. «Il n’était pas, ajoute le textesacré, de la race de ces hommes par qui Israël devait êtresauvé.»

31. AZARIAS DE RUBEIS ou Azariah de Rossi, célèbrerabbin juif du xvi" siècle. Voir Rossi (DE) 1.

E. Levesque.

    1. AZARICAM##

AZARICAM (hébreu: ’Azrîqâtn, «mon secours s’estlevé» ), nom dans l’Ancien Testament de quatre personnesque la Vulgate appelle Ezricam, excepté II Esdr., xi, 15, où elle nomme Azaricam un lévite, ancêtre deSéméi, qui vivait du temps de Néhémie, et qui est appeléEzricam I Par., ix, 14. Voir Ezricam 3.

AZAU ( hébreu: ffâzô, nom théophore, où une formepronominale remplace le nom de Dieu, «Lui (Dieu)voit;» Septante: ’AÇotv), un des huit fils que Nachor, frère d’Abraham, eut de Melcha. Gen, xxil, 22. Fut-illa souche d’une tribu, comme plusieurs de ses frères?La Bible n’en dit rien. On a rapproché Hâzô de Xai^v-/), contrée située, d’après Etienne de Byzance, édit. Dindorf, in-8°, Leipzig, 1825, t i, p. 454, près de l’Euphrate, enMésopotamie, ou d’une autre XaSrjvï], que Strabon, xvi, 1, place en Assyrie, aux environs de Ninive, et qu’Assemani, Bïbliotheca orientalis, t. iii, part, ii, p. 710, et t. ii, p. 115, dit être la contrée de ljâzô de la Chronique de Denis, patriarche des Jacobites en 775. E. Levesque.

AZAZ (hébreu: ’Azâz, «fort;» Septante i’AÇoûÇ) tfils de Samma, de la tribu de Ruben. I Par., v, 8.

    1. AZAZEL##

AZAZEL (’âzâ’zel), nom hébreu, traduit dans la Vulgatepar caper emissarius, «bouc émissaire.» Lev., xvi, 8, 10, 26. Voir Bouc émissaire.

    1. AZAZIAS##

AZAZIAS (hébreu: ’Âzazyâhû, «Jéhovah fortifie;» Septante: ’OÇta; ), un des lévites préposés à la garde desdîmes et des offrandes du temple. II Par., xxxi, 13.

    1. AZBAI##

AZBAI, orthographe d’Asbaï dans certains exemplairesde la Vulgate. Voir Asbaï.

    1. AZBOC##

AZBOC (.hébreu: ’Azbûq; Septante: ’AÇaSoû^Xpère

d’un Néhémias habitant Jérusalem. Il concourut à la reconstructiondes murs de la ville sous Néhémie. II Esdr., m, 16.

    1. AZÉCA##

AZÉCA (hébreu: ’Âzêqâh; Septante: ’A^xâ, et unefois’lafrixâ, Jos., xv, 35), ville de la tribu de Juda, dansla Séphéla, Jos., xv, 33 et 35, et dans le voisinage deDummim. I Reg., xvii, 1. Elle est presque toujours nomméeavec Socho de Juda, dont elle devait être peu éloignée.Comme cette dernière, elle était située sur les collinesqui bordent la vallée du Térébinthe. Jos., xv, 35; I Reg., xvii, 1-2. Elle existait avant l’entrée des Hébreux

Azéca avec une ruine nommée Ahbek et écrite Akbéh, sans doute par erreur, dans sa carte de la Terre Sainte.Map of the Holy Land, 1865; Menioir, p. 290 et suiv.Conder écrit Habeik. Cf. Map of Western Palestine, 1880, feuille xvii. LeD r Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., p. 3, propose le Khirbet esch - Scheketah, qui est à sept kilomètresvers le sud de Beth-Netlf II existe aussi, à treizekilomètres nord - ouest de Schouêkéh, des ruines assezconsidérables appelées Deir-eWAshek ou’Ashey. D’aprèsune indication de Pierre Diacre (xiie siècle), on pourraitvoir Azéca dans Zacharia on Tell-Zacharia, à une heurenord-ouest de Schouêkéh: o Au xxiie mille de Jérusalem,

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384. — Tell - Zacharia et l’ouadi ea-Sent. D’après une photographie de M. L. Heldet.

dans la Terre Promise. Après le combat de Gabaon, lesÇhananéens furent écrasés par une grêle miraculeuse, etpoursuivis par les soldats de Josué jusqu’à Azéca et Max: éda. Jos., x, 10. Les Philistins avaient pris position entreSocho et Azéca, quand le jeune David alla visiter sesfrères, soldats de l’armée de Saùl campée en face des Philistins.C’est dans la vallée voisine que le futur roi d’Israëltua le géant Goliath. I Reg., xvii, 1, 48-51. Roboamfit d’Azéca une des villes fortes de Juda. II Par., xi, 9.Sous le roi Sédécias, elle osa résister aux armées de Nabuchodonosor. Jer., xxxiv, 7. Elle fut relevée après la captivitéet habitée de nouveau par les fils de Juda. II Esdr., XI, 30. C’est la dernière mention qu’en fasse l’histoire.

Azéca doit être cherchée non loin de Shouêkeh, l’ancienneSocho; mais sa situation précise ne peut être déterminéeavec certitude. Eusèbe de Césarée et saint Jérômese contentent de dire que l’on trouvait de leur temps «unvillage nommé Exéca ("E£i)%à) entre (àvâ|i£<Tov) Éleuthéropoliset jElia». Liber de situ et loc. heb., t. xxiii, col. 868. De ce passage M. V. Guérin conclut qu’Azéca «était probablement plus rapprochée de Jérusalem que.Socho». Judée, t. iii, p. 334. Van de Velde identifie

entre Sochchot de Juda et entre Zechara Mahel, David tuaGoliath le Philistin.» De locis sanctis, édit. Gammurini, Bibliot. dell’Academia storico-giuridica, t. iv, p. 133.Ahbek et Habeik ne ressemblent que de bien loin àAzéca. Le motif qui a déterminé Van do Velde est le voisinaged’une autre ruine, à trois kilomètres nord, qu’il aentendu appeler Damin. Il la considère comme le Dummimde l’Ecriture. Les ingénieurs anglais de l’ExplorationFund ne l’ont plus retrouvée. — Le Khirbet Scheketahdu D r Riess désigne sans doute le Khirbet Abou-esch-Schôk, «le père des épines,» c’est-à-dire lieu abondanten épines, ruine à sept kilomètres environ au sudestde Schouêkéh, autant sud-sud-est de Beth-Nettf, ettrois kilomètres ouest de Geb’a. Ce heu correspondraitassez aux indications d’Eusèbe et de saint Jérôme, maisl’identité des noms semble bien douteuse. —’Ashek estpresque absolument identique, mais un peu loin deSchouêkéh et de la vallée du Térébinthe (ouadi es-Sent).Il n’est cependant pas impossible que l’Écriture ait nomméun lieu un peu éloigné, mais plus important et plusconnu. — Zacharia est un village de six cents habitants, situé sur un monticule couvert d’oliviers et de vignes, à

peu de distance d’une colline élevée, appelée Tell-Zacharia.Il est en face de Youadi es-Sent, à une heure nordouestde Schouêkéh (fig. 381). La frontière des territoiresd’Israël et des Philistins devait passer dans son voisinage.Sa situation répond bien aux diverses données de la Bible; mais il est difficile de voir dans Zæhara ou Zachariaune dérivation d’Azéca. Ce nom ou celui de Caphar-Zachariapeut cependant lui avoir été donné par suitede l’invention du corps de saint Zacharie, le prophète, dont parle Sozomène. H. E., rx, 16-17, t. lxvii, col. 1628.Le témoignage de Pierre Diacre est peut-être l’expressiond’une tradition conservant avec le nom nouveau le souvenirde l’identité ancienne. L’indication d’Eusèbe est depure critique et contestable. Zacharia est du reste sur laroute de Beth-Gébrin (Éleuthéropolis) à Jérusalem.

L. Heidet.

    1. AZENBERGER Florian##

AZENBERGER Florian, bénédictin bavarois, né le2 décembre 1766, mort le 16 avril 1841. Il enseigna avecsuccès la théologie et l’exégèse sacrée à Salzbourg et àAmberg. Il a résumé ses leçons dans un Brevis conspectusinstitutionum hermeneuticse, in-8°, Straubing, 1798.

J. Parisot.

AZER (hébreu: ’Êzér, «secours;» Septante: ’ItÇoiip), lévite, fils de Josué, prince de Maspha, qui aida à lareconstruction des murs de Jérusalem sous Néhémie.II Esdr., iii, 9. Voir Josué, 7, t. iii, col. 1699.

1. AZEVEDO (Joaquim de), religieux de l’ordre deSaint -Augustin, né à Villa -Viciosa, en Portugal, morten 1808. Il fit profession au couvent de Gracia de Lisbonneen 1762, et il enseigna la théologie à l’universitéde Coïmbre jusqu’à l’année 1806. On a de lui: Pro VulgataSacrorum Bibliorum Latina editione contra SixtinumAman Liber Apologeticus, in quo omnla Vulgatxloca, quse originali textu hebrseo a latino Interprètemaie translata in censura sua contra Vulgatam contenaitAmama, expenduntur, congruis explanationibusillustrantur, cum hebrxoque conciliantur. Acceduntprseter dissertationem prodromam in Vulgatam Latinameditionem, nonnulke alise dissertationes in SacrantScripturam Veteris Testamenti ex PrselectionibusAuctoris quas ad calcem Apologelici libri non abs revisum est subjungere, fn-f°, Lisbonne, 1722.

B. Moral.

2. AZEVEDO ( Louis de), jésuite portugais, mort en 1634, après vingt-huit ans d’apostolat en Ethiopie. Pour aiderà la conversion des habitants de ce pays, il traduisit leNouveau Testament en langue amharique ou éthiopienvulgaire. On lui doit aussi une version en ghez du Commentairede Tolet sur l’Épîlre aux Romains, et de celuide François Ribera sur l’Épître aux Hébreux, 1617.Quelques écrivains lui ont attribué la version amhariquedu commentaire de Biaise de Viegas sur l’Apocalypse, mais ce travail est plutôt du P. Alphonse Mendez. — Voirla Biblioth. de la Comp. de Jésus, 1. 1 (1890), col. 735-737.

M. Fékotin.

    1. AZGAD##

AZGAD (hébreu: ’Azgâd, «fort en fortune [?];» Septante: ’Auyâ8), chef de famille dont les descendantsrevinrent de la captivité avec Zorobabel au nombre dedouze cent vingt-deux, selon I Esdr., ii, 12, ou de deuxmille trois cent vingt-deux, selon II Esdr., vii, 17. Uneautre troupe de cent dix, Johanan à leur tête, accompagnaEsdras dans son second voyage en Palestine. I Esdr., viii, 12.Un représentant de la famille du nom d’Azgad, et chef dupeuple, signa avec Néhémie le renouvellement de l’alliance.II Esdr., x, 15.

    1. AZIAM##

AZIAM (hébreu: ’Vzziy&h, «Jéhovah est ma force;» Septante: ’A&’a), descendant de Juda, et prince du peupleaprès le retour de la captivité. II Esdr., xi, 3-4.

    1. AZITORES##

AZITORES (André de), cistercien espagnol duXVIe siècle, né à Palenzuela, au diocèse de Palencia.

profès de l’abbaye de Valdeiglesias. Il a écrit sur la SainteÉcriture un excellent traité, intitulé: Theologia symbolicasive hieroglyphica, pro totius Scripturse Sacrée juxtaprimarium et genuinum sensum commentariis aliisquesensibus facile hauriendis, in-4°, Salamanque, 1597. C’estle premier volume d’un travail beaucoup plus considérable, qui devait en compter sept autres, d’après les plans del’auteur; mais celui-ci mourut en 1599, et ses notesmanuscrites, conservées à Valdeiglesias, n’ont pas étépubliées. — Voir Visch, Biblioth. script, ord. Cisterciensis(1656), p. 20 (il se trompe en appelant cet auteurAzorites); Antonio, Èibl. hisp. nova (1783), t. i, p. 70; Bucelin, Benedictus redivivus, Augsbourg, 1679, p. 146.

M. FÉROTIN.

    1. AZIZA##

AZIZA (hébreu: ’Àzyzâ’, «fort;» Septante: ’OKci), de la famille de Jéthua; un de ceux qui répudièrent lesfemmes étrangères qu’ils avaient épousées durant l’exil.I Esdr., x, 27.

    1. AZMAVETH##

AZMAVETH, hébreu: ’Azmâvét, «la mort estforte». Nom de plusieurs personnes et d’une ville dansl’Ancien Testament. La Vulgate a transcrit le nom hébreu, tantôt Azmaveth, tantôt Azmoth. Voir Azmoth.

1. AZMAVETH (Septante: ’A<j|i<18, ’Açëwv), un desvaillants guerriers de l’armée de David, natif de Berom(hébreu: Bahurim). II Beg., xxiii, 31. Au lieu de Azmavethde Bérom, on lit dans la liste parallèle, I Par., xi, 32: «Azmoth le Bauramite.»

2. AZMAVETH (Septante: ’AÇjwie), ville mentionnéedans I Esdr., ii, 24, parmi celles dont les enfantsrevinrent de captivité avec Zorobabel. Citée avec Anathoth, Cariathiarim, Béroth, Rama, etc., elle devait évidemmentappartenir à la tribu de Benjamin. Elle estégalement signalée dans II Esdr., xii, 29, où nous voyonsque, lors de la dédicace des nouvelles murailles de Jérusalem, elle fut, avec Géba, au nombre des villes qui envoyèrentdes chantres sacrés à la cité sainte. Il sembledonc résulter de ces deux passages qu’elle était dans levoisinage de Géba (Djéba) et d’Anathoth (Anâta). Orentre ces deux localités se trouve le village de Ifazméhou Hizméh, M^*-, dont la position répond parfaitement, et le nom assez bien, aux données scripturaires.Elle est appelée Bethazmoth (hébreu: Bêf-’Azmâvét; Septante: Br)9a<ju.<66) dans II Esdr., vii, 28. Le petit villagede Hizméh couronne une montagne blanchâtre et crayeuse. «Il compte à peine deux cents habitants. Quelques maisonsparaissent construites, au moins dans leur partieinférieure, avec des matériaux antiques; plusieurs citernescreusées dans le roc doivent également dater de l’antiquité.» V. Guérin, Description de la Palestine t Judée,

t. iii, p. 74-75.

A. Legendre.

    1. AZMOTH##

AZMOTH (hébreu: ’Azmâvét). Voir Azmaveth.

1. AZMOTH, nom dans la Vulgate, I Par., xi, 32, duguerrier qui est appelé II Reg., xxiii, 31, Azmaveth.Voir Azmaveth 1.

2. AZMOTH (Septante: ’Aqjuie, TaÇiuie), fils de Joada, de la descendance de Saiil par Jonathas. I Par., viii, 36; ix, 42.

3. AZMOTH (Septante: ’A<T(iû6), Benjamite, père deJaziel et de Phallet, vaillants guerriers, habiles à tirer del’arc. I Par., XII, 3. Peut-être identique à Azmaveth 1.A moins qu’Azmoth n’indique ici une place de ce nom, Azmaveth, dont Jaziel et Phallet auraient été originaires, ce qui les aurait fait appeler «fils d’Azmaveth». VoirAzmaveth 2.

4. AZMOTH, l’intendant des trésors du roi sous larègne de David. I Par., xxvii, 25.

4307

AZOR — AZOT

4308

1. AZOR (Nouveau Testament: ’AÇe&p), fils d’Éliacim, dans la généalogie de Notre-Seigneur. Matth., i, 13

2. AZOR, ville. I Mach., xi, 67, voir AsorI, col. 1105.

1. AZOT (hébreu: ’Asdôd, «forteresse [?];» Septante: "AÇwtoç), une des cinq grandes villes des Philistins, Jûs., xiii, 3, aujourd’hui Esdud, à seize kilomètresau nord-est d’Ascalon, à dix milles romains (14 kilom. 80)au sud de Jamnia, d’après la Table de Peutinger, à peuprès à moitié chemin entre Gaza et Jaffa. Elle est à cinqkilomètres de la mer Méditerranée. D’après une fablerapportée par Etienne de Byzance, De urbibus, édit.Dindorf, t. i, 1825, p. 22, Azot aurait été ainsi appeléepar un fugitif des environs de la mer Rouge, qui luiaurait donné le nom de sa femme Aza (Ty, ’az, «biche» ).C’est là une étymologie imaginaire, qui ne Convient mêmepas au nom indigène de la cité philistine, ’Asdôd, maistout au plus à la forme grécisée de ce nom, qui nous aété transmise par les écrivains classiques et par les Septante.Hérodote, ii, 157; Strabon, xvi, 29, édit. Didot, p. 646; Ptolémée, v, 16, in-f°, Amsterdam, 1605, p. 140; Pline, ii, N., v, 14 (69), édit. Teubner, 1. 1, p. 197; P. Mêla, 1, 10, coilection Nisard, 1845, p. 612.

Azot fut attribuée à Juda, Jos., xv, 46, 47, et, d’après Josèphe, elle se trouvait à la limite de la tribu de Dan. Ant.jud., V, i, 22. Il y avait là des géants de la race des Énacim; les Israélites ne réussirent pas à les chasser, non plus quede Gaza et de Geth, Jos., xi, 22. de sorte que cette villeresta indépendante pendant fort longtemps. — À l’époquedes Juges, elle prit part aux guerres contre les tribusd’Israël. Vers la fin de la judieature d’Héli, les Philistins, ayant remporté sur les Hébreux deux grandes victoires, s’emparèrent de l’arche et la portèrent à Azot, dans letemple de Dagon, I Reg., v, 1-2. Cf. I Mach., x, 83; Jud., xvi, 23. Ils placèrent le trophée de leur victoiredevant l’image de leur dieu, mais ils trouvèrent le lendemaincette idole le visage contre terre, devant l’archedu Seigneur et le surlendemain renversée de nouveauet brisée (voir Dagon); en même temps un mal épidémjquefrappait les habitants, tandis que des troupes derats ravageaient la campagne. I Reg., v, 3-6. L’archefut transférée à Geth, puis à Accaron; sa présenceamena partout les mêmes calamités, et elles ne cessèrentque lorsque les gens d’Azot et des autres cités philistinesl’eurent renvoyée à Israël, avec des présentsexpiatoires. I Reg., v, 8-vi, 18.

Le nom d’Azot ne reparaît dans l’Écriture que sous lerègne du roi Ozias, neuvième successeur de Roboam.Ce prince fit la guerre aux Philistins, s’empara de Geth, de Jabnia (Jamnia) et d’Azot; il en renversa les murailles, et «construisit des villes en Azot», dit le texte sacré, c’est-à-diresans doute qu’il s’établit solidement sur tout sonterritoire. II Par., xxvi, 6. Nous ignorons combien detemps Juda en resta maître. — D’après l’auteur du Devitis prophetarum, 16, Patr. gr, t. xliii, col. 408, Jonas, qui fut contemporain d’Ozias, serait né près d’Azot; maiscette opinion est fausse, car ce prophète était de la Palestinedu nord. S. Jérôme, Prsef. in Jon., t. xxv, col. 118.

Un mot dit en passant par le prophète Isaïe, xx, 1, nousapprend qu’Azot fut prise sous le règne de Sargon, parle «tharthan» (général) de ce roi de Ninive. Les inscriptionsde Sargon nous ont renseignés sur cet événement, qui, jusqu’à ces dernières années, n’avait été connu quepar le passage d’Isaïe (716 avant J.-C). Les Assyriensvoulant s’emparer de l’Egypte, et la ville d’Azot se trouvantsur la route qui conduit de l’Asie dans la vallée duNil, la possession de cette place leur était indispensable.Sargon (722-705 avant J.-C.) donna donc au général quicommandait ses troupes l’ordre de soumettre Azuri, qui en

était alors le roi. «Azuri, roi d’Azot, *-^ S JMf *~"| t$>

Ai-du-di, dit Sargon, dans sa grande inscription, lignes

90-109, endurcit son coeur pour ne pas payer tribut; ilenvoya aux rois ses voisins des messages hostiles à l’Assyrie.J’en tirai vengeance, je lui enlevai son pouvoir; j’élevai son frère Achimit à sa place sur le trône. Mais lepeuple de Chatti se révolta et refusa de lui obéir; il mità sa place Yaman, qui n’était pas le maître légitime dutrône, et qui, comme ces [rebelles], ne reconnaissait pasma puissance. Dans la colère de mon cœur, je ne rassemblaipas toutes mes troupes et je n’employai pas toutesmes forces; avec les [seuls] guerriers qui étaient près demoi, je marchai contre Azot. Yaman apprit de loin monapproche; il s’enfuit en Egypte, du côté de Miluhha, eton ne le revit plus. J’assiégeai et je pris Azot, Gimtu, Asdodim; ses dieux, sa femme, ses fils et ses filles, sesrichesses, le trésor de son palais et les hommes du paysdevinrent mon butin. Je repeuplai de nouveau ces villes, et j’y plaçai les hommes que mon bras avait conquis dansles pays du soleil levant; je les fis habiter là, j’établis sureux un gouverneur, et ils gardèrent mon obéissance.» J. Oprert et J. Menant, Fastes deSargon, in-f", 1863, p. 5-6; E. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 64-07.

Les habitants d’Azot restèrent aussi soumis aux successeursde Sargon. Son fils Sennachérib (705-681 avantJ.-C.) raconte que, lors de sa campagne contre Ézéchias, roi de Juda, il reçut le tribut de Mitinti, roi d’Azût(Cylindre de Taylor, col. ii, ligne 51; KeilinschriftlicheBibliothek, t. ii, p. 90), et qu’il lui donna une partie desvilles qu’il prit à Ézéchias (CylincYe de Taylor, col. iii, ligne 21; Keil. Bibliothek, t. ii, p. 94). Asarhaddon(681-668 avant J.-C), son fils et successeur, énumèrc «Ahimilki, roi d’Azot», parmi ses tributaires | Prismebrisé, col. v, ligne 18; Keil. Bibliothek, t. ii, p. 148). Cemême prince figure aussi dans la liste des vingt-deux roisdu pays des bords de la mer Méditerranée qui payent tributà Assurbanipal (668-625 avant J.-C), fils et successeurd’Asarhaddon (Keil. Bibliothek, ligne 12, t. ii, p. 240).

Le roi d’Egypte, Psammétique, voulut enlever Azot à ladomination de l’Assyrie. U avait été lui-même vassal decet empire; mais, étant parvenu à faire refleurir la puissancede l’Egypte, il résolut, pour se mettre à l’abri desinvasions ninivites, qui avaient plusieurs fois désolé lavallée du Nil, de s’emparer du pays des Philistins, et enparticulier d’Azot, qui était la clef des routes menantd’Asie en Afrique. Il attaqua donc cette ville, et, s’il fauten croire Hérodote, ii, 157, qui remarque que c’est le pluslong siège dont l’histoire fasse mention, il ne s’en renditmaître qu’au bout de vingt-neuf ans (vers 630 avant J.-C).Les Assyriens, qui avaient probablement alors à luttercontre les Mèdes, ne purent la secourir. Elle fut détruitepar son vainqueur; ear Jérémie, qui était contemporainde cet événement, parle, dans son énumération des villesphilistines, «de ce qui reste d’Azot, s c’est-à-dire de sesruines. Jer., xxv, 20. Cf. Hérodote, ii, 157. Le texte grecde Judith, ii, 28, mentionne Azot parmi les villes quiavaient été remplies de terreur par la campagne de Nabuchodonosorcontre l’Asie occidentale. Nous ne savonsplus rien d’elle jusqu’après la captivité de Babylone.

Quand les Perses se furent rendus maîtres de l’Egypte, Azot dut être soumise à leur domination, comme le reste

de la Palestine. Voir

Stark, Gaza und die

philistàische Kùste,

p. 228. Cette communauté de gouvernement

dut favoriser les mariages des Juifs avec des

filles d’Azot dont il est

question dans II Esdras,

xiu, 23-24. Néhémie

nous apprend, à cette occasion, que les habitants d’Azotavaient un langage particulier. II Esdr., xiii, 24. — Alexandrele Grand s’empara de Gaza (Stark, Gaza, p. 236-214), ettout le pays se soumit au conquérant. Après sa mort, Azot

385. — Monnaie d’Azot.

passa tour à tour sous la domination de ses successeurs, les Ptoléméés et les Séleueides. Une curieuse médaille, qui date probablement dé cette époque, montre que cetteville était redevenue alors une place forte (fig. 385). Ledroit représente la tête d’un gouverneur appelé Hirom.(Voir Zeitschrift von Numismatik, 1876, t. iv, p. 266.)Au revers, on voit la déesse d’Azot, Atargatis ou Astarthé, portée sur deux sphinx ailés et tenant une fleur danssa main droite. La légende est en langue sémitique, maisécrite en caractères grecs, qu’il faut lire au rebours: IP ASAÛA AS1NA ou nj’Dn nw l’y, «la ville d’Azotla forte.»

A l’époque des Machabées, Azot était soumise aux roisde Syrie. Judas Machabée (163 avant J.-C.) marcha contrecette ville, la pilla et y brûla les autels des faux dieuxavec les idoles qu’on y adorait. I Mach., v, 68. Quelquesannées plus tard (143 avant J.-C), Jonathas la traita plus

rable village, comme nous l’apprend Jacques de Vitry(Azotus, dit-il, nunc ad modici casalis reducta est parvitatem), Hist. Hierosol., 41, dans Bongars, Gesia Deiper Franco», in-f°, Hanau, 1611, p. 1070-1071. Aujourd’hui, de son antique gloire, il ne lui reste que son nomd’Esdud. Ses maisons sont de construction grossière, laplupart eu briques crues, et se composant seulement d’unrez-de-chaussée; le nombre de ses habitants est dequinze à dixhuit cents. La ville ancienne était probablementsur le sommet de la colline, tandis que les masuresactuelles sont sur le versant oriental. Les dunes desable arrivent jusqu’auprès du village. Il est alimentéd’eau par des étangs et par un puits en maçonnerie à l’est.Bâtie sur une petite éminence (fig. 386) et solidementfortifiée, l’antique Azot était, par sa situation, une placeimportante. Le monticule sur lequel elle s’élevait estverdoyant et d’un agréable aspect, couvert de jardins,

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886. — Vue d’Azot

durement encore; il y poursuivit le général syrien Apollonius, y mit le feu et la brûla avec le temple de Dagon.I Mach., x, 77-84; xi, 4. Sous Alexandre Jannée, son territoireappartenait au royaume juif. Josèphe, Ant. jud., XIII, XV, 4. Pompée l’enleva aux Juifs et le réunit à laprovince de Syrie. Ant. jud, , XIV, IV, 4; Bell, jud., i, vu, 7. Le gouverneur romain Gabinius repeupla Azotl’an 55 avant J.-C. Ant. jud., XIV, v, 3; Bell, jud., i, vin, 4. Hérode le Grand la légua par son testament à sasœur Salomé (4 avant J.-C). Ant. jud., XVII, viii, 1; XI, v. Quelques années plus tard (38 de notre ère), l’espritdivin transporta le diacre Philippe dans cette ville, après qu’il eut baptisé l’eunuque de Candace, reined’Ethiopie, Act., viii, 40, et il dut y prêcher l’Évangile.Elle comptait sans doute alors beaucoup de Juifs parmises habitants, ce qui fit que Vespasien l’occupa militairementpendant la guerre judaïque. Josèphe, Bell, jud., IV, iii, 2. Il y eut des évêques chrétiens à Azot auxive, ve et VIe siècles. Lequien, Oriens christianus, t. iii, p. 660-662; B Gams, Séries episcoporum, 1873, p. 453.Mais les prophètes avaient annoncé sa ruine. Amos, i, 8; Sophonie, ii, 4; Zacharie, ix, 6. Elle devait disparaître.Bu temps des croisades, elle n’était déjà plus qu’un miséd’oliviers, de figuiers et de palmiers du côté de l’est.A l’ouest s’étend un grand marais. Une colline de sable, couverte de jardins hérissés de cactus, se dresse au nordouest, et protège Azot contre le vent de mer; c’est là ques’élevait probablement autrefois la citadelle, cf. I Mach., IX, 15, et peut-être aussi le temple de Dagon. Près duvillage, au sud-ouest, est un grand caravansérail en ruines.*Tout autour croissent l’oranger, le citronnier, le grenadier, le figuier, l’olivier. Le port d’Azot était à l’endroitappelé aujourd’hui Minet Esdud, «port d’Azot;» il n’yreste que quelques ruines, et elles ne sont même pas d’unehaute antiquité.

Voir Ch. L. Irby et J. Mangles, Travels in Egypt andNubia, ch. iv, in-12, Londres, 1844, p. 56; Ed. Robinson, Biblical Researches, 3 in-8°, Boston, 1841, t. ii, p. 368; H. Reland, Palsestina, 2 in-4°, Utrecht, 1714, t. ii, p. 606-609; K. B. Stark, Gaza und die philistàischeKûste, 1852, p. 22, 208, 594; K. Ritter, Erdkunde, 2e édit., t. xvi, p. 89-101; T. Tobler, Dritte Wandrung nachPalàstina, 1859, p. 26-32; Survey of western Palestine, Jérusalem, p. 441-442; Memoirs, t. ii, p. 409-410; 421-422; t. iii, p. 318; Thomson, The Land and the Book, SouthernPalestine, 1881, p. 157-161, 169-171; Ebers et Guthe,

Palàstina, t. ii, 1884, p. 177, 179; E. Schûrer, Geschichtedesjûdischen Volkes, t. ii, 1886, p. 67-68.

F. Vigouroux.

2. AZOT (Montagne d’). Cette montagne, ou plutôtcette colline, mentionnée £ Mach., ix, 15, est sans doutele monticule qui s’élève entre Esdud et la mer, et que

les Arabes appellent aujourd’hui Er-Ras, i» JJt, «le

Sommet.» Pendant la bataille où il devait succomber, Judas Machabée poursuivit jusque-là l’aile droite de l’arméedu général syrien Bacchide, qu’il avait rompue. Diverscritiques jugent cependant invraisemblable que le combatait eu lieu dans les environs d’Azot, ’en un endroit siéloigné de la Judée. W. Grimm, Das erste Buch derMaccabâer, 1853, p. 135. Il est impossible de résoudre laquestion, parce que nous ignorons en quel lieu se livrala bataille Judas avait son camp à Laïsa (grec: ’AXaoô), et la situation de cette ville est inconnue.

    1. AZRÉEL##

AZRÉEL (hébreu: ’Azar’êl; Septante: ’EaSpir^), pèreou ancêtre d’Amassaï, l’un des prêtres qui habitèrent àJérusalem après le retour de la captivité de Babylone.II Esdr., xi, 13. Il paraît être le même qu’Adiel, pèrede Maasaï, dont il est question I Par., ix, 12. VoirAzaréel et Adiel 2.

    1. AZTÈQUE##

AZTÈQUE (VERSION) de la Bible. Voir Mexicaine(version), t. iv, col. 1055.

    1. AZUBA##

AZUBA, hébreu: ’Âzûbâh, «délaissée.» Nom dedeux femmes.

1. AZUBA (Septante: ’AÇovêi), femme d’Asa, roi deJuda, et mère de Josaphat. III Reg., xxii, 42; II Par., xx, 31.

2. AZUBA (Septante: TaÇougô), femme de Caleb, filsd’Hesron, de la tribu de Juda. I Par., ii, 18, 19.

AZUR, hébreu: ’Azzûr, «aide.» Nom de trois Israélites.

1. AZUR (Septante: ’AÇoùp), un des chefs du peuplequi signèrent avec Néhémie le renouvellement de l’alliance.II Esdr., x, 17.

2. AZUR (Septante: ’AÇoSp), Benjamite, père du fauxprophète Hananias de Gabaon. Jer., xxviii, 1.

3. AZUR (hébreu: ’Azzur; Septante: "Ejep), père deJézonias, chef du peuple, contre lequel Ézéchiel reçutl’ordre de prophétiser. Ezech, , xi, 1.

    1. AZYME##

AZYME (aÇu(io<: a privatif; Çtf|u], «levain» ). Onappelle azymes les pains et les gâteaux faits avec de lapâte non fermentée ou sans levain. Le nom hébreu étaitniassâh, plur. massât, de la racine ysn, «être doux, fade.» La Vulgate rend massàh tantôt par azymus, et tantôt parl’équivalent absque fermento, «sans levain,» par exemple: Lev., ii, 4; vi, 16; Deut., xvi, 3: «Pendant sept jours tumangeras des absque fermento ( c’est-à-dire des azymes), pain d’affliction.»

Comme on fait cuire la pâte dès qu’elle est pétrie, onprépare les pains azymes en moins de temps que lesantres. Chez les Orientaux, surtout dans les villages etparmi les tribus nomades, où chacun cuit son pain au jourle jour et sans faire de provisions à l’avance, il est descas où cette préparation rapide est nécessaire, par exemplequand on reçoit un hôte inattendu. C’étaient des massâtque la sorcière d’Endor pétrit et fit cuire à la hâte pourSaûl et sa suite, I Reg., xxviii, 24: il en était de mêmedes pains que Lot servit aux hôtes qui vinrent lui annoncerla ruine imminente de Sodome, Gen., six, 3, et tels

étaient aussi probablement ceux que Sara avait préparéspeu auparavant, dans une circonstance analogue. Gen., xvin, 6. En Orient, l’usage ordinaire de pains azymes nes’est pas perdu: «Le pain le plus commun, surtout parmiles populations rurales, dit le voyageur Van Lennep, estun gâteau plat de pâte non levée, pas plus épais qu’unecrêpe, de forme circulaire ou ovale et de dix ou douzepouces (environ trente centimètres) de diamètre.» Etaprès avoir décrit les fours de divers genres v portatifs eten terre, en usage chez les nomades ( voir Four, Pain), il ajoute: «Quelques-uns emploient des plateaux de ferqui sont chauffés en les posant sur le feu; d’autres placentles gâteaux non levés directement sur les charbons. Cespains sont craquants et agréables au goût, mais d’une digestiondifficile. On les mange toujours peu après lesavoir fait cuire.» Bible Lands, 1875, p. 88, 89.

Quand Gédéon présenta à l’ange de Dieu des painsazymes avec un chevreau, Jud., vi, 19-21, ce n’était pascomme un repas servi à un hôte ordinaire; son offrandeavait un caractère religieux incontestable; et pour celales pains offerts, que le feu miraculeux devait consumer, furent préparés sans levain. En effet, les pains azymes, chez les Hébreux, ne comptaient pas seulement parmi lesaliments vulgaires; ils avaient une place importante dansleurs institutions religieuses: 1° dans les sacrifices; 2° dansla célébration de la fête de Pâques.

1° Dans les sacrifices. — L’offrande des pains ou gâteauxde différentes sortes accompagnait souvent l’immolationde la victime, et même formait une catégorie de sacrificesà part. Lev., ii, 4. Or c’était un principe, plusieurs foisrépété dans la Loi, que rien de fermenté ne pouvait êtreoffert sur l’autel. Exod., xxiii, 18; xxxiv, 25; Lev., ii, 11; aussi tous les pains et gâteaux servant au sacrifice nonsanglant, minfyâh, devaient-ils être azymes. Lev., ii, 4; VI, 16-17 (hébreu, 9-10). Dans les autres espèces de sacrificesoù il est question de pains ou gâteaux, il est de mêmerappelé qu’ils doivent être azymes: Lev., vil, 12, pour lesacrifice de louange; viii, 2, 26; cf. Exod., xxix, 2, 23, pour la consécration des prêtres; Num., vi, 15, 17, 19, dans l’accomplissem*nt du vœu des Nazaréens. Si, en certainescirconstances, des pains levés devaient accompagnerles sacrifices, c’était simplement pour être présentéscomme prémices, qorbân rê’Ht, pour les prêtres, maisnon pour être offerts sur l’autel, Lev., ii, 12; xxiii, 17, et c’est par ces passages qu’il faut expliquer Lev., vii, 13-14, qui, dans sa formule raccourcie, paraît contredire la règlegénérale.— Les prêtres, descendants d’Aaron, avaientseuls le droit de manger ce qui restait des azymes offertsen sacrifice. Lev., VI, 16, 18 (hébreu, 9, 11). On conservamêmecette prérogative, dans la réforme religieuse accompliesous Josias, aux prêtres coupables d’avoir renduà Dieu un culte illégitime sur les hauts lieux: ramenésdans la capitale, «ils ne montèrent plus à l’autel de Jéhovahà Jérusalem, mais ils mangeaient les massôt au milieude leurs frères,» IV Reg., xxiii, 8, 9; ce qui supposedéjà établie la règle posée dans le Lévitique, dans ce prétenducode sacerdotal dont la critique négative veut rejeterla composition après la captivité. — La préparation desazymes, comme celle des autres pains ou gâteaux destinésaux sacrifices, était confiée aux Lévites. I Par., xxiii, 29.(La Vulgate, en ajoutant sacerdotes autem au début du, verset, attribue ce soin aux prêtres; mais cette addition, inconnue aux autres versions, ne se justifie pas.) — D’aprèsla tradition juive, Josèphe, Antiq.jud., III, VI, 6; Talmud, Minchot, v, 2, 3, les pains de propositions, qui ne pouvaientaussi être consommés que par les prêtres, étaientazymes; cependant il n’est rien dit à ce sujet dans Lev., , xxiv, 5-9, où est prescrite la manière de les préparer.

2’» À la fête de Pâques. — Ce n’était pas seulementdans les rites de quelques sacrifices que l’on faisait usagede pains azymes; mais ils étaient prescrits, à l’exclusiomde tout autre, pour la nourriture de tous les Israélites, pendant les sept jours de la fête de Pâques, en souvenir1313AZYME — AZZONI1314

de ce qui s’était passé lors de la sortie d’Egypte. Si lesazymes des sacrifices ont disparu, chez les Juifs, avecla ruine du temple et du culte mosaïque, l’usage desazymes pascals est toujours religieusem*nt observé. Lecommandement à leur égard est plusieurs fois répété, Exod., xii, 8, 15, 17-20, 34, 39; xiii, 3, 6-7; xxiii, 15; xxxiv, 18, où l’on rappelle qu’il a été déjà donné. Il n’estpas étonnant qu’on y revienne encore à l’occasion de ladeuxième pâque, Num., lx, 11, et dans le calendrierdes fêtes, Num., xxviii, 17; Deut., xvi, 3, 4, 8; Ezech., slv, 21. — La manière dont l’usage des pains azymes estexpliqué dans l’Exode, xii, a donné lieu à une difficulté: au début du chapitre, Dieu ordonne de manger l’agneaupascal avec des azymes et des laitues amères, ꝟ. 8, etd’user de pains semblables pendant sept jours, jL 15. Mais, dans le récit qui suit, si les Israélites sont réduits àmanger de tels pains, c’est que, pressés par les Egyptiens, ils durent partir sans attendre que leur pâte eût fermenté, y. 34, 39; l’auteur de ce récit ne connaît donc pas, dit-on, l’ordre divin préalable; il appartient à un autre documentque le début du chapitre. — Cette conclusion nedécoule nullement du fait constaté; il y a, en effet, une autreexplication plus simple et qui s’accorde avec l’opiniontraditionnelle sur l’unité d’auteur. Le ꝟ. 8 présente l’ordredivin relatif à la première nuit, et c’est le seul que noussoyons obligés de reconnaître comme donné avant l’événement.Le récit des ꝟ. 34, 39, n’a pas pour but d’expliquerpourquoi on mangea des azymes avec l’agneau pascal, puisqu’il suppose la sortie d’Egypte déjà réalisée; maisseulement de dire comment on se trouva encore pendantquelque temps dans la nécessité de se nourrir de painsnon levés. Pour perpétuer le souvenir de cet événement, Dieu inspira à Moïse l’ordre de se servir de pains semblablespendant sept jours dans la célébration ultérieurede la Pâque; dans ce deuxième ordre, ꝟ. 14-20, qui sedistingue nettement du premier par le ton, rien n’impliquequ’il fut donné comme le premier avant le départ; aucontraire, au ꝟ. 17, le parfait hôsê’fî doit être plutôt traduitpar le passé: «j’ai fait sortir,» que par le futur educam, «je ferai sortir,» de la Vulgate.

Bien que ces prescriptions n’aient pas été données simultanément, on comprend que Moïse, écrivant un certaintemps après que tous les événements de l’exode s’étaientaccomplis, n’ait formé qu’un tout des lois relatives à laPâque, en joignant à l’ordre donné pour et avant la premièrenuit celui qui concernait l’avenir, et en rapportantainsi ce dernier avant de raconter l’événement qui en futl’occasion. En somme, il n’y a là rien qui implique diversitéde documents, ni même une transposition faite aprèscoup dans un but liturgique, parce qu’il n’y à rien quidépasse la liberté d’un auteur, même témoin oculaire, qui, écrivant non au jour le jour, mais à une certaine distancedes faits, ne s’astreint pas rigoureusem*nt à l’ordrechronologique, et s’en écarte pour un juste motif. Au resteMoïse, dans le Deutéronome, xvi, 3, reprend et résumeles deux textes de l’Exode, et montre clairement leurrapport tel que nous l’-avons établi: «Sept jours tu mangerasdes azymes, pain d’affliction; car avec hâte tu essorti du pays d’Egypte; afin que tu te rappelles le jourde ta sortie du pays d’Egypte tous les jours de ta vie.»

Quand, dans les livres historiques, on rappelle la célébrationd’une fête de Pâques, les azymes sont mentionnéscomme un trait caractéristique de la solennité, Jos., v, 11; car dès l’origine elle fut désignée sous le nom de «fêtédes Azymes», fyag ham-massôt. Exod., xxiii, 15; xxxiv, 18; Lev., xxiii, 6; Deut., xvi, 16; II Par., viii, 13; xxx, 13, 21; xxxv, 17; I Esdr., vi, 22. De là nous avons le même nomdans le Nouveau Testament: t| éop-rri tûv àïûjiwv, Luc, xxii, 1, ou simplement aussi: «le jour» ou «les joursdes Azymes», Luc, xxii, 7; Act., xii, 3; xx, 6; ou encore: «la Pâque et les Azymes.» Marc, xiv, 1. Enfin on comptaitainsi les jours de la fête, par exemple, «le premierjour des Azymes,» Matth., xxvi, 17; Marc, xiv, 12, c’est-à-dire le jour où l’on commençait à manger des painsazymes. — Saint Paul, dans I Cor., v, 7-8, nous découvrele symbolisme des pains azymes, emblèmes de sincéritéet de vérité, par opposition au vieux levain, qui représentela corruption du siècle. Il écrivait peut-être cetteÉpltre pendant la fête de Pâques (d’après xvi, 8, un certaintemps avant la Pentecôte); ce qui expliquerait lasoudaine allusion aux azymes. — Notre -Seigneur, ayantcélébré la dernière cène «le premier jour des azymes», se conforma au rite juif et se servit de pains non levés: aussi l’Église latine a-t-elle conservé l’usage de tels painsdans la célébration de l’Eucharistie, sans cependant condamnerl’usage de l’Église grecque et de plusieurs Églisesorientales, qui emploient des pains levés. — De leur côté, les Juifs observent toujours avec grand scrupule l’ordrede manger des pains azymes pendant la Pâquej et d’écarterde leur maison tout ce qui est fermenté. Le Talmud, dans le traité Pesakh rischon, renferme à cet égard deminutieuses prescriptions. Dès le 14 Nisan, veille de lafête, à midi, on doit s’abstenir de manger rien de fermenté, et, dès le 13 au soir, on commence à cherchertous les restes de pains levés ou autres aliments fermentes, pour les jeter ou les brûler. Cf. Maimenide, liâmesu-massa, c. 2, dans Otho, Lexicon rabbin.’philologicurà, 1675, p. 193, 442; Buxtorf, Synagoga judaica, p. 290; Schôttgen, Horse hebr., t. i, p. 598. — Aussi, le 14 Nisanpouvant être considéré comme le premier jour où l’onmangeait des azymes, cf. Exod., xii, 18, Josèphe comptet-iltantôt huit jours, Ant. jud., II, xv, 1, et tantôt sept, ibid., III, x, 5, pour la fête dès Azymes. J. Thomas.

AZZI, hébreu: ’Uzzi, abréviation de’Uzziyâh, «Jéhovahest une force;» Septante: ’Oçf. Le texte hébreunomme sept personnes du nom de’Uzzi. La Vulgate appelletrois d’entre elles Azzi et les quatre autres Ozi.Voir Ozi.

1. AZZI, lévite, fils de Bani, chef des lévites habitantJérusalem après le retour de la captivité, au temps deNéhémie. II Esdr., xi, 22.

2. AZZI, prêtre, chef de la famille de Jodaia, au tempsdu grand prêtre Joacim, sous Zorobabel. II Esdr., xii, 19.

3. AZZI, un des prêtres qui assistaient Néhémie à ladédicace des murs de Jérusalem. II Esdr., xii, 41. Il peutêtre le même que le précédent.

4. AZZI (Orazio degli), religieux italien de l’ordredes Mineurs réformés, appelé communément Horace deParme, de la ville où il était né le 27 avril 1673, il mourutle Il novembre 1757. On. a de lui: Riflessioni sopra laGenesi, in-8°, Venise, 1707; Exposizioni ûtteralie moralisopra la Sacra Scrittura, 13 in-4°, Venise, 1736-1746.Les dix premiers volumes s’occupent de l’Ancien Testament, les trois derniers du Nouveau. L’ouvrage est dédiéà Benoit XIV. — Voir G. B. Mazzuchelli, Scrittori d’Italia, t. ii, p. 1228; Hurter, Nornenclator litterarius, t. ii, p. 1307.

AZZOGUIDI Valère Félix, savant italien, né à Bologneen 1651, mort en 1728. Il exerça la profession de notaire.On a de lui: Chronologica et apologetica dissertatiosuper quxstiones in sacrée Genesis historiam excitatas, in-4°, Bologne, 1720. — Voir Acta erudit. Lips., 1721, p. 246. B. Heubtebize.

AZZONI Pierre, commentateur catholique, né àPrague en 1721, mort dans cette ville en 1777. Il entraen 1738 dans la Compagnie de Jésus, professa la philosophieet la théologie à Olmutz, et fut, en 1773, supérieur duséminaire de Troppau. Il Çpublié Commentarius in ScripturamSacram, in-4°, Olmutz, 1763. C. Sommervogel.

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